Définition de FAIBLESSE
Prononciation : fè-blè-s'
DÉFINITIONS
1
Manque de force. La faiblesse du corps.Je ne sais ce que j'ai : je suis sans fièvre, je tousse moins, je dors très bien ; mais ma faiblesse est extrême
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. à Mme Glapion, t. III, p. 200, dans POUGENS
Elle [l'âme] ne doit plus se regarder elle-même, ni s'arrêter à la disproportion qu'elle trouve entre sa faiblesse et les difficultés de la voie où Dieu l'appelle
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Profess. rel. Serm. 1
Au commencement de la carrière, il nous soutient par des consolations sensibles ; c'est un lait dont il nourrit notre faiblesse
de Jean-Baptiste MASSILLON dans ib. Serm. 2
Vous comprenez bien que l'intention de l'Église, en vous permettant l'usage des mets défendus, est de soulager votre faiblesse, et non d'aider votre sensualité
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Jeûne.
Ceux dont la tendre enfance N'avait que la faiblesse et des pleurs pour défense
D'un moment de repos ma faiblesse a besoin
de Casimir DELAVIGNE dans Paria, III, 2
2
Il se dit des facultés intellectuelles. Faiblesse de jugement. La faiblesse de sa mémoire.3
Manque de puissance, de ressources.La faiblesse des petits États n'autorise point à méconnaître leurs droits
dans Dict. de l'Acad.
4
Défaillance, évanouissement.Je vous vois prêt, monsieur, à tomber en faiblesse
Voilà une faiblesse qui prend à M. de Chaulnes avec le frisson
Elle affectait d'avoir deux ou trois faiblesses par jour
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 10
5
Sémantique : Fig. Manque de talent, de capacité. Cet orateur a été d'une faiblesse extrême dans la discussion.Il se dit, dans un sens analogue, des productions de l'art et de l'esprit. La faiblesse du style.
Molière sentit d'ailleurs la faiblesse de cette petite comédie, et ne la fit point imprimer
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Vie de Molière.
Il a fallu que longtemps après il soit venu un homme supérieur, pour que les Français qui ne jugent des arts que par comparaison, sentissent combien la plupart des airs détachés et des symphonies de Lulli ont de faiblesse
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Comm. sur Corn. Rem. Pertharite, Préf.
La faiblesse d'un raisonnement, d'un argument, leur insuffisance à prouver ce qui est en question.
6
Manque de force morale.Dans mon sort ravalé je sais vivre en princesse ; Je fuis l'ambition, mais je hais la faiblesse
de Pierre CORNEILLE dans Théod. II, 4
C'est faiblesse d'attendre Le mal qu'on voit venir, sans vouloir s'en défendre
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. II, 4
C'est faiblesse d'aimer qui ne vous aime pas
de Pierre CORNEILLE dans Suréna, III, 3
Quelle faiblesse à moi d'en croire un furieux !
de Jean RACINE dans Mithr. III, 3
J'eus la faiblesse d'éluder mon serment
L'impulsion à laquelle ce prince obéissait, n'altérait point son jugement : vrai caractère de la faiblesse !
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Règne de Louis XIV, Oeuv. t. v, p. 96, dans POUGENS.
Mais avec quel courroux, avec quelle tendresse, Mahomet de mes sens accuse la faiblesse !
Ce prince [Louis XIII] n'avait guère d'autre faiblesse que celle d'être gouverné dans sa maison, dans son État, dans ses affaires, dans ses moindres occupations ; cette faiblesse le rendit malheureux toute sa vie
On dit de même faiblesse de caractère, d'âme, d'esprit, de coeur, de courage, de résolution.
7
Complaisance, inclination qui se laisse aller. Les faiblesses d'une mère pour ses enfants.Ah ! que vous savez bien ici contre moi-même, Perfide, vous servir de ma faiblesse extrême !
Je ne veux dire aucune douceur à M. de Grignan ; je me sens une telle faiblesse pour lui que je me fais scrupule de tout
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 611
Quelque faiblesse que j'aie pour les modes
Me voilà sans défense en proie à vos appas, Ma belle enfant ; mon coeur a beaucoup de faiblesse, Un coup d'oeil m'assassine ou tout au moins me blesse
de BOURSAULT dans Fables d'Ésope, I, 3
Si vous sentiez pour moi quelque heureuse faiblesse
de Jean RACINE dans Alex. II, 5
Ces noms de roi des rois et de chef de la Grèce Chatouillaient de mon coeur l'orgueilleuse faiblesse
de Jean RACINE dans Iphig. I, 1
8
Défaut de raison, d'empire sur soi-même, et actes qui en sont la suite.Je vous prie de ne point parler de mes faiblesses, mais vous devez les aimer, et respecter mes larmes, puisqu'elles viennent d'un coeur tout à vous
J'honore votre force et votre philosophie, et je ne ferai confidence de mes faiblesses qu'à ceux qui n'ont pas plus de courage que moi
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 13 oct. 1673
Combattez-vous vos sens ? domptez-vous vos faiblesses ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épît. XI
Et vos coeurs rougiraient des faiblesses du mien
de Jean RACINE dans Alex. I, 2
Zaïre, il faut pourtant avouer ma faiblesse ; D'un mouvement jaloux je ne fus pas maîtresse
de Jean RACINE dans Bajaz. I, 4
Vous n'avez point du sang dédaigné les faiblesses
de Jean RACINE dans Iphig. IV, 4
Je me flattais sans cesse Qu'un silence éternel cacherait ma faiblesse [un amour]
de Jean RACINE dans ib. II, 1
Vil spectacle aux humains des faiblesses d'amour
de Jean RACINE dans Bérén. v, 6
Combien d'autres âmes qui, après avoir fini les passions d'éclat, conservent encore toutes les autres, et font entrer toutes leurs faiblesses dans leur vertu !
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Profess. rel. Serm. 1
Il [Dieu] ne sait point punir des moments de faiblesse
Les faiblesses qu'on met au grand jour ne plaisent qu'à la malignité
Songe que la colère, l'envie, l'indignation, la pitié sont des faiblesses indignes d'un philosophe
De n'offrir qu'aux talents, de vertus ennoblis, Et qu'à l'amitié douce et qu'aux douces faiblesses D'un encens libre et pur les honnêtes caresses
de André CHÉNIER dans Élég. XVI
Enfin, pour vous rendre compte de toutes ses faiblesses, elle avait peur en voiture, et elle se trouvait mal en voyant une araignée ou une souris
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Veillées du château t. I, p. 23, dans POUGENS
9
Faiblesse se dit en parlant d'une femme qui n'a pas résisté à la séduction.Quelle folie que celle d'un jeune homme qui croit à la fidélité d'une femme déjà célèbre par ses faiblesses, et à qui l'attrait du plaisir a fait oublier la pudeur !
de Jean-François MARMONTEL dans Mém. III
10
En parlant des choses, manque de solidité ou de force. La faiblesse d'une poutre, d'une digue, d'une corde. La faiblesse d'une place de guerre, d'un poste.11
Il se dit de ce qui est peu considérable en son genre. Malgré la faiblesse du nombre ils voulurent combattre. La faiblesse de nos connaissances.La faiblesse de sa voix [d'Isocrate], jointe à une timidité naturelle, l'avait empêché de se produire en public et de monter, comme les autres, sur la tribune aux harangues
L'expédition de l'amiral Anson est une preuve de ce que peut un homme intelligent et ferme malgré la faiblesse des préparatifs et la grandeur des dangers
12
La faiblesse d'un poids, d'une mesure, d'une monnaie, condition d'un poids, d'une mesure, d'une monnaie qui sont un peu au-dessous de la valeur légale.HISTORIQUE
1
XIIIe s.Et il ala tout chancelant pour la feblesce de sa maladie, et prist le dey [dé] et les tables et les geta en la mer
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 253
Grant peché firent cil qui lui loerent [conseillèrent] l'alée, à la grande flebesce là où son corps estoit
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 300
2
XIVe s.S'il [les ligaments des vertèbres] estoient poi, il ne pourroient le chief soustenir pour leur feblesce
de Henri DE MONDEVILLE dans f° 19, verso.
3
XVIe s.Il lui prit une foiblesse, dont elle se pasma incontinent et perdit la parole entierement
de Jacques AMYOT dans Brutus, 18
ÉTYMOLOGIE
1
Faible ; Berry, faibleté ; provenç. febleza ; anc. catal. feblea. L'ancien français avait aussi foibleté, qui est resté dans certains patois.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1
FAIBLESSE. Ajoutez : - REM. On a dit être en faiblesse, par opposition à être en force.Sur tous les points où l'action centrale est en faiblesse et devient impuissante
dans Journ. offic. 15 juin 1875, p. 4307, 1re col.