Définition de TOMBEAU

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : ton-bô

DÉFINITIONS

1
Monument élevé à la mémoire d'un mort au lieu même où il est enterré.
Que ce tombeau nous convainque de notre néant, pourvu que cet autel nous apprenne en même temps notre dignité
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Que le monde voit peu de ces veuves qui s'ensevelissent, pour ainsi dire, elles-mêmes dans le tombeau de leurs époux !
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
Ne perdez point le temps que vous laisse leur fuite [des Romains] à rendre à mon tombeau des soins dont je vous quitte
de Jean RACINE dans Mithr. v, 5
Les morts, après huit ans, sortent-ils du tombeau ?
de Jean RACINE dans Ath. I, 1
Si tu [Darius] veux nous [Scythes] forcer au combat, viens attaquer les tombeaux de nos pères, et tu sentiras qui nous sommes
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. III, p. 96, dans POUGENS
La dépense du superbe tombeau que ce prince [Alexandre] fit bâtir à l'honneur d'Éphestion, jointe à celle de toute la pompe funèbre, monta à plus de douze mille talents, c'est-à-dire à plus de trente-six millions
de Charles ROLLIN dans ib. t. VI, p. 580
En 1646, on découvrit, dans l'abbaye de Saint-Germain des Prés, le tombeau de Childéric II ; et l'on y trouva un baudrier, des épées....
de SAINT-FOIX dans Ess. Paris, Oeuv. t. IV, p. 141, dans POUGENS
Comme les lois de Sicyone défendent avec sévérité d'enterrer qui que ce soit dans la ville, nous vîmes, à droite et à gauche du chemin, des tombeaux dont la forme ne dépare pas la beauté de ces lieux
de Auguste Marseille BARTHÉLEMY, dit L'ABBÉ BARTHÉLEMY dans Anach. ch. 37
Qu'importe alors que ces édifices aient été des amphithéâtres ou des sépulcres ? tout est tombeau chez un peuple qui n'est plus
de François René CHATEAUBRIAND dans Itin. 6e part.
Non, la lyre aux tombeaux n'a jamais insulté
de Alphonse de LAMARTINE dans Nouv. Médit. Bonaparte.
Il faut cacher sa vie, et même son tombeau
de P. LEBRUN dans Poés. t. II, 8
Les tombeaux sont sacrés, il faut respecter les lieux où les morts sont enterrés.
Tombeau de famille, tombeau dans lequel les membres d'une famille se font enterrer.
Cette famille a son tombeau à tel endroit, on enterre ordinairement à tel endroit les membres de cette famille.
Vain tombeau, s'est dit quelquefois pour cénotaphe.
2
Sémantique : Par extension, lieu où l'on périt.
Et Rome, unique objet d'un désespoir si beau, Du fils de Mithridate est le digne tombeau
de Jean RACINE dans Mithr. III, 1
Le Milanais, source intarissable de guerre et le tombeau des Français
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 125
Sans parler de la croisade du nord et de celle contre les Albigeois, on trouvera que l'Orient fut le tombeau de plus de deux millions d'Européens
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans ib. 58
Si ma détention à la Bastille avait duré huit jours encore, elle aurait été mon tombeau
de Jean-François MARMONTEL dans Mém. VI
Faire un tombeau d'un pays, en exterminer les habitants.
C'est ce fier Gengis-kan, dont les affreux exploits Font un vaste tombeau de la superbe Asie
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Orphel. I, 1
3
Sémantique : Fig. La mort.
Et que mon souvenir jusque dans le tombeau Attache à son esprit un éternel bourreau
de Pierre CORNEILLE dans Médée, I, 4
Il y a peu d'actions plus belles, et j'en conserverai avec tendresse la mémoire jusqu'au tombeau
de Jean-François Paul de Gondi, cardinal de RETZ dans Mém. t. III, liv. IV, p. 28, dans POUGENS
Nous allons sans cesse au tombeau, ainsi que des eaux qui se perdent sans retour
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Ceux qui sont morts sont morts ; Le tombeau contre vous ne peut-il les défendre ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
On dit poétiquement dans un sens analogue : l'horreur du tombeau, la nuit du tombeau.
Prince aimable, dis-nous.... Ou si dans la nuit du tombeau La voix du Dieu vivant a ranimé ta cendre ?
de Jean RACINE dans Athal. IV, 6
Bientôt de Jézabel la fille meurtrière, Instruite que Joas voit encor la lumière, Dans l'horreur du tombeau viendra le replonger
de Jean RACINE dans ib. IV, 3
Descendre, entrer au tombeau, mourir.
Ce sang pour vous servir prodigué tant de fois, Ce bras jadis l'effroi d'une armée ennemie, Descendaient au tombeau tout chargés d'infamie
de Pierre CORNEILLE dans Cid, II, 9
Mais qu'un sceptre est pesant, quand on entre au tombeau !
de Jean-François DUCIS dans Hamlet, II, 5
Tirer quelqu'un du tombeau, lui sauver la vie.
Le médecin me veilla, ne me quitta pas, il me retira des portes du tombeau
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Voeux témér. t. II, p. 196, dans POUGENS
Mettre, conduire, mener au tombeau, causer la mort.
Pleurez, pleurez, mes yeux, et fondez-vous en eau, La moitié de ma vie a mis l'autre au tombeau
de Pierre CORNEILLE dans Cid, III, 3
Les beautés que son absence allait mettre au tombeau
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 11
Suivre quelqu'un au tombeau, mourir peu de temps après lui. Sa femme n'a pas tardé à le suivre au tombeau.
4
Sémantique : Fig. Lieu sombre, prison comparée à un tombeau.
Suis-je de mon tombeau remontée à la vie ?
de P. LEBRUN dans Marie St. III, 1
5
Sémantique : Fig. En parlant des choses, fin, destruction.
Cette douleur pressante Que la mort d'un amant jette au coeur d'une amante, Quand, près d'être éclairés du nuptial flambeau, Elle voit avec lui son espoir au tombeau
de Pierre CORNEILLE dans Hor. v, 2
Trouvez, si vous le pouvez, la même sûreté dans les vertus humaines ; nées le plus souvent dans l'orgueil et dans l'amour de la gloire, elles y trouvent, un moment après, leur tombeau
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Petit carême, Fausse gloire hum.
L'opinion est le tombeau de la vertu chez les hommes
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. v.
6
Lit à tombeau, ou en tombeau, voy. LIT.
7
Chaudière en tombeau, espèce de chaudière à basse pression.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
E il mostrerent le temple de Dagon qui ars [brûlé] estoit, e les homes oscis, e les tombeaus e les os des ars [des brûlés]
dans Machab. I, 11
[Il] Venuz est à merci al saint à sun tumbel
dans Th. le mart. 53
Pespundi Achimas : Un grant tumbel vi, quant Joab chà m'enveiad, et el [autre] ne sai
dans Rois, p. 189
2
XIIIe s.
Car faisons faire un tomblel gent, De marbre fait et de cristal
dans Fl. et Bl. v. 544
Ele prist ladite Adete en ses bras qui einsi estoit malades, et la porta au tombel du benoiet saint Loys
dans Miracles St Loys, p. 133
3
XVe s.
Et avoit un petit tombel de marbre sur lui [le sire de Mauny, tué par des meurtriers], que ses varlets y avoient fait mettre
de Jean FROISSART dans I, I, 241
4
XVIe s.
Du ventre des tombeaux Naissent des enterrez les visages nouveaux
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Tragiques, Jugement.

ÉTYMOLOGIE

1
Dimin. du bas-lat. tumbus, tombe.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Sorte de morceau de musique.
On doit citer de lui [le violoniste Leclair] un grave (voy. GRAVE 1 au Supplément) en ut mineur, connu sous le nom de tombeau de Leclair ; on appelait alors un tombeau une sorte de déclamation instrumentale d'un caractère triste et douloureux.... on lui doit aussi [à Gavinies] un tombeau qui est resté classique, et une romance amoureuse pour le violon
dans Journ. offic. 25 oct. 1875, p. 8846, 3e col.
2
Brosse en tombeau, brosse à mains dont la surface formée par l'extrémité des crins est bombée comme un bahut.

Synonymes de TOMBEAU

Termes proches de TOMBEAU