Définition de APPLIQUER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : a-pli-ké

DÉFINITIONS

1
Mettre une chose sur ou contre une autre. Appliquer des échelles contre la muraille. Appliquer quatre fois des couleurs sur un tableau.
Sémantique : Par extension, appliquer un coup de bâton sur la tête, frapper la tête avec un bâton.
Appliquer un homme à la question, le soumettre aux tortures qu'on nommait la question.
2
Se servir de.... pour un objet déterminé. Il fallut appliquer à la maladie un nouveau traitement.
Les instruments de la nouvelle alliance sont des instruments du Saint-Esprit qui servent à nous appliquer la grâce
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Doctr. de l'Église, ch. 9
N'attendez pas de moi de regrets ni de larmes, Un grand coeur à ses maux applique d'autres charmes
Ils vous ont appliqué avec joie [comme remède] le sang de l'agneau
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Résur.
Il nous lave de nos souillures en nous appliquant le prix de son sang
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Circ.
Appliquer un système, une science, introduire dans la pratique les principes d'un système, d'une science.
Appliquer une science à une autre, faire usage des principes d'une science pour en développer une autre. Appliquer l'algèbre à la géométrie.
3
Transporter à quelqu'un ce qui est dit d'un autre. Appliquer un vers à quelqu'un. Appliquer un proverbe à propos. Ne vous appliquez pas ce reproche.
Il s'applique à lui-même tout ce qui se dit
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Prédic. 2
Pour appliquer cette parole à l'homme parfait
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Nouv. myst.
Pour appliquer cette maxime à mon sujet
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Parole.
4
Attribuer, imputer. S'appliquer une qualité, un avantage. S'appliquer le nom de sage. Il s'appliquait les émoluments dus au travail d'autrui.
5
Mettre sous le coup de, infliger. On lui appliquera telle disposition de la loi. Le maximum de la peine lui fut appliqué.
6
Occuper fortement quelqu'un à quelque chose.
C'est ainsi qu'ils se donnaient mutuellement un repos qui les appliquait chacun tout entier à son action
Un bon roi applique ses sujets à l'agriculture
On l'appliqua [St Benoît] à l'étude des lettres humaines pour polir son esprit
de Esprit FLÉCHIER dans Panég. I, 373
Aussi à peine le premier homme fut-il sorti de ses mains, [que le créateur] l'appliqua à la culture de ce lieu de délices qui devait être sa demeure
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Vocation.
En vain l'ordre de ceux qui ont droit de disposer de nous, nous y applique [à des fonctions qui nous déplaisent] ; on allègue mille prétextes de santé, d'insuffisance
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Conf. Zèle, vices.
Nature : Absolument, exiger une grande attention. Les échecs appliquent beaucoup.
La vie de la cour est un jeu qui applique
Appliquer son esprit, son attention à.
Ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon ; mais le principal est de l'appliquer bien
Appliquer son esprit à la recherche de la vérité
dans Port-Roy. Logique, 3e partie
7
S'appliquer, Nature : v. réfl. Être appliqué, apposé sur. Les emplâtres qui s'appliquent sur la peau.
8
Apporter une attention soutenue.
À vous remettre bien je me veux appliquer
Je me suis appliquée à chercher les moyens De lui faciliter tant d'heureux entretiens
Achille seul, Achille à son amour s'applique
Tout mon coeur s'applique Aux soins de rétablir un jour la république
Appliquez-vous, mes frères, à ces vérités importantes
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Impénitence fin.
Tous les citoyens s'appliquent au commerce
Quand on s'appliqua à regarder Mentor, on découvrit dans son visage je ne sais quoi de ferme et d'élevé
Ne s'est-elle pas appliquée, en toutes rencontres, à conserver cette même intelligence entre la France et l'Angleterre ?
9
S'adapter, convenir à. Ce mot s'applique surtout à celui qui .... La clémence peut s'appliquer même aux innocents.
Ceci peut s'appliquer à la grandeur royale
10
S'adjoindre, se subordonner.
L'esprit d'égalité eût subsisté plus longtemps ; un citoyen se fût moins appliqué à un autre
de ST-ÉVREM. dans II, 77

REMARQUE

1
Quand appliquer signifie mettre une chose sur une autre, il régit la préposition sur : appliquer un emplâtre sur un mal. Quand il signifie faire toucher une chose à une autre, il régit la préposition à : il appliqua la coupe à ses lèvres.

HISTORIQUE

1
XIVe s.
Et aussi ne voudrent il point que les diz biens fussent appliquez au commun proufit
de Pierre BERCHEURE dans f° 28, verso.
Et ne adaptoit pas chascun lores les sermens et ses lois à sa volenté par interpretation, aincès appliquoit ses meurs et ses condicions à ycelles
de Pierre BERCHEURE dans f° 57, verso.
Il applique la diffinicion de vertu as autres particulieres vertuz et passions
Et pour ce applique il sa medecine selon la complexion de chascun singulier que il entent à garir
de Nicolas ORESME dans ib. VII, 13
Quelles choses il convient apliquer à guarir le corps
de Nicolas ORESME dans ib. 170
Election est desir appliquet à acceptacion ou execucion
de Nicolas ORESME dans ib. 66
2
XVe s.
Avec lequel orfevre le suppliant s'applica [se prit] de paroles
3
XVIe s.
Une medecine faible et mal appliquée
de Michel de MONTAIGNE dans I, 125
Il n'y trouva meilleur conseil que de s'appliquer du poison et de tuer ses jambes
de Michel de MONTAIGNE dans II, 25

ÉTYMOLOGIE

1
Applicare, de ad, à, et plicare, plier (voy. PLIER). Bourguig. epliquai ; provenç. et espagn. aplicar ; ital. applicare. Au XVIe siècle, d'après Palsgrave, p. 23, on prononçait les deux p.

Synonymes de APPLIQUER

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