L'oeuvre Pensées de Blaise PASCAL

Ecrit par Blaise PASCAL

Date : 1669

Citations de "Pensées"

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OCCUPERIls [les hommes, s'ils n'avaient pas les affaires de la vie] se verraient, ils penseraient à ce qu'ils sont, d'où ils viennent, où ils vont ; et ainsi on ne peut trop les occuper et les détourner
OEILTout ce qui est au monde est concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie
OEILArchimède.... n'a pas donné des batailles pour les yeux, mais il a fourni à tous les esprits ses inventions
OEILQu'il est beau de voir, par les yeux de la foi, Darius, Cyrus, Alexandre, les Romains, Pompée et Hérode agir, sans le savoir, pour la gloire de l'Évangile !
OEILOh ! qu'il [Jésus-Christ] est venu en grande pompe et en une prodigieuse magnificence, aux yeux du coeur et qui voient la sagesse !
OEUVREOeuvres extérieures : il n'y a rien de si périlleux que ce qui plaît à Dieu et aux hommes
OISEAUEh ! quoi ! ne dites-vous pas vous-même que le ciel et les oiseaux prouvent Dieu ? non, car encore que cela est vrai en un sens pour quelques âmes à qui Dieu donne cette lumière, néanmoins cela est faux à l'égard de la plupart
OMISSIONL'omission d'un principe mène à l'erreur ; ainsi il faut avoir la vue bien nette pour voir tous les principes
OPINIONToute opinion peut être préférable à la vie, dont l'amour paraît si fort et si naturel
OPINIONL'empire fondé sur l'opinion et l'imagination règne quelque temps, et cet empire est doux et volontaire ; celui de la force règne toujours ; aussi l'opinion est comme la reine du monde, mais la force en est le tyran
OPINIONLes opinions relâchées plaisent tant aux hommes, qu'il est étrange que les leurs [des jésuites] déplaisent
OPPOSITIONCes oppositions que nous avons à Dieu et à notre propre bien
OPPRESSIONDieu parle dans les dernières oppressions ; si le refroidissement de la charité laisse l'Église presque sans vrais adorateurs, les miracles en exciteront
ORDINAIRECe que peut la vertu d'un homme ne se doit pas mesurer par ses efforts, mais par son ordinaire
ORDRELe coeur a son ordre, l'esprit a le sien, qui est par principes et démonstrations, le coeur en a un autre ; on ne prouve pas qu'on doit être aimé, en exposant d'ordre les causes de l'amour
ORDREL'ordre de Dieu ; il ne faut adorer que son ordre
ORDREL'éclat des grandeurs.... la grandeur des gens d'esprit.... la grandeur de la sagesse qui n'est nulle part sinon en Dieu.... ce sont trois ordres différents en genres
ORDREEn exposant d'ordre les causes de l'amour
ORDUREQue le coeur de l'homme est creux et plein d'ordure !
ORGUEOn croit toucher des orgues ordinaires en touchant l'homme ; ce sont des orgues à la vérité, mais bizarres, changeantes, variables ; ceux qui ne savent toucher que les ordinaires ne seraient pas d'accord sur celles-là ; il faut savoir où sont les tuyaux
ORGUEILTout ce qui est au monde ou concupiscence de la chair, ou concupiscence des yeux, ou orgueil de la vie
ORIENTLes six âges, les six pères des six âges, les six merveilles de l'entrée des six âges, les six orients à l'entrée des six âges
ORIGINAL, ALEÀ mesure qu'on a plus d'esprit, on trouve qu'il y a plus d'hommes originaux
ORIGINAL, ALEQuelle vanité que la peinture qui attire l'admiration par la ressemblance des choses dont on n'admire pas les originaux !
ORIGINELa coutume de voir les rois accompagnés de gardes, de tambours, d'officiers.... imprime le respect et la terreur.... et le monde, qui ne sait pas que cet effet a son origine dans cette coutume, croit qu'il vient d'une force naturelle
ORIGINEL, ELLELe péché originel est une folie devant les hommes ; mais on le donne pour tel ; vous ne me devez pas reprocher le défaut de raison en cette doctrine, puisque je la donne pour être sans raison
ÔTÉ, ÉECe vilain fond de l'homme [la personnalité] n'est que couvert, il n'est pas ôté
ÔTERLes hommes n'ont.... ni force pour le posséder [un bien] ; il en est de même de la science, car la maladie l'ôte
OUBLIEREn écrivant ma pensée, elle m'échappe quelquefois ; mais cela me fait souvenir de ma faiblesse, que j'oublie à toute heure ; ce qui m'instruit autant que ma pensée oubliée, car je ne tends qu'à connaître mon néant
OUTREDans la vue de ces infinis, tous les finis sont égaux.... si l'homme s'étudiait le premier, il verrait combien il est incapable de passer outre ; comment se pourrait-il qu'une partie connût le tout ?
OUVRAGEJe ne puis juger de mon ouvrage en le faisant ; il faut que je fasse comme les peintres, et que je m'en éloigne, mais non pas trop
OUVRIER, IÈREÉgaler les fêtes aux jours ouvriers
OUVRIR....Comme s'ils pouvaient anéantir l'éternité.... cependant cette éternité subsiste ; et la mort, qui la doit ouvrir....
PAÏEN, ENNELa religion païenne est sans fondement
PAÏEN, ENNELa conversion des païens n'était réservée qu'à la grâce du Messie ; les Juifs ont été si longtemps à les combattre sans succès
PAIXNe pouvant fortifier la justice, on a justifié la force, afin que le juste et le fort fussent ensemble, et que la paix fût, qui est le souverain bien
PAIXAvant lui [Jésus], le monde vivait dans une fausse paix
PANProphéties : le grand Pan est mort
PAPEOn aime la sûreté ; on aime que le pape soit infaillible dans la foi, et que les docteurs graves le soient dans les moeurs
PAPIERIl faut voir cela en détail, il faut mettre papiers sur table
PAPISTEL'unité et la multitude : erreur à exclure l'une des deux comme font les papistes qui excluent toute la multitude, ou les huguenots qui excluent l'unité
PARADOXEConnaissez donc, superbe, quel paradoxe vous êtes à vous-même ; humiliez-vous, raison superbe ; taisez-vous, nature imbécile
PARAÎTRENous ne nous contentons pas de la vie que nous avons en nous et en notre propre être : nous voulons vivre dans l'idée des autres d'une vie imaginaire, et nous nous efforçons pour cela de paraître
PARESSEL'orgueil ou la paresse, qui sont les deux sources de tous les vices
PARIERIl se joue un jeu, à l'extrémité de cette distance infinie [infini qui nous sépare de Dieu], où il arrivera croix ou pile [que Dieu est ou n'est pas] ; que gagerez-vous ?... encore que celui qui prend croix et l'autre soient en pareille faute, ils sont tous deux en faute : le juste est de ne point parier. - Oui, mais il faut parier, cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué ; lequel prendrez-vous donc ?
PARIERVoyez-le entrer dans un sermon où il apporte un zèle tout dévot.... que le prédicateur vienne à paraître : si.... son barbier l'a mal rasé.... je parie la perte de la gravité de notre sénateur
PARISIl y a des lieux où il faut appeler Paris Paris, et d'autres où il le faut appeler capitale du royaume
PARLERIl y en a qui parlent bien et qui n'écrivent pas bien ; c'est que le lieu, l'assistance les échauffent, et tirent de leur esprit plus qu'ils n'y trouvent sans cette chaleur
PARLERSi un animal.... parlait par esprit ce qu'il parle par instinct, pour la chasse et pour avertir ses camarades que la proie est trouvée ou perdue
PAROLEQuand la parole de Dieu, qui est véritable, est fausse littéralement, elle est vraie spirituellement
PAROLEUn même sens change selon les paroles qui l'expriment ; les sens reçoivent des paroles leur dignité, au lieu de la leur donner
PARTLe Dieu des chrétiens ne consiste pas en un Dieu simplement auteur des vérités géométriques et de l'ordre des éléments ; c'est la part des païens et des épicuriens
PARTC'est [le monde] une sphère infinie, dont le centre est partout, la circonférence nulle part
PARTI, IEIl y a ici [dans le pari entre l'affirmation et la négation de la religion] une infinité de vie infiniment heureuse à gagner, un hasard de gain contre un nombre fini de hasards de perte, et ce que vous jouez est fini ; cela est tout parti.... il n'y a point à balancer
PARTIS'il y a autant de hasards d'un côté que de l'autre, le parti est à jouer égal contre égal
PARTICIPATIONElle [la religion] apprend aux justes, qu'elle élève jusqu'à la participation de la Divinité même, qu'en ce sublime état ils portent encore la source de toute la corruption....
PARTICULARISERIl faut particulariser cette proposition générale
PARTIEPremière partie [du livre projeté par Pascal] : misère de l'homme sans Dieu ; seconde partie : félicité de l'homme avec Dieu ; autrement, première partie : que la nature est corrompue ; par la nature même ; seconde partie : qu'il y a un réparateur ; par l'Écriture
PASNous ne voulons pas que les autres nous trompent.... il n'est donc pas juste aussi que nous les trompions
PASSANT, ANTEUn homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants, si je passe par là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir ?
PASSEC'est un grand avantage que la qualité, qui, dès dix-huit ou vingt ans, met un homme en passe, connu et respecté comme un autre pourrait avoir mérité à cinquante ans : c'est trente ans gagnés sans peine
PASSÉNous rappelons le passé, pour l'arrêter comme trop prompt
PASSERCe sont choses.... qui passent notre capacité présente
PASSERLa moitié de la vie se passant en sommeil
PASSIONEn sachant la passion dominante de chacun, on est sûr de lui plaire
PATIENCEQui attendaient en patience le Christ promis
PATRIEChacun songe comment il s'acquittera de sa condition ; mais, pour le choix de la condition et de la patrie, le sort nous le donne
PAUMEQu'on ne dise pas que je n'ai rien dit de nouveau ; la disposition des matières est nouvelle ; quand on joue à la paume, c'est une même balle dont on joue l'un et l'autre, mais l'un la place mieux
PAUVRETÉJ'aime la pauvreté, parce que Jésus-Christ l'a aimée
PAYSDes pays sont tous de maçons, d'autres tous de soldats
PÉCHÉIl [Jésus-Christ] a adopté nos péchés, et nous a admis à son alliance ; car les vertus lui sont propres, et les péchés étrangers ; et les vertus nous sont étrangères, et nos péchés nous sont propres
PÉCHÉChose étonnante, que le mystère le plus éloigné de notre connaissance, qui est celui de la transmission du péché, soit une chose sans laquelle nous ne pouvons avoir aucune connaissance de nous-mêmes !
PÉCHEUR, PÉCHERESSEIl n'y a que deux sortes d'hommes : les uns, justes, qui se croient pécheurs ; les autres, pécheurs, qui se croient justes
PÉDANTOn ne s'imagine Platon et Aristote qu'avec de grandes robes de pédants ; c'étaient des gens honnêtes et, comme les autres, riant avec leurs amis
PEINDRELe sot projet qu'il [Montaigne] a de se peindre !
PEINELa seule comparaison que nous faisons de nous au fini fait peine
PEINEIl est vrai qu'il y a de la peine en entrant dans la piété ; mais cette peine ne vient pas de la piété qui commence d'être en nous, mais de l'impiété qui y est encore
PEINTUREL'éloquence est une peinture de la pensée
PÉLAGIEN, GIENNELa grâce sera toujours dans le monde (et aussi la nature).... et ainsi il y aura toujours des pélagiens, et toujours des catholiques, et toujours combat
PÉNIBLESi nos sens ne s'opposaient pas à la pénitence.... il n'y aurait en cela rien de pénible pour nous
PÉNITENCEDieu absout aussitôt qu'il voit la pénitence dans le coeur ; l'Église, quand elle la voit dans les oeuvres
PÉNITENCELes pénitences extérieures disposent à l'intérieur, comme les humiliations à l'humilité
PENSANT, ANTEL'homme n'est qu un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant
PENSÉEIl faut avoir une pensée de derrière, et juger de tout par là, en parlant cependant comme le peuple
PENSÉEToute notre dignité consiste en la pensée
PENSERTravaillons à bien penser ; voilà le principe de la morale
PENSERQui pensera demeurer neutre....
PENSERQuand nous voulons penser à Dieu, n'y a-t-il rien qui nous détourne, nous tente de penser ailleurs ?
PENSERIls croient être convertis, dès qu'ils pensent à se convertir
PENTEIl faut tendre au général, et la pente vers soi est le commencement de tout désordre
PERCEPTIBLENotre corps, qui tantôt n'était pas perceptible dans l'univers
PERDREC'est le plus grand caractère sensible de la toute-puissance de Dieu que notre imagination se perde dans cette pensée
PÉRILLEUX, EUSEOeuvres extérieures : il n'y a rien de si périlleux que ce qui plaît à Dieu et aux hommes
PERPÉTUITÉLes trois marques de la religion : la perpétuité, la bonne vie, les miracles
PERSÉCUTIONIl y a plaisir d'être dans un vaisseau battu de l'orage, lorsqu'on est assuré qu'il ne périra point ; les persécutions qui travaillent l'Église sont de cette nature
PERSÉCUTIONLe silence est la plus grande persécution ; jamais les saints ne se sont tus
PERSONNECe qui forme le bonheur des personnes de grande condition....
PERSONNEIl n'y a personne raisonnable qui puisse parler de la sorte
PERSPECTIVEIl n'y a qu'un point indivisible qui soit le véritable lieu [pour voir un tableau].... la perspective l'assigne dans l'art de la peinture
PERSUADÉ, ÉEOn n'a qu'à voir leurs livres [des pyrrhoniens], si l'on n'en est pas assez persuadé [de l'incertitude des choses] ; on le deviendra bien vite et peut-être trop
PERSUADEROn se persuade mieux, pour l'ordinaire, par les raisons qu'on a soi-même trouvées, que par celles qui sont venues dans l'esprit des autres
PETITESSEL'infinité en petitesse
PEUPeu de chose nous console, parce que peu de chose nous afflige
PEUPLEIl est dangereux de dire au peuple que les lois ne sont pas justes ; car il n'y obéit ou à cause qu'il les croit justes
PEUPLETandis que les prophètes ont été pour maintenir la loi, le peuple a été négligent ; mais, depuis qu'il n'a plus eu de prophètes, le zèle a succédé
PEUPLEDieu voulant se former un peuple saint qu'il séparerait de toutes les autres nations
PEUPLELe peuple raisonne ordinairement ainsi : une chose est possible, donc elle est
PHARISIEN[Devant les miracles de Jésus] L'incrédulité des pharisiens est l'effet d'un endurcissement surnaturel
PHILOSOPHENulle religion que la nôtre n'a enseigné que l'homme naît en péché, nulle secte de philosophes ne l'a dit ; nulle n'a donc dit vrai
PHILOSOPHEVoilà tout ce que les hommes ont pu inventer pour se rendre heureux [les divertissements] ; et ceux qui font sur cela les philosophes.... ne connaissent guère notre nature
PHILOSOPHEQuand ils [Platon et Aristote] se sont divertis à faire leurs Lois et leur Politique, ils l'ont fait en se jouant ; c'était la partie la moins philosophe et la moins sérieuse de leur vie ; la plus philosophe était de vivre simplement et tranquillement
PHILOSOPHERSe moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher
PHILOSOPHIEIl faut dire en gros : cela se fait par figure et mouvement.... mais de dire quels.... cela est ridicule... et, quand cela serait vrai, nous n'estimons que toute la philosophie vaille une heure de peine
PHYSIONOMIEOn ne peut faire une bonne physionomie qu'en accordant toutes nos contrariétés
PIÈCENos deux pièces, l'esprit et l'automate
PIEDS'ils [les grands hommes] sont plus grands que nous, c'est qu'ils ont la tête plus élevée ; mais ils ont les pieds aussi bas que les nôtres
PIÉTÉOn ne peut excuser ses sentiments [de Montaigne] tout païens sur la mort ; car il faut renoncer à toute piété, si on ne veut au moins mourir chrétiennement
PIGNONCertains auteurs, parlant de leurs ouvrages, disent : mon livre : ils sentent leurs bourgeois qui ont pignon sur rue, et toujours un chez moi à la bouche
PIPERLe présent ne nous satisfaisant jamais, l'espérance nous pipe
PIPERCe n'est pas l'amusement seul qu'il [le joueur] recherche.... il faut qu'il s'y échauffe et se pipe lui-même....
PIPERIELes sens abusent la raison par de fausses apparences ; et cette même piperie qu'ils apportent à la raison, ils la reçoivent d'elle à leur tour ; elle s'en revanche
PIQUEROn n'apprend pas aux hommes à être honnêtes hommes [hommes comme il faut] ; et ils ne se piquent jamais tant de savoir rien du reste, comme d'être honnêtes hommes
PLACEMien, tien : c'est là ma place ou soleil ; voilà le commencement et l'image de l'usurpation de toute la terre
PLACEC'est une chose étrange qu'il n'y ait rien dans la nature qui n'ait été capable de lui [à l'homme] en tenir la place [de Dieu] : astres, ciel, terre, élément, plantes, choux....
PLACERQu'on ne dise pas que je n'ai rien dit de nouveau ; la disposition des matières est nouvelle ; quand on joue à la paume, c'est une même balle dont on joue l'un et l'autre ; mais l'un la place mieux
PLAIEIl me semble que Jésus-Christ ne laissa toucher que ses plaies après sa résurrection : il ne faut nous unir qu'à ses souffrances
PLAINDREPlaindre les malheureux n'est pas contre la concupiscence [l'ensemble des mauvais penchants] ; au contraire, on est bien aise d'avoir à rendre ce témoignage d'amitié, et à s'attirer la réputation de tendresse sans rien donner
PLAIREEn sachant la passion dominante de chacun, on est sûr de lui plaire
PLAIREQue Dieu ne se plaisait pas aux temples faits de main, mais en un coeur pur et humilié
PLAISANT, ANTENous sommes plaisants de nous reposer dans la société de nos semblables, misérables comme nous, impuissants comme nous
PLAISIRIl y a plaisir d'être dans un vaisseau battu de l'orage, lorsqu'on est assuré qu'il ne périra pas
PLAISIRTous nos plaisirs ne sont que vanité
PLAISIRIl n'est pas honteux pour l'homme de succomber sous la douleur, et il est honteux de succomber sous le plaisir
PLANTÉ, ÉE[Si l'homme connaissait la véritable justice] on la verrait plantée par tous les états du monde et dans tous les temps
PLEIN, EINEC'est sans doute un mal que d'être plein de défauts ; mais c'est encore un plus grand mal que d'en être plein, et de ne point vouloir les reconnaître, puisque c'est y ajouter encore celui d'une illusion volontaire
PLEIN, EINERien L'est plus insupportable à l'homme que d'être en plein repos, sans passion, sans affaire....
PLEIN, EINEQui voudra connaître à plein la vanité de l'homme
PLEINEMENTJamais on ne fait le mal si pleinement et si gaiement, que quand on le fait par un faux principe de conscience
PLIÉ, ÉECela vient de ce que l'esprit de l'homme se trouvant plié de ce côté-là par la vérité, devient susceptible par là de toutes les faussetés
PLOYABLEIl faudrait avoir une règle ; la raison s'offre ; mais elle est ployable à tous sens ; et ainsi il n'y en a point
PLOYERLa coutume de voir les rois accompagnés de gardes, de tambours, d'officiers et de toutes les choses qui ploient la machine vers le respect et la terreur
PLURALITÉL'extrême esprit est accusé de folie, comme l'extrême défaut ; rien que la médiocrité n'est bon ; c'est la pluralité qui a établi cela, et qui mord quiconque s'en échappe
POINTDans les choses matérielles, nous appelons un point indivisible celui au delà duquel nos sens n'aperçoivent plus rien
POINTIl faut avoir un point fixe pour en juger [si l'on est dans le dérèglement ou dans l'ordre] ; le port juge ceux qui sont dans le vaisseau ; mais où prendrons-nous un point dans la morale ?
POINTQui aurait trouvé le secret de se réjouir du bien sans se fâcher du mal contraire, aurait trouvé le point
POINTComme il n'y aura plus de malheurs pour ceux qui avaient une entière assurance de l'éternité, il n'y a point aussi de bonheur pour ceux qui n'en ont aucune lumière
POINTPour défendre le bien public, plusieurs le font ; mais pour la religion, point
POINTELa justice et la vérité sont deux pointes si subtiles, que nos instruments sont trop émoussés pour y toucher exactement
POLICELa pente vers soi est le commencement de tout désordre, en guerre, en police, en économie
POLITIQUES'ils [Platon et Aristote] ont écrit de politique, c'était comme pour régler un hôpital de fous
POLTRON, ONNENous voulons vivre dans l'idée des autres d'une vie imaginaire.... nous serions volontiers poltrons pour acquérir la réputation d'être vaillants
POMMEHomère fait un roman qu'il donne pour tel ; car personne ne doutait que Troie et Agamemnon n'avaient non plus été que la pomme d'or
PORTEIl est nécessaire qu'il y ait de l'inégalité parmi les hommes, cela est vrai ; mais, cela étant accordé, voilà la porte ouverte non seulement à la plus haute domination, mais à la plus haute tyrannie
PORTÉEConnaissons donc notre portée
PORTERUn portrait porte absence et présence, plaisir et déplaisir ; la réalité exclut absence et déplaisir
PORTIONLe Dieu des chrétiens ne consiste pas seulement en un dieu qui exerce sa providence sur la vie et sur le bien des hommes pour donner une heureuse suite d'années à ceux qui l'adorent ; c'est la portion des Juifs
POSSÉDERC'est une chose horrible de sentir s'écouler tout ce qu'on possède
POSSÉDERSi cette religion se vantait d'avoir une vue claire de Dieu, et de le posséder à découvert et sans voile
POULEUne poule ne fait-elle pas des oeufs sans coq ?
POULIEIl ne faut pas le bruit d'un canon pour empêcher ses pensées [d'un homme], il ne faut que le bruit d'une girouette ou d'une poulie
POURQuelque terme où nous pensions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte ; et, si nous le suivons, il échappe à nos prises, nous glisse et fuit d'une fuite éternelle ; rien ne s'arrête pour nous
POURJe n'admire point l'excès d'une vertu, si je ne vois en même temps l'excès de la vertu opposée.... on ne montre pas sa grandeur pour être à une extrémité, mais bien en touchant les deux à la fois, et remplissant tout l'entre-deux
POURQUOIQuand....je considère le petit espace que je remplis.... je m'effraye, et m'étonne de me voir ici plutôt que là ; car il n'y a point de raison pourquoi ici plutôt que là, pourquoi à présent plutôt que lors
POURQUOIPourquoi suit-on la pluralité ? est-ce à cause qu'ils ont plus de raison ? non, mais plus de force
PRÉADAMITEExtravagances des apocalyptiques et préadamites millénaires, etc.
PRÉCIPICELe plus grand philosophe du monde, sur une planche plus large qu'il ne faut, s'il y a au-dessous un précipice, quoique sa raison le convainque de sa sûreté, son imagination prévaudra
PRÉCIPICENous courons sans souci dans le précipice, après que nous avons mis quelque chose devant nous pour nous empêcher de le voir
PRÉCIPITERS'ils [les hommes] reconnaissaient l'infirmité de la nature, ils en ignoraient la dignité ; de sorte qu'ils pouvaient bien éviter la vanité, mais c'était en se précipitant dans le désespoir
PRÉDESTINATIONDieu sans pouvoir sur la volonté des hommes ! une prédestination sans mystère !
PRÉDICTIONPrédictions des choses particulières
PRÉDIREDieu, n'ayant pas voulu découvrir ces choses [l'Évangile] à ce peuple [les Juifs], qui en était indigne, et ayant voulu néanmoins les prédire afin qu'elles fussent crues
PRÉDISANT, ANTELes prophètes ont prédit, et n'ont pas été prédits ; les saints ensuite sont prédits, mais non prédisants
PRÉDIT, ITELe monde ayant vieilli dans ses erreurs charnelles, Jésus-Christ est venu dans le temps prédit, mais non pas dans l'éclat attendu
PRÉFACEPréface de la seconde partie : parler de ceux qui ont traité de cette matière [qu'il y a un réparateur]
PREMIER, IÈRELa dernière chose qu'on trouve en faisant un ouvrage est de savoir celle qu'il faut mettre la première
PRENDREQuand on veut poursuivre les vertus jusqu'aux extrêmes.... on se prend à la perfection même
PRÉOCCUPERL'Église, autorisée par les miracles qui ont préoccupé la créance
PRÉSAGERIls disent que les éclipses présagent malheur
PRÉSENCEL'hérésie d'aujourd'hui, ne concevant pas que ce sacrement contient tout ensemble et la présence de Jésus-Christ et sa figure, et qu'il soit sacrifice et commémoration de sacrifice....
PRÉSENT, ENTENotre imagination nous grossit si fort le temps présent.... et amoindrit tellement l'éternité.... que nous faisons de l'éternité un néant, et du néant une éternité
PRÉSENT, ENTELe présent n'est jamais notre fin ; le passé et le présent sont nos moyens ; l'avenir est notre fin
PRÉSENTEMENTPrésentement que le temps a éclairci les choses, cela paraît véritablement ainsi
PRÉSIDENTQu'est-ce autre chose d'être surintendant, chancelier, premier président, sinon d'être en une condition où l'on a dès le matin un grand nombre de gens qui viennent de tous côtés pour ne leur laisser pas une heure en la journée où ils puissent penser à eux-mêmes ?
PRÉSOMPTUEUX, EUSENous sommes si présomptueux, que nous voudrions être connus de toute la terre et même des gens qui viendront quand nous ne serons plus
PRESSEIls se cachent dans la presse et appellent le nombre à leur secours
PRÊT, ÊTECeux qui seraient prêts à consentir au mensonge
PRÊT, ÊTEIl est injuste qu'on s'attache à moi.... je ne suis la fin de personne.... ne suis je pas prêt à mourir ?
PRÉTENDREIl est arrivé à peu de personnes de prétendre connaître toutes choses : je vais parler de tout, disait Démocrite
PREUVEOn trouve toujours obscure la chose qu'on veut prouver, et claire celle qu'on emploie à la preuve
PRÉVENIRSi l'on considère son ouvrage incontinent après l'avoir fait, on en est encore tout prévenu
PRÉVENTIONLa prévention induisant en erreur
PRIÈREPourquoi Dieu a établi la prière. Pour communiquer à ses créatures la dignité de la causalité ; pour nous apprendre de qui nous tenons la vertu ; pour nous faire mériter les autres vertus par le travail ; mais, pour se conserver la prière, Dieu donne la prière à qui il lui plaît
PRINCEUn prince sera la fable de toute l'Europe, et lui seul n'en saura rien....ceux qui vivent avec les princes aiment mieux leurs intérêts que celui du prince qu'ils servent, et ainsi ils n'ont garde de lui procurer un avantage en se nuisant à eux-mêmes
PRINCELe prince de ce monde
PRINCIPECes titres si ordinaires : des Principes des choses, des Principes de la philosophie, et titres semblables aussi fastueux en effet, quoique non en apparence, que cet autre qui crève les yeux : De omnire scibili
PRINCIPENous avons un autre principe d'erreur, les maladies ; elles nous gâtent le jugement et le sens
PRINCIPEElles [les sciences] sont infinies dans la multitude et la délicatesse de leurs principes ; car qui ne voit que ceux qu'on propose pour les derniers ne se soutiennent pas d'eux-mêmes et qu'ils sont appuyés sur d'autres qui, en ayant d'autres pour appui, ne souffrent jamais de dernier ?
PRINCIPEQu'est-ce que nos principes naturels, sinon nos principes accoutumés ?
PRIS, ISES'ils y pensaient sérieusement, ils verraient que cela [l'incrédulité] est si mal pris, si contraire au bon sens, si opposé à l'honnêteté
PRISEC'est le tracas qui nous divertit ; raison pourquoi on aime mieux la chasse que la prise
PRISEQuelque terme où nous pensions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte ; et, si nous le suivons, il échappe à nos prises, nous glisse et fuit d'une fuite éternelle
PRISONDe là vient [du besoin de distraction] que la prison est un supplice si horrible
PRIVÉ, ÉEL'ennui, de son autorité privée, ne laisserait pas de sortir au fond du coeur....
PRIXQue l'homme s'estime son prix
PRIXQue l'homme, revenu à soi, considère ce qu'il est au prix de ce qui est
PROBABILITÉôtez la probabilité, on ne peut plus plaire au monde ; mettez la probabilité, on ne peut lui déplaire
PROCHEQuand ils sont proche de mourir
PRODIGEquel monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige !
PRODIGIEUX, EUSEL'homme est à lui-même le plus prodigieux objet de la nature
PRODUCTIONJésus-Christ, sans bien et sans aucune production au dehors de science, est dans son ordre de sainteté
PROFESSIONQue s'il [celui qui ne s'inquiète pas d'une autre vie] est avec cela tranquille, qu'il en fasse profession, qu'il en fasse vanité
PROGRÈSTout ce qui se perfectionne par progrès périt aussi par progrès
PROJETLe sot projet qu'il [Montaigne] a de se peindre !
PROMESSELeurs discours [des prophètes] expriment très clairement la promesse de biens temporels, et ils disent néanmoins que leurs discours sont obscurs
PROMESSEDieu ne doit que suivant ses promesses ; il a promis d'accorder la justice aux prières ; jamais il n'a promis les prières qu'aux enfants de la promesse
PROPHÈTEPour montrer que l'Ancien Testament n'est que figuratif, et que les prophètes entendaient par les biens temporels d'autres biens....
PROPHÉTIEPour prouver tout d'un coup les deux Testaments, il ne faut que voir si les prophéties de l'un sont accomplies en l'autre ; pour examiner les prophéties, il faut les entendre ; car, si on croit qu'elles n'ont qu'un sens, il est sûr que le Messie ne sera pas venu ; mais, si elles ont deux sens, il est sûr qu'il sera venu en Jésus Christ
PROPHÉTIEProphéties : le grand Pan est mort
PROPHÉTISÉ, ÉEPourquoi Jésus-Christ prophétise en son premier avénement ; pourquoi prophétisé obscurément en la manière
PROPHÉTISERProphétiser, c'est parler de Dieu, non par preuves du dehors, mais par sentiment intérieur et immédiat
PROPORTIONManque d'avoir contemplé ces infinis [en grandeur et en petitesse], les hommes se sont portés témérairement à la recherche de la nature, comme s'ils avaient quelque proportion avec elle
PROPORTIONQuand un homme serait persuadé que les proportions des nombres sont des vérités immatérielles, éternelles, et dépendantes d'une première vérité en qui elles subsistent et qu'on appelle Dieu
PROPOSERQu'il est difficile de proposer une chose au jugement d'un autre, sans corrompre son jugement par la manière de la lui proposer !
PROPOSERQuand on n'écoute pas la tradition, quand on ne propose plus que le pape, quand on l'a surpris....
PROPOSITIONLes principes se sentent, les propositions se concluent ; et le tout avec certitude, quoique par différentes voies
PROUVERLes exemples qu'on prend pour prouver d'autres choses, si on voulait prouver les exemples, on prendrait les autres choses pour en être les exemples ; car, comme on croit toujours que la difficulté est à ce qu'on veut prouver, on trouve les exemples plus clairs et aidant à le montrer
PROUVERNous avons une impuissance de prouver invincible à tout le dogmatisme ; nous avons une idée de la vérité invincible à tout le pyrrhonisme
PROVINCIAL, ALENul ne dit courtisan que ceux qui ne le sont pas ; pédant, qu'un pédant ; provincial, qu'un provincial
PROVOQUERIls m'ont provoqué à courroux.... et je les provoquerai à jalousie [c'est Dieu qui parle]....
PUISSANCENotre intelligence tient dans l'ordre des choses intelligibles le même rang que notre corps dans l'étendue de la nature ; bornés en tout genre, cet état qui tient le milieu entre deux extrêmes se trouve en toutes nos puissances
PUISSANCELes passions de l'âme troublent les sens... il faut commencer par là le chapitre des puissances trompeuses
PUISSANT, ANTELes biens visibles qu'ils recevaient de Dieu étaient si grands et si divins, qu'il paraissait bien qu'il était puissant de leur donner les invisibles
PURETÉIl y en a peu qui ne sachent que la pureté de la religion est contraire à nos corruptions
PYRRHONIEN, IENNEVoilà la guerre ouverte entre les hommes, où il faut que chacun prenne parti, et se range nécessairement ou au dogmatisme ou au pyrrhonisme ; car qui pensera demeurer neutre, sera pyrrhonien par excellence
PYRRHONIEN, IENNEIl faut avoir ces trois qualités, pyrrhonien, géomètre, chrétien soumis ; et elles s'accordent et se tempèrent, en doutant où il faut, en assurant où il faut, en se soumettant où il faut
PYRRHONISMENous avons une impuissance de prouver invincible à tout le dogmatisme ; nous avons une idée de la vérité invincible à tout le pyrrhonisme
QUALITÉNous ne sentons ni l'extrême chaud, ni l'extrême froid ; les qualités excessives nous sont ennemies, et non pas sensibles
QUALITÉSi on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on, moi ? non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre, moi.... on n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités
QUALITÉC'est un grand avantage que la qualité, qui, dès dix-huit ou vingt ans, met un homme en passe....
QUATRESi les médecins n'avaient des soutanes et des mules, et que les docteurs n'eussent des bonnets carrés et des robes trop amples de quatre parties, jamais ils n'auraient dupé le monde
QUEQue peut-on donc avoir que de l'estime pour une religion qui connaît si bien les défauts de l'homme ?
QUEQue Dieu s'est voulu cacher
QUEIl est impossible de faire une démarche avec sens et jugement, qu'en la réglant par la vue de ce point [l'immortalité de l'âme], qui doit être notre dernier objet
QUEL, QUELLEQu'ils apprennent au moins quelle est la religion qu'ils combattent, avant que de la combattre
QUERELLELe temps guérit les douleurs et les querelles, parce qu'on change, on n'est plus la même personne
QUERELLESe peut-il rien de plus plaisant, qu'un homme ait droit de me tuer parce qu'il demeure au delà de l'eau, et que son prince a querelle contre le mien, quoique je n'en aie aucune avec lui ?
QUIQui ne voit pas la vanité du monde est bien vain lui-même
QUITTERJ'aurais bientôt quitté les plaisirs, disent-ils, si j'avais la foi. Et moi je vous dis : vous auriez bientôt la foi, si vous aviez quitté les plaisirs
QUOIQuand on dit que le chaud n'est que le mouvement de quelques globules.... cela nous étonne ; quoi ? que le plaisir ne soit que le ballet des esprits ?
RABATTRELe pyrrhonisme est le remède à ce mal [les opinions des philosophes], et rabattra cette vanité
RABBINPrincipes des rabbins ; deux Messies
RABBINISMEChronologie du rabbinisme
RACCOURCI, IEJe lui veux peindre [à l'homme] non-seulement l'univers visible, mais l'immensité qu'on peut concevoir de la nature, dans l'enceinte de ce raccourci d'atome [un ciron]
RACELe règne éternel de la race de David
RACELes Suisses s'offensent d'être gentilshommes, et prouvent la roture de race pour être jugés dignes de grands emplois
RACHETERTout l'univers apprend à l'homme, ou qu'il est corrompu, ou qu'il est racheté ; tout lui apprend sa grandeur ou sa misère
RACINEToutes ces dispositions [au mensonge et au déguisement], si éloignées de la justice et de la raison, ont une racine naturelle dans son coeur [de l'homme]
RAISONNotre raison est toujours déçue par l'inconstance des apparences
RAISONQui blâmera les chrétiens de ne pouvoir rendre raison de leur créance, eux qui professent une religion dont ils ne peuvent rendre raison ?
RAISONM. de Roannez disait : les raisons me viennent après ; mais d'abord la chose m'agrée ou me choque sans en savoir la raison, et cependant cela me choque par cette raison que je ne trouve qu'ensuite
RAISONLe coeur a ses raisons, que la raison ne connaît point ; on le sait en mille choses
RAISONNABLEIl n'y a que deux sortes de personnes qu'on puisse appeler raisonnables : ou ceux qui servent Dieu de tout leur coeur.... ou ceux qui le cherchent de tout leur coeur
RAISONNEMENTCeux qui sont accoutumés à juger par le sentiment ne comprennent rien aux choses de raisonnement
RAISONNERPourquoi ne nous fâchons-nous pas si on dit que nous avons mal à la tête, et que nous nous fâchons de ce qu'on dit que nous raisonnons mal ?
RALENTIRUn mouvement, quelque lent qu'il soit, ne peut-il pas être ralenti de moitié, en sorte qu'il parcoure le même espace dans le double de temps ?
RAMASSÉ, ÉELa coutume fait toute l'équité, par cette seule raison qu'elle est reçue.... elle [la loi] est toute ramassée en soi ; elle est loi, et rien davantage
RANGL'homme ne sait à quel rang se mettre ; il est visiblement égaré, et tombé de son vrai lieu sans le pouvoir retrouver
RANGERVoilà la guerre ouverte entre les hommes, où il faut que chacun prenne parti, et se range nécessairement ou au dogmatisme ou au pyrrhonisme
RAPPORTLes parties du monde ont toutes un tel rapport et un tel enchaînement l'une avec l'autre, que je crois impossible de connaître l'une sans l'autre et sans le tout
RAPPORTIl faut.... pour connaître l'air, le voir par où il a rapport à la vie de l'homme
RAPPORTParlons maintenant selon les lumières naturelles : s'il y a un Dieu, il est infiniment incompréhensible, puisque, n'ayant ni parties, ni bornes, il n'a nul rapport à nous
RASERQue le prédicateur vienne à paraître ; si.... et que son barbier l'ait mal rasé
RATIÈRESaint Paul dit lui-même que des gens défendront les mariages, et lui-même en parle aux Corinthiens d'une manière qui est une ratière
RÉALITÉNous avons beau enfler nos conceptions au delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que des atomes, au prix de la réalité des choses
REBUT[L'homme] quel sujet de contradiction, juge de toutes choses, imbécile ver de terre.... gloire et rebut de l'univers !
RÉCEPTIONQue pouvaient faire les Juifs, ses ennemis [de Jésus] ? s'ils le reçoivent, ils le prouvent par leur réception.... et, s'ils le renoncent, ils le prouvent par leur renonciation
RECEVOIRLe conseil qu'on donnait à Pyrrhus de prendre le repos qu'il allait chercher par tant de fatigues, recevait bien des difficultés
RECEVOIRLes Juifs le refusent [Jésus Messie], mais non pas tous, les saints le reçoivent, et non les charnels
RECHERCHENous ne cherchons jamais les choses, mais la recherche des choses
RECHERCHERTous les hommes recherchent d'être heureux
RECOINL'homme, sans lumière, abandonné à lui-même et comme égaré dans ce recoin de l'univers
RECRÉERLa création et le déluge étant passés, et Dieu ne devant plus détruire le monde non plus que le recréer
RÉDEMPTEURLa religion chrétienne, qui consiste proprement au mystère du rédempteur, qui, unissant en lui les deux natures humaine et divine, a retiré les hommes de la corruption du péché pour les réconcilier à Dieu en sa personne divine
RÉDEMPTIONLa foi chrétienne ne va principalement qu'à établir ces deux choses : la corruption de la nature et la rédemption de Jésus-Christ
RÉEL, ELLEIl faut de l'agréable et du réel ; mais il faut que cet agréable soit lui-même pris du vrai
REFUSERJ'aurais refusé également la religion de Mahomet et celle de la Chine.... par cette seule raison que l'une n'ayant pas plus de marques de vérité que l'autre....
REGARDERIl faudrait avoir une raison bien épurée pour regarder comme un autre homme le Grand Seigneur, environné, dans son superbe sérail, de quarante mille janissaires
RÉGÉNÉRERDe là vient qu'autrefois ceux qui avaient été régénérés par le baptême, et qui avaient quitté les vices du monde pour entrer dans la piété de l'Église, retombaient si rarement de l'Église dans le monde
RÈGLERègle : il faut juger de la doctrine par les miracles, il faut juger des miracles par la doctrine ; tout est vrai, mais cela ne se contredit pas
RÈGLELes seules règles universelles sont les lois du pays aux choses ordinaires, et la pluralité aux autres
RÈGLECeux qui jugent d'un ouvrage par règle sont, à l'égard des autres, comme ceux qui ont une montre à l'égard des autres : l'un dit : il y a deux heures ; l'autre dit : il n'y a que trois quarts d'heure ; je regarde ma montre, et je dis....
RÈGLEIl est fâcheux d'être dans l'exception de la règle.... mais néanmoins, comme il est certain qu'il y a des exceptions de la règle, il en faut juger sévèrement, mais justement
RÈGLEMENTCe n'est point de l'espace que je dois chercher ma dignité, mais c'est du règlement de ma pensée
RÉGLERS'ils [Platon et Aristote] ont écrit de politique, c'était comme pour régler un hôpital de fous
RÈGNEIl eût été inutile à notre Seigneur Jésus-Christ, pour éclater dans son règne de sainteté, de venir en roi
RÉGNERIl [Jésus] n'a point donné d'invention [il n'a point été inventeur], il n'a point régné ; mais il a été humble, patient, saint
RELÂCHÉ, ÉELes opinions relâchées plaisent tant aux hommes, qu'il est étrange que les leurs [des jésuites] déplaisent
RELÂCHERIl est nécessaire de relâcher un peu l'esprit
RELEVERToute notre dignité consiste dans la pensée : c'est de là qu'il faut nous relever, non de l'espace et de la durée
RELIGIONJe vois des foisons de religions en plusieurs endroits du monde et dans tous les temps.... j'aurais refusé également la religion de Mahomet, et celle de la Chine, et celle des anciens Romains, et celle des Égyptiens, par cette seule raison que, l'une n'ayant pas plus de marques de vérité que l'autre, la raison ne peut pencher plutôt vers l'une que vers l'autre
REMÈDEC'est en vain, ô hommes, que vous cherchez dans vous-mêmes le remède à vos misères
REMPLIRQuand on propose une chose à prouver, d'abord on se remplit de cette imagination qu'elle est donc obscure, et, au contraire, que celle qui doit la prouver est claire
REMUEMENT ou REMÛMENTC'est le tracas qui nous détourne d'y penser [à nos peines] et nous divertit ; de là vient que les hommes aiment tant le bruit et le remuement
REMUERQuand tout se remue également, rien ne se remue en apparence, comme en un vaisseau
RENIÉ, ÉE[Jésus] trahi par un des siens, renié par l'autre et abandonné par tous
RENONCERQue pouvaient faire les Juifs, ses ennemis [de Jésus] ? s'ils le reçoivent, ils le prouvent par leur réception.... et, s'ils le renoncent, ils le prouvent par leur renonciation
RENVERSÉ, ÉECarrosse versé ou renversé, selon l'intention
RENVERSEMENTRenversement continuel du pour au contre
RENVERSEMENTComme il [Jésus] paraîtra au dernier jour, avec un tel éclat de foudre et un tel renversement de la nature, que les morts ressusciteront et les plus aveugles le verront
RENVERSEMENTIl faut qu'il y ait un étrange renversement dans la nature humaine pour faire gloire d'être....
RÉPARATEUR, TRICEQue la nature est corrompue.... qu'il y a un réparateur
RÉPÉTÉ, ÉEQuand dans un discours se trouvent des mots répétés, et qu'essayant de les corriger on les trouve si propres qu'on gâterait le discours, il les faut laisser
REPOSOn cherche le repos en combattant quelques obstacles ; et, si on les a surmontés, le repos devient insupportable
REPOSRien ne donne le repos que la recherche sincère de la vérité
REPOSNotre nature est dans le mouvement ; le repos entier est la mort
REPOSERSi je voyais partout les marques d'un créateur, je reposerais en paix dans la foi
REPOSERNous sommes plaisants de nous reposer dans la société de nos semblables, misérables comme nous, impuissants comme nous
REPRENDREQuand il [le juste] reprend ses serviteurs, il souhaite leur conversion par l'esprit de Dieu
REPRENDREQuand on veut reprendre avec utilité et montrer à un autre qu'il se trompe
RÉPROBATIONRéprobation des Juifs et conversion des gentils
REPROCHABLEPour ne point hasarder de citer une objection pour une réponse, ce qui aurait été reprochable et injuste
REPROCHEIl est visible que ce n'est que sa vie [de Jésus] qui les a empêchés [les Juifs] de le recevoir ; et, par ce refus, ils sont des témoins sans reproche
REPROCHERPaul Émile reprochait à Persée de ce qu'il ne se tuait pas
REPRODUIREQu'est-il plus difficile de produire un homme ou un animal, que de le reproduire ?
RÉPROUVÉ, ÉEJésus Christ sauve les élus, et damne les réprouvés sur les mêmes crimes
RÉPUBLIQUEDeux lois [l'amour de Dieu et celui du prochain] suffisent pour régler toute la république chrétienne, mieux que toutes les lois politiques
RÉPUGNANT, ANTEIl y a un grand nombre de vérités et de foi et de morale, qui semblent répugnantes, et qui subsistent toutes dans un ordre admirable
RÉPUTATIONQui dispense la réputation ? qui donne le respect et la vénération aux personnes, aux ouvrages, aux lois, aux grands, sinon cette faculté imaginante ?
RÉSIDERIls confessent que la justice n'est pas dans ces coutumes, mais qu'elle réside dans les lois naturelles, connues en tout pays
RÉSOLUTIONL'exemple de la mort des martyrs nous touche ; car ce sont nos membres ; nous avons un lien commun avec eux ; leur résolution peut former la nôtre
RESPECTLe respect est : incommodez-vous ; cela est vain en apparence, mais très juste ; car c'est dire : je m'incommoderais bien, si vous en aviez besoin, puisque je le fais bien sans que cela vous serve
RESSEMBLANCEDeux visages semblables, dont aucun ne fait rire en particulier, font rire ensemble par leur ressemblance
RESSENTIMENTIls [les hommes] ont un instinct secret qui les porte à chercher le divertissement et l'occupation au dehors, qui vient du ressentiment de leurs misères continuelles
RESSENTIRUn homme qui a reçu un soufflet sans s'en ressentir est accablé d'injures
RESSUSCITERAthées : quelle raison ont-ils de dire qu'on ne peut ressusciter ?
RÉSURRECTIONQu'ont-ils à dire contre la résurrection ?
RÉUSSIRDe tous les corps ensemble on ne saurait en faire réussir une petite pensée ; cela est impossible et d'un autre ordre
REVANCHERLes sens abusent la raison par de fausses apparences, et cette même piperie qu'ils apportent à la raison, ils la reçoivent d'elle à leur tour : elle s'en revanche
REVENU, UEQue l'homme, étant revenu à soi, considère....
RÊVERSi nous rêvions toutes les nuits que nous sommes poursuivis par des ennemis et agités par ces fantômes pénibles
RÊVERSi nous rêvions toutes les nuits la même chose, elle nous affecterait peut-être autant que les objets que nous voyons tous les jours
RIVIÈRELes rivières sont des chemins qui marchent, et qui portent où l'on veut aller
ROITout ce qu'il y a de grand sur la terre s'unit contre le christianisme naissant, les savants, les sages, les rois ; les uns écrivent, les autres condamnent, les autres tuent
ROIDIR ou RAIDIRIl faut avouer que la religion a quelque chose d'étonnant ; c'est parce que vous y êtes né, dira-t-on ; tant s'en faut, je me roidis contre par cette raison-là même, de peur que cette prévention ne me suborne
ROMEQue Jérusalem serait réprouvée et Rome admise
ROMESi mes Lettres sont condamnées à Rome, ce que j'y condamne est condamné dans le ciel
ROSEAUL'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant
ROTURELes Suisses s'offensent d'être dits gentilshommes, et prouvent la roture de race pour être jugés dignes de grands emplois
ROYAUMESaint Paul est venu apprendre aux hommes.... que le royaume de Dieu ne consistait pas en la chair, mais en l'esprit
ROYAUTÉQuelque condition qu'on se figure, si l'on assemble tous les biens qui peuvent nous appartenir, la royauté est le plus beau poste du monde
RUDEMENTCertainement, rien ne nous heurte plus rudement que cette doctrine [le péché originel], et cependant, sans ce mystère, le plus incompréhensible de tous, nous sommes incompréhensibles à nous-mêmes
SABLECromwell allait ravager toute la chrétienté ; la famille royale était perdue, et la sienne à jamais puissante, sans un petit grain de sable qui se mit dans son uretère
SACREMENT2e exemple sur le sujet du saint sacrement.... l'hérésie d'aujourd'hui [les calvinistes], ne concevant pas que ce sacrement contient tout ensemble et la présence de Jésus-Christ et sa figure, et qu'il soit sacrifice et commémoration de sacrifice, croit qu'on ne peut admettre l'une de ces vérités sans exclure l'autre
SACRIFICATUREQue l'ordre de la sacrificature d'Aaron sera réprouvé, et celle de Melchisédech introduite par le Messie
SACRIFICEQue les sacrifices des païens seront reçus de Dieu, et que Dieu retirera sa volonté des sacrifices des Juifs
SACRIFIERIl [le Messie] devait.... se sacrifier pour eux [les hommes], être une hostie sans tache....
SAGELe ton de voix impose aux plus sages, et change un discours et un poëme de face
SAGENotre religion est sage et folle : sage, parce qu'elle est la plus savante et la plus fondée en miracles et prophéties ; folle, parce que ce n'est point tout cela qui fait qu'on en est
SAGETout ce qu'il y a de grand sur la terre s'unit [contre le christianisme], les savants, les sages, les rois
SAGESSECette religion si grande en miracles.... si grande en science, après avoir étalé tous ses miracles et toute sa sagesse, réprouve tout cela, et dit qu'elle n'a ni sagesse ni signes, mais la croix et la folie
SAGESSEVoyons ce que fera la Sagesse de Dieu ; n'attendez pas, dit-elle, ni vérité, ni consolation des hommes
SAGESSEDans les choses de la chair règne proprement la concupiscence ; dans les spirituelles, la curiosité proprement ; dans la sagesse, l'orgueil proprement
SAINT, AINTEIl [Jésus-Christ] a été humble, patient, saint à Dieu, terrible aux démons, sans aucun péché
SAINT, AINTELes saints ont leur empire, leur éclat, leur victoire, leur lustre, et n'ont nul besoin des grandeurs charnelles ou spirituelles
SAINTETÉ[Chez nous chrétiens] non pas un abaissement qui nous rende incapable du bien, ni une sainteté exempte du mal
SAISONLa lune, à qui on attribue le changement des saisons, le progrès des maladies
SALUTDieu a voulu racheter les hommes, et ouvrir le salut à ceux qui le chercheraient
SANCTUAIREOn dit que c'est l'arsenal de l'enfer [les religieuses de Port-Royal], Dieu en fait le sanctuaire de ses grâces ; on les menace de toutes les fureurs et de toutes les vengeances du ciel, et Dieu les comble de ses faveurs
SANGLANT, ANTELe dernier acte [de la vie de l'homme] est sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste : on jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais
SAUTERQu'il [Montaigne] l'évitait [le défaut de méthode] en sautant de sujet en sujet, qu'il cherchait le bon air
SAUVAGEL'objection à cela [qu'il faut qu'il y ait une véritable religion, puisqu'il y en a de fausses], c'est que les sauvages ont une religion ; mais on répond à cela que c'est qu'ils en ont ouï parler
SAUVEURSauveur, père, sacrificateur, hostie, nourriture, roi, sage, législateur, affligé, pauvre
SAVANT, ANTE.... Les grandes âmes, qui, ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir, trouvent qu'ils ne savent rien, et se rencontrent en cette même ignorance d'où ils étaient partis ; mais c'est une ignorance savante qui se connaît
SAVANT, ANTELes curieux et savants ont pour objet l'esprit
SAVOIRIl [l'homme] veut être heureux et assuré de quelque vérité, et cependant il ne peut ni savoir, ni désirer de ne point savoir
SCANDALISERIl est bien ridicule de se scandaliser de la bassesse de Jésus-Christ, comme si cette bassesse était du même ordre duquel est la grandeur qu'il venait faire paraître
SCHISMATIQUEUn miracle parmi les schismatiques n'est pas tant à craindre ; car le schisme, qui est plus visible que le miracle, marque visiblement leur erreur
SCHISMESaint Athanase était un homme appelé Athanase, accusé de plusieurs crimes, condamné en tel et tel concile pour tel et tel crime ; tous les évêques y consentaient et le pape enfin ; que dit-on à ceux qui y résistent ? qu'ils troublent la paix, qu'ils font schisme
SCIENCELa science des choses extérieures ne me consolera pas de l'ignorance de la morale au temps d'affliction ; mais la science de moeurs me consolera toujours de l'ignorance de choses extérieures
SCIENCENous voyons que toutes les sciences sont infinies en l'étendue de leurs recherches
SECOND, ONDESeconde partie : Que l'homme sans la foi ne peut pas connaître le vrai bien ni la justice
SECOUSSEJe ne veux pas rapporter tous les effets [de l'imagination] ; je rapporterais presque toutes les actions des hommes, qui ne branlent presque que par ses secousses
SECTEToutes les religions et les sectes du monde ont eu la raison naturelle pour guide ; les seuls chrétiens ont été astreints à prendre leurs règles hors d'eux-mêmes, et à s'informer de celles que Jésus-Christ a laissées aux anciens
SEIGNEURLa grandeur de l'homme est grande en ce qu'il se connaît misérable.... toutes ces misères mêmes prouvent sa grandeur ; ce sont misères de grand seigneur, misères d'un roi dépossédé
SEIGNEURIl faudrait avoir une raison bien épurée pour regarder comme un autre homme le Grand Seigneur, environné, dans son superbe sérail, de quarante mille janissaires
SÉNATEURVoyez-le [un grave magistrat] entrer dans un sermon où il apporte un zèle tout dévot.... que le prédicateur vienne à paraître : si la nature lui a donné une voix enrouée et un tour de visage bizarre.... je parie la perte de la gravité de notre sénateur
SENSCes deux principes de vérités, la raison et les sens, outre qu'ils manquent chacun de sincérité, s'abusent réciproquement l'un l'autre ; les sens abusent la raison par de fausses apparences ; et cette même piperie qu'ils apportent à la raison, ils la reçoivent d'elle à leur tour
SENSLes sens, indépendants de la raison et souvent maîtres de la raison, l'ont emporté [l'homme] à la recherche des plaisirs
SENSDiverses sortes de sens droit.... les uns tirent bien les conséquences de peu de principes, et c'est une droiture de sens ; les autres tirent bien les conséquences des choses où il y a beaucoup de principes
SENSPour entendre l'Écriture, il faut avoir un sens dans lequel tous les passages contraires s'accordent
SENSIl faudrait avoir une règle ; la raison s'offre, mais elle est ployable à tous sens
SENSIBLELes qualités excessives nous sont ennemies, et non pas sensibles : nous ne les sentons pas, nous les souffrons
SENSIBLEMENTSi les grandes [maladies] l'altèrent sensiblement [le sens], je ne doute point que les petites n'y fassent impression à leur proportion
SENTIMENTCeux qui sont accoutumés à raisonner par principes, ne comprennent rien aux choses de sentiment, y cherchant des principes, et ne pouvant voir d'une vue
SENTIMENTCeux à qui Dieu a donné la religion par sentiment du coeur sont bien heureux et bien légitimement persuadés
SENTIMENTComme on se gâte l'esprit, on se gâte aussi le sentiment ; on se forme l'esprit et le sentiment par les conversations ; on se gâte l'esprit et le sentiment par les conversations
SENTIRNous ne sentons ni l'extrême chaud, ni l'extrême froid
SENTIRRien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passion.... il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide
SENTIRLes principes se sentent, les propositions se concluent, et le tout avec certitude, quoique par différentes voies
SÉRAILLe Grand Seigneur.... dans son superbe sérail
SÉRIEUX, EUSECeux qui.... font de cette recherche [si l'âme est immortelle] leur principale et leur plus sérieuse occupation
SERMONIl y a beaucoup de gens qui entendent le sermon de la même manière qu'ils entendent vêpres
SERVIRIl n'y a que deux sortes de personnes qu'on puisse appeler raisonnables : ou ceux qui servent Dieu de tout leur coeur, parce qu'ils le connaissent ; ou ceux qui le cherchent de tout leur coeur, parce qu'ils ne le connaissent pas
SEUL, EULENous sommes plaisants de nous reposer dans la société de nos semblables.... on mourra seul ; il faut donc faire comme si on était seul
SÉVÉRITÉLes sévérités âpres
SISi l'on considère son ouvrage incontinent après l'avoir fait, on en est encore tout prévenu ; si trop longtemps après, on n'y entre plus
SIVous avez beau faire : si faut-il croire, ou nier, ou douter
SIBYLLEToute histoire qui n'est pas contemporaine est suspecte ; ainsi les livres des sibylles et de Trismégiste et tant d'autres qui ont eu crédit au monde, sont faux, et se trouvent faux à la suite des temps
SIÈCLEOn a inventé de certains termes bizarres : siècle d'or, merveille de nos jours, et on appelle ce jargon beauté poétique
SIÉGEL'ignorance naturelle, qui est le vrai siége de l'homme
SIGNEIl faut qu'on n'en puisse dire, ni il est mathématicien, ni prédicateur, ni éloquent ; mais il est honnête homme.... quand en voyant un homme on se souvient de son livre, c'est mauvais signe
SIGNEEt on demande : qu'avez-vous pour vous faire plutôt croire que les autres ? quel signe faites-vous ? vous n'avez que des paroles, et nous aussi
SILENCEIl faut se tenir en silence autant qu'on peut, et ne s'entretenir que de Dieu, qu'on sait être la vérité
SILENCELe silence est la plus grande persécution : jamais les saints ne se sont tus
SILENCELe silence éternel de ces espaces infinis m'effraie
SIMPLENe vous étonnez pas de voir des personnes simples croire sans raisonnement ; Dieu leur donne l'amour de soi et la haine d'eux-mêmes
SIXLes six jours que Moïse représente pour la formation d'Adam, ne sont que la peinture des six âges pour former Jésus-Christ et l'Église
SOCIÉTÉL'inquisition et la Société, les deux fléaux de la vérité
SOITout tend à soi ; cela est contre tout ordre : il faut tendre au général ; et la pente vers soi est le commencement de tout désordre
SOIIls [les princes] sont environnés de personnes qui ont un soin merveilleux de prendre garde que le roi ne soit seul et en état de penser à soi, sachant bien qu'il sera misérable, tout roi qu'il est, s'il y pense
SOLDATQuelle différence entre un soldat et un chartreux quant à l'obéissance ?
SOLITUDEDe là vient que les hommes aiment tant le bruit et le remuement.... de là vient que le plaisir de la solitude est une chose incompréhensible
SOMMEILPersonne n'a d'assurance, hors la foi, s'il veille ou s'il dort, vu que durant le sommeil on croit veiller aussi fermement que nous faisons.... de sorte que, la moitié de la vie se passant en sommeil.... qui sait si cette autre moitié de la vie où nous pensons veiller n'est pas un autre sommeil un peu différent du premier, dont nous nous éveillons quand nous pensons dormir ?
SONGEAlors on dit [dans les brusques changements] : il me semble que je rêve ; car la vie est un songe un peu moins inconstant [que le songe ordinaire]
SONGERLe monde ordinaire a le pouvoir de ne pas songer à ce qu'il ne veut pas songer.... mais il y en a qui n'ont pas le pouvoir de s'empêcher de songer, et qui songent d'autant plus qu'on leur défend
SORTChacun songe comment il s'acquittera de sa condition ; mais, pour le choix de la condition et de la patrie, le sort nous le donne
SORTIRRien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos.... incontinent il sortira du fond de son âme l'ennui, la noirceur, la tristesse....
SOT, OTTECeux-là [occupés à la philosophie, aux sciences] sont les plus sots de la bande, puisqu'ils le sont avec connaissance, au lieu qu'on peut penser des autres qu'ils ne le seraient plus s'ils avaient cette connaissance
SOT, OTTELe plus grand des maux est les guerres civiles, elles sont sûres, si on veut récompenser les mérites.... le mal à craindre d'un sot qui succède par droit de naissance n'est ni si grand ni si sûr
SOT, OTTELe sot projet qu'il [Montaigne] a de se peindre !
SOTTEMENTLes autres suent dans leur cabinet pour montrer aux savants qu'ils ont résolu une question d'algèbre.... et tant d'autres s'exposent aux derniers périls, pour se vanter ensuite d'une place qu'ils auront prise, et aussi sottement, à mon gré
SOTTISEDe dire des sottises par hasard et par faiblesse, c'est un mal ordinaire ; mais d'en dire par dessein, c'est ce qui n'est pas supportable
SOUFFRIRLes qualités excessives nous sont ennemies, et non pas sensibles ; nous ne les sentons plus, nous les souffrons
SOÛLERCeux qui croient que le bien de l'homme est en la chair, et le mal en ce qui le détourne des plaisirs des sens, qu'ils s'en soûlent et qu'ils y meurent
SOUMETTRESi on soumet tout à la raison, notre religion n'aura rien de mystérieux et de surnaturel ; si on choque les principes de la raison, notre religion sera absurde et ridicule
SOUMETTRELa raison ne se soumettrait jamais, si elle ne jugeait qu'il y a des occasions où elle se doit soumettre ; il est donc juste qu'elle se soumette, quand elle juge qu'elle se doit soumettre
SOUMISSIONSoumission et usage de la raison, en quoi consiste le vrai christianisme
SOUTANESi les médecins n'avaient des soutanes et des mules....
SOUTENIRJe suis dans un état à plaindre, où j'ai souhaité cent fois que, si un Dieu la soutenait [la nature], elle le marquât sans équivoque
SOUTENIRPlusieurs n'en sauraient soutenir la pensée [d'un précipice] sans pâlir et sans suer
SOUTENIRSoutenir la piété jusqu'à la superstition, c'est la détruire
SOUTENIRJésus cherche quelque consolation au moins dans ses trois plus chers amis, et ils dorment ; ils les prie de soutenir un peu avec lui, et ils le laissent avec une négligence entière
SOUTENU, UE[L'homme] se considérant soutenu.... entre ces deux abîmes de l'infini et du néant
SPHÈRENous n'enfantons [par l'imagination] que des atomes, au prix de la réalité des choses ; c'est une sphère infinie dont le centre est partout, et la circonférence nulle part
SPIRITUEL, ELLEJe ne dis pas ceci par le zèle pieux d'une dévotion spirituelle
SPIRITUEL, ELLELes prophéties ont un sens caché et spirituel, dont ce peuple [juif] était ennemi, sous le charnel, dont il était ami
SPIRITUELLEMENTPresque tous les philosophes confondent les idées des choses, et parlent des choses corporelles spirituellement et des spirituelles corporellement
STATIONIls auront le crédit d'avoir une station du jubilé
STOÏQUECe que les stoïques proposent est difficile et si vain ! les stoïques pensent que tous ceux qui ne sont point au haut degré de sagesse sont également vicieux
STUPIDITÉCe repos dans cette ignorance [sur ce qui nous attend après la mort] est une chose monstrueuse, dont il faut faire sentir l'extravagance et la stupidité à ceux qui y passent leur vie
SUBSISTERAu lieu que les peuples de Grèce et d'Italie, de Lacédémone, d'Athènes, de Rome, et les autres qui sont venus si longtemps après, ont fini il y a si longtemps, ceux-ci [les Juifs] subsistent toujours
SUBTILISERLes saints subtilisent pour se trouver criminels, et accusent leurs meilleures actions
SUCCÉDERAinsi vont les opinions se succédant du pour au contre, selon qu'on a de lumière
SUCCÉDERLe plus grand des maux est les guerres civiles.... le mal à craindre d'un sot qui succède par droit de naissance n'est ni si grand, ni si sûr
SUCCOMBERIl n'est pas honteux à l'homme de succomber sous la douleur, et il lui est honteux de succomber sous le plaisir
SUERLes autres suent dans leur cabinet pour montrer aux savants qu'ils ont résolu une question d'algèbre qu'on n'aurait pu trouver jusqu'ici
SUFFISANCENous ne pouvons pas seulement voir un avocat en soutane et le bonnet en tête, sans une opinion avantageuse de sa suffisance
SUIVREL'hypothèse des apôtres fourbes est bien absurde ; qu'on la suive tout au long ; qu'on s'imagine ces douze hommes....
SUJETC'est leur donner [aux incrédules] sujet de croire que les preuves de notre religion....
SUJETLeur donner [à ceux qui doutent de l'existence de Dieu] pour toute preuve de ce grand et important sujet le cours de la lune et des planètes
SUPERBEEn accordant à un homme qu'il est savant, on ne laissera pas de le convaincre qu'il a tort d'être superbe
SUPERBEElle [la religion chrétienne] élève le peuple à l'intérieur, et abaisse les superbes à l'extérieur, et n'est pas parfaite sans les deux
SUPERBESi l'on ne se connaît plein de superbe, d'ambition, de concupiscence, de misère et d'injustice, on est bien aveugle
SUPERSTITIONLa piété est différente de la superstition ; soutenir la piété jusqu'à la superstition, c'est la détruire
SUPPOSITIONIl faut vivre autrement dans le monde selon ces diverses suppositions : si l'on pouvait y être toujours ; s'il est sûr qu'on n'y sera pas longtemps, et incertain si on y sera une heure ; cette dernière supposition est la nôtre
SUPPÔTUn homme est un suppôt : mais, si on l'anatomise, sera-ce la tête, le coeur, l'estomac... ?
SURCROÎTQue le prédicateur vienne à paraître : si la nature lui a donné une voix enrouée et un tour de visage bizarre.... si le hasard l'a encore barbouillé de surcroît....
SURINTENDANTQu'est-ce autre chose d'être surintendant, chancelier.... sinon d'être en une condition où l'on a dès le matin un grand nombre de gens qui viennent de tous côtés... ?
SURNATUREL, ELLEQue si les choses naturelles la surpassent [la raison], que dira-t-on des surnaturelles ?
SURNATUREL, ELLESi c'est un aveuglement surnaturel de vivre sans chercher ce qu'on est, c'en est un terrible de vivre mal en croyant Dieu
SURPASSERL'étendue visible du monde nous surpasse visiblement
SURPAYERTrop de bienfaits irritent : nous voulons avoir de quoi surpayer la dette
SURPRENANT, ANTEExam Qu'une chose aussi visible qu'est la vanité du monde soit si peu connue, que ce soit une chose étrange et surprenante de dire que c'est une sottise de chercher les grandeurs, cela est admirable
SUSCEPTIBLELe peuple n'est pas susceptible de cette doctrine [que les lois ne sont bonnes que parce qu'elles sont établies]
SUSPENDREElle [l'imagination] fait croire, douter, nier la raison ; elle suspend les sens, elle les fait sentir
SUSPENDU, UEIls [les grands hommes] ne sont pas suspendus en l'air, tout abstraits de notre société
SUSPENDU, UEIls [les pyrrhoniens] ne sont pas pour eux-mêmes ; ils sont neutres, indifférents, suspendus à tout, sans s'excepter
SYMÉTRIESymétrie est ce qu'on voit d'une vue, fondée sur ce qu'il n'y a pas de raison de faire autrement, et fondée aussi sur la figure de l'homme ; d'où il arrive qu'on ne veut la symétrie qu'en largeur, non en hauteur ni profondeur
SYNAGOGUELa synagogue ne périssait point, parce qu'elle était la figure ; mais, parce qu'elle n'était que la figure, elle est tombée dans la servitude
TAILLÉ, ÉELes bêtes ne s'admirent point ; un cheval n'admire pas son compagnon.... étant à l'étable, le plus pesant et le plus mal taillé ne cède pas son avoine à l'autre
TALONTalon de soulier : oh ! que cela est bien tourné ! que voilà un habile ouvrier !
TANDISTandis que les prophètes ont été pour maintenir la loi, le peuple a été négligent
TEINDRENous les teignons [les idées des choses] de nos qualités
TEINDREAfin de nous abreuver et nous teindre de cette créance [la foi], qui nous échappe à toute heure
TÉMÉRAIREContrariétés : l'homme est naturellement crédule, incrédule, timide, téméraire
TÉMÉRAIREMENTLa raison a été obligée de céder, et la plus sage prend pour ses principes ceux que l'imagination des hommes a témérairement introduits en chaque lieu
TÉMÉRITÉSi la témérité du hasard qui a semé les lois humaines en avait rencontré au moins une qui fût universelle
TÉMOIGNAGEJésus-Christ n'a point voulu du témoignage des démons, ni de ceux qui n'avaient pas vocation, mais de Dieu et de Jean-Baptiste
TÉMOINJe ne crois que les histoires dont les témoins se feraient égorger
TEMPÉRAMENTCette mauvaise délicatesse qui oblige ceux qui sont dans la nécessité de reprendre les autres, de choisir tant de détours et de tempéraments pour éviter de les choquer
TEMPLEEn faire [d'un grand peuple] le temple de Dieu, le réconcilier à Dieu....
TEMPLELa gloire de ce nouveau temple sera bien plus grande que la gloire du premier [les Juifs]
TEMPOREL, ELLEIl [le sens spirituel des Écritures] a été couvert sous le temporel en la foule des passages, et a été découvert clairement en quelques-uns
TEMPSJe dis à l'un : vous vous ennuyez ; et à l'autre : le temps ne vous dure guère
TEMPSLe temps prédit par l'état du peuple juif, par l'état du peuple païen, par l'état du temple, par le nombre des années
TEMPSLe temps et mes humeurs ont peu de liaison ; j'ai mes brouillards et mon beau temps au dedans de moi
TENDRESSEJ'ai une tendresse de coeur pour ceux que Dieu m'a unis plus étroitement
TENIRJe tiens impossible de connaître les parties, sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître les parties
TENIRNous ne nous tenons jamais au temps présent
TENTERPeut-être que je [moi sceptique] pourrais trouver quelques éclaircissements dans mes doutes.... mais... en traitant avec mépris ceux qui se travailleront de ce soin, je veux aller sans prévoyance et sans crainte tenter un si grand événement [la mort, la vie future]

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