Définition de IRRITER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : i-rri-té

DÉFINITIONS

1
Mettre en colère, en parlant des personnes qui irritent. Irriter un taureau, un lion.
Ne dites pas à ce zélé magistrat qu'il travaille plus que son grand âge ne le peut souffrir ; vous irritez le plus patient de tous les hommes
A-t-il craint d'irriter les puissants, quand il a pu secourir les faibles ?
On n'avait qu'à l'irriter : alors, fougueux et hors de lui-même, il éclatait par des menaces
Eurymaque n'avait qu'à le contredire ; en l'irritant, il découvrait tout
Sémantique : Fig.
Tout à coup une noire tempête enveloppa le ciel, et irrita toutes les ondes de la mer
Nature : Absolument.
Je veux me faire craindre, et ne fais qu'irriter
Mettre en colère, en parlant des choses qui irritent.
Ta fortune est bien haut, tu peux ce que tu veux : Mais tu ferais pitié même à ceux qu'elle irrite....
Ici tous les objets vous blessent, vous irritent
Les moindres retardements irritaient son naturel ardent
La honte irrite enfin le plus faible courage
2
Rendre plus vif, plus ardent, en parlant des personnes.
Quel démon vous irrite et vous porte à médire ?
Mais de faire fléchir un courage inflexible, .... D'enchaîner un captif de ses fers étonné, ....C'est là ce que je veux, c'est là ce qui m'irrite
3
Rendre plus vif, plus violent, en parlant des choses. Irriter le mal. Irriter la fièvre.
Enfin épargnez-moi ces tristes entretiens Qui ne font qu'irriter vos tourments et les miens
Sévère craint ma vue, elle irrite sa flamme
de Pierre CORNEILLE dans ib. II, 5
Que n'a pas fait ce Sauveur miséricordieux [Jésus] pour prévenir les malheurs de ses citoyens ? fidèle au prince comme à son pays, il n'a pas craint d'irriter l'envie des pharisiens en défendant les droits de César
Pour ne pas irriter la haine publique déclarée contre le ministère
Pourquoi veux-tu, cruelle, irriter mes ennuis ?
Et c'est cette vertu si nouvelle à la cour Dont la persévérance irrite mon amour
Je vois que mon silence irrite vos dédains
de Jean RACINE dans ib. III, 3
La possession des richesses ne fait qu'en irriter la soif
Les sciences irritent sa curiosité au lieu de la satisfaire
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Avenir.
La mollesse De leur goût dédaigneux irritait la paresse
Comment irriter, par degrés, la curiosité du spectateur ?
Et tous ses ennemis irritent ma colère
Me voir rappeler incessamment tant de doux souvenirs, c'était irriter le sentiment de mes pertes
Il faudrait s'attacher principalement à irriter l'appétit
de Denis DIDEROT dans Interprét. de la nat. n° 39
4
Causer une excitation sur les membranes et sui les nerfs. Irriter la membrane pituitaire par des sternutatoires. Cela m'irrite les nerfs.
5
Sémantique : Terme de médecine. Exciter dans une partie une activité excessive, accompagnée d'ordinaire d'une sensation plus ou moins douloureuse. La fumée irrite l'oeil.
6
S'irriter, Nature : v. réfl. Devenir irrité, se mettre en colère.
Quels foudres [ô Dieux] lancez-vous quand vous vous irritez, Si même vos faveurs ont tant de cruautés ?
Mais ce n'est pas assez, amis, de s'irriter, Il faut voir quels moyens on a d'exécuter
Faible, et qui s'irritait contre un trépas si lent
Qu'un jeune homme ne s'irrite jamais contre un vieillard, qu'il ne le menace jamais
S'irriter que, s'irriter de ce que.
Sa bonté [de Dieu] s'irrite que vous lui fassiez demander des grâces pour autrui, tandis que vous vous réservez le privilége de pouvoir l'outrager encore vous-même
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Véritable culte.
Sémantique : Par extension, devenir impatient.
Plus l'obstacle qu'on trouve à ses grandeurs paraît faible, plus l'ambition s'irrite de ne pas le vaincre
Sémantique : Fig. La mer s'irrite, commence à s'irriter, la mer s'agite, commence à s'agiter.
7
Devenir plus vif, en parlant des choses. Les haines s'irritaient en secret.
Ta fureur s'irritant soi-même dans son cours
Ce feu, longtemps caché, qui vient de nous surprendre, Dans Vérone allumé, s'irritait sous la cendre
8
Sémantique : Terme de médecine. Contracter une irritation. Sa gorge s'irrite à force de parler.
On a dit en un sens analogue : le sang s'irrite.
Je pense à votre belle jeunesse, à votre santé.... comme vous en avez abusé, comme votre sang s'est irrité

HISTORIQUE

1
XVIe s.
Si furent irritez et provoquez contre les Romains
de Pierre BERCHEURE dans f° 11, verso.
2
XVe s.
Je suis beaucoup irrité Contre toi, vin desloyal
de BASSEL. dans XX.
3
XVIe s.
Ilz attisoient le feu le plus qu'ilz pouvoient au dedans de la ville, en l'irritant par toute maniere qu'il leur estoit possible
de Jacques AMYOT dans Brut. 39
Un tousseur continuel irrite mon poulmon
de Michel de MONTAIGNE dans I, 91
La volupté mesme cherche à s'irriter par la douleur
de Michel de MONTAIGNE dans III, 2
Irriter les frelons
de Randle COTGRAVE dans
Le zele est une ardante affection de l'ame qui tend à l'honneur de Dieu et au salut du prochain, dont s'ensuit aussi qu'elle s'irrite quand on le deshonore
L'eau qu'on arreste en est plus irritée, Et bruit plus fort plus elle est arrestée
de Philippe DESPORTES dans Diverses amours, XV, dialogue.

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. irritare, que les étymologistes latins regardent comme un fréquentatif de irrire, inrire, gronder, grogner, en parlant d'un chien. Du supin irritum vient le causatif irritare ( 2nd i long), faire gronder comme un chien, irriter. In-rire est formé de in, en, et rire, qui est le radical sanscrit rai ( a long), ragati ( 1er a long), il aboie (dans le véda).

Synonymes de IRRITER

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