Définition de JOUG
Prononciation : jough' ; dans la campagne on prononce jou ; c'était la prononciation du XVIIe siècle, CHIFFLET, Gram
DÉFINITIONS
1
Pièce de bois servant presque exclusivement à l'attelage des boeufs et des vaches.Il fallait mettre au joug deux taureaux furieux
de Pierre CORNEILLE dans Médée, II, 2
2
Dans l'ancienne Italie, pique placée horizontalement sur deux autres fichées en terre et sous laquelle on faisait passer les ennemis vaincus. L'armée romaine passa sous le joug aux Fourches Caudines.Ils furent tous passés sous le joug et renvoyés chacun avec un habit seulement
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Sémantique : Fig. Sujétion qu'impose un vainqueur ou une autorité oppressive.Si le joug qui l'accable [Rome] est brisé par nos mains
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, I, 3
Il vous fera porter un joug de fer, jusqu'à ce que vous en soyez écrasés
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Deutér. XXVIII, 48
Les Ioniens qui avaient secoué le joug des Perses
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 8
J'ai brisé le joug du roi de Babylone
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. II, 8
Au joug depuis longtemps ils se sont façonnés
de Jean RACINE dans Brit. IV, 4
Ennemi des Romains et de la tyrannie, Je n'ai point de leur joug subi l'ignominie
de Jean RACINE dans Mithr. V, 5
Fut-il jamais au joug esclaves plus soumis ?
de Jean RACINE dans Esth. III, 4
On peut dire que ce fut la bataille de Chéronée qui mit la Grèce sous le joug
Ah ! vous ferez aimer votre joug aux vaincus
4
Il se dit de l'empire de l'amour.L'amour n'a-t-il encor triomphé que de vous ?.... Mortelle, subissez le sort d'une mortelle ; Vous vous plaignez d'un joug imposé dès longtemps
de Jean RACINE dans Phèdre, IV, 6
Partons, la voile est prête, et Byzance m'appelle ; Je suis vaincu, je suis au joug d'une cruelle ; Le temps, les longues mers peuvent seuls m'arracher Ses traits que malgré moi je vais toujours chercher
de André CHÉNIER dans Élégies, Fragments.
Il se dit aussi du lien du mariage.
Il faut que M. de la Garde ait de bonnes raisons pour se porter à l'extrémité de s'attacher avec quelqu'un [se marier] ; je le croyais libre, et sautant, et courant dans un pré ; mais enfin il faut venir au timon, et se mettre sous le joug comme les autres
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 17 mai 1676
Oui, déjà le notaire a, d'un style énergique, Griffonné de ton joug l'instrument authentique
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. X
L'hyménée est un joug, et c'est ce qui m'en plaît
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans ib.
Au joug d'un autre hymen sans amour destinée
de Jean RACINE dans Mithr. I, 2
5
Contrainte morale, sujétion.Mon âme a secoué le joug de cent remords
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. I, 1
Déçue par la liberté dont elle a fait un mauvais usage.... elle [l'âme] se met de tous côtés sous le joug
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans la Vallière.
Quand on regarde la facilité incroyable avec laquelle la religion a été ou renversée ou rétablie par Henri, par Édouard, par Marie, par Élisabeth.... on est obligé de reprocher à ces peuples d'avoir été trop soumis, puisqu'ils ont mis sous le joug leur foi même et leur conscience
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Reine d'Angl.
Heureux qui, satisfait de son humble fortune, Libre du joug superbe où je suis attaché, Vit dans l'état obscur où les dieux l'ont caché !
de Jean RACINE dans Iph. I, 1
J'espère Qu'indocile à ton joug [le joug de Dieu], fatigué de ta loi....
de Jean RACINE dans Athal. V, 6
Le point fixe de nos lumières, c'est la foi ; on retrouve, en secouant le joug, les mêmes abîmes et les mêmes incertitudes que dans la soumission
Vous vous êtes engagé sous un joug différent
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême. Vocation.
Il est terrible de porter un joug auquel on ne s'est pas soi-même condamné
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Prof. rel. Serm. 1
Qui sent le joug le porte avec murmure
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Nan. I, 1
Il se dit aussi, en bonne part, d'une contrainte salutaire.
Un joug que m'imposait cette faveur publique
de Pierre CORNEILLE dans D. Sanche, V, 1
Cette sage mère plia le jeune de Sainte-Maure avec une extrême douceur sous le joug de l'autorité maternelle
de Esprit FLÉCHIER dans Duc de Mont.
[La rime] Au joug de la raison sans peine elle fléchit, Et, loin de la gêner, la sert et l'enrichit
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. I
Tu voudras t'affranchir du joug de mes bienfaits
de Jean RACINE dans Brit. V, 6
Vous vivrez sans joug et sans règle
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Rechute, 1
Le joug du Seigneur, l'obéissance aux lois de la religion.
Il n'eut pas moins de soin d'examiner la vocation de ses deux vertueuses filles, qui portent le joug du Seigneur dans un des plus saints ordres de l'Église
de Esprit FLÉCHIER dans Lamoignon.
Point de joug plus doux que celui du Seigneur ; ceux qui sont à lui sont toujours contents
Faire joug, se soumettre (locution qui a vieilli).
Il faut que mon humeur fasse joug à ta loi
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. X
Les ministres poussèrent l'inégalité de la suscription avec tout ce qui n'est point titré, et même avec les évêques, archevêques, et tout leur a fait joug
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Bâton ou fléau d'une balance.7
Sémantique : Terme de marine. Bâton pour tordre les cordages de moyenne grosseur et pour serrer une ligature.Ancien terme de marine. Forte pièce de bois qui, dans une galère, à la proue et à la poupe, traversait le navire et supportait par ses extrémités tout l'appareil des rames.
On disait aussi par corruption joup, JAL.
HISTORIQUE
1
XIIe s.Dejetums de nus [nous] le juh de els [eux]
dans Liber psalm. p. 2
2
XIIIe s.Quant li hom use sa vie en vices, il li semble trop grief le joug de vertu
de Brunetto LATINI dans Trésor, p. 343
Li home gardassent volentiers la franchise que nature leur avoit donée, et n'eussent miz lor col au jou des seignories, se ne fust ce que les males oevres multeplioient perilleusement
de Brunetto LATINI dans ib. p. 403
Jamais buef sa teste cornue Ne metroit à jou de charrue
dans la Rose, 18006
3
XIVe s.Que le consulat estoit mis souz le jouc de la puissance tribunicienne
de Pierre BERCHEURE dans f° 84
4
XVIe s.Les plus mutins et revesches excitoient les autres à faire joug [à se soumettre] à ceste ordonnance
de CABLOIX dans VI, 2
Mais je veux bien au vray vous advertir, Que, longtemps a, il fut mis sous le jou De mariage au bas pays d'Anjou
de Clément MAROT dans II, 72
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. jo ; catal. jou ; espagn. jugo ; portug. jugo ; ital. giogo ; du lat. jugum ; allem. Joch ; persan, iough ; sanscr. yuga ; du verbe yuj, joindre, aú sens d'attacher, atteler ; latin, jungere.