Définition de POUR

DÉFINITIONS - REMARQUE - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : pour

DÉFINITIONS

1
Sert à marquer le motif, la destination. Faire de l'exercice pour sa santé.
Le soleil, la lune et les astres sont conduits pour l'utilité des hommes, et obéissent à Dieu
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Baruch, VI, 59
... Vivaient le cygne et l'oison : Celui-là destiné pour les regards du maître ; Celui-ci pour son goût
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. III, 12
Quelque terme où nous pensions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte ; et, si nous le suivons, il échappe à nos prises, nous glisse et fuit d'une fuite éternelle ; rien ne s'arrête pour nous
de Blaise PASCAL dans Pens. I, 1, éd. HAVET.
Puissent les princes entendre que leur vraie gloire est de n'être pas pour eux-mêmes !
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Polit. III, III, 2
Les esclaves sont plutôt établis pour la famille qu'ils ne sont établis dans la famille
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. XVI, 1
En lui [à Racine] apprenant à écrire pour le petit nombre, il [Boileau] lui apprit à écrire pour la postérité
de Jean-François MARMONTEL dans Oeuv. t. v, p. 145
Il se dit de ce qui est destiné comme part, comme lot à quelqu'un. Cela est pour vous.
La misère est pour nous, et pour eux l'opulence
de Jacques DELILLE dans Pitié, IV
Il se dit d'une destination toute fortuite. Pour mon malheur, je ne pus garder le silence.
N'est-ce pas cette même Agrippine Que mon père épousa jadis pour ma ruine ?
de Jean RACINE dans Brit. I, 4
2
À cause de. Il a été puni pour une faute légère.
Cette saison n'était guère propre à la navigation pour les grands calmes qu'il y a
de Vincent VOITURE dans Lett. 39
On abattit un pin pour son antiquité
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. XI, 9
Ne perdez point courage pour toutes ces manières désagréables
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 9 nov. 1686
Salomon si estimé dans tout l'Orient pour sa sagesse
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Salut.
En raison de.
Une infinité se vantait de l'avoir rencontré, mais plutôt pour se faire de fête, que pour vérité qu'ils sussent de cette affaire
de François de MALHERBE dans Lett. à Peiresc, 20 févr. 1614
Sans relâcher en rien son allure ordinaire, Pour chose que le monde en veuille condamner
de Pierre CORNEILLE dans Imit. III, 28
Tout ce qui n'est pas formellement défendu par l'Église n'est pas pour cela permis
de Louis BOURDALOUE dans 5e dim. après l'Épiph. Domin. t. I, p. 236
Ah ! quelque humeur qu'il ait, il faudra bien qu'il rie, Et pour cela, d'abord je lis ma tragédie
de Alexis PIRON dans Métrom. III, 12
C'était assez pour être curieuse : C'était assez ; filles le sont pour moins
de MALFIL. dans Narc. II
En considération de.
Je vais au roi des rois demander aujourd'hui Le prix de tous les maux que j'ai soufferts pour lui
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zaïre, II, 3
Il faut aimer les gens, non pour soi, mais pour eux
de Jean-François COLLIN D'HARLEVILLE dans Optimiste, v, 2
Sémantique : Familièrement. Et pour cause, signifie qu'on a des raisons, mais qu'on ne veut pas les exprimer. Je me tais et pour cause.
D'un peu plus loin et pour cause, monsieur
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Fâch. III, 3
Pour Dieu, se dit par manière de prière. Pour Dieu, ne me tourmentez pas.
Pour l'amour de, en raison de l'intérêt qu'on porte à.
Est-ce qu'en travaillant pour elles, vous travaillez pour l'amour d'elles ?
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. à Mme de Viefville, 20 juin 1708
Pour l'amour de, à cause de.
Que tous ces jeunes fous me paraissent fâcheux ! Je me suis dérobée au bal pour l'amour d'eux
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Éc. des mar. III, 9
En vue de.
Vivez, régnez pour vous, c'est trop régner pour elle
de Jean RACINE dans Brit. II, 2
Vous n'avez choisi le monde que pour ses plaisirs ; la cour que pour la faveur ; les armes que pour la licence ; la robe que pour une vaine distinction ; l'autel que pour les honneurs et les richesses du sanctuaire
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Vocat.
3
En faveur de, pour la défense de, pour l'intérêt de. Ce que je dis est autant pour vous que pour moi.
Vous nous diriez sans doute que la charité ne peut être bien employée que pour ceux qui la pratiquent envers les autres
de Esprit FLÉCHIER dans Serm. I, 232
Avez-vous pu, cruels, l'immoler aujourd'hui Sans que tout votre sang se soulevât pour lui ?
de Jean RACINE dans Andr. v, 3
Il [Claude] laissa pour son fils échapper quelques plaintes
de Jean RACINE dans Brit. IV, 2
4
Pour exprime l'attachement, l'intérêt. S'inquiéter pour quelqu'un.
Elle était fille, elle était amoureuse ; Elle tremblait pour l'objet de ses soins
de MALFIL. dans Narcisse, II
Du parti de.
Il est pour Calvin contre les thomistes
de Blaise PASCAL dans Prov. XVIII
Il a pour lui le peuple. - Polynice : Et j'ai pour moi les dieux
de Jean RACINE dans Théb. IV, 3
Si Onuphre est nommé arbitre dans une querelle de parents ou dans un procès de famille, il est pour les riches
de Jean de LA BRUYÈRE dans XIII
Votre ouvrage [Mélanie] a enchanté tout Paris ; M. d'Alembert en est idolâtre ; vous avez pour vous les philosophes et les femmes ; avec cela on va loin
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Laharpe, 2 mars 1770
Les académiciens revenus du pôle avaient pour eux dans cette dispute la théorie et la pratique
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Phil. Newt. III, 9
Il se dit aussi des choses qu'on préfère.
Je vous avoue que je suis furieusement pour les portraits
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Préc. 10
Ceux qui étaient près de la mer étaient pour un gouvernement mêlé des deux [démocratie et aristocratie]
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. XVIII, 1
Absolument et sans régime. Êtes-vous contre ou pour ? Je parlerai pour.
Il me semble qu'il y a bien des raisons pour et contre
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Lett. pers. 37
Mercredi je cours à la pièce nouvelle ; Tout le monde était pour, et moi j'étais contre elle
de DESMAHIS dans l'Impertin. SC. 3
5
Envers, à l'égard de. La tendresse d'une mère pour ses enfants. La haine qu'il a pour lui. Son aversion pour la vie de campagne.
Il est pour les choses saintes, comme il était pour les profanes
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 516
Je vous aime et vous embrasse, et voudrais bien que mon coeur fût pour Dieu comme il est pour vous
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 132
Il est dans une seule province de l'Europe, entre les Alpes et les Pyrénées, plus de quarante petits peuples qui s'appellent compatriotes, et qui sont réellement étrangers les uns pour les autres, comme le Tonquin l'est pour la Chine
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Lois.
6
Il se dit pour exprimer ce qui sert contre quelque mal. Ce remède est bon pour la fièvre.
Malgré.
L'une était vénérable par son âge et l'autre par sa beauté, qui pour toutes ses afflictions n'était point changée
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C. 190
7
Eu égard à, par rapport à. Cet habit est bien chaud pour la saison.
Commander à ses pleurs en cette extrémité, C'est montrer, pour le sexe, assez de fermeté
de Pierre CORNEILLE dans Hor. I, 1
Vous êtes un grand extravagant, pour un si petit homme
de Paul SCARRON dans Rom. com. I, 2
Pour un pauvre animal, Grenouilles, à mon sens, ne raisonnaient pas mal
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VI, 12
Je dis qu'il était vieux pour son peu de santé
de Jean-François REGNARD dans Ménechmes, III, 2
On ne lui avait point encore vu [à Céluta] l'air qu'elle avait dans ce moment : c'était pour la douleur et la beauté quelque chose de surhumain
de François René CHATEAUBRIAND dans Natch. 2e part. fin.
Quant à. Je suis hors de souci pour ce qui me regarde. CORN. Nicom. V, 7.
Pour Dircé, son orgueil dédaignera sans doute L'appui tumultueux que ton zèle redoute
de François René CHATEAUBRIAND dans Oedipe, V, 1
Pour ce qui est de cela, la jalousie est une étrange chose !
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans G. Dand. I, 6
J'ai à vous dire que vous faites tort à ces eaux de les croire noires ; pour noires, non ; pour chaudes, oui
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 281
Pour moi, vous le savez, descendu d'Israël, Je ne sers ni Baal ni le Dieu d'Israël
de Jean RACINE dans Athal. III, 3
Il se dit en ce sens devant de, pris partitivement et suivi de l'article défini.
Pour du blé, il n'y en avait point ou bien peu
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C. 402
Pour de l'esprit, je pense qu'elles n'ont pas du plus fin ; mais pour des sentiments, ma belle, c'est tout comme chez nous, et aussi tendres et aussi naturels
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 197
Pour des amants la méthode est nouvelle
de Philippe Néricault DESTOUCHES dans Cur. impert. III, 4
Il se dit quelquefois en ce sens devant un infinitif.
Ah ! pour en être digne, il l'est et plus que tous
de Pierre CORNEILLE dans Othon, II, 4
Au XVIIe et au XVIIIe siècle on a construit pour devant une autre préposition, par ellipse du verbe qui précédait.
J'aime bien la Hire et son discours à son maître.... il me semble que vous auriez dit la même chose à Charles VII ; car pour au roi d'au jourd'hui [pour le dire au roi], vous êtes bien éloigné d'avoir sujet de lui parler de la sorte
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Bussy, 18 mars 1678
De vos affaires, vous en êtes le maître ; mais pour des miennes [pour être maître des miennes], je ne vous permets de faire....
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans t. I, p. 254, éd. CHÉRUEL.
Quoiqu'il eût entrée à ceux [conseils] de finance et de dépêches, il n'y allait presque jamais ; pour au travail particulier du roi [pour aller au travail], il n'en fut pas question pour lui
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans t. IX, p. 137
Si vous m'eussiez parlé botanique et des plantes que produit votre contrée.... j'en aurais pu causer avec vous ; mais, pour de mes livres [pour causer de mes livres], vous m'en parleriez inutilement....
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Lett. à E. J. 13 mai 1767
8
Pour sert à marquer le rapport entre une chose qui affecte, et la personne affectée. C'est une grande perte pour vous. Nouvelle fâcheuse pour tout le monde. Cela est heureux pour votre ami.
9
En échange de, moyennant un certain prix. Il a donné son cheval pour mille francs. Les meubles se donnaient pour rien à cette vente.
Pour, devant un nom de nombre, indique une certaine proportion. Toucher, de commission, tant pour mille.
Pour cent, voy. CENT, n° 3.
10
En la place de, au lieu de. Mon fils monte la garde pour moi. Il a pour lit un mauvais matelas.
Rougis pour moi, Nérine et dis-lui que je l'aime
de DUFRESNY dans Réconcil. norm. II, 8
Là, sans suite, sans faste et sans vain appareil, Pour temple les arceaux de cette voûte obscure, Ces prismes pour flambeaux, pour témoin la nature, Pour offrande leur coeur, un rocher pour autel, Le dieu d'hymen reçut leur serment mutuel
de Jacques DELILLE dans Trois règ. V
Pour, employé au sens de comme.
Tous les bruits de Léon annoncent pour certain Qu'à la comtesse Inès il va donner la main
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans D. Garcie, I, 2
Je crois qu'il [un Grignan mourant] dispose de ce qu'il a en votre faveur ; gardez-le, quoique ce soit peu, pour une marque de sa tendresse
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 29 janv. 1672
Joas laissé pour mort frappa soudain ma vue
de Jean RACINE dans Athal. I, 2
Il demeure pour prouvé que saint Thomas ne renonça au monde qu'au moment où il entra dans l'ordre de Saint-Dominique
dans Mém. de Trévoux, 1725, t. X, p. 152
L'homme sensé comptera l'écu du pauvre pour un louis, et l'écu du financier pour un liard
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Ess. arith. mor. Oeuv. t. X, p. 131
Don Carlos.... n'a jamais dû croire que je pusse l'aimer, ne m'ayant jamais connue pour ce que j'étais
de Paul SCARRON dans Rom. com. II, 11
Je suis auprès de lui gagé pour serviteur, Vous me voudriez encor payer pour précepteur
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Ét. I, 9
Et vous l'avez connu pour gentilhomme ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Bourg. gent. IV, 5
Romulus, le fondateur de Rome, en fut élu pour le premier roi
de Abbé de René Aubert de VERTOT dans Rév. rom. I, 18
Qui est-ce qui a lu les ouvrages de Richardson sans désirer de connaître cet homme, de l'avoir pour frère ou pour ami ?
de Denis DIDEROT dans Éloge de Richards.
Ah ! madame, s'écria-t-elle, quel ange vous avez pour soeur !
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Veillées du château t. II, p. 260, dans POUGENS
Être pour beaucoup, pour peu en quelque chose, n'y être pour rien, y avoir contribué beaucoup, peu, n'y avoir contribué en rien.
Passer pour, voy. PASSER, n° 29.
Prendre pour, voy. PRENDRE.
11
Il se dit en un sens particulier à l'effet de mettre en regard un petit nombre en opposition à un grand.
Pour un saint à qui Dieu, par des vues spéciales, peut avoir inspiré de rendre ses communions moins fréquentes, nous en trouvons mille autres à qui il inspire le contraire
de Louis BOURDALOUE dans Dim. oct. du saint sacrem. Dominic. t. II, p. 328
Pour deux amants heureux qu'Amour fait quelquefois, Il en fait tous les jours plus de cent misérables
de QUIN. dans Rol. IV, 5
La cour de Claudius, en esclaves fertile, Pour deux que l'on cherchait en eût présenté mille
de Jean RACINE dans Brit. I, 2
Pour, devant tout, exprime qu'il n'y a pas autre chose. Pour toute récompense il eut des reproches.
Pour toute réponse aux cris des Espagnols, on produisit les offres qu'ils avaient faites eux-mêmes au protecteur [Cromwell]
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Louis XIV, 6
Ne.... pour un..., ne.... pas pour un..., pas seulement un.
Moins d'ennemis attaquent leur pudeur [des femmes du monde] ; les autres [les cloîtrées] n'ont pour un seul adversaire : Tentation, fille d'oisiveté....
de Jean de LA FONTAINE dans Mazet.
On nous fait voir que Jupiter n'a pas aimé pour une fois
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Pr. d'Él. II, 1
On est faite d'un air, je pense, à pouvoir dire Qu'on n'a pas pour un coeur soumis à son empire
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Femm. sav. II, 3
Quel sujet auriez-vous de vous plaindre de moi ?- Je n'en ai pas pour un, je crois en avoir mille
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans Mme Artus, IV, 7
On n'avait pas alors pour un seul prophète : un presbytérien anglais, qui étudiait à Utrecht, combattit tout ce que disait Jurieu sur les sept fioles et les sept trompettes de l'Apocalypse
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict phil. Prophéties, 2
12
Au nom de. Il commande la province pour le roi, pour l'empereur.
13
Pour, joint à un mot qui exprime le temps, signifie pendant, mais avec le sens d'un futur. Je n'en ai que pour un moment.
Souffrez que j'interrompe pour un peu la répétition
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Impromptu, 3
Monsieur le Duc est ici pour un jour, il ira rejoindre monsieur son père
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 202
Ils périront pour le temps, et vous périrez pour l'éternité
de Louis BOURDALOUE dans 6e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III. p. 47
Il sert à indiquer l'époque où une chose s'est faite ou se fera, mais toujours avec le sens du futur. Ce sera pour demain. La cérémonie était pour hier (elle était pour hier, avant d'avoir lieu) ; elle est pour aujourd'hui (tant qu'elle n'est pas commencée ; dès qu'elle est commencée, on ne peut plus dire pour aujourd'hui).
Pour quand, sans interrogation, pour le temps où.
Ce que je trouve admirable, c'est qu'un homme qui s'est passé, durant la vie, d'une assez simple demeure, en veuille avoir une si magnifique pour quand il n'en a plus que faire
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans D. Juan, III, 7
Pour jamais, ou pour toujours, pour un temps qui ne doit pas finir, pour une durée perpétuelle.
Songez-vous que je tiens les portes du palais, Que je puis vous l'ouvrir ou fermer pour jamais ?
de Jean RACINE dans Baj. II, 1
Pour quand, avec interrogation, pour quel temps ? Pour quand est la fête ?
14
Pour, précédé et suivi du même mot, marque la comparaison.
Et mort pour mort, toujours mieux lui valait, Auparavant que sortir de la vie, Éprouver tout et tenter le hasard
de Jean de LA FONTAINE dans Muletier.
Tout bien considéré, je te soutiens en somme, Que, scélérat pour scélérat, Il vaut mieux être un loup qu'un homme
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. XII, 1
Servitude pour servitude, ne valait-il pas mieux rendre le Milanais à son maître ?
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Dial. des morts mod. Dial. 12
Pour exprime la réciprocité.
Vous ferez rendre vie pour vie, oeil pour oeil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Deutéron. XIX, 21
Vous me louez continuellement sur mes lettres, et je n'ose plus vous parler des vôtres, de peur que cela n'ait l'air de rendre louanges pour louanges
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 22 janv. 1672
Et moi.... Je n'aurais pas du moins à cette aveugle rage Rendu meurtre pour meurtre, outrage pour outrage
de Jean RACINE dans Athal. II, 7
Rendre grâce pour grâce et plaisir pour plaisir
de DUFRESNY dans Réconcil. norm. II, 6
Pour marque la relation, la correspondance exacte. Traduire un passage mot pour mot.
Il y a aujourd'hui neuf mois, jour pour jour, dimanche pour dimanche, que je vous quittai à Charenton avec bien des larmes
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 3 juill. 1689
Pour marque l'échange. Faire troc pour troc.
15
Pour, précéde d'assez, s'emploie dans des phrases qui indiquent la suffisance. Il a fait assez pour sa gloire.
Avec un verbe à l'infinitif. Il est assez jeune pour s'instruire.
Avec que, et avec le subjonctif. Il est assez riche pour que nous lui demandions de contribuer à cette bonne oeuvre.
Pour, précédé de trop, s'emploie dans des phrases qui expriment l'excès. Il a trop fait pour un ingrat.
Avec un infinitif.
On dit que M. de Noailles, votre digne et généreux ami, a rendu de très bons offices à M. de Vardes ; il est assez généreux pour n'en pas douter
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Moulceau, 26 mai 1683
La condition m'est trop avantageuse pour la refuser
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. II, p. 80
Avec que et le subjonctif. Il est assez de mes amis pour que je puisse compter sur lui. Vous êtes trop faible pour que nous vous imposions ce fardeau.
L'adverbe fort s'est employé avec pour d'une façon analogue à trop (cela n'est plus usité).
M. de Chaudebonne est fort chagrin à cette heure, pour bien battre les sonnettes [dans la danse des matassins]
de Vincent VOITURE dans Lett. 54
16
En être pour, perdre.
Il n'y a pas de femme qui l'écoute qui n'en soit pour sa réputation
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 9
M. de Sireuil en sera pour ses vers, Royer pour ses croches, et le prévôt des marchands pour son argent
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Thiriot, 19 déc. 1754
Être pour, être capable de, être de nature à.
Cesse de m'outrager, ou le respect des dames N'est plus pour contenir celui que tu diffames
de Pierre CORNEILLE dans Veuve, v, 10
Le sentiment d'autrui n'est jamais pour lui plaire
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. II, 5
Ne pouvoir savoir d'une belle si l'amour qu'inspirent ses yeux est pour lui plaire ou lui déplaire, c'est la plus fâcheuse, à mon gré, de toutes les inquiétudes
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Sicil. 3
Et ce n'est guère pour avoir le teint frais et les yeux brillants que de se lever dès la pointe du jour
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib. 7
Puisque vous n'êtes point, en des liens si doux, Pour trouver tout en moi comme moi tout en vous
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. v, 8
Harlay avait des yeux qui, fixés sur un client ou sur un magistrat, étaient pour le faire rentrer sous terre
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 17, 198
N'être pas pour, ne pas devoir.
Cette affaire, venue au point où la voilà, N'est pas assurément pour en demeurer là
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans le Dép. IV, 1
Cet état de victime n'est pas pour rien détruire en vous
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. Corn. 74
Ce sont des manières reçues, vous n'êtes pas pour les réformer
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Élus.
Être pour, être sur le point de. Il était pour partir.
17
Pour précédant un adjectif, et suivi de que a le sens de quelque.... que.
Vous savez que, pour matin que je sois levé, je vous ai toujours trouvé dans cette chambre
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans liv. VII, lett. 16
Pour ingrat que soit un homme
de François de MALHERBE dans Traité des bienf. de Sénèque, I, 12
Pour grand que fût le péril, ils s'efforcèrent tous à l'envi d'aller dégager le roi
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C. IX, 4
Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes
de Pierre CORNEILLE dans Cid, I, 6
Commettre un seul péché, pour petit qu'il soit
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.
Point n'a d'écus : pour belle qu'on soit née, L'amour languit sans Bacchus et Cérès
de DESHOUL. dans Poés. t. I, p. 43
Pour saints, pour éclairés et pour sages que soient les hommes, ils ne sont pas infaillibles
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 61, 21
Pour peu que, si peu que.
Et pour peu qu'elle ait d'ambition, Je vous réponds déjà de sa punition
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. v, 7
18
Pour avec un infinitif, à l'effet de.
C'est pour vous dire que vous devez réserver votre humilité aux actions qui se passent entre Dieu et vous
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans liv. I, lett. 6
Pour juger de la beauté d'un ouvrage, il suffit de le considérer en lui-même ; mais, pour juger du mérite de l'auteur, il faut le comparer à son siècle
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Vie de Corn.
La nature, sur la fin de nos jours, nous dégoûte de la vie par la douleur, pour nous faire quitter ce monde avec moins de regrets
de FRÉDÉRIC II dans dans GIRAULT-DUVIVIER
Il [Saint-Évremond] avait tant de réputation, qu'on lui offrit cinq cents louis d'or pour imprimer sa comédie de Sir Politik
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Temple du Goût.
Le ciel fit les femmes Pour corriger le levain de nos âmes, Pour adoucir nos chagrins, nos humeurs, Pour nous calmer, pour nous rendre meilleurs
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Nanine, I, 1
On sépare quelquefois pour de son verbe.
Pour de ce grand dessein assurer le succès
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. IV, 1
Mais pour en quelque sorte obéir à vos lois
de Pierre CORNEILLE dans D. Sanche, I, 3
Il a fallu en venir à l'altération du texte, pour du moins le rendre douteux
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Explic. du ps. 21, III, 3
Pour donc corriger l'abus et l'égarement de notre imagination vagabonde et dissipée, il la faut remplir d'images saintes
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Élévat. sur myst. IV, 8
; et encore : pour de là passer en Italie ; mais d'y mettre plusieurs syllabes, comme ont fait quelques-uns de nos meilleurs écrivains, il n'y a rien de si rude ni de si éloigné de la politesse du langage
de Claude Favre de VAUGELAS dans Rem. t. I, p. 100, dans POUGENS
Suivi de que et du subjonctif, même sens. Je suis venu vous voir pour que nous parlions de nos affaires. Je lui ai parlé assez haut pour qu'il m'entendît.
Pour que est pour ce que, comme on peut le voir à l'historique.
19
Pour, avec le passé de l'infinitif. signifie à cause que.
On ne s'avise point de dé fendre [empêcher, prohiber] la médecine pour avoir été bannie de Rome, ni la philosophie pour avoir été condamnée publiquement dans Athènes
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. préface.
Pour n'avoir pas fait cette remarque on perdit beaucoup de temps et de travail
de François René CHATEAUBRIAND dans Génie, I, I, 1
Il se dit dans le même sens avec le présent de l'infinitif.
Nature se maintient pour être variable
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Épît. II
Et comment est-il possible, reprit Ésope, que vos juments entendent de si loin nos chevaux hennir, et conçoivent pour les entendre ?
de Jean de LA FONTAINE dans Vie d'Ésope.
Ma foi, me trouvant las pour ne pouvoir fournir Aux différents emplois où Jupiter m'engage....
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Amphitr. prol.
Le désavouerez-vous [un billet], pour n'avoir point de seing ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. IV, 3
Je hais ces coeurs pusillanimes qui, pour trop prévoir les suites des choses, n'osent rien entreprendre
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Scapin, III, 1
Mon révérend père, si vous avez peine à lire cette lettre, pour ne pas être en assez beau caractère
de Blaise PASCAL dans Prov. XVII
Je n'admire point l'excès d'une vertu, si je ne vois en même temps l'excès de la vertu opposée.... on ne montre pas sa grandeur pour être à une extrémité, mais bien en touchant les deux à la fois, et remplissant tout l'entre-deux
de Blaise PASCAL dans Pens. VI, 21
Adresser votre lettre à Mme de Vins, plus pour l'obliger que pour avoir besoin d'elle
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 26 août 1675
Je comprends que l'ennui serait grand pendant l'hiver : les longues soirées peuvent être comparées aux longues marches, pour être fastidieuses
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 28, août 1675
Et, pour ne rien rabattre de ses aigreurs et de ses caprices, on aliène le coeur et l'esprit d'un époux, et on le précipite dans des amours étrangères
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Culte.
20
Pour devant un infinitif, au sens de quoique, bien que, mais toujours joint, comme on le voit par les exemples, à une phrase négative ou restrictive.
Vous me montrez que, pour être échappé de la mer et des pirates, je ne suis pas encore en sûreté
de Vincent VOITURE dans Lett. 50
L'hymen n'efface point ces profonds caractères ; Pour aimer un mari, l'on ne hait pas ses frères
de Pierre CORNEILLE dans Hor. III, 4
Je suis ici dans une fort grande solitude ; et, pour n'y être pas accoutumée, je m'y accoutume assez bien
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 19 juin 1680
Ils [les écrivains de Port-Royal] ne changent pas d'avis pour changer de note
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 25 mai 1680
On n'est pas criminel toujours pour le paraître
de Thomas CORNEILLE dans Essex, II, 2
Pour être nés grands, vous n'en êtes pas moins chrétiens
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Aum.
De l'avenir le destin est le maître ; Sa volonté dirige tous nos pas : Respectons-la sans vouloir la connaître ; Pour la connaître on ne la change pas
de MALFIL. dans Narcisse, II
Votre lettre a bien attendri mon vieux coeur, qui, pour être vieux, n'en est pas plus dur
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. d'Alembert, 27 mars 1773
21
Pour avec un infinitif, signifiant de quoi. Il y a ici pour contenter tous les goûts.
C'est bien pour en rougir de voir quelle tempête Souvent mes lâchetés attirent sur ma tête
de Pierre CORNEILLE dans Imit. III, 20
Il [Sévigné] s'ennuie fort dans la charge de guidon ; cette place est jolie à dix-neuf et vingt ans ; mais, quand on y a demeuré sept ans, c'est pour en mourir de chagrin
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 9 oct. 1675
Trois semaines, milord ! ah ! c'est pour en mourir
de BOISSY dans Époux par superch. II, 12
22
Pour lors, alors. Quand le mal sera fait, il ne sera pour lors plus temps d'aviser.
23
Nature : S. m. Le pour, ce qui est en faveur de.
Le pour et le contre sont venus au monde avec le tien et le mien
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans liv. I, lett. 3
Soit par l'interprétation des termes, soit par des circonstances favorables, soit enfin par la double probabilité du pour et du contre, on accorde toujours ces contradictions prétendues
de Blaise PASCAL dans Prov. VI
Les lecteurs, longtemps promenés çà et là dans le vaste pays du pour et du contre, ne savaient plus à la fin où ils en étaient
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Malebr.
Vous me dites toujours le pour et le contre dans toutes les choses que vous m'apprenez., -C, 'est que toutes les choses de ce monde ont un bon et un mauvais côté
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dial. XXIX, 12
Après avoir balancé le pour et le contre
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Réfl. sur l'inocul.
24
Le pour, sorte de distinction à la cour de Louis XIV.
Le pour est une distinction dont j'ignore l'origine : elle consiste à écrire en craie sur les logis : Pour M. un tel, ou simplement écrire, M. un tel
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 60, 5

REMARQUE

1
1. La règle des grammairiens est que tout infinitif précédé d'une préposition doit se rapporter d'une manière claire et précise soit au sujet de la proposition, soit au régime indirect, soit au régime direct, par exemple : L'homme vit pour travailler. Mais cette règle est trop absolue : quand l'équivoque est impossible, quand le vrai sens est évident, la règle n'a plus d'objet ; les exemples abondent.
Le théâtre, fertile en censeurs pointilleux, Chez nous pour se produire est un champ périlleux
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. III
Peut-être assez d'honneurs environnaient ma vie Pour ne pas souhaiter qu'elle me fût ravie
de Jean RACINE dans Iphig. IV, 4
2
2. Vaugelas dit : " Pour que, très usité le long de la Loire et depuis peu à la cour. On s'en sert de plusieurs façons qui ne valent rien. " Th. Corneille : " Pour que n'a pu s'établir ; on se le permet quelquefois dans la conversation, mais on ne l'écrit pas. " Chifflet, Gramm. p. 131 : " Pour que, au lieu de afin que, n'est qu'une barbarie. " Aujourd'hui il est en plein usage, justifié par l'analogie, après que, dès que, sans que, et par l'historique qui montre que c'est une ellipse au lieu de pour ce que.

SYNONYME

1
POUR, AFIN. Ces deux mots sont synonymes dans le sens où ils signifient qu'on fait une chose en vue d'une autre ; mais pour marque une vue plus présente ; afin en marque une plus éloignée : on se présente devant le prince pour lui faire sa cour ; on lui fait sa cour afin d'obtenir des grâces. Pour regarde plus particulièrement un effet qui doit être produit. Afin regarde proprement un but où l'on veut parvenir :
Les filles d'un certain âge font tout ce qu'elles peuvent pour plaire, afin de se procurer un mari
de GIRARD. dans

HISTORIQUE

1
IXe s.
Pro deo amur [pour l'amour de Dieu]
dans Serment
2
Xe s.
Ne por or, ned argent, ne parament
dans Eulalie
Mult laetatus, por que Deus cel edre [ce lierre] li donat
dans Fragm de Valenc. p. 448
3
XIe s.
As tables juent pur els [se] esbaneier [divertir]
dans Ch. de Rol. VIII
Se li reis velt, prez sui por vus le face
dans ib. X
Sonent mil grailes [trompettes], pur ce que plus bel seit
dans ib. LXXVII
Et li aidez, et pur seignur tenez
dans ib. XXVI
Je ne lerreie por tot l'or que Deus fist, Que ne lui die....
dans ib. XXXIV
Ne lui faldront pur mort ne pur destreit
dans ib. CCXLVIII
4
XIIe s.
Pour moi [en place de moi] n'iras tu mie
dans Roncisv. p. 15
Por ce qu'après sa mort on en puisse parler
dans ib. p. 197
Por verdure ne por prée Nulle chançon ne m'agrée, S'el ne vient de fine amor
dans Couci, I
Mout fait l'amours que vilaine, Qui comence por faillir
dans Couci, IV
Se fins amis [amant honnête].... Doit joie avoir por servir [parce qu'il sert] leaument
dans ib. VII
Ha ! douce riens cruels, tant mar [je] vous vi, Quant pour ma mort naquistes sanz merci
dans ib. IX
Puiz que mes cuers [mon coeur] ne s'er veut revenir, De vous, dame, pour qui il m'a guerpi
dans ib.
Pour vostre honeur et pour Dieu je vous pri....
dans ib.
Se nus [nul] morist [mourut] pour avoir [parce qu'il avait] cuer dolant
dans ib. XXII
Diex ! quant crieront outrée, Sire, aidez à pelerin, Por qui [je] sui espouvantée ; Car felon sont Sarazin
dans Dame de Faiel, dans Couci
5
XIIIe s.
Pour quatre qu'ils estoient en l'ost, estoient il en la cité dui cent
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans LXXIV
Envoiez pour Tibert [envoyez chercher Tibert]
dans Berte, XI
S'en vont vesque et abbé pour le lit beneïr
dans ib. XII
Dame Diex, qui en croi fu pour nous estendus
dans ib. XXIV
[Elle] Ne briseroit son veu pour [dût-elle] soufrir discepline
dans ib. LVI
Ce n'estoit pas merveille se on la [Berte] desiroit Pour [en raison] les bones nouveles que chascuns en disoit Et pour le bel miracle que Diex i demonstroit
dans ib. CXXXV
Jà n'averai richesses, por qu'aient [pour qu'ils aient] povreté
dans ib. CXXXII
Li hospitaus de chaiens [céans] est de si très grant carité qu'onques nus malades n'i fali à son desir, se on le pot avoir pour or ne pour argent
dans Chr. de Rains, 108
N'onques nus [nul] n'osa là remaindre ; Tuit s'enfoïrent por la pluie
dans la Rose, 6521
C'est Biau-Semblant, qui ne consent à nul amant qu'il se repente D'amors servir, por mal qu'il sente
dans ib. 1854
6
XIVe s.
Aucune foiz, quant il les cuide mouvoir à dextre, il tournent, pour la maladie, à senestre
de Nicolas ORESME dans Eth. 31
7
XVe s.
Encore se confioient plus les Anglois en ceux que vous ai nommés, qu'ils ne faisoient ens Espaignols, et pour cause
de Jean FROISSART dans II, III, 85
Louis de Baviere, empereur de Rome pour le temps
de Jean FROISSART dans I, I, 74
Nous menons femmes en notre compagnie et avons mené, qui ne demandent que le sejour ; et, pour un jour qu'elles cheminent, elles en veulent reposer quinze
de Jean FROISSART dans II, III, 82
Pour ce, si Jean Lyon fust mort, ne se briserent mie adoncques les convenances que cils de Gand avoient à cils de Bruges
de Jean FROISSART dans II, II, 55
Ils vinrent à Paris là où le roi estoit ; et lui livrerent le comte de Montfort pour prisonnier
de Jean FROISSART dans I, I, 157
Quant je fus pour monter à cheval
dans Jeh. de Saint. ch. 30
Car, par ung seul semblant monstrer En riens d'en estre desplaisans, C'eust esté pour faire parler Les jalous et les mesdisans
de Charles D'ORLÉANS dans Complainte
Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?
dans Bouciq. II, 23
Et pour quelque bruyt qu'il y eust en l'ost, il ne s'estoit point voulu bouger
de Philippe de COMMINES dans IV, 10
Ayant moins de crainte que je n'euz jamais, pour la jeunesse en quoy j'estoye, et que je n'avoie nulle congnoissance de peril
de Philippe de COMMINES dans I, 3
Et se prenoit ung escu pour pipe de vin qui passoit parmy les limites
de Philippe de COMMINES dans III, 11
Homme sans foy s'il voyoit son profit pour la rompre
de Philippe de COMMINES dans VII, 2
Et y mourut ce jeune et vaillant chevalier pour estre mal armé
de Philippe de COMMINES dans I, 3
Et semble que tout soit pour eux
de François de Montcorbier, dit VILLON dans Baillev. et Malep.
8
XVIe s.
Et, pour remede qu'on luy feist, ne trova allegement quelconque
de François RABELAIS dans Pant. II, 28
Ainsy mourra il sans regret, laissant homme pour homme
de François RABELAIS dans ib. III, 26
Pour grand qu'il soit
de Michel de MONTAIGNE dans I, 51
Son maistre, pour luy avoir veu prendre un si honnorable party, le reçeut en grace
de Michel de MONTAIGNE dans I, 2
Je serois pour me rendre plus naturellement à la compassion qu'à l'estimation
de Michel de MONTAIGNE dans I, 2
Seroit ce que, pour ne l'admirer point [la hardiesse], il [Alexandre] la respectast moins ?
de Michel de MONTAIGNE dans I, 5
L'effort d'un desplaisir, pour estre extreme, doibt....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 7
Se descouper pour tesmoignage de dueil
de Michel de MONTAIGNE dans I, 14
Accorder trefve pour quelques jours
de Michel de MONTAIGNE dans I, 23
Pour le coup
de Michel de MONTAIGNE dans I, 24
Se tenir pour surmonté [battu]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 24
N'ayant pu prendre la ville, pour la prouesse des habitants
de Michel de MONTAIGNE dans ib.
Un roi ? c'est un pastre pour eulx [les philosophes]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 140
Il est condamné pour faulx prophete
de Michel de MONTAIGNE dans I, 238
Cette raison n'est pas pour estre oubliée
de Michel de MONTAIGNE dans II, 291
La servitude ne leur est jamais de goust, pour si bien qu'on l'accoustre
de Étienne de LA BOÉTIE dans 44
Ils estimerent son coeur trop foible pour un fait si hault
de Étienne de LA BOÉTIE dans 45
Il faut qu'ils laissent leur goust pour le sien
de Étienne de LA BOÉTIE dans 67
....Pour si grand nombre qu'il y en ait....
de Étienne de LA BOÉTIE dans 44
Les roys pour estre roys ne laissent pas d'estre hommes
dans Sat. Mén. p. 139
édit. 1611. Ilz ne se lassoient jamais, pour quelque travail qu'ilz prissent
de Jacques AMYOT dans Thésée, 6
Fabius, qui avoit bien preveu le danger auquel ilz estoient pour tumber....
de Jacques AMYOT dans Fab. 25
Aussi n'y a-il pas un en la compagnie, pour accablé qu'il fust des miseres et calamitez passées, qui.... ne se remist et reprinst coeur
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Hist. II, 250
Il a bien appris à dire toutes les admirations, comme Jesus.... c'est pour en mourir
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Conf. II, 1
Ne s'y estant presentée une seule occasion de combattre, pour perilleuse qu'elle fust, où il ne se soit trouvé
de Vincent CARLOIX dans II, 14
Il y avoit six commissaires de l'artillerie, et dix-huit canonniers, chacun pour le plus expert
de Vincent CARLOIX dans VII, 9
....Et si pour [malgré] tout cela le malade vouloit dormir, on luy fera des frictions après
de Ambroise PARÉ dans XXIV, 24
....Et que grandeur pour grandeur, si le prince d'Espagne....
de CASTELNAU dans 181
Car pour estre [fussé-je] cent ans auprès de ma maistresse, Cent ans me sont trop cours, et ne m'en puis aller
de Pierre de RONSARD dans 145
Mais pour courir, le soin ne laisse pas D'accompagner tes miserables pas
de Pierre de RONSARD dans 400
Mais tout paisible et coy Tu vivras dans les bois pour la Muse et pour toy
de Pierre de RONSARD dans 894

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, po, por ; bourguig. po, pôr ; mâconnais, pre ; picard, por ; espagn. et portug. por ; du lat. pro.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Ajoutez :
Pour suivi de jusqu'à, signifiant de quoi aller jusqu'à.
En voilà pour jusqu'à la fin d'octobre
dans le National, 14 août 1876, 2e page, 2e col.
Rien n'empêche de dire pour jusqu'à, comme dans les cas rares, il est vrai, où l'on fait régir une préposition par une autre.
2
Ajoutez :
Saint-Simon n'est pas le seul qui ait parlé du pour.
En voici des exemples dans deux auteurs plus anciens : MM. les ambassadeurs qui sont à Paris ont une prétention de laquelle nous n'avions pas encore ouï parler ; ils veulent qu'en voyage on leur donne le pour
de DANGEAU dans t. VI, p. 403
Cent mille écus et le pour que l'on demandait pour M. de la Rochefoucauld
de Jean-François Paul de Gondi, cardinal de RETZ dans Mém. t. IV, p. 235, éd. Feillet et Gourdault.
Cet exemple, rapproché de celui de Saint-Simon, montre que le pour était ancien à la cour. La note suivante, que l'éditeur des Mémoires de Retz a jointe, jette quelque jour sur cette distinction : " On voit dans les Mémoires de la Rochefoucauld qu'on demandait pour lui un brevet pareil à celui de MM. de Bouillon et de Guemené pour le rang de leurs maisons. " Il semble résulter de là que le pour ne se donnait qu'aux plus grandes maisons.
3
Ajoutez :
3. Pour tout l'effort qu'il fasse, s'est dit au sens de : quelque effort qu'il fasse.
Pour tout l'effort qu'il fasse à me dompter
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Élég. I

Synonymes de POUR

Phonétiquement proche de POUR