Définition de ENSANGLANTER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : an-san-glan-té

DÉFINITIONS

1
Souiller de sang. La blessure qu'il reçut ensanglanta tous ses habits.
Vous armez contre Troie une puissance vaine, Si, dans un sacrifice auguste et solennel, Une fille du sang d'Hélène De Diane en ces lieux n'ensanglante l'autel
Le sang des assassins est le vrai sacrifice Qui doit de votre hymen ensanglanter l'autel
Rougir de son propre sang.
[Priam] Ensanglantant l'autel qu'il tenait embrassé
Rougir du sang des autres. Athalie ensanglanta le palais des rois de Juda.
2
Sémantique : Par extension, il se dit d'objets et d'événements à propos desquels le sang est versé.
Vous me rendez le sceptre.... je vous conjure.... De n'ensanglanter pas ce que vous me rendez ; Faites grâce, seigneur, ou souffrez que j'en fasse [aux assassins de Pompée]
Seigneur, ensanglanter cette illustre journée....
Jephté ensanglante sa victoire par un sacrifice qui ne peut être excusé que par un ordre secret de Dieu, sur lequel il ne lui a pas plu de nous rien faire connaître
Je ne réponds pas que ma main, à vos yeux, N'ensanglante à la fin nos funestes adieux
Ce n'est pas que son bras disputant la victoire N'en ait aux ennemis ensanglanté la gloire
Ah ! n'ensanglantez pas le prix de la victoire
Les cruels ont deux fois ensanglanté la paix
de Marie-Joseph CHÉNIER dans Charles IX, IV, 4
Il est, Sophie, un monstre à l'oeil perfide [la police] Qui de Venise ensanglanta les lois
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Cachet.
Ce prince a ensanglanté son règne, il s'est montré cruel.
3
Ensanglanter la terre, faire des guerres sanglantes. Les conquérants ensanglantent la terre.
Laissons au temps le soin de réformer la terre ; Cultivons-la, mon fils, ne l'ensanglantons plus
de MASSON dans Helv. VIII
Il se dit aussi de ce qui fait verser beaucoup de sang.
L'exil des Tarquins même ensanglanta nos terres
Ces guerres ont ensanglanté l'Europe bien longtemps
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Voyage de la raison.
Jamais la philosophie n'ensanglanta l'univers ; si les philosophes eurent des disputes entre eux, la tranquillité des nations n'en fut pas troublée
de D'HOLBACH dans Ess. Préj. ch. 10, dans DUMARSAIS, t. VI, p. 234
4
Ensanglanter des jeux, les faire dégénérer en rixe sanglante.
Trois fois le festin fut sur le point d'être ensanglanté
Malheur aux mortels sanguinaires Qui par de tragiques forfaits Ensanglantent ses doux mystères
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Cantate de Bacchus.
5
Ensanglanter la scène, représenter des meurtres sur le théâtre.
Le valet d'Antoine : N'ayez pas peur, je vais vous percer la bedaine. - Antoine : Arrête, il ne faut pas ensanglanter la scène, La règle le défend
de Jean de LA FONTAINE dans Ragotin, IV, 9
Il [Eschyle] évita toujours d'ensanglanter la scène, parce que ses tableaux devaient effrayer sans être horribles
6
S'ensanglanter, Nature : v. réfl. Se tacher de sang. Il s'est ensanglanté en tuant un loup.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Tout en verrez le brant [la lame de l'épée] ensanglentet
dans Ch. de Rol. LXXXIII
2
XIIe s.
Pinabaux trebucha sur l'erbe ensanglantée
dans Ronc. p. 196
Il l'ensanglantent [teignent de sang] del sanc à un levrier
dans li Coronemens Looys, v. 1305
3
XIIIe s.
Il l'emmainent en prison tout plaié [blessé] et ensanglanté
de HENRI DE VALENC. dans XXVI
Vous m'adoubastes, sire, n'i a mestier celée, Me çainsistes, biaus sire, une moult longue espée ; Moult me poise forment ne l'aie encor mostrée Et du sanc aus François tainte et ensanglantée
dans Ch. d'Ant. V, 921
4
XVIe s.
Comme quand on a livré à l'occision ses plus proches parens, et ensanglanté ses mains dans le sang de ses propres amis
Ce qui faict veoir tant de cruautez inouies aux guerres populaires, c'est que cette canaille de vulgaire s'aguerrit et se gendarme à s'ensanglanter jusqu'aux coudes et deschiquetter un corps à ses pieds
de Michel de MONTAIGNE dans III, 109

ÉTYMOLOGIE

1
En 1, et sanglant ; provenç. ensanglentar, essanglantar ; espagn. ensangrentar ; portug. ensanguentar.

Synonymes de ENSANGLANTER