Définition de VENGER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : van-gé. Le g prend un e devant a et o : vengeant, vengeons

DÉFINITIONS

1
Tirer vengeance, en parlant soit des choses dont on a satisfaction, soit des personnes offensées.
C'est un fils qui venge son père, mais c'est sur sa mère qu'il le venge
de Pierre CORNEILLE dans 2e disc. trag.
Quand la perte est vengée, on n'a plus rien perdu
J'ai reçu une très aimable lettre du coadjuteur : il se plaint extrêmement de vos railleries ; il me prie de le venger
Charles II est reconnu, et l'injure des rois a été vengée
Dieu.... résolut de venger sur eux le sang de Naboth
Elle seule [la satire].... à l'aide d'un bon mot Va venger la raison des attentats d'un sot
J'ai vengé l'univers autant que je l'ai pu
Tous ces efforts jaloux Qu'excite une infidèle La vengent mieux de nous Qu'ils ne nous vengent d'elle
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Cant. 12
La philosophie fait aimer la vertu en faisant détester le fanatisme ; et, si j'ose le dire, elle venge Dieu des insultes que lui fait la superstition
La statue qu'on lui a dressée [à Erasme] dans la place de Rotterdam sa patrie, l'a vengé de Luther et de l'inquisition
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mél. litt. Lett. au pr. de***, 6
Tamerlan vengea l'Inde de ce brigand couronné [Mahmoud] ; mais qui la vengea de Tamerlan ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Pol. et lég. Fragm. Inde, 32
2
Faire réparation à quelque chose qui a été offensé, violé.
Pour venger son honneur il perdit son amour
J'ai vengé le droit des rois et de toutes les puissances souveraines ; car elles sont toutes également attaquées
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 5e avert. 49
Seul, d'un honteux affront votre frère blessé A-t-il droit de venger son amour offensé ?
3
Infliger une punition.
Notre Dieu est un, infini, parfait, seul digne de venger les crimes et de couronner la vertu
Ils [les dieux] ont fait servir Achille à abattre les murs de Troie pour venger le parjure de Laomédon et les injustes amours de Pâris
4
Être, en parlant de choses, une cause de punition, de vengeance.
Les vices des Romains ont vengé l'univers
5
Sémantique : Fig. Faire compensation, réparation.
Venge cette querelle, et justement sépare Du cygne d'Apollon la corneille barbare
Le culte peut encore être méprisé en secret par l'impie, mais il est vengé du moins par la majesté de la décence publique
À moins que ce ne soit offenser l'État, que de s'intéresser, quand on est riche, à la personne la plus digne qu'on la secoure et qu'on la venge de ses malheurs
L'éléphant, pour venger sa grossière structure, De la raison sublime obtint quelques rayons
6
Se venger, Nature : v. réfl. Tirer vengeance.
Qui se venge à demi court lui-même à sa peine ; Il faut ou condamner ou couronner sa haine
Le Seigneur se venge de ses ennemis, et il se met en colère contre ceux qui le haïssent
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Nahum, I, 2
Le vainqueur [le roi de Suède] se venge sur le Danois, dont la soudaine invasion l'avait rappelé
C'est par faiblesse qu'on hait un ennemi, et que l'on songe à s'en venger, et c'est par paresse que l'on s'apaise et qu'on ne se venge point
de Jean de LA BRUYÈRE dans IV
Pour savoir se venger il faut savoir souffrir
De grâce, ne me citez point M. de Fontenelle ; il n'a jamais été attaqué comme moi, et il s'est assez bien vengé de Rousseau [Jean-Baptiste], en sollicitant plus que personne contre lui
de Jean de LA BRUYÈRE dans Lett. d'Argental, 6 févr. 1739
Une femme résista-t-elle jamais à la douceur de se venger ?
de RICCOBONI dans Oeuv. t. VI, p. 78, dans POUGENS
Se venger à, avec un infinitif, se venger en faisant ce dont il s'agit.
Je me vengeais à en médire [de la cour], comme Montaigne de la jeunesse
J'ai un crayon, et je me venge à marquer [en lisant l'Arianisme du P. Maimbourg] des traits de jésuite qui sont trop plaisants

HISTORIQUE

1
XIe s.
Si vengez cels que li fels [le cruel] fist ocire
dans Ch. de Rol. XI
Car chevalchez, vengez ceste dolur
dans ib. CLXXIV
S'or n'i ferez [si vous n'y frappez à présent] pur venger vostre hunte
dans ib. CCLVIII
Venget [je] m'en sui [de Roland], mais n'i ad traïsun
dans ib. CCLXXIV
2
XIIe s.
Je ne m'en sai vengier, fors au plorer
dans Couci, VI
Du vangier vous semont vostre empereres d'Ais
dans Sax. X
Trestut mun lignage ad et mun regne avillié ; Li duels [deuil] m'en vait al cuer : nuls ne m'en a vengié
dans Th. le mart. 134
3
XIIIe s.
E si li vingt sol n'esteient rendu à la requeste de mei ou de mes hers [hoirs], leiret [il serait permis] moi ou mes hers venger sur les chouses de la ville de Fontseche, tant que mi ou mi her aguissem [eussions] lo dit cens
dans Bibl. des ch. 3e série, t. v, p. 86
Ses felons cuers l'art et detrenche, Qui de li Dieu et la gent venche
dans la Rose, 266
Lors se sot bien Amors vengier Du grant orguel et du dangier, Que Narcissus li ot mené
dans ib. 1497
N'a pas soi bien vengié qui maladie en prent ; Ainz fait d'un domaige deux, Ce dit li vilains
dans Prov. du comte de Bret. ms. de St. Germ. f° 114, dans LACURNE
4
XIVe s.
Car qui se vuet de tous vengier, Son pain ne puet en pais mangier
de MACHAUT dans p. 118
5
XVe s.
Je m'en voys icy à ung hermite, pour moy venger [guérir] d'une enfermeté que j'ay
dans Perceforest, t. II, f° 42
Par ma foy, dist Passalien, tel cuyde bien venger son blasme, qui l'accroist
dans ib. t. IV, f° 107
6
XVIe s.
Ils arresterent que sans aucun delay il falloit venger ceste mort
de Jacques AMYOT dans Phil. 36
Se venger sur soy mesme du mal que....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 21
Les dieux vengerent [punirent] cette perfide subtilité
de Michel de MONTAIGNE dans I, 27

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, veingî ; provenç. venjar, vengar ; espagn. vengar ; portug. vingar ; ital. vengiare ; du lat. vindicare (voy. VENDIQUER).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
VENGER. - ÉTYM. Ajoutez : L'orthographe vendicare se trouve dans un texte de l'an 670 (PARDESSUS, CCCLXI, 61).

Synonymes de VENGER

Termes proches de VENGER

Phonétiquement proche de VENGER