Définition de POURQUOI

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : pour-koi

DÉFINITIONS

1
Pour quelle chose, pour quelle raison.
Euphorbe est arrêté sans qu'on sache pourquoi
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, IV, 5
Sans vous en affliger, présumez avec moi Qu'il est plus à propos qu'il vous cèle pourquoi
de Pierre CORNEILLE dans Poly. I, 3
Lorsque l'on pend quelqu'un, on lui dit pourquoi c'est
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Amph. III, 4
Demander comment et pourquoi ce prodige, ce serait le détruire
de Louis BOURDALOUE dans Annonc. de la Vierge, Myst. t. II, p. 106
Un homme que j'ai vu arrive d'Amérique ; il y est resté trois ans sans entendre parler de ce que nous appelons ici l'autorité ; nul ne lui a demandé son nom, sa qualité, ni ce qu'il venait faire, ni d'où, ni pourquoi, ni comment
de Paul Louis COURIER dans Livret.
Sémantique : Familièrement. Vous ferez telle chose ou vous direz pourquoi, sorte de commandement ou de menace : c'est-à-dire vous ne pouvez vous dispenser de le faire.
On dit de même : il faut qu'il vienne, ou qu'il dise pourquoi.
Il faut qu'il lâche prise, ou qu'il dise pourquoi
de Thomas CORNEILLE dans Amour à la mode, II, 5
Demandez-moi pourquoi, c'est-à-dire je ne sais pas pourquoi.
J'ai vu dans le palais une robe mal mise Gagner gros : les gens l'avaient prise Pour maître tel, qui traînait après soi Force écoutants ; demandez-moi pourquoi
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 15
2
Il s'emploie à la place de : pour lequel, laquelle, etc. en parlant des choses.
Est-ce un sujet pourquoi Vous fassiez sonner vos mérites ?
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IV, 3
Vous mériteriez bien.... Qu'afin de vous punir je vous tinsse caché Le grand secret pourquoi je vous ai tant cherché
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans le Dép. I, 2
Quand....je considère le petit espace que je remplis.... je m'effraye, et m'étonne de me voir ici plutôt que là ; car il n'y a point de raison pourquoi ici plutôt que là, pourquoi à présent plutôt que lors
de Blaise PASCAL dans Pens. XXV, 16, éd. HAVET.
Dernière raison pourquoi la méprise dans le choix d'un état est si fort à craindre
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Vocat.
3
Pourquoi, adv. Pour laquelle raison (vieux en ce sens).
Interrogé par son père Lycophron se taisait ; pourquoi Périandre en colère à la fin le chassa de sa maison
de Paul Louis COURIER dans Trad. d'Hérod.
4
C'est pourquoi, c'est pour cette raison.
Avec deux membres de phrase commençant l'un et l'autre par c'est pourquoi, dans le second pourquoi peut être remplacé par que.
C'est pourquoi il [Jésus-Christ] a souffert et est mort pour sanctifier la mort et les souffrances, et que, comme Dieu et comme homme, il a été tout ce qu'il y a de plus grand et tout ce qu'il y a de plus abject
de Blaise PASCAL dans Lett. sur la mort de son père.
Dans le XVIIe siècle, plusieurs écrivains mettaient ce fut pourquoi avec un verbe au passé. Ce fut pourquoi les Romains immolèrent des victimes.
5
Il s'emploie pour interroger, et alors la construction est celle des phrases interrogatives.
Pourquoi ne suis-je point mort dans le sein de ma mère ? pourquoi n'ai-je point cessé de vivre aussitôt que j'en suis sorti ?
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Job, III, 11
Pourquoi suit-on la pluralité ? est-ce à cause qu'ils ont plus de raison ? non, mais plus de force
de Blaise PASCAL dans Pens. V, 4
Pourquoi viens-tu mentir pour moi, qui ne mentis jamais pour personne ?
de Esprit FLÉCHIER dans Duc de Mont.
Pourquoi les astres circulent-ils d'occident en orient plutôt qu'au contraire
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Les pourquoi.
Pourquoi non ? c'est-à-dire pourquoi ne le ferais-je pas ? pourquoi cela ne serait-il pas ?
Voyez ces animaux, faites comparaison De leurs beautés avec les vôtres ; êtes-vous satisfait ? Moi, dit-il, pourquoi non ?
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. I, 7
Nature : Substantivement.
Je doute fort, repartit le roi, qu'avec ses deux cents licornes il soit en état de percer à travers tant d'armées. - Pourquoi non ? dit Amazan. - Le roi de la Bétique sentit le sublime du pourquoi non
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Pr. de Babyl. X
Je n'ai aucune peine à concevoir que le soleil et les étoiles pussent être habités, et il me semble que l'ingénieux Fontenelle ne devait pas borner son pourquoi non aux plantes
de Charles BONNET dans Lett. div. t. XII, p. 33, dans POUGENS
Avec pourquoi on peut sous-entendre le verbe.
Pourquoi ces éléphants, ces armes, ce bagage, Et ces vaisseaux tout prêts à quitter le rivage ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. I
Pourquoi ce livre saint, ce glaive, ce bandeau ?
de Jean RACINE dans Athal. IV, 1
Il peut se construire avec le verbe à l'infinitif.
Pourquoi vouloir, sans fruit, la mort de l'innocence ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Oreste, V, 3
Pourquoi.... que..., c'est-à-dire pourquoi.... sinon.... (tournure qui s'explique facilement par l'ellipse du mot autre : pour quelle chose autre que pour....).
Pourquoi le temps vous est-il donné, que pour demander à Dieu qu'il oublie vos crimes ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Prière 1
Pourquoi nous laissez-vous sur la terre que pour méditer votre possession éternelle ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Temps.
Quelquefois, avec pourquoi, on peut ne pas suivre la construction interrogative ; mais c'est quand demander est antécédemment exprimé ou sous-entendu.
Suivez votre goût, raisonnez avec votre bon médecin ; je lui demande une chose : pourquoi, si votre poitrine n'est point attaquée, vous avez toujours ce poids et cette chaleur au même côté ? pourquoi vous êtes si pénétrée du froid ? et pourquoi vous êtes si maigre, surtout à la poitrine ?
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 16 févr. 1680
Agamemnon : Pourquoi le demander, puisque vous le savez ? - Achille : Pourquoi je le demande ? ô ciel, le puis-je croire, Qu'on ose des fureurs avouer la plus noire ?
de Jean RACINE dans Iph. IV, 6
Que remplaçant un second pourquoi interrogatif (tournure qui s'explique par l'ellipse de arrive-t-il ? se fait-il ? devant ce que substitué).
Oui, mais pourquoi chacun n'en fait-il pas de même, Et que nous en voyons qui paraissent joyeux Lorsque leurs femmes sont avec les beaux monsieurs ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Éc. des fem. II, 3
Pourquoi avez-vous tous conspiré contre moi, et que personne ne m'avertit où est le fils d'Isaï ?
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Polit. III, II, 10
6
Nature : S. m. Le pourquoi, la cause, la raison.
Même aux plus avancés demandant le pourquoi
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. XVI
Nous ne sommes pas faits pour rendre raison du pourquoi des choses
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Animaux, ch. 10
Au surplus pourvu qu'il soit pendu n'importe le pourquoi
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. à Voltaire, 12 janv. 1763
Nous ne savons, si je puis m'exprimer de la sorte, ni le pourquoi, ni le comment de rien
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Mélanges, etc. t. V, § 3
Interrogation. Vos pourquoi sont hors de saison.
Vos pourquoi ne finissent pas, se dit à une personne qui fait interrogation sur interrogation au sujet du motif des choses.
Anciennement, faire le pourquoi, se disait d'une femme qui avait une faiblesse.
Et qu'on ne s'enquiert plus s'elle a fait le pourquoi
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. III

REMARQUE

1
Si la négation se trouve après pourquoi, elle doit toujours être complétée par pas. On ne dit pas : Pourquoi ne vient-il ? Mais : Pourquoi ne vient-il pas ?

HISTORIQUE

1
XIe s.
Dist à Rolant : tout fol, purquei t'esrages ?
dans Ch. de Rol. X
2
XIIe s.
Ne cuidiez pas que le porcoi La damoiselle l'en connoisse [lui avoue]
dans la Charrette, v. 1446
Il traï mes barons, onques ne sot porcoi
dans Ronc. p. 299
Las ! pourquoi l'ai de mes ieuz regardée ?
dans Couci, VI
Quant l'uns à l'autre atalente [plaît], Por coi nous as despartis ?
dans Dame de Faiel, dans Couci
3
XIIIe s.
Je ne pris [prise] riens, ne beauté ne jouvent ; Porquoi ? parce que la mort tout mestroie, Anonyme, dans Couci. Et la raison pourquoi il l'a laissée là
dans Berte, CXXII
Hastons-nous d'aler là porquoi somes venu
dans ib. CXXIII
4
XVe s.
C'estoit la cause pourquoi il sejournoit là tant
de Jean FROISSART dans I, I, 115
Pourquoi. [c'est pourquoi] les Bretons retournerent le plus tost qu'ils purent
de Jean FROISSART dans II, II, 1
Disant les raisons pourquoy
de Philippe de COMMINES dans I, 3
Les petits et les poures treuvent assez qui les pugnissent quant ilz font le pourquoy
de Philippe de COMMINES dans V, 18
5
XVIe s.
Voylà pourquoy cet exemple m'a semblé remarquable
de Michel de MONTAIGNE dans I, 44
Il lui demandoit la cause de toutes choses, et vouloit tousjours sçavoir le pourquoy
de Jacques AMYOT dans C. d'Utiq. II

ÉTYMOLOGIE

1
Pour, et quoi ; wallon, pokoi ; bourg. porquey.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
2. Il ne faut pas confondre pour quoi en deux mots et pourquoi en un seul. Pour quoi vous sentez-vous de l'attrait, pour les sciences ou pour les lettres ? Mais pourquoi les lettres plutôt que les sciences ?

Synonymes de POURQUOI

Termes proches de POURQUOI