Définition de PLACER

DÉFINITIONS - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : pla-sé. Le c prend une cédille devant a et o ; plaçant, plaçons

DÉFINITIONS

1
Mettre dans une place, dans un lieu, en parlant des personnes.
Où placerez-vous tout ce monde-là ? ...La garde au dedans par Sillace est placée
de Pierre CORNEILLE dans Suréna, IV, 4
Je ferais bien de vous dire.... ce que je souffre tous les jours quand je fais réflexion en quel endroit la Providence nous a placées pour la passer [la vie]
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 10 juin 1671
Et déjà les galants chasseurs Ont fait placer sur des feuillées Les dames de neuf habillées
de PERRAULT dans Chasse, dans RICHELET
C'est dans cette troupe innocente et pure [les âmes chéries de Dieu] que la reine a été placée
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.
Quoiqu'il [Paul Véronèse] ait placé des pères bénédictins et des soldats suisses dans des sujets de l'Ancien Testament
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Ess. poés. ép. VI
Nature : Absolument. Indiquer les places dans une cérémonie, dans une assemblée. Il fut chargé de placer.
Il se dit de la place dans le temps.
On reproche à l'auteur d'avoir dit que le grand Condé mourut à Chantilly en 1680 ; cela n'est pas vrai ; l'auteur place cette mort en 1686, non pas à Chantilly, mais à Fontainebleau
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Fragm. hist. XX
2
Il se dit aussi des choses que l'on met dans un lieu. Placer des meubles dans un appartement.
Lévite, il faut placer, Joad ainsi l'ordonne, Le glaive de David auprès de la couronne
de Jean RACINE dans Ath. IV, 1
3
Au jeu de paume, placer bien la balle, pousser la balle avec la raquette, afin qu'elle aille frapper l'endroit qu'on veut.
Qu'on ne dise pas que je n'ai rien dit de nouveau ; la disposition des matières est nouvelle ; quand on joue à la paume, c'est une même balle dont on joue l'un et l'autre ; mais l'un la place mieux
de Blaise PASCAL dans Pens. VII, 9, éd. HAVET.
On dit dans le même sens : Ce joueur place bien son coup.
Sémantique : Terme de manége. Placer un homme à cheval, le mettre à cheval dans la position où il doit être.
Placer un cheval, le maintenir en équilibre dans tous les mouvements qu'on lui fait exécuter, ou, simplement, le mettre dans une certaine position pour le faire voir.
À l'escrime, placer bien son coup, porter une botte avec adresse et sûreté.
4
Sémantique : Fig. Faire entrer dans une maison, dans une famille. Il a bien placé sa fille.
Non, elle n'était heureuse ni pour avoir placé auprès d'elle la princesse Anne, sa chère fille, ni pour l'avoir placée dans une maison où tout est grand
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
Tibère, que l'hymen plaça dans sa famille
de Jean RACINE dans Brit. II, 2
Procurer un poste, un emploi, un établissement.
Quelle majesté n'observent-ils pas [les riches] à l'égard de ces hommes chétifs [les savants] que leur mérite n'a ni placés ni enrichis !
de LA dans Bruy. VI
Si ceux qu'on appelle gens d'honneur n'en connaissent plus d'autre que celui d'être riches pour être placés, ou placés pour s'enrichir
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. XIII, 54
J'ai placé deux de mes frères, Mes trois fils ont de l'emploi
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Ventru.
Placer un domestique, lui procurer une condition.
Je pourrais, par Chloé, te placer chez Valère
de Jean-Baptiste Louis GRESSET dans Méch. I, 1
Cette dame qui se mêle de faire des mariages et de placer des domestiques dans les maisons
de LEGRAND dans Métamorph. sc. 4
5
Placer de l'argent, le prêter à intérêt.
Ceux qui, sans courir les risques de la mer, veulent tirer quelque profit de leur argent, le placent ou chez les banquiers, ou chez d'autres personnes, à douze pour cent par an, ou plutôt à un pour cent à chaque nouvelle lune [à Athènes]
de Auguste Marseille BARTHÉLEMY, dit L'ABBÉ BARTHÉLEMY dans Anach. ch. 55
Placer de l'argent, se dit aussi de l'emploi qu'on en fait pour en retirer une rente. J'ai placé mon bien à fonds perdu, en une terre.
6
Sémantique : Terme de commerce. Faire le placement, opérer le débit, la vente. Placer des denrées, des étoffes, des articles de commerce. Placer un ouvrage littéraire.
Dans un sens analogue, placer des billets de loterie, des billets de spectacle.
7
Sémantique : Fig. Donner un rang, une position. Ses vertus le placent parmi les plus honnêtes citoyens de la ville.
Sa disgrâce et ton crime Ont placé dans mon coeur ce héros magnanime
de Jean RACINE dans Alex. III, 2
Dans le vulgaire obscur si le sort l'a placé [un enfant], Qu'importe qu'au hasard un sang vil soit versé ?
de Jean RACINE dans Athal. II, 5
Il [Antoine roi de Navarre] ne mérite d'être placé dans l'histoire que parce qu'il fut le père du grand Henri IV
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 171
Placer dans un testament, faire un legs.
L'abbé de Chateauneuf.... à qui je dois d'avoir été placé dans le testament de Ninon
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mél. hist. Nouv. doutes testament Richelieu.
8
Il se dit des choses auxquelles on attribue, par métaphore, une place qui n'est qu'idéale. Le philosophe place le bonheur dans la vertu.
La Garde, qui revient à Paris, ne saurait-il placer son voyage utilement pour nous ?
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 4 nov. 1676
Je plaçai ma saignée brusquement, selon le besoin de mes affaires plutôt que sur celui de ma santé
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 10 juill. 1675
Je dis à M. le Prince en courant : Ah ! que je plains ceux qui ne sont pas ici [à la représentation d'Esther] ! il m'entendit, et tout cela était si pressé, qu'il n'y avait pas moyen de placer une pensée
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 28 fév. 1689
Placer un mot, un propos, etc. le dire dans un moment où il peut produire de l'effet.
Elles [les femmes] sont heureuses dans le choix des termes qu'elles placent si juste, que, tout connus qu'ils sont, ils ont le charme de la nouveauté
de Jean de LA BRUYÈRE dans I
Placer un mot, dire quelques paroles.
Il y perd son maintien, ne trouve pas où placer un seul mot, et n'a pas même de quoi écouter
de Jean de LA BRUYÈRE dans VII
Placer un nom sur un visage, dire le nom de la personne que l'on voit.
Je n'ai pas le don de placer si juste les noms sur les visages : au contraire je fais tous les jours mille sottises là-dessus
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 29
Placer bien, placer en bon lieu son amitié, son affection, sa confiance, les donner à des personnes qui en sont dignes.
Il lut le livre, aima l'auteur, et apprit à mieux placer sa confiance
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Éloges, Montesquieu.
Placer bien ses grâces, ses faveurs, choisir des personnes de mérite pour leur accorder des grâces, des faveurs.
Placer bien ses charités, ses aumônes, les faire à des personnes qui les méritent.
9
Se placer, Nature : v. réfl. Prendre une place.
Je ne savais que devenir, ni où me placer
de Pierre de MARIVAUX dans Pays. parv. 1re part.
Sémantique : Terme de manége. Se placer à cheval, être placé à cheval, y être dans une bonne et belle position.
10
Être mis en une certaine ordonnance.
Mes mots viennent sans peine et courent se placer
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VII
Se mettre en une certaine place.
L'ombre de Conradin sanglant, percé de coups, Terrible, vous repousse et se place entre nous
de Casimir DELAVIGNE dans Vêpres siciliennes, II, 3
11
Prendre un rang.
Parmi tant de héros je n'ose me placer
de Jean RACINE dans Brit. I, 2
Obtenir un emploi, une dignité.
Quelque grande difficulté qu'il y ait à se placer à la cour, il est encore plus âpre et plus difficile de se rendre digne d'être placé
de Jean de LA BRUYÈRE dans VIII
Il y a même des stupides et, j'ose dire, des imbéciles qui se placent dans de beaux postes, et qui savent mourir dans l'opulence
de Jean de LA BRUYÈRE dans VI
Dans les guerres civiles.... ceux qui ont du mérite se font jour ; chacun se place et se met à son rang ; au lieu que, dans les autres temps, on est placé, et on l'est presque toujours de travers
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Rom. 11
Entrer en condition dans une maison pour quelque travail, quelque service.
L'une des deux, pour se tirer d'une extrême misère, cherche à se placer ; elle entre au service d'une fort grande dame....
de Jean de LA BRUYÈRE dans VI

ÉTYMOLOGIE

1
Place. Placer ne paraît être venu en usage qu'au commencement du XVIIe siècle ; on trouve placement dans D'AUBIGNÉ.

Synonymes de PLACER

Termes proches de PLACER