Définition de DISTINCTION

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : di-stin-ksion ; en vers, de quatre syllabes

DÉFINITIONS

1
Action de distinguer.
Il fait transporter les blessés sans distinction de Français ou d'ennemis
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Or. fun. Conty.
Tu sais trop la distinction des péchés véniels d'avec les mortels
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Marie-Thér.
Si vous savez faire la distinction de l'état des uns et des autres
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anges.
Dans la guerre la distinction entre le héros et le grand homme est délicate
de Jean de LA BRUYÈRE dans II
Vous me trouverez sur les livres de Platon, qui traitent de la spiritualité de l'âme, de la distinction d'avec le corps, ou la plume à la main pour calculer les distances de Saturne et de Jupiter
de Jean de LA BRUYÈRE dans VI
D'où est venue dans l'Église cette distinction de ceux qui sont du monde d'avec ceux qui n'en sont pas ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Samar.
Si l'Évangile avait des distinctions à faire....
de Jean-Baptiste MASSILLON dans ib. Immut.
L'universalité, jointe à l'éminence des vertus guerrières, était le caractère de distinction de l'invincible Condé
de BOUHOURS dans Nouv. rem.
Rien n'y manque que l'intelligence et le pinceau de Rubens, la magie de l'art, la distinction des plans
de Denis DIDEROT dans Salon de 1767, Oeuvres, t. XV, p. 40, dans POUGENS
La distinction du bien et du mal, connaissance morale de ce qui est bon et de ce qui est mauvais.
2
Sémantique : Terme de logique. Explication des sens divers d'une proposition. Par le moyen d'une distinction, il échappera à la difficulté qu'on lui fait.
Vous n'avez pu désavouer cela, mais vous y faites une distinction
de Blaise PASCAL dans Prov. 18
On a vu un semblable succès de l'opinion de tuer pour des médisances ; car elle est aujourd'hui arrivée à une permission pareille sans aucune distinction
de Blaise PASCAL dans ib. 13
Que d'inutiles questions, Que de distinctions frivoles !
de CHAUL. dans Contre l'esprit.
Les distinctions du dialecticien sont utiles dans le cours de la vie
de Denis DIDEROT dans Opin. des anc. phil. (pyrrhonisme phil.)
. Entre le conseil, l'approbation et le silence, n'est-il point de distinction à faire ?
de Denis DIDEROT dans Règne de Claude et Nér. I, § 76
Sémantique : Terme de droit canonique. Titre contenant plusieurs questions.
3
Ce qui établit une préférence, une prérogative. La distinction des rangs. Traiter quelqu'un avec distinction. Les distinctions qui plaisent à ceux qui les reçoivent offensent les autres, Trévoux.
De quelque superbe distinction que se flattent les hommes, ils ont tous une même origine, et cette origine est petite
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Il y avait entre eux des distinctions extérieures qui empêchaient qu'on ne prît la femme du praticien pour celle du magistrat et le roturier ou le simple valet pour le gentilhomme
de Jean de LA BRUYÈRE dans VII
Il n'y a que les distinctions qui affligent dans les communautés, parce qu'elles humilient
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. Mme Glapion, 31 mars 1700
C'était une grande distinction, lorsque quelqu'un pouvait avoir le bonheur d'entretenir un moment Pythagore
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Pyth.
Toutes les petites distinctions furent pour lui
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zadig, 10
Content de son sort, il ne désirait ni fortune ni distinctions ; et il n'en avait point obtenu, parce qu'il est plus commode de les accorder à ceux qui les demandent qu'à ceux qui savent les mériter
de Marie-Jean Antoine Caritat, marquis de CONDORCET dans d'Alembert.
Un officier de distinction, officier remarqué pour son mérite.
Un personnage de distinction, personnage d'un rang élevé.
Emploi, charge de distinction, emploi important, honorable.
En un sens ironique et défavorable.
À quelles marques peut-on ici vous reconnaître, qu'à des distinctions de crime et d'ignominie ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Passion.
4
Ce qui, dans la tenue, a un caractère d'élégance, de noblesse et de bon ton. Avoir de la distinction, un air de distinction. La distinction des manières.
Ce sens paraît être récent ; car on ne le trouve pas dans les auteurs anciens.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
E mustrad [et il montra] le ordenement e les destinctiuns des pruveires [prêtres] e des diacnes e des ordenez
dans Rois, 244
2
XIVe s.
Et sont moult de gens qui glorifient et honorent indifferentement sans distinttion et les bons et les malvès
de Nicolas ORESME dans Eth. 122
3
XVe s.
Ay je dit en mon prologue, que je traicteray de noblece de courage, chevalerie et sagece, en distinction de trois parties
de Christine de PISAN dans Charles V, I, ch. 3
4
XVIe s.
Il faut lors observer l'autre distinction entre les crimes et fautes plus legieres
de Jean CALVIN dans Instit. 989
Sans distinction de parenté [sans regarder à la parenté]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 114
Le philosophe Antisthene ostoit toute distinction entre leur vertu [des femmes] et la nostre
de Michel de MONTAIGNE dans III, 388
Au paravant les chevaliers romains seoient pesle mesle parmy le menu peuple ainsi que chascun se rencontroit, et le premier qui y meit distinction fut M. Otho
de Jacques AMYOT dans Cicéron, 16

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. distinctio, distinzion ; espagn. distincion ; ital. distinzione ; du latin distinctionem, de distinctum, supin de distinguere, distinguer.

Synonymes de DISTINCTION

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