Définition de CANAILLE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ca-nâ-ll', ll mouillées, et non kana-ye

DÉFINITIONS

1
Vile populace.
Eh bien ! manger moutons, canaille, sotte espèce, Est-ce un péché ?
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 1
Travailler est le fait de la canaille
de Jean de LA FONTAINE dans Papef.
Où Rabelais est mauvais, il passe bien au delà du pire ; c'est le charme de la canaille
de Jean de LA BRUYÈRE dans 1
Les Vaudois furent appelés par Maimbourg une canaille révoltée
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 138
Ceux qui daignaient acheter les suffrages de la canaille qui composait les tribus
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Contr. IV, 2
Spectateur dédaigneux des misères de la canaille
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. IV
Sénèque, qui connaissait l'esprit de la cour, de la ville et de la canaille
de Denis DIDEROT dans Claude et Néron.
Repoussé des hommes de son rang, il se livra aux vices de la canaille
de Denis DIDEROT dans Essai sur Claude.
2
Sémantique : Par extension, gens, quelle que soit leur condition, dignes de mépris ; en ce sens le pluriel est usité. Ces canailles-là.
Quoi ! vous continuez, canailles infidèles !
de Pierre CORNEILLE dans Médée, V, 3
La canaille littéraire est ce que je connais de plus abject au monde
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Damilaville, 24 sept. 1766
Je sais que, dès qu'on a donné un ouvrage passable, la canaille de la littérature jette les hauts cris
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans ib. 17 déc. 1766
Je veux élever Émile à la campagne, loin de la canaille des valets
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. II
C'était [MM. les chambellans], vous disais-je, une canaille qu'il fallait laisser aboyer
de Paul Louis COURIER dans I, 57
M. de Monaco se commit fort mal à propos en personne avec des canailles
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 84, 92
Sémantique : Par antiphrase.
Je crois qu'il se contentera d'aller en paradis, et qu'il ne quittera point ces canailles chrétiennes
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 583
3
Sémantique : Par badinerie, en parlant d'enfants importuns. Faites taire cette petite canaille.
.... Ah ! le petit babouin ! Voyez, dit-il, où l'a mis sa sottise ! Et puis prenez de tels fripons le soin ! Que les parents sont malheureux, qu'il faille Toujours veiller à semblable canaille !
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. I, 19
4
Sémantique : Populairement, il se prend comme adjectif indéclinable : des manières canaille, un propos canaille. Populairement aussi, on dit, en parlant d'un seul homme : c'est une canaille.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Du mal que nos feisons à ceste chiennaille ne prendra jà garde cil qu'il apelent Seigneur
dans Psautier, f° 114
2
XVIe s.
La reigle et police de bien vivre n'a jamais si bien esté ordonnée aux monasteres, qu'il n'y eust tousjours quelques canailles meslez parmi les bons
de Jean CALVIN dans Instit. 1021
Les rois aux chiens flatteurs donnent le premier lieu, Et de cette canaille endormis au milieu....
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Tragiques, II, p. 57
Arriere mastins, hors de la quarrière ; hors de mon soleil, canaille au diable
de François RABELAIS dans Pant. Prol. du IIIe livre.

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, chinêie ; Berry, chienaille ; ital. canaglia ; de cane, chien (voy. CHIEN). Canaille est italien ; chienaille était le mot français.

Synonymes de CANAILLE

Termes proches de CANAILLE