Définition de GAGE

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ga-j'

DÉFINITIONS

1
Dépôt qu'on fait de quelque objet entre les mains d'autrui, pour sûreté d'une dette, d'un emprunt. Un gage suffisant. Prêter sur gages. Emprunter sur gage.
Brancas me demanda hier de bonne foi si je ne voudrais pas prêter sur gages, et m'assura qu'il n'en parlerait point
Il lui a fait mettre en gage ses perles
L'ordonnance du roi Asychis ne permettait [chez les Égyptiens] d'emprunter qu'à condition d'engager le corps [momie] de son père à celui dont on empruntait ; c'était une impiété et une infamie tout ensemble de ne pas retirer un gage si précieux
Je me mettrais en gage en mon besoin urgent. - Sur cette nippe-là vous auriez peu d'argent
Elle est d'accord de tout, du temps, des arrérages ; Il ne faut maintenant que lui donner des gages
de Jean-François REGNARD dans ib. I, 6
Sanci, dans cette négociation, dépensa une partie de ses biens ; il mit en gage ses pierreries et, entre autres, ce fameux diamant, nommé le Sanci, qui est à présent à la couronne
Vingt fois pour vous [plaisirs] j'ai mis ma montre en gage
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Grenier.
Sémantique : Terme de jurisprudence. Contrat de nantissement d'une chose mobilière, par opposition à antichrèse.
Sémantique : Fig. Demeurer pour les gages ou pour gage, périr dans une circonstance où d'autres s'échappent.
Demeurer pour gages, signifie encore simplement être arrêté dans quelque querelle, pendant que s'échappent les autres qui y avaient participé ; et aussi être pris d'une façon quelconque.
Chacun peut sur un lit Se tenir toujours prêt sans quitter son habit ; Qui ne le sera point restera pour les gages
Demeurer pour gage, se dit aussi d'une chose que l'on a perdue. La presse fut si grande qu'un pan de mon habit y est demeuré pour gage.
Laisser pour les gages, pour gage, c'est-à-dire perdre.
Échappé Non pas franc, car pour gage il y laissa sa queue
Sémantique : Fig. Donner des gages à un parti, faire une démarche décisive, éclatante, pour être accepté dans un parti.
2
Sémantique : Par extension, tout meuble ou immeuble qui assure le payement d'une dette. Il a affecté sa maison comme gage de sa dette. Les meubles du locataire sont le gage du propriétaire.
3
Dans les petits jeux ou jeux de société, objet qu'on dépose quand on s'est trompé, et qu'on ne peut retirer qu'après avoir subi une pénitence. Jouer au gage touché.
4
Ce que l'on consigne et met en main tierce, pour garantie d'une somme à payer, quand, dans une contestation entre deux ou plusieurs personnes, il est convenu que celle qui sera condamnée payera cette somme. Donner des gages. Rendre les gages.
5
Autrefois, gage de bataille, ou gage du combat, engagement de combattre manifesté par l'offre d'un gant pour gage, et contracté quand l'ennemi, en ramassant le gant, avait accepté le gage.
Je jette devant toi le gage du combat ; L'oses-tu relever ?
Le parlement décréta que le cas [duel de Legris et Carrouge] ne requérait pas gage de bataille
6
Sémantique : Fig. Tout ce qui est assimilé à un gage comme garantie.
D'une paix mal conçue on m'a faite le gage
Ces lettres de ma foi vous seront de bons gages
Vous en aviez déjà sa parole pour gage
Ces deux grâces me sont un gage de la présence de l'époux
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. Corn. 161
Ainsi la première victoire fut le gage de beaucoup d'autres
Elle reçut ce dernier gage de son amour
Je réponds d'une paix jurée entre mes mains, Néron m'en a donné des gages trop certains
De votre obéissance elle ne veut qu'un gage
Vous avez de ses feux un gage solennel
Je vous le livre [Télémaque] comme le gage le plus précieux qu'on puisse vous donner de la fidélité des promesses d'Idoménée
Épée que Laërte lui avait donnée comme un gage de sa tendresse
Prions ; le jour au jour ne donne point de gage, Et le dernier rayon, en sortant du nuage, Ne nous a pas juré de remonter demain
7
Gage de l'amour, enfant.
....Et qu'il en [de cet hymen] eut pour gage une jeune princesse
Ce fils que de sa flamme il me laissa pour gage
8
Nature : S. m. pl. Ce qu'on paye aux domestiques par an pour leurs services, ainsi dit parce que c'est la somme payée par suite de l'engagement. On ne renvoie pas un domestique sans lui payer ses gages.
S'il se casse quelque chose, je le rabattrai sur vos gages
....S'il avait quelques deniers comptants, Ne me paierait-il pas mes gages de cinq ans ?
Je sers un maître sans bien ; ce qui suppose un valet sans gages
Être aux gages de quelqu'un, être payé pour faire l'office de domestique.
Je ne suis pas à ses gages
Il y en a bien d'autres que lui qui ont été aux gages des gens, et puis qui ont eu des gens à leurs gages
Cet homme ne vole pas ses gages, se dit d'un domestique qui fait bien son service ; et fig. de toute personne qui s'acquitte bien de ce qu'elle a à faire.
Hom ! si vous le payez pour vous faire haïr, Il ne vous vole pas ses gages
de FAVART dans Soliman II, I, 10
Dans un sens plus général, être aux gages de quelqu'un, être payé par lui pour certains offices.
Il a, le croirait-on ? des comtes à ses gages, à qui, pour le servir selon ses intérêts, Il fournit équipage et carrosse et laquais
Vous supposiez qu'on ne pouvait être bon français sans être à vos gages
On dit dans un sens analogue : tenir à ses gages.
Les grands [de Rome], pour s'affermir achetant des suffrages, Tiennent pompeusement leurs maîtres [les gens qui votent] à leurs gages
Un faquin orgueilleux qui vous tient à ses gages
Sémantique : Familièrement. Casser aux gages, retirer à quelqu'un son emploi, ses appointements.
Et que pour sa paresse il faut casser aux gages
de Paul SCARRON dans dans LE ROUX, Dict. comique.
Il se dit aussi d'un supérieur qui retire sa confiance à un inférieur. Il a eu longtemps quelque crédit auprès du ministre ; mais il a été cassé aux gages.
Enfin, pour l'inconnue, elle est cassée aux gages
À gages, qui reçoit des gages.
Ce gouverneur n'est pas un homme à gages
En mauvaise part. À gages, qui est payé pour faire quelque service peu honorable. Des applaudisseurs à gages.
La Cleveland [maîtresse de Charles II], dont il ne se souciait plus, ne laissait pas de le déshonorer par des inconstances réitérées, par des choix indignes, et le ruinait par des amants à gages
La Fontaine a dit à gage au singulier. Notre souffleur à gage Se gorge de vapeur, s'enfle comme un ballon, Fabl. VI, 3.
9
Gages se dit quelquefois du salaire d'un capitaine de navire, d'un matelot.
10
Gages se disait autrefois du payement que le roi ordonnait par an aux officiers de sa maison, aux officiers de justice et de finance.

SYNONYME

1
GAGES, APPOINTEMENTS, HONORAIRES. Appointements se dit pour tout ce qui est place, ou qu'on regarde comme tel. Honoraires a lieu pour les maîtres qui enseignent quelque science, et pour ceux à qui on a recours dans l'occasion à l'effet d'obtenir un conseil salutaire, ou quelque autre service que leur doctrine ou leur fonction met à portée de rendre. Gages est d'usage à l'égard des domestiques de particuliers et des gens qui se louent pendant quelque temps au service d'autres personnes, Encycl. VIII, 291. Traitement peut être ajouté à ces trois mots examinés par l'Encyclopédie ; il est synonyme d'appointements et diffère par conséquent de gages et d'honoraires. Il y a en outre une différence qui n'est pas notée, c'est que les appointements, le traitement, les gages sont quelque chose de fixe, tandis que les honoraires s'entendent mieux de ce qui est occasionnel : un prêtre assistant à un service, un médecin, un avocat ont des honoraires ; le prêtre qui dessert une église, le médecin qui est attaché à un hôpital ont un traitement.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Il durra [donnera] wage, e truverad plege
dans Lois de Guill. 6
Devant iceo que [avant que] [le bétail] seit mis en guage
dans ib. 25
2
XIIe s.
Donner son gage
dans Ronc. p. 13
La teste [il] i pert, n'i laissa autre gage
dans ib. p. 64
Pur ço [cela] s'ala à Turs cele nuit herbergier, E saveir se li reis le voldreit là baisier ; Mais il ne porta là ne maille ne denier ; Ses guages li covint rachater ou laissier ; Ne li reis nel baisa, n'il nes fist desguaigier
dans Th. le mart. 117
3
XIIIe s.
Par la beneoite mere Dieu, j'ai biaus enfans de mon seigneur, je les meterai en gage et bien trouverai qui me prestera sour aus [eux]
dans Chron. de Rains, 158
Mais la qeue remest en gages, Dont moult li poise et moult li grieve
dans Ren. 1250
Cil qui apele par gages de bataille ne pot contremander
de Philippe de BEAUMANOIR dans LXIX
La tierce maniere de proeve si est par gage de bataille
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXXIX, 4
Et cil qui presta sor le gage ne pot avoir son garant de celi qui li bailla en gages
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXV, 23
Je dis au roy que Mons. Pierre de Courcenay me devoit quatre cens livres de mes gajes, lesquiex il ne me vouloit paier
Mestiers fu à l'umain lignaige, Que plus fort de li mist en gaige Souffisant pour li acquiter Vers Dieu qui l'ot fait à s'ymaige
4
XIVe s.
Se un rent à l'autre son gage ou son depost, non pas de volenté, mais par paour, l'en ne doit pas dire que il face juste operacion fors tant solement par accident
Mais il sont pluseurs gens, en che [ce] siecle regnant, Qui ne croient en Dieu, le pere royaumant, Se che n'est sus bon gaige qu'avoir voelent devant
dans Baud. de Seb. v, 86
5
XVe s.
[Le capitaine apprend à sa garnison que le château est miné] Les compagnons ne furent mie bien assurés de ces paroles ; car nul ne meurt volontiers, puisqu'il peut finer sur autres gages [quand il peut sortir d'embarras autrement]
Ainsi amour me mist en son servaige, Mais pour seurté retint mon cueur en gaige
de Charles D'ORLÉANS dans 1
[Maison] Où serviteurs ot en grant habondance Qui gaiges ont excessis sans raison
de Eustache DESCHAMPS dans Admin. de l'ostel du prince.
En ladicte bataille estoient mors huyt mil hommes du party dudit duc prenans gages de luy, et autres menues gens assez
de Philippe de COMMINES dans V, 3
Je veiz le bonhomme vieil presenter le gage à son filz [le duc de Gueldres et son fils comparaissaient devant le duc de Bourgogne pour un différend qu'ils avaient entre eux]
de Philippe de COMMINES dans IV, 1
Voulezvous faire un gage [pari] à moi ? Oui, vraiment, dit-il ; quel sera-t-il ?
de LOUIS XI dans Nouv. XXVII
Pensez que le pauvre gentilhomme rendoit bien gage [payait cher] du bon temps qu'il avoit eu en ce jour
de LOUIS XI dans ib. LXXII
Lesdits capitaines.... casseront des gages d'un quartier ceulz qu'ilz trouveront avoir excedé et delinqué ; et s'ilz y renchéent une autre fois, ilz les casseront du tout et mectront d'autres en leurs lieux
dans Ordonn. 6 oct. 1486
6
XVIe s.
Il y a deux sortes de gages vif et mort. Vif gage est qui s'acquitte des issues [dont le revenu vient en déduction de la dette], mort-gage, qui de rien ne s'acquitte [dont le revenu est absorbé en pure perte pour le débiteur]
de Antoine LOYSEL dans 483, 484
Telle estoit la coustume que celui qui appelloit jettoit un gant pour gage, et l'appellé le levoit, et s'appeloit gage de bataille
de Pierre de Bourdeille, seigneur et abbé de BRANTÔME dans Sur les duels, p. 17, dans LACURNE
Alors du dit combat, l'armée venitienne estoit en bataille.... lesquels Venitiens gardoient les gages [demeuraient simples spectateurs du combat] ; car, s'ils eussent voulu assaillir de leurs costés, les ennemis eussent esté contraints de separer leurs forces en divers lieux
de Martin DU BELLAY dans Mém. liv. II, f° 41, dans LACURNE
De gage qui mange, nul ne s'en arrange
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 131
Gager est s'obliger à payer les rentes et redevances dues pour l'année suivante ; si le vassal n'est pas resseant sur le fief, à raison duquel il les doit, il doit donner plege qui y demeure et qui s'oblige de les payer ; de ces deux mots, gage et plege, on a composé celuy de gage-plege
de LAURIÈRE dans Gloss. du droit fr.
L'un l'avoit nourri et avoit pour gages de son amitié la nourriture de son enfance

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, voig ; prov. gatge, gatghe, gaje ; espagn. gage ; ital. gaggio ; du bas-latin vadium, wadium, dans les lois barbares. Il y a deux étymologies aussi probables l'une que l'autre : la première latine, vas, vadis, répondant, garant ; bien que le g ou gu réponde ordinairement au w germanique, l'objection n'est pas absolue, car vagina, entre autres, a donné gaîne ; la seconde germanique : goth vadi ; anc. haut-allem. wetti ; frison, ved, gage, caution, promesse. Il est probable que les deux étymologies ont concouru pour former le mot roman.

Synonymes de GAGE

Phonétiquement proche de GAGE