Définition de LUIRE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : lui-r'

DÉFINITIONS

1
Répandre de la lumière.
Enfin ce jour pompeux, cet heureux jour nous luit
La lune, alors luisant, semblait contre le sire, Vouloir favoriser la dindonnière gent
Hé quoi ! lorsque le jour ne commence qu'à luire....
Quand le Seigneur.... Fit luire aux yeux mortels un rayon de sa gloire
On voit luire des feux parmi des étendards
de Jean RACINE dans ib. IV, 5
À peine le soleil y peut faire luire ses rayons
Où suis-je ? quelle nuit Couvre d'un voile affreux la clarté qui nous luit ?
Son front luit, étoilé de mille diamants
Le jour ne luit que tard dans leur appartement [de certaines dames] ; Souvent le soir arrive et les surprend couchées
de BOISSY dans Impatient, I, 1
Ce soleil qui nous luit, le monde entier l'appelle Roi des astres nombreux dont l'olympe étincelle, Le chef-d'oeuvre du Tout-Puissant
de Nicolas GILBERT dans Au prince de Salm-Salm.
Au défaut du soleil, la foudre ici me luit
de ARNAULT dans Marius à Mint. II, 1
Tu verras, si demain le cercueil me dévore, Un soleil aussi beau luire à ton désespoir
Sémantique : Fig.
Si pour vivre chrétiennement il faut quitter sa famille et la société du genre humain.... ce n'est pas le dessein du Fils de Dieu ; au contraire, il commande aux siens de luire devant les hommes
2
Sémantique : Par extension, réfléchir la lumière, en parlant de corps polis.
Hé ! si l'impie Aman dans sa main homicide Faisant luire à vos yeux un glaive menaçant....
3
Sémantique : Fig. Briller d'un éclat que l'on compare à la lumière.
Je vous crois, mais souvent l'amour brûle sans luire ; Dans un profond secret il aime à se conduire
N'a-t-il pas dit [Jésus] qu'il la mettait [son Église] sur une montagne, afin qu'elle fût vue de tout le monde ? n'a-t-il pas dit qu'il la posait sur le chandelier, afin qu'elle luisît à tout l'univers ?
Et dès qu'un mot plaisant vient luire à mon esprit, Je n'ai pas de repos qu'il ne soit en écrit
Ne peut-il pas faire luire sa lumière dans les ténèbres ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, F. conf.
Si de quelque espérance un rayon peut nous luire
La vraie philosophie ne commença à luire aux hommes que sur la fin du seizième siècle
Belle Octavie ! À tes fêtes splendides, Dis-nous, la joie a-t-elle jamais lui ?
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Octavie.
Un nouveau jour nous luit, c'est-à-dire notre destin change.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Claire est la nuit et la lune luisante
dans Ch. de Rol. CLXXX
2
XIIe s.
Li solaus luist, si fu et bel et cler
dans Roncisv. 44
Li cons [le comte] le fiert sur son haume luisant
dans ib. 77
Et son col blanc, son chef blond et luisant
dans Couci, V
Emmei la malvaise et perverse genz, entre cui vos luisiez si com lumieres el munde
dans Job, p. 441
3
XIIIe s.
Après l'aube aparant luisoit la lune claire
dans Berte, XVIII
N'est pas tout or quanqu'on voit luire
de RUTEBEUF dans 79
Il estoit nuict à icele hore, Et les estoiles cler paroient, Et en l'eve del puis luisoient
dans Ren. 6874
...Renart le remple, et cil boit à moult grant joie et à grant feste ; Li oil [les yeux] li luisent en la teste Autresi com un vif charbon
dans ib. 3186
Dieux estendi feu qui luisist à eus par nuit
dans Psautier, f° 128
4
XIVe s.
Quant le soleil luist et encontre un drap vert, ou par une verriere verte, les choses opposites semblent estre vertes
5
XVIe s.
L'ame qui loge la philosophie doibt faire luire jusques au dehors son repos et son aise
de Michel de MONTAIGNE dans I, 175
Ce qu'on donne luit, ce qu'on mange puit [pue]
de Randle COTGRAVE dans
Alors ces heureux noms, sans elite et sans choix, Luiront dans mes escrits plus que les noms des rois

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, lûre ; provenc. luzer, luzir ; cat. lluir ; esp. lucir ; ital. lucere ; du lat. Lucere ( 1er e long), (voy. LUEUR). La forme luire suppose que l'e avait été abrégé par une fausse prononciation et était devenu lucere ( 1er e bref). On trouve aussi luisir, qui est la forme correcte.

Synonymes de LUIRE

Termes proches de LUIRE