L'oeuvre Satires de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX
Ecrit par Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX
Date : 1660-1711
Citations de "Satires"
Utilisé pour le mot | Citation |
ROUER | Moi donc, qui dois souvent en certain lieu me rendre.... Ne sachant plus tantôt à quel saint me vouer [dans un embarras de voitures], Je me mets au hasard de me faire rouer |
ROUGE | Un laquais effronté m'apporte un rouge bord |
ROUGIR | Mais, pour moi, dont le front trop aisément rougit, Ma bouche a déjà peur de t'en avoir trop dit |
ROULANT, ANTE | Tous ces discours sur l'amour seul roulants |
ROULÉ, ÉE | Et j'ai tout Pelletier Roulé dans mon office en cornets de papier |
ROULER | L'un [chat] miaule en grondant comme un tigre en furie ; L'autre roule sa voix comme un enfant qui crie |
ROULER | L'autre esquive le coup, et l'assiette volant S'en va frapper le mur, et revient en roulant |
ROUTE | Comme on voit qu'en un bois que cent routes séparent, Les voyageurs sans guide assez souvent s'égarent |
ROUTE | Chacun suit dans le monde une route incertaine, Selon que son erreur le joue et le promène |
RUDESSE | Le ris sur son visage est en mauvaise humeur.... Ses mots les plus flatteurs paraissent des rudesses |
RUE | Pour traverser la rue au milieu de l'orage, Un ais sur deux pavés forme un étroit passage |
RUELLE | Tes bons mots autrefois délices des ruelles |
RUER | Et, chacun vainement se ruant entre deux |
RUISSEAU | Et les nombreux torrents qui tombent des gouttières, Grossissant les ruisseaux, en ont fait des rivières |
RUISSEAU | En vain à lever tout les valets sont fort prompts, Et les ruisseaux de vin coulent aux environs |
RUSTIQUE | Je suis rustique et fier, et j'ai l'âme grossière |
RUT | Jamais la biche en rut n'a pour fait d'impuissance Traîné du fond des bois un cerf à l'audience |
SAC | Jamais, contre un renard chicanant un poulet, Un renard de son sac n'alla charger Rollet |
SAGE | D'où vient, cher le Vayer, que l'homme le moins sage Croit toujours seul avoir la sagesse en partage ? |
SAGE | La fille qui m'enchante, Noble, sage, modeste.... |
SAGESSE | Qu'est-ce que la sagesse ? une égalité d'âme Que rien ne peut troubler, qu'aucun désir n'enflamme |
SAINT, AINTE | Je le vois bien, tu vas épouser une sainte |
SAISON | Une vaine folie enivrant la raison, L'honneur triste et honteux ne fut plus de saison |
SALAIRE | Enfin un médecin, fort expert en son art, Le guérit [un fou].... Mais voulant de ses soins exiger le salaire.... |
SALI, IE | Et dans quatre mouchoirs de sa beauté salis [elle] Envoie au blanchisseur ses roses et ses lis |
SALIR | Et jamais juge, ordonnant le congrès, De ce burlesque mot n'a sali ses arrêts |
SALPÊTRE | C'était peu que sa main [de l'homme], conduite par l'enfer, Eût pétri le salpêtre, eût aiguisé le fer |
SANCTIFIER | Vous aurez beau vanter le roi dans vos ouvrages, Et de ce nom sacré sanctifier vos pages |
SANG | Ces monstres.... Qui, prenant en dégoût les fruits nés de leur flanc, S'irritent sans raison contre leur propre sang |
SANG-FROID | Faudra-t-il de sang-froid, et sans être amoureux, Pour une Iris en l'air faire le langoureux ? |
SANTÉ | Peut-être, avant deux jours, Courtois et Denyau, mandés à son secours [d'une prétendue malade]... Lui sauront bien ôter cette santé d'athlète |
SANTÉ | Cependant mon hâbleur, avec une voix haute, Porte à mes campagnards la santé de notre hôte |
SATIRE | Muse, changeons de style, et quittons la satire ; C'est un méchant métier que celui de médire |
SAUCE | Quand on parle de sauce, il faut qu'on y raffine |
SAUTER | J'ai beau sauter du lit plein de trouble et d'effroi |
SAUTER | Je saute vingt ruisseaux, j'esquive, je me pousse |
SAUVAGE | Ne demande donc plus par quelle humeur sauvage, Tout l'été, loin de toi, demeurant au village, J'y passe obstinément les ardeurs du Lion |
SAUVAGE | Mais pourquoi, dira-t-on, cette vertu sauvage Qui court à l'hôpital et n'est plus en usage ? |
SAVAMMENT | ....Sur ce point si savamment touché, Desmares dans Saint-Roch n'aurait pas mieux prêché |
SAVANT, ANTE | C'est cette savante Qu'estime Roberval, et que Sauveur fréquente |
SAVOIR | Et qui saurait sans moi que Cotin a prêché ? |
SAVOUREUX, EUSE | ... Crois-tu qu'aisément elle puisse quitter Le savoureux plaisir de t'y persécuter ? |
SCANDALE | Mais que deviendras-tu si, folle en son caprice, N'aimant que le scandale et l'éclat dans le vice.... Au fond peu vicieuse, elle aime à coqueter ? |
SCEAU | Ma famille illustre De l'assistance au sceau ne tire point son lustre |
SCIENCE | Quiconque est riche est tout.... Il a, sans rien savoir, la science en partage |
SCIENCE | Si dans les droits du roi sa funeste science [d'un financier] Par deux ou trois avis n'eût ravagé la France |
SÉANCE | Ou si.... tu [toi, Équivoque] veux gagner ta cause, Porte-la dans Trévoux, à ce beau tribunal Où de nouveaux Midas un sénat monacal [les jésuites], Tous les mois, appuyé de ta soeur l'Ignorance, Pour juger Apollon tient, dit-on, sa séance |
SEC, SÈCHE | [Auteurs].... de qui le corps sec et la mine affamée N'en sont pas mieux refaits pour tant de renommée |
SECOUER | [L'âne] Content de ses chardons, et secouant la tête : Ma foi, non plus que nous, l'homme n'est qu'une bête |
SECOURABLE | Il est vrai que du roi la bonté secourable Va tirer désormais Phébus de l'hôpital |
SECRET | Car tu ne seras point de ces jaloux affreux Qui, tandis qu'une épouse à leurs yeux se désole, Pensent toujours qu'un autre en secret la console |
SECRÉTAIRE | Je t'entends, et je voi D'où vient que tu t'es fait secrétaire du roi |
SÉDUIRE | C'est quelque air d'équité qui séduit et qui plaît |
SEIN | Un avare, idolâtre et fou de son argent, Rencontrant la disette au sein de l'abondance |
SÉJOUR | Et [certaines femmes] font de leur maison.... Un séjour de douleur, de larmes et de cris |
SEL | Combien le sel au roi peut fournir tous les ans |
SEL | Et qu'Horace, jetant le sel à pleines mains, Se jouait aux dépens des Pelletiers romains |
SELLETTE | Et mis sur la sellette aux pieds de la critique, Je vois bien tout de bon qu'il faut que je m'explique |
SEMBLER | Que vous semble, dit-il, du goût de cette soupe ? |
SEMER | De nouveau tu semas tes captieux mensonges |
SENTENCE | En vain quelque rieur, prenant votre défense, Veut faire au moins de grâce adoucir la sentence [de noyer les satiriques] |
SENTIMENT | Voilà l'homme en effet : il va du blanc au noir, Il condamne au matin ses sentiments du soir |
SENTIR | Sentiez-vous, dites-moi, ces violents transports Qui d'un esprit divin font mouvoir les ressorts ? |
SÉPARÉ, ÉE | Aucun n'avait d'enclos ni de champ séparé |
SÉPARER | De nouveau l'on s'efforce, on crie, on les sépare |
SÉPARER | Alcippe, tu crois donc qu'on se sépare ainsi ? Pour sortir de chez toi, sur cette offre offensante, As-tu donc oublié qu'il faut qu'elle [ta femme] y consente ? |
SEPT | Attendant son destin d'un quatorze ou d'un sept, Voit sa vie ou sa mort sortir de son cornet |
SÉQUESTRER | Pour ne s'en point servir aux plus rigoureux mois, Dans le fond d'un grenier on séquestra le bois |
SERMENT | Je fais mille serments de ne jamais écrire |
SERMENT | J'ai gagné doucement la porte sans rien dire, Avec un bon serment, que, si, pour l'avenir, En pareille cohue on me peut retenir, Je consens de bon coeur... |
SERMENT | Vous le verrez bientôt, les cheveux hérissés.... Ainsi qu'un possédé que le prêtre exorcise, Fêter dans ses serments tous les saints de l'Église |
SERMON | Avant lui Juvénal avait dit en latin Qu'on est assis à l'aise aux sermons de Cotin |
SERRÉ, ÉE | Ce fougueux l'Angeli [Alexandre] qui, de sang altéré, Maître du monde entier, s'y trouvait trop serré |
SERRURIER | Un affreux serrurier, laborieux Vulcain, Qu'éveillera bientôt l'ardente soif du gain, Avec un fer maudit qu'à grand bruit il apprête, De cent coups de marteau me va fendre la tête |
SERVIR | Mais sans un Mécénas, à quoi sert un Auguste ? |
SERVIR | Ma foi, le jugement sert bien dans la lecture |
SEUIL | Je les aime encor mieux qu'une bigote altière, Qui, dans son fol orgueil, aveugle et sans lumière, à peine sur le seuil de la dévotion, Pense atteindre au sommet de la perfection |
SEUL, EULE | Et ses écrits tout seuls doivent parler pour lui [un auteur] |
SEULEMENT | Il était plein d'esprit, de sens et de raison ; Seulement pour l'argent un peu trop de faiblesse De ses vertus en lui ravalait la noblesse |
SÉVE | Oui, je gagerais bien que, chez le commandeur, Villandri priserait sa séve et sa verdeur [d'un vin] |
SÉVÈRE | Quel sujet inconnu vous trouble et vous altère ? D'où vous vient aujourd'hui cet air sombre et sévère ? |
SEXE | Et tous ces vieux recueils de satires naïves, Des malices du sexe immortelles archives |
SIÈCLE | Feuilletez à loisir tous les siècles passés |
SIÈCLE | Alors, ce fut alors, sous ce vrai Jupiter, Qu'on vit naître ici-bas le noir siècle de fer |
SIÈCLE | C'est par là.... que le sort burlesque, en ce siècle de fer, D'un pédant, quand il veut, sait faire un duc et pair |
SIFFLER | Mais bien que ses durs vers, d'épithètes enflés, Soient des moindres grimauds chez Ménage sifflés |
SIFFLET | Au mauvais goût public la belle y fait la guerre ; Plaint Pradon opprimé des sifflets du parterre |
SILENCE | ... Un des campagnards, relevant sa moustache.... Impose à tous silence.... |
SIMPLE | Sois doux, simple, équitable |
SINCÈRE | Un discours trop sincère aisément nous outrage |
SINGE | Écolier ou plutôt singe de Bourdaloue |
SOCIÉTÉ | Dépouillons-nous ici d'une vaine fierté, Nous naissons, nous vivons pour la société |
SOEUR | Quelle verve indiscrète Sans l'aveu des neuf Soeurs vous a rendu poëte ? |
SOEUR | Un démon qui m'inspire Veut qu'encore une utile et dernière satire Se vienne en nombre pair joindre à ses onze soeurs |
SOI | Le plus vil artisan eut ses dogmes à soi [chez les protestants] |
SOIF | Il [l'homme] sut qu'il n'était plus.... Qu'un chétif animal pétri d'un peu de terre, à qui la faim, la soif partout faisaient la guerre |
SOIR | je suis las de me voir les soirs en ma maison Seul avec des valets souvent voleurs et traîtres, Et toujours à coup sûr ennemis de leurs maîtres |
SOIR | Sitôt que du soir les ombres pacifiques, D'un double cadenas font fermer les boutiques |
SOLEIL | Pradon comme un soleil en nos ans a paru |
SOLITUDE | Nous naissons, nous vivons pour la société ; à nous-mêmes livrés dans une solitude, Notre bonheur bientôt fait notre inquiétude |
SOMMEIL | Le sommeil sur ses yeux commence à s'épancher |
SOMMEIL | Elle plaint le malheur de la nature humaine, Qui veut qu'en un sommeil où tout s'ensevelit Tant d'heures sans jouer se consument au lit |
SOMMEIL | Pour moi, fermant ma porte et cédant au sommeil |
SOMMET | Et ne savez-vous pas que, sur ce mont sacré [le Parnasse], Qui ne vole au sommet tombe au plus bas degré ? |
SONNANT, ANTE | J'y cours midi sonnant |
SONNEZ | Si.... Tu voyais tous tes biens, au sort abandonnés, Devenir le butin d'un pique ou d'un sonnez |
SORDIDE | Une avare et sordide famille |
SORT | Que si d'un sort fâcheux la maligne inconstance Vient par un coup fatal faire tourner la chance |
SORTIR | Paris est pour le riche un pays de cocagne ; Sans sortir de la ville, il trouve la campagne |
SORTIR | Attendant son destin d'un quatorze ou d'un sept, [il] Voit sa vie ou sa mort sortir de son cornet |
SORTIR | Pour sortir de chez toi.... As-tu donc oublié qu'il faut qu'elle [ta femme] y consente ? |
SORTIR | Le naturel toujours sort et sait se montrer |
SOT, OTTE | De Paris au Pérou, du Japon jusqu'à Rome, Le plus sot animal, à mon avis, c'est l'homme |
SOT, OTTE | J'irais, par ma constance aux affronts endurci, Me mettre au rang des saints qu'a célébrés Bussi ! Assez de sots sans moi font parler dans la ville |
SOTTEMENT | Un poëme insipide et sottement flatteur Déshonore à la fois le héros et l'auteur |
SOTTISE | Faire dire aux échos des sottises champêtres |
SOUFFLER | Qui vous a pu souffler une si folle audace ? |
SOUFFLETÉ, ÉE | Deux servantes, déjà largement souffletées, Avaient à coups de pied descendu les montées |
SOUFFRIR | [Elle] .... souffre des affronts que ne souffrirait pas L'hôtesse d'une auberge à dix sous par repas |
SOULIER | Décrirai-je ses bas en trente endroits percés, Ses souliers grimaçants vingt fois rapetassés ? |
SOUPÇON | Il n'est rien où d'abord son soupçon attaché Ne présume du crime et ne trouve un péché |
SOUPLE | La richesse permet une juste fierté ; Mais il faut être souple avec la pauvreté |
SOURCIL | Le sourcil rehaussé d'orgueilleuses chimères |
SOURD, SOURDE | Mais sans examiner si, vers les antres sourds, L'ours a peur du passant ou le passant de l'ours |
SOUSCRIRE | Qu'il [Chapelain] soit doux, complaisant, officieux, sincère, On le veut, j'y souscris, et suis prêt de me taire |
SOUVERAIN, AINE, | En vain certains rêveurs vous l'habillent en reine [la raison], Veulent sur tous nos sens la rendre souveraine |
STÉRILE | C'est à vous, mon esprit, à qui je veux parler.... Je ris, quand je vous vois, si faible et si stérile, Prendre sur vous le soin de réformer la ville |
STUPIDE | Alors ce ne fut plus que stupide ignorance |
STYLE | Mon style ami de la lumière |
STYLE | Ne valait-il pas mieux vous perdre dans les nues, Que d'aller sans raison, d'un style peu chrétien, Faire insulte en rimant à qui ne vous dit rien ? |
SUBSISTER | Bientôt, pour subsister, la noblesse sans bien Trouva l'art d'emprunter et de ne rendre rien |
SUC | Engraisse-toi, mon fils, du suc des malheureux |
SUER | En vain pour la trouver [la rime] je travaille et je sue |
SUFFIRE | Dans le crime il suffit qu'une fois on débute ; Une chute toujours attire une autre chute |
SUIVRE | Un astrolabe en main, elle a, dans la gouttière, à suivre Jupiter passé la nuit entière |
SUJET, ETTE | La vertu n'était pas sujette à l'ostracisme |
SUPERBE | Tous mes sots, à l'instant changeant de contenance, Ont loué du festin la superbe ordonnance |
SUPERFLUITÉ | La table toutefois, sans superfluité, N'avait rien que d'honnête en sa frugalité |
SUPERSTITIEUX, EUSE | Enfin t'ai-je dépeint la superstitieuse ? |
SUPPOSER | Supposons toutefois qu'encor fidèle et pure, Sa vertu de ce choc revienne sans blessure |
SUPPÔT | Sans craindre archers, prévôt, ni suppôt de justice |
SUR | Ces pigeons sont dodus, mangez, sur ma parole |
SÛRETÉ | Laissez mourir un fat dans son obscurité ; Un auteur ne peut-il pourrir en sûreté ? |
SÛRETÉ | Le bois le plus funeste et le moins fréquenté Est au prix de Paris un lieu de sûreté |
SURINTENDANT | Il [l'homme riche] est aimé des grands, il est chéri des belles ; Jamais surintendant ne trouva de cruelles |
SURPRIS, ISE | Son mari.... Se trouve assez surpris, rentrant dans la maison, De voir que le portier lui demande son nom |
SURVENIR | Souvent, pour m'achever, il survient une pluie |
TABAC | [Une femme qui] Fait même à ses amants, trop faibles d'estomac, Redouter ses baisers pleins d'ail et de tabac ? |
TABLE | On s'assied ; mais d'abord notre troupe serrée Tenait à peine autour d'une table carrée |
TACHE | L'épouse que tu prends, sans tache en sa conduite, Aux vertus, m'a-t-on dit, dans Port-Royal instruite |
TAILLER | L'art se tailla des dieux d'or, d'argent et de cuivre |
TANT | Mon bien se monte à tant : tenez, voilà le vôtre |
TANTÔT | Ne sachant plus tantôt à quel saint me vouer |
TAPI, IE | Cet animal [la fourmi], tapi dans son obscurité, Jouit l'hiver des biens conquis durant l'été |
TARTUFE | Molière [qui alors allait faire des lectures de sa pièce] avec Tartufe y doit jouer son rôle |
TEINT | Qu'est devenu ce teint dont la couleur fleurie Semblait d'ortolans seuls et de bisques nourrie ? |
TÉMOIN | Déments donc tout Paris, qui, prenant la parole, Sur ce sujet encor de bons témoins pourvu, Tout prêt à le prouver, te dira : je l'ai vu |
TEMPS | Vous pourrez voir, un temps, vos écrits estimés Courir de main en main par la ville semés |
TENDRE | Puis bientôt en grande eau sur le fleuve de Tendre Naviguer à souhait, tout dire et tout entendre |
TENDREMENT | Les héros chez Quinault parlent bien autrement, Et jusqu'à : Je vous hais, tout s'y dit tendrement |
TERME | Et ne présume pas que Vénus ou Satan Souffre qu'elle en demeure aux termes du roman |
TERNI, IE | D'où vient qu'elle a l'oeil trouble et le teint si terni ? C'est que sur le calcul, dit-on, de Cassini, Un astrolabe en main, elle a dans sa gouttière à suivre Jupiter passé la nuit entière |
TEXTE | J'ai trop bien profité pour n'être pas instruit à quels discours malins le mariage expose ; Je sais que c'est un texte où chacun fait sa glose |
TIEN | Et le mien et le tien, deux frères pointilleux, Par son ordre amenant les procès et la guerre, En tous lieux de ce pas vont partager la terre |
TISIPHONE | Ai-je offert à tes yeux ces tristes Tisiphones, Ces monstres pleins d'un fiel que n'ont pas les lionnes ? |
TITRE | Traiter comme Senaut toutes les passions, Et, les distribuant par classes et par titres, Dogmatiser en vers et rimer par chapitres |
TITRE | Et l'orgueil, d'un faux titre appuyant sa faiblesse, Maîtrisa les humains sous le nom de noblesse |
TITRE | D'autre part un galant.... Condamne la science, et, blâmant tout écrit, Croit qu'en lui l'ignorance est un titre d'esprit |
TOILETTE | Attends, discret mari, que la belle en cornette Le soir ait étalé son teint sur la toilette |
TOMBEAU | Ceux qui sont morts sont morts ; Le tombeau contre vous ne peut-il les défendre ? |
TOMBER | Il [l'homme] tourne au moindre vent, il tombe au moindre choc, Aujourd'hui dans un casque, et demain dans un froc |
TOME | Ma plume, ici traçant ces mots par alphabet, Pourrait d'un nouveau tome augmenter Richelet [dictionnaire] |
TON | Un esprit né sans fard, sans basse complaisance, Fuit ce ton radouci que prend la médisance |
TONNER | Pour moi qu'en santé même un autre monde étonne, Qui crois l'âme immortelle, et que c'est Dieu qui tonne |
TONNER | Dieu pour s'y faire ouïr tonnerait vainement |
TONNER | Peindre Bellone en feu tonnant de toutes parts |
TORRENT | Et les nombreux torrents qui tombent des gouttières |
TORTU, UE | Et, se laissant aller à son esprit tortu, De ses propres défauts se fait une vertu |
TORTURE | Et déjà vous croyez dans vos rimes obscures Aux Saumaises futurs préparer des tortures |
TOURNÉ, ÉE | Quoi ! dira-t-on d'abord, un ver, une fourmi, Un taureau qui rumine, une chèvre qui broute, Ont l'esprit mieux tourné que n'a l'homme ?... |
TOURNER | D'un carrosse, en tournant, il accroche une roue |
TOURNOI | Sur une table longue et façonnée exprès, D'un tournoi de bassette ordonner les apprêts |
TOUT, TOUTE | .... en tout lieu disposée à les suivre |
TOUT, TOUTE | Deux nobles campagnards, grands lecteur de romans, Qui m'ont dit tout Cyrus dans leurs longs compliments |
TOUT, TOUTE | Car Mignot, c'est tout dire, et dans le monde entier Jamais empoisonneur ne su mieux son métier |
TOUT, TOUTE | Tout n'est pas Caumartin, Bignon ni d'Aguesseau |
TOUT, TOUTE | D'un repas sortant toute enfumée |
TOUTE-PUISSANCE | Dès le temps nouveau-né, quand la toute-puissance D'un mot forma le ciel, l'air, la terre et les flots |
TRACE | Un homme issu d'un sang fécond en demi-dieux, Suit, comme toi, la trace où marchaient ses aïeux |
TRACER | Ma plume ici, traçant ces mots par alphabet, Pourrait d'un nouveau tome augmenter Richelet |
TRACER | T'ai-je tracé la vieille à morgue dominante ? |
TRACER | C'est ainsi qu'à son fils un usurier habile Trace vers la richesse une route facile |
TRAGIQUE | L'un ou l'autre fit-il une tragique fin ? |
TRAIN | Et pourquoi cette épargne enfin ? l'ignores-tu ? Afin qu'un héritier bien nourri, bien vêtu, Profitant d'un trésor en tes mains inutile, De son train quelque jour embarrasse la ville |
TRAÎNER | Elle a pour premier point.... Exigé qu'un époux ne la contraigne point à traîner après elle un pompeux équipage |
TRAÎNER | Et traînant avec soi les horreurs de la guerre |
TRAIT | En voilà déjà trois peints d'assez heureux traits |
TRAITANT | Sache quelle province enrichit les traitants |
TRAITÉ, ÉE | Et lui-même, traité de fourbe et d'imposteur |
TRAITER | Ces douces Ménades, Qui, dans leurs vains chagrins sans mal toujours malades, Se font, des mois entiers, sur un lit effronté, Traiter d'une visible et parfaite santé |
TRAITER | Un clerc, pour quinze sous, sans craindre le holà, Peut aller au parterre attaquer Attila, Et, si le roi des Huns ne lui charme l'oreille, Traiter de visigoths tous les vers de Corneille |
TRAÎTRE, ESSE | À peine ai-je senti cette liqueur traîtresse, Que de ces vins mêlés j'ai reconnu l'adresse |
TRANQUILLE | Son mari, qu'une affaire appelle dans la ville, Et qui chez lui sortant a laissé tout tranquille |
TRANQUILLE | Lui-même [un poëte] il s'applaudit, et d'un esprit tranquille Prend le pas au Parnasse au-dessus de Virgile |
TRANQUILLEMENT | Passer tranquillement, sans souci, sans affaire, La nuit à bien dormir, et le jour à rien faire |
TRANSFORMER | Si, par un sort pourtant qu'on ne peut concevoir, La belle, tout d'un coup rendue insociable, D'ange, ce sont vos mots, se transformait en diable |
TRANSPORT | Sentiez-vous, dites-moi, ces violents transports Qui d'un esprit divin font mouvoir les ressorts ? |
TRANSPORTÉ, ÉE | Pour moi j'étais si transporté Que, donnant de fureur tout le festin au diable.... |
TRANSPORTER | En transportant cent fois et le nom et le verbe, Dans mes vers recousus mettre en pièces Malherbe |
TRAVAIL | Rare et fameux esprit [Molière], dont la fertile veine Ignore, en écrivant, le travail et la peine |
TRAVAIL | Afin qu'en ta vieillesse un livre en maroquin Aille offrir ton travail à quelque heureux faquin |
TRAVAILLER | Quelque léger dégoût vient-il le travailler.... |
TRAVAILLER | Je sens [quand j'écris une satire] que mon esprit travaille de génie |
TRAVAILLER | On ne peut pas toujours travailler, prier, lire ; Il vaut mieux s'occuper à jouer qu'à médire |
TRAVERS | Et, quand la rime enfin se trouve au bout des vers, Qu'importe que le reste y soit mis de travers ? |
TRÉBUCHER | J'y passe en trébuchant [sur la planche d'un ruisseau] |
TRÉBUCHER | Et qui, voyant un fat s'applaudir d'un ouvrage Où la droite raison trébuche à chaque page, Ne s'écrie aussitôt : l'impertinent auteur ! |
TREMBLER | Et mon esprit, tremblant sur le choix de ses mots, N'en dira jamais un, s'il ne tombe à propos |
TREMBLOTER | Et, sans les prompts secours qu'on prit soin d'apporter, Il serait sur son lit peut-être à trembloter |
TRÉSOR | Rare et fameux esprit.... Pour qui tient Apollon tous ses trésors ouverts |
TRÉSOR | .. Grossit ses magasins des trésors de Cérès |
TRIOMPHANT, ANTE | Voilà nos deux époux sans valets, sans enfants, Tout seuls dans leur logis, libres et triomphants |
TRIOMPHER | Aussitôt [après un trait malin de satire] je triomphe, et ma muse en secret S'estime et s'applaudit du beau coup qu'elle a fait |
TRISTE | Des voleurs qui chez eux pleins d'espérance entrèrent De cette triste vie enfin les délivrèrent |
TRISTE | Vers son triste penchant [l'avarice] son naturel guidé Le fit dans une avare et sordide famille Chercher un monstre affreux sous l'habit d'une fille |
TROIS | On peut trouver encor quelque femme fidèle ; Sans doute, et dans Paris, si je sais bien compter, Il en est jusqu'à trois que je pourrais citer |
TROISIÈME | La bonne foi dans l'amour conjugal N'alla pas jusqu'au temps du troisième métal |
TRONC | Je ne vois rien en vous qu'un lâche, un imposteur.... Et d'un tronc fort illustre une branche pourrie |
TROP | Assez et trop longtemps ma lâche complaisance De vos jeux criminels a nourri l'insolence |
TROUBLE | D'où vient qu'elle a l'oeil trouble et le teint si terni ? |
TROUBLE | Dieu disparut lui-même à leurs troubles regards |
TROUBLER | Irai-je dans une ode, en phrases de Malherbe, Troubler dans ses roseaux le Danube superbe ? |
TROUBLER | Quel sujet inconnu vous trouble et vous altère ? |
TROUPE | Et ne voyez-vous pas que leur troupe en furie [des poëtes critiqués par Boileau] Va prendre encor ces vers pour une raillerie ? |
TROUPE | Comme on voit les frelons, troupe lâche et stérile... |
TROUPEAU | Un sort malencontreux Conduit en cet endroit un grand troupeau de boeufs |
TROUSSE | Que dit-il, quand il voit, avec la mort en trousse, Courir chez un malade un assassin en housse [un médecin] ? |
TROUVÉ, ÉE | C'est là ce qu'on appelle un ouvrage achevé ; Surtout l'anneau royal me semble bien trouvé |
TUER | Ou qu'il voit la justice en grosse compagnie Mener tuer un homme avec cérémonie |
TUER | Il [Chapelain] se tue à rimer : que n'écrit-il en prose ? |
TYRAN | La soif de commander enfanta des tyrans |
UN, UNE | L'un et l'autre, à mon sens, ont le cerveau troublé |
UN, UNE | Aux temps les plus féconds en Phrynés, en Laïs, Plus d'une Pénélope honora son pays |
USURIER, IÈRE | C'est ainsi qu'à son fils un usurier habile Trace vers la richesse une route facile |
UTILE | La satire en leçons, en nouveautés fertile, Sait seule assaisonner le plaisant et l'utile |
VAIN, AINE | Quittez ces vains plaisirs dont l'appât vous abuse |
VALET | Vous dirai - je encor plus ? soit faiblesse ou raison, Je suis las de me voir le soir en ma maison, Seul avec des valets souvent voleurs et traîtres, Et toujours, à coup sûr, ennemis de leurs maîtres |
VALLON | Et, sans aller rêver dans le double vallon, La colère suffit et vaut un Apollon |
VALOIR | C'est par là que je vaux, si je vaux quelque chose |
VANTER | Cependant, à le voir avec tant d'arrogance Vanter le faux éclat de sa haute naissance |
VASTE | Et, traînant avec soi les horreurs de la guerre, De sa vaste folie emplir toute la terre |
VEILLER | Est-ce donc pour veiller qu'on se couche à Paris ? |
VENANT, ANTE | .... cet autre fou, non moins privé de sens, Qui jette, furieux, son bien à tous venants |
VENDRE | Et vendre au plus offrant mon encens et mes vers |
VENGER | Elle seule [la satire].... à l'aide d'un bon mot Va venger la raison des attentats d'un sot |
VENIN | Ainsi parle un esprit.... Qui, sous l'humble dehors d'un respect affecté, Cache le noir venin de sa malignité |
VENT | Importun à tout autre, à soi-même incommode, Il change à tous moments d'esprit comme de mode, Il tourne au moindre vent |
VÉNUS | Et trois cent mille francs avec elle obtenus La firent à ses yeux plus belle que Vénus |
VERBE | Et, transposant cent fois et le nom et le verbe, Dans mes vers recousus mettre en pièces Malherbe |
VERDEUR | Villandri priserait sa séve et sa verdeur [d'un vin] |
VÉRITABLE | Je me fais un plaisir.... De pouvoir, moi vivant, dans peu les désoler [mes héritiers].... Arracher de leurs yeux de véritables larmes |
VERJUS | Sentez-vous le citron dont on a mis le jus Avec des jaunes d'oeufs mêlés dans du verjus ? |
VERT, ERTE | Sans attendre.... que d'un bonnet vert le salutaire affront Flétrisse les lauriers qui lui couvrent le front |
VERT, ERTE | Qu'à Paris le gibier manque tous les hivers, Et qu'à peine au mois d'août on mange des pois verts |
VERTUGADIN | Tes bons mots.... Hors de mode aujourd'hui chez nos plus froids badins, Sont des collets montés et des vertugadins |
VERVE | Maudit soit le premier dont la verve insensée Dans les bornes d'un vers renferma sa pensée ! |
VICE | Elle seule [la satire].... Va jusque sous le dais faire pâlir le vice |
VIDER | Et si, sur un édit des pâtres de Nubie, Les lions de Barca videraient la Libye |
VILLE | Damon, ce grand auteur dont la muse fertile Amusa si longtemps et la cour et la ville |
VILLE | Assez de sots sans moi feront parler la ville, Disait, le mois passé, ce marquis indocile |
VIN | Qu'est devenu ce teint.... Où la joie en son lustre attirait les regards, Et le vin en rubis brillait de toutes parts ? |
VIN | À peine ai-je senti cette liqueur traîtresse, Que de ces vins mêlés j'ai reconnu l'adresse |
VIN | Le vin au plus muet fournissant des paroles, Chacun a débité ses maximes frivoles |
VINAIGRE | Dont l'huile de fort loin saisissait l'odorat, Et nageait dans des flots de vinaigre rosat |
VIOLON | Un violon faux qui jure sous l'archet |
VISIGOTH | Un clerc, pour quinze sous, sans craindre le holà, Peut aller au parterre attaquer Attila ; Et, si le roi des Huns ne lui charme l'oreille, Traiter de visigoths tous les vers de Corneille |
VIVRE | Parmi des tas de blé vivre de seigle et d'orge |
VOLE | Puis sur une autre table, avec un air plus sombre, S'en aller méditer une vole au jeu d'hombre |
VOLET | Une chambre haute Où, malgré les volets, le soleil irrité Formait un poêle ardent au milieu de l'été |
VOLEUR, EUSE | Car, sitôt que du soir les ombres pacifiques D'un double cadenas font former les boutiques.... Les voleurs à l'instant s'emparent de la ville [Paris] |
VOLTIGER | Mais l'homme, sans arrêt dans sa course insensée, Voltige incessamment de pensée en pensée |
VOULOIR | Qu'il soit doux, complaisant, officieux, sincère ; On le veut : j'y souscris, et suis prêt à me taire |
VOULOIR | Chacun veut en sagesse ériger sa folie |
VOULOIR | Et Mignot aujourd'hui s'est voulu surpasser |
VUE | Sa vue embarrassait : il fallut s'en défaire ; Il fut de la maison chassé comme un corsaire |
VUE | Rien ne le rebuta, ni sa vue éraillée [d'une laide femme], Ni sa masse de chair bizarrement taillée |
VULCAIN | Un affreux serrurier, laborieux Vulcain, Qu'éveillera bientôt l'ardente soif du gain |
ZÉLÉ, ÉE | Cent mille faux zélés, le fer en main courants |