Définition de CE

DÉFINITIONS - REMARQUE - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

DÉFINITIONS

1
Il exprime, d'une façon indéterminée, l'idée que celui qui parle a dans l'esprit. C'est beau. C'est agréable. C'était le bon temps. Ce sera un jour de fête. Ce qui est vrai doit être dit. Ce qui est inspiré par le désintéressement est digne de louange.
2
Ce, placé devant le verbe être, ou les verbes devoir, pouvoir, et précédant, ainsi placé, un pronom, un substantif, un verbe, appelle particulièrement l'attention sur ces mots. C'est vous que je demande. C'est le roi qui vient de passer. Ce ne peut encore être les gens que nous attendons. Ce doit être mes tantes et mon oncle.
Si jamais homme a été capable de soutenir un si vaste empire, ç'a été sans doute Alexandre
Ç'a été dans notre siècle un grand spectacle de voir, dans le même temps et dans les mêmes campagnes, ces deux hommes [Condé et Turenne] que la voix commune de toute l'Europe égalait aux plus grands capitaines des siècles passés....
Ç'aurait peut-être été le signal d'une révolte dans tout le royaume
Nous regardons ces confessions comme autant de justices envers Dieu ; mais Dieu nous fera voir que ç'ont été d'énormes injustices
de Louis BOURDALOUE dans Avent, Sur la pénit. 194
Ce sont vingt mille francs qu'il m'en pourra coûter
On verra que c'en sont les figures
de Blaise PASCAL dans Fig. 9
C'est vous, mon cher Narbal, pour qui mon coeur s'attendrit
Vous avez fait de grandes choses ; mais, avouez la vérité, ce n'est guère vous par qui elles ont été faites
C'est vous, digne Français, à qui je viens parler
C'est de vous que mes vers attendent tout leur prix
Ce n'est plus le jouet d'une flamme servile, C'est Pyrrhus, c'est le fils et le rival d'Achille
Ce avec le verbe être et le pronom le, la. Est-ce là votre voiture ? oui, ce l'est. Sont-ce là vos souliers ? ce les sont.
Regardez bien, ne les sont-ce pas [vos tablettes] ? oui, ce les sont là elles-mêmes
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Héros de roman.
Il est clair que, grammaticalement, ce est sujet, et que par conséquent le verbe être doit être mis au singulier, mais il n'y aura pas d'irrégularité non plus à considérer, par inversion, le nom qui suit comme le sujet, de sorte qu'on pourra à volonté faire accorder le verbe avec ce ou avec le nom. C'est ce que faisait l'ancienne langue qui disait aussi bien c'estes vous que c'est vous. Mais l'usage moderne a mis des exceptions qu'il faut connaître.
a. Avec les pronoms moi, toi, nous, vous, le verbe être se rapporte toujours à ce : c'est moi qui le dis ; c'est toi qui le fais ; c'est nous qui le disons ; c'est vous qui le faites.
b. Si le nom est au pluriel, le verbe être s'accorde non avec ce, mais avec le nom : ce sont eux qui le veulent.
Ce sont les ingrats, les menteurs, les flatteurs qui ont loué le vice
c. Néanmoins d'excellents auteurs ont conservé l'ancienne liberté de l'accord et ont mis le singulier même en ce cas.
Ce n'est pas les Troyens, c'est Hector qu'on poursuit
Ce n'était plus ces jeux, ces festins et ces fêtes, Où de myrte et de rose ils couronnaient leurs têtes
Qui racontera ces détails, si je ne les révèle ? Ce n'est pas les journaux
de François René CHATEAUBRIAND dans De la Censure.
Ce n'est pas seulement les hommes à combattre, c'est des montagnes inaccessibles, c'est des ravins et des précipices d'un côté, c'est partout des forts élevés
C'est eux qui ont bâti ces douze palais
Des reproches à une tigresse, c'est des marguerites devant des pourceaux
de MADAME GRIGNAN dans 9 septembre 1671, dans JULLIEN, Gramm. p. 235
C'est elles [les femmes] qui ont accompli votre voeu
Ce n'est pas les vaines distinctions que l'usage y attache
Les dieux décident de tout ; c'est donc les dieux et non pas la mer qu'il faut craindre
d. Si ce et être sont suivis de deux ou plusieurs noms, le verbe être s'accorde avec ce, c'est-à-dire se met au singulier.
Dans les ouvrages de l'art c'est le travail et l'achèvement que l'on considère, au lieu que dans les ouvrages de la nature, c'est le sublime et le prodigieux
C'est le nombre du peuple et l'abondance des aliments qui font la force et la vraie richesse d'un royaume
e. Si, de ces noms, un était au pluriel, on n'en mettrait pas moins le verbe être au singulier, à moins que le nom au pluriel ne fût le premier : c'est la gloire et les plaisirs qu'il a en vue ; mais : ce sont les plaisirs et la gloire qu'il a en vue.
f. Le verbe être se met toujours au singulier, quand une préposition intervient ; ce restant alors l'unique sujet du verbe. C'est pour eux que je travaille. C'est de ces hommes que j'attends du secours.
Cruel, c'est à ces dieux que vous sacrifiez
C'était bien de chansons qu'alors il s'agissait
g. C'est du singulier qu'on se sert avec les nombres exprimant les heures. C'est onze heures qui sonnent.
3
Ce dans une phrase interrogative.
Est-ce vous ? Étaient-ce nos amis ? Sa haine ou son amour, sont-ce les premiers droits Qui font monter au trône ou descendre les rois ?
de Jean RACINE dans Les frères ennemis, II, 3
Est-ce toi, chère Élise ?
Sont-ce ses grands canons qui vous le font aimer ?
Comment ? ces noms étranges, ne sont-ce pas vos noms de baptême ?
Est-ce moi qui t'appelle et qui règle ton cours ?
de Louis RACINE dans Relig. I
Les règles sont les mêmes pour l'accord du verbe être que dans le cas précédent ; l'usage moderne veut le pluriel quand le nom est au pluriel. Mais, ici aussi, de bons auteurs ont gardé la faculté de faire accorder le verbe avec ce.
Est-ce ces moments que vous accordez à la religion ?
Est-ce eux qui ont incendié ta cabane ? dit Céluta
de François René CHATEAUBRIAND dans Natc. II, 329
4
Ce dans une phrase interrogative avec qui ou que.
On frappe ; qui est-ce ? On appelle là-bas ; qu'est-ce ? Qu'est-ce qu'elle dit, cette morale ?
Il faut que dans l'obscurité je tâche à découvrir quelles gens ce peuvent être
Qui peut-ce être ?
Quelle énigme est-ce ci, madame ?
Qu'est-ce-là ? qu'est-ce-ci ? qu'y a-t-il là ? qu'y a-t-il ici ? Qu'est-ce là ? lui dit-il [le loup, en voyant le cou pelé du chien]
Qu'est-ce-ci ? dit-il à son monde ; Je trouve bien peu d'herbe en tous ces râteliers
de Jean de LA FONTAINE dans ib. X, 21
Qu'est-ce-ci ? mon char marche à souhait
de Jean de LA FONTAINE dans ib. IV, 18
Qu'est-ce-ci, mes enfants ? écoutez-vous vos flammes ?
Ce redoublé.
Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que ce sera ? Qu'est-ce que c'est que vous m'apprenez là ? Qu'est-ce que c'était ? Qu'est-ce que ç'a été ? Qu'est-ce que c'est que cette logique ?
Ce que je parle avec vous, ce que je vous dis à cette heure, je vous demande qu'est-ce que c'est ?
Ce que c'est que, dans un membre de phrase non plus interrogatif, mais subordonné. Je sais ce que c'est que cet air. Je vous demande ce que c'est que les paroles que vous dites là.
Voyez ce que c'est que du monde aujourd'hui !
Vous le voyez, mon coeur, ce que c'est que d'aimer
Ce s'emploie dans le même sens en retranchant que.
Voyez ce que c'est d'avoir étudié
de Jean de LA FONTAINE dans Jum.
L'analyse grammaticale se fait ainsi : Qu'est-ce que l'orgueil ? se décompose en : ce que (est) l'orgueil, est quoi ? Qu'est-ce que c'est que cette logique ? se décompose en : ce que est ce que (est) cette logique, est quoi ? il y a là un pléonasme, un peu masqué par l'ellipse de est dans le second membre. Le que est ici l'équivalent du quod latin, pronom relatif neutre.
5
C'est.... que, avec un verbe à un mode quelconque, sauf l'infinitif.
C'est à Rome, mes fils, que je prétends marcher
Ce n'est pas de cela qu'il s'agit aujourd'hui
C'est devant ses amants.... Que la fière beauté me caressait le plus
C'est.... que, suivi d'un infinitif.
C'est l'acheter trop cher que l'acheter d'un bien....
C'est se taxer hautement d'un défaut, que se scandaliser qu'on le reprenne
C'est.... que de, suivi d'un infinitif.
Figurez-vous quelle joie ce peut être que de relever la fortune d'une personne que l'on aime, que de donner adroitement quelques petits secours
Ce n'est pas une petite peine que de garder chez soi une grande somme d'argent
C'eût été une chose fâcheuse pour moi que d'exposer cette enfant....
L'analyse grammaticale est ainsi : C'est à vous que je parle, se décompose en : ce que est : je parle à vous, est. C'est une peine que de garder, se décompose en : ce que est : de garder, est une peine. Que représente encore le pronom relatif neutre quod du latin.
C'est.... de, suivi d'un infinitif, sans que.
C'était lui faire injure de l'implorer
C'est m'honorer beaucoup de vouloir que je sois témoin d'une entrevue si agréable
Certes c'est une chose aussi qui scandalise De voir qu'un inconnu céans s'impatronise
Concevez quel déplaisir ce m'est de voir que par l'avarice d'un père....
Ce serait bien mal connaître le coeur humain de soupçonner qu'il soit possible....
C'eût été renoncer à la foi, de ne pas désirer le jour du Seigneur
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Jug.
6
Ce n'est pas que avec le subjonctif, locution par laquelle on se défend de.... on écarte l'opinion que.... Ce n'est pas que je veuille médire.
Ce n'est pas que le pécheur mourant ne trouve dans sa vie passée....
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Mort du pécheur.
7
C'est que, c'est de, donnant l'explication de ce qui est, de ce qui se fait. Pourquoi ne venez-vous pas avec nous ? C'est que je suis malade.
Le marquis de Seignelay ayant demandé au doge de Gênes ce qu'il trouvait de plus singulier à Versailles, il répondit : c'est de m'y voir
L'explication grammaticale est ainsi : C'est que je suis parti, se décompose en : que je suis parti est ce. Ici que répond à la conjonction latine quod. C'est de m'y voir, se décompose en : de m'y voir est ce [cela, cette cause].
8
C'est à.... de, il appartient à. C'est à vous de parler.
Avec à en place de la préposition de.
C'est aux gens mal tournés, aux mérites vulgaires, à brûler constamment pour des beautés sévères
9
Ce explétif. Ce que je crains, c'est d'être surpris. Le véritable éloge d'un poëte, c'est qu'on retienne ses vers. Ce qui me touche, c'est de voir.... Ce qui est vrai, c'est qu'il est malade. Taire un service qu'on a rendu, c'est ajouter au bienfait. Lire, peindre et faire de la musique, c'est l'occupation de sa vie. L'enfer dans cette vie c'est un mauvais ménage.
Le seul moyen d'obliger les hommes à dire du bien de nous, c'est de leur en faire
Le ce explétif peut être supprimé. Ce que je crains est d'être surpris. Ce qui me touche est de voir. Taire un service est ajouter au bienfait.
Ce qu'il y avait de commode dans cet empire était que....
Ce qui me frappait le plus était de voir....
Ce qui me le prouve est que...
La répétition de ce est indispensable dans le cas où le verbe être est suivi d'un substantif au pluriel ou d'un pronom personnel. Ce qui m'attache à la vie, ce sont mes enfants. Ce qui me console, c'est vous.
10
Ce qui.... ce sont.... ce que.... sont....
Ce sont charmes pour moi que ce qui part de vous
Ce que je vous dis là ne sont pas des chansons
On m'a montré la pièce, et comme tout ce qu'il y a d'agréable sont effectivement les idées qui ont été prises de Molière, etc.
de ID. dans Imp. 3
Son droit ? - Tout ce qu'il dit sont autant d'impostures
de Jean RACINE dans Les Plaideurs, II, 9
Ce qu'elle a dit de vous ne sont que des sottises qu'il ne vaut pas la peine de vous rendre
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Correspondance, 56
11
Ce que, désignant une personne qu'on ne nomme pas.
Ce qu'on appelle un fâcheux est celui qui....
de Jean de LA BRUYÈRE dans Théophr. 20
Ne pouvant être à moi, soyez à ce que j'aime
Il peut, dans ce désordre extrême, Épouser ce qu'il hait, et perdre ce qu'il aime
Mais me voir à ce point trompé par ce que j'aime
Il y a de la lâcheté à déguiser ce que le ciel nous a fait naître [notre origine]
12
Tout ce qui, tout ce que, toutes les choses qui ou que.
Tout ce que je voyais me semblait Curiace ; Tout ce qu'on me disait me parlait de ses feux ; Tout ce que je disais l'assurait de mes voeux
Tout ce que ce palais renferme de mystères
13
Ce que, signifiant tout autant que.
Ce que Dieu est bon c'est de son propre fonds
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Bonté, 1
Et Pompée est vengé ce qu'il peut l'être ici
14
Ce qui est de, suivi d'un adjectif.
Ce qui est de réel, est que vous seriez céans libre comme chez vous
Le mari ne se doute point de la manigance, voilà ce qui est de bon
15
Ce dit-il, tournure archaïque et poétique.
Ta faute, ce dis-tu, vient de m'avoir cachée....
C'est là, ce m'a-t-il dit, le seul but où je tends
de Jean de LA FONTAINE dans l'Eun. V, 3
Je devais, ce dis-tu, te donner quelque avis, Qui te disposât à la chose
Doux trésors, ce dit-il, chers gages, qui jamais N'attirâtes sur vous l'envie et le mensonge
de Jean de LA FONTAINE dans ib. X, 10
Ce m'a-t-il dit
16
Quand ce vient.... quand ce vint.... quand ce viendra.... quand le moment est, fut, sera.
Quand ce vint à payer....
de Jean de LA FONTAINE dans Belph.
Naïf encor, quand d'amour ce vint l'âge, Je rencontrai deux jumeaux sous l'ombrage
de MILLEV. dans Plaisir et bonheur.
17
Ce semble, il paraît, on peut le croire. Tout, ce semble, conspire contre lui. Tout, ce semblait, allait bien. Tout, ce m'a semblé, est bien allé.
Ce vous est, ce lui est, c'est pour vous, pour lui.
Ce leur fut une erreur dont ils se repentirent
Ce lui était une contrainte mortelle de se conduire avec elle comme Mme la duchesse de Berry l'exigeait
En un mot, ce vous est une attente assez belle Que la sévérité du tuteur d'Isabelle
Ce m'est avis, je suis d'avis. Ce leur est avis, ils sont d'avis.
18
En style de pratique et de chancellerie, ce s'emploie absolument pour résumer ce qui a été dit. Et ce, conformément à.... Nonobstant lettres à ce contraires. Et en vertu de ce que dessus.
Ce s'emploie aussi de cette façon dans le langage ordinaire.
Pour ce faire, il prit.... Ce faisant, il crut.... Et, de ce non content Aurait avec le pied réitéré....
Le grand prieur dit à Roquelaure des choses aussi fâcheuses que celles qu'il venait d'essuyer de son frère, ce sans altérer un flegme fort à contre temps
Et depuis ce [depuis lors] il n'est pédant....
Et sur ce, je vous salue, et vous embrasse en mon nom
de Denis DIDEROT dans à Galiani.
Le pauvre homme [Courier] reçut un long papier dans lequel on l'accusait d'avoir offensé la morale publique, et de ce non content, d'avoir provoqué à offenser le roi
À ce que, Nature : loc. conj. usitée en style de pratique et de chancellerie, et signifiant afin que. À ce qu'il n'en prétendit cause d'ignorance.
Sur ce, locution par laquelle les souverains terminent leurs lettres. Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.
19
Ce, pour il.
C'est plutôt fait de céder à la nature que de....
de Jean de LA BRUYÈRE dans XI
20
C'est pour, avec un infinitif, cela mérite que. C'est pour en crever de rire.
Certes, c'est pour en rire, et tu peux me le rendre
Et c'est pour essuyer de très fâcheux moments, Que les soudains retours de son âme inégale....
On dit dans le même sens c'est à. C'est à mourir de rire. C'est à n'y pas croire.
21
C'est pourquoi, locut. conjonct. Telle est la raison, la cause.
22
Que c'est, au lieu de ce que c'est, locution archaïque et, malheureusement, tombée en désuétude ; car elle était plus brève et plus légère que celle que l'usage moderne a consacrée.
Je sais que c'est, vous êtes offensée
de François de MALHERBE dans V, 27
Le repos du siècle.... va faire.... ignorer que c'est que le fer
de François de MALHERBE dans III, 3
Non à toi qui.... connais que c'est que du vrai bien
de François de MALHERBE dans IV, 5

REMARQUE

1
1. Le temps du verbe être précédé de ce est généralement déterminé par le temps du verbe suivant. Ainsi on dit : ce sera nous qui jouirons de ses bienfaits ; ce fut Cicéron qui sauva la république. Mais on dirait aussi : c'est nous qui jouirons ; c'est Cicéron qui sauva.
2
2. Quand ce qui ou ce que a après soi deux ou plusieurs verbes, on répète d'ordinaire ce : vous ferez ce qui est juste et ce qui est demandé par les circonstances ; ce que vous dites et ce que vous faites. Cependant on peut aussi faire ellipse du second ce, du moins quand les parties mises en regard n'expriment pas des choses différentes : ce que vous dites et que vous faites.
Je renonce à tout ce qui a été, qui est, qui sera libre
de Jean de LA BRUYÈRE dans XII
Tu seras ce que tu dois et que tu veux être
3
3. Massillon a employé c'est que avec une singulière hardiesse :
Et une nouvelle preuve de cette vérité, c'est que, remontez à l'origine, d'où vient que l'Église a attaché de plus grands revenus à certains bénéfices ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Conf. Revenus ecclésiastiques
4
4. Ce que a été employé dans le XVIIe siècle pour de ce que, si. Vaugelas cite cette phrase de Coeffeteau : Ce que je réponds sur-le-champ à une harangue que tu as préméditée, c'est un fruit de ce que j'ai appris de toi ; il loue beaucoup cette tournure. Elle est aujourd'hui tout à fait oubliée ; c'était un archaïsme, comme on peut voir à l'historique.

SYNONYME

1
QU'EST-CE-CI ? QU'EST CECI ? Il ne faut pas confondre ces deux locutions. Qu'est-ce-ci veut dire qu'y a-t-il ici ? que se passe-t-il ici ? Mais qu'est ceci veut dire : quelle chose est ceci, la chose dont on parle, que l'on montre : tenez, voyez ; qu'est ceci ? mais on dira : qu'est-ce-ci ? on se querelle pour des riens.

HISTORIQUE

1
IXe s.
Si salvarai eo [je] cist meon fradre Karlo
dans Serment
2
Xe s.
E si fu co
dans Fragm. de Valenc. p. 467
C'ert [ce sera]
dans ib. p. 469
En cist tres dies
dans ib. p. 467
De cest periculo
dans ib. p. 469
En ceste causa
dans ib.
3
XIe s.
Se ceo fust u evesqué u abeïe
dans Lois de Guill. 1
Ceo que il i avereit pris
dans ib.
Laissez c'ester, dist Marsiles li reis
dans Ch. de Roland, 193
En cest pays [il] nous est venus confondre
dans ib. 2
En ceste terre a assez osteié [fait la guerre]
dans ib. 3
Ço senefie paix et humilité
dans ib. 5
Dient Franceis : Deus ! que pourra-ce estre ?
dans ib. 25
4
XIIe s.
Ço sont les deux qui flaellerent et tuerent ces d'Egypte au desert
dans Rois, 15
Ce dist li rois : Baron or m'entendez, Ronciv. 9. Un don [je] vous quier, c'est le cor de Roland
dans ib. 39
Qui ce ne croient que Dieus fut surrexis
dans ib. 56
Ce me donnez que je desire tant
dans ib. 153
Mais, se Dieu plait, ce ne m'aviendra mie
dans Couci, 2
Douce dame, je ne vous os [ose] rover Ce dont amours ne me rove pas faire
dans ib. 2
Dame, por chou [ce] qu'à vous [je] me rent, merci
dans ib.
Ce est la riens dont je sui plus espris
dans ib. 17
J'aim et desire ce qui de moi n'a cure
dans ib. p. 125
[Je] N'oublierai ceste honor D'amer toute la meillor
dans ib. 1
Sire, dit li cuens [comte] Hues, tout ce ne lo-je mie [je ne conseille]
dans Saxons, 32
5
XIIIe s.
Et quant ele oÏ chou [ce]....
Pierres tenoit un bail ; et, par la raison de chu [ce] bail, il avoit hommes
de Philippe de BEAUMANOIR dans XV, 15
Bien [il] croit que ce soit elle....
dans Berte, CXXII
Ce fu par un lundi que Berte fut trovée
dans ib. L
Se c'estes vous, sel dites [ainsi le dites] ; je vous requier et proi [prie]
dans ib. CV
Mais ce ne sui-je pas [ce n'est pas moi], sachez, je vous le noi [nie]
dans ib.
Cis homs qui orendroit s'en est allé d'ici
dans ib. CXVIII
Bien diriez que (je) n'ai coulpe en ceste destinée
dans ib. XVI
Et il respont : ce somes nous
dans Ren. 978
Pour ce amors a meillor renom
dans la Rose, 5556
Je jetai hors ce d'argent que j'y trouvai
Je lui di que il eust moult fait que fol, à ce que il avoient leur seigneur occis
6
XIVe s.
Et ce non obstant, il est, entre tous autres vertueus, pour soi souffisant
7
XVe s.
Les archers anglois avoient laissé en leur logis ce de harnois qu'ils avoient
Avoient pris en grant vergogne, ce que des Hainuyers avoient esté ainsi rencontrés [d'avoir été ainsi rencontrés par les Hainuyers]
Si se mit dans un vaisseau à tout ce de gens qu'il avoit eschappés
Je la veux multiplier [l'histoire] et accroistre ce que je pourrai
Beaux seigneurs, le gentil comte de Hainaut viendra un de ces jours à si grand ost....
Ce terme pendant vint messire d'Artois en Angleterre
Devant ce [la bataille de Poitiers] j'estois encore moult jeune
C'est ce dont tant suis desireux
de Charles D'ORLÉANS dans Ball. 36
Il prit adonc le mot [devise] que onques puis il ne laissa, lequel est tel : ce que vous voudrez
dans Bouc. I, 16
La cour, c'est à entendre le prince....
de Philippe de COMMINES dans V, 18
Et ce qu'il se laissoit si peu voir et se tenoit ainsi clos en son charriot, estoit afin que l'on ne le connust si desfait
de Philippe de COMMINES dans VI, 13
Mais Dieu ne lui vouloit consentir ceste grace que de recevoir ce sage conseil
de Philippe de COMMINES dans V, 8
Ouvrez, dit-il, m'amie ; ce suis-je [c'est moi]
de LOUIS XI dans 88
8
XVIe s.
Demandant la cause de ce, les chanoines lui dirent que....
Je en ferai ce que de raison
de François RABELAIS dans ib.
Et bien tout perira, feust-ce Esculapius mesme
L'antichrist est desjà né, ce m'a l'on dit
de François RABELAIS dans ib. III, 26
Et à voir Pantagruel, sembloit un faucheur qui de sa faux (c'estoit Loupgarou) abattoit l'herbe d'un pré (c'estoient les geants)
de François RABELAIS dans ib. II, 29
Mais laquelle peut-ce estre ? Serait-ce point vostre port tant adextre ? Ou ce parler tant doux et gracieux ?
de Clément MAROT dans I, 351
Mais à quel juge est-ce que nous irons, Si n'est à vous ?
de Clément MAROT dans II, 211
Le temps est bon pour les douleurs defaire De ceux qui n'ont constance de ce faire
de Clément MAROT dans I, 284
Qui est-ce qui a retiré ces deniers-là de la main du marchand ?
de Jean CALVIN dans 154
C'est assez, disent-ils, que Dieu soit servi de coeur
de Jean CALVIN dans 218
Ce n'est pas à eux de reformer l'estat commun du peuple
de Jean CALVIN dans 223
Et quand nous le ferions, ce ne seroit que temerité
de Jean CALVIN dans 231
Ce ne sommes pas nous qui avons rien fait
de Jean CALVIN dans 296
Quant est des peintures, que sont-ce sinon patrons de pompe dissolue ?
Socrates estime que ç'ont esté gens ignorants qui en ont usé les premiers en ceste signification
Que ceste soit la premiere reigle quant aux voeux
Ce leur sont sceaux des promesses de Dieu
Ç'a esté une ignorance ou malice pernicieuse
Decouvrir tels monstres, c'est les vaincre
A-ce esté pour despouiller Jesus Christ de ses armes ?
En l'un defaut ce qui est le commencement de bien escrire, c'est le savoir
Ce qui me nuit, c'est ce qui m'est plaisant
Mon fils, c'est assez combattre
... Car c'est à vous, à vous, seigneur, à qui seul je les voue
de ID. dans VI, 3, verso
Ces beaux noms de vertu, ce n'est rien que du vent
Mais tout le bien que je reçoi De mon inviolable foi, Ce sont soupirs et larmes
Ce ne sont pas ni ces lis ni ces roses, Ni ces deux rangs de perles si bien closes, C'est cet esprit rare, present des cieux
Et qu'est-ce des ans qui glissent, Qu'est-ce des biens allechans ?
Sont-ce ici ces estats generaux où....
dans Sat. Mén. 165
Ce que j'ai d'ailleurs sont seulement quelques accessoires
de Ambroise PARÉ dans Au lecteur.
C'est ce dont est fait le callus es fractures
de Ambroise PARÉ dans VIII, 41
Difficile est contenter un malade, ce dit le poëte Ion
Quand ce vint au pere de la fille
de Michel de MONTAIGNE dans I, 17
C'est une violente maistresse d'ecole que la coutume
de Michel de MONTAIGNE dans I, 105
Je vois, ce me semble, que....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 132
Ç'a esté le jugement commun de tous les sages que....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 182
À parler en bon escient, est-ce pas un miserable animal que l'homme ?
de Michel de MONTAIGNE dans I, 227
Il va estudier en son lexicon que c'est que galeux et que c'est que....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 144
Ce n'est pas tout à eux de lui obeir, il faut encore lui complaire
Nous monstrasmes à ceux qui en usent où c'est qu'il les faut mettre
L'avertissement que leur donnerent leurs capitaines, ce fut : si les ennemis les chargeoient, qu'ils les receussent sans mot dire
Ce sont toutes belles choses ce que tu dis
Cela, est-ce vivre heureusement ?
N'est-ce pas grand pitié que....
Que sera-ce si nous commençons de labourer la terre l'hiver ?
Ce leur est plus languir que vivre
Ce qui est cause de telles separations est qu'on ne sait et qu'on ne veut vivre en concorde
Voilà, ce nous semble, que nous devons respondre à ces gens qui sont si aspres au sang
Voi ces rochers au front audacieux, C'estoient jadis des plaines fromenteuses
de Pierre de RONSARD dans 963

ÉTYMOLOGIE

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Dans l'adjectif ce, cet, cette, ces, il y a deux formes qui ont une origine différente : 1° ce ; ancien français ço, ceo, iço, ice ; wallon, si ; picard, che, chu, cho, chou, éche, ches, ces ; provenç. aisso et so ; ital. ciò ; du latin ecce hoc, ce-o ou ç'-o ; hoc se trouve dans l'ancien français sous la forme de oc ou o ; 2° cet, cette, ces ; ancien français, cest, cist, icest, icist ; provenç. cest, sest, cist, sist, aicest, aicist, aquest, aquist ; espagn. aqueste ; ital. questo ; du latin ecce iste. Le parler populaire des nations romanes renforça de ecce les pronoms latins ; ecce, encore très visible, dans les formes icest, aicest, aqueste, est réduit au c dans les formes plus syncopées.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

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5. M. Terzuolo, Études sur le Dict. de l'Acad. franç. Prospectus, p. 20, discutant les phrases telles que celle-ci : Ce fut le 4 juin que Gustave-Adolphe jeta l'ancre sur la petite île de Rugen, assure que ce fut est illogique et veut qu'on dise exclusivement c'est ; dans cette locution, c'est équivaut à je dis, j'énonce, et c'est pour cela que le présent est requis. Une pareille règle est trop étroite ; en analysant les deux tournures, on trouve : ce, que Gustave-Adolphe jeta l'ancre, est, et ce, que Gustave-Adolphe jeta l'ancre, fut. Cette analyse montre qu'elles sont aussi exactes l'une que l'autre. Dans le courant de sa discussion, M. Terzuolo assure qu'on ne dirait pas : Fut-ce le 4 juin que Gustave-Adolphe jeta l'ancre ? et qu'il faut de toute nécessité est-ce le 4 juin.... Cette exclusion ne peut être acceptée, et l'on dirait certainement fut-ce. Dans le choix de ces tournures équivalentes c'est l'oreille qui doit être consultée.
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6. Le temps du verbe être précédé de ce est généralement déterminé par le temps du verbe suivant ; ou, quand on n'admet pas cette détermination comme dans le cas qui vient d'être discuté, on met c'est au présent, et le verbe suivant au temps exigé par le sens. Molière a manqué à cet usage :
Armande : Ainsi donc à leurs voeux vous me sacrifiez ? - Philaminte : Ce ne sera point vous que je leur sacrifie
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7. C'est suivi d'un infinitif veut d'ordinaire un de intercalaire ; voy. les exemples au n° 5. Mais autrefois ce de pouvait être supprimé.
Ah ! que c'est chose belle et fort bien ordonnée, Dormir dedans un lit !
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8. Voltaire a écrit : Ce qu'étant fait, elle [la femme] courut.... Philosophie, Relation du gouverneur Pilate. Il faudrait ce qui. Rien ne peut expliquer grammaticalement cette phrase.
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9. Régnier a dit : Mon embrasement, qui croîtra, ç'ai-je peur, jusqu'à tant que je meure, Dial. Cette tournure est pour : ce ai-je peur, c'est-à-dire : de ce ai-je peur. Ce crains-je serait correct, mais non usité ; ce ai-je peur n'est pas correct.
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10.
C'eût été fait alors de ce bel établissement
de DE MONTAIGLON dans Hist. de l'Acad. de peinture. (Mém. attribués à H. Testelin), t. I, p. 74

Synonymes de CE

Phonétiquement proche de CE