Définition de FAIX
Prononciation : fê ; l'x se lie : un fê-z accablant
DÉFINITIONS
1
Charge sous laquelle on plie.Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. I, 16
Tant qu'il vit sous le faix mourir son camarade
de Jean de LA FONTAINE dans ib. VI, 16
Sémantique : Par extension, charge.
Ton aiguille à mes doigts est un faix bien léger
de Jean de ROTROU dans Herc. mour. I, 4
Sémantique : Terme d'eaux et forêts. Faix à col, délit de celui qui est saisi chargé du bois qu'il a dérobé.
2
Sémantique : Fig.Si faut-il qu'à la fin.... Je m'allége du faix dont je suis accablé
de François de MALHERBE dans IV, 4
Succombant sous le faix que j'ai dessus le coeur
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. VI
Porter tout seul le faix de ce plaisir commun
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Épît. II
Il ne peut porter tout seul le faix de tant de grandes affaires
de PATRU dans Plaidoyer 6, dans RICHELET
Soutiendrez-vous un faix sous qui Rome succombe ?
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. I, 1
Faire honte à ces rois que le travail étonne, Et qui sont accablés du faix de leur couronne
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Disc. au roi.
Mais, pour comble, à la fin, le marquis en prison Sous le faix des procès vit tomber sa maison
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. v.
Des guerriers illustres courbés sous le faix des lauriers
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Écon. 2
Nature : Absolument. Succomber sous le faix, plier sous le faix, ne pas pouvoir supporter quelque chose qui accable.
Je vous vois succomber sous le faix
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 347
Ces gens lisent toutes les histoires et ignorent les histoires ; ils parcourent tous les livres et ne profitent d'aucun.... ils plient sous le faix, leur mémoire en est accablée, pendant que leur esprit demeure vide
de Jean de LA BRUYÈRE dans XIII
Sémantique : Poétiquement. Le faix des ans, des années.
Mon corps n'est point courbé sous le faix des années
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. I
Malgré le faix des ans et du sort qui m'opprime
de Jean RACINE dans Mithr. II, 3
3
Sémantique : Terme de construction. Se dit en parlant d'un bâtiment qui s'est affaissé comme il doit faire. Ce bâtiment a pris son faix.4
Sémantique : Terme de marine. Faix de pont, planches épaisses et étroites, posées sur les baux d'un pont, dans la longueur d'un vaisseau, depuis l'avant jusqu'à l'arrière.5
Bloc cubique d'ardoise destiné à être fendu.6
Mesure de houille, employée à Saint-Étienne.SYNONYME
1
CHARGE, FAIX, FARDEAU. La charge est ce qu'un homme ou un animal peuvent porter ; elle n'exprime rien de plus. Le fardeau est une charge pesante. Le faix, signifiant étymologiquement un faisceau, exprime proprement une multiplicité de choses réunies : le faix des années, des affaires, etc. mais ce sens étymologique a disparu par le frottement de l'usage ; et la distinction est que fardeau est de tous les styles, et que faix est plus particulièrement du style élevé.HISTORIQUE
1
XIe s.Greignor [plus grand] fais [il] porte par joc [jeu] quand il s'enveise [s'amuse]
dans Ch. de Rol. LXXVI
2
XIIe s.Quant li baron l'entendent, chascuns s'est arrier trais, Tout ainsi com li asnes qui regarde le fais
dans Sax. X
Li clers porte sun merc en sum le chief adès, Ne li est pas al cors mais est à l'aneme [àme] fais
dans Th. le mart. 30
E mult li seit bon gré que si grant fais emprent, Qu'encontre rei de terre saint iglise defent
dans ib. 58
Se ele [la pensée]. lo faihs des terriens penseirs ki l'apresset, gettet en sus de soi
dans Job, p. 467
3
XIIIe s.Et tous fussent mort, se ne fust la chevalerie qui estoit en l'arriere garde, qui soustint le fais des Sarrasins qui moult les arguoient
dans Chr. de Rains, 93
J'en prens sor moi trestout le fès
dans la Rose, 19740
Or ai tant fet que ne puis mès ; Si me covient tenir en pes ; Diex doinst que ce ne soit trop tart ; Toz jors ai acreü mon fès
de RUTEBEUF dans 38
Mon cheval s'agenoilla pour le fez que il senti, et je en alai outre parmi les oreilles du cheval
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 225
4
XIVe s.Quant un homme porte un pesant faez et aucuns autres le soulegent en prenant une partie de tels faez
de Nicolas ORESME dans Eth. 289
5
XVe s.[Des engins], qui nuit et jour jetoient pierres de faix au chastel
de Jean FROISSART dans I, I, 227
Si tost qu'ils virent leurs ennemis, ils reculerent tout à un faix si desordonnéement....
de Jean FROISSART dans I, I, 286
Il mist tant de choses en ymagination et si grandes qu'il demeura soubz le faix
de Philippe de COMMINES dans IV, 1
6
XVIe s.Les Turcs, prests à se retirer, s'aviserent que ce faix d'eau avoit rendu inutile l'arquebuserie et l'artillerie des chrestiens
À haute montée le faix encombre
de Randle COTGRAVE dans
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. fais ; espagn. haz ; portug. feixe ; ital fascio ; du latin fascis, faisceau.