Définition de TRIOMPHER
Prononciation : tri-on-fé
DÉFINITIONS
1
Sémantique : Terme d'antiquité romaine. Faire une entrée pompeuse et solennelle dans Rome après une éclatante victoire.Le dictateur se démit de sa dignité, après avoir triomphé pour la victoire qu'il avait remportée sur les Volsques
Scipion triompha de l'Afrique, il obtint les honneurs du triomphe pour avoir soumis l'Afrique.
Il s'est dit, par extension, de tout triomphe comparé à la pompe triomphale chez les Romains.
On ne pouvait lui reprocher [à Sésostris] en toute sa vie que d'avoir triomphé avec trop de faste des rois qu'il avait vaincus
2
Vaincre par les armes, par la force.À vaincre sans péril on triomphe sans gloire
de Pierre CORNEILLE dans Cid, II, 2
Elle assiège et prend d'assaut, en passant, une place considérable qui s'opposait à sa marche, elle triomphe, elle pardonne
Rome en effet triomphe, et Mithridate est mort
de Jean RACINE dans Mithr. I, 1
Achille va combattre et triomphe en courant
de Jean RACINE dans Iphig. I, 1
Le hasard seul vous a empêché de triompher du lion ; votre valeur n'en est pas moins admirable
3
L'emporter sur, avoir l'avantage.Monsieur revint chez lui, triomphant dans son imagination
Trahi de toutes parts, accablé d'injustices, Je vais sortir d'un gouffre où triomphent les vices
Dans ce même tribunal où il fit si bien triompher autrefois la justice de ma cause
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 530
De quel avantage est-il pour nous que cette loi ait triomphé de toutes les puissances du siècle et de l'enfer, si elle ne triomphe pas de nos faiblesses ?
de Louis BOURDALOUE dans 6e dimanche après l'Épiphanie, Dominic. t. I, p. 330
Esther a triomphé des filles des Persans
de Jean RACINE dans Esth. III, 9
Il serait bien étrange que la vérité ne triomphât pas, quand c'est vous qui l'annoncez
Ne rougissez point, Aline ; je dois dévoiler tout ce qui peut faire triompher votre innocence
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Théât. d'éduc. Lingère, II, 6
4
Sémantique : Fig. Surmonter, maîtriser.Je triomphe aujourd'hui du plus juste courroux De qui le souvenir puisse aller jusqu'à vous [postérité]
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, V, 3
Faites à votre amour un peu de violence ; J'ai triomphé du mien
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. IV, 3
Combien de fois, soupirant après ces lumières vives et efficaces qui seules triomphent des erreurs de l'esprit humain, dit-il [M. de Turenne] à Jésus-Christ : Seigneur, faites que je voie
de Esprit FLÉCHIER dans Turenne.
Une de tes passions a dévoré les autres, et tu crois avoir triomphé de toi !
En cachant ses sentiments, elle croyait en triompher
de RICCOBONI dans Oeuv. t. II, p. 22, dans POUGENS
La raison ne consiste pas à triompher de soi selon les règles, mais comme on le peut
Il se dit du triomphe de la grâce.
Voulez-vous savoir combien la grâce qui a fait triompher Madame a été puissante....
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
5
Dans le langage de la galanterie, triompher d'une femme, vaincre sa résistance.L'amour n'a-t-il encor triomphé que de vous ?
de Jean RACINE dans Phèdre, IV, 6
Nous éprouverons bientôt si son aimable chevalier saurait triompher de moi aussi facilement qu'il a triomphé d'elle
de LEGRAND dans Temps présent, 2e part. sc. 2
6
Triompher du temps, avoir une durée très longue.Elle [l'Égypte] imagina ses pyramides, qui, par leur figure autant que par leur grandeur, triomphent du temps et des barbares
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 3
7
Avoir du succès.Mon fils triomphe aux états [de Bretagne]
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 379
Elle [Hélène] triompha lorsque Thésée l'eut ravie ; elle triompha lorsqu'elle eut été enlevée par le fils de Priam ; elle triompha enfin lorsque les dieux l'eurent rendue à Ménélas
8
Se prévaloir.Et, d'autre part aussi, sa charmante moitié Triomphait d'être inconsolable
de Jean de LA FONTAINE dans Joconde.
Les jésuites triompheront ; ce sera leur grâce suffisante en effet, et non pas la vôtre [des dominicains], qui ne l'est que de nom, qui passera pour établie
de Blaise PASCAL dans Prov. II
Aubertin triomphe d'un passage de Seyssel
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Var. 11
Elle [Agrippine] se hâte trop, Burrhus, de triompher
de Jean RACINE dans Brit. IV, 3
Les évêques espagnols, aidés de quelques prélats arrivés de France, soutiennent leurs prétentions ; c'est à cette occasion qu'ils se plaignent que le Saint-Esprit arrive toujours de Rome dans la malle du courrier, bon mot célèbre dont les protestants ont triomphé
Tirer vanité.
Bien loin de s'en confondre, on s'en glorifie, on s'en applaudit, on s'en élève, on en triomphe
de Louis BOURDALOUE dans Myst. Pass de Jésus-Chr. t. I, p. 156
Aussitôt [après un trait malin de satire] je triomphe, et ma muse en secret S'estime et s'applaudit du beau coup qu'elle a fait
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VII
9
Être ravi de joie, à propos de quelque avantage.Après vous avoir vu triompher des victoires de nos ennemis, je suis bien aise de vous mander que nous avons pris Corbie
de Vincent VOITURE dans Lett. 74
Et voilà que le P. Bourgoing étant arrivé en la bienheureuse terre des vivants, il chante et il triomphe avec les saints anges
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Bourgoing
La Discorde triomphe, et du combat fatal Par un cri donne en l'air l'effroyable signal
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. v.
Parmi les déplaisirs où son âme se noie, Il s'élève en la mienne une secrète joie ; Je triomphe
de Jean RACINE dans Andr. I, 1
Les ennemis du sénat et des conjurés triomphaient de la réunion d'Antoine et d'Octave
10
Exceller en traitant quelque sujet. Quand il est sur cette matière, il triomphe.Mais, poursuivit-il, notre père Antoine Sirmond, qui triomphe sur cette matière....
de Blaise PASCAL dans Prov. X
Exceller en quelque chose préférablement à d'autres. C'est quand il peint des fleurs que ce peintre triomphe
Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.
HISTORIQUE
1
XIIIe s.Ta lumiere se fit veable à ceulx qui vie langoreuse Muerent en vie joieuse, Quant tu triumphas de deable
2
XVIe s.Et ne doy point differer jusques à voir le jour, ou que mon filz prisonnier soit mené en triumphe par ses citoyens, ou que luy mesme triumphe de son païs
de Jacques AMYOT dans Cor. 55
ÉTYMOLOGIE
1
Lat. triumphare, de triumphus, triomphe ; prov. triomfar ; esp. triunfar ; ital. trionfare.