Définition de RIMER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ri-mé

DÉFINITIONS

1
Avoir le même son, en parlant des finales des mots.
C'est par l'honneur qu'il [Trissotin] a de rimer à latin, Qu'il a sur son rival emporté l'avantage
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Femm. sav. IV, 7
Quand je veux d'un galant dépeindre la figure, Ma plume pour rimer trouve l'abbé de Pure
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. II
Une brève, à la rigueur, ne doit rimer qu'avec une brève, ni une longue qu'avec une longue
de D'OLIVET dans Prosodie franç. V, I
Rimer à l'oreille, aux oreilles, se dit de deux finales dont le son est le même.
Rimer aux yeux, se dit de deux finales qui ont même orthographe et non même son. Monsieur et seigneur riment aux yeux, et non à l'oreille.
Sémantique : Fig. et familièrement. Ces deux choses ne riment pas ensemble, elles n'ont aucun rapport.
Il se trouve aujourd'hui que leur coeur et leur convention ne riment pas ensemble, et qu'on est fort embarrassé de savoir ce qu'on fera de vous
de Pierre de MARIVAUX dans Serm. indiscr. IV, 3
Cela ne rime à rien, ne signifie rien, est dépourvu de sens.
2
Il se dit aussi en parlant du poëte occupé à faire rimer les mots. Ce poëte rime bien, rime mal.
C'est des Arabes, à mon avis, que nous tenons l'art de rimer ; et je vois assez d'apparence que les vers léonins ont été faits à l'exemple des leurs
de HUET dans De l'origine des romans, p. 19, dans POUGENS
Il faut que ceux qui ne sauraient pas que le poëte a été obligé de rimer ne s'en aperçoivent pas ; et que ceux qui le savent soient surpris de ne pas s'en apercevoir
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Réfl. poét. Oeuv. t. III, p. 203, dans POUGENS
Autrefois, quand je faisais des vers, je ne rimais pas trop pour les yeux, mais j'avais grand soin de l'oreille
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. de Boissy, 7 déc. 1770
Rimer en Dieu, jurer, blasphémer.
C'est là que l'on rime très richement en Dieu
de Paul SCARRON dans Rom. com. I, 3
3
Faire des vers.
Et, lorsque d'en mieux faire [des vers] on n'a pas le bonheur, On ne doit de rimer avoir aucune envie, Qu'on n'y soit condamné sur peine de la vie
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. IV, 1
Il est vrai, s'il [Chapelain] m'eût cru, qu'il n'eût point fait de vers ; Il se tue à rimer ; que n'écrit-il en prose ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
Tout n'en irait que mieux, Quand de ces médisants [les satiriques] l'engeance tout entière Irait, la tête en bas, rimer dans la rivière
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans ib.
Persuadé que l'harmonie Ne verse ses heureux présents Que sur le matin de la vie, Et que, sans un peu de folie, On ne rime plus à trente ans
de Jean-Baptiste Louis GRESSET dans Chartr.
Et Despréaux rima contre les plats rimeurs
de Jacques DELILLE dans Trois règ. VII
4
Nature : V. a. Faire rimer.
S'ils font quelque chose, C'est proser de la rime, et rimer de la prose
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. IX
Mais je ne puis souffrir qu'un esprit de travers Qui, pour rimer des mots, pense faire des vers....
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Disc. au roi.
5
Mettre en vers.
Puis dessus le papier mes caprices je rime
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. XI
Certain conte, Que j'ai rimé comme vous allez voir
de Jean de LA FONTAINE dans Mazet.
Muse, c'est donc en vain que la main vous démange ; S'il faut rimer ici, rimons quelque louange
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VII
Et pour rimer ici ma pensée en deux mots
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans ib. IV
Marot bientôt après fit fleurir les ballades, Tourna des triolets, rima des mascarades
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. I
Seul en un coin, pensif et consterné, Rimant une ode et n'ayant point dîné
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Le pauvre diable.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Qui bien voudra rimer, il li convient conter totes les syllabes de ses diz, en tel maniere que li vers soient acordables en nombre, et que li uns n'ait plus que li autres ; après ce convient il amesurer les deux derraines sillabes dou vers en tel maniere que totes les letres de la derraine sillabe soient semblables, et au mains [moins] la vocal syllabe qui va devant la derraine ; après ce li convient il contre-poser l'accent et la voix, si que les rimes s'accordent à ses accens ; car jà soit ce que tu accordes les letres et les sillabes, certes la rime n'iert [ne sera] droite se li accens se descorde
de Brunetto LATINI dans Trésor, p. 481
Ceste sentence ci rimée Troveras escripte en Thimée De Platon qui ne fu pas nices
dans la Rose, 7135
2
XIVe s.
Une chanson d'amours.... Que Blance li avoit apris nouviellement ; Un clerc l'avoit rimée tant grasieusement
dans Baud de Seb. V, 394
3
XVe s.
Si empris-je assez hardiment, moi issu de l'escole, à rimer et à dicter les guerres dessus dites
de Jean FROISSART dans Prol.
4
XVIe s.
En m'esba tant je fais rondeaux en rithme ; Et en rithmant bien souvent je m'enrime
de Clément MAROT dans II, 32
Quoy, dist Grandgousier, as-tu pris au pot, veu que tu rimes desjà [calembour sur rimer, qui, en patois saintongeois, se dit des viandes qui prennent au pot] ? - Oui dea, respondit Gargantua, mon roy, je rime tant et plus, et en rimant souvent m'enrime [m'enrhume]
de François RABELAIS dans I, 13
Cela se peult bien rismer, mais il ne s'accorde pas
de PALSGR. dans p. 691

ÉTYMOLOGIE

1
Rime ; provenç. espagn. et portug. rimar ; ital. rimare. L'ancienne langue disait aussi rimoier.
2
Provenç. rimar, gercer, du lat. rima, fente, l'altération de l'aliment qui prend à la casserole étant comparée à une gerçure.

Synonymes de RIMER

Termes proches de RIMER