Définition de COURIR

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : kou-rir

DÉFINITIONS

1
Aller avec une grande vitesse.
Où courez-vous ainsi ? Calypso, plus furieuse qu'une lionne à qui on a enlevé ses petits, courait au travers de la forêt, sans suivre aucun chemin
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. VII
Les femmes ne sont pas faites pour courir ; quand elles fuient, c'est pour être atteintes
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. V
Elle eût, des jeunes blés rasant les verts tapis, Sans plier leur sommet, couru sur les épis
de Jacques DELILLE dans Énéide, VII
Sémantique : Terme de marine. Faire route. Courir au nord, au sud.
Courir signifie quelquefois s'échapper à la hâte.
.... Serviteur au portier, Dit-il, et de courir
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IX, 10
Je cours encore, locution familière, qui s'emploie pour dire : je m'en allai en hâte, on ne m'y rattrapera plus.
Cela dit, maître loup s'enfuit et court encor
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. I, 5
Les dames dirent qu'il ne fallait pas m'importuner ni faire des façons avec moi, et je cours encore
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 404, 34
Courir, pris substantivement.
Nier, croire et douter sont à l'homme ce que le courir est au cheval
de Blaise PASCAL dans Rel. 8
Courir sus à quelqu'un, en termes d'ordonnances, de déclarations, se jeter sur lui pour l'arrêter, pour le tuer. On ordonna de lui courir sus. Et fig. poursuivre, persécuter.
On dit dans le même sens courir sur.
Nous promettons pour cette grâce De sauter pour les gens en place, De courir sur les malheureux
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Requête.
Courir sur, faire la course comme corsaire.
En leur obtenant du Portugal des commissions pour courir sur les Espagnols, même après qu'ils eurent fait la paix avec la France
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. XIII, 35
On dit dans le même sens courir à.
Peuple, vengez mon père et courez à ce traître
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Fanat. V, 4
Courir s'emploie en une espèce de passif impersonnel, avec le pronom ce. On pourra dire à des enfants qui courent : c'est assez couru, c'est-à-dire ne courez plus.
Sémantique : Fig.
C'est assez couru dans les voies de l'iniquité
de Esprit FLÉCHIER dans Sermons, II, 237
Ce n'est pas tout que de courir, il faut partir de bonne heure, c'est-à-dire il ne suffit pas de se hâter, il faut encore se mettre à l'oeuvre à temps.
Rien ne sert de courir, il faut partir à point ; Le lièvre et la tortue en sont un témoignage
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VI, 10
2
Jouter à la course. Ceux qui devaient courir n'attendaient que le signal pour s'élancer dans la carrière. Alexandre ne voulut pas courir dans les jeux olympiques, à moins que des rois n'y courussent.
Courir se dit aussi des chevaux qui disputent le prix de la course. Faire courir, envoyer des chevaux sur le turf pour y courir.
3
Sémantique : Fig.
Et dans cette entreprise il a bien su courir à la nécessité qu'il voyait de mourir
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. III, 3
Au tombeau comme au trône on me verra courir
de Pierre CORNEILLE dans ib. IV, 1
Ces prisonniers même avec lui conjurés Sous cette illusion couraient à leur vengeance
de Pierre CORNEILLE dans ib. V, 7
Celle qui vous pressait de courir au baptême
de Pierre CORNEILLE dans Poly. I, 1
Qu'avec plaisir, Philippe, on court à le venger [un ennemi], Lorsqu'on s'y voit forcé par son propre danger
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. V, 1
De peur que l'ignorant [sa mort], ce peuple ne se flatte, N'attende encor ce prince et n'ait quelque raison De courir en aveugle à qui prendra son nom
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. III, 4
Et je suis en suspens, si, pour me l'acquérir, Aux extrêmes moyens je ne dois point courir
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Étour. III, 2
Les esprits courent à vous aimer
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 451
Cette mer où tu cours est célèbre en naufrages
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. I
Ce péril extrême où, pour me secourir, Je vois votre grand coeur aveuglément courir
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. I, 4
Qui se venge à demi court lui-même à sa peine
de Pierre CORNEILLE dans Rodog. V, 1
Mais il court à sa perte et vous traîne avec lui
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. III, 1
[Il] Tâche à rompre le cours des maux où vous courez
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. III, 2
Je veux bien vous guérir D'une erreur dangereuse où vous semblez courir
de Pierre CORNEILLE dans ib. IV, 5
Ma fille qui s'approche et court à son trépas
de Jean RACINE dans Iphig. I, 1
Misérable, tu cours à ta perte infaillible
de Jean RACINE dans Phèd. IV, 3
Jeune peuple, courez à ce maître adorable
de Jean RACINE dans Esth. III, 9
Roxane est offensée et court à la vengeance
de Jean RACINE dans Baj. II, 3
Il vous faudra, seigneur, courir de crime en crime
de Jean RACINE dans Brit. IV, 3
Mais parmi ces périls où je cours pour vous plaire
de Jean RACINE dans Andr. I, 4
Tu murmures, vieillard ! vois ces jeunes mourir, Vois-les marcher, vois-les courir à des morts, il est vrai, glorieuses et belles, Mais sûres cependant et quelquefois cruelles
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VIII, 1
On vit alors les courtisans courir au-devant de la réforme, proscrire le luxe de leurs tables, étudier avec empressement les figures de géométrie
de Auguste Marseille BARTHÉLEMY, dit L'ABBÉ BARTHÉLEMY dans Anach. 33
Courir au plus pressé, faire d'abord ce qui est le plus urgent.
Ils ont couru au plus sûr, et ont compris que ce serait une folie de vouloir se sauver comme les autres se damnent
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Salut.
Courir sur les brisées de quelqu'un, se mettre en rivalité avec lui.
Courir sur le marché de quelqu'un, enchérir sur lui, tâcher d'obtenir ce qu'un autre a demandé le premier.
Courir à l'hôpital, se ruiner rapidement par des dépenses excessives.
Courir à l'évêché, au bâton de maréchal, être en passe d'y parvenir.
4
Marcher vite sans précisément courir, aller en hâte, se dépêcher, s'empresser. Vous ne marchez pas, vous courez. Courir aux armes. Tout le pays se souleva et courut aux armes.
Mais, quelques jours après, le dieu l'attrapa bien, Envoyant un songe lui dire Qu'un tel trésor était en tel lieu ; l'homme au voeu Courut au trésor comme au feu
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IX, 13
[Ils] courent parmi la ville Émouvoir les soldats et le peuple imbécile
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. V, 3
Que dit-il quand il voit, avec la mort en trousse, Courir chez un malade un assassin en housse ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VIII
Quand pour le recevoir chacun court sur la rive
de Jean RACINE dans Mithr. II, 1
Pharnace entrait à peine Qu'il courut de ses feux entretenir la reine
de Jean RACINE dans ib. II, 2
Bajazet vit encor ; vizir, courez à lui
de Jean RACINE dans Baj. V, 10
Chère Antigone, allez, courez à ce barbare
de Jean RACINE dans Théb. II, 4
Ma fille dans Argos courait pleurer sa honte
de Jean RACINE dans Iphig. III, 1
Et que m'a fait à moi cette Troie où je cours ?
de Jean RACINE dans ib. IV, 6
De l'Inde à l'Hellespont ses esclaves coururent
de Jean RACINE dans Esth. I, 1
Achille va combattre et triomphe en courant
de Jean RACINE dans Iphig. I, 1
Sémantique : Fig.
Eh bien ! ce stratagème ? - Ah ! comme vous courez ! Ma cervelle toujours marche à pas mesurés
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Étour. I, 2
Ah ! de peur de tomber ne courons pas si fort
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib. IV, 1
Il n'y va pas, il y court comme à la noce, il y va avec ardeur, avec joie.
Sémantique : En termes d'escrime, courir, marcher très rapidement sur son adversaire.
En courant, à la hâte, d'une manière superficielle, fugitive.
Certaines choses que j'avais lues en courant
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 613
Il ne les lit pas, ou il ne les lit qu'en courant
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Avert. 1
5
Courir après quelqu'un ou quelque chose, aller à sa recherche.
Phraate fit courir après Démétrius
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 9
Il faut courir, Olympe, après ces inhumains
de Jean RACINE dans Théb. I, 1
Non, il ne courra plus après l'ombre du frère, S'il voit monter la soeur sur le trône du père
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. I, 1
Sémantique : Fig.
Mon coeur court après elle
de Jean RACINE dans Andr. II, 5
En effet il courait après le mensonge, mais il était attiré par quelque lueur de vérité
de Esprit FLÉCHIER dans I, p. 277
Qui ne court après la fortune ?
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 12
Mon esprit ne court pas après si peu de chose
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Étour. III, 3
Le mérite a pour moi des charmes si puissants, que je cours partout après lui
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Préc. 10
Cet air de parure après lequel on court et qu'on n'attrape guère
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 6
Courir après l'esprit, affecter d'en montrer sans trop y réussir.
Courir après son argent, continuer à jouer pour tâcher de regagner ce qu'on a perdu, et aussi aller relancer ses débiteurs.
Il a mieux aimé diminuer son fonds que d'avoir toujours à courir après ses rentes
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. VI, 52
En un autre sens, courir après l'argent, chercher toutes les occasions d'en gagner.
6
Aller et venir çà et là. Il est toujours à courir.
L'enragé qu'il était.... s'en alla follement.... Courir comme un bandit qui n'a ni feu ni lieu
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VIII
7
Faire des courses, des démarches. Il a couru toute la journée pour ses affaires.
Quand on est candidat, on court plus qu'on ne pense
de Casimir DELAVIGNE dans Éc. des vieillards, I, 5
Faire courir quelqu'un, lui faire perdre son temps en courses.
L'attention qu'on a de ne pas faire courir les ouvriers
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. IV, 10
8
Sémantique : Terme de commerce. Courir franc, ne rien payer pour salaire d'une négociation.
9
Abonder, en parlant de vermine et de petits animaux nuisibles. Les souris courent dans cette maison. Les poux courent sur cette chemise.
10
Avoir un mouvement de progression, en parlant des choses. Sa plume courait sur le papier.
Laisser courir sa plume, se livrer en écrivant au cours de ses idées.
Vous avez laissé courir votre plume et donné un essor à votre imagination
de VAUVENARGUES. dans Dial. Pasc. et Fén.
Sémantique : Terme de marine. Faire courir une manoeuvre dans ses poulies, faciliter le jeu des cordages. On dit que les amarres courent quand elles glissent.
11
Couler. Le sang court dans les veines.
Cette affreuse sueur qui court sur son visage
de Pierre CORNEILLE dans Rod. V, 4
Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang
de Pierre CORNEILLE dans Cid, IV, 3
12
Être répandu, passer de main en main.
Il court parmi le monde un livre abominable
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. V, 1
Outre les copies qui couraient parmi le peuple
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 3
J'ai longtemps hésité si je donnerais au public ces panégyriques, et je ne m'y suis enfin déterminé qu'après en avoir vu courir quelques éditions sous mon nom, où je n'avais nulle part
de Esprit FLÉCHIER dans Préf. 53
Vous verrez courir de ma façon dans les belles ruelles deux cents chansons
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Préc. 10
Il y avait d'autres écrits de Picolomini qui couraient dans le monde
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 96
Lorsque la comédie du Glorieux fut donnée au théâtre, il courut, contre cette pièce et contre l'auteur, des couplets qui eurent alors toute la vogue passagère assurée aux satires
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Éloges, Destouches.
Faire courir un papier, une brochure, un livre, le remettre à quelqu'un en lui recommandant de le remettre à d'autres et ainsi de suite.
Ils firent courir une lettre contre lui
de Blaise PASCAL dans Prov. 15
Vient-il de la province une satire fade, Pour la faire courir on dit qu'elle est de moi
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épît. VI
Faire courir une santé, la faire porter successivement par tous les convives.
On dit de même : Dans cette réunion, à ce repas, les propos joyeux, les chansons couraient à la ronde.
Là courent à la ronde et les propos joyeux Et la vieille romance et les aimables jeux
de Jacques DELILLE dans Trois règnes, I
Faire courir la voix, demander les avis dans une assemblée délibérante. Locution vieillie.
L'avis qui court, l'avis qui a le plus de voix dans une délibération qui n'est pas encore finie. Locution vieillie.
Courir se dit aussi des bruits qui circulent, des paroles qui se répandent. Il court de lui un bon mot.
Je sais que de ma mort il courut un faux bruit
de Pierre CORNEILLE dans Perthar. IV, 5
Puisque déjà le bruit jusqu'à vous a couru
de Pierre CORNEILLE dans Théod. IV, 5
Et l'on fera courir quelque mauvaise excuse, Dont la cour s'éblouisse et le peuple s'abuse
de Pierre CORNEILLE dans Perthar. III, 2
Ils ont de rang en rang fait courir votre nom
de Pierre CORNEILLE dans Othon, IV, 2
Ce malheureux proverbe qui court dans Paris
de Blaise PASCAL dans Prov. 2
Nous fîmes quelques couplets de ces Léridas qui ont tant couru
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 8
Que dirait-on si le bruit en courait ?
de Jean de LA FONTAINE dans Mandr.
Mille bruits en courent à ma honte
de Jean RACINE dans Brit. IV, 2
Déjà jusques au camp le bruit en a couru
de Jean RACINE dans ib.
13
En parlant de maladies, sévir d'une façon épidémique. Les maladies qui courent. La scarlatine court dans ce canton, elle a enlevé beaucoup d'enfants. Il courait alors une fièvre dangereuse. Il a couru cette année des dyssenteries.
14
Être en voie de, être près d'arriver au terme. Ma provision de bois court à sa fin.
15
Se passer, en parlant du temps. L'année qui court. On lui a donné trois mois qui courent à partir de tel jour.
Les six mois ne courent qu'à partir du jour de la sommation
de PATRU dans Plaid. 5, dans RICHELET
Ils se repentiront de s'être fait la guerre, Mais avant cette paix il courra bien des mois
de MAYNARD dans Poésies, dans RICHELET
Pour moi je le [le temps] vois courir avec horreur et m'apporter en passant l'affreuse vieillesse, les incommodités et enfin la mort
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 182
Malgré l'ennui et la fatigue les jours ne laissent pas de passer bien vite ; j'en ai passé de bien douloureux, sans compter les mauvaises nuits ; et cependant rien n'empêchait le temps de courir
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 500
La Parque sur nos pas fait courir devant elle Midi, le soir, la nuit et la nuit éternelle, Et par grâce, à nos yeux qu'attend le long sommeil, Laisse voir au matin un regard du soleil
de André CHÉNIER dans Élég. 33
Quand chaque année on est sûr de la suivante, qui peut troubler la paix de celle qui court ?
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. V, 2
Sémantique : Familièrement. Par le temps qui court, d'après ce qui se passe, dans les circonstances où nous sommes.
Dans le temps qui court ce n'est pas un petit mérite
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 402
16
Être compté, en parlant des intérêts, loyers, appointements. Ses intérêts, ses gages courent depuis un an.
17
S'étendre, se prolonger. Le chemin court entre des vignes au bord du lac. Cette côte court est-ouest, c'est-à-dire va droit d'orient en occident. Ces rochers courent sud-ouest, environ trois lieues.
L'Asie est soutenue, tant au nord qu'au midi, par deux grandes chaînes de montagnes qui courent presque depuis l'extrémité occidentale de l'Asie Mineure et des bords de la mer Noire, jusqu'à la mer qui baigne les côtes de la Chine et de la Tartarie à l'orient
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. I, 4
18
Sémantique : En termes de filature, on dit qu'un fil de laine, de soie, etc. court, quand il fournit beaucoup d'ouvrage.
19
Nature : V. a. Poursuivre à la course.
Ce n'est pas qu'on s'imagine que la vraie béatitude soit dans le lièvre qu'on court
de Blaise PASCAL dans Div. 2
Monseigneur court le lièvre dans son parc
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 9
Le duc m'a voulu mener courir un cerf avec lui
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans les Préc. 12
Il courut un cerf au clair de la lune
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 46
Mme la Dauphine se met à courir les bêtes
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 437
Sémantique : Fig. Ils courent le même lièvre, c'est-à-dire ils prétendent à la même chose.
Il ne faut pas courir deux lièvres à la fois, c'est-à-dire quand on recherche deux objets à la fois, on les manque l'un et l'autre, il ne faut s'occuper à la fois que d'une chose.
En parlant des personnes qu'on poursuit. Courir quelqu'un l'épée à la main.
Et les petits enfants, sitôt qu'on m'aperçoit, Me courent dans la rue....
de Pierre CORNEILLE dans Suite du Ment. I, 3
L'un d'eux [des secrétaires de Vendôme] le courut [Alberoni] plus de mille pas à coups de bâton à la vue de toute l'armée
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 156, 41
Mais d'aller attaquer de ces bêtes vilaines Qui n'ont aucun respect pour les faces humaines Et qui courent les gens qui les veulent courir
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Prince d'Él. I, 2
20
Sémantique : Fig. Rechercher avec empressement. Courir les honneurs. Cet ecclésiastique courait les bénéfices.
Il se dit des personnes. On le court, on le choie. Ce prédicateur est très couru.
Nous les verrions nous courir sans tous ces respects et ces soumissions où les hommes les acoquinent
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans la Princ. III, 2
C'est assez qu'elle vous ait vue pour me la faire courir
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 111
Se serait-il engagé à Césonie qui l'a tant couru ?
de Jean de LA BRUYÈRE dans III
Ceux qui courent le favori du prince, comme ses viles créatures
de Jean de LA BRUYÈRE dans X.
L'on court les malheureux pour les envisager
de Jean de LA BRUYÈRE dans VIII
Ils courent partout celles [les femmes] dont ils espèrent se faire écouter
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Jugem. de Pluton.
Nous courons quelquefois les hommes qui nous ont imposé par leurs dehors
de VAUVENARGUES. dans Max. CCLVIII
C'est ce même chevalier que mademoiselle votre fille court aux Tuileries
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans Cheval. à la mode, V, 7
21
S'exercer dans une lice à différents jeux d'adresse. Courir la bague, la tête, courir en essayant d'atteindre avec une lance une bague, une tête. En Espagne on court les taureaux.
Il fallait courir quatre lances ; ceux qui seraient assez heureux pour vaincre quatre chevaliers....
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zadig, 19
[Il] court le faquin, la bague, escrime des fleurets
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. V
Courir un prix, en parlant des courses de chevaux, faire courir un cheval pour avoir ce prix.
22
Courir le cachet, se dit d'un professeur qui donne des leçons en ville.
23
Parcourir. J'ai couru toute la ville sans le trouver.
Je n'ai plus qu'à courir les côtes de l'Afrique
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. IV, 3
Tout cassé que je suis, je cours toute la ville
de Pierre CORNEILLE dans Cid, III, 5
On court sans cesse les imprimeries
de Blaise PASCAL dans Prov. 17
Hors vous et moi, monsieur, je ne crois pas que personne s'avise de courir maintenant les rues
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Sic. 3
Pour moi, sur cette mer qu'ici-bas nous courons, Je cherche à me pourvoir d'esquifs et d'avirons, à régler mes désirs, à prévenir l'orage, Et sauver, s'il se peut, ma raison du naufrage
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. V
Je cours tout le sérail
de Jean RACINE dans Baj. V, 9
J'ai couru les deux mers que sépare Corinthe
de Jean RACINE dans Phèd. I, 1
Cher compagnon, me veux-tu croire ? Courons ensemble le pays ; Tu sais médire, je sais boire : Nous ne manquerons point d'amis
de Jean de LA FONTAINE dans Daphné, III, 10
Il courut tous les environs de Montpellier à plus de dix lieues, et en rapporta des plantes inconnues aux gens même du pays
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Tournefort.
Être fou à courir les rues, à courir les champs, être très fou.
Courir le monde, voyager en divers pays.
Les philosophes ne courent guère le monde, et ceux qui le courent ne sont ordinairement guère philosophes, et par là un voyage de philosophe est extrêmement précieux
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Tournefort.
Sémantique : Fig.
Mais un roi, vraiment roi, qui, sage en ses projets, Sache en un calme heureux maintenir ses sujets, Il faut pour le trouver courir toute l'histoire
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. I
24
Courir la poste, voyager en poste, aller fort vite ; et fig. se dépêcher outre mesure.
On dit dans le même sens courir le grand galop.
Il dit fort posément ce dont on n'a que faire, Et court le grand galop quand il est à son fait
de Jean RACINE dans Plaid. III, 3
Courir en guide, courir la poste à cheval, ayant devant soi un postillon monté sur un autre cheval.
Anciennement, courir un bénéfice, envoyer un courrier à celui qui a la nomination d'un bénéfice devenu vacant, pour être le premier à le solliciter.
25
Sémantique : Terme de guerre. Faire une incursion rapide. Courir le plat pays. Les ennemis laissèrent dans la place une garnison qui se mit à courir toute la contrée.
26
Sémantique : Terme de marine. Courir des bordées, ou courir des bords, aller alternativement à droite et à gauche.
Courir le bon bord, se dit des corsaires qui courent sur des bâtiments marchands ; et fig. et familièrement, fréquenter les mauvais lieux.
Courir la mer, y faire la course comme corsaire ou pirate.
Pour courir cette mer, il ne fallait que des radeaux, des galères et des rameurs
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. XIX, 5
27
Suivre une profession où l'on a des émules. Courir la carrière littéraire.
Une fille guerrière De son guerrier chéri court la noble carrière
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Scythes, II, 2
28
Être en train d'accomplir une certaine année de son âge.
J'ai l'honneur de courir ma 50e année
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. en vers et en prose, 80
Je cours actuellement ma soixante et dix-huitième année
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Richelieu, 18 fév. 1771
29
Courir les aventures, se disait des chevaliers qui allaient à la recherche des exploits guerriers.
Son frère, ayant couru mainte haute aventure, Mis maint cerf aux abois, maint sanglier abattu, Fut le premier César que la gent chienne ait eu
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VIII, 24
Dans un sens général, avoir des aventures, quelles qu'elles soient.
Notre héroïne se mit à rêver à ses aventures, particulièrement à celles de cette nuit ; ce n'étaient pas véritablement les plus étranges qu'elle eût courues
de Jean de LA FONTAINE dans Psyché, I, p. 39
Quand je songe aux dangers que je lui fais courir
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, I, 2
Il vous a préservé, sur le point de périr, Du danger le plus grand que vous puissiez courir
de Pierre CORNEILLE dans Rodog. V, 5
Et d'ailleurs quels périls peut vous faire courir Une femme mourante et qui cherche à mourir ?
de Jean RACINE dans Phèd. I, 1
C'est là tout le danger que vous pouvez courir
de Jean RACINE dans Iphig. II, 1
Courir fortune, hasard, s'exposer à certaines éventualités. Il a couru hasard de se tuer.
Ils sont trop habiles pour vouloir courir la fortune
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 44
Courir même fortune, être exposé aux mêmes risques et périls. L.
Junius eût couru la même fortune si, pour échapper à la cruauté du tyran, il n'eût feint d'être hébété, et d'avoir perdu l'esprit
de Abbé de René Aubert de VERTOT dans Révol. rom. I, p. 55
D'où vient qu'ayant voulu courir notre fortune, Il ne partage point l'allégresse commune ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Tancr. V, 1
Courir une belle fortune, être en passe d'arriver à quelque chose de grand.
30
Hanter, fréquenter. Courir les bals, les maisons de jeu, les théâtres, les salons.
À courir les fillettes.... Il s'est couvert de dettes
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Pet. h. gris.
Courir les ruelles, aller de visite en visite chez les dames.
Courir le bal, aller au bal.
De l'habit dont jadis elle courait le bal, Elle s'est mise en homme en cet accès fatal
de Jean-François REGNARD dans Fol. amour. III, 9
Sémantique : Familièrement. Courir la pretantaine, aller et venir sans objet bien déterminé. Cette femme court la pretantaine, c'est-à-dire ses allées et venues ne sont pas convenables, excitent les soupçons sur sa conduite.
Sémantique : Populairement. Courir le guilledou, fréquenter, principalement durant la nuit, des lieux suspects.
31
Être répandu, propagé. Cette aventure court les salons.
Courir les rues, être su de tout le monde, être commun, vulgaire. Cette nouvelle court les rues. L'esprit court les rues, il est très commun, tout le monde en a.
Honnête homme ! et qui ne l'est pas ? C'est un mérite qui court les rues
de Jean-François MARMONTEL dans Contes mor. Bon mari.
Vous trouvez que toute leur capacité et leur étude sur la religion se réduit à certains discours de libertinage qui courent les rues, s'il est permis de parler ainsi
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Doutes sur la Religion.
32
Sémantique : Terme de marine. Courir les coutures, presser les étoupes qui en ont besoin.

REMARQUE

1
1. S'en courir a été usité dans le XVIIe siècle.
Il s'en court en disant : à Dieu me recommande
de Jean-François REGNARD dans Sat. X
Mon esprit agité Douteux s'en court de l'une à l'autre extrémité
de Jean-François REGNARD dans Élég. 2
À la fin le pauvre homme S'en courut chez celui qu'il ne réveillait plus
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VIII, 2
L'associé des frais et du plaisir S'en court en haut
de Jean de LA FONTAINE dans Quiproquo
Ce discours fut à peine proféré Que l'écoutant s'en court...
de Jean de LA FONTAINE dans aveux
2
2. On trouve dans quelques auteurs courir v. n. conjugué avec l'auxiliaire être.
Je suis courue ici
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 489
J'y suis courue en vain, ç'en était déjà fait
de Jean RACINE dans Théb. V, 2
J'y suis couru
de Jean RACINE dans Bérén. II, 1
3
3. L'usage trouve cours-je ? trop dur, ou du moins (car courge a le même son et n'est pas rejeté) nous ne sommes pas habitués à renverser ainsi les verbes monosyllabiques ; on tourne la phrase en : est-ce que je cours ?

HISTORIQUE

1
XIe s.
Si s'en commourent tote la gent de Rome ; Plus tost i vint ki plus tost i peut curre
dans St-Alexis, CIII
[Il] Plus curt à pied que ne fait un cheval
dans Ch. de Rol. LXIX
Puis sont montez sur leur curanz destriers
dans ib. LXXXVIII
Son cheval [il] broche, laisse curre à esforz
dans ib. XCI
Rolant [il] regarde, puis si lui est curut
dans ib. CLIII
2
XIIe s.
Li destrier [il] broche, il cort par tel randon....
dans Ronc. p. 52
Puis [il] laisse corre tout une randonnée
dans ib.
Rolant le vit, sel [si le] corut à aider
dans ib. p. 96
Par toute Espaigne là où corent mes lois
dans ib. p. 122
Tres qu'es chevols lui est li brans [l'épée] coru
dans ib. p. 145
Saisne lui corrent sus par vertu et par ire
dans Sax. X
L'aigue lui cort du cuer parmi les oilz à rais
dans ib. X
Jo n'ai pas trait m'espée, ne jo ne li cur sure
dans Th. le mart. 36
Quant l'arcevesque veit que tuit li curent sure
dans ib. 107
3
XIIIe s.
Les larmes de son cuer corrent de tel ravine, Que ses mantaus en mouille et ses bliaus d'ermine
de AUDEFR. LE BAST. dans Romancero, p. 24
Einsi coururent par mer tant qu'ils vindrent à Cademalée, en un tres pas [cap] qui sied seur mer
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans LX.
Chascuns i est couru la merveille esgarder
dans Berte, III
[Une ourse] Qui vers lui s'en venoit courant gueule baée
dans ib. XLVI
Courant [elle] vint à sa mere, n'i fit pas long delai
dans ib. LVII
Sachiez, ce jour [il] i ot maint grant destrier couru
dans ib. CXXXVII
Bruiant et Bernart et Beaucent As armes corent maintenant
dans Ren. 26940
Que trop par est ma pance plaine ; Au core [à courir] me faudroit [manquerait] l'alaine
dans ib. 20668
Ausinc cuer qui d'amer ne cesse, Ne queurt pas tous jors d'une lesse
dans la Rose, 7594
Qui cercheroit jusqu'en Cartage, Et d'Orient en Occident.... Et corust tous jors sans paresce, Tant cum porroit, grant aleüre
dans ib. 5399
Lor nature est que doivent corre Por la gent aidier et secorre
dans ib. 5201
Ne jà n'aura [le marchand] assés acquis, Se crient [s'il craint] perdre l'avoir acquis, Et queurt après le remanant Dont jà ne se verra tenant
dans ib. 5093
Onques mès n'avoie veüe Cele iave [eau] qui si bien coroit
dans ib. 115
Encor apartient au baillif que char soit vendue à droit pris, et les autres viandes, et que droites mesures corgent
dans Liv. de just. 70
Toutes crient ensemble : Ce soit à Dieu plaisir ! Aus osteus sont corutes por les bordons saisir
dans Ch. d'Ant. VIII, 471
Et s'el lait l'an et le jor passer, toz li tans sera courus contre li
de Philippe de BEAUMANOIR dans LXV, 17
Autre matiere noz quort sus, si noz soufrerons à tant [nous arrêterons ici]
de Philippe de BEAUMANOIR dans XLVI, 12
Il sanlleroit qu'il peust plus laissier du quint de son heritage, se li torfès et les detes ne sont si grant que tout y quore [y passe, y soit employé]
de Philippe de BEAUMANOIR dans XII, 6
Une coustume quort entre les procureurs en la cort de crestienté, laquele ne quort pas en cort laie
de Philippe de BEAUMANOIR dans LXV, 83
Quant ce fu fait, il le mistrent en la fosse avec son seigneur et avec le cheval tout vif, et puis lancerent sus la fosse planches bien chevillées, et tout l'ost courut a pierres et à terre
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 266
Et pour ce la renommée couru en estranges terres, dont maint marcheant lessierent à venir en l'ost [renoncèrent à venir]
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 217
Mort, vielz et jeunes, nous queurt seure ; Mort nous prent, nous ne gardons l'eure
de Jean Chopinel, dit Jean DE MEUNG dans Tr. 1345
4
XIVe s.
En la maniere que aucuns servans vistes et hastis qui s'en cuerent executer avant que il aient oÿ tout le commandement
de Nicolas ORESME dans Eth. 205
Si comme un cheval quant il queurt bien ou porte bien, il est bon
de Nicolas ORESME dans ib. IX, 15
5
XVe s.
Le comte de Flandre dit : Je m'esmerveille de ces Anglois qui me queurent sus et prennent mon pays....
de Jean FROISSART dans II, II, 207
Et fut la cité de Vennes toute courue et robée [après la prise d'assaut]
de Jean FROISSART dans I, I, 199
Si comme renommée keurt
de Jean FROISSART dans II, II, 53
Et passerent là une riviere qui y queurt, qui se fiert en l'Escaut, et vient d'amont devers Arleux....
de Jean FROISSART dans I, I, 79
En priant Dieu, digne pucelle, Qu'il vous doint longue et bonne vie, Qui vous ayme, ma damoiselle, Jà ne coure sur lui envie
de Charles D'ORLÉANS dans Bal. 102
C'est qu'entre tous court voix et renommée De pis avoir pour le pueple et l'eglise
de Eustache DESCHAMPS dans Souffrances du peuple.
Male bouche tient bien grand court ; Chascun à mesdire estudie ; Faulx amoureux au temps qui court Servent tous de goliardie
de Alain CHARTIER dans La belle dame sans merci.
Il envoya à Callais trois ou quatre cens hommes qui coururent tout le pays de Boullenoys
de Philippe de COMMINES dans III, 6
Et la riviere couroit entre nous et eux
de Philippe de COMMINES dans VIII, 7
Je vous enjoins que vous gardez de jamais courir votre cheval en la vallée
de LOUIS XI dans Nouv. LII
6
XVIe s.
Plustost le Rosne en contre-mont courra
de Clément MAROT dans I, 225
Lors que la peur aux talons met des ailes, L'homme ne sçait où s'enfuir, ne courre
de Clément MAROT dans III, 8
Ce livre court pieça ez mains des gents d'entendement
de Michel de MONTAIGNE dans I, 206
Ils se coururent sus, l'espée au poing
de Michel de MONTAIGNE dans I, 256
Tout ce qui est soubs le ciel court une loy et fortune pareille
de Michel de MONTAIGNE dans II, 166
Ceulx qui ont abbregé leurs jours à courir toute la terre habitable
de Jacques AMYOT dans Préf. VII, 33
Theseus, voulant courir la mesme fortune que feroient ses citoyens, s'offrit voluntairement à y estre envoyé
de Jacques AMYOT dans Thesée, 19
Quand ilz furent depuis parvenus en aage d'hommes, ilz coururent sus à Tarchetius, et le desfeirent
de Jacques AMYOT dans Rom. 3
Il trouva la riviere si enflée et courant si roide, qu'il ne s'oza approcher du fil de l'eau
de Jacques AMYOT dans ib. 4
Aussi tost qu'ilz apperceurent le signe, ils s'en coururent çà et là enlever les filles des Sabins
de Jacques AMYOT dans ib. 20
Hieron envoya à la feste des jeux olympiques, des chevaux pour courir
de Jacques AMYOT dans Thém. 47
Ici fait son dernier sejour Euchidas qui d'icy courut jusqu'en Delphes, et racourut de là icy en un seul jour
de Jacques AMYOT dans Arist. 50
Il soublagea un peu les debteurs, en retranchant partie des usures qui couroient sur eulx
de Jacques AMYOT dans César, 48
Dès le printemps de l'année que nous courons
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Hist. III, 268
Humer et souffler, courir et corner, n'est pas chose à tolerer
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 305

ÉTYMOLOGIE

1
Bourg. cori ; Berry, courre ; picard, keurir ; provenç. et esp. correr ; ital. correre ; du latin currere. L'ancienne conjugaison est courre, corre, reproduisant l'accent latin cúrrere ; c'est de là que vient le futur, je courr-ai ; s'il venait de courir, il serait je courir-ai, les futurs venant de l'auxiliaire avoir combiné avec l'infinitif. Courir provient d'un changement de la conjugaison latine, currire pour cúrrere, changement qui n'est pas rare.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Se courir, Nature : v. réfl. Sémantique : En termes de turf, se dit du prix disputé dans une course. Le prix du Jockey-club se court à Chantilly sur une piste de 2400 mètres.

Synonymes de COURIR

Termes proches de COURIR