L'oeuvre Les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les Caractères ou les moeurs de ce siècle de Jean de LA BRUYÈRE

Ecrit par Jean de LA BRUYÈRE

Date : 1688-1696

Citations de "Les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les Caractères ou les moeurs de ce siècle"

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ÀJe fus étonné de voir jusqu'à sept ou huit personnes se rassembler sous ce même toit
ÀIl ne songe plus qu'à vivre et avoir de la santé
ABAISSEMENTSon grand dessein a été d'affermir l'autorité du prince et la sûreté des peuples par l'abaissement des grands
ABBÉQui peut concevoir que certains abbés, à qui il ne manque rien de l'ajustement, de la mollesse et de la vanité des sexes et des conditions, qui entrent auprès des femmes en concurrence avec le marquis et le financier, et qui l'emportent sur tous les deux, qu'eux-mêmes soient, originairement et dans l'étymologie de leur nom, les pères et les chefs de saints moines et d'humbles solitaires, et qu'ils en devraient être l'exemple ?
ABÎMEReplonger dans de nouveaux abîmes
AB INTESTATDix têtes viennent ab intestat partager sa succession
ABOLIRUne mode a à peine détruit une autre mode, qu'elle est abolie par une plus nouvelle, qui cède elle-même à celle qui la suit et qui ne sera pas la dernière
ABONDANCESi la sûreté, l'ordre et la propreté ne rendaient pas le séjour des villes si délicieux, et n'y avaient pas amené, avec l'abondance, la douceur et la société
ABONDANT, ANTELes difficultés où les commentateurs et les scholiastes eux-mêmes demeurent court, si fertiles d'ailleurs, si abondants et si chargés d'une vaine et fastueuse érudition dans les endroits clairs
ABONDERSi les hommes abondent de biens
ABOYERSi vous voyez deux chiens qui s'aboient...
ABSOLU, UELes autres enfants lui défèrent [à un autre enfant], et il se forme alors un gouvernement absolu, qui ne roule que sur le plaisir
ABSTRAIT, AITEThéocrine est abstrait, dédaigneux, et il semble toujours rire en lui-même de ceux qu'il croit ne le valoir pas
ACCABLEMENTQue deviennent les lois et le prodigieux accablement de leurs commentaires ?
ACCABLEMENTSi c'est trop de se trouver chargé d'une seule famille, si c'est assez d'avoir à répondre de soi seul, quel poids, quel accablement que celui que donne un royaume !
ACCABLERCeux au contraire que la fortune, aveugle, sans choix et sans discernement, a comme accablés de ses bienfaits, en jouissent avec orgueil et sans modération
ACCENTL'air de cour est contagieux ; il se prend à Versailles, comme l'accent normand à Rouen ou à Falaise
ACCEPTERIl fait de fausses offres, mais extraordinaires, qui donnent de la défiance et obligent de rejeter ce que l'on accepterait inutilement
ACCÈSLeurs yeux [des gens que leur fortune aveugle], leur démarche, leur ton de voix et leur accès marquent longtemps en eux l'admiration où ils sont d'eux-mêmes
ACCOMMODÉ, ÉEPensées ou réflexions sensibles, familières, instructives, accommodées au simple peuple, qu'il n'est pas permis de négliger
ACCOMMODERPeu d'écrivains s'accommodent de ce style
ACCOMPAGNERSa voix, son geste accompagnent son visage
ACCOMPAGNERLa mode qui fait la tête des femmes la base d'un édifice à plusieurs étages.... qui éloigne les cheveux du visage, bien qu'ils ne croissent que pour l'accompagner
ACCOMPLIRIl faut, pour accomplir cette course, que la lune aille cinq mille six cents fois plus vite qu'un cheval de poste
ACCORDERIls ne nient ces choses ni ne les accordent ; ils n'y pensent point
ACCORDERIl semble que l'on n'entre dans un emploi que pour pouvoir obliger et n'en rien faire ; la chose la plus prompte et qui se présente d'abord, c'est le refus ; et l'on n'accorde que par réflexion
ACHETÉ, ÉEIl est si ordinaire à l'homme de n'être pas heureux, et si essentiel à tout ce qui est un bien d'être acheté par mille peines, qu'une affaire qui se rend facile devient suspecte
ACHETERUne femme de qui il achetait des herbes au marché
ACHETERM'habiller de bonnes étoffes et me nourrir de viandes saines, et les acheter peu
ACHETERLes huit ou dix mille hommes sont au souverain comme une monnaie dont il achète une place ou une victoire ; s'il fait qu'il lui en coûte moins....
ACHETERSi les hommes ne sont point capables d'une joie plus sensible que de connaître qu'ils sont aimés, et si les rois sont hommes, peuvent-ils jamais trop acheter le coeur de leurs peuples ?
ACHEVERQuelques-uns achèvent de se corrompre par de longs voyages, et perdent le peu de religion qui leur restait
ACHEVERAchevez de vous convaincre par cette méthode d'étudier, que c'est la paresse des hommes qui....
ACHEVERJ'ai tout Calot hormis une seule estampe, qui n'est pas, à la vérité, de ses bons ouvrages ; au contraire, c'est une des moindres, mais qui achèverait Calot
ACHEVERIl est certain que la lune n'achève par jour que cinq cent quarante mille lieues
ACHEVERIl n'y a point au monde un si pénible métier que celui de se faire un grand nom : la vie s'achève que l'on a à peine ébauché son ouvrage
ACQUÉRIREt, à mesure que l'on acquiert d'ouverture dans une nouvelle métaphysique, y perdre un peu de sa religion
ACQUIESCERSi l'on me dit que je puis du moins acquiescer à cette doctrine
ACQUIS, ISEIl est vrai, dit-on, cette somme lui est due, et ce droit lui est acquis ; mais je l'attends à cette petite formalité....
ACQUISITIONQue j'avoue que je ne sais pas où et comment se peuvent conclure les mariages, les contrats, les acquisitions, la paix, la trêve, les traités, les alliances
ACQUITAprès avoir signé l'acquit de toutes vos dettes....
ACTIONUne détermination volontaire au bien ou au mal, et aussi une action bonne ou mauvaise, est ce qu'on appelle vertu ou crime
ACTIONUn extérieur simple est l'habit des hommes vulgaires ; il est taillé pour eux et sur leur mesure ; mais c'est une parure pour ceux qui ont rempli leur vie de belles actions
ACTIONInterrompre les avocats au milieu de leur action
ADMETTREOn le leur amène, cet homme propre à parer les avenues d'une foire, et à être montré en chambre pour de l'argent ; ils l'admettent dans leur familiarité
ADMETTREL'esprit docile admet la vraie religion, et l'esprit faible ou n'en admet aucune ou en admet une fausse
ADMETTREAdmettre les pensées creuses, écartées des notions communes, ou tout au plus les subtiles et les ingénieuses
ADMETTRELes admettre tous [les récits de magie] ou les nier tous, paraît un égal inconvénient
ADMINISTRATEUR, TRICEEntrerai-je dans le huitième denier ou dans les aides ? Serai-je avare partisan ou administrateur ?
ADMIRABLETout est grand et admirable dans la nature ; il ne s'y voit rien qui ne soit marqué au coin de l'ouvrier
ADMIRABLECombien d'hommes admirables et qui avaient de très beaux génies sont morts sans qu'on en ait parlé !
ADMIRATEUR, TRICELa vertu a cela d'heureux qu'elle se suffit à elle-même et qu'elle sait se passer d'admirateurs, de partisans, de protecteurs
ADMIRATEUR, TRICEUn homme dévoué à l'État, à sa famille, au chef de sa famille ; autant admirateur du mérite que s'il lui eût été moins propre et moins familier....
ADMIRERQuel excellent maître que celui qui fait des ouvrages, je ne dis pas que les hommes admirent, mais qu'ils craignent !
ADMIRERLe peuple écoute avidement, les yeux élevés et la bouche ouverte. Croit que cela lui plaît, et, à mesure qu'il y comprend moins, admire davantage
ADMIRERN'admirerons-nous pas plutôt que d'une hauteur si prodigieuse elles [les étoiles] puissent conserver une certaine apparence et qu'on ne les perde pas toutes de vue ?
ADMIRERNous admirerons de nous y reconnaître nous-mêmes [dans la peinture du peuple athénien], nos amis, nos ennemis, ceux avec qui nous vivons, et que cette ressemblance avec des hommes séparés par tant de siècles soit si entière
ADMIRERLoué, exalté et porté jusqu'aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s'admirer réciproquement
ADMIS, ISELes conversations légères, les cercles, la fine plaisanterie, les lettres enjouées et familières, les petites parties où l'on était admis seulement avec de l'esprit, tout a disparu
ADOLESCENT, ENTEL'essai et l'apprentissage d'un jeune adolescent qui passe de la férule à la pourpre et dont la consignation a fait un juge, est de décider souverainement des vies et des fortunes des hommes
ADOUCI, IECe qu'il y a de certain dans la mort est un peu adouci par ce qui est incertain
ADOUCIRIl ne faut quelquefois qu'une jolie maison dont on hérite, qu'un beau cheval ou un joli chien dont on se trouve le maître, pour adoucir une grande douleur
ADOUCISSEMENTIl a un mouvement de tête et je ne sais quel adoucissement dans les yeux, dont il n'oublie pas de s'embellir
AFFAIBLI, IEN.... est moins affaibli par l'âge que par la maladie ; car il ne passe point soixante-huit ans
AFFAIBLIRQuelques jeunes personnes ne connaissent point assez les avantages d'une heureuse nature ; elles affaiblissent les dons du ciel, si rares et si fragiles, par des manières affectées et par une mauvaise imitation
AFFAIBLIRMa vue s'affaiblit, dit Irène. Prenez des lunettes, dit Esculape. Je m'affaiblis moi-même, continue-t-elle ; je ne suis ni si saine ni si forte que j'ai été. C'est, dit le dieu, que vous vieillissez
AFFAIRECliton n'a jamais eu, toute sa vie, que deux affaires, qui est de dîner le matin et de souper le soir
AFFAIRENous devons travailler à nous rendre très dignes de quelque emploi : le reste ne nous regarde point, c'est l'affaire des autres
AFFAIREIl parle bas dans la conversation, et il articule mal, libre néanmoins sur les affaires publiques
AFFAIREPersonne presque n'a assez de fonds pour remplir le vide du temps sans ce que le vulgaire appelle des affaires
AFFAIREIl plaide depuis quarante ans, plus proche de sortir de la vie que de sortir d'affaires
AFFAMÉ, ÉEIl ne leur épargne aucune de ces malpropretés dégoûtantes, capables d'ôter l'appétit aux plus affamés
AFFECTATIONL'affectation dans le geste, dans le parler et dans les manières est souvent une suite de l'oisiveté ou de l'indifférence ; et il semble qu'un grand attachement ou de sérieuses affaires jettent l'homme dans son naturel
AFFECTATIONLa mignardise et l'affectation l'accompagnent [une femme coquette] dans la douleur et dans la fièvre, elle meurt parée et en rubans de couleur
AFFECTATIONIl a du bon et du louable, qu'il offusque par l'affectation du grand et du merveilleux
AFFECTÉ, ÉELa fausse délicatesse de goût et de complexion n'est telle au contraire, que parce qu'elle est feinte et affectée ; c'est Émilie qui crie de toute sa force sur un petit péril qui ne lui fait pas peur
AFFECTERLe souvenir de la jeunesse est tendre dans les vieillards ; ils aiment les lieux où ils l'ont passée ; ils affectent quelques mots du premier langage qu'ils ont parlé
AFFECTERS'il fait un payement, il affecte que ce soit dans une monnaie toute neuve
AFFECTIONNERNous nous affectionnons de plus en plus aux personnes à qui nous faisons du bien
AFFIRMATIF, IVEQuand on est détrompé, il parle encore pour l'affirmative
AFFIRMÉ, ÉE[Dans la magie] Il y a des faits embarrassants affirmés par des hommes graves qui les ont vus, ou qui les ont appris de personnes qui leur ressemblent
AFFLICTIONLes enfants ont des joies immodérées et des afflictions amères sur de très petits sujets ; ils ne veulent point souffrir de mal et ils aiment à en faire : ils sont déjà des hommes
AFFLICTIONSi, de tous les hommes, les uns mouraient, les autres non, ce serait une désolante affliction que de mourir
AFFLIGÉ, ÉEQuoi que j'aie pu dire ailleurs, peut-être que les affligés ont tort ; les hommes semblent être nés pour l'infortune
AFFLIGERL'on s'insinue auprès de tous les hommes, soit en les flattant dans les passions qui occupent leur âme, ou en compatissant aux infirmités qui affligent leur corps
AFFRANCHI, IEUn affranchi vient lui parler en secret : c'est Parménon, qui est favori, qu'elle soutient....
AFFREUX, EUSEJ'ai recueilli les voix et je leur prononce [aux femmes] de la part de tous les hommes, ou de la plus grande partie, que le blanc et le rouge les rendent affreuses et dégoûtantes
AFFRONTERSi vous voyez deux chiens qui s'aboient, qui s'affrontent, qui se mordent....
AFINLa plupart des hommes croient faussement qu'il leur suffit d'être inutiles ou dans l'indigence, afin que la république soit engagée à les placer ou à les secourir
AFINLe marchand surfait sa marchandise pour la vendre plus cher qu'elle ne vaut ; il a des marques fausses et mystérieuses, afin qu'on croie n'en donner que son prix ; un mauvais aunage, pour en livrer le moins qu'il se peut ; et il a un trébuchet, afin que celui à qui il l'a livrée, la lui paye en or qui soit de poids
AFINLe marchand fait des montres pour donner de sa marchandise ce qu'il y a de pire ; il a le cati et les faux jours, afin d'en cacher les défauts et qu'elle paraisse bonne
AGATHEDe cette fleur il passe à l'agathe
ÂGECelui qui continue de cacher son âge pense enfin lui-même être aussi jeune qu'il veut le faire croire aux autres
ÂGECe vice [l'avarice] est plutôt l'effet de l'âge et de la complexion des vieillards, qui s'y abandonnent aussi naturellement qu'ils suivaient leurs plaisirs dans leur jeunesse ou leur ambition dans l'âge viril
ÂGECe n'est pas une honte ni une faute à un jeune homme que d'épouser une femme avancée en âge ; c'est quelque fois prudence, c'est précaution ; l'infamie est de....
ÂGELes fils des dieux n'attendent presque rien du temps et des années ; le mérite chez eux devance l'âge
ÂGELa dévotion vient à quelques-uns, et surtout aux femmes, comme une passion ou comme le faible d'un certain âge, ou comme une mode qu'il faut suivre
AGILITÉOù ils croient découvrir les grâces du corps, l'agilité, la souplesse, la dextérité, ils ne veulent plus y admettre les dons de l'âme, la profondeur, la réflexion, la sagesse
AGIR[Un grand homme] il a fait, il a agi avant que de savoir, ou plutôt il a su ce qu'il n'avait jamais appris
AGONIEIl faut suer, veiller, fléchir, dépendre, pour avoir un peu de fortune, ou la devoir à l'agonie de nos proches
AGRÉABLEDes gens sages me disaient d'une part : la matière est solide, utile, agréable, inépuisable, vivez longtemps et traitez-la sans interruption pendant que vous vivez
AGRÉABLEIl lui amena un jour son fils, qui était jeune, d'une physionomie agréable, et qui avait une taille fort noble
AGRÉABLEOù ils voient l'agréable, ils en excluent le solide
AGRÉABLEMENT[Le maître d'une maison délicieuse] Il n'est plus, il n'en a pas joui si agréablement ni si tranquillement que vous ; il n'y a jamais eu un jour serein....
AGRÉMENTIl ne se fait point dans sa chambre un concours de monde de tous les états et de tous les sexes pour le féliciter sur l'agrément et la politesse de son langage
AGRÉMENTJe ne sais si l'on pourra jamais mettre dans les lettres plus d'esprit, plus de tour, plus d'agrément et plus de style que l'on en voit dans celles de Balzac et de Voiture
AGRÉMENTIl avait de l'esprit et de l'agrément
AGRESTETous les étrangers ne sont pas barbares, et tous nos compatriotes ne sont pas civilisés : de même que toute campagne n'est pas agreste, et toute ville n'est pas polie
AIDEEntrerai-je dans le huitième denier ou dans les aides ?
AIDERNe point aider au mérite, faire servir la piété à son ambition
AIDEROn ne connaît point la hauteur d'une étoile ; elle est, si j'ose ainsi parler, immensurable ; il n'y a ni angles, ni sinus, ni parallaxes dont on puisse s'aider
AIGU, UËIl n'y a pas longtemps qu'ils [les prédicateurs] avaient des chutes et des transitions si ingénieuses, quelquefois même si vives et si aiguës, qu'elles pouvaient passer pour épigrammes
AIGUILLETTEIl porte des chausses à aiguillettes
AILEOn ne vole point des mêmes ailes pour sa fortune, que l'on fait pour des choses frivoles et de fantaisie
AILERONIl porte un pourpoint à ailerons
AILLEURSIl se lève déconcerté et chagrin et va dire ailleurs qu'il veut se remarier
AILLEURSNe le cherchez pas ailleurs que dans la maison de ce riche qu'il gouverne
AILLEURS[Cléante et sa femme] Chacun de sa part fait tout le plaisir et tout l'agrément des sociétés où il se trouve : l'on ne peut voir ailleurs plus de probité, plus de politesse...
AILLEURSHermippe tire le jour de son appartement d'ailleurs que de la fenêtre ; il a trouvé le secret de monter et de descendre autrement que par l'escalier
AILLEURSLes commentateurs et les scholiastes, si fertiles d'ailleurs, si abondants et si chargés d'une vaine et fastueuse érudition dans les endroits clairs et qui ne font de peine ni à eux ni aux autres
AIMERTout favorise une jeune personne, jusqu'à l'opinion des hommes, qui aiment à lui accorder tous les avantages qui peuvent la rendre plus souhaitable
AIMERIl y a des lieux que l'on admire ; il y en a d'autres qui touchent et où l'on aimerait à vivre
AIMERIl y a telle femme qui aime mieux son argent que ses amis, et ses amants que son argent
AIMERLes hommes sont cause que les femmes ne s'aiment point
AIMERCeux qui s'aiment d'abord avec la plus violente passion, contribuent bientôt, chacun de leur part, à s'aimer moins, et ensuite à ne s'aimer plus
AIRL'air de cour est contagieux ; il se prend à Versailles, comme l'accent normand à Rouen ou à Falaise
AIRAINLa campagne autour est couverte d'hommes qui taillent et qui coupent, qui roulent et qui charrient le bois du Liban, l'airain et le porphyre
AISIl se trouve derrière un long ais de menuiserie que porte un ouvrier
AISELes petites règles qu'il s'est faites et qui tendent toutes aux aises de sa personne
AISECelui qui n'a de partage avec ses frères que pour vivre à l'aise bon patricien, veut être officier
AJOUTERIl n'y a point dans le coeur d'une jeune personne un si violent amour auquel l'intérêt ou l'ambition n'ajoute quelque chose
AJUSTEMENTJe ne comprends pas comment un mari, qui est trop négligé dans son ajustement....
ALARMEIl entend déjà le beffroi des villes et crier à l'alarme
ALLERIls ne veulent aller au maître que par Troïle
ALLERLeur goût n'allait [ne prétendait] qu'à laisser voir qu'ils aimaient
ALLONGER ou ALONGERSix chevaux pour allonger un équipage
ALLUMÉ, ÉESi les femmes avaient le visage aussi allumé qu'elles se le font par le rouge
ALMANACH[Les ouvrages de parti] lorsque, le feu et la division venant à s'éteindre, ils deviennent des almanachs de l'autre année....
ALORSMe souviendrai-je alors de ce qu'il faudra faire ? Des témoignages rendus par des milliers de personnes les plus sages qui fussent alors
ALORSDans quelque prévention où l'on puisse être sur ce qui doit suivre la mort, c'est une chose bien sérieuse de mourir ; ce n'est point alors le badinage qui sied bien, mais la constance
AMBASSADEURAmbassadeur de France dans cette cour
AMBIDEXTREHermagoras vous révélera que Nemrod était gaucher et Sésostris ambidextre
AMBIGUMENTIl sait encore mieux parler ambigument
AMBITIEUX, EUSEL'esclave n'a qu'un maître ; l'ambitieux en a autant qu'il y a de gens utiles à sa fortune
ÂMECette tristesse qui en est l'âme, ne s'y remarque plus
AMI, IELa neutralité entre des femmes qui nous sont également amies
AMORCEL'amorce est déjà conduite, et la mine prête à jouer
AMOURIl n'y a point, dans le coeur d'une jeune personne, un si violent amour auquel l'intérêt ou l'ambition n'ajoute quelque chose
AMOURETTESe marier par amourette
AMOUREUX, EUSELa paresse, l'indolence et l'oisiveté, vices si naturels aux enfants, disparaissent dans leurs jeux, où ils sont vifs, appliqués, exacts, amoureux des règles et de la symétrie
AMPHIBIEIls sont amphibies ; ils vivent de l'église et de l'épée
ANATOMIEIl s'appesantit sur les détails ; il fait une anatomie
ANTIPATHIEMille manières forment entre elles l'antipathie
ANTIQUENégliger vêpres comme une chose antique
ANTITHÈSEL'antithèse est une opposition de deux vérités qui se donnent du jour l'une à l'autre
APAISERIl ne s'apaise que pour....
APPARENCEIl va à droite et à gauche, selon qu'il y voit de jour et d'apparence
APPARENCESon voyage finira bientôt, selon toutes les apparences
APPARENCEQuelle apparence de pouvoir remplir tous les goûts ?
APPAROIRAppert-il mieux des dispositions des hommes que par un acte signé de leur main ?
APPELEREt nous faire désirer au moins que Dieu existât, à qui nous pussions appeler du jugement des hommes
APPELERCelui qui n'a pas fait sa fortune à la cour, est censé ne l'avoir pas dû faire ; on n'en appelle pas
APPELERVauban est infaillible ; on n'en appelle point
APPLAUDISSEMENTLes machines qui l'avaient guindé si haut par l'applaudissement et les éloges, sont encore toutes dressées pour le faire tomber dans le dernier mépris
APPLICATIONIls suppriment les noms pour détourner les applications
APPLIQUÉ, ÉELe roi, à qui ils semblent avoir tout l'esprit et tout le coeur appliqués
APPLIQUÉ, ÉEDans le temps qu'il est le plus appliqué
APPLIQUERLa vie de la cour est un jeu qui applique
APPRÉHENDERLa même justesse d'esprit qui nous fait écrire de bonnes choses, nous fait appréhender qu'elles ne le soient pas assez pour mériter d'être lues
APPRENTI, IEUn apprenti est docile, il écoute son maître, il profite de ses leçons, et il devient maître
APPRIVOISERLes grandes choses étonnent, et les petites rebutent ; mais nous nous apprivoisons avec les unes et les autres par l'habitude
APPROCHERSon caractère [de la vraie grandeur] est noble et facile.... on l'approche tout ensemble avec liberté et avec retenue
APPROCHERCe qu'on appelle une oraison funèbre n'est aujourd'hui bien reçu qu'à mesure qu'il approche de plus près d'un éloge profane
APPUYERPersonne à la cour ne veut entamer ; on s'offre d'appuyer, parce que jugeant des autres par soi-même, on espère que nul n'entamera, et qu'on sera ainsi dispensé d'appuyer
ÂPREQuelques grandes difficultés qu'il y ait à se placer à la cour, il est encore plus difficile et plus âpre de se rendre digne d'y être placé
ARCIl travaille aux inscriptions des arcs qui doivent orner la ville
ARMETUn Guesclin, un Clisson, un Foix, un Boucicaut, qui tous ont porté l'armet et endossé la cuirasse
ARRÊTERQu'importe qu'il ait des chiens qui arrêtent bien ?
ARTICULERPhédon parle bas dans la conversation, et il articule mal
ARTICULERVous n'articulez pas, vous ne vous faites pas entendre
ARTIFICECes âmes nobles et courageuses, que nuls besoins, nulle disproportion, nuls artifices ne peuvent séparer de ceux qu'ils se sont une fois choisis pour amis
ARTISTEMENTIl vous mène à l'arbre, cueille artistement cette prune exquise, il l'ouvre....
ASCENDANTL'ascendant qu'on veut prendre sur son esprit
ASSASSINERSerait-on reçu à dire qu'on ne peut se passer de voler, d'assassiner ?
ASSEMBLÉ, ÉEUne tenue d'états ou les chambres assemblées pour une affaire très capitale
ASSIDU, UEQui est plus esclave qu'un courtisan assidu, si ce n'est un courtisan plus assidu ?
ASSIETTELes hommes commencent par l'amour, finissent par l'ambition, et ne se trouvent dans une assiette plus tranquille que lorsqu'ils meurent
ASSISTERLe prêtre [en officiant] vient à éternuer ; il lui dit : Dieu vous assiste
ASSOCIERQui ne daignaient pas l'associer à leur table
ASSOUVIRIls ne peuvent s'assouvir de l'hyperbole
ATELIERIl se promène tous les jours dans ses ateliers
ATOMEJe ne m'étonne pas que des hommes qui s'appuient sur un atome [la terre], chancellent dans les moindres efforts qu'ils font pour sonder la vérité
ATTACHEDignités, charges, postes, bénéfices, pensions, honneurs, tout leur convient [aux hypocrites] et ne convient qu'à eux ; ils ne comprennent pas que sans leur attache on ait l'impudence de les espérer
ATTACHERIl ne manque souvent à un ancien galant, auprès d'une femme qui l'attache, que le nom de mari
ATTACHERLes hommes ne s'attachent pas assez à ne point manquer les occasions de faire plaisir
ATTEINDREIls perdent de vue leurs égaux et atteignent les plus grands seigneurs
ATTEINDREA peine la vue peut-elle atteindre à discerner la partie du ciel qui les sépare [deux étoiles]
ATTELÉ, ÉEAttelés tous deux au char de la fortune, et tous deux fort éloignés de s'y voir assis
ATTENDREUne circonstance essentielle à la justice que l'on doit aux autres, c'est de la faire promptement et sans différer ; la faire attendre, c'est injustice
ATTENDREIl est vrai, cette somme lui est due ; mais je l'attends à cette petite formalité ; s'il l'oublie, il n'y revient plus et il perd sa somme
ATTENDREIl y a des hommes qui attendent à être dévots que tout le monde se déclare impie ou libertin
ATTENTERChassez des corps les maladies les plus obscures ; n'attentez pas sur celles de l'esprit ; laissez à Corine, à Trimalcion, la passion ou la fureur des charlatans
ATTENTIONDont toute l'attention est réunie à scier du marbre
ATTENTIONSans avoir la moindre attention pour ceux qui entrent ou qui sortent
ATTENTIONLes savants, faisant attention [ayant égard] à la diversité des moeurs qui y sont traitées, ne peuvent s'empêcher....
ATTENTIONCombien de temps, de règles, d'attention et de travail....
ATTENTIONSans une grande roideur et une continuelle attention à toutes ses paroles
ATTENTIONUn homme en place a de l'attention pour vous
ATTICISMEPrinces qui ont su joindre aux plus belles et aux plus hautes connaissances, et l'atticisme des Grecs et l'urbanité des Romains
ATTIRAILL'on écarte tout cet attirail qui t'est étranger, pour pénétrer jusqu'à toi, qui n'es qu'un fat
ATTIRERLe guerrier et le politique, non plus que le joueur, ne font pas le hasard, mais ils le préparent, ils l'attirent et semblent presque le déterminer
ATTITUDEUn comique outre sur la scène ses personnages ; un poëte charge ses descriptions ; un peintre qui fait d'après nature force et exagère une passion, un contraste, des attitudes
ATTRAITIl [le faux dévot] cultive les femmes, et, entre celles-ci, les plus belles et les mieux faites : c'est son attrait
AUCUN, UNEC'est une petite ville qui n'est divisée en aucuns partis
AU-DESSUSOn en a au-dessus des yeux, on n'y tient pas
AU-DEVANTOn va pour vous au-devant de la sollicitation
AUTANTIl est autant impossible que ce qui pense en moi soit matière qu'il est inconcevable que Dieu soit matière
AUTOMATELe sot est un automate, il est machine
AUTOURLa campagne autour est couverte d'hommes
AUTREPoussé par un tout autre intérêt que celui de l'équité
AUTREIl augmente d'année à autre sa réputation
AUTREMENTIncapable de s'imaginer que les grands pensent autrement de sa personne qu'il fait lui-même
AVANCEIl est dangereux à la cour de faire les avances
AVANCEPouvons-nous ne les pas plaindre par avance ?
AVAREIl ne faut ni vigueur, ni jeunesse, ni santé pour être avare
AVENTURELa Pucelle [de Chapelain] et Rodogune méritent chacune une autre aventure
AVENTUREUn vieillard qui avait eu la même audace eut aussi la même aventure
AVENTURIER, RIÈRECombien de ces mots aventuriers qui paraissent subitement et que bientôt on ne revoit plus
AVEUGLELe hasard, aveugle et farouche divinité, préside au cercle des joueurs
AVIDEL'on remarque, dans les cours, des hommes avides qui se revêtent de toutes les conditions pour en avoir les avantages
AVISERPersonne ne s'avise, de lui-même, du mérite d'autrui
AVOCATLa fonction de l'avocat est pénible, laborieuse, et suppose dans celui qui l'exerce un riche fonds et de grandes ressources
AVOIRCe qu'il y a eu en lui de plus éminent, c'est l'esprit qu'il avait sublime
AVOIRAvoir pour suspecte la vertu même
AVORTERLe projet venant à avorter
BACCHANTEUne mode qui éloigne les cheveux du visage, bien qu'ils ne croissent que pour l'accompagner, qui les relève et les hérisse à la manière des bacchantes....
BACHELIERLe bachelier, plongé dans les quatre premiers siècles, traite toute autre doctrine de science triste, vaine et inutile, pendant qu'il est peut-être méprisé du géomètre
BADIN, INERiez, Zélie, soyez badine et folâtre à votre ordinaire
BADINAGEC'est une chose bien sérieuse que de mourir ; ce n'est point alors le badinage qui sied bien, mais la constance
BADINERLa véritable grandeur s'abandonne quelquefois.... elle rit, joue et badine, mais avec dignité
BAGATELLEIl ne lui manque aucune de ces curieuses bagatelles que l'on porte sur soi, autant pour la vanité que pour l'usage
BAGATELLEUn homme qui n'a de l'esprit que dans une certaine médiocrité, est sérieux et tout d'une pièce ; il ne rit point, il ne badine jamais ; il ne tire aucun fruit de la bagatelle
BAGATELLEC'est une politique sûre de laisser le peuple savourer la bagatelle
BAISSÉ, ÉEVous êtes vieilli : voudriez-vous que je crusse que vous êtes baissé ?
BAISSERIls se baissent aux portes, de peur de se heurter
BAS, BASSECette manière basse de plaisanter a passé du peuple, à qui elle appartient, jusque dans une grande partie de la jeunesse de la cour, qu'elle a déjà infectée
BÂTIRIl faut avoir trente ans pour songer à sa fortune ; elle n'est pas faite à cinquante ; l'on bâtit dans sa vieillesse, et l'on meurt quand on en est aux peintres et aux vitriers
BATTERIEOn annonce, au moment qu'il parle, un cavalier qui, de sa seule présence, démonte la batterie de l'homme de ville ; il se lève déconcerté et chagrin, et va dire ailleurs qu'il veut se remarier
BATTERIELa vie de la cour est un jeu sérieux, mélancolique, qui applique : il faut arranger ses pièces et ses batteries, avoir un dessein, le suivre....
BEAU ou BEL, BELLEJ'ai vu souhaiter d'être fille, et une belle fille, depuis treize ans jusqu'à vingt-deux, et, après cet âge, de devenir un homme
BEAU ou BEL, BELLEUn beau visage est le plus beau de tous les spectacles
BEAU ou BEL, BELLEOn dit, par belle humeur et dans la liberté de la conversation, de ces choses froides qu'à la vérité on donne pour telles, et que l'on ne trouve bonnes que parce qu'elles sont extrêmement mauvaises
BEAU ou BEL, BELLECombien de belles et inutiles raisons à étaler à celui qui est dans une grande adversité, pour essayer de le rendre tranquille !
BEAU ou BEL, BELLEJe le sais, Théobalde, vous êtes vieilli ; mais voudriez-vous que je crusse que vous êtes baissé, que vous n'êtes plus poëte ni bel esprit ?
BEAU ou BEL, BELLEAscagne est statuaire, Hégion fondeur, Eschine foulon, et Cydias bel esprit, c'est sa profession
BEAUTÉCombien de filles à qui une grande beauté n'a jamais servi qu'à leur faire espérer une grande fortune
BEAUTÉL'amour naît brusquement, sans autre réflexion, par tempérament ou par faiblesse : un trait de beauté nous fixe, nous détermine
BEAUTÉDe plus secrets et de plus invincibles charmes que ceux de la beauté
BEFFROIIl entend déjà sonner le beffroi des villes
BIAISERS'il trouve une barrière de front, il biaise naturellement, et va à droite et à gauche
BIENLa vie est courte et ennuyeuse ; elle se passe toute à désirer ; l'on remet à l'avenir son repos et ses joies, à cet âge souvent où les meilleurs biens ont déjà disparu, la santé et la jeunesse
BIENIl est si ordinaire à l'homme de n'être pas heureux, et si essentiel à tout ce qui est un bien d'être acheté par mille peines, qu'une affaire qui devient facile se rend suspecte
BIENC'est le premier des biens pour mon âme attendrie
BIENLe trépas est un bien qui finit nos misères
BIENComme nous nous affectionnons de plus en plus aux personnes à qui nous faisons du bien....
BIENIl faut briguer la faveur de ceux à qui l'on veut du bien, plutôt que de ceux de qui l'on espère du bien
BIENOn ne trompe point en bien, et la fourberie ajoute la malice au mensonge
BIENOn convie, on invite, on offre sa maison, sa table, son bien et ses services : rien ne coûte qu'à tenir parole
BIENCeux qui font bien mériteraient seuls d'être enviés, s'il n'y avait encore un meilleur parti à prendre, qui est de faire mieux
BIENS'il se trouve bien d'un homme opulent....
BIENVous êtes bien avec les puissances
BIENSÉANCELes belles choses le sont moins hors de leur place ; les bienséances mettent la perfection, et la raison met les bienséances
BILEIls ont une bile intarissable sur les plus petits inconvénients
BIZARREElles font de lui un composé bizarre
BIZARRERIENous cherchons notre bonheur hors de nous-mêmes et dans l'opinion des hommes que nous connaissons flatteurs, peu sincères.... quelle bizarrerie !
BLANCHI, IEIl est merveilleux combien vous êtes blanchi [vos cheveux sont devenus blancs] depuis deux jours
BLANCHIRLes étoiles qui composent la voie lactée et qui, par leur extraordinaire élévation, ne peuvent percer jusqu'à nos yeux pour être vues chacune en particulier, ne font au plus que blanchir cette route des cieux où elles sont placées
BLESSÉ, ÉECes hommes saints qui ont été autrefois blessés des femmes
BLEU, BLEUEUne personne à la mode ressemble à une fleur bleue [bluet]
BORNÉ, ÉEAppellerai-je homme d'esprit celui qui, borné ou renfermé dans quelque art ou même dans une certaine science....
BOTTINEUn homme fat et ridicule porte un long chapeau, un pourpoint à ailerons, des chausses à aiguillettes et des bottines
BRAVACHEC'est un bravache ; on en plaisante ; il n'a plus de quoi être un héros
BREDOUILLERJ'entends Théodecte de l'antichambre ; il grossit sa voix à mesure qu'il s'approche.... il ne revient de ce grand fracas que pour bredouiller des vanités et des sottises
BRELANJe ne m'étonne pas qu'il y ait des brelans publics
BRELANDIER, IÈREC'est un sale et indigne métier que de tromper ; mais c'est un métier pratiqué de tout temps par ce genre d'hommes que j'appelle des brelandiers
BRIGUEOn fait sa brigue pour arriver à un grand poste
BROUILLERIEIl connaît le fond et les causes de la brouillerie des deux frères
BRUISSEMENTEntend-elle le bruissement d'un carrosse
BRUSQUEOn voit des gens brusques, inquiets, qui, bien qu'oisifs et sans aucune affaire qui les appelle ailleurs, vous expédient, pour ainsi dire, en peu de paroles et ne songent qu'à se dégager de vous
CABALEQuelle horrible peine a un homme qui est sans prôneurs et sans cabale, de se faire jour....
CABINETIl ne fournit rien au cabinet ni aux nouvellistes
CABRIOLE.... Un jeune homme qui fasse mieux la cabriole
CACHERToutes les passions sont menteuses, elles se cachent à elles-mêmes
CADET, CADETTEUn homme joue et se ruine ; il marie néanmoins l'aînée de ses deux filles.... La cadette est sur le point de faire des voeux, qui n'a point d'autre vocation que le jeu de son père
CADRERIl est utile de cadrer aux autres
CADUCITÉLa caducité suivra, qui nous fera regretter l'âge viril où nous sommes encore et que nous n'estimons pas assez
CAJOLERIl ne cajole point sa femme
CAMPAGNEThéramène était riche et avait du mérite ; il a hérité ; il est donc très riche et a un très grand mérite, voilà toutes les femmes en campagne pour l'avoir pour galant, et toutes les filles pour épouseur
CAMPAGNEDes armées qui tiennent la campagne
CAMPAGNESe trouve-t-il en campagne
CANAILLEOù Rabelais est mauvais, il passe bien au delà du pire ; c'est le charme de la canaille
CANARIfaire couver des canaries
CANONLe courtisan portait de larges canons
CANTONNERIls se cantonnent et se divisent en des partis contraires
CAPABLETout genre d'écrire reçoit-il le sublime, ou s'il n'y a que les grands sujets qui en soient capables ?
CAPABLEAu lieu de faire des vices de l'homme des peintures affreuses ou ridicules qui servissent à le corriger, les stoïciens lui ont tracé l'idée d'une perfection et d'un héroïsme dont il n'est pas capable, et l'ont exhorté à l'impossible
CAPABLECeux qui font profession des arts libéraux ou des belles-lettres, les peintres, les musiciens, les orateurs, les poëtes, tous ceux qui se mêlent d'écrire ne devraient être capables que d'émulation
CAPACITÉCes gens laissent échapper les plus belles occasions de nous convaincre qu'ils ont de la capacité et des lumières
CAPACITÉQue de dons du ciel ne faut-il pas pour bien régner ! une vaste capacité qui s'étend non-seulement aux affaires du dehors....
CAPITAL, ALEDans une affaire qui serait capitale à lui et aux siens
CAPITAL, ALELe capital pour une femme n'est pas d'avoir un directeur
CAPITAL, ALEIl ne fait pas assez de cas de ce talent, pour faire son capital de l'étudier
CAPITANUne manière dure, sauvage, étrangère, qui fait un capitan d'un jeune abbé
CAPRICELe caprice est dans les femmes tout proche de la beauté, pour être son contre-poison
CAQUETUne petite ville, d'où l'on a banni les caquets
CARRIÈREOn veut fournir toute la carrière
CARROSSEIl descend du palais, et trouvant au bas du grand degré un carrosse qu'il prend pour le sien, il se met dedans ; le cocher touche, et croit ramener son maître dans sa maison
CARROSSETu te trompes si, avec ce carrosse brillant, ce grand nombre de coquins qui te suivent et ces six bêtes qui te traînent, tu penses que l'on t'en estime davantage
CARROUSELS'il se fait un carrousel, le voilà entré
CARTEPourquoi voit-on des imbéciles qui y excellent [au jeu d'hombre ou d'échecs], et de très beaux génies qui n'ont pu même atteindre la médiocrité, à qui une pièce ou une carte dans les mains trouble la vue et fait perdre la contenance !
CASQUEQu'est devenue la distinction des casques et des heaumes ? Le nom et l'usage en sont abolis ; il ne s'agit plus de les porter de front ou de côté, ouverts ou fermés, et ceux-ci de tant ou de tant de grilles....
CASSETTEIl n'y a rien pour lui sur la cassette [il n'y a pas de pension]
CATASTROPHELe poëme tragique vous mène par les larmes, par les sanglots, par l'incertitude, par l'espérance, par la crainte, par les surprises et par l'horreur, jusqu'à la catastrophe
CATIIl [le marchand] a le cati et les faux jours, afin de cacher les défauts de sa marchandise
CAUSEOn n'est pas entendu à cause que l'on s'entend soi-même
CAUTELEUX, EUSEIl est fin, cauteleux
CAVEIl parle de la cave où il doit être enterré
CECe qu'on appelle un fâcheux est celui qui....
CEC'est plutôt fait de céder à la nature que de....
CEJe renonce à tout ce qui a été, qui est, qui sera libre
CÉLÉBRITÉCette cérémonie se fit avec une grande célébrité
CELERGlycère se fait celer pour les femmes
CELUI-CIDeux sortes de gens fleurissent dans les cours, et y dominent dans divers temps, les libertins et les hypocrites ; ceux-là gaiement, ouvertement ; ceux-ci finement, par des artifices
CELUI-CICelui-là peut bien faire, qui ne nous aigrit plus par une grande fortune
CENSEURCe rigide censeur
CENSURERCelui qui a la mémoire fidèle et une grande prévoyance est hors du péril de censurer dans les autres ce qu'il a peut-être fait lui-même
CENTRELes mêmes défauts qui dans les autres sont lourds et insupportables, sont chez nous comme dans leur centre : ils ne pèsent plus, on ne les sent pas
CERCLEIl s'insinue dans un cercle de personnes respectables
CERCLEIl n'est jamais du nombre de ceux qui forment un cercle pour discourir : il se met derrière celui qui parle, recueille furtivement ce qui se dit, et se retire si on le regarde
CÉRÉMONIEUX, EUSEIl [le misanthrope] est civil et cérémonieux
CERTAIN, AINECe qu'il y a de certain dans la mort est un peu adouci par ce qui est incertain ; c'est un indéfini dans le temps....
CERTAIN, AINEL'on voit de certaines gens qui rient également des choses ridicules et de celles qui ne le sont pas
CERTAIN, AINEIl coûte moins à certains hommes de s'enrichir de mille vertus que de se corriger d'un seul défaut
CERTAIN, AINEIl y a, sans mentir, de certains mérites qui ne sont point faits pour être ensemble, de certaines vertus incompatibles
CERTAIN, AINEIl y a dans quelques hommes une certaine médiocrité d'esprit qui contribue à les rendre sages
CETTUIDe cettui preux maints grands clercs ont escrit
CHAGRIN, INETel a vécu pendant toute sa vie chagrin, emporté, avare....
CHALEUREUX, EUSEDe chaleur vient chaleureux ou chaloureux ; il se passe, bien que ce fût une richesse pour la langue
CHAMBREUne haute capacité qu'ils doivent à la chambre et au loisir d'une mauvaise fortune
CHAMPAller à travers champs
CHANGEUn nouveau galant qui survient lui rend le change
CHANGEANT, ANTEQui peut nommer de certaines couleurs changeantes et qui sont diverses selon les divers jours dont on les regarde ?
CHANTANT, ANTELe phénix de la poésie chantante [Quinault] renaît de ses cendres ; il a vu mourir et revivre sa réputation dans un même jour
CHARGEUn homme haut et robuste porte légèrement et de bonne grâce un lourd fardeau ; un nain serait écrasé de la moitié de sa charge
CHARGEOn a toujours vu, dans la république, de certaines charges qui semblent n'avoir été imaginées la première fois que pour enrichir un seul aux dépens de plusieurs
CHARGEUn homme d'esprit et d'un caractère simple et droit peut tomber dans quelque piége.... il n'y a qu'à perdre pour ceux qui viendraient à une seconde charge : il n'est trompé qu'une fois
CHARGÉ, ÉELes petits sont quelquefois chargés de mille vertus inutiles : ils n'ont pas de quoi les mettre en oeuvre
CHARGERCorneille a aimé à charger la scène d'événements dont il est presque toujours sorti avec succès
CHARGERLe récit de ses fautes est pénible ; on veut les couvrir et en charger un autre ; c'est ce qui donne le pas au directeur sur le confesseur
CHARGERUn comique outre sur la scène ses personnages ; un poëte charge ses descriptions
CHARGERL'homme est né menteur.... voyez le peuple, il controuve, il augmente, il charge par grossièreté et par sottise
CHARLATANLa témérité des charlatans et leurs tristes succès qui en sont les suites, font valoir la médecine et les médecins ; si ceux-ci laissent mourir, les autres tuent
CHARRIERDes hommes qui charrient le bois du Liban
CHASTECe Triphon, qui a tous les vices, je l'ai cru sobre, chaste, libéral, humble et même dévot
CHÂTELAIN, AINELe roturier qui dit par habitude qu'il tire son origine de quelque ancien baron ou de quelque châtelain
CHÂTIERLes enfants connaissent si c'est à tort ou avec raison qu'on les châtie, et ne se gâtent pas moins par des peines mal ordonnées que par l'impunité
CHEFSi l'ambassadeur est lésé dans quelques chefs qui ont été réglés
CHEF-D'OEUVRENul artisan n'est agrégé à aucune société ni n'a ses lettres de maîtrise sans faire son chef-d'oeuvre
CHEF-D'OEUVREOn n'a guère vu jusqu'à présent un chef-d'oeuvre d'esprit qui soit l'ouvrage de plusieurs
CHEMINERCelui qui le saurait, l'empêcherait de cheminer [faire sa fortune]
CHÉTIF, IVEÀ l'égard de ces hommes chétifs
CHÉTIF, IVEQuel ton, quel ascendant ne prennent-ils pas [les riches] sur les savants, quelle majesté n'observent-ils pas à l'égard de ces hommes chétifs que leur mérite n'a ni placés ni enrichis et qui en sont encore à penser et à écrire judicieusement !
CHEVECIERMoi, dit le chevecier, je suis maître du choeur ; qui me forcera d'aller à matines ?
CHEZLa profession de comédien était infâme chez les Romains et honorable chez les Grecs ; qu'est-elle chez nous ?
CHOEURIl serait bien dur qu'un grand chanoine fût sujet au choeur, pendant que le trésorier, l'archidiacre, le pénitencier et le grand vicaire s'en croient exempts
CHOISIRCelle qu'il s'est choisie pour sa compagne inséparable
CHRÉTIENNEMENTIl prêche simplement, fortement, chrétiennement
CIELJe ne puis comprendre pourquoi, toute la Grèce étant placée sous le même ciel et les Grecs nourris de la même manière, il se trouve néanmoins si peu de ressemblance dans leurs moeurs
CINGLERIl y a des gens qui gagnent à être extraordinaires : ils voguent, ils cinglent dans une mer où les autres se brisent
CIRCONSPECTIONTyran de la société et martyr de son ambition, il [le courtisan] a une triste circonspection dans sa conduite et dans ses discours, une raillerie innocente mais froide et contrainte....
CIREOn ne les voyait point [les bourgeois] s'éclairer avec des bougies ; la cire était pour l'autel et pour le Louvre
CITERHérille, soit qu'il parle, qu'il harangue ou qu'il écrive, veut citer
CITOYEN, ENNEAthènes était libre, c'était le centre d'une république, ses citoyens étaient égaux
CLAIR, CLAIREJ'exigerais de ceux [les esprits forts] qui vont contre le train commun et les grandes règles, qu'ils fussent plus que les autres, qu'ils eussent des raisons claires et de ces arguments qui emportent conviction
CLEF ou CLÉLes langues sont la clef ou l'entrée des sciences, et rien davantage
CLERCIl naît un autre clerc pour remplir la place
CLERCUn clerc mondain ou irréligieux, s'il monte en chaire, est déclamateur
COEUROn s'est plus appliqué aux vices de l'esprit, aux replis du coeur et à tout l'intérieur de l'homme
COEURIl ne faut pas juger des hommes sur une seule et première vue : il y a un intérieur et un coeur qu'il faut approfondir
COEURIl dissimule les mauvais offices, sourit à ses ennemis, contraint son humeur, déguise ses passions, dément son coeur, parle, agit contre ses sentiments
COFFREÀ force de faire de nouveaux contrats ou de sentir son argent grossir dans ses coffres, on se croit enfin une bonne tête et presque capable de gouverner
COFFREUne pareille somme est comptée dans ses coffres pour chacun de ses autres enfants qu'il doit pourvoir
COINIl ne s'y voit rien qui ne soit marqué au coin de l'ouvrier
COLÈRES'il est vrai que les riches soient colères
COLLÉ, ÉEC'est lui qui entre dans une église, et prenant l'aveugle qui est collé à la porte pour un pilier....
COLLERIl lui est arrivé plusieurs fois de se trouver tête pour tête à la rencontre d'un prince et sur son passage, et n'avoir que le loisir de se coller à un mur pour lui faire place
COLOSSETrente années détruiront ces colosses de puissance qu'on ne voyait bien qu'à force de lever la tête ; nous disparaîtrons, moi qui suis si peu de chose, et ceux de qui j'espérais toute ma grandeur
COMBLEC'était là le comble de ses souhaits
COMBLEIl n'est guère plus vain d'avoir paru à la tranchée que le couvreur d'avoir monté sur de hauts combles
COMBUSTIONIl fait plus de bruit que quatre autres et met tout en combustion
COMÉDIESes premières comédies [de Corneille] sont sèches, languissantes, et ne laissaient pas espérer qu'il dût ensuite aller si loin, comme ses dernières font qu'on s'étonne qu'il ait pu tomber de si haut
COMIQUEThéodote, avec un habit austère, a un visage comique et d'un homme qui entre sur la scène
COMIQUELe paysan ou l'ivrogne fournit quelques scènes à un farceur ; il n'entre qu'à peine dans le vrai comique ; comment pourrait-il faire le fonds ou l'action principale d'une comédie ?
COMIQUEQuel homme on aurait pu faire de ces deux comiques [Térence et Molière] !
COMMANDEIl y a des ouvrages de commande
COMMANDEMENTTel a été à la mode pour le commandement des armées et la négociation, ou pour l'éloquence de la chaire, ou pour les vers
COMMEJ'admire deux choses, le flegme de celui qui a tout remué, comme l'embarras de ceux qui n'ont rien fait
COMMEIl n'y a rien qui rafraîchisse le sang comme d'avoir su éviter de faire une sottise
COMMEOn se donne à Paris, sans se parler, comme un rendez-vous public, mais fort exact, tous les soirs, au cours et aux Tuileries, pour se regarder au visage et se désapprouver les uns les autres
COMMEIl rêve la veille par où et comme il pourra se faire remarquer le jour qui suit
COMMEComme toute disgrâce peut leur arriver [aux hommes], ils devraient être préparés à toute disgrâce
COMMENCEMENTPour reprendre un fait dès ses commencements
COMMENCEMENTLes hommes s'ennuient enfin des mêmes choses qui les ont charmés dans leurs commencements
COMMENCEMENTLe poëme tragique vous serre le coeur dès son commencement, vous laisse à peine dans tout son progrès la liberté de respirer....
COMMENCEMENTLa plupart des hommes, pour arriver à leurs fins, sont plus capables d'un grand effort que d'une longue persévérance ; leur paresse ou leur inconstance leur fait perdre le fruit des meilleurs commencements
COMMENCERL'on en sait d'autres qui ont commencé leur vie par les plaisirs et qui ont mis ce qu'ils avaient d'esprit à les connaître, que les disgrâces ensuite ont rendus religieux, sages, tempérants
COMMENCERIl y a un jeu dans la conduite : on a commencé, il faut finir, or veut fournir toute la carrière
COMMENCERLa vie est un sommeil ; les vieillards sont ceux dont le sommeil a été plus long ; ils ne commencent à se réveiller que quand il faut mourir
COMMENCERLe conte qu'il a commencé de faire à quelqu'un
COMMERCEL'on a vu, il n'y a pas longtemps, un cercle de personnes des deux sexes, liées ensemble par la conversation et par un commerce d'esprit
COMMERCESi l'on faisait attention à tout ce qui se dit de froid, de vain et de puéril.... l'on se condamnerait peut-être à un silence perpétuel qui serait une pire chose dans le commerce que les discours inutiles
COMMERCEL'on voit des gens qui dans les conversations ou dans le peu de commerce que l'on a avec eux....
COMMERCECe prélat est de nul commerce [ne fréquente pas le monde]
COMMERCEIl est homme d'un bon commerce
COMMETTREIl n'est propre qu'à commettre deux personnes qui veulent s'accommoder
COMMETTREIl y a des gens avec lesquels il ne faut jamais se commettre [se familiariser]
COMMIS, ISEToute la gloire et toute la fortune d'un homme y sont commises
COMMITTIMUSAppliqué à se servir d'un committimus
COMMODEPersonnes commodes, agréables, riches, qui prêtent et qui sont sans conséquence
COMMODÉMENTLes empereurs n'ont jamais triomphé à Rome si mollement, si commodément, ni si sûrement même, contre le vent, la pluie.... que le bourgeois sait à Paris se faire mener par toute la ville
COMMODÉMENTIl a trouvé le secret de monter et de descendre autrement que par l'escalier, et il cherche celui d'entrer et de sortir plus commodément que par la porte
COMMODITÉIl fait le plan des bâtiments, exagère la commodité des appartements, ainsi que la richesse et la propreté des meubles
COMMODITÉIl semble d'abord qu'il entre dans les plaisirs des princes un peu de celui d'incommoder les autres : mais non, les princes ressemblent aux hommes, ils songent à eux-mêmes, suivant leur goût, leurs passions, leur commodité
COMMODITÉHermippe est l'esclave de ce qu'il appelle ses petites commodités
COMMUN, UNEL'amour a cela de commun avec les scrupules qu'il s'aigrit par les réflexions
COMMUN, UNEIl sait les bruits communs, les historiettes de la ville
COMMUN, UNEAprès l'invective commune contre les honneurs, les richesses et le plaisir, le prédicateur....
COMMUN, UNEPersonne n'a tiré d'une destinée plus qu'il n'a fait : l'extrême et le médiocre lui sont connus ; il a brillé, il a souffert, il a mené une vie commune
COMMUN, UNEIls naissent instruits, et ils sont plus tôt des hommes parfaits que le commun des hommes ne sort de l'enfance
COMPAGNEElles [deux filles de marchands] ont été nourries ensemble et ont vécu dans cette familiarité que donnent un même âge et une même condition ; l'une des deux, pour se tirer d'une extrême misère, cherche à se placer ; elle entre au service d'une fort grande dame et l'une des premières de la cour, chez sa compagne
COMPAGNIEIl les a réunis [les gens de lettres] en une compagnie célèbre
COMPAGNIEJ'entends dire de quelques particuliers ou de quelques compagnies : tel et tel corps se contestent l'un à l'autre la préséance
COMPAGNONIl appelle ses compagnons de guerre
COMPAGNONIl a des compagnons qui travaillent sous lui
COMPARAISONJe voudrais bien voir un homme poli, enjoué, spirituel, fût-il un Catulle ou son disciple, faire quelque comparaison avec celui qui vient de perdre huit cents pistoles en une séance
COMPASSIONLa santé, la richesse ôtent aux hommes l'expérience du mal, leur inspirent la dureté pour leurs semblables ; et les gens déjà chargés de leurs propres misères sont ceux qui entrent davantage, par leur compassion, dans celles d'autrui
COMPENSATIONOn se demande si, en comparant ensemble les différentes conditions des hommes, leurs peines, leurs avantages, on n'y remarquerait pas un mélange ou une espèce de compensation de bien et de mal, qui établirait entre elles l'égalité, ou qui ferait du moins que l'une ne serait guère plus désirable que l'autre
COMPILATEURIl y a des esprits, si j'ose le dire, inférieurs et subalternes, qui ne semblent faits que pour être le recueil, le registre ou le magasin de toutes les productions des autres génies ; ils sont plagiaires, traducteurs, compilateurs ; ils ne pensent point, ils disent ce que les auteurs ont pensé
COMPLAISANT, ANTELe caractère de celui qui veut hériter de quelqu'un rentre dans celui du complaisant
COMPLEXIONLa galanterie peut être un vice de la complexion
COMPLEXIONLes traits découvrent la complexion et les moeurs ; mais la mine désigne les biens de fortune ; le plus ou moins de mille livres de rente se trouve écrit sur les visages
COMPLEXIONLe ministre ou le plénipotentiaire est un caméléon, est un protée : semblable quelquefois à un joueur habile, il ne montre ni humeur, ni complexion
COMPLEXIONIl y a une dureté de complexion ; il y en a une autre de condition et d'état
COMPLICEIl est froid et indifférent sur les observations que l'on fait sur la cour et sur le courtisan ; et, parce qu'il les a entendues, il s'en croit complice et responsable
COMPLIMENTIl a des formules de compliments pour l'entrée et pour la sortie, à l'égard de ceux qu'il visite ou dont il est visité
COMPOSÉC'est un composé du pédant et du précieux, fait pour être admiré de la bourgeoisie et de la province
COMPOSERIl paraît de temps en temps, sur la surface de la terre, des hommes rares.... ils n'ont ni aïeux ni descendants, ils composent seuls toute leur race
COMPOSERLes louanges de chacun des hommes illustres qui composent l'Académie française
COMPOSERLes hommes composent ensemble une même famille : il n'y a que le plus ou le moins dans le degré de parenté
COMPOSERNe reviendrait-il pas au même de composer ensemble, de se traiter tous avec une mutuelle bonté ?
COMPOSITIONPour avoir une meilleure composition du marchand
COMPRENDREJe comprends fort aisément qu'il est naturel à de tels esprits de tomber dans l'indifférence [religieuse], et de faire servir Dieu à la religion et à la politique, c'est-à-dire à l'ordre et à la décoration de ce monde, la seule chose, selon eux, qui mérite que l'on y pense
COMPRENDRESi c'est là sa largeur [du globe solaire] en tous sens, quelle peut être toute sa superficie ! quelle est sa solidité ! comprenez-vous bien cette étendue, et qu'un million de terres comme la nôtre ne seraient toutes ensemble pas plus grosses que le soleil ?
COMPTEIl dit à un valet de passer les parties à compte
COMPTEIl a de l'esprit, mais dix fois moins, de compte fait, qu'il ne présume d'en avoir
COMPTEComparaison où il trouve son compte
COMPTERIls comptaient en toutes choses avec eux-mêmes
COMTAL, ALEIl reste aux meilleurs bourgeois une certaine pudeur qui les empêche de se parer d'une couronne de marquis, trop satisfaits de la comtale
CONCEPTIONFade discoureur qui cherche quelques femmes auprès de qui il puisse se parer de son bel esprit ou de sa philosophie, et mettre en oeuvre ses rares conceptions
CONCERTL'effet naturel du grand tragique serait de pleurer tout franchement et de concert, à la vue l'un de l'autre, sans autre embarras que d'essuyer ses larmes
CONCERTÉ, ÉEIl n'est pas hors de sa maison qu'il a déjà ajusté ses yeux et son visage, afin que ce soit une chose faite quand il sera dans le public, et qu'il paraisse tout concerté
CONCERTERDes voix qui concertent depuis longtemps
CONCEVOIRIls conçoivent une période par le mot qui la commence
CONCILIEROserai-je dire que lui seul concilie les choses contraires et admet les incompatibles ?
CONCLURELes hommes ont tant de peine à s'approcher sur les affaires, sont si épineux sur les moindres intérêts.... que j'avoue que je ne sais par où et comment se peuvent conclure les mariages, les contrats, les acquisitions, la paix, la trêve, les traités, les alliances
CONCUSSIONSosie de la livrée a passé par une petite recette à une sous-ferme : et par les concussions, la violence et l'abus qu'il a fait de ses pouvoirs, il s'est enrichi sur les ruines de plusieurs familles
CONDAMNERDieu condamne et punit ceux qui l'offensent
CONDAMNERQuelqu'un vient d'être condamné en justice de payer pour un autre
CONDOLÉANCES'il survient quelqu'un à qui il doive un discours tout différent, il sait, en achevant de vous congratuler, lui faire un compliment de condoléance
CONDUIRELa plupart des femmes se conduisent par le coeur
CONFESSEURLe récit de ses fautes est pénible ; on veut les couvrir et charger quelque antre ; c'est ce qui donne le pas au directeur sur le confesseur
CONFIANCEIl n'y a qu'un petit nombre de courtisans qui, par grandeur ou par une confiance qu'ils ont d'eux-mêmes....
CONFIDENTIAIREEn rendant le bien à la veuve, on est confidentiaire
CONFIRMÉ, ÉEIls vont loin, confirmés par le succès
CONFIRMERL'expérience confirme que la mollesse ou l'indulgence pour soi et la dureté pour les autres ne sont qu'un seul et même vice
CONFIRMERCe bruit ne se confirme pas
CONFORMEIl sait feindre le caractère plus conforme aux vues qu'il a
CONFORMERCorneille nous assujettit à ses caractères et à ses idées ; Racine se conforme aux nôtres
CONFRONTERUne personne qui a lu, médité, consulté, confronté toute sa vie
CONFUS, USECeux qui habitent cette contrée [la cour] ont une physionomie qui n'est pas nette, mais confuse, embarrassée dans une épaisseur de cheveux étrangers qu'ils préfèrent aux naturels et dont ils font un long tissu pour couvrir leur tête
CONGÉDIERIl y a dans les cours deux manières de ce que l'on appelle congédier son monde ou se défaire des gens, se fâcher contre eux ou faire si bien qu'ils se fâchent contre vous et s'en dégoûtent
CONGRATULERIl congratule Théodème sur un discours
CONJONCTUREToute confiance est dangereuse, si elle n'est entière ; il y a peu de conjonctures où il ne faille tout dire ou tout cacher
CONNAISSANCEC'est beaucoup tirer de notre ami, si, ayant monté à une grande faveur, il est encore un homme de notre connaissance
CONSENTIRD'autres consentent d'être gouvernés par leurs amis, en des choses presque indifférentes
CONSÉQUEMMENTQui doute que les enfants ne conçoivent, qu'ils ne jugent, qu'ils ne raisonnent conséquemment ?
CONSÉQUEMMENTAussi ne parle-t-il guère conséquemment et avec suite
CONSÉQUEMMENTIls décident en leur faveur et agissent conséquemment
CONSÉQUENCEJe ne sais si un besoin extrême ou une violente passion ou un premier mouvement tirent à conséquence
CONSÉQUENCECombien de sortes de ridicules répandus parmi les hommes, mais qui, par leur singularité, ne tirent point à conséquence et ne sont d'aucune ressource pour l'instruction et la morale !

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