Définition de ARRACHER

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : a-ra-ché

DÉFINITIONS

1
Enlever de terre avec les racines, et, par extension, ôter ou enlever quelque chose qui adhère. Arracher les plantes, les mauvaises herbes. Arracher la vigne, un arbre. Il se fit arracher une dent. Arracher les yeux, les oreilles, la langue, la queue. On arrachait les affiches.
Sémantique : Fig. et familièrement. Je lui ai arraché une dent, en parlant d'un avare à qui on a soutiré de l'argent.
2
Employer effort, violence pour ôter, pour faire lâcher, faire quitter, faire sortir, au propre et au figuré. On lui arracha le poignard des mains. Arracher quelqu'un des mains des ennemis. Arracher la victoire à l'ennemi. Il ne put jamais arracher de sa mémoire les injures qu'il avait reçues. Arrachez de votre coeur la passion de l'argent. On lui arrachera le pouvoir. Arracher un prêtre de l'autel. On arracha ce citoyen de chez lui. Je l'ai arraché d'avec elle.
Je viens voir si l'on peut arracher de ses bras Cet enfant dont la vie alarme tant d'États
Le cruel ne la prend que pour me l'arracher
de Jean RACINE dans ib. III, 1
Le ciel, dit-il, m'arrache une innocente vie
Tu n'auras pas regret de m'arracher la vie
Vous seul vous lui pouvez arracher cette envie
Je te voudrais moi-même en arracher l'envie
Arrache-lui du coeur ce dessein de mourir
Belle Charlotte, je vous aime de tout mon coeur ; et il ne tiendra qu'à vous que je vous arrache de ce misérable lieu
Ils m'arrachent d'un trône où votre choix m'élève
Je ne vois plus en lui les restes de mon sang, S'il m'arrache du trône et la met en mon rang
La reine Bérénice Vous arrache, seigneur, du sein de vos États
Un désordre éternel règne dans son esprit, Un chagrin inquiet l'arrache de son lit
Une beauté qu'on vient d'arracher au sommeil
Arracher le coeur, causer une vive affliction.
Voilà ce qui me fit écrire cinq à six lignes qui m'arrachaient le coeur
3
Tirer quelque chose de quelqu'un, obtenir avec peine. Arracher de l'argent à quelqu'un. Elle arrachait des pleurs même aux indifférents. Arracher les réponses une à une. On ne peut lui arracher un mot. La plèbe arracha cette loi aux patriciens.
Les mauvais succès sont les seuls maîtres qui peuvent nous reprendre utilement et nous arracher cet aveu d'avoir failli qui coûte tant à notre orgueil
Ces soupirs que la tristesse m'arrache
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Affl.
Les larmes que ce souvenir lui arrache
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Mort.
Ainsi vous retombez dans les mêmes alarmes Qui vous ont dans la Grèce arraché tant de larmes
Ne te fais pas arracher les mots de la bouche
Quelques années s'écoulèrent, sans que les deux vieillards [Chactas et le prêtre] lui pussent arracher son secret
Je t'ai même puni de l'avoir arraché [mon secret]
Vous m'avez arraché cet affreux sacrifice
Mes bienfaits, mon respect, mes soins, ma confiance Ont arraché de vous quelque reconnaissance
Ce secret m'importune, il faut que je l'arrache
Tandis que des soldats, de moments en moments, Vont arracher pour lui des applaudissements
Je ne puis arracher du creux de ma cervelle Que des vers plus forcés que ceux de la Pucelle
4
Détourner de ; faire échapper à. La vieillesse m'arrache aux affaires. L'espoir du butin les arrachait aux travaux de la terre. Arracher quelqu'un à ses travaux. On l'arracha à une mort imminente.
.... Vous seul vous m'avez arrachée à cette obéissance où j'étais attachée
5
S'ar racher, arracher à soi. Il s'arrachait les cheveux.
Sémantique : Familièrement. S'arracher les yeux, se disputer avec violence. Ils s'arrachaient les yeux.
Sémantique : Fig. S'arracher une épine du pied, se délivrer d'un embarras.
Sémantique : Familièrement. On se l'arrache, se dit d'une chose ou d'une personne très recherchée. On s'arrache ce livre nouveau.
Je le retrouvai brillant, les dames se l'arrachaient
6
Sémantique : En termes de gravure, enlever de dessus le cuivre des parties déjà gravées qu'on veut corriger.
Sémantique : En termes de chapellerie, enlever, éplucher le jarre ou poil luisant qu'on remarque sur les peaux de castor.
7
S'arracher, Nature : v. réfl. S'éloigner, se détacher difficilement, avec peine. Je ne puis m'arracher à mes livres.
Arrachez-vous d'un lieu funeste et profané, Où la vertu respire un air empoisonné
Je l'ai vu quelquefois s'arracher de ces lieux
de ID. dans Brit. II, 2
Vous ne pouvez vous arracher à la nymphe que vous aimez
J'ai résolu de m'arracher de Paris
8
Sémantique : Fig. Se soustraire. S'arracher aux affronts. S'arracher au sommeil.

SYNONYME

1
1. ARRACHER, RAVIR., Ce qui distingue ces deux mots, c'est que arracher implique résistance de celui à qui on arrache ; tandis que ravir est à la vérité un acte de violence, mais qui peut s'exercer sur des personnes ou des choses non défendues ou mal défendues.
2
2° ARRACHER DE, ARRACHER, à. Arracher de indique l'endroit ou la chose d'où l'on arrache ; c'est la séparation violente d'une chose d'avec une autre à laquelle elle tenait : arracher un clou d'une muraille, arracher un homme d'un lieu. Quand on arrache de, c'est la personne ou la chose que l'on arrache qui résiste. Arracher à est suivi d'un nom de personne ou d'un nom de chose personnifiée en quelque sorte, et marque que cette personne ou cette chose est le but de l'action, que c'est à elle qu'on veut ôter l'objet dont il s'agit : arracher un oeil à une personne ; un enfant à sa mère ; de l'argent à un avare ; arracher quelqu'un à la mort, à la vengeance de ses ennemis. Quand on arrache à, c'est la personne ou la chose à laquelle on arrache qui résiste.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Quant nostre sire esracerad tuz tes enemis de la terre
dans Rois, 79
Mout tost rompus et arachiez Les membres du cors [ils] vous auront
dans La charrette, 3070
2
XIIIe s.
Il ot un fevre en Normandie Qui trop bel arrachoit les denz
de BARBAZAN dans Fabliaux, dans l'Ordene de chevalerie, p. 161
Fain, qui ne voit ne blé ne arbres, Les erbes en errache pures As trenchans ongles, as dens dures
dans la Rose, 10189
Il y a encore un cas de crieme, dont je ne parloie pas devant, c'est de bonnes [bornes] esracier et puis rasseir, en autrui desheritant por soi aheriter
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXX, 27
3
XIVe s.
Il se efforça de les esracier
Li diz Adam avoit arresgié une bonne [borne] en terroir de Tours
4
XVIe s.
Ce masque arraché, rapportant les choses à la raison et....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 118
Arracher les enfants du sommeil tout à coup et par violence....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 195
On ne me pouvoit arracher de l'oisifveté
de Michel de MONTAIGNE dans I, 195
On leur arrache le coeur et les entrailles
de Michel de MONTAIGNE dans I, 129
Tout cela se faict pour arracher de leur bouche quelque parole....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 242
Un soldat luy avoit arraché ce peu de bouillie qui luy restoit
de Michel de MONTAIGNE dans II, 48
Elle s'arracha d'alentour de la teste son bandeau royal
de Jacques AMYOT dans Lucull. 32
... Un dueil que le temps n'a pouvoir D'arracher de ta souvenance
de Pierre de RONSARD dans 399

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. araigar, araizar, arasignar esraigar ; anc. catal. arraygar ; espagn. Arraigar ; portug. arreigar. La forme arracher répond à abradicare ; la forme esrachier à exradicare, de radix, racine (comp. RACINE).

Synonymes de ARRACHER

Termes proches de ARRACHER