L'oeuvre Bérénice de Jean RACINE
Ecrit par Jean RACINE
Date : 1670
Citations de "Bérénice"
Utilisé pour le mot | Citation |
ABATTU, UE | Je m'agite, je cours languissante, abattue |
ABUSÉ, ÉE | Ma jeunesse, nourrie à la cour de Néron, S'égarait, cher Paulin, par l'exemple abusée |
ACCABLER | Rome.... ne désarma point sa fureur vengeresse Qu'elle n'eût accablé l'amant et la maîtresse |
ACCABLER | Fuyons tous deux, fuyons un spectacle funeste, Qui de notre constance accablerait le reste |
ACCABLER | Quand je verrai ces yeux armés de tous leurs charmes, Attachés sur les miens, m'accabler de leurs larmes |
ACCABLER | Et sans doute elle attend le moment favorable Pour disparaître aux yeux d'une cour qui l'accable |
ACCEPTER | J'accepte avec plaisir un présage si doux |
ACCOMPLIR | Résolu d'accomplir ce cruel sacrifice, J'y voulus préparer la triste Bérénice |
ACCORDER | Si sa bouche s'accorde avec la voix publique |
ACCOUTUMER | Ses yeux même pourront s'accoutumer aux miens |
ACHEVER | Je voulais que ton zèle achevât en secret De confondre un amour qui se tait à regret |
ADIEU | Et je viens donc vous dire un éternel adieu |
ADMETTRE | Rome.... N'admet avec son sang aucun sang étranger |
ADMETTRE | L'hymen chez les Romains n'admet qu'une Romaine |
ADORATEUR, TRICE | Je n'ai percé qu'à peine Les flots toujours nouveaux d'un peuple adorateur |
ADOUCIR | Si l'espoir de régner et de vivre en mon coeur Peut de son infortune adoucir la rigueur.... |
AFFLIGER | Si le ciel.... Veut encor m'affliger par une longue vie |
AFFRONT | Sauvons de cet affront mon nom et sa mémoire |
AGITER | Je m'agite, je cours, languissante, abattue |
AH ! | Ah ! Rome ! ah ! Bérénice ! ah ! prince malheureux ! |
AMBITION | Voilà l'ambition d'un coeur comme le mien |
AMENER | A quel excès d'amour m'avez-vous amenée ! |
AMI, IE | .... cet ami sincère Du secret de nos coeurs connaît tout le mystère |
AMOUR | De l'amour la plus tendre et la plus malheureuse |
AMOUR | Tant d'amour n'en peut être effacée |
AMOUR | Mais ce n'est pas assez expier vos amours |
AMOUR | L'hymen va succéder à vos longues amours |
AMOUR | Ah ! lâche, fais l'amour et renonce à l'empire |
AMPLE | Je me propose un plus ample théâtre |
AMUSEMENT | Faibles amusements d'une douleur si grande |
APPARENCE | De votre changement la flatteuse apparence M'avait rendu tantôt quelque faible espérance |
APPAS | Cette ardeur que j'ai pour ses appas, Bérénice en mon sein l'a jadis allumée |
APPLAUDIR | Ce sénat... Qui vient vous applaudir de votre cruauté |
APPORTER | Si mon retour t'apporte quelque joie, Arsace, rends-en grâce à mon seul désespoir |
APPROCHE | Quand de ce triste adieu je prévis les approches |
APPUYÉ, ÉE | Après mille serments appuyés de mes larmes |
ARDENT, ENTE | Elle m'a vu toujours ardent à vous louer |
ARDEUR | Cette ardeur que j'ai pour ses appas |
ARME | De mon heureux rival j'accompagnai les armes |
ARRACHÉ, ÉE | Les dépouilles des Juifs par vos mains arrachées |
ARRACHER | Vous seul vous lui pouvez arracher cette envie |
ARRACHER | La reine Bérénice Vous arrache, seigneur, du sein de vos États |
ARRÊTER | Ne partais-je pas, Si Titus, malgré moi, n'eût arrêté mes pas ? |
ARRÊTER | Pensez-vous qu'oubliant ma fortune passée, Sur ma seule grandeur j'arrête ma pensée ? |
ASSEMBLÉ, ÉE | Tandis qu'autour de moi votre cour assemblée.... |
ASSERVI, IE | La Judée asservie et ses remparts fumants |
ASSIDU, UE | Il n'avait plus pour moi cette ardeur assidue, Lorsqu'il passait les jours attachés sur ma vue |
ATTACHÉ, ÉE | Quand je verrai ces yeux armés de tous leurs charmes, Attachés sur les miens |
ATTACHER | Je n'attendais pas moins de cet amour de gloire Qui partout à vos pas attache la victoire |
ATTACHER | Vous que l'amitié seule attache sur ses pas |
ATTACHER | Rome, à ce nom si noble et si saint autrefois, Attacha pour jamais une haine puissante |
ATTENDRE | N'attendez pas ici que j'éclate en injures |
ATTENDRE | Mes transports aujourd'hui s'attendaient d'éclater |
ATTENDU, UE | Quoiqu'attendu, madame, à l'empire du monde |
ATTESTER | N'en doutez pas, madame, et j'atteste les dieux Que toujours Bérénice est présente à mes yeux |
AUSTÉRITÉ | Je sais qu'en vous quittant, le malheureux Titus Passe l'austérité de toutes les vertus |
AVANCE | L'ingrat, de mon départ consolé par avance |
AVANT | Avant que d'en venir à ces cruels adieux |
AVENIR | Mon coeur se gardait bien d'aller dans l'avenir Chercher ce qui pouvait un jour nous désunir |
AVIDE | Tous ces yeux qu'on voyait venir de toutes parts Confondre sur lui seul leurs avides regards |
AVOIR | Que je serais heureux si j'avais à le faire |
AVOUER | Rome ne voudra point l'avouer pour Romaine |
BAIGNÉ, ÉE | Ses yeux baignés de pleurs demandaient à vous voir |
BALANCE | Que Rome avec ses lois mette dans la balance Tant de pleurs.... |
BALANCE | Enfin votre rigueur emporta la balance |
BALANCER | Bérénice a longtemps balancé la victoire |
BANNISSEMENT | Mon règne ne sera qu'un long bannissement |
BARBARE | Au combat qui pour toi se prépare, C'est peu d'être constant, il faut être barbare |
BEAU ou BEL, BELLE | Au nom d'une amitié si constante et si belle |
BEAUTÉ | Rome contre les rois de tout temps soulevée Dédaigne une beauté dans la pourpre élevée |
BELIER ou BÉLIER | Le bélier impuissant les menaçait en vain |
BIEN | Rappelez bien plutôt ce coeur qui tant de fois M'a fait de mon devoir reconnaître la voix |
BIEN | êtes-vous pleinement content de votre gloire ? Avez-vous bien promis d'oublier ma mémoire ? Mais ce n'est pas assez expier vos amours : Avez-vous bien promis de me haïr toujours ? |
BLESSÉ, ÉE | Je ne vois rien ici dont je ne sois blessée |
BORD | Vois-je l'État penchant au bord du précipice ? |
BORNER | L'Euphrate bornera son empire et le vôtre |
BOUT | Au bout de l'univers, va, cours te confiner |
BRUIT | Surtout ne craignez point qu'une aveugle douleur Remplisse l'univers du bruit de mon malheur |
CABINET | Souvent ce cabinet, superbe et solitaire, Des secrets de Titus est le dépositaire |
CAPTIF, IVE | Rome vit passer au nombre des vaincus Plus d'un captif chargé des fers d'Antiochus |
CE, CET ; CETTE ; CES | De cette nuit, Phénice, as-tu vu la splendeur ? Tes yeux ne sont-ils pas tout pleins de sa grandeur ? Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée, Ces aigles, ces faisceaux, ce peuple, cette armée, Cette foule de rois, ces consuls, ce sénat, Qui tous de mon amant empruntaient leur éclat, Cette pourpre, cet or, que rehaussait sa gloire Et ces lauriers encor témoins de sa victoire |
CÉSAR | Et quoiqu'à ses Césars fidèle, obéissante.... |
CHAÎNE | Tandis que l'Orient, dans le lit de ses reines, Voit passer un esclave au sortir de ses chaînes |
CHAÎNE | Et ces noms, ces respects, ces applaudissements, Deviennent pour Titus autant d'engagements Qui, le liant, seigneur, d'une honorable chaîne.... |
CHALEUR | J'ai peut-être avec trop de chaleur Rabaissé ses présents ou blâmé sa douleur |
CHANCELER | Plus je sens chanceler ma cruelle constance |
CHANGER | Peut-être avant la nuit, l'heureuse Bérénice Change le nom de reine au nom d'impératrice |
CHARGÉ, ÉE | Rome vit passer au nombre des vaincus Plus d'un captif chargé des fers d'Antiochus |
CHARGÉ, ÉE | Chargé de mille coeurs conquis par mes bienfaits |
CHARGÉ, ÉE | Le sénat chargé des voeux de tout l'empire |
CHARGER | N'allons point nous charger d'une haine immortelle |
CHARMANT, ANTE | Où m'emporte un souvenir charmant ? |
CHARME | Dans mon désespoir trouvez-vous tant de charmes ? |
CHARMÉ, ÉE | Maître, n'en doutez point, d'un coeur déjà charmé, Commandez qu'on vous aime et vous serez aimé |
CHARMER | Rien ne peut-il charmer l'ennui qui vous dévore ? |
CHEMIN | [Qui] Sait si bien découvrir les chemins de mon coeur |
CHER, CHÈRE | Je pouvais de ma mort accuser.... Tout l'univers plutôt qu'une si chère main |
CHER, CHÈRE | Chers pleurs |
CHERCHER | Vos deux États voisins, qui cherchent à s'unir |
CHERCHER | Mon amour m'entraînait, et je venais peut-être Pour me chercher moi-même et pour me reconnaître |
CHOISIR | D'avoir choisi mon père au fond de l'Idumée |
CHOIX | Vous avais-je sans choix Confondu jusqu'ici dans la foule des rois ? |
CITER | Caligula, Néron, Monstres dont à regret je cite ici le nom |
COEUR | Pour chercher un ami qui me parle du coeur |
COEUR | Que ne fait point un coeur Pour plaire à ce qu'il aime et gagner son vainqueur ? |
COEUR | Jamais dans un grand coeur vit-on plus de faiblesse ? |
COMBATTRE | Pour ne la plus aimer j'ai cent fois combattu |
COMMANDEMENT | Des vaisseaux dans Ostie armés en diligence N'attendent pour partir que vos commandements |
COMMANDER | Sur cent peuples nouveaux Bérénice commande |
COMMANDER | Ou si nous ne pouvons commander à nos pleurs |
COMPATIR | Je sens qu'à sa douleur je pourrais compatir |
COMPLAISANCE | Ciel ! avec quel respect et quelle complaisance Tous les coeurs en secret l'assuraient de leur foi ! |
COMPRENDRE | Plus heureux que tu ne peux comprendre |
COMPTE | Je ne rendais qu'à moi compte de mes désirs |
COMPTER | Sais-je combien le ciel m'a compté de journées ? |
COMPTER | Vous que l'Orient compte entre ses plus grands rois |
COMPTER | Le triste Antiochus Se compta le premier au nombre des vaincus |
CONDAMNER | Apprendre à quel mépris Titus l'a condamnée |
CONDUIRE | Et cette autre [porte] conduit dans celui de la reine |
CONDUITE | Arsace, je me vois chargé de sa conduite |
CONDUITE | Vous-même rougiriez de ma lâche conduite |
CONFESSER | J'espère que bientôt la triste renommée Vous fera confesser que vous étiez aimée |
CONFIANCE | D'autres, loin de se taire en ce même moment, Triompheraient peut-être, et, pleins de confiance, Céderaient avec joie à votre impatience |
CONFIDENCE | Elle m'a vu toujours, ardent à vous louer, Répondre par mes soins à votre confidence |
CONFINER | Au bout de l'univers va, cours te confiner |
CONFIRMER | Je sais que le sénat tout plein de votre nom D'une commune voix confirmera ce don |
CONFONDRE | Vous avais-je sans choix Confondu jusqu'ici dans la foule des rois ? |
CONFONDRE | Tous ces yeux qu'on voyait venir de toutes parts Confondre sur lui seul leurs avides regards |
CONFONDRE | Je voulais que ton zèle achevât en secret De confondre un amour qui se tait à regret |
CONFONDRE | Vous détournez les yeux et semblez vous confondre |
CONSACRER | De son règne naissant [il] consacre les prémices |
CONSACRER | Sont-ce là ces projets de grandeur et de gloire Qui devaient dans les coeurs consacrer ma mémoire ? |
CONSACRER | Et je l'ai vue aussi cette cour peu sincère, Des crimes de Néron approuver les horreurs ; Je l'ai vue à genoux consacrer ses fureurs |
CONSTANCE | Exemple infortuné d'une longue constance |
CONSTANT, ANTE | Lui que j'ai toujours vu constant dans mes traverses |
CONTENTER | Prince, dès ce moment contentez mes souhaits |
CONTER | Heureux dans mes malheurs d'en avoir pu sans crime Conter toute l'histoire aux yeux qui les ont faits |
CONTER | Votre coeur me contait son audace nouvelle |
CONTRAINTE | L'amour fuit la contrainte De tous ces noms que suit le respect et la crainte |
COURIR | J'y suis couru |
COURONNER | Maintenant que je puis couronner tant d'attraits |
COURS | Un entretien dont le cours m'importune |
COURS | J'ai cru que votre amour allait finir son cours |
COURS | De ses premiers sanglots laissez passer le cours |
COURT, COURTE | Ces jours, si longs pour moi, lui sembleront trop courts |
COÛTER | Crois qu'il m'en a coûté pour vaincre tant d'amour |
COUVRIR | Je me suis tu cinq ans ; et jusques à ce jour D'un voile d'amitié j'ai couvert mon amour |
CRAINTE | Le respect et la crainte Ferment autour de moi le passage à la plainte |
DANS | Peut-être en ce moment je serais dans Ostie, S'il ne m'eût de sa cour défendu la sortie |
DANS | Contemplez mon devoir dans toute sa rigueur |
DE | Sans que de tout le jour je puisse voir Titus |
DE | Mais d'un soin si cruel la fortune me joue |
DÉBRIS | Je fondais mon bonheur sur le débris des lois |
DÉCHIRER | ....Hélas ! que vous me déchirez |
DÉCLARÉ, ÉE | Leur haine dès longtemps contre moi déclarée |
DÉCOUVRIR | Retirons-nous, sortons, et, sans nous découvrir, Allons loin de ses yeux l'oublier et mourir |
DÉÇU, UE | Madame, je vois bien que vous êtes déçue |
DÉFENDRE | Prince, de ce devoir je ne puis me défendre |
DEGRÉ | Haut degré de gloire et de puissance |
DEMANDER | Je vous ai demandé des oreilles, des yeux |
DEMANDER | Ses yeux baignés de pleurs demandent à vous voir |
DÉMENTI, IE | J'ai vu tous mes projets tant de fois démentis |
DÉMENTIR | Mon coeur ne prétend pas, seigneur, vous démentir ; Et je vous en croirai sur un simple soupir |
DÉMENTIR | Titus n'a point pour moi paru se démentir |
DEMEURER | Et dès le premier mot ma langue embarrassée Dans ma bouche vingt fois a demeuré glacée |
DÉPART | Demain elle entendra ce peuple furieux Me venir demander son départ à ses yeux |
DÉPENDRE | Quand de mes seules mains ce coeur voulait dépendre.... |
DÉPENS | À vos plus chers amis j'ai disputé ce rang ; Je l'ai disputé même aux dépens de mon sang |
DÉPLAISIR | Mais toujours quelque espoir flattait mes déplaisirs |
DÉPOSER | Je puis faire les rois, je puis les déposer |
DÉPOSITAIRE | Souvent ce cabinet superbe et solitaire Des secrets de Titus est le dépositaire |
DÉPÔT | J'attends Antiochus pour lui recommander Ce dépôt précieux que je ne puis garder |
DERNIER, IÈRE | Le sort m'y réservait le dernier de ses coups |
DERNIER, IÈRE | Tout ce que j'aimerai jusqu'au dernier soupir |
DERNIER, IÈRE | C'en est trop ; ma douleur, à cette triste vue, à son dernier excès est enfin parvenue |
DES | N'es-tu pas dans ces lieux Où la haine des rois, avec le lait sucée.... |
DÉSABUSÉ, ÉE | De mon aimable erreur je fus désabusée |
DÉSARMER | [Rome] Ne désarma point sa fureur vengeresse Qu'elle n'eût accablé l'amant et la maîtresse |
DÉSARMER | Sans doute, ce chagrin qui vient de m'alarmer N'est qu'un léger soupçon facile à désarmer |
DÉSAVOUER | La reine qui m'entend peut me désavouer |
DÉSERT, ERTE | Dans l'Orient désert quel devint mon ennui ! |
DÉSESPOIR | Partout du désespoir je rencontre l'image |
DÉSHONORER | L'éclat du diadème et cent rois pour aïeux Déshonorent ma flamme et blessent tous les yeux |
DÉSIR | Tout ce qui de mon coeur fut l'unique désir |
DÉSOBÉIR | Quoi ! vous craignoz si peu de me désobéir ! |
DÉSORDRE | .... Quand je m'examine, Je crois de ce désordre entrevoir l'origine ; Phénice, il aura su tout ce qui s'est passé ; L'amour d'Antiochus l'a peut-être offensé |
DÉSUNIR | Ce piége n'est tendu que pour nous désunir |
DÉTACHÉ, ÉE | Laissez-moi relever ces voiles détachés |
DÉTOURNER | Mais quoi, sans me répondre, Vous détournez les yeux et semblez vous confondre |
DÉTOURNER | Ses femmes à toute heure autour d'elle empressées Sauront la détourner de ces tristes pensées |
DÉTRUIRE | Il faut d'autres efforts pour rompre tant de noeuds ; Ce n'est qu'en expirant que je puis les détruire |
DEUIL | Ce long deuil que Titus imposait à sa cour |
DEVENIR | Dans l'Orient désert quel devint mon ennui ! |
DEVENIR | .... Les secrets de son coeur et du mien Sont de tout l'univers devenus l'entretien |
DEVOIR | Contemplez mon devoir dans toute sa rigueur |
DÉVORER | Rien ne peut-il charmer l'ennui qui me dévore ? |
DÉVORER | Toujours verser des pleurs qu'il faut que je dévore ! |
DÉVOUÉ, ÉE | Tous vos moments sont-ils dévoués à l'empire ? |
DIFFÉRENCE | Peut-être que son coeur fera la différence Des froideurs de Titus à ma persévérance |
DIRE | Qu'ai-je fait ? que veut-il ? et que dit ce silence ? |
DIRE | Mais, quoi que je craignisse, il faut que je le die |
DISCOURS | J'ai voulu devant elle en ouvrir le discours |
DISGRÂCE | Et qui peut mieux que vous consoler sa disgrâce ? |
DISPARAÎTRE | Tout disparaît dans Rome auprès de sa splendeur [de l'empereur] |
DISPARAÎTRE | Et sans doute elle attend le moment favorable Pour disparaître aux yeux d'une cour qui l'accable |
DISPOSÉ, ÉE | Est-elle enfin disposée à partir ? |
DISPUTER | Eh bien ! régnez, cruel, contentez votre gloire ; Je ne dispute plus.... |
DISTANCE | Ce rang entre elle et vous met-il tant de distance ? |
DISTRAIT, AITE | .... Je fuis des yeux distraits Qui, me voyant toujours, ne me voyaient jamais |
DOMPTER | Il dompta les mutins |
DOULOUREUX, EUSE | Exemple à l'univers De l'amour la plus tendre et la plus malheureuse Dont il puisse garder l'histoire douloureuse |
DOUTEUX, EUSE | .... Du jour illustre et douloureux Qui décida du sort d'un long siége douteux |
DOUX, DOUCE | Ce port majestueux, cette douce présence.... |
DOUX, DOUCE | Enfin, tout ce qu'amour a de noeuds plus puissants, Doux reproches, transports sans cesse renaissants |
DROIT | Rome me fit jurer de maintenir ses droits |
ÉCHELLE | Vous seul, Seigneur, vous seul, une échelle à la main, Vous portâtes la mort jusque sur leurs murailles |
ÉCLAIRCI, IE | De tous vos sentiments mon coeur est éclairci |
ÉCLAIRCISSEMENT | Épargnez à mon coeur cet éclaircissement |
ÉCLAIRER | Ce jour presque éclaira vos propres funérailles |
ÉCLAT | ... après l'éclat et les pas que j'ai faits |
ÉCOULER (S') | Laissez à ce torrent le temps de s'écouler |
EFFACER | Où la haine des rois avec le lait sucée, Par crainte ou par amour ne peut être effacée |
EFFET | Seigneur, tous ces regrets De votre piété sont de justes effets |
ÉGAL, ALE | Suivre d'un pas égal mes fortunes diverses |
ÉGARER | Ma jeunesse, nourrie à la cour de Néron, S'égarait, cher Paulin, par l'exemple abusée |
ÉLEVER | Dans l'espoir d'élever Bérénice à l'empire |
ÉLOIGNER | Je sens bien que sans vous je ne saurais plus vivre, Que mon coeur de moi-même est prêt à s'éloigner |
EMBARRASSÉ, ÉE | Et dès le premier mot, ma langue embarrassée Dans ma bouche vingt fois a demeuré glacée |
EMPIRE | Un autre était chargé de l'empire du monde |
EMPORTER | Enfin votre rigueur emporta la balance |
EMPRESSÉ, ÉE | Inquiète, empressée, Elle veut qu'à ses yeux j'explique ma pensée |
ÉMU, UE | Lorsqu'encor tout ému de vos derniers adieux |
EN | Et de ce peu de jours, si longtemps attendus, Ah ! malheureux, combien j'en ai déjà perdus ! |
ENCHAÎNÉ, ÉE | Mille prospérités l'une à l'autre enchaînées |
ENDROIT | Je connais votre coeur, vous devez vous attendre Que je vais le frapper par l'endroit le plus tendre |
ENFIN | Enfin tout ce qu'amour a de noeuds plus puissants, Doux reproches, transports sans cesse renaissants, Soin de plaire sans art, crainte toujours nouvelle, Beauté, gloire, vertu, je trouve tout en elle |
ENFLAMMÉ, ÉE | Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée |
ENGAGEMENT | Bérénice n'ayant pas ici avec Titus les derniers engagements que Didon avait avec Énée, elle n'est pas obligée, comme elle, de renoncer à la vie |
ENGAGEMENT | Et ces noms, ces respects, ces applaudissements Deviennent pour Titus autant d'engagements |
ENLACÉ, ÉE | Ces festons où nos noms enlacés l'un dans l'autre |
ENNEMI, IE | Quel caprice vous rend ennemi de vous-même ? |
ENNUI | Rien ne peut-il charmer l'ennui qui vous dévore ? |
ENNUI | Dans l'Orient désert quel devint mon ennui ! |
ENSANGLANTER | Je ne réponds pas que ma main, à vos yeux, N'ensanglante à la fin nos funestes adieux |
ENSEIGNER | Pour sortir des tourments dont mon âme est la proie, Il est, vous le savez, une plus noble voie : Je me suis vu, madame, enseigner ce chemin Et par plus d'un héros et par plus d'un Romain |
ENTENDRE | J'entends que vous m'offrez un nouveau diadème |
ENTENDRE | Mais la gloire, madame, Ne s'était point encor fait entendre à mon coeur |
ENTIER, IÈRE | La haine sur Titus tombera tout entière |
ENTRAÎNER | Et sans cesse veiller à retenir mes pas Que vers vous à toute heure entraînent vos appas |
ENTRE | Vous que l'Orient compte entre ses plus grands rois |
ENTREPRENDRE | J'entrepris le bonheur de mille malheureux ; On vit de tous côtés mes bontés se répandre |
ENTREPRENDRE | En l'état où je suis je puis tout entreprendre |
ENTRETENIR | Entretenir Titus dans un autre lui-même |
ENTRETIEN | Et si j'en crois, seigneur, l'entretien [les bruits] de la cour |
ENTREVOIR | Je crois de ce désordre entrevoir l'origine |
ENVIE | Elle implore à grands cris le fer et le poison, Vous seul vous lui pouvez arracher cette envie |
ENVIER | Pourquoi m'enviez-vous l'air que vous respirez ? |
ENVISAGER | Soit que je vous regarde ou que je l'envisage, Partout du désespoir je rencontre l'image |
ENVISAGER | Lorsque j'envisageai le moment redoutable Où pressé par les lois d'un austère devoir.... |
ENVOYER | Le ciel sait qu'au milieu des honneurs qu'il m'envoie Je n'attendais que vous pour témoin de ma joie |
ÉPANCHER | Mon coeur vous fut ouvert tant qu'a vécu mon père ; C'était le seul présent que je pouvais vous faire : Et lorsque avec mon coeur ma main peut s'épancher, Vous fuyez mes bienfaits tout prêts à vous chercher |
ÉPARGNER | Et vos refus cruels, loin d'épargner ma peine, Excitent ma douleur, ma colère et ma haine |
ÉPOUVANTER | La rigueur de ses lois m'épouvante pour vous |
ÉPOUX, OUSE | Quoi ! déjà de Titus épouse en espérance |
ÉPREUVE | J'ai fait de mon courage une épreuve dernière |
ÉPUISER | Je conjure les dieux d'épuiser tous les coups Qui pourraient menacer une si belle vie |
ERREUR | Quelle était mon erreur ! |
ESPÉRANCE | Déjà de Titus épouse en espérance |
ESPÉRER | J'espérais de verser mon sang après mes larmes |
ESPÉRER | Après cinq ans d'amour et d'espoir superflus Je pars fidèle encor, quand je n'espère plus |
ESPOIR | Dans l'espoir d'élever Bérénice à l'empire |
ÉTALER | Dans le moment fatal Où j'étale à ses yeux les pleurs de mon rival |
ÉTEINDRE | Les larmes de la reine ont éteint cet espoir |
ÉTERNEL, ELLE | Tous mes moments ne sont qu'un éternel passage De la crainte à l'espoir, de l'espoir à la rage |
ÉTRANGER, ÈRE | Rome par une loi que rien ne peut changer N'admet avec son sang aucun sang étranger |
EXAMINER | Je n'examine point si j'y pourrai survivre |
EXCÈS | Néron tant détesté N'a point à cet excès poussé sa cruauté |
EXCITER | Ma gloire, mon repos, tout m'excite à partir |
EXEMPLE | Exemple infortuné d'une longue constance |
EXILÉ, ÉE | Gémissant dans ma cour et plus exilé qu'elle |
EXPIER | Mais ce n'est pas assez expier vos amours ; Avez-vous bien promis de me haïr toujours ? |
EXTRÊME | Jugez de ma douleur, moi dont l'ardeur extrême, Je vous l'ai dit cent fois, n'aime en lui que lui-même |
FACILE | Non, je crois tout facile à votre barbarie |
FAIBLESSE | Vil spectacle aux humains des faiblesses d'amour |
FAIM | Il dompta les mutins, reste pâle et sanglant Des flammes, de la faim, des fureurs intestines |
FAIRE | Je puis faire les rois, je puis les déposer |
FAIRE | La joie importune De tant d'amis nouveaux que m'a faits la fortune |
FARDEAU | Mais à peine le ciel eut rappelé mon père.... Je sentis le fardeau qui m'était imposé ; Je connus.... que le choix des dieux, contraire à mes amours, Livrait à l'univers le reste de mes jours |
FATAL, ALE | Après m'être longtemps flatté que mon rival Trouverait à ses voeux quelque obstacle fatal |
FATIGUER | Ainsi donc mes bontés vous fatiguent peut-être ? |
FEMME | Ses femmes, à toute heure, autour d'elle empressées |
FER | Et d'aller, trop content de mes fers, Soupirer avec vous au bout de l'univers |
FERMER | Le respect et la crainte Ferment autour de moi le passage à la plainte |
FIDÈLE | Je pars fidèle encor, quand je n'espère plus |
FIGURE | .... Caligula, Néron, Monstres dont à regret je cite ici le nom, Et qui.... ne conservant que la figure d'homme.... |
FIN | Le ciel sembla promettre une fin à ma peine |
FINIR | Comment souffrirons-nous... Que le jour recommence et que le jour finisse Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice ? |
FIXER | [Ils] Fixent dans son devoir ses voeux irrésolus |
FLAMBEAU | [Ils n'ont point] Allumé le flambeau d'un hymen odieux |
FLATTER | Bérénice d'un mot flatterait mes douleurs |
FLATTEUR, EUSE | De votre changement la flatteuse apparence M'avait rend tantôt quelque faible espérance |
FLÉCHIR | Tout l'univers fléchit à vos genoux |
FLÉTRI, IE | Des fers de Claudius Félix encor flétri |
FLOT | Je n'ai percé qu'à peine Les flots toujours nouveaux d'un peuple adorateur |
FOIS | Vingt fois depuis huit jours J'ai voulu devant elle en ouvrir le discours |
FONDER | Je fondais mon bonheur sur le débris des lois |
FORTIFIER | Vous-même contre vous fortifiez mon coeur |
FORTUNE | Enfin je me dérobe à la joie importune De tant d'amis nouveaux que me fait la fortune |
FOULE | Ce même Antiochus, se cachant à ma vue, Me laisse à la merci d'une foule inconnue |
FOULE | Vous avais-je sans choix Confondu jusqu'ici dans la foule des rois ? |
FOULER | Et qui [Caligula, Néron], ne conservant que la figure d'homme, Foulèrent à leurs pieds toutes les lois de Rome |
FRAPPER | Je connais votre coeur : vous devez vous attendre Que je vais le frapper par l'endroit le plus tendre |
FROIDEUR | Hé quoi ! vous me jurez une éternelle ardeur, Et vous me la jurez avec cette froideur ! |
FRONTIÈRE | Là de la Palestine il étend la frontière |
FRUIT | Rome.... ne reconnaît point les fruits illégitimes Qui naissent d'un hymen contraire à ses maximes |
FRUIT | Voici le temps, seigneur, où vous devez attendre Le fruit de tant de sang qu'ils [les Romains] vous ont vu répandre |
FUIR | L'amour fuit la contrainte |
FUMER | Tous les temples ouverts fument en votre nom |
FUNÉRAILLES | Ce jour presque éclaira vos propres funérailles |
FUNESTE | Mais qui rend à vos yeux cet hymen si funeste ? |
GAGNER | Que ne fait point un coeur Pour plaire à ce qu'il aime et gagner son vainqueur ? |
GARDER | Maintiendrai-je des lois que je ne puis garder ? |
GÊNER | Quoi ! ne vous plaisez-vous qu'à vous gêner sans cesse ? |
GÉNÉREUX, EUSE | Vous, seigneur, importun ? vous, cet ami fidèle Qu'un soin si généreux intéresse pour elle |
GLACÉ, ÉE | Et dès les premiers mots ma langue embarrassée Dans ma bouche vingt fois a demeuré glacée |
GLACÉ, ÉE | Mais mon âme accablée Écoutait sans entendre et ne leur a laissé Pour prix de leur transport qu'un silence glacé |
GLOIRE | Je n'attendais pas moins de cet amour de gloire Qui partout après vous attacha la victoire |
GLOIRE | Ah ! que sous de beaux noms cette gloire est cruelle [de vaincre ses passions] ! Combien mes tristes yeux la trouveraient plus belle, S'il ne fallait encor qu'affronter le trépas ! |
GRAND, ANDE | Voilà les plus grands coups ; Seigneur, continuez, la victoire est à vous |
GRANDEUR | Plaignez ma grandeur importune ; Maître de l'univers, je règle sa fortune.... Cependant de mon coeur je ne puis disposer |
GRÉ | Je ne puis croire que le public me sache mauvais gré de lui avoir donné une tragédie qui a été honorée de tant de larmes |
HAINE | N'allons point nous charger d'une haine immortelle |
HAINE | Rome à ce nom [de roi], si noble et si saint autrefois, Attacha pour jamais une haine puissante |
HEUREUX, EUSE | Heureux dans mes malheurs d'en avoir pu sans crime Conter toute l'histoire à ceux qui les ont faits |
HISTOIRE | Servons tous trois d'exemple à l'univers De l'amour la plus tendre et la plus malheureuse Dont il puisse garder l'histoire douloureuse |
HOMMAGE | Il verra le sénat m'apporter ses hommages |
HONNEUR | Faut-il que sans honneur l'Euphrate vous revoie ? |
HONORABLE | Et ces noms, ces respects, ces applaudissements Deviennent pour Titus autant d'engagements Qui, le liant, seigneur, d'une honorable chaîne.... Fixent dans son devoir ses voeux irrésolus |
HONTEUX, EUSE | Qui, moi, j'aurais voulu, honteuse, méprisée, D'un peuple qui me hait soutenir la risée ? |
HORREUR | Et je l'ai vue aussi cette cour peu sincère Des crimes de Néron approuver les horreurs |
HORS | ....Mon coeur hors de lui-même S'oublie et se souvient seulement qu'il vous aime |
HUMAIN, AINE | Vous verriez à regret marcher à votre suite Un indigne empereur, sans empire, sans cour, Vil spectacle aux humains des faiblesses d'amour |
HUMANITÉ | Ou renoncez, seigneur, à toute humanité |
IDÉE | Ne me rappelez point une trop chère idée |
IDOLÂTRE | Je ne prends pas pour juge une cour idolâtre |
IDOLÂTRIE | Antoine, qui l'aima jusqu'à l'idolâtrie |
ILLÉGITIME | Rome.... ne reconnaît point les fruits illégitimes Qui naissent d'un hymen contraire à ses maximes |
ILLUSTRE | Et lorsque cette reine, assurant sa conquête, Vous attend pour témoin de cette illustre fête |
IMAGE | Partout du désespoir je rencontre l'image |
IMAGE | Adieu, je vais, le coeur trop plein de votre image, Attendre, en vous aimant, la mort pour mon partage |
IMMORTEL, ELLE | Je n'aurais pas, seigneur, reçu ce coup mortel, Dans le temps que j'espère un bonheur immortel |
IMPÉRATRICE | Peut-être avant la nuit l'heureuse Bérénice Change le nom de reine au nom d'impératrice |
IMPORTER | Et que m'importe, hélas ! de ces vains ornements ? |
IMPORTUNER | De ma présence encor j'importune vos yeux |
IMPORTUNER | De quel soin votre amour va-t-il s'importuner ? |
IMPOSER | Je sentis le fardeau qui m'était imposé |
IMPOSSIBLE | Je n'examinais rien, j'espérais l'impossible |
IMPOSTEUR | Ces festons où nos noms enlacés l'un dans l'autre, à mes tristes regards viennent partout s'offrir, Sont autant d'imposteurs que je ne puis souffrir |
INCERTITUDE | Je ne respire pas dans cette incertitude |
INCOMPATIBLE | Sans cesse elle présente à mon âme étonnée L'empire incompatible avec votre hyménée |
INDULGENT, ENTE | Rome lui sera-t-elle indulgente ou sévère ? |
INEXORABLE | Ma gloire inexorable à toute heure me suit |
INFORTUNÉ, ÉE | Exemple infortuné d'une longue constance |
INGRAT, ATE | Ces mêmes dignités Ont rendu Bérénice ingrate à vos bontés |
INJURIEUX, EUSE | J'oublie en sa faveur un discours qui m'outrage ; Je n'en ai pas troublé le cours injurieux |
INSTRUIT, UITE | Bérénice est instruite Que vous voulez ici la voir seul et sans suite |
INTÉRESSÉ, ÉE | Mais parliez-vous de moi quand je vous ai surpris ? Dans vos secrets discours étais-je intéressée ? |
INTÉRÊT | Ses intérêts sont-ils plus sacrés que les nôtres ? |
INTERROMPRE | Ne vous offensez pas si mon zèle indiscret De votre solitude interrompt le secret |
INTESTIN, INE | Il dompta les mutins, reste pâle et sanglant Des flammes, de la faim, des fureurs intestines |
INVINCIBLE | Je voulais qu'à mes voeux rien ne fût invincible ; Je n'examinais rien, je voulais l'impossible |
JALOUX, OUSE | Rome vous voit, Madame, avec des yeux jaloux |
JALOUX, OUSE | Si Titus est jaloux, Titus est amoureux |
JAMAIS | Pour jamais ! ah seigneur ! songez-vous en vous-même Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ? |
JETER | Dans quel trouble, seigneur, jetez-vous mon esprit ! |
JOINDRE | Joignez à cela qu'il faut.... Il va sur tant d'États couronner Bérénice, Pour joindre à plus de noms le nom d'impératrice |
JOINDRE | Lorsqu'un heureux hymen, joignant nos destinées, Peut payer en un jour les voeux de cinq années |
JOUER | Mais d'un soin si cruel la fortune me joue.... |
JURER | Hé quoi ! vous me jurez une éternelle ardeur, Et vous me la jurez avec cette froideur ? |
JUSTICE | Il faut que devant vous je lui rende justice |
JUSTICE | Je suis surpris, sans doute, et c'est avec justice |
JUSTIFIER | Je crains votre douleur plus que votre colère ; Avant la fin du jour vous me justifierez |
LÂCHE | Ah lâche ! fais l'amour et renonce à l'empire |
LAISSER | Paulin, qu'on vous laisse avec moi |
LAIT | N'es-tu pas dans ces lieux Où la haine des rois, avec le lait sucée, Par crainte ou par amour ne peut être effacée ? |
LANGUE | Et, dès le premier mot, ma langue embarrassée Dans ma bouche vingt fois a demeuré glacée |
LANGUEUR | Soutiendrai-je ces yeux dont la douce langueur Sait si bien découvrir les chemins de mon coeur ? |
LANGUISSANT, ANTE | Je m'agite, je cours, languissante, abattue |
LÉGER, ÈRE | Sans doute, ce chagrin qui vient de m'alarmer N'est qu'un léger soupçon facile à désarmer |
LENT, ENTE | Moments trop rigoureux, Que vous paraissez lents à mes rapides voeux ! |
LIBRE | Maître de mon destin, libre dans mes soupirs |
LIER | L'intérêt, la raison, l'amitié, tout vous lie |
LIEU | Ah ! qu'un aveu si doux aurait lieu de me plaire ! |
LIT | Et vous croiriez pouvoir, sans blesser nos regards, Faire entrer une reine au lit de nos Césars |
LIVRER | Et que le choix des dieux contraire à mes amours Livrait à l'univers le reste de mes jours |
LOI | La rigueur de ses lois [de Rome] m'épouvante pour vous |
LOIN | Mais regardez plus loin : songez en ce malheur Quelle gloire va suivre un moment de douleur |
LOIN | Allons ; et de si loin évitons la cruelle, Que de longtemps, Arsace, on ne nous parle d'elle |
LONGUEUR | Je fuis de leurs regrets l'inutile longueur Pour chercher un ami qui me parle du coeur |
LUI | ....Moi dont l'ardeur extrême, Je vous l'ai dit cent fois, n'aime en lui que lui-même |
MAIN | On sait qu'elle [Bérénice] est charmante, et de si belles mains Semblent vous demander l'empire des humains |
MAIN | Quand de vos seules mains ce coeur voudrait dépendre |
MAINTENANT | Maintenant que je puis couronner tant d'attraits, Maintenant que je l'aime encor plus que jamais |
MAINTENIR | Maintiendrai-je des lois que je ne puis garder ? |
MAÎTRE | Parle : peut-on le voir sans penser, comme moi, Qu'en quelque obscurité que le sort l'eût fait naître, Le monde en le voyant eût reconnu son maître ? |
MAÎTRESSE | Rome l'alla chercher [Cléopâtre] jusques à ses genoux [d'Antoine], Et ne désarma point sa fureur vengeresse Qu'elle n'eût accablé l'amant et sa maîtresse |
MAJESTÉ | Quoi ! vous pourriez, seigneur, par cette indignité De l'empire à vos pieds fouler la majesté ? |
MAJESTUEUX, EUSE | Ce port majestueux, cette douce présence.... |
MALHEUR | Titus, pour mon malheur, vint, vous vit et vous plut |
ME | Ne me rappelez point une trop chère idée |
ME | Vous m'aimez, vous me le soutenez |
MÊME | Hé bien ! Antiochus, es-tu toujours le même ? |
MÊME | Cent fois je me suis fait une douceur extrême D'entretenir Titus dans un autre lui-même |
MÉMOIRE | Mais vos pleurs ont assez honoré sa mémoire |
MENTIR | Il ne faut point mentir, ma juste impatience Vous accusait déjà de quelque négligence |
MERCI | Ce même Antiochus, se cachant à ma vue, Me laisse à la merci d'une foule inconnue |
MILLE | Mille autres mieux que moi pourront vous en instruire |
MOI | Ah ! cruel ! par pitié, montrez-moi moins d'amour |
MOINDRE | Je n'en avais prévu que la moindre partie |
MOINS | Après l'éclat et les pas que j'ai faits, Je dois vous épouser encor moins que jamais |
MOMENT | Des vaisseaux dans Ostie armés en diligence, Prêts à quitter le port de moments en moments |
MONSTRE | Caligula, Néron, Monstres dont à regret je cite ici le nom |
MORT | Vous voyez devant vous une reine éperdue Qui, la mort dans le sein, vous demande deux mots |
MORTEL, ELLE | Je n'ai pas cru que.... Il fût quelque mortel qui pût impunément Se venir à mes yeux déclarer mon amant |
MOT | Dès le premier mot ma langue embarrassée Dans ma bouche vingt fois a demeuré glacée |
MUET, ETTE | Ma bouche et mes regards, muets depuis huit jours, L'auront pu préparer à ce triste discours |
MURAILLE | Vous portâtes la mort jusque sur leurs murailles [des Juifs] |
MYSTÈRE | Seigneur, de ce départ quel est donc le mystère ? |
NAÎTRE | En sa faveur d'où naît cette tristesse ? |
NE | Je pars plus amoureux que je ne fus jamais |
NÉCESSAIRE | Prince, plus que jamais vous m'êtes nécessaire |
NÉGLIGENCE | Il ne faut point mentir, ma juste impatience Vous accusait déjà de quelque négligence |
NÉGLIGER | Je ne respire pas dans cette incertitude ; Moi, je vivrais, Phénice, et je pourrais penser Qu'il me néglige, ou bien que j'ai pu l'offenser ! |
NOBLE | En bannissant ses rois, Rome à ce nom, si noble et si saint autrefois, Attache pour jamais une haine puissante |
NOM | Peut-être avant la nuit, l'heureuse Bérénice Change le nom de reine au nom d'impératrice |
NOM | Au nom d'une amitié si constante et si belle, Employez le pouvoir que vous avez sur elle |
NOMMER | On vous nomme, et ce nom la rappelle à la vie |
NÔTRE | Ses intérêts sont-ils plus sacrés que les nôtres ? |
NOURRI, IE | Ma jeunesse nourrie à la cour de Néron |
NOUVEAU ou, devant une voyelle ou une h muette, NOUVEL, NOUVELLE | La pompe de ces lieux, Je le vois bien, Arsace, est nouvelle à tes yeux |
NOYER | Tandis que dans les pleurs moi seule je me noie |
NUE | Et le peuple, élevant vos vertus jusqu'aux nues, Va partout de lauriers couronner vos statues |
NUIT | Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée |
OBÉISSANT, ANTE | [Rome] Et quoiqu'à ses Césars fidèle, obéissante |
OBSCUR, URE | Mon coeur libre d'ailleurs, sans craindre les murmures, Peut brûler à son choix dans des flammes obscures |
OBSCURITÉ | Peut-on le voir sans penser, comme moi, Qu'en quelque obscurité que le sort l'eût fait naître, Le monde en le voyant eût reconnu son maître ? |
OEIL | Muet, chargé de soin et les larmes aux yeux, Il ne me laissait plus que de tristes adieux |
OEIL | Je fuis des yeux distraits Qui, me voyant toujours, ne me voyaient jamais |
OFFENSER | Dois-je croire qu'assise au trône des Césars, Une si belle reine offensât ses regards [de Rome] ? |
ORIENT | Dans l'Orient désert quel devint mon ennui ! |
ORIGINE | Je crois de ce désordre entrevoir l'origine |
OUBLIER | Avez-vous bien promis d'oublier ma mémoire ? |
OUBLIER | Que dis-je ? en ce moment mon coeur hors de lui-même S'oublie et se souvient seulement qu'il vous aime |
OUTRAGE | Souffrez que de vos pleurs je répare l'outrage |
OUVRIR | Ouvrez les yeux, seigneur, et songeons entre nous Par combien de raisons Bérénice est à vous |
OUVRIR | Mon coeur vous fut ouvert tant qu'a vécu mon père |
OUVRIR | J'ai voulu devant elle en ouvrir le discours |
PARDONNER | En faveur de Titus vous pardonnez le reste |
PARLER | Titus m'aime ; il peut tout ; il n'a plus qu'à parler, Il verra le sénat m'apporter ses hommages |
PARTI | Vous pouvez tout : aimez, cessez d'être amoureux ; La cour sera toujours du parti de vos voeux |
PARTI | Ah ! la voici, seigneur ! prenez votre parti |
PARTIR | Vous voulez que je parte demain ; Et moi j'ai résolu de partir tout à l'heure |
PAS | Titus porte vers nous ses pas |
PAS | Tout est prêt ; on m'attend ; ne suivez point mes pas |
PASSAGE | Tous mes moments ne sont qu'un éternel passage De la crainte à l'espoir, de l'espoir à la rage |
PASSER | Tandis que l'Orient dans le lit de ses reines Voit passer un esclave au sortir de nos chaînes ! |
PASSER | Laissez à ce torrent le temps de s'écouler ; Dans huit jours, dans un mois, n'importe, il faut qu'il passe |
PASSER | J'ai voulu que des coeurs vous fussiez l'interprète ; Qu'au travers des flatteurs votre sincérité Fît toujours jusqu'à moi passer la vérité |
PASSER | Je sais qu'en vous quittant le malheureux Titus Passe l'austérité de toutes leurs vertus [des anciens Romains] |
PAUPIÈRE | Dès que ma triste main eut fermé sa paupière |
PAYER | Lorsqu'un heureux hymen, joignant nos destinées, Peut payer en un jour les voeux de cinq années |
PEINDRE | Et j'ai peint à ses yeux le trouble de votre âme |
PEINE | Je n'ai percé qu'à peine Les flots toujours nouveaux d'un peuple adorateur |
PENSÉE | Dans vos secrets discours étais-je intéressée, Seigneur ? étais-je au moins présente à la pensée ? |
PENTE | Ma jeunesse, nourrie à la cour de Néron, S'égarait, cher Paulin, par l'exemple abusée, Et suivait du plaisir la pente trop aisée |
PERCER | Je n'ai percé qu'à peine Les flots toujours nouveaux d'un peuple adorateur |
PERCER | Je viens percer un coeur que j'adore, qui m'aime ; Et pourquoi le percer ? qui l'ordonne ? moi-même |
PERDRE | Et de ce peu de jours si longtemps attendus, Ah ! malheureux ! combien j'en ai déjà perdus ! |
PERDRE | Comme vous je me perds d'autant plus que j'y pense |
PEUPLE | Je n'ai percé qu'à peine Les flots toujours nouveaux d'un peuple adorateur |
PEUPLE | Un grand peuple les suit |
PLACE | Tout fit place à mes armes |
PLAISIR | Je me suis fait un plaisir nécessaire De la voir chaque jour, de l'aimer, de lui plaire |
PLAISIR | Ma jeunesse.... s'égarait, Et suivait du plaisir la pente trop aisée |
PLEIN, EINE | Adieu ! je vais, le coeur trop plein de votre image.... |
PLEUR | J'ai vu couler des pleurs qu'il voulait retenir |
PLEUR | Tandis que dans les pleurs moi seule je me noie |
PLONGER | Quoi ! pour d'injustes lois que vous pouvez changer, En d'éternels chagrins vous-même vous plonger ! |
POIDS | Titus m'accable ici du poids de sa grandeur |
POMPE | La pompe de ces lieux, Je le vois bien, Arsace, est nouvelle à tes yeux |
PORTER | Vous portâtes la mort jusque sur leurs murailles |
POUSSER | Que dit-on des soupirs que je pousse pour elle ? |
PRÉCIPITER | Non, non, encore un coup ne précipitons rien |
PREMIER, IÈRE | Il a repris pour vous sa tendresse première |
PRÉPARER | Vous pouvez préparer, seigneur, votre réponse |
PRÊT, ÊTE | L'un [Régulus], jaloux de sa foi, va chez les ennemis Chercher avec la mort la peine toute prête |
PRÊT, ÊTE | Et je dois moins encore vous dire Que je suis prêt pour vous d'abandonner l'empire |
PRIER | ....si le ciel encore est touché de mes pleurs, Je le prie, en mourant, d'oublier mes douleurs |
PROCHAIN, AINE | De son appartement cette porte est prochaine |
PROIE | Pour sortir des tourments dont mon âme est la proie |