Définition de REPROCHE

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : re-pro-ch'

DÉFINITIONS

1
Ce qu'on dit à une personne pour la blâmer, pour la critiquer, pour lui faire honte ou regret.
Il y a des reproches qui louent et des louanges qui médisent
Je vous prie.... de m'épargner, en cette rencontre, le déplaisir que me pourraient causer les reproches fâcheux de mon père et de ma mère
Vous savez comme je crains les reproches qu'on se peut faire à soi-même
Ne doutez point, seigneur, que ce coup ne la frappe ; Qu'en reproches bientôt sa douleur ne s'échappe
Je sentis le reproche expirer dans ma bouche
Les rois craignent surtout le reproche et la plainte
Écoutez les louanges qui vous prêtent de fausses vertus, comme des reproches publics de vos vices véritables
Ce qui me surprend, c'est qu'on ne voit point que saint Louis, frère de Charles d'Anjou, ait jamais fait à ce barbare le moindre reproche de tant d'horreurs
Le grand reproche que tous les critiques anglais nous font, c'est que tous nos héros sont français, des personnages de roman, des amants tels qu'on en trouve dans Clélie, dans Astrée et dans Zaïde
On a peu de reproches à faire à ceux qui ne s'en font point, et il est inutile d'en faire à ceux qui ne s'en font plus
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Consid. moeurs, 2
Ne vous permettez aucun reproche ; on n'en doit faire qu'à ceux qu'on estime
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Mères riv. t. I, p. 252, dans POUGENS
Arnauld l'avait bien senti, quand il disait à Racine : Pourquoi cet Hippolyte amoureux ? le reproche était moins d'un casuiste que d'un homme de goût
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. à J. J. Rouss. Oeuv. t. V, p. 334, dans POUGENS.
Que signifient les reproches en amour ?
Le reproche est barbare à l'instant du malheur
de Marie-Joseph CHÉNIER dans Gracques, III, 5
Sémantique : Fig.
On n'aime point à voir ceux à qui l'on doit tant ; Tout ce qu'il a fait parle au moment qu'il m'approche ; Et sa seule présence est un secret reproche
Les reproches de la conscience, le sentiment que l'on a d'avoir mal agi.
Auriez-vous cru, mes chers auditeurs, que dans ce reproche de la conscience il y eût tant d'avantages et tant de trésors renfermés ?
de Louis BOURDALOUE dans 9e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. III, p. 143
Qu'ils craignent moins la mort et les tourments que le moindre reproche de leur conscience
Homme sans reproche, homme à qui on ne peut rien reprocher. Bayard fut surnommé le Chevalier sans peur et sans reproche.
J'ai envoyé votre lettre au chevalier sans peur et sans reproche
Voilà donc un premier fait, l'innocence de Jésus-Christ sans reproche
On dit de même : où il n'y a point de reproche.
Si je ne suis pas né noble, au moins suis-je d'une race où il n'y a point de reproche
2
Nature : Au pluriel, terme de procédure. Raisons que l'on produit pour récuser des témoins.
Il est visible que ce n'est que sa vie [de Jésus] qui les a empêchés [les Juifs] de le recevoir ; et, par ce refus, ils sont des témoins sans reproche
C'est Libanius [qui accuse des chrétiens d'avoir tué Julien].... sophiste calomniateur manifeste des chrétiens, qui porte par conséquent son reproche dans son nom
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Déf. des Variat. 7
Il [l'accusé] ne les voit [les témoins à charge] qu'un moment à la confrontation ; avant d'entendre leurs dépositions, il doit alléguer les moyens de reproches qu'il a contre eux.... il n'est plus admis aux reproches après la lecture des dépositions
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Pol. et lég. Comm. peines et délits, Procédure crim.
3
Sans reproche, Nature : loc. adv. Sans prétendre faire de reproches. Sans reproche, soit dit sans reproche, je lui ai rendu plus d'un service.

REMARQUE

1
Reproche a été féminin :
On ne se pique point d'une reproche qu'on peut faire à tout le monde
de François de MALHERBE dans Traité des bienf. de Sénèque, III, 16

HISTORIQUE

1
XIe s.
Jà n'en aront reproece mi parent
dans Ch. de Rol. LXXXIII
2
XIIe s.
Puis si li dist : or aiés pais ; Car jà parler n'en orrés mais De la reproche del lignage Dont troblés iert [était] vostre corage
dans Grég. le Grand, p. 47
Et s'il ne fust de remanoir viltance Et reproche, j'alasse demander à ma dame congé de demorer
dans Couci, XXIV
3
XIIIe s.
Ce sont les gens ou monde qui plus honneurent gens anciennes, puisque il est ainsi que Dieu les a gardés de vilain reproche jusques en leur vieillesse
4
XIVe s.
Se aucunes personnes reprocent ledit compte, et facent oppositions.... et ycelles reproces et oppositions veulent poursuir
5
XVe s.
Dame, dist Passelion, de la reproche me cuide je bien laver
dans Perceforest, t. IV, f° 111
Ilz recongnoissent le nayn, et dient : ha reproche de nature, c'est toy par qui nous avons perdu nostre pere
dans ib. t I, f° 42
6
XVIe s.
C'est à bon droit que ces reproches leur sont objectées par sa bouche...
Reproches generaux ne sont admis [pour récuser un témoin]
de Antoine LOYSEL dans 783
Faits de reproches d'estre larron, parjure, etc.... ne sont reçus s'il n'y a eu sentence ou composition
de Antoine LOYSEL dans 784
Ceste parole estoit plus tost un reproche de trahison que un record de grace receue
de Jacques AMYOT dans Artax. 31
Par où il bridoit les occultes caquets des moqueurs, et esmoussoit la poincte de ce reproche
de Michel de MONTAIGNE dans III, 48
Toute noblesse se debvoit bien vestir de dueil le jour du trespas du bon chevalier sans paour et sans reprouche
dans Chronique de Bayart, ch. 66
De moi, je le dy sans reproche, Quoyque je ne fusse si proche Du deffunct comme estoit Martin
dans Sat. Mén. Ane lig.

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, repreuche ; provenç. repropche ; espagn. reproche ; ital. rimproccio. Les formes sont si semblables à celles d'approche, d'approcher, qu'il n'est pas possible de n'y pas voir avec Diez un représentant de re et prope (voy. PROCHE) : rapprocher, remettre sous les yeux, et fig. objecter, reprocher ; objecter veut dire aussi mettre devant.

Synonymes de REPROCHE

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