Définition de CHARME

DÉFINITIONS - REMARQUE - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : char-m'

DÉFINITIONS

1
Effet prétendu d'un art magique qui change l'ordre naturel.
Le charme se rompit ; le pilote vit le rivage tel qu'il était
.... Un charme ordinaire a trop peu de pouvoir Sur les spectres parlants qu'il faut vous faire voir
de Pierre CORNEILLE dans Illusion, I, 3
Mais je crains des chrétiens les complots et les charmes
Je n'ai que des attraits et vous avez des charmes [en parlant à Médée]
Un démon.... Fit un charme si souverain Que....
de Jean de LA FONTAINE dans Ch. imposs.
Toute l'antiquité se servait de charmes contre la morsure des serpents
Une Thessalienne a composé des charmes
On avait saigné l'enfant, sa mère lui avait mis des charmes
Vous croyez donc que les déplaisirs et les plus mortelles douleurs ne se cachent pas sous la pourpre, ou qu'un royaume est un remède universel à tous les maux, un baume qui les adoucit, une charme qui les enchante ?
2
Sémantique : Par extension.
Ces prières apostoliques qui, par un espèce de charme divin, suspendent les douleurs les plus violentes
Il se tait et ces mots semblent être des charmes
Quel est ici ton charme, odieuse princesse ?
N'attendez point de moi de regrets ni de larmes ; Un grand coeur à ses maux applique d'autres charmes
Et contre ma douleur j'aurais senti des charmes, Quand une main si chère eût essuyé mes larmes
À ma douleur je chercherai des charmes
Quel charme l'attirait sur ces bords redoutés ?
Par quel charme secret laissé-je retenir Ce courroux si sévère et si prompt à punir ?
Par un charme fatal vous fûtes entraînée
Ils s'aiment ! par quel charme ont-ils trompé mes yeux ?
de Jean RACINE dans ib.
Par quel charme, oubliant tant de tourments soufferts, Pouvez-vous consentir à rentrer dans ses fers ?
Sémantique : Fig. Le charme est rompu, l'illusion est détruite.
Il n'appartient qu'à vous de rompre le charme qui les éblouit
Il est nécessaire que cet esprit lève le charme de l'amour-propre
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans II, Fr. de P. 1
À peine y touchez-vous que le charme cesse
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Prosp.
Rompez le charme fatal qui vous endort
de Jean-Baptiste MASSILLON dans ib. Tiédeur, sermon 2
3
Ce qui plaît, ce qui touche, ce qui attire.
Reine, puisque ce titre a pour vous tant de charmes
Tous ces charmes de langage Dont on s'offre à la servir, Me l'assurent [ma dame] davantage, Au lieu de me la ravir
de François de MALHERBE dans V, 3
Pour un coeur généreux ce trépas a des charmes
Qui veut que dans sa mort je trouve encor des charmes
de Pierre CORNEILLE dans ib. IV, 5
Le mérite a toujours des charmes éclatants
Et s'il met à vos pieds ce charme de vos yeux [le diadème]
Mais c'était à l'insu de leurs parents cruels ; La défense est un charme
de Jean de LA FONTAINE dans Filles de Minée.
C'est proprement un charme [l'apologue] ; il rend l'âme attentive, Ou plutôt il la tient captive, Nous attachant à des récits
Ne sentirai-je plus de charme qui m'arrête ? Ai-je passé le temps d'aimer ?
de Jean de LA FONTAINE dans ib. IX, 2
Sa conversation était un charme, parce qu'il savait parler à chacun selon ses talents
Jamais personne n'a jeté des charmes dans l'amitié comme vous faites
Il y a un charme pour les peuples dans la vue du prince
Tout cédait au charme secret de ses entretiens
Ce charme victorieux qui les entraîne
de Blaise PASCAL dans dans COUSIN
La simplicité qui fait le plus grand charme de la beauté
Et prête à mon discours un charme qui lui plaise
Retiens tes cris, et, par d'indignes larmes, De cet heureux moment [la mort] ne trouble pas les charmes
Dans mon désespoir trouvez-vous tant de charmes ?
Qu'après un long hiver le printemps a de charmes !
de Jean RACINE dans Poésies, 1
Pour l'homme de bien la vertu a mille fois plus de charmes que le vice
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Avenir.
La vérité a des charmes dont un bon coeur a peine à se défendre
Vous plaignez mon exil, il a pour moi des charmes
La vie a ses attraits, mais la mort a ses charmes
Il enchante ces lieux par un charme invincible
Rougis-tu d'être belle, ô charme de mes yeux ?
4
Nature : S. m. plur. En parlant d'une femme, attraits, appas.
Celle dont mes ennuis avaient leur guérison S'en va porter ailleurs ses appas et ses charmes
de François de MALHERBE dans V, 7
Elle pleure en secret le mépris de ses charmes
Hermione à Pyrrhus prodiguait tous ses charmes
de Jean RACINE dans ib. I, 1
Il commençait à trouver des charmes dans sa personne
Vénus avait répandu sur elle de nouveaux charmes

REMARQUE

1
1. D'après les grammairiens, ce mot ne se dit qu'au pluriel dans le sens d'attraits, d'appas, et qu'au singulier quand il signifie cette puissance secrète qui attire, ce qui plaît, ce qui touche. La première partie de la remarque est vraie ; mais la seconde ne l'est pas, comme on peut s'en assurer en parcourant les exemples. Cette distinction, qui n'a rien en soi de logique ou de grammatical, ne pourrait être qu'une affaire d'usage ; or l'usage même est contre elle.
2
2. Des grammairiens prétendent que charme ne se dit pas des personnes comme des choses. Cette remarque n'est pas fondée. Lamartine a très bien dit : ô charme de mes yeux. Corneille a dit charme à, par une tournure poétique, aujourd'hui archaïque :
Si vous n'avez un charme à [un moyen de] vous justifier

SYNONYME

1
1. CHARME, ENCHANTEMENT., Le charme (carmen) est une formule en vers ou en prose mesurée à laquelle on attribue la vertu de troubler l'ordre de la nature. L'enchantement (incantamentum) est l'action de prononcer cette formule. Comme à tout moment, dans le discours, on prend la cause pour l'effet ou l'antécédent pour le conséquent, la différence des deux mots disparaît, et ils sont la plupart du temps synonymes.
2
2. CHARMES, APPAS., On est très porté à confondre absolument ces deux termes. Mais, à une époque où l'on était plus près du sens primitif des mots, Malherbe n'a pas hésité à mettre : ses appas et ses charmes. En effet, appas se dit des beautés qui attirent ; et charmes, de celles qui agissent par une vertu occulte, magique.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Il dit un charme que il avoit aprins
dans Garin, II, 104
E uns charmes truvad, par unt il soleit asuager les mals
dans Rois, 241
2
XIIIe s.
Mès or sai bien que je feré ; Un bon charme vos aprendré
dans Ren. 7650
3
XVe s.
Les aucuns de ces arioles affirmoient que le roi estoit demené par sorts et par carmes
À l'amour ne suys adonné, Et j'ame encore moins les armes, Mais le vin, dès que je fus né ; C'est pourquoi j'en fai tous mes carmes [vers]
de BASSEL. dans 1
4
XVIe s.
Conjurations, charmes, characteres...
de Ambroise PARÉ dans Introd. 27

ÉTYMOLOGIE

1
Carmen, chant, vers, formule d'enchantement, anciennement casmen, sanscrit çasman, de çañs, célébrer.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Aimer comme un charme, s'est dit pour aimer beaucoup, être ensorcelé par la passion
de VADÉ dans Oeuvr. compl. t. II, p. 303, dans CH. NISARD, Parisianismes, Paris, 1876, p. 45
On dit se porter comme un charme, pour se porter bien, par une fausse analogie avec aimer comme un charme
de CH. NISARD dans ib.
2
Ajoutez :
3. Charmes, au pluriel, ne se dit qu'en parlant des femmes. Cependant Racine l'a dit, non malheureusement, d'un homme.
Je plaignis Bajazet, je lui vantai ses charmes, Qui, par un soin jaloux dans l'ombre retenus, Si voisins de ses yeux, leur étaient inconnus

Synonymes de CHARME

Termes proches de CHARME