Définition de JETER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : jeté. Le t se double quand la syllabe qui suit est muette : je jette, je jetterai

DÉFINITIONS

1
Communiquer un mouvement avec la main ou de quelque autre manière.
Comme il continuait, je me sentis extrêmement tentée de lui jeter un livre à la tête
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 12 juin 1680
L'Anglais [le chevalier Talbot] a promis au roi sur sa tête et si positivement de guérir Monseigneur dans quatre jours, et de la fièvre et du dévoiement, que, s'il n'y réussit, je crois qu'on le jettera par les fenêtres
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 8 nov. 1680
De sorte que Ludre, Coëtlogon et Rouvroy sont parties ce matin pour aller à Dieppe et se faire jeter trois fois dans la mer
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 27
On jeta de l'eau sur les restes de l'embrasement
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 20
Je jette quelquefois dans votre paquet les petits billets de l'abbé Bigorre, qui sait très bien ses nouvelles de Rome
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 28 déc. 1689
C'est afin que, la poste de Provence arrivant, il [un commis de la poste] jette le paquet à celle de Bretagne, qui part le même jour
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 25 mai 1680
Comme un frondeur fait tourner avec sa fronde la pierre qu'il veut jeter loin de lui
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. X
Il avale les dés et presque le cornet, jette le verre d'eau dans le trictrac, et inonde celui contre qui il joue
de Jean de LA BRUYÈRE dans XI
Quoi ! misérable, lui dit-il, me prends-tu donc pour un bâtard ? et en même temps il lui jeta sa coupe à la tête
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. VI, p. 134, dans POUGENS
Avant ce temps-là, un grec [homme appartenant à la religion grecque] jetait par la fenêtre un plat dans lequel un latin avait mangé, quand il ne pouvait pas jeter le latin lui-même
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Chabanon, 18 janv. 1768
Les femmes, parées magnifiquement, étaient aux fenêtres, et jetaient des fleurs et des parfums sur les vainqueurs
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. I, 25
Sémantique : En termes de marine, faire le jet.
Si, par tempête ou par la chasse de l'ennemi, le capitaine se croit obligé, pour le salut du navire, de jeter en mer une partie de son chargement
dans Art. 410 du Code de commerce
Sémantique : Fig.
Adieu, ma chère comtesse ; jetez mes amitiés, mes compliments, mes embrassades, comme vous jugerez à propos
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 26 oct. 1688
Jeter la plume au vent, voy. PLUME.
Sémantique : Fig. Jeter de la poudre aux yeux, voy. POUDRE.
Sémantique : Fig. Jeter de l'huile sur le feu, dans le feu, voy. HUILE, n° 2.
Sémantique : Fig. Jeter le manche après la cognée, voy. MANCHE, s. m.
Sémantique : Fig. Jeter la pierre à quelqu'un, voy. PIERRE.
Sémantique : Fig. Jeter quelque chose au nez de quelqu'un, lui en faire objection, reproche (locution des gens de cour, dit de Caillères, en 1690).
C'est un étrange fait du soin que vous prenez à me venir toujours jeter mon âge au nez
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Éc. des mar. I, 1
Sémantique : Fig. Jeter son bonnet par-dessus les moulins, voy. BONNET, n° 1. Y jeter son bonnet, voy. BONNET, n° 2.
Sémantique : Fig. Jeter sa langue aux chiens, voy. CHIEN, n° 3.
Sémantique : Fig. N'être pas bon à jeter aux chiens, voy. CHIEN, n° 3.
Sémantique : Fig. Il n'en jette pas sa part aux chiens, voy. CHIEN, n° 3.
Sémantique : Fig. Jeter un os à quelqu'un, voy. os.
Jeter son coussinet sur quelque chose, s'arranger de manière à l'obtenir par adresse ; locution tirée de l'usage de marquer sa place, de la retenir, en y mettant son coussin.
Sémantique : Fig. Jeter quelque chose aux pieds de quelqu'un, lui en faire l'offre, l'abandon.
Donnons-lui ce triomphe ; honneurs, lauriers, pouvoirs, Jetons tout à ses pieds ; je veux tout lui devoir
de Casimir DELAVIGNE dans Paria, II, 5
2
Jeter un châle, une mante, un manteau, etc. sur ses épaules, sur les épaules de quelqu'un, mettre avec quelque promptitude un châle, etc. sur ses épaules, sur les épaules de quelqu'un.
Moi.... qui n'avais précisément songé qu'à jeter sur moi une mauvaise robe
de Pierre de MARIVAUX dans Marianne, 8e part.
Ces pensées bouleversèrent tellement Mme de Maintenon, qu'il lui fut impossible de rester dans son lit ; elle jeta une robe sur ses épaules...
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Mme de Maintenon, t. II, p. 158, dans POUGENS
Ce vêtement, cette draperie, etc. est jetée avec grâce, avec élégance, en parlant d'un vêtement, d'une draperie disposés avec quelque négligence mais non sans grâce.
Sémantique : Terme de peinture. Jeter une draperie, donner une certaine disposition aux plis de la draperie dont on revêt une figure. Les plis de cette draperie sont bien jetés.
Sémantique : Fig. Jeter un voile sur quelque chose, le passer sous silence.
Je ne veux point lever un oeil présomptueux Vers le voile sacré que vous jetez sur eux [des secrets]
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Brutus, III, 3
3
Jeter un pont sur une rivière, construire, établir un pont sur une rivière ; surtout en parlant des ponts que l'on fait à la hâte pour le passage des troupes, des armées.
Scipion, ayant jeté un pont sur le Tésin, fit passer ses troupes
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. I, p. 404
Jeter les fondements d'un édifice, voy. FONDEMENT ; le langage technique dit plutôt : construire, poser, bâtir, maçonner les fondements d'un édifice.
Sémantique : Fig.
Il jeta les fondements de la religion
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 7
4
Sémantique : Terme de marine.
Jeter l'ancre, laisser tomber, de l'endroit du navire où elle est retenue, une ancre qui doit aller mordre la terre et s'y fixer, à l'effet de maintenir sur un point de la mer le navire que son câble lie à l'ancre
de JAL. dans
L'expression jeter l'ancre a été d'usage lorsque les ancres étaient maniables ; mais, à présent qu'elles ont une pesanteur considérable, on dit toujours : laisser tomber l'ancre, ou bien mouiller
de LEGOARANT. dans
Sémantique : Fig.
Ainsi toujours poussés vers de nouveaux rivages, Vers la nuit éternelle emportés sans retour, Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges Jeter l'ancre un seul jour ?
de Alphonse de LAMARTINE dans Méd. I, 13
Jeter le plomb, la sonde, lancer à la mer un plomb de sonde attaché à une corde mesurée, pour connaître la profondeur de l'eau ou la qualité du fond.
Sémantique : Fig. Jeter son plomb, jeter ses plombs sur quelque chose, porter ses vues sur quelque chose, former un dessein pour parvenir à quelque chose, essayer, faire une tentative.
Jeter le loch, lancer à la mer le loch pour connaître, par la longueur de la corde qui le retient, combien le na vire a fait de route pendant un temps donné.
Jeter les grappins d'abordage, lancer d'un navire à un autre les grappins enchaînés, dont l'effet est de rapprocher et de tenir l'un à côté de l'autre deux bâtiments qui vont se battre bord à bord
de JAL. dans
Sémantique : Fig. Jeter le grappin sur quelqu'un, se rendre maître de son esprit.
5
Se débarrasser de. Il jeta ce qu'il tenait à la main.
Le traître avait jeté ces gages précieux, Pour n'être point connu par ces marques sanglantes
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mérope, II, 5
Ils tirent à vingt pas ; ils jettent aussitôt leurs fusils ; et.... se précipitant entre les hommes et les chevaux, ils tuent les chevaux avec leurs poignards et attaquent les hommes, le sabre à la main
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Louis XV, 34
Jeter les armes, jeter ses armes, les quitter, cesser de combattre.
Dans les chutes fréquentes qu'ils [les soldats français] faisaient, leurs armes s'échappaient de leurs mains ; elles se brisaient ou se perdaient dans la neige ; s'ils se relevaient, c'était sans elles ; car ils ne les jetèrent point, la faim et le froid les leur arrachèrent
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. IX, II
Sémantique : Fig. et familièrement. Jeter le froc aux orties, voy. FROC.
Sémantique : Fig. Jeter loin, dédaigner.
Ne jetez pas si loin les livres de la Fontaine, il y a des fables qui vous raviront et des contes qui vous charmeront
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 6 mai 1671
6
Aux jeux de cartes, jeter ses cartes, les jouer.
Avec les sept carreaux il avait quatre piques, Et, jetant le dernier, m'a mis dans l'embarras
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Fâcheux, II, 2
J'ai jeté l'as de coeur, avec raison, me semble
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib.
Jeter se dit aussi au piquet, à l'écarté, des cartes que l'on écarte, dont on se défait pour en prendre d'autres. J'ai jeté les coeurs. J'aurais eu une quinte, mais j'ai jeté mon jeu.
Jeter les cartes, cesser la partie.
Bassement et par un mauvais jeu de mots, jeter du coeur sur du carreau, jeter des fusées, vomir.
7
Mettre, placer, diriger, non sans quelque idée de violence ou du moins de rapidité.
Un tourbillon de vent vous jette violemment sous une arche
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 25
Vous, ma chère fille.... vous que j'ai toujours aimée et souhaité d'avoir près de moi, voyez quel orage vous jette au bout du monde
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 11 déc. 1675
M. de Rennes le désire [un domestique] d'une manière à ne pouvoir lui refuser ; nous y jetons un homme qui nous paraît bon
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 3 juill. 1680
Dieu, qui suit toutes les parcelles de nos corps en quelque endroit du monde que la corruption ou le hasard les jette
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Venez maintenant, pécheurs, quels que vous soyez, en quelques régions écartées que la tempête de vos passions vous ait jetés
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
Quelle ardeur inquiète Parmi vos ennemis en aveugle vous jette ?
de Jean RACINE dans Brit. I, 3
Où j'avais ouï dire que mon père avait été jeté par les vents
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. I
Je le jetai dans une voiture, et nous retournâmes à la maison
de Pierre de MARIVAUX dans Fausses confid. I, 14
J'ignore en quels climats nous jette la tempête
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Oreste, II, 1
Pour adoucir en moi cette âpre dureté Des climats où mon sort en naissant m'a jeté
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Orphel. IV, 4
Cette province vit pour la première fois les Portugais en 1535, et ce fut une tempête qui les y jeta ; mais ils ne s'y établirent qu'en 1599
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. IX, 17
Sémantique : Fig.
N'admirez-vous point où mon coeur me jette et m'égare ? je suis toute seule, je suis toute attendrie....
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 1er oct. 1684
Sémantique : Fig. Jeter dans les bras, remettre à la garde, à la protection.
Hé bien ! pour un enfant qu'ils ne connaissent pas, Que le hasard peut-être a jeté dans leurs bras....
de Jean RACINE dans Athal. III, 3
Jeter dans un couvent, faire entrer dans un couvent.
Broglie était un si furieux amant, qu'il fut une des raisons qui la jetèrent [une dame] aux Carmélites
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 2 oct. 1689
Sémantique : Fig. et poétiquement, jeter au lit de, obliger une femme à devenir épouse de.
Ma déroute la jette au lit de Massinisse
de Pierre CORNEILLE dans Sophon. III, 7
Sémantique : Fig. Faire entrer dans une société.
Un autre incident me jeta dans des sociétés nouvelles
de Jean-François MARMONTEL dans Mém. IX
Jeter quelqu'un dans un cachot, dans les fers, le mettre ou le faire mettre en prison.
Celui qui avait pour lui les armées fut vainqueur, jeta son rival dans les fers, et, plus puissant qu'il ne l'avait espéré, se trouva le maître de toutes les provinces
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. VII, 5
8
Sémantique : Terme de guerre. Jeter des hommes, jeter une troupe, jeter des munitions, des vivres, etc. dans une place, les y faire entrer promptement dans le besoin.
Buckingham est forcé de ramener en Angleterre ses troupes diminuées de moitié, sans même avoir jeté du secours dans la Rochelle, et n'ayant paru que pour en hâter la ruine
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 176
Poster en avant ou d'une manière aventureuse.
La 15e division restait encore ; le vice-roi l'appelle ; elle s'avance en jetant une brigade à gauche dans le faubourg, et une à droite dans la ville
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. IX, 2
9
Sémantique : Terme de marine. Jeter son navire à la côte, l'y échouer exprès, afin d'éviter un danger plus grand.
Jeter à la bande, rassembler, sur un seul point, des marchandises qui étaient éparses, afin de faire contre-poids.
10
Sémantique : Terme de fauconnerie. Jeter l'oiseau du poing, le lancer après la proie. On dit : jeter le faucon et lâcher l'autour.
11
Sémantique : Terme d'imprimerie. Jeter un blanc, ménager, laisser un blanc.
On dit de même : jeter une espace, une interligne.
12
Jeter une couleur sur, donner une couleur à. Le peintre a jeté une teinte grise sur son tableau.
Sémantique : Fig.
La tristesse que l'idée de votre délicate santé a jetée sur toutes mes pensées
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 9 mai, 1680
On admira comment Molière avait pu jeter tant de comique sur un sujet qui paraissait fournir plus de pédanterie que d'agrément
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Vie de Molière.
Dans un sens analogue, jeter l'ombre, les ténèbres, produire l'obscurité.
Et l'enfer, couvrant tout de ses vapeurs funèbres, Sur les yeux les plus saints a jeté ses ténèbres
de Jean RACINE dans Esth. Prologue.
Quand la nuit sombre Sur ces coupables murs viendra jeter son ombre
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Sémiram. I, 3
Sémantique : Par extension.
Tant le sort entre nous a jeté de mystère !
de CRÉBILLON dans dans DESFONT
13
Diriger quelque partie du corps d'un certain côté. Il jeta la tête en arrière.
Jeter les yeux, la vue, les regards sur, regarder, considérer.
L'acteur ayant récité ce vers qui contenait l'éloge d'Amphiaraüs : il ne veut point paraître homme de bien et juste, mais l'être effectivement, tout le monde jeta les yeux sur Aristide, et lui en fit l'application
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. III, p. 135, dans POUGENS
C'est donc là le dernier [regard] que tu jettes sur elle !
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Tancr. V, 6
Sur ce billet au moins daignez jeter la vue
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Triumv. III, 2
Sémantique : Fig. Jeter les yeux sur quelqu'un, signifie quelquefois avoir sur quelqu'un des vues particulières. Il a jeté les yeux sur ce jeune homme pour en faire son gendre.
Par moi seule éloigné de l'hymen d'Octavie.... Silanus, sur qui Claude avait jeté les yeux....
de Jean RACINE dans Brit. I, 1
14
Pousser avec violence, faire tomber.
Ô toi qui n'attends plus que la cérémonie Pour jeter à mes pieds ma rivale punie, ....Poison, me sauras-tu rendre mon diadème ?
de Pierre CORNEILLE dans Rodog. V, 1
Quand dans le sein d'Araspe un poignard enfoncé Le jette aux pieds du prince
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. V, 8
À côté de son maître il le jette sans vie
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mérope, V, 6
Jeter par terre, jeter à terre, faire tomber à terre. Jeter un homme par terre.
Il crache sur le lit et jette son chapeau à terre
de Jean de LA BRUYÈRE dans XI
Il n'est pas rare de voir les litornes se rassembler au nombre de deux ou trois mille dans un endroit où il y a des alises mûres, et elles les mangent si avidement qu'elles en jettent la moitié par terre
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Ois. t. V, p. 419, dans POUGENS
Jeter une maison, une cloison, un mur, etc. par terre, démolir, abattre une maison, une cloison, etc.
Nos maisons ont été jetées par terre
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Jérémie, IX, 19
On dit dans le même sens : jeter bas.
Sémantique : Fig.
Un même instant conclut notre hymen, et la guerre Fit naître notre espoir et le jeta par terre
de Pierre CORNEILLE dans Hor. I, 3
Jeter une porte en dedans, la forcer en en faisant sauter la serrure.
Il est un moyen de jeter en dedans cette légère porte
de Pierre Augustin Caron de BEAUMARCHAIS dans Mar. de Fig. II, 13
15
Sémantique : Fig. Mettre quelqu'un dans une certaine manière d'être.
Soulever votre peuple, et jeter votre armée Dedans les intérêts d'une reine opprimée
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. IV, 2
De Vinius par là gagnant la bienveillance, Il a su le jeter dans une autre espérance
de Pierre Augustin Caron de BEAUMARCHAIS dans Othon, III, 1
Vous mettez par-dessus tout cela des remerciements, des douceurs charmantes, des agréments qui nous jettent dans la confusion
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 30 mars 1689
Il s'agit d'une addition au livre XIV, qui a jeté M. Jurieu dans d'étranges emportements
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Var. 2e avert. § 11
Dans quel trouble, seigneur, jetez-vous mon esprit !
de Jean RACINE dans Bérén. I, 3
Dans quels égarements l'amour jeta ma mère !
de Jean RACINE dans Phèdre, I, 3
De ce refus bizarre où seraient les raisons ? Il pourrait me jeter en d'étranges soupçons
de Jean RACINE dans Athal. II, 5
Cette idolâtrie des richesses qui me jette dans des gains injustes
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Dispos.
Faire naître certains sentiments.
Et leur division que je vois à regret Dans mon esprit charmé jette un plaisir secret
de Pierre CORNEILLE dans Cid, II, 5
Cessez, vaines frayeurs, cessez, lâches tendresses, De jeter dans mon coeur vos indignes faiblesses !
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, I, 1
[Si] La crainte de vous faire un funeste présent Ne me jetait dans l'âme un remords trop cuisant
de Pierre CORNEILLE dans Rodog. III, 5
Il n'a rien dit, madame, Qui vous doive jeter aucun trouble dans l'âme
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. I, 3
Il pouvait, sous l'appât d'une feinte promesse, Jeter dans les soldats un moment d'allégresse
de Pierre CORNEILLE dans Othon, IV, 2
Il est vrai que de passer ma vie sans vous voir y jette une tristesse et une amertume à quoi je ne puis m'accoutumer
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 28 mai 1676
On pouvait jeter dans son âme quelques fausses impressions, mais....
de Esprit FLÉCHIER dans duc de Mont.
Vous, cependant, allez ; et, sans jeter d'alarmes, à tous mes Tyriens faites prendre les armes
de Jean RACINE dans Athal. II, 6
Vous jetez la discorde au sein de ma famille
de LAMOTTE dans Inès de Castro, III, 3
Quelle horreur jetez-vous dans mon coeur étonné ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Marianne, I, 4
Davoust, avec vingt-cinq mille hommes, resta à l'arrière-garde ; pendant qu'il avançait de quelques pas et jetait, sans le savoir, la terreur chez les Russes. la grande armée étonnée leur tournait le dos
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. IX, 2
Poëtes, j'eus toujours un chant pour les poëtes, Et jamais le laurier qui pare d'autres têtes, Ne jeta d'ombre sur mon front
de Victor HUGO dans Odes, III, 1
16
Sémantique : Fig. Jeter loin, jeter dans, obliger à reporter à une époque éloignée ce qu'on veut faire.
Je ne voudrais point que vous allassiez repasser la Durance.... cela vous jette trop loin dans l'hiver
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 1er juill. 1676
Cela [un retard] vous jettera dans le mois de janvier, et c'est pour en mourir
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans Jour de la Toussaint, 1680
17
Faire subir.
Le bon exemple que vous voulez donner [en faisant le jubilé] vous jettera dans de plus grandes fatigues
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans juillet 1690
Mener à.
Pour moi, je suis dans l'histoire de France ; les croisades m'y ont jetée
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 6 nov. 1675
Entraîner à.
Pour son style [d'une dame pleine d'affectation], il m'est insupportable, et me jette dans des grossièretés, de peur d'être comme elle
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 13 août 1677
Seigneur, à découvert, toute âme généreuse D'avoir votre amitié doit se trouver heureuse ; Mais nous n'en voulons plus avec ces dures lois Qu'elle [Rome] jette toujours sur la tête des rois
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. V, 10
Si ce nom sur leur front jette tant d'infamie
de Pierre CORNEILLE dans Tois. d'or, I, 2
Et je ne voudrais pas par des efforts trop vains Jeter le moindre obstacle à vos justes desseins
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans D. Garcie, V, 3
Cela [les lettres] rapproche ; on est occupée des pensées que cela jette dans l'esprit
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 10 nov. 1675
Je jette cette pensée dans cette lettre
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 8 sept. 1680
Vous ririez de voir comme tous les vices et toutes les vertus sont jetés pêle-mêle dans le fond de ces provinces
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 21 juin 1680
La main qui jette tout cela [les vertus et les vices] dans son univers sait fort bien ce qu'elle fait, et tire sa gloire de tout, et tout est bien
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 21 janv. 1680
Jamais personne n'a jeté des charmes dans l'amitié comme vous faites
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 5 nov. 1688
Jeter des propos, avancer des propos qui vont indirectement à insinuer ou à découvrir quelque chose. Ce ministre a jeté des propos de paix, de guerre.
Puisque le propos en est jeté, il faut que je le suive
de Denis DIDEROT dans Salon de 1767, Oeuvres, t. XIV, dans POUGENS
On dit, dans un sens analogue, jeter des paroles, des pensées.
Pour moi, je jette de loin ces paroles en l'air
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 22 juill. 1685
Ce sont des pensées que je vous jette, et dont vous ferez tel usage que vous trouverez à propos
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 28 fév. 1685
Jeter des soupçons contre quelqu'un, faire soupçonner quelqu'un.
Jeter des brocards, se moquer. Jeter des louanges, louer.
Je vous dirai franchement.... qu'on nous jette de tous côtés cent brocards à votre sujet
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Avare, III, 5
Vous me jetez tant de louanges au travers de toutes mes imperfections....
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 14 juill. 1680
18
Jeter sur le papier, tracer, écrire à la hâte. Jeter ses idées, un plan, une esquisse sur le papier.
Voilà tout ce que mon imagination me fait jeter sur ce papier, sans art, sans arrangement, à course de plume
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans Lett. à Guitaut, 23 janv. 1682
Je respecte le génie et l'éloquence de M. Pascal ; mais plus je les respecte, plus je suis persuadé qu'il aurait lui-même corrigé beaucoup de ces pensées qu'il avait jetées au hasard sur le papier pour les examiner ensuite ; et c'est en admirant son génie que je combats quelques-unes de ses idées
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Rem. Pens. Pasc. Préambule.
19
Faire signifier, dénoncer. Jeter une excommunication, la publier, la fulminer.
L'évêque d'Agen a jeté un monitoire, il y a beaucoup de protestants en prison
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Damilaville, 1er août 1767
Jeter les bans d'un mariage, faire les annonces au prône.
Sémantique : Terme de droit canon. Jeter un dévolu, voy. DÉVOLU.
Sémantique : Fig. et familièrement. Jeter son dévolu sur, voy. DÉVOLU.
20
Rejeter sur, attribuer.
Au moindre jour ouvert de tout jeter sur moi
de Pierre CORNEILLE dans Rodog. V, 4
Jeter sur la conduite de Dieu ce qui n'est causé que par le déréglement de l'homme
de Esprit FLÉCHIER dans Serm. I, 29
Exciter à parler de.
Feignons, pour le jeter sur l'amour de son maître
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Dép. I, 3
21
Il se dit de l'argent, des valeurs qu'on fait entrer dans la circulation.
Les appartements du roi [par la fonte des meubles d'argent] ont jeté six millions dans le commerce
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 21 déc. 1689
22
Jeter l'argent, être prodigue.
L'on dit des merveilles de sa belle âme, et de la générosité de M. le prince de Conti, il jette l'argent héroïquement
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 400
Le roi fait des libéralités immenses ; en vérité, il ne faut point se désespérer ; quoiqu'on ne soit pas son valet de chambre, il peut arriver qu'en faisant sa cour, on se trouvera sous ce qu'il jette
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 12 janv. 1680
Monseigneur fait des merveilles [à Philisbourg].... jetant l'argent avec choix, disant du bien....
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Bussy, 3 nov. 1688
On lui vient [à Mme de Montespan] demander des charités pour les églises ; elle jette beaucoup de louis d'or partout fort charitablement et de fort bonne grâce
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 15 mai 1676
La facilité avec laquelle la plupart jettent l'argent fait soupçonner qu'il ne leur coûte pas beaucoup
de BRUEYS dans Grondeur, II, 20
Sémantique : Fig.
J'admire comme il passe, ce temps.... pour moi, vous savez comme je le jette et comme je le pousse jusqu'à ce que vous soyez ici
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 5 avr. 1680
Je jetterais le temps à pleines mains comme autrefois
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 23 nov. 1689
On avance dans un temps auquel on aspire.... on est libérale des jours, on les jette à qui en veut
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 10 janv. 1689
Jeter son bien, jeter tout par les fenêtres, c'est-à-dire dissiper son bien en folles dépenses.
Il ne jette pas son bien par la fenêtre, il ne jette pas les épaules de mouton toutes rôties, c'est-à-dire il est bon ménager de son bien.
On dit aussi : C'est un homme d'ordre et qui ne jette rien.
Sémantique : Fig. et familièrement. Jeter une marchandise à la tête, l'offrir à vil prix.
Si j'avais un conseil à vous donner, ce serait de réduire un peu l'ancien prix établi à Genève, mais de ne point jeter à la tête une édition qu'alors on jette à ses pieds
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Panckoucke, mars 1769
Sémantique : Fig. et familièrement. Jeter une chose à la tête de quelqu'un, la lui offrir sans qu'il la demande. Ne pensez pas que je lui jette mon bien à la tête, que je lui jette ma fille à la tête.
Les meilleures choses sont dégoûtantes quand elles sont jetées à la tête
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 27 mai 1672
Les jours passeront ; j'ai vu que j'en étais avare ; je les jette à la tête présentement
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 20 oct. 1679
23
Calculer avec des jetons. Jetez ces sommes-là ; je les ai jetées, et j'ai trouvé qu'elles montent à.... Apprendre à jeter.
Ce sens est vieilli. On disait jeter, parce qu'on se servait de jets ou jetons.
24
Jeter au sort, décider quelque chose par la voie du sort.
Ils ont partagé entre eux mes vêtements, et ont jeté ma robe au sort
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Évang. St Matthieu XXVII, 35
Jeter les dés, les lancer hors du cornet pour amener les points.
Sémantique : Fig. Le dé en est jeté, le parti en est pris.
On dit dans le même sens : Le sort en est jeté.
Le sort en est jeté, monsieur, n'en parlons plus
de Pierre CORNEILLE dans Cid, II, 1
Jeter des lots, les tirer au sort.
Sémantique : Terme d'ancienne coutume. Répartir une imposition.
25
Pousser, envoyer, lancer hors de soi.
Je cours au temple alors où la lampe allumée Jette, au lieu de lumière, une noire fumée
de Jean de ROTROU dans Antig. V, 5
On prétend que le lendemain le corps de ce prince [le duc d'Orléans assassiné qu'on avait porté dans l'église des Blancs-Manteaux] jeta du sang, lorsque le duc de Bourgogne, qu'on ne connaissait point encore pour l'auteur de cet assassinat et qui voulut faire bonne contenance, se présenta pour lui donner l'eau bénite
de SAINT-FOIX dans Ess. Paris, Oeuv. t. III, p. 288, dans POUGENS
L'esprit naturel des habitants ne jetait aucune étincelle
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 40
La queue est de la même couleur, mais d'une teinte plus foncée, et jette des reflets dorés d'un très bel effet
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Ois, t. XII, p. 155
La flamme des trépieds jetait des feux sinistres
de Casimir DELAVIGNE dans Paria, I, 2
Jeter des larmes, pleurer.
Je jette des larmes de joie
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans D. Juan, V, 1
Jeter un soupir, un cri, faire un soupir, un cri.
Je forcerai mon coeur sans jeter de soupirs
de DU RYER dans Scévole, V, 2
L'air résonne des cris qu'au ciel chacun envoie, Albe en jette d'angoisse et les Romains de joie
de Pierre CORNEILLE dans Hor. IV, 2
Léontius fut effrayé ; il jeta quelques soupirs, et se retira fort en colère
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. VIII, p. 84
Ce vieillard vénérable A jeté dans mes bras un cri si lamentable
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Fanat. IV, 4
Bientôt.... mais de la mort la main lourde et muette Vient de toucher la corde [de la lyre du poëte] ; elle se brise et jette Un son plaintif et sourd dans le vague des airs
de Alphonse de LAMARTINE dans Méd. II, 5
Sémantique : Fig. et familièrement. Jeter les hauts cris, se récrier, se plaindre hautement.
Jeter des menaces.
Jeterai-je toujours des menaces en l'air, Sans que je sache enfin à qui je dois parler ?
de Pierre CORNEILLE dans la Suiv. V, 2
Ce n'est plus cette done Elvire qui faisait des voeux contre vous, et dont l'âme irritée ne jetait que menace et ne respirait que vengeance
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans D. Juan, IV, 9
Sémantique : Fig. et familièrement. Il a jeté tout son venin, c'est-à-dire il a dit, dans l'emportement de sa colère, tout ce qu'il avait sur le coeur.
Sémantique : Fig. et familièrement. Jeter son feu, tout son feu, voy. FEU, n° 38.
Jeter feu et flamme, voy. FEU, n° 1.
Sémantique : Fig. et familièrement. Cet homme jette un vilain coton, voy. COTON.
26
Jeter des oeufs, être ovipare.
Parmi les animaux, les uns jettent des oeufs, les autres sont vivipares
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Singul. nat. XXIX.
27
En parlant des mouches à miel, produire et mettre dehors un nouvel essaim. Les mouches ont jeté deux essaims cette année.
Quelques pleines que fussent les ruches prêtes à jeter leur essaim
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. VI
Nature : Absolument. Ces mouches n'ont point encore jeté.
28
En parlant des arbres et des plantes, produire des bourgeons ou des scions. Cette vigne a bien jeté du bois. Cet arbre a jeté des scions.
Il accourt ; devant lui l'herbe jette des fleurs
de André CHÉNIER dans Hylas.
Nature : Absolument. Les arbres commencent à jeter.
Jeter de profondes racines, s'enraciner profondément. Les arbres jettent des racines plus profondes les uns que les autres.
Sémantique : Fig. Cet abus avait jeté de si profondes racines qu'il était difficile de l'extirper.
29
Rendre de l'humeur. Cet abcès jette du pus.
Il y a quatre jours qu'il prit une fantaisie à ma jambe de s'enfler et de jeter des feux et des sérosités
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 15 avr. 1685
Nature : Absolument. La plaie commence à jeter. Son cautère jette beaucoup.
Ce cheval jette sa gourme, il a par les narines un écoulement dû à la gourme.
Sémantique : Fig. Jeter sa gourme, exhaler sa mauvaise humeur, ou, pour un enfant, être hargneux et difficile, ou, pour un jeune homme, se mal conduire, ou, pour un jeune auteur, produire d'abord des choses faibles ou folles.
Absolument. On dit qu'un cheval jette, quand il a un écoulement par les narines, et spécialement dans le cas de morve.
30
Sémantique : Terme de vénerie. Ce cerf jette sa tête, il quitte son bois.
Le cerf jette ses fumées, il se vide.
31
Faire couler du métal fondu dans quelque moule afin d'en tirer une figure. Jeter une figure, une statue en bronze. Jeter en moule.
Jeter en sable, prendre un moule avec du sable.
Sémantique : Fig. Jeter en sable, avaler d'un trait.
Je vais jeter en sable à toi ce petit coup
de Jean de LA FONTAINE dans Ragotin, II, 7
Si vous lui apprenez qu'il y a un Tigellin qui souffle ou jette en sable un verre d'eau-de-vie....
de Jean de LA BRUYÈRE dans XIII
Nature : Absolument. Ce fondeur jette bien.
Sémantique : Fig. et familièrement. Cela ne se jette pas en moule, se dit d'un ouvrage qui ne peut se faire qu'avec beaucoup de soin et de temps.
32
Sémantique : Terme de potier d'étain. Jeter sur la pièce, ajuster une anse ou une pièce sur un vase par le moyen d'un moule.
Sémantique : Terme de chandelier. Jeter des chandelles, des bougies, les fabriquer au moule.
Sémantique : Terme de passementier. Jeter en soie, couvrir un bouton de soie tournée sur la bobine.
33
Se jeter, V. réfl. Être jeté. Les pierres qui se jetaient avec les frondes.
34
Être prodigué, en parlant de l'argent.
Cet homme [Penautier, lie avec la Brinvilliers] a un nombre infini d'amis d'importance.... ils n'oublient rien pour le servir ; on ne doute pas que l'argent ne se jette partout
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 10 juill. 1676
35
Se jeter, se lancer soi-même.
Me jeter du pont Neuf à bas dans la rivière
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. VIII
Vous tentez Dieu, et vous vous jetez à terre du haut du pinacle, dans l'espérance de trouver entre deux les mains des anges
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Élévat. sur myst. XXIII, 4
Un homme de bon sens ne se jette pas par la fenêtre ; c'est d'une nécessité morale
de Charles BONNET dans Essai psychol. ch. 47
Sémantique : Par personnification. Ce fleuve, cette rivière se jette dans telle autre, se jette dans la mer, dans un lac, etc. ce fleuve, cette rivière se rend, va se perdre dans telle autre, etc.
Sémantique : Fig.
Vous y voulez tomber [dans le précipice], je m'y jette avec vous
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Adélaïde, IV, 5
Sémantique : Terme de manége. Se jeter sur l'éperon, sur le talon, sur la jambe droite ou gauche, se dit d'un cheval qui pousse son corps du côté où le cavalier approche l'éperon, le talon ou la jambe, au lieu de céder à ces aides.
Sémantique : Terme de marine. Se jeter à la côte, y échouer son navire.
36
Se précipiter, se porter impétueusement.
Se jetant à ces mots sur le vin et l'encens
de Pierre CORNEILLE dans Poly. III, 2
Je me jette au-devant du coup qui t'assassine
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. IV, 4
Ce que Moïse ayant entendu, il se jeta le visage contre terre
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Nombres, XVI, 4
Montgaillard se jeta sur lui comme un furieux.... Pont-Gand tire son épée, et lui en donne au travers du corps, et le jette mort
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 20 sept. 1675
Le coup de canon.... emporta le bras de Saint-Hilaire.... le fils de Saint-Hilaire se jette à son père, et se met à crier
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 9 août 1675
Un lion affamé vint se jeter sur mon troupeau
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. II
César, outré des bruits qu'on répandait contre son honneur et sa réputation, se jette dans la ville, court par les rues...
de Abbé de René Aubert de VERTOT dans Révol. rom. XIV, 319
Puis tout à coup se jetant sur eux deux : Monsieur, dit-il, s'adressant à l'un d'eux...
de Jacques DELILLE dans Convers. II
Enfin, lorsque le besoin est extrême, il [le loup] s'expose à tout, il attaque les femmes et les enfants, se jette même quelquefois sur les hommes, devient furieux par ces excès, qui finissent ordinairement par la rage et la mort
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Quadrup. t. II, p. 187
Sémantique : Fig.
Sous quel appui tantôt mon coeur s'est-il jeté ?
de Jean RACINE dans Mithr. II, 6
Sémantique : Familièrement. Se jeter sur la friperie de quelqu'un, l'outrager de paroles.
Se jeter sur un lit, sur un siége, s'y asseoir, s'y coucher avec précipitation.
Il se jeta sur un lit, n'en pouvant plus
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 8 déc. 1673
Mme de Clémire, qui n'avait pas fermé l'oeil de la nuit précédente, se jeta sur son lit
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Veillées du chât. t. I, p. 5, dans POUGENS
Se jeter à genoux, se mettre précipitamment à genoux.
Allez, seigneur, vous jeter à ses pieds
de Jean RACINE dans Andr. II, 5
Le roi, maître de leurs retranchements, se jeta à genoux pour remercier Dieu du premier succès de ses armes
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Charles XII, 2
Cette femme éperdue à vos sacrés genoux demande à se jeter
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Orphel. III, 1
Se jeter au cou de quelqu'un, lui passer les bras autour du cou en l'embrassant.
Quand il [le maréchal de Grammont] fut seul avec le père [Bourdaloue qui venait lui annoncer la mort de son fils], il se jeta à son cou, lui disant qu'il devinait bien ce qu'il avait à lui dire
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 8 déc. 1673
Se jeter dans les bras, entre les bras de quelqu'un, se faire serrer, embrasser par quelqu'un.
[Le duc d'Enghien] se jetant entre ses bras [du prince de Condé] et dans le sein paternel
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Louis de Bourbon.
Sémantique : Fig. Se jeter dans les bras, chercher un appui.
Ne vous jetez donc point, madame, en d'autres bras
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. III, 4
Jetons-nous dans les bras qu'on nous tend avec joie
de Jean RACINE dans Mithr. III, 1
Sémantique : Fig. Se jeter à la tête de quelqu'un, et, absolument, se jeter à la tête, s'offrir avec empressement et sans être recherché.
Cette conduite de ne vous point jeter à la tête et de laisser place aux désirs de vous voir
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Coulanges, 28 mai 1695
Se jeter sur quelque chose, signifie quelquefois s'y porter avidement. Les chasseurs mouraient de faim, ils se jetèrent sur un pâté qu'ils avaient apporté.
Les archers français, prenant ce premier avantage pour le gain de la bataille, se jetèrent sur le bagage et se mirent à piller au lieu de combattre
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Hist. de Louis XI, Oeuv. t. III, p. 227, dans POUGENS.
Se jeter entre les mains, se remettre au pouvoir.
Mais un second otage entre mes mains se jette
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. V, 7
Se jeter dans, se dit aussi de tout ce qui est comparé à quelque abîme.
Ce serait d'un malheur vous jeter dans un pire
de Pierre CORNEILLE dans Attila, II, 1
Eutychès, qui ne put combattre cette hérésie qu'en se jetant dans un autre excès, ne fut pas moins fortement rejeté
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 11
Se jeter à ou dans, tourner ses vues, ses désirs vers.
Il se jettera à d'autres desseins, et pensera à se rendre maître de quelques îles
de Blaise PASCAL dans Pensées, prophét. 26, éd. FAUGÈRE.
37
Se jeter, faire une expédition militaire.
Un prince justement irrité se jette sur les terres de son ennemi
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 2e sermon, Annonciation, I
Attaquer avec impétuosité.
Hirtius trouva un endroit [des lignes d'Antoine] faible et moins défendu, qu'il emporta l'épée à la main ; il se jeta ensuite dans le camp
de Abbé de René Aubert de VERTOT dans Révol. rom. XIV, 326
38
Entrer, se réfugier précipitamment en quelque endroit. On poursuivit le voleur, mais il se jeta dans une allée obscure, et disparut. Il se jette dans une voiture et se fait conduire chez lui. Il se jeta dans la place avec un millier d'hommes.
Sémantique : Fig. Se jeter dans un couvent, s'y retirer.
Je le menacerai de me jeter dans un couvent
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Pourc. I, 4
Se jeter dans un désert, s'y réfugier.
Je suis en colère contre le monde entier, je m'en vais me jeter dans un désert
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Bussy, 22 sept. 1688
39
Aller, se rendre imprudemment en quelque lieu.
Nous ne voulons pas nous aller jeter dans la fureur qui agite notre province
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 24 juill. 1675
40
Sémantique : Fig. Prendre, accepter, se laisser aller.
Il faut se jeter promptement dans la soumission que nous devons à la Providence
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 20 oct. 1675
Cela est fort honnête à vous de vous jeter dans le vert et le bleu, aussitôt que vous apprenez la mort de notre pauvre cousine
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 21 août 1680
Nous avons juré à table de ne nous plus jeter dans de pareils soupers
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 31 juill. 1680
M. de Grignan s'est jeté dans cette superfluité [un double menton]
de MADAME DE GRIGNAN dans à Bussi, dans SÉV. 28 oct. 1685
Une téméraire jeunesse se jetait sans étude et sans connaissance dans les charges de la robe
de Esprit FLÉCHIER dans Lamoignon.
Mme de Gerville s'est jetée dans la dévotion
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Ad. et Théod. t. III, p. 382, dans POUGENS
Se jeter en un parti, se ranger du côté de ce parti.
Mais, lorsqu'en un parti, Sunnon, l'on s'est jeté, Regarder en arrière est une lâcheté
de SAURIN dans Spart. I, 1
Il leur parla avec tant de hauteur que la plupart, piqués de ses reproches, se jetèrent dans l'armée de Marius
de Abbé de René Aubert de VERTOT dans Révol. rom. X, 55
On pendit sur-le-champ, par ordre d'Antoine, un grand nombre d'esclaves qui s'étaient jetés dans le même parti
de Abbé de René Aubert de VERTOT dans ib. XIV, 188
41
Se jeter au travers, à la traverse, entre, venir déranger.
Après cela viennent les aventures, les rivaux qui se jettent à la traverse d'une inclination établie
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Préc sc. 5
On ne vient point ainsi se jeter au travers d'une comédie et troubler un acteur qui parle
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Comtesse, 21
Il n'y a rien sur la terre ni de si bien concerté par la prudence, ni de si bien affermi par le pouvoir, qui ne soit souvent troublé et embarrassé par des événements bizarres qui se jettent à la traverse
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 2e sermon, purific. 2
Un nouvel embarras se jeta entre nous
de STAAL dans Mém. t. II, p. 154
42
Se jeter sur, se dit des humeurs, des maladies qui attaquent une partie du corps. La goutte s'est jetée sur l'estomac.
La furie de votre sang, qui vous a fait si souvent du ravage, m'empêche de rire quand il se jette ainsi dans votre gorge
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 8 oct. 1684
Une humeur de soixante et seize ans s'est jetée sur mes glandes, et le contrôleur général sur mes rescriptions
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Chabanon, 7 mars 1770
Nature : Impersonnellement.
Quand ma petite dernière plaie [à la jambe] a été fermée, il s'est jeté aux environs un feu léger
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 7 mars 1685
43
Se jeter sur, parler de.
Je ne veux pas me jeter sur les passages des Pères [de l'Église]
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. 181
Il s'échauffe dans la conversation... de là il se jette sur ce qui se débite au marché
de Jean de LA BRUYÈRE dans Théoph. III
Je ferai comme Simonide, qui, n'ayant rien à dire de je ne sais quel athlète, se jeta sur les louanges de Castor et de Pollux
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. au roi de Prusse, 14 mai 1773
Se jeter au travers, parler sans réticence.
Il [Bourdaloue] se jeta sans balancer tout au travers de ses égarements [du prince de Condé] et de la guerre qu'il a faite contre le roi
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 25 avr. 1687
Se jeter parmi, entreprendre le récit.
Mon esprit ne se résoudrait jamais à se jeter parmi tant d'horreurs [la révolution anglaise], si....
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Reine d'Anglet.
Se jeter dans, se laisser aller à.
Là-dessus, M. le chancelier s'est jeté dans de grands discours, pour faire voir le pouvoir légitime de la chambre
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 17 nov. 1664
À tout hasard je me suis jetée dans ces détails
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Moulceau, 26 mai 1683
Voir de quelle manière je m'y étais pris.... pour me jeter dans le style doucereux
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Prolog. d'opéra, Avert. au lecteur
44
Avoir recours.
Chiverny se jeta aux pardons, à l'obscurité et à ce qu'il put trouver d'excuses
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 71, 174

HISTORIQUE

1
Xe s.
Enz en l' fou la getterent, com arde tost [ils la jetèrent dans le feu, afin qu'elle brûle tôt]
dans Eulalie
2
XIe s.
Jo jetai vos choses de la nef par poür [peur] de mort
dans Lois de Guill. 38
Getet serez sur un malvais somier [bête de somme]
dans Ch. de Rol. XXX
Haubert et haume i getent grant flambur [éclat]
dans ib. CXXXV
À icest coup [ils] en jetent mort sept mille
dans ib. CCLVII
Jetez mei [sauvez-moi] hui de mort et de calunje [accusation]
dans ib. CCLXXVI
3
XIIe s.
Cil court plus tost qu'ars [arc] ne gete bougon [flèche]
dans Ronc. 74
Puis i faites jeter [au feu] le glouton souzduiant
dans ib. 199
Que ma dame ne me jet de prison
dans Couci, VII
4
XIIIe s.
Ele l'entent [son ami], si lui geta un ris
de AUDEFR. LE BAST. dans Romancero, p. 40
Il commança par grant estude entendre diligemment à piteuses oevres, les quex li hermitaiges li avoit enseignié, c'est à savoir lui giter sovant en oroisons, sovantes fois geüner
dans Légende en prose de Girart, cité dans J. des savants, avril 1860, p. 202
Lors a la male serve un mout grant cri gete
dans Berte, X
Quant s'estoit relevée, mout grâns soupirs [elle] getoit
dans ib. XXVIII
Or me veuillez, dous sire, de cest peril jeter
dans ib. XLII
Et cil asegia Andrenoble, et i dreça trente perrieres qui gitoient en la cité et as murs et as tors
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans CLXIX.
Il a pris de l'un poing en l'autre Le faucon pour jeter à droit
dans l'Escoufle
El giete par tout feu et flame, Preste de perdre et cors et ame
dans la Rose, 9837
Il est voirs [vrai] que, quant il [Romulus et Rémus] furent né, l'on les gita sor une riviere....
de Brunetto LATINI dans Trés. p. 43
S'il avient qu'aucuns tienne son fief sans fere homage et li sires ne gete pas la main au fief, parce qu'il n'en set mot
de Philippe de BEAUMANOIR dans XIV, 17
Le roy me dist que ce moustier estoit fait en l'onneur du miracle que Dieu fist du dyable que il geta hors du cors de la fille à la veuve femme
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 279
5
XIVe s.
Les compaignons de la dicte ville et plusieurs autres du pays environ se esbatoient à jeter à un pourcel pendu à une attache....
dans Lett. de remission, dans LACURNE
Maudit soit-il de Dieu qui le monde crea, Qui de traire et jetter tout premier s'avisa ! Car oncques hardis homs si ne le purpensa
dans Guesclin. V. 20037-20060
Jetteront [répartiront] sur eulx les diz habitans leurs dictes tailles
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans gita.
Icellui jour, après souper, le dit Jehan dist qu'il vouloit jetter la pierre [sorte de jeu], et y mettoit un franc au plus hardi
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans jactare.
6
XVe s.
[Le duc d'Anjou] jeta son avis à aller mettre le siege devant Bergerac
de Jean FROISSART dans II, II, 1
Et eut là certains articles de traités faits, jetés et accordés entre le roi d'Angleterre et le jeune comte
de Jean FROISSART dans I, I, 311
Adonc disoit le roi : Connestable, jetez l'oisel, si verrons comment il chassera et volera
de Jean FROISSART dans II, II, 164
Et comme ils furent si près qu'ils gettoient les lances en arrest
de Philippe de COMMINES dans I, 3
Et si luy avoit emblé ung jeune lyon qui le suivoit, que la lyonnesse qu'il avoit occise avoit jecté [mis bas] celle année
dans Perceforest, t. II, f° 108
7
XVIe s.
Ceux-ci, estans bien conjoints ensemble, devroient jetter les fondements d'un si magnifique dessein
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 391
Tost après la playe ne jette plus et se consolide
de Ambroise PARÉ dans VII, 5
Se jecter à l'abri des coups dans une place
de Michel de MONTAIGNE dans I, 25
Se jecter dans le vague champ des imaginations
de Michel de MONTAIGNE dans I, 32
Qu'on jecte une poultre entre ces deux tours
de Michel de MONTAIGNE dans II, 366
Ceux-là se vindrent tous ensemble jetter aux piedz de Marcellus
de Jacques AMYOT dans Marc. 18
Si c'estoit en hyver, il jettoit seulement une jacquette sur ses espaules
de Jacques AMYOT dans Caton, 6
Il jetta Aristobulus hors de toutes ses forteresses
de Jacques AMYOT dans Anton. 3
Il se mit à la voile et se jetta en pleine mer
de Jacques AMYOT dans ib. 10
.... Ny en quelle sorte il les faut mettre en terre à fin qu'ils prennent et jectent mieux
de Étienne de LA BOÉTIE dans 241
La terre jecte des herbes infinies de toutes sortes
de Étienne de LA BOÉTIE dans 251
Parlant aux flots, leur jecta ceste voix
de Étienne de LA BOÉTIE dans 444
Pour bien jeter et dejeter, faut bien entendre et peu parler
dans Manuel de l'amateur de jetons, par DE FONTENAY, p. 125, 1854
Jecter son lard aux chiens
de Randle COTGRAVE dans
Jecter la pierre et cacher le bras
de Randle COTGRAVE dans

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, giter ; provenç. gitar, gietar, getar ; espagn. jitar, jetar ; ital. gittare, gettare ; du latin jactare, fréquentatif de jacio (voy. JET).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
JETER. Ajoutez : - REM. On trouve jeter dit pour mettre bas, en parlant des femelles d'animaux.
Une bonne jument pleine, un très beau boeuf, une génisse prête à jeter le veau
dans Avranchin, 29 août 1875

Synonymes de JETER

Termes proches de JETER