Définition de OBSTINER
Prononciation : ob-sti-ner. D'après Ménage, au XVIIe siècle, on prononçait ostiner ; ce qui est aujourd'hui la prono
DÉFINITIONS
1
Faire qu'une personne s'attache avec ténacité à quelque chose.Mais ce flatteur espoir.... Me fait plaire en ma peine et m'obstine à souffrir
de Pierre CORNEILLE dans Mél. I, 1
....Dis-moi quelle espérance Doit obstiner mon maître à la persévérance
de Pierre CORNEILLE dans le Ment. IV, 7
Dompte sous une exacte et forte discipline Ces inséparables flatteurs Que l'amour de toi-même à te séduire obstine
de Pierre CORNEILLE dans Imit. I, 21
Que le goût du bien souverain Déracine en mon coeur l'attachement humain, Et, faisant aux faux biens une immortelle guerre, M'obstine au généreux dédain De tout ce qu'on voit sur la terre
de Pierre CORNEILLE dans ib. III, 23
Nature : Absolument. Obstiner quelqu'un, le contredire et, par là, l'enfoncer davantage en son opinion.
C'est une volonté dure et opiniâtre ; et il suffit qu'on nous contredise, pour nous obstiner davantage
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. II, p. 483
Ne l'obstinez point ; je connais son esprit, Il le ferait, monsieur, tout comme il vous le dit
de Jean-François REGNARD dans Légat. IV, 6
2
S'obstiner, Nature : v. réfl. S'attacher avec ténacité à.Ne vous obstinez point en cette humeur étrange
de Pierre CORNEILLE dans Cid, III, 3
Cinna seul dans sa rage s'obstine
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, IV, 1
Que ferez-vous enfin si toujours il s'obstine ?
de Pierre CORNEILLE dans Poly. III, 5
Puis, tout triste et pensif, il s'obstine au silence
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. III, 1
Je ne recherche plus la damnable origine De cette aveugle amour où Placide s'obstine
de Pierre CORNEILLE dans Théod. II, 5
Il prend à, avec un verbe à l'infinitif.
L'affliction s'obstine à suivre qui l'évite
de Pierre CORNEILLE dans Imit. II, 12
Quiconque s'obstine à n'avoir point d'autre fin dans le mal que le mal même, nous rompons avec lui
de Blaise PASCAL dans Prov. VII
L'Académie en corps a beau le censurer [le Cid] ; Le public révolté s'obstine à l'admirer
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
Je voulus m'obstiner à vous être fidèle
de Jean RACINE dans Andr. IV, 5
Sémantique : Fig.
Sa Chine [d'un géographe] et sa Tartarie s'obstinaient à demeurer mal placées et mal disposées contre le témoignage de relations indubitables
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Delisle.
Il se dit aussi quelquefois avec de et un infinitif.
Ne vous obstinez point d'aimer si hautement
Si vous vous obstinez de vivre au milieu des périls
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Concept.
Il se dit d'un mal qui résiste aux remèdes et au temps.
Mon rhume s'obstinait, et ma bruyante haleine Par secousse, en sifflant, s'exhalait avec peine
de Casimir DELAVIGNE dans Ép. à Lamartine.
REMARQUE
1
Cet imbécile de sir Thomas m'obstine que vous arriverez le dix
de Mme RICCOBONI dans Lett. de Fanny Butler, lett. 86
HISTORIQUE
1
XVe s.Et tant estoient obstinés l'un contre l'autre.... que nul n'y avoit pu mectre paix
dans Boucic. I, 33
Et luy eust mieulx valu [à Charles le Téméraire] n'estre jà obstiné en sa demeurée [lorsqu'il remit le siége devant Nancy]
de Philippe de COMMINES dans V, 5
2
XVIe s.Les Romains s'obstinoient à continuer ce siege
de Jacques AMYOT dans Anton. 50
La grandeur de son courage faisoit qu'il s'obstinoit invinciblement en toutes choses
de Jacques AMYOT dans Alex. 51
Une vigueur masle et obstinée
de Michel de MONTAIGNE dans I, 3
Voyant son fier et obstiné silence
de Michel de MONTAIGNE dans I, 5
Il n'y a damnés que les obstinés
dans Nuits de Straparole, 1. I, p. 380, dans LACURNE
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. et espagn. obstinar ; ital. ostinare ; du latin obstinare, de ob, en face, et d'un radical stanare, qui est aussi dans destinare (voy. DESTINER).SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1
Obstiner sa persévérance, pour persévérer obstinément, est une phrase de Malherbe : Qu'un amant flatté d'espérance Obstine sa persévérance, Lexique, éd. L. Lalanne.