Définition de RUDESSE
Prononciation : ru-dè-s'
DÉFINITIONS
1
Qualité de ce qui est brut, de ce qui n'est pas dégrossi, poli.Et que serait-ce, bon Dieu ! si j'allais rechercher toutes les impertinences de cet ouvrage, les mauvaises façons de parler, les rudesses, les incongruités, les choses froides et platement dites qui s'y rencontrent partout !
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Dissert. sur Joconde.
Mais du discours enfin l'harmonieuse adresse De ces sauvages moeurs adoucit la rudesse
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. IV
J'aimerais mieux maintenir par les lois la rudesse du peuple vainqueur, qu'entretenir par elles la mollesse du peuple vaincu
Leurs poëtes [des peuples libres] auraient plus souvent cette rudesse originale de l'invention qu'une certaine délicatesse que donne le goût
de ID. dans ib. XIX, 27
Lacépède, dont la douceur bénigne et la politesse.... n'avaient eu d'autre tort que de se tourner en adulation un peu fade devant la rudesse du premier empire
de VILLEMAIN dans Souvenirs contemporains, les Cent-Jours, XII
2
Qualité de ce qui est rude, âpre au toucher. La rudesse de la peau. La rudesse d'une toile neuve.3
Sémantique : Par extension. Il se dit de ce qui est désagréable à voir, à entendre, à lire, etc. La rudesse de la voix, des traits, du style. La rudesse de son pinceau.4
Rigueur, en parlant des saisons.La rudesse de la saison.... me fait trop de peur pour me laisser sortir de la chambre
Il se dit aussi de ce qui afflige.
Et des afflictions regarde les rudesses Comme des traitements dus à ta lâcheté
de Pierre CORNEILLE dans Imit. I, 21
5
Sémantique : Fig. Ce qui, dans le caractère, dans l'humeur, dans les manières d'agir, est comparé à l'action des corps rudes.Il ne faut pas.... vous figurer que ce présent [du cardinal de Retz à Mme de Grignan] soit autre chose.... qu'une pure bagatelle, dont le refus serait une très grande rudesse
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 24 juillet 1675
La sincérité passe pour incivilité et pour rudesse
de Esprit FLÉCHIER dans Duc de Mont.
Qu'il était éloigné de ceux qui, joignant à la sévérité de leur profession la rudesse de leur humeur....
de Esprit FLÉCHIER dans le Tellier
De Joad l'inflexible rudesse De leur superbe oreille [des princes] offensait la mollesse
de Jean RACINE dans Ath. III, 3
Nourri dans les forêts, il en a la rudesse
de Jean RACINE dans Phèd. III, 1
....Que puissent nos chants Du coeur d'Assuérus adoucir la rudesse !
de Jean RACINE dans Esth. III, 3
Il [Viviani] n'avait point cette rudesse et une certaine fierté sauvage que donne assez souvent le commerce des livres sans celui des hommes
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Viviani.
Sémantique : Poétiquement. Insensibilité.
J'ai poussé la vertu jusques à la rudesse
de Jean RACINE dans Phèd. IV, 2
6
Action, parole dure, choquante.Reprends, reprends, Jason, tes premières rudesses ; Leur coup m'est bien plus doux que tes fausses tendresses
La privation des rudesses me tiendrait lieu d'amitié en un besoin
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 6 nov. 1680
Je lui dis [à Mlle du Plessis] des rudesses abominables
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 29 sept. 1675
Je ne puis lui pardonner [à la fortune] les rudesses qu'elle a pour nous tous
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 8 avr. 1676
Ne vous ai-je point parlé d'une rudesse qu'avait faite l'ami de Quanto [le roi] au fils de M. de la Rochefoucauld [Marsillac] ?
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 23 oct. 1675
Le ris sur son visage est en mauvaise humeur.... Ses mots les plus flatteurs paraissent des rudesses
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. X
HISTORIQUE
1
XIIIe s.Puisque chascuns maintenant par rudece Veut estre amés ains que raisons l'adresse....
de MÄTZNER dans p. 50
2
XIVe s.La rudece de l'ancien langage seurmonter
de Pierre BERCHEURE dans f° 7
La rudesce de leur entendement
de Nicolas ORESME dans Thèse de MEUNIER.
3
XVe s.Et fist plusieurs rudesses audit hostel à dame Ambroise de Loré
de J. DE TROYES dans Chron. 1460
4
XVIe s.Philopoemen faisoit comme le bon pilote, qui resiste le plus qu'il peult à la rudesce du temps et à la force des undes
de Jacques AMYOT dans Philop. 30
Et ne doit-on repputer, après l'injure et la rudesse du temps, le deslogement de l'empereur [CharlesQuint] qu'à vous et à vos armes
de Vincent CARLOIX dans V, 24
Et si l'erreur de ma jeunesse Merite la grande rudesse Des traits contre moy decochez
N'ayant jamais receu de moy que rudesse, ny senty qu'une façon tyrannique [Montluc parlant de son fils mort]
de Michel de MONTAIGNE dans II, 82
Antiochus, estonné de la rudesse d'un si pressant commandement [Popilius et son cercle]
de Michel de MONTAIGNE dans III, 103
ÉTYMOLOGIE
1
Rude ; prov. et esp. rudeza ; catal. rudesa. On a dit aussi ruderie.Synonymes de RUDESSE
- ACCÉLÉRATION
- ÂPRETÉ
- ASPÉRITÉ
- AUSTÉRITÉ
- BRUSQUERIE
- DURETÉ
- HÂTE
- INCLÉMENCE
- IRRÉGULARITÉ
- PRÉCIPITATION
- RIGIDITÉ
- RIGUEUR
- RUGOSITÉ
- SAILLIE
- SÉVÉRITE
- SOUDAINETÉ