Définition de CONTER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : kon-té

DÉFINITIONS

1
Faire un récit.
Si Peau d'âne m'était conté, J'y prendrais un plaisir extrême
Tu me contais alors l'histoire de mon père
Heureux dans mes malheurs d'en avoir pu sans crime Conter toute l'histoire aux yeux qui les ont faits
Trop heureux d'avoir pu par un récit fidèle, De leur paix en passant vous conter la nouvelle
Nos lévites.... Ont conté son enfance au glaive dérobée, Et la fille d'Achab dans le piége tombée
Si vous me promettiez de tenir votre langue, je vous conterais.... mais non, car vous iriez tout dire
de Paul Louis COURIER dans 2e lettre particulière.
Sémantique : Poétiquement.
Ariane aux rochers contant ses injustices
Au pied du saule assise, et douce, et sans murmure, Elle contait aux vents sa peine et son injure
Conte aux vents, conte au bois ses déplaisirs secrets
de Jean de LA FONTAINE dans Filles de Minée.
Nature : Absolument. Les vieillards aiment à conter, c'est-à-dire, ils aiment à faire le récit de ce qu'ils ont fait ou vu dans leur jeunesse.
Contons, mais contons bien, c'est le point principal
de Jean de LA FONTAINE dans Oies.
L'une des marques de la médiocrité de l'esprit est de toujours conter
de Jean de LA BRUYÈRE dans XII
Milord Maréchal aimait à conter, mais ne contait jamais qu'à propos, avec simplicité, quoique avec finesse, et surtout avec ce bon goût qui écarte les détails inutiles
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Éloges, Milord Maréchal.
Il aimait à conter et contait bien, paraissant moins songer à l'effet qu'il pouvait produire sur ses auditeurs que se livrer au plaisir de se rappeler ce qui l'avait occupé ou amusé autrefois
2
Dire, relater.
Évandre a tout conté pour excuser son maître
Votre coeur me contait son audace nouvelle
Contez-nous donc maintenant, vous qui les savez, toutes les grandes qualités de la princesse Palatine
Elle me nomma tous ceux qui l'avaient aimée, elle me conta tout ce qu'ils avaient fait pour lui plaire
Sémantique : Familièrement. Conter ses raisons, ses petites raisons à quelqu'un, entrer dans un détail familier.
Sémantique : Ironiquement. Que venez-vous me conter là ? c'est-à-dire quelles sornettes venez-vous me débiter ?
Conter des fagots, conter des choses sans vraisemblance.
En conter de belles, conter des sornettes, conter des choses vaines, frivoles.
Dans le même sens, en conter. Il nous en conte.
J'ai beau vous en conter et faire le mauvais, je m'assure que vous vous moquez de moi
Dorante qui tantôt nous en a tant conté
En conter de belles se dit aussi quand on apprend des choses inattendues. On vient de m'en conter de belles sur votre compte.
En conter à une femme, la courtiser.
Et qui veut vivre aimé n'a qu'à vous en conter
Elle en aimait fort une [jeune fille] à qui l'on en contait
de Jean de LA FONTAINE dans Fianc.
Et que s'il en contait avec attention, Le penchant serait grand à la tentation
Si quelqu'un vous en contait
La curiosité qu'on fait lors éclater Marque un secret plaisir de s'en ouïr conter
Mme de Valentinois accusa son beau-père, non-seulement de lui en avoir conté, mais de l'avoir voulu forcer
S'en faire conter, écouter, en parlant d'une femme, des propos galants.
Ève aima mieux, pour s'en faire conter, Prêter l'oreille aux sornettes du diable Que d'être femme et ne pas coqueter
de SARAZIN dans dans LEROUX, Dict. com. On dit dans le même sens, s'en laisser conter.
En avoir long à conter, avoir beaucoup de choses à dire, à rapporter.
Conter fleurettes, conter des fleurettes, tenir à une femme des propos de galanterie.
Ils [les Français] ont cela de mauvais qu'ils s'émancipent un peu trop et s'attachent en étourdis à conter des fleurettes à toutes celles qu'ils rencontrent

HISTORIQUE

1
XIe s.
Et Blancardin pour la raison conter....
dans Ch. de Rol. V
2
XIIe s.
Vint as Franzois, devant toz l'a conté
dans Ronc. p. 45
[La raison] Que l'arcivesque lui a dite et contée
dans ib. p. 83
Mout grant dolors en ert [sera] au roi contée
dans ib. p. 91
Au roi Marsile la nouvelle [elle] a contée
dans ib. p. 146
[Étant] preus et sage, je ne vous os conter La grant dolor....
dans Couci, X
Et de Troie r'ai-je oï conter Qu'ele fut jà de moult grant seigneurie
de QUESNES dans Romancero, p. 108
Ensi est del felun cum il fu del sengler, Dunt vus avez oï en Avien cunter, Qui soleit les furmenz al riche humme gaster
dans Th. le mart. 31
Li reis cunctad tut à Jezabel la reine que Helyes out fait, e cume il out mort tuz les prophetes Baal
dans Rois, 319
3
XIIIe s.
Toutes leur aventures, sans mensonge conter
dans Berte, III
Des journées [marches] qu'il firent, trop ne vous conterai
dans ib. VII
Laissez m'entrer leens, tout vous sera conté
dans ib. XLV
Conté [elle] m'a son afaire et tout son errement
dans ib. XLVII
Belle, fait-il, s'il est si com m'avez conté....
dans ib. CXIV
Qui amer vuet or i entende, Que li romans dès or amende : Dès or le fait bon escouter, S'il est qui le sache conter
dans la Rose, 2074
Cil dist moult bien qui sait conter Qu'une fois doit li poz [le pot] verser
dans Ren. 7443
Et avant que je vous conte de ses granz faiz et de sa chevalerie, vous conterai que je vi et oy de ses saintes paroles
4
XVe s.
Venez vers moy, bonne nouvelle, Pour mon las cueur reconforter ; Contez moi comment fait la belle ; L'avez vous point oy parler De moy, et amy me nommer ?
de Charles D'ORLÉANS dans Bal. 31
Je n'y estoye pas, mais le roy m'en a compté
de Philippe de COMMINES dans II, 8
5
XVIe s.
Vrayement Protagoras nous en contoit de belles....
de Michel de MONTAIGNE dans II, 311
Clidemus conte ces choses d'une autre et toute differente sorte
de Jacques AMYOT dans Thésée, 23
On compte encore beaucoup d'autres choses sur ce propos
de Jacques AMYOT dans ib. 24

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. contar, comtar ; catal. espagn. et portug. contar ; ital. contare ; du latin computare (voy. COMPTER) ; compter ayant pris, par une dérivation facile à saisir, le sens de conter. On trouve souvent dans des textes anciens conter et compter confondus.

Synonymes de CONTER

Termes proches de CONTER

Phonétiquement proche de CONTER