Définition de VILLE

DÉFINITIONS - PROVERBES - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : vi-l'

DÉFINITIONS

1
Assemblage d'un grand nombre de maisons disposées par rues, souvent entourées de murs d'enceinte, de remparts, de fossés.
Elle [la paix] met les pompes aux villes. Donne aux champs les moissons fertiles
de François de MALHERBE dans III, 2
C'est une ville de guerre fort pauvre, les maisons mal entendues et malpropres
de Paul PELLISSON dans Lett. hist. t. I, p. 380
Au milieu de la première guerre punique, Théodote, gouverneur de la Bactrienne, enleva mille villes à Antiochus appelé le dieu, fils d'Antiochus Soter, roi de Syrie
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 8
Une grande ville fort peuplée d'artisans occupés à amollir les moeurs par les délices de la vie, quand elle est entourée d'un royaume pauvre et mal cultivé, ressemble à un monstre dont la tête est d'une grosseur énorme, et dont tout le corps exténué et privé de nourriture n'a aucune proportion avec cette tête
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XXII
Il y a une chose qu'on n'a point vue sous le ciel, et que, selon toutes les apparences, on ne verra jamais, c'est une petite ville qui n'est divisée en aucuns partis, où les familles sont unies, et où les cousins se voient avec confiance
de Jean de LA BRUYÈRE dans V
Les voyageurs cherchent toujours les grandes villes, qui sont une espèce de patrie commune à tous les étrangers
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Lett. pers. 23
On peut avoir vu toutes les villes du monde, et être surpris en arrivant à Venise
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans ib. 31
Paris est peut-être la ville du monde la plus sensuelle, et où l'on raffine le plus sur les plaisirs ; mais c'est peut-être celle où l'on mène une vie plus dure
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans ib. 106
Entrez dans une petite ville de province, rarement vous y trouverez un ou deux libraires ; il en est qui en sont entièrement privées
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Goût.
Je vais rasant de ville en ville
de Pierre Augustin Caron de BEAUMARCHAIS dans Mar. de Figaro, v, 3
Ébloui, mais lassé de l'éclat de nos villes, Souvent il s'écriait : rendez-moi mes forêts
de Jacques DELILLE dans Jard. II
Les grandes villes seules conviennent aux personnes qui sortent de la règle commune
de Anne Staël-Holstein, dite Mme DE STAËL dans Corinne, XIV, 2
Le silence est profond dans cette ville [Venise] dont les rues sont des canaux ; et le bruit des rames est l'unique interruption à ce silence
de Anne Staël-Holstein, dite Mme DE STAËL dans ib. XIX, 7
Par la ville, en parcourant les rues de la ville.
Suivez-moi, que j'aille un peu montrer mon habit par la ville
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Bourg. gent. III, 1
Prêtez-moi tout deux votre style, Et je ferai des vers galants Que l'on chantera par la ville
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. en vers et en prose, 17
La ville est bonne, on y trouve aisément ce dont on a besoin.
Anciennement. Bonne ville, qualification honorable donnée par les rois de France à certaines villes plus ou moins considérables.
Être en ville, n'être pas actuellement chez soi.
Mais de vous rencontrer il n'est pas bien facile : Car vous dormez toujours, ou vous êtes en ville
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Fâch. III, 2
D'être en ville si tard ils n'ont pas l'habitude
de A. DUVAL dans Tyran domest. IV, 11
Dîner, souper en ville, dîner, souper dans une maison où l'on est invité.
Qu'on ne m'attende point, je vais dîner en ville
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. VIII
Estimé de ses amis, voyant bonne compagnie, soupant en ville ou chez lui avec qui il lui plaisait
de Mme DE PUISIEUX dans Ridic. à la mode, p. 201, dans POUGENS
Habit de ville, toilette de ville, habit, toilette que l'on prend pour faire ses visites dans la ville.
Le roi leur dit [à Racine et à Boileau] : Je suis fâché que vous ne soyez venus à cette dernière campagne, vous auriez vu la guerre... Racine lui répondit : Sire, nous sommes deux bourgeois qui n'avons que des habits de ville ; nous en commandâmes de campagne : mais les places que vous attaquiez furent plus tôt prises que nos habits ne furent faits ; cela fut reçu agréablement
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Bussy, 3 nov. 1677
Trois Muses, en habit de ville, Y président à ses côtés
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Poés. div. IV
On s'étonna de le voir paraître en habit de ville
de Antoine HAMILTON dans Gram. 7
En typographie, ouvrage de ville, impressions destinées aux usages bourgeois, telles que billets de faire part, étiquettes, etc.
Sémantique : Fig. Avoir ville gagnée, se dit de toute difficulté surmontée.
L'arrogant croit déjà tenir ville gagnée
de Pierre CORNEILLE dans Illusion, II, 9
La grande ville, Paris.
Si le roi m'avait donné Paris, sa grand'ville
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis., I, 2
Sémantique : Poétiquement. La ville éternelle, la ville de Rome.
Villes saintes, Jérusalem, Médine et la Mecque.
Sémantique : Terme de numismatique. Médailles des villes, celles qui ont été frappées dans les villes autonomes de l'antiquité, et qui en portent le nom ou les emblèmes.
Sémantique : Terme d'ancienne coutume. Ville d'arrêt, ville où un créancier pouvait procéder par saisie et voie d'arrêt sur les biens de ses débiteurs forains qui y étaient trouvés.
Sémantique : Terme d'ancienne coutume. Perdre la ville, être banni ; rendre la ville, rappeler de l'exil.
2
Nature : Absolument. La ville, dite par opposition à la campagne.
Belleau ne parle pas comme on parle à la ville
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. IX
Une demoiselle habillée moitié ville, moitié campagne
de Paul SCARRON dans Rom. com. I, 1
Perrette, sur sa tête ayant un pot au lait Bien posé sur un coussinet, Prétendait arriver sans encombre à la ville
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 10
Je fuis les chagrins de la ville
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épître VI
J'ai fui la ville aux muses si contraire
de André CHÉNIER dans Élég. XI
Être à la ville, n'être point à la campagne.
Il se dit aussi par opposition à la cour.
Damon, ce grand auteur dont la muse fertile Amusa si longtemps et la cour et la ville
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. I
La cour, ou ne connaît pas la ville, ou, par le mépris qu'elle a pour elle, néglige d'en relever le ridicule, et n'est point frappée des images qu'il peut fournir
de Jean de LA BRUYÈRE dans Disc. sur Théophr.
Il se dit de la capitale par opposition à la province.
Notre siècle est fertile en sots admirateurs ; Et, sans ceux que fournit la ville et la province, Il en est chez le duc, il en est chez le prince
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. I
La ville dégoûte de la province
de Jean de LA BRUYÈRE dans VIII
3
Les habitants d'une ville.
Assez de sots sans moi feront parler la ville, Disait, le mois passé, ce marquis indocile
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VIII
....verras-tu d'un esprit bien tranquille Chez ta femme aborder et la cour et la ville ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans ib. x.
La ville est partagée en diverses sociétés, qui sont comme autant de républiques
de Jean de LA BRUYÈRE dans VII
Bruit de ville, nouvelle incertaine ou fausse.
4
Le corps de ville, ou, simplement, la ville, les officiers municipaux.
Messieurs de ville eurent en vérité bonne part de l'honneur en cette illustre fête
de Jean de LA FONTAINE dans Lettres, I, à Fouquet.
La ville, mais sans le gouverneur, alla saluer Mme de Lorraine au Palais-Royal
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 62, 40
L'hôtel de ville, la maison de ville, l'hôtel, la maison où se réunit le conseil municipal.
Nature : Elliptiquement. La ville, l'administration municipale, l'hôtel de ville.
On dit de même : Emprunt de la ville de Paris, etc.
Il avait une partie de son bien sur la ville, il avait une partie de son bien en rente sur l'hôtel de ville de Paris.
Sergent de ville, voy. SERGENT.

PROVERBES

1
Exemple : Les maisons empêchent de voir la ville, voy. MAISON.
2
Exemple : Ville qui parlemente est à moitié rendue, voy. PARLEMENTER.

REMARQUE

1
1. Il faut distinguer en ville et à la ville. Être en ville, c'est n'être pas actuellement chez soi ; être à la ville, c'est n'être pas à la campagne.
2
2.
M. un tel est en ville, il est allé en ville, il est en cour, il est allé en cour, il est bien en cour ; il faut dire M. un tel est à la ville, il est à la cour, il est bien à la cour
de CAILLIÈRES. dans Bon et mauv. us. convers. I
Il lui dit [à la comtesse de Soissons impliquée dans l'affaire des poisons] qu'il fallait sortir de France, ou aller à la Bastille, elle ne balança point.... l'heure de souper vint ; on dit que Mme la comtesse soupait à la ville
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 26 janv. 1680

HISTORIQUE

1
XIe s.
Quatre hommes ou de burt [bourg] ou de vile
dans Lois de Guill. 43
2
XIIe s.
Venu sont à Hauteme, s'ont la vile brisie
dans Sax. VII
3
XIIIe s.
Ensi se hebergierent devant la tour, en la Juierie, qu'on appeloit Lestanor, où il [y] avoit moult bone vile et riche
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans LXXII
Lavile [villa] seoit en un bos, Moult i ot gelines et cos, Anes [canes], malarz et jars et oes
dans Ren. 1271
Les bones viles de commune, et celes meismes là ù il n'a point de commune.... doivent estre gardées en tel maniere, que....
de Philippe de BEAUMANOIR dans L, 1
L'autre maniere de compaignie qui se fet par reson de communalité, si est des habitants es viles où il n'a pas communes, k'on apele viles bateices
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXI, 27
4
XIVe s.
Quicunques est present, aidans ou confortans à occire homme ou femme dedens la ville et banlieue [de Tournay], et li occiz murt sans parler ne accuser le malfaiteur, tous les presens sont encoulpé du fait et perdent la ville [sont bannis] à tousjours mais
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans villa.
5
XVe s.
Il ardirent une bonne ville, c'on dist Creci-sur-Selle, qui point n'estoit fremée
de Jean FROISSART dans I, 81, éd. LUCE.
Il rendit à plusieurs bannis la ville
de MATHIEU DE COUCY dans Hist. de Charles VII, p. 682, dans LACURNE
Les autres bonnes villes, et citez fermées, et villes champestres [villages] et chasteaux
de Enguerrand de MONSTRELET dans ch. 158, p. 238, dans LACURNE
Ils poserent une enseigne du roy sur la muraille, et firent sonner par les trompettes le cry de ville gagnée
de SALIGNY dans Hist. de Charles VIII, p. 32, dans LACURNE
6
XVIe s.
Selon la ville les bourgeois
de Randle COTGRAVE dans
A l'entrée de la ville est le commencement des maisons
de Randle COTGRAVE dans

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, veie ; bourg. velle ; provenc. vila, maison de campagne, et aussi ville ; espagn. et ital. villa ; du lat. villa, maison de campagne, qui est le diminutif de vicus, archaïque veicus, village ; sanscr. veça, maison. Beaucoup de maisons de campagne latines étant devenues l'origine de villages, de bourgs, de cités, villa a dans le français pris le sens de ville.

Synonymes de VILLE

Termes proches de VILLE

Phonétiquement proche de VILLE