Définition de SANCTUAIRE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : san-ktu-ê-r' ; dans le XVIIe siècle, le c ne se prononçait pas : Paris est le santuaire des honnêtes

DÉFINITIONS

1
En général, lieu fermé et consacré par la religion.
Les hommes ont banni la divinité d'entre eux ; ils l'ont reléguée dans un sanctuaire ; les murs d'un temple bornent sa vue ; elle n'existe point au delà
de Denis DIDEROT dans Pens. philos. n° 26
2
Chez les Juifs, le lieu le plus saint du temple, où reposait l'arche et qui se nommait autrement le saint des saints.
Dieu n'épargne pas son sanctuaire ; le beau temple, l'ornement du monde....
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 4
Et que de Jésabel la fille sanguinaire Ne vienne attaquer Dieu jusqu'en son sanctuaire
de Jean RACINE dans Athal. I, 1
Poids du sanctuaire, se dit des poids de pierre que les prêtres gardaient pour servir d'étalons.
Sémantique : Fig. Peser une chose au poids du sanctuaire, dans la balance du sanctuaire, l'examiner avec toute l'attention possible, l'apprécier selon les règles de la plus sévère conscience.
Des choses très légères dans l'opinion du monde, mais qui, pesées dans la balance du sanctuaire, sont des abominations devant Dieu
de Louis BOURDALOUE dans Sur le scandale, 1er avent, p. 108
On se flatte sur ses raisons, dans le temps qu'on croit peser celles d'autrui au poids du sanctuaire
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans t. XVIII, p. 377
3
Chez les païens, il s'est dit, dans un sens analogue, du lieu le plus saint du temple. La pythie rendait des oracles dans le fond du sanctuaire.
4
Chez les chrétiens, l'endroit de l'église où est le maître autel, et qui est ordinairement entouré d'une balustrade. Un beau sanctuaire.
Pâle lampe du sanctuaire, Pourquoi, dans l'ombre du saint lieu, Inaperçue et solitaire, Te consumes - tu devant Dieu ?
de Alphonse de LAMARTINE dans Harm. I, 4
5
Sémantique : Fig. Le sacerdoce. Les lois, les prérogatives du sanctuaire.
Les hypocrites me voudront mal à cause que j'attaque le vice jusques dans le sanctuaire
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans liv. IV, lett. 10
Il n'osa jamais entrer dans le sanctuaire
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Panégyr. St Franç. de Paule.
6
Sémantique : Fig. Ce que l'on compare à un sanctuaire.
J'étais convaincu, comme je le suis encore, que les mêmes lois qui nous permettent quelquefois de nous dispenser de l'obéissance exacte, nous défendent toujours de ne pas respecter le titre du sanctuaire, qui, en ce qui regarde l'autorité royale, est le plus essentiel
de Jean-François Paul de Gondi, cardinal de RETZ dans Mém. t. III, liv. IV, p. 294, dans POUGENS
On dit que c'est l'arsenal de l'enfer [les religieuses de Port-Royal], Dieu en fait le sanctuaire de ses grâces ; on les menace de toutes les fureurs et de toutes les vengeances du ciel, et Dieu les comble de ses faveurs
de Blaise PASCAL dans Pensées sur les jés. 66, édit. FAUGÈRE.
Que si elle [la justice] s'est construit un sanctuaire éternel et incorruptible dans le coeur du sage Michel le Tellier....
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans le Tellier.
Elle [Marie] était dès lors destinée à être le temple vivant et le sanctuaire de Dieu
de Louis BOURDALOUE dans Annonciat. de la Vierge, Myst. t. II, p. 62
C'est le palais des arts, c'est leur séjour sacré [le Louvre] ; Ils s'y rendent en foule, et dans ce sanctuaire Chaque art a son génie et son dieu tutélaire
de THOMAS dans Pétréide, III
Le sanctuaire des lois, de la justice, le lieu où l'on rend la justice, et, figurément, la profession de magistrat.
Ne croyez pas, messieurs, qu'il fût entré sans vocation dans le sanctuaire de la justice
de Esprit FLÉCHIER dans Lamoignon.
On entrait dans le sanctuaire des lois en violant la première loi, qui veut qu'on soit instruit de sa profession
de Esprit FLÉCHIER dans le Tellier.
Cette maison est le sanctuaire de l'honneur, des vertus, l'honneur l'habite, les vertus y sont pratiquées.
Sa maison [d'Épaminondas] était moins l'asile que le sanctuaire de la pauvreté ; elle y régnait avec la joie pure de l'innocence
de Auguste Marseille BARTHÉLEMY, dit L'ABBÉ BARTHÉLEMY dans Anach. ch. 5
On dit de même : Le coeur de cet homme est le sanctuaire de toutes les vertus.
Un chrétien dont le coeur est le sanctuaire de la paix
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Coméd. 12
Je pensais sur le bruit de son nom glorieux Que, si la vertu même habitait sur la terre, Le coeur d'Aménaïde était son sanctuaire
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Tancr. III, 4
7
Sémantique : Fig. Société, compagnie comparée à un sanctuaire et dans laquelle les profanes ne pénètrent pas.
J'étais mis encore quelquefois d'un autre intérieur, non moins sanctuaire, par des valets très principaux
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 239, 190
Il ne faut pas essayer de pénétrer dans le sanctuaire, c'est-à-dire dans les secrets des gens puissants.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Sis [son] saintuaires fu desertez ausi come chose gastée
dans Machab. I, 1
Parole fud que tu e li tuens [le tien] lignages servireit devant mei en mun saintuairie
dans Rois, p. 9
2
XIIIe s.
Des saintuaires ne des hautes reliques qui i estoient ne covient il mie parler
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans LXXXVII
Cil aporta le seintuaire, Sur quoi durent serement faire
dans Ren. 14788
Nennil, mais voisent [aillent] viseter Le saintuaire precieus Dont mon cuer est si envieus
dans la Rose, 2319
3
XIVe s.
Sanctuaire, chose sainte, ou lieu où elle est mise ou portée
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans sanctuarium.
4
XVIe s.
Le santuaire où se rendent les responses de l'oracle - les voeux et offrandes qui sont pendues aux vouttes et parois du santuaire
de Jacques AMYOT dans Timol. 10

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. sanctuari ; catal. santuari ; du lat. sanctuarium, qui vient de sanctus, saint.

Synonymes de SANCTUAIRE

Termes proches de SANCTUAIRE