L'oeuvre Les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les Caractères ou les moeurs de ce siècle de Jean de LA BRUYÈRE

Ecrit par Jean de LA BRUYÈRE

Date : 1688-1696

Citations de "Les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les Caractères ou les moeurs de ce siècle"

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ENCHÉRIRUne chose dite entre eux peu clairement en entraînait une autre plus obscure, sur laquelle on enchérissait par de vraies énigmes, toujours suivies de longs applaudissements
ENDROITÀ parler humainement, la mort a un bel endroit, qui est de mettre fin à la vieillesse
ENDROITUn mari qui.... et se montre au contraire par ses mauvais endroits
ENDROITTélèphe.... passe outre ; il se jette hors de sa sphère ; il trouve lui-même son endroit faible, et se montre par cet endroit
ENDROITL'unique soin des enfants est de trouver l'endroit faible de leurs maîtres, comme de tous ceux à qui ils sont soumis
ENDROITLes courtisans se persuadent d'être quittes par là [par des excuses] en leur endroit [à l'égard de leurs amis] de tous les devoirs de l'amitié
ENFANTLes enfants ont des joies immodérées et des afflictions amères sur de très petits sujets
ENFANTLes enfants sont hautains, dédaigneux, colères, envieux, curieux, intéressés, paresseux, volages, timides, intempérants, menteurs, dissimulés
ENFANTLes enfants n'ont ni passé ni avenir, et, ce qui ne nous arrive guère, ils jouissent du présent
ENFANTIl n'y a nuls vices extérieurs et nuls défauts du corps qui ne soient aperçus par les enfants ; ils les saisissent d'une première vue
ENFLURECeux qui doivent leur enflure à l'autorité où ils sont établis
ENFONCERIls n'ont pas, si j'ose le dire, deux pouces de profondeur ; si vous les enfoncez, vous rencontrez le tuf
ENFONCERLes jours, les mois, les années s'enfoncent et se perdent sans retour dans l'abîme des temps
ENFUMÉ, ÉEIl n'y a si vil praticien qui, du fond de son étude sombre et enfumée, ne se préfère au laboureur qui jouit du ciel et qui fait de riches moissons
ENGAGEMENTLe bon esprit nous découvre notre devoir, notre engagement à le faire
ENIVRERLe grand s'enivre de meilleur vin que l'homme du peuple : seule différence que la crapule laisse entre les conditions les plus disproportionnées, entre le seigneur et l'estafier
ENJOUÉ, ÉEIl est enjoué, grand rieur, impatient, présomptueux, colère, libertin, politique, mystérieux sur les affaires du temps ; il se croit des talents et de l'esprit : il est riche
ENLAIDIRIl n'y a rien qui enlaidisse certains courtisans comme la présence du prince : à peine les puis-je reconnaître à leurs visages ; leurs traits sont altérés et leur contenance est avilie
ENLUMINERSi c'est pour les hommes qu'elles se fardent ou qu'elles s'enluminent
ENNEMI, IEVivre avec ses ennemis comme s'ils devaient un jour être nos amis, et vivre avec nos amis comme s'ils pouvaient devenir nos ennemis, n'est ni selon la nature humaine ni selon les règles de l'amitié
ENNUIL'ennui est entré dans le monde par la paresse
ENNUYERLe sage quelquefois évite le monde de peur d'être ennuyé
ENNUYERUn homme habile sent s'il convient ou s'il ennuie
ENNUYEUSEMENTIls parlent ennuyeusement
ÉNORMELe savoir-faire et l'habileté ne mènent pas jusqu'aux énormes richesses
ENRAGÉ, ÉEMaudit sonneur, qui fait un bruit enragé
ENRICHIRIl coûte moins à certains hommes de s'enrichir de mille vertus que de se corriger d'un seul défaut
ENSEIGNENe songez pas même à réformer les enseignes d'une ville
ENSEIGNEFolie de mettre l'enseigne de philosophie
ENSEMBLEOn l'approche tout ensemble avec liberté et avec retenue
ENSEVELIRUn homme de cour qui n'a pas un assez beau nom doit l'ensevelir sous un meilleur
ENTAMERPersonne à la cour ne veut entamer, on s'offre d'appuyer
ENTENDRELes raisons qu'il a de ne pas entendre à la demande...
ENTENDRELes sots lisent un livre et ne l'entendent point ; les esprits médiocres croient l'entendre parfaitement ; les grands esprits ne l'entendent quelquefois pas tout entier
ENTENDU, UEDes hommes fins ou entendus
ENTERIls entent sur cette politesse un esprit de règle....
ENTERRERIl y a telle femme qui anéantit ou enterre son mari au point qu'il n'en est fait dans le monde aucune mention
ENTÊTEMENTÇ'a été autrefois mon entêtement comme il est le vôtre ; mais il y a trois choses à considérer...
ENTÊTEMENTSi, à votre âge, vous êtes si vif et si impétueux, quel nom, Théobald, fallait-il vous donner dans votre jeunesse, et lorsque vous étiez la coqueluche et l'entêtement de certaines femmes ?
ENTÊTEMENTRien ne ressemble plus à la vive persuasion que le mauvais entêtement
ENTRAILLESCeux qui écrivent par humeur, que le coeur fait parler, à qui il inspire les termes et les figures, et qui tirent, pour ainsi dire, de leurs entrailles tout ce qu'ils expriment sur le papier
ENTREIl se distingue entre tous ses disciples
ENTRÉEIl faut attendre, pour faire le compliment d'entrée, que les petits chiens aient aboyé
ENTREMETTEUR, EUSEThéodote vise également à se faire des patrons et des créatures ; il est médiateur, confident, entremetteur ; il veut gouverner
ENTRERTout le monde s'élève contre un homme qui entre en réputation
ENTRERNe parler que de ducs, de cardinaux et de ministres ; faire entrer dans les conversations ses aïeux paternels et maternels, et y trouver place pour l'oriflamme et pour les croisades
ENTRERLes prédicateurs ont entré en société avec les auteurs et les poëtes
ENTRE-SOLCelui qui.... vient coucher au Louvre dans un entre-sol
ENTRETIENCelui qui sort de votre entretien content de soi et de son esprit, l'est de vous parfaitement
ÉNUMÉRATEURDepuis trente années, on prête l'oreille aux rhéteurs, aux déclamateurs, aux énumérateurs ; on court ceux qui peignent en grand ou en miniature [il s'agit de l'éloquence de la chaire]
ENVELOPPÉ, ÉEIls cultivent un désir enveloppé de la mort d'autrui
ENVELOPPÉ, ÉEIl sait parler d'une manière enveloppée
ENVELOPPERAdmirables sans doute pour envelopper une dupe
ENVIEToute jalousie n'est point exempte de quelque sorte d'envie, et souvent même ces deux passions se confondent ; l'envie au contraire est quelquefois séparée de la jalousie ; l'envie et la haine s'unissent toujours et se fortifient l'une l'autre dans un même sujet ; et elles ne sont reconnaissables entre elles qu'en ce que l'une s'attache à la personne, l'autre à l'état et à la condition
ENVIEL'homme qui dit qu'il n'est pas heureux pourrait du moins le devenir par le bonheur de ses proches ; l'envie lui ôte cette dernière ressource
ENVIÉ, ÉECeux qui font bien mériteraient seuls d'être enviés, s'il n'y avait encore un meilleur parti à prendre, qui est de faire mieux
ENVIERIls envient tous ceux à qui l'on donne
ENVOYERElle envoie vers son père
ÉPANDREUn embrasement qui s'épand au loin dans une forêt
ÉPARGNEDe l'épargne sordide : Cette espèce d'avarice est dans les hommes une passion de vouloir ménager les plus petites choses sans aucune fin honnête
ÉPARGNERC'est parler mal à propos que de s'étendre sur un repas magnifique devant des gens qui sont réduits à épargner leur pain
ÉPARGNERLes huit ou les dix mille hommes sont au souverain comme une monnaie dont il achète une place ou une victoire : s'il fait qu'il lui en coûte moins, s'il épargne les hommes, il ressemble à celui qui marchande et qui connaît mieux qu'un autre le prix de l'argent
ÉPAULEIl n'occupe point de lieu, il ne tient pas de place, il va les épaules serrées, le chapeau abaissé sur les yeux pour n'être pas vu
ÉPAULEVous voyez des gens qui entrent sans saluer que légèrement, qui marchent des épaules et qui se rengorgent comme une femme
ÉPINEUX, EUSECes gens, épineux dans les payements qu'on leur fait, rebutent un grand nombre de pièces qu'ils croient légères
ÉPINEUX, EUSELes hommes sont si épineux sur les moindres intérêts.... que je ne sais par où et comment se peuvent conclure les mariages, les contrats, les acquisitions
ÉPOUSEURThéramène était riche et avait du mérite ; il a hérité, il est donc très riche et d'un très grand mérite ; voilà toutes les filles en campagne pour l'avoir pour épouseur
ÉPREUVEAvec un esprit sublime, une doctrine universelle, une probité à toutes épreuves
ÉPRIS, ISEIl y a des âmes sales, pétries de boue et d'ordure, éprises du gain et de l'intérêt, comme les belles âmes le sont de la gloire et de la vertu
ÉPROUVERIl [Théophraste] avait coutume de dire qu'il ne faut pas aimer ses amis pour les éprouver, mais les éprouver pour les aimer
ÉPUISEMENTDes mouvements qui les jettent dans l'épuisement
ÉPURÉ, ÉE[Le comique] qui est épuré des pointes, des obscénités....
ÉQUIPAGEQuel est l'égarement de certains particuliers qui, riches du négoce de leur père, se moulent sur les princes pour leur garde-robe et leurs équipages !
ÉQUIPAGEDans l'équipage d'un homme qui a pris médecine
ÉQUITABLESi les hommes sont hommes plutôt qu'ours et panthères, s'ils sont équitables, s'ils se font justice à eux-mêmes.... que deviennent les lois.... ?
ÉQUIVOQUEIls s'engagent dans des professions équivoques dont ils se cachent longtemps à eux-mêmes les périls et les conséquences
ÉRIGERCapys qui s'érige en juge du beau style
ÉRUDITIONLes commentateurs, si abondants et si chargés d'une vaine et fastueuse érudition
ESCLAVEQui est plus esclave qu'un courtisan assidu, si ce n'est un courtisan plus assidu ?
ESCLAVELes hommes veulent être esclaves quelque part et puiser là de quoi dominer ailleurs
ESPRITL'idée d'un être supérieur à tous les autres êtres, qui les a tous faits, et à qui tous se doivent rapporter ; un être souverainement parfait, qui est pur, qui n'a point commencé et qui ne peut finir, dont notre âme est l'image, et, si j'ose le dire, une portion, comme esprit et comme immortelle
ESPRITDe ce que je pense, je n'infère pas plus clairement que je suis esprit, que je conclus de ce que je fais ou ne fais point, selon qu'il me plaît, que je suis libre
ESPRITLe philosophe use ses esprits à démêler les vices des hommes
ESPRITL'homme du meilleur esprit est inégal ; il souffre des accroissements et des diminutions
ESPRITJ'appelle mondains, terrestres ou grossiers, ceux dont l'esprit et le coeur sont attachés à une petite portion de ce monde qu'ils habitent, qui est la terre
ESPRITRire des gens d'esprit, c'est le privilége des sots ; ils sont dans le monde, ce que les fous sont à la cour, je veux dire sans conséquence
ESPRITIl est moins rare de trouver de l'esprit que des gens qui se servent du leur, ou qui fassent valoir celui des autres et le mettent à quelque usage
ESPRITIncapable de savoir jusqu'où l'on peut avoir de l'esprit, il croit naïvement que ce qu'il en a est tout ce que les hommes en sauraient avoir
ESPRITIl y a des esprits, si j'ose le dire, inférieurs et subalternes qui ne semblent faits que pour être le recueil, le registre ou le magasin de toutes les productions des autres génies
ESPRITLes esprits forts savent-ils qu'on les appelle ainsi par ironie ? quelle plus grande faiblesse que d'être incertain quel est le principe de son être, de sa vie, de ses sens, de ses connaissances, et quelle en doit être la fin ?
ESPRITEnfin dans l'esprit de contenter ceux....
ESTAFIERIl [un grand] s'enivre de meilleur vin que l'homme du peuple : seule différence que la crapule laisse entre les conditions les plus disproportionnées, entre le seigneur et l'estafier
ESTAMPEJ'ai tout Callot, hormis une seule, qui n'est pas, à la vérité, de ses bons ouvrages ; au contraire, c'est un des moindres, mais qui m'achèverait Callot ; je travaille depuis vingt ans à recouvrer cette estampe
ESTIMERIl y a deux choses qu'ils [les hommes] estiment beaucoup.... la vie et l'argent
ESTIMERJe n'estime pas que l'homme soit capable de former un projet....
ESTIMERLe plus sûr, c'est d'estimer celle [la forme de gouvernement] où l'on est né la meilleure de toutes
ESTROPIÉ, ÉEUn tissu d'énigmes leur serait une lecture divertissante, et c'est une perte pour eux que ce style estropié qui les enlève soit rare
ETLes esprits justes, et qui aiment à faire des images
ETOn n'a pas dans le coeur de quoi toujours pleurer et aimer
ÉTABLISSEMENTPour élever mes enfants dans les sciences qui feront un jour leur établissement
ÉTABLISSEMENTIls osent honorer le mérite dénué de grands établissements
ÉTABLISSEMENTChacun se souvient assez de tout ce que son établissement lui a coûté à faire, ainsi que des discours qui lui en ont frayé le chemin
ÉTABLISSEMENTIl y a un sentiment de servitude à courir pour son établissement
ÉTAINL'étain dans ce temps [du temps de nos pères] brillait sur les tables et sur les buffets, comme le fer et le cuivre dans les foyers ; l'argent et l'or étaient dans les coffres
ÉTALERL'endroit du Pirée où les marchands étalent
ÉTALERIl étale son cordon bleu ou le cache par ostentation
ÉTATLa cause la plus immédiate de la ruine et de la déroute des personnes des deux conditions, de la robe et de l'épée, est que l'état seul, et non le bien, règle la dépense
ÉTATUne tenue d'états ou les chambres assemblées pour une affaire très capitale n'offrent point aux yeux rien de si grave et de si sérieux qu'une table de gens qui jouent un grand jeu
ÉTATLes enfants commencent entre eux par l'état populaire
ÉTERNUERIl [le riche, le puissant] crache fort loin et éternue fort haut
ÉTERNUERIl [le pauvre, le faible] crache presque sur soi, et il attend qu'il soit seul pour éternuer, ou, si cela lui arrive, c'est à l'insu de la compagnie
ÉTHIQUETel est le traité des caractères de moeurs que nous a laissé Théophraste ; il l'a puisé dans les Éthiques d'Aristote, dont il fut le disciple
ÉTINCELERIl étincelle des yeux
ÉTOFFEIl y a des gens d'une certaine étoffe ou d'un certain caractère, avec qui il ne faut jamais se commettre
ÉTOILEIls se trouvent dignes de leur étoile
ÉTONNEMENTJe ne sors pas d'admiration et d'étonnement à la vue de certains personnages que je ne nomme point
ÉTONNERLes grandes choses étonnent et les petites rebutent
ÉTONNERJe ne m'étonne pas que des hommes qui s'appuient sur un atome chancellent dans les moindres efforts qu'ils font pour sonder la vérité
ÉTOUFFERIl s'est étouffé de crier après les chiens
ÉTRANGER, ÈREOn écarte tout cet attirail qui t'est étranger, pour pénétrer jusqu'à toi qui n'es qu'un fat
ÉTRANGER, ÈRETout est étranger dans l'humeur, les moeurs et les manières de la plupart des hommes
ÊTREJetez-moi dans les troupes comme un simple soldat, je suis Thersite ; mettez-moi à la tête d'une armée dont j'aie à répondre, je suis Achille
ÊTREQuand je vois des gens en être avec moi sur le plus ou sur le moins....
ÊTREComment ? je n'y suis pas ; vous plairait-il de recommencer ?
ÊTREUn grand causeur, s'il est sur les tribunaux, ne laisse pas la liberté de juger
ÊTRECe n'est pas qu'il faut quelquefois pardonner à celui qui, avec un grand cortége, un habit riche et un magnifique équipage, s'en croit plus de naissance et d'esprit : il lit cela dans la contenance et les yeux de ceux qui lui parlent
ÊTRESSavoir les êtres de la chapelle
ÉVANOUIR (S')On en [des maux] a vu qui ont sapé, par les fondements, de grands empires et qui les ont fait évanouir de dessus la terre
ÉVÊCHÉL'on a eu de grands évêchés pour un mérite de chaire, qui présentement ne vaudrait pas à son homme une simple prébende
ÉVEILLÉ, ÉEGens éveillés et alertes sur tout ce qu'ils croient leur convenir
ÉVÉNEMENTLes choses de dehors qu'on appelle les événements sont quelquefois plus fortes que la raison et que la nature
ÉVITERIl évite uniquement de donner dans le sens des autres et d'être de l'avis de quelqu'un
EXCELLENT, ENTEElle avait deux frères d'une excellente beauté
EXCELLENT, ENTESe consoler du grand et de l'excellent par le médiocre
EXCELLENT, ENTEEmployez-y l'or et tout l'art des plus excellents ouvriers
EXCELLERCorneille ne peut être égalé dans les endroits où il excelle ; il a pour lors un caractère original et inimitable
EXCLURELa faveur des princes n'exclut pas le mérite et ne le suppose pas aussi
EXÉCUTIONS'il y a dans la place une fameuse exécution ou un feu de joie, il paraît à une fenêtre de l'hôtel de ville
EXEMPLAIREJe conseille à un auteur né copiste de ne se choisir pour exemplaires que ces ouvrages où....
EXEMPLEPar exemple, il est certain que.... Il n'y a rien, par exemple, que l'on puisse comparer à saint Augustin que Platon et Cicéron
EXEMPT, EMPTEL'on s'est trouvé exempt de charger l'ouvrage de longues observations
EXERCERLa jalousie et l'émulation s'exercent sur le même objet qui est le bien ou le mérite des autres
EXISTENCEL'impossibilité où je suis de prouver que Dieu n'est pas me prouve son existence
EXPÉDIERL'on voit des gens brusques, inquiets, suffisants, qui, bien que oisifs et sans aucune affaire qui les appelle ailleurs, vous expédient, pour ainsi dire, en peu de paroles et ne songent qu'à se dégager de vous
EXPÉRIENCECelui qui a eu l'expérience d'un grand amour, néglige l'amitié
EXPLIQUERIl y a un terme, disent les uns, qui peint la chose au naturel ; il y a un mot, disent les autres, qui est hasardé.... et c'est du même trait et du même mot que tous ces gens s'expliquent ainsi
EXPRESSIONMoïse, Homère, Platon, Virgile, Horace ne sont au-dessus des autres écrivains que par leurs expressions et par leurs images : il faut exprimer le vrai pour écrire naturellement, fortement, délicatement
EXPRESSIONUn bon auteur et qui écrit avec soin éprouve souvent que l'expression qu'il cherchait depuis longtemps sans la connaître et qu'il a enfin trouvée, est celle qui était la plus simple, la plus naturelle, qui semblait devoir se présenter d'abord et sans effort
EXPRESSIONEntre toutes les expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n'y en a qu'une qui soit la bonne
EXPRESSIONDire d'une chose modestement, ou qu'elle est bonne, ou qu'elle est mauvaise, et les raisons pourquoi elle est telle, demande du bon sens et de l'expression
EXTENSIONSi vous considérez combien de gens entrent dans l'exécution de ces mouvements [des machines], quelle force de bras et quelle extension de nerfs ils y emploient
EXTÉRIEUR, EUREUn extérieur simple est l'habit des hommes vulgaires, il est taillé pour eux et sur leur mesure ; mais c'est une parure pour ceux qui ont rempli leur vie de grandes actions
EXTÉRIEUR, EUREIl est étrange qu'il ait fallu une loi pour régler son extérieur [de l'homme de robe] et le contraindre ainsi à être grave et plus respecté
EXTINCTIONIl a eu du temps de reste pour entamer un ouvrage continué ensuite et achevé par un de nos plus grands et de nos meilleurs princes, l'extinction de l'hérésie
EXTRÊMELes femmes sont extrêmes, elles sont meilleures ou pires que les hommes
EXTRÉMITÉL'on voit peu d'esprits entièrement lourds et stupides ; l'on en voit encore moins qui soient sublimes et transcendants ; le commun des hommes nage entre ces deux extrémités
EXTRÉMITÉLes extrémités sont vicieuses et partent de l'homme ; toute compensation est juste et vient de Dieu
EXTRÉMITÉL'on dit du jeu qu'il égale les conditions ; mais elles se trouvent quelquefois si étrangement disproportionnées, et il y a entre telle et telle condition un abîme d'intervalle si immense et si profond, que les yeux souffrent de voir de telles extrémités se rapprocher
FÂCHEUX, EUSEUn fâcheux est celui qui, sans faire à quelqu'un un fort grand tort, ne laisse pas de l'embarrasser beaucoup
FACILEL'on désirerait de ceux qui ont un bon coeur qu'ils fussent toujours pliants, faciles, complaisants
FAÇONL'usage a préféré façon de faire à manière de faire et manière d'agir à façon d'agir
FADEIl y a à la ville, comme ailleurs, de fort sottes gens, des gens fades, oisifs, désoccupés
FADEUn caractère bien fade est celui de n'en avoir aucun
FADEURCette manière basse de plaisanter a passé du peuple à qui elle appartient, jusque dans une grande partie de la jeunesse de la cour, qu'elle a déjà infectée ; il est vrai qu'il y entre trop de fadeur et de grossièreté, pour devoir craindre qu'elle s'étende plus loin
FAIML'on dit d'un grand qui tient table deux fois le jour, et qui passe sa vie à faire digestion, qu'il meurt de faim, pour exprimer qu'il n'est pas riche, ou que ses affaires sont fort mauvaises : c'est une figure, on le dirait plus à la lettre de ses créanciers
FAIREC'est là [à la cour] que l'on sait parfaitement ne faire rien ou faire très peu de chose pour ceux que l'on estime beaucoup
FAIREIls vont jusqu'à un certain point qui fait les bornes de leur capacité
FAIREQuand on a assez fait auprès de certaines personnes pour avoir dû se les acquérir, si cela ne réussit point, il y a encore une ressource qui est de ne plus rien faire
FAIRECeux qui font bien mériteraient d'être enviés, s'il n'y avait encore un meilleur parti à prendre, qui est de faire mieux
FAIRESes dernières comédies font qu'on s'étonne qu'il ait pu tomber de si haut
FAIREEst-ce donc faire pour le progrès d'une langue que de....
FAIREIl s'offre, il se fait de fête, il faut l'admettre
FAIT, AITEIl ajoute qu'il est fait ainsi et qu'il dit ce qu'il pense
FAIT, AITEIl y a un certain nombre de phrases toutes faites que l'on prend comme dans un magasin et dont l'on se sert pour se féliciter les uns les autres sur les événements
FAITLeur avez-vous lu un seul endroit de l'ouvrage ; c'est assez, ils sont dans le fait et entendent l'ouvrage
FAITChacun a son fait, sans qu'il ait eu l'intention de le lui donner
FAIXCes gens lisent toutes les histoires et ignorent les histoires ; ils parcourent tous les livres et ne profitent d'aucun.... ils plient sous le faix, leur mémoire en est accablée, pendant que leur esprit demeure vide
FAMILIARISERIl se trouve des hommes qui se familiarisent avec leur propre grandeur et à qui la tête ne tourne point dans les postes les plus élevés
FAMILIARITÉAussi la rougeur lui monterait-elle au visage, s'il était malheureusement surpris dans la moindre familiarité avec quelqu'un qui n'est ni opulent, ni puissant, ni ami d'un ministre, ni son domestique, ni son allié
FAMILIER, IÈRESon visage m'est familier
FAMILIER, IÈREDans une chambre où il est familier [il a ses habitudes]
FAMILIER, IÈRELe [un grand] tirer par son habit, lui marcher sur les talons, faire le familier, prendre des libertés, marquent mieux un fat qu'un favori
FAMILIER, IÈRELes petits courtisans se relâchent sur ces devoirs, font les familiers, et vivent comme gens qui n'ont d'exemple à donner à personne
FANFARON, ONNELe fanfaron travaille à ce qu'on dise de lui qu'il a bien fait
FARCEUR, EUSEL'ivrogne fournit quelques scènes à un farceur ; il n'entre qu'à peine dans le vrai comique
FATQuelle horrible peine à un homme.... qui n'a que beaucoup de mérite pour toute recommandation.... de venir au niveau d'un fat qui est en crédit !
FATOn écarte tout cet attirail qui t'est étranger pour pénétrer jusqu'à toi qui n'es qu'un fat
FATTout le monde dit d'un fat qu'il est fat, personne n'ose le lui dire à lui-même
FATUn fat est celui que les sots croient un homme de mérite
FATLe fat est entre l'impertinent et le sot, il est composé de l'un et de l'autre
FATSi le fat pouvait craindre de mal parler, il sortirait de son caractère
FATUITÉLes rieurs sont pour lui ; il n'y a sorte de fatuités qu'on ne lui passe
FAUTEIl est pénible à un homme fier de pardonner à celui qui le surprend en faute et qui se plaint de lui avec raison
FAUTEOn a fait de lourdes fautes ; je sais bien ce que je dis, je suis du métier, j'ai vu la guerre, et l'histoire m'en a beaucoup appris
FAUTELes fautes des sots sont quelquefois si lourdes et si difficiles à prévoir, qu'elles mettent les sages en défaut et ne sont utiles qu'à ceux qui les font
FAUTEOn ne vit point assez pour profiter de ses fautes
FAUTEQuelque délicat qu'on soit en amour, on pardonne plus de fautes que dans l'amitié
FAUTEUILLà il tient le fauteuil quatre heures de suite chez Aristée, où il risque chaque soir cinq pistoles d'or
FAUX, FAUSSEIl y a une fausse modestie qui est vanité ; une fausse gloire qui est légèreté ; une fausse grandeur qui est petitesse ; une fausse vertu qui est hypocrisie ; une fausse sagesse qui est pruderie
FAUX, FAUSSEIls vous étourdissent de flancs, de fausses braies, de courtines....
FAUX, FAUSSEIl est difficile que de toutes les pièces que l'on emploie à l'édifice de sa fortune, il n'y en ait quelqu'une qui porte à faux
FAVEURLa faveur du prince n'exclut pas le mérite et ne le suppose pas non plus
FAVEURÀ mesure que la faveur et les grands biens se retirent d'un homme, ils laissent voir en lui le ridicule qu'ils couvraient
FAVEURC'est beaucoup tirer de notre ami, si, étant monté en faveur, il est encore un homme de notre connaissance
FAVEURIl y a des gens à qui la faveur arrive comme un accident ; ils en sont les premiers surpris et consternés
FAVEURLa faveur met l'homme au-dessus de ses égaux, et sa chute au-dessous
FAVEURThéodote a une plus douce manie ; il aime la faveur éperdument ; mais sa passion a moins d'éclat ; il lui fait des voeux en secret ; il la cultive, il la sert mystérieusement ; il est au guet et à la découverte sur tout ce qui paraît de nouveau avec les livrées de la faveur
FAVORI, ITELe favori n'a point de suite ; il est sans engagements et sans liaisons ; il peut être entouré de parents et de créatures, mais il n'y tient pas : il est détaché de tout et comme isolé
FEINDREAu lieu d'expédier sur-le-champ des marchands et des ouvriers, il [l'orgueilleux] ne feint point de les renvoyer au lendemain matin
FEMMELes hommes et les femmes conviennent rarement sur le mérite d'une femme ; leurs intérêts sont trop différents
FEMMEIl y a dans quelques femmes une grandeur artificielle attachée au mouvement des yeux, à un air de tête, aux façons de marcher, et qui ne va pas plus loin
FEMMELa plupart des femmes n'ont guère de principes, elles se conduisent par le coeur
FEMMEUn homme qui serait en peine de connaître s'il change, s'il commence à vieillir, peut consulter les yeux d'une jeune femme qu'il aborde et le ton dont elle lui parle
FEMMEIl arrive quelquefois qu'une femme cache à un homme toute la passion qu'elle sent pour lui, pendant que de son côté il feint pour elle toute celle qu'il ne sent pas
FÉROCITÉCe m'est une chose toujours nouvelle de contempler avec quelle férocité les hommes traitent d'autres hommes
FEUILLEUn ouvrage satirique, ou qui contient des faits, qui est donné en feuilles sous le manteau, aux conditions d'être rendu de même, s'il est médiocre, passe pour merveilleux ; l'impression est l'écueil
FEUILLE-MORTEUn homme feuille-morte [habillé de cette couleur] devient commis
FIDÈLEUn homme est plus fidèle au secret d'autrui qu'au sien propre
FIGUREL'on souffre dans la république les chiromanciens et les devins, ceux qui font l'horoscope et qui tirent la figure
FILQuelques troupes ont passé par le [ont été passées au] fil de l'épée
FINLa plupart des hommes, pour arriver à leurs fins, sont plus capables d'un grand effort que d'une longue persévérance
FIN, FINEC'est avoir fait un grand pas dans la finesse que de faire penser de soi que l'on n'est que médiocrement fin
FINANCIERSi le financier manque son coup, les courtisans disent de lui : c'est un bourgeois, un homme de rien, un malotru ; s'il réussit, ils lui demandent sa fille
FINESSELa finesse est l'occasion prochaine de la fourberie ; de l'une à l'autre le pas est glissant
FLAQUERIl [l'homme distrait] oublie de boire pendant tout le dîner, ou, s'il s'en souvient, et qu'il trouve qu'on lui donne trop de vin, il en flaque plus de la moitié au visage de celui qui est à sa droite
FLATTERIELa flatterie est un commerce honteux qui n'est utile qu'au flatteur
FLATTEUR, EUSELe flatteur ne dit rien et ne fait rien au hasard ; mais il rapporte toutes ses paroles et toutes ses actions au dessein qu'il a de plaire à quelqu'un et d'acquérir ses bonnes grâces
FLEGMED'où vient que les mêmes hommes qui ont un flegme tout prêt pour recevoir indifféremment les plus grands désastres, s'échappent et ont une bile intarissable sur les plus petits inconvénients ?
FLEURIRL'occasion ne peut être meilleure, ni les conjonctures plus favorables, si je désire du moins de fleurir et de prospérer
FLEURISTELe fleuriste a un jardin dans un faubourg ; il y court au lever du soleil et il en revient à son coucher ; vous le voyez planté et qui a pris racine au milieu de ses tulipes
FLOTTERLa finesse flotte entre le vice et la vertu
FOISIl mange, il conte, il plaisante, il interrompt tout à la fois
FOLÂTRERiez, Zélie, soyez badine et folâtre à votre ordinaire
FOLIEFaire une folie et se marier par amourette, c'est épouser Mélite, qui est jeune, belle, sage, économe, qui plaît, qui vous aime, qui a moins de bien qu'Aegine qu'on vous propose
FOLIEQuelques-uns n'ont pas même le triste avantage de répandre leurs folies plus loin que le quartier où ils habitent ; c'est le seul théâtre de leur vanité
FONDLes choses sur quoi il est permis de faire fond
FONDN'est-ce pas pour être vu dans un même fond avec un grand ?
FONDLe fond y est le même [chez les grands] que dans les conditions les plus ravalées ; tout le bas, tout le faible et tout l'indigne s'y trouvent
FONDS'il ne trouve pas jour à les frustrer à fond
FONDREIl n'y a point d'ouvrage si accompli qui ne fondît tout entier au milieu de la critique, si son auteur voulait en croire tous les censeurs, qui ôtent chacun l'endroit qui leur plaît le moins
FONDSPendant qu'Oronte augmente avec ses années son fonds et ses revenus
FONDSLe fonds perdu, autrefois si sûr, si religieux et si inviolable, est devenu, avec le temps et par les soins de ceux qui en étaient chargés, un bien perdu
FONDSIls n'avaient de fonds pour la complaisance que jusque-là
FONDSIl faut très peu de fonds pour la politesse dans les manières
FORCÉ, ÉEIl a un ris forcé, des caresses contrefaites
FORMALISTECes princes si formalistes sur leur rang
FORMALITÉIl est vrai, dit-on, cette somme lui est due, et ce droit lui est acquis ; mais je l'attends à cette petite formalité ; s'il l'oublie, il n'y revient plus, et conséquemment il perd sa somme, ou il est incontestablement déchu de son droit
FORMULEIl [le courtisan] a des formules de compliments pour l'entrée et pour la sortie à l'égard de ceux qu'il visite ou dont il est visité
FORT, ORTESemblables à ces enfants drus et forts d'un bon lait qu'ils ont sucé, qui battent leur nourrice
FORT, ORTEIls cherchent à réveiller leur goût déjà éteint par les eaux-de-vie et par toutes ces liqueurs les plus violentes, il ne manque à leur débauche que de boire de l'eau-forte
FORT, ORTESi c'est le grand et le sublime de la religion qui éblouit ou qui confond les esprits forts, ils ne sont plus des esprits forts, mais de faibles génies et de petits esprits
FORT, ORTELes hommes d'ailleurs, qui tous savent le fort et le faible les uns des autres, agissent aussi réciproquement comme ils croient le devoir faire
FORT, ORTEIl entre dans le fort, se mêle avec les piqueurs
FORT, ORTEMême sur le siége, qui est son fort [de Vauban] et où il décide souverainement....
FORTUNEIl n'y a rien qui se soutienne plus longtemps qu'une médiocre fortune ; il n'y a rien dont on voie mieux la fin qu'une grande fortune
FORTUNEIl a commencé de bonne heure et dès son adolescence à se mettre dans les voies de la fortune
FORTUNEIl faut avoir trente ans pour songer à sa fortune, elle n'est pas faite à cinquante ; l'on bâtit dans sa vieillesse, et l'on meurt quand on en est aux peintres ou aux vitriers
FORTUNEFaire fortune est une si belle phrase et qui dit une si bonne chose, qu'elle est d'un usage universel
FORTUNEIl faut une sorte d'esprit pour faire fortune et surtout une grande fortune ; ce n'est ni le bon ni le bel esprit, ni le grand, ni le sublime, ni le fort, ni le délicat ; je ne sais précisément lequel c'est ; j'attends que quelqu'un veuille m'en instruire
FORTUNEUne grande puissance ou une grande fortune annonce le mérite et le fait plus tôt remarquer
FORTUNEOn ne peut mieux user de sa fortune que fait Périandre : elle lui donne du rang, du crédit, de l'autorité
FORTUNEIl arrive, je ne sais par quels chemins, jusqu'à donner en revenu à l'une de ses filles pour sa dot ce qu'il désirait lui-même d'avoir en fonds pour toute fortune pendant sa vie
FORTUNETriste condition de l'homme et qui dégoûte de la vie ! il faut suer, veiller, fléchir, dépendre pour avoir un peu de fortune, ou la devoir à l'agonie de nos proches
FOURBERIELa finesse est l'occasion prochaine de la fourberie ; de l'une à l'autre le pas est glissant ; le mensonge seul en fait la différence ; si on l'ajoute à la finesse, c'est fourberie
FOURNIMENTIl passe un cordon où pend le fourniment
FOURRUREIl traite les fourrures [présidents] de bourgeoisie
FRAÎCHEMENTIl arrive fraîchement de son ambassade
FRAISL'utile et la louable pratique de perdre en frais de noces le tiers de la dot qu'une femme a apportée !
FRANCHISEVous pouvez ôter à une ville ses franchises
FRANCHISEN'espérez plus de candeur, de franchise, d'équité.... d'un homme qui s'est depuis quelque temps livré à la cour
FRIAND, ANDESi celui-ci est à table et qu'il prononce d'un mets qu'il est friand, le maître et les convives, qui en mangeaient sans réflexion, le trouvent friand et ne s'en peuvent rassasier
FROID, OIDEÊtre froid dans le péril
FROID, OIDEPourquoi me faire froid et vous plaindre de ce qui m'est échappé sur quelques jeunes gens qui peuplent les cours ?
FROIDDangereux modèles, propres à faire tomber dans le froid
FROIDEMENTIl conte brièvement, mais froidement ; il ne se fait point écouter, il ne fait point rire
FROIDEURLes froideurs et les relâchements dans l'amitié ont leurs causes ; en amour, il n'y a guère d'autre raison de ne s'aimer plus, que de s'être trop aimés
FRUITIl se lève avant le fruit et prend congé de la compagnie
FRUSTEDiognète sait d'une médaille le fruste, le feloux [sans doute le flou ?] et la fleur de coin
FUMÉEChampagne, au sortir d'un long dîner, et dans les douces fumées d'un vin d'Avenai et de Sillery
GABELLECela ne leur sied-il pas mieux que d'entrer dans les gabelles ?
GAGNERIl y a des gens qui gagnent à être extraordinaires
GALANT, ANTEL'homme coquet et la femme galante vont assez de pair
GALANT, ANTEIls n'ont contribué en rien à cette fête si galante
GALANT, ANTEUne femme qui n'a qu'un galant croit n'être point coquette ; celle qui a plusieurs galants croit n'être que coquette
GALANTERIELa galanterie est un faible du coeur, ou peut-être un vice de complexion
GALANTERIEIl y a peu de galanteries secrètes ; bien des femmes ne sont pas mieux désignées par le nom de leurs maris que par celui de leurs amants
GALETASIl se retire au galetas de son palais
GALIMATIASVoilà la source de votre pompeux galimatias
GAUCHES'il trouve une barrière de front qui ferme son passage, il biaise naturellement, et va à droite et à gauche
GENDREUn beau-père aime son gendre, aime sa bru ; une belle-mère aime son gendre, n'aime point sa bru
GÉNÉRAL, ALEIl ne pense point à profiter de toute sa succession, ni à s'attirer une donation générale de tous ses biens, s'il s'agit surtout de les enlever à un fils, le légitime héritier
GÉNIESes vers [de Boileau], forts et harmonieux, faits de génie, quoique travaillés avec art, pleins de traits et de poésie, seront lus encore quand la langue aura vieilli
GÉNIELe génie et les grands talents manquent souvent, quelquefois aussi les seules occasions ; tels peuvent être loués de ce qu'ils ont fait ; et tels, de ce qu'ils auraient fait
GENREC'est un personnage illustre dans son genre
GENSIl y a à la ville, comme ailleurs, de fort sottes gens, des gens fades, oisifs, désoccupés
GENSOn trouve dans les éditions de la Bruyère : Certaines gens que le hasard seul a placées
GENTILLÂTREL'homme docte est un savantasse.... le gentilhomme un gentillâtre
GÉSIR.... [les bombes] qui, tombant sur vos toits, font sauter en l'air, avec vos maisons, vos femmes qui sont en couche, l'enfant et la nourrice ; c'est là encore où gît la gloire, elle aime le remue-ménage et est personne d'un grand fracas
GESTICULERMobiles comme le mercure, ils pirouettent, ils gesticulent, ils crient, ils s'agitent
GIGUEL'on n'entend point une gigue à la chapelle
GLACEEst-ce Euthycrate que vous abordez ? quelle glace pour vous !
GLANERTout est dit.... depuis six mille ans qu'il y a des hommes, et qui pensent.... l'on ne fait plus que glaner après les anciens
GLISSANT, ANTELa finesse est l'occasion prochaine de la fourberie ; de l'une à l'autre le pas est glissant
GORGEDes faiseurs de stances et d'élégies amoureuses, de ces beaux esprits qui tournent un sonnet sur une absence ou sur un retour, qui font une épigramme sur une belle gorge, un madrigal sur une jouissance
GOTHIQUEOn a entièrement abandonné l'ordre gothique, que la barbarie avait introduit pour les palais et pour les temples
GOTHIQUEIl a rendu ce mot gothique
GOÛTIl y a dans l'art un point de perfection comme de bonté et de perfection dans la nature ; celui qui le sent et qui l'aime a le goût parfait ; celui qui ne le sent pas et qui aime en deçà ou au delà a le goût défectueux ; il y a donc un bon et un mauvais goût, et l'on dispute des goûts avec fondement
GOÛTEntre le bon sens et le bon goût, il y a la différence de la cause à son effet
GOÛTIl a du goût à se faire voir
GOÛTLeurs ouvrages sont faits sur le goût de l'antiquité
GOÛTERLes hommes ne se goûtent qu'à peine les uns les autres, n'ont qu'une faible pente à s'approuver réciproquement
GOUVERNEMENTLa science des détails ou une diligente attention aux moindres besoins de la république est une partie essentielle au bon gouvernement
GOUVERNERIl y a peu de règles générales et de mesures certaines pour bien gouverner : l'on suit le temps et les conjonctures, et cela roule sur la prudence et sur les vues de ceux qui règnent
GOUVERNERIl y a autant de paresse que de faiblesse à se laisser gouverner
GOUVERNERPour gouverner quelqu'un longtemps et absolument, il faut avoir la main légère et ne lui faire sentir que le moins qu'il se peut sa dépendance
GOUVERNERD'autres consentent d'être gouvernés par leurs amis en des choses presque indifférentes, et s'en font un droit de les gouverner à leur tour en des choses graves et de conséquence
GOUVERNERUn homme sage ne se laisse gouverner ni ne cherche à gouverner les autres ; il veut que la raison gouverne seule et toujours
GOUVERNERTels se laissent gouverner jusqu'à un certain point, qui au delà sont intraitables et ne se gouvernent plus
GOUVERNERLes grands se gouvernent par sentiment, âmes oisives sur lesquelles tout fait d'abord une vive impression
GRAINAi-je un grain de ce métal qui procure toutes choses ?
GRAND, ANDEIl semble que le trop grand empressement est une recherche importune ou une vaine affectation de marquer aux autres de la bienveillance par ses paroles et par toute sa conduite
GRAND, ANDELa règle de voir de plus grands que soi doit avoir ses restrictions ; il faut quelquefois d'étranges talents pour la réduire en pratique
GRAND, ANDECe qui est dans les grands splendeur, somptuosité, est dissipation, folie, ineptie dans le particulier
GRAND, ANDELes grands dédaignent les gens d'esprit qui n'ont que de l'esprit ; les gens d'esprit méprisent les grands qui n'ont que de la grandeur ; les gens de bien plaignent les uns et les autres, qui ont ou de la grandeur ou de l'esprit, sans nulle vertu
GRAND, ANDECe style [des flatteurs] sert au prince à se consoler du grand et de l'excellent par le médiocre
GRANDEURLa vraie grandeur.... se courbe par bonté vers ses inférieurs et revient sans effort dans son naturel
GRANDEURLa fausse grandeur est farouche et inaccessible ; comme elle sent son faible, elle se cache, ou du moins ne se montre pas de front, et ne se fait voir qu'autant qu'il faut pour imposer et ne paraître point ce qu'elle est, je veux dire une vraie petitesse
GRAS, ASSEL'on ne peut être plus content de lui-même : il s'est acquis une voix claire et délicate, et heureusement il parle gras
GRATIFIEROn le félicite [Louis XIV] sur des titres d'honneur dont il vient de gratifier quelques grands de son État ; que dit-il ? qu'il ne peut être content quand tous ne le sont pas, et qu'il lui est impossible que tous le soient comme il le voudrait
GRAVEUne gravité trop étudiée devient comique ....cela ne s'appelle pas être grave, mais en jouer le personnage ; celui qui songe à le devenir ne le sera jamais
GRAVEMENTCydias, après avoir toussé, relevé sa manchette, étendu la main et ouvert les doigts, débite gravement ses pensées quintessenciées
GREC, ECQUEIl sait le grec, continue l'homme d'État, c'est un grimaud, c'est un philosophe ; et en effet une fruitière à Athènes, selon les apparences, parlait grec, et par cette raison était philosophe ; les Bignon, les Lamoignon étaient de purs grimauds, qui peut en douter ? ils savaient le grec
GRÉGEOISMontrez-leur un feu grégeois qui les surprenne, ou un éclair qui les éblouisse ; ils vous quittent du bon et du beau
GRIMAUDIl sait le grec, c'est un grimaud
GRIMAUDLes Bignon, les Lamoignon étaient de purs grimauds ; qui peut en douter ? ils savaient le grec
GRISONNERRufin commence à grisonner, mais il est sain, il a un visage frais et un oeil vif, qui lui promettent encore vingt années de vie
GROS, OSSEComprenez-vous bien cette étendue, et qu'un million de terres comme la nôtre ne seraient toutes ensemble pas plus grosses que le soleil ?
GROS, OSSEIl tombe ensuite en des parenthèses qui peuvent passer pour épisodes, mais qui font oublier le gros de l'histoire, et à lui qui vous parle, et à vous qui le supportez
GROSSIÈRETÉL'amitié peut subsister entre des gens de différent sexe, exempte même de grossièreté
GROTESQUESDes figures qui font de cet homme un grotesque
GUÈRE ou GUÈRESL'émulation et la jalousie ne se rencontrent guère que dans les personnes du même art, de même talent et de même condition
GUÉRIRLe sage guérit de l'ambition par l'ambition même
GUÉRIRLes femmes guérissent de leur paresse par la vanité ou par l'amour
GUERREDans la guerre la distinction entre le héros et le grand homme est délicate
GUERREVous devez en guerre être habillés de fer
GUINDERLes machines qui l'avaient guindé si haut par l'applaudissement et les éloges, sont encore toutes dressées pour le faire tomber dans le dernier mépris
HABILEL'honnête homme (au sens du XVIIe siècle ; voy. HONNÊTE) tient le milieu entre l'habile homme et l'homme de bien, quoique dans une distance inégale de ces deux extrêmes ; la distance qu'il y a de l'honnête homme à l'habile homme s'affaiblit de jour à autre et est sur le point de disparaître ; l'habile homme est celui qui cache ses passions, qui entend ses intérêts, qui y sacrifie beaucoup de choses, qui a su acquérir du bien ou en conserver
HABILEIl y a des artisans ou des habiles, dont l'esprit est aussi vaste que l'art et la science qu'ils professent
HABILETÉLe savoir-faire et l'habileté ne mènent pas jusqu'aux énormes richesses
HABILLERUn philosophe se laisse habiller par son tailleur, et il y a autant de ridicule à fuir la mode qu'à l'affecter
HABITUDEIl met du rouge, mais rarement, il n'en fait pas habitude
HABITUDEL'habitude qu'il a à la flatterie
HAIEIl est en haie quand ils [les ambassadeurs] reviennent de leur audience
HAINEL'envie et la haine s'unissent toujours, et se fortifient l'une l'autre dans un même sujet ; et elles ne sont reconnaissables entre elles qu'en ce que l'une s'attache à la personne, l'autre à l'état et à la condition
HAINEPour se donner la gloire de la réussite, et pour détourner sur les autres la haine d'un mauvais succès
HAÏRRegretter ce qu'on aime est un bien, en comparaison de vivre avec ce qu'on hait
HAÏROn a dit en latin qu'il coûte moins cher de haïr que d'aimer
HAÏRIls haïssent autant à les voir [les femmes] avec de la céruse sur le visage, qu'avec de fausses dents
HAÏRElles ne haïssent pas de primer dans ce nouveau genre de vie
HAÏRDes défauts dont nous ne haïssons pas à être raillés
HARNAIS ou HARNOISIl a vieilli sous le harnois en voyant ; il est spectateur de profession
HASARDÉ, ÉEIl y a un mot dans votre ouvrage, qui est bien hasardé
HASARDERSi quelqu'un se hasarde de lui emprunter quelques vases
HASARDERJe me hasarde de dire qu'il se peut faire qu'il y ait au monde plusieurs personnes connues ou inconnues....
HAUT, AUTEArsène, du plus haut de son esprit, contemple les hommes
HAUT, AUTEIl mange haut et avec grand bruit, il roule les yeux en mangeant, la table est pour lui un râtelier
HAUTEMENTL'homme, de sa nature, pense hautement et superbement de lui-même, et ne pense ainsi que de lui-même
HAUTEURJ'approche d'une petite ville, et je suis déjà sur une hauteur d'où je la découvre ; elle est située à mi-côte, une rivière baigne ses murs
HEAUMEQu'est devenue la distinction des casques et des heaumes ?
HÉRITERThéramène était riche et avait du mérite ; il a hérité, il est donc très riche et est d'un très grand mérite ; voilà toutes les femmes en campagne pour l'avoir pour galant, et toutes les filles pour épouseur
HÉRITERC'est une maison qu'il a héritée de son père
HÉRITIER, IÈREL'héritier prodigue paye de superbes funérailles et dévore le reste
HÉRITIER, IÈRETous les hommes, par les postes différents, par les titres et par les successions, se regardent comme héritiers les uns des autres, et cultivent par cet intérêt, pendant tout le cours de leur vie, un désir secret et enveloppé de la mort d'autrui
HÉROSIl semble que le héros est d'un seul métier, qui est celui de la guerre, et que le grand homme est de tous les métiers, ou de la robe, ou de l'épée, ou du cabinet, ou de la cour
HÉSITERIls n'hésitent pas de critiquer des choses qui sont parfaites
HEURHeur se plaçait où bonheur ne saurait entrer ; il a fait heureux qui est français et il a cessé de l'être
HEUREQu'il ne se présente plus devant moi, je le chasse dès à cette heure
HEUREUX, EUSEL'homme qui dit qu'il n'est pas heureux, pourrait du moins le devenir par le bonheur de ses amis ou de ses proches
HEUREUX, EUSEIl y a une espèce de honte d'être heureux à la vue de certaines misères
HEUREUX, EUSEVoyez un heureux.... lisez.... au travers d'un calme étudié et d'une feinte modestie combien il est content et pénétré de soi-même
HISTOIRECes gens lisent toutes les histoires et ignorent l'histoire
HISTOIREIl tombe ensuite en des parenthèses, qui peuvent passer pour épisodes, mais qui font oublier le gros de l'histoire et à lui qui vous parle, et à vous qui le supportez
HOIRIEUne pareille somme est comptée dans les coffres pour chacun de ses enfants qu'il doit pourvoir ; et il a un grand nombre d'enfants ; ce n'est qu'en avancement d'hoirie, il y a d'autres biens à espérer après sa mort
HOMBREOn compte sur lui.... pour un tiers ou pour un cinquième à l'hombre ou au reversis
HOMMEIl apparaît de temps en temps sur la surface de la terre des hommes rares, exquis, qui brillent par leur vertu et dont les qualités éminentes jettent un éclat prodigieux
HOMMEUn homme d'esprit, et qui est né fier, ne perd rien de sa fierté et de sa raideur pour se trouver pauvre
HOMMEUn homme de bien ne saurait empêcher par toute sa modestie, qu'on ne dise de lui ce qu'un malhonnête homme fait dire de soi
HOMMEL'homme du monde du meilleur esprit, que le hasard a porté au milieu d'eux [une société particulière, une coterie], leur est étranger
HONTELa plus brillante fortune ne mérite point ni le tourment que je me donne, ni les humiliations, ni les hontes que j'essuie
HOROSCOPEL'on souffre dans la république les chiromanciens et les devins, ceux qui font l'horoscope et qui tirent la figure, ceux qui connaissent le passé par le mouvement du sas...
HORSJ'ai commencé, et je continue d'être par quelque chose qui est hors de moi
HORSLes belles choses le sont moins hors de leur place ; les bienséances mettent la perfection, et la raison met les bienséances
HUMANITÉOn ne vous demande pas de vous récrier : c'est un chef-d'oeuvre de l'esprit, l'humanité ne va pas plus loin
HUMEURDire d'un homme colère, inégal, querelleur, chagrin, pointilleux, capricieux, c'est son humeur, n'est pas l'excuser, comme on le croit
HUMEURCe qu'on appelle humeur est une chose trop négligée parmi les hommes
HUMEURUn auteur, né copiste.... doit.... éviter comme un écueil de vouloir imiter ceux qui écrivent par humeur, que le coeur fait parler....
HUMEURCeux qui écrivent par humeur sont sujets à retoucher leurs ouvrages ; comme elle n'est pas toujours fixe et qu'elle varie en eux selon les occasions, ils se refroidissent bientôt pour les expressions et les termes qu'ils ont le plus aimés
HYPERBOLEL'hyperbole exprime au delà de la vérité pour ramener l'esprit à la mieux connaître
HYPERBOLELes esprits vifs, pleins de feu, et qu'une vaste imagination emporte hors des règles et de la justesse, ne peuvent s'assouvir de l'hyperbole
HYPOCONDREEst-ce par goût hypocondre que cette femme aime un valet ?
IDÉAL, ALEPlus une philosophie est subtile et idéale, plus elle est vaine et inutile pour expliquer des choses qui ne demandent qu'un sens droit pour être connues
IDÉECorneille nous assujettit à ses caractères et à ses idées ; Racine se conforme aux nôtres
IGNORANCEComme l'ignorance est un état paisible et qui ne coûte aucune peine, l'on s'y range en foule
IGNORÉ, ÉEAvec un grand mérite et une plus grande modestie, l'on peut être longtemps ignoré
IL, au singulier, ILS, au plurielIl s'avance sur le théâtre d'autres hommes
IL, au singulier, ILS, au plurielCe qu'on appelle une oraison funèbre, n'est aujourd'hui bien reçu du plus grand nombre des auditeurs, qu'à mesure qu'il s'éloigne davantage du discours chrétien
IL, au singulier, ILS, au plurielCeux qui commençaient à le goûter, n'osant avaler le morceau qu'ils ont à la bouche, ils le jettent à terre
IL, au singulier, ILS, au plurielUn noble, s'il vit chez lui dans sa province, il vit libre
IMAGINERL'homme du meilleur esprit est inégal ; il souffre des accroissements et des diminutions ; il entre en verve, mais il en sort ; alors, s'il est sage, il parle peu, il n'écrit point ; il ne cherche point à imaginer ni à plaire
IMBÉCILEIl y a des stupides et, j'ose dire, des imbéciles qui se placent en de beaux postes et qui savent mourir dans l'opulence, sans qu'on les doive soupçonner en aucune manière d'y avoir contribué de leur travail ou de la moindre industrie
IMMANQUABLEIl ne faut pas penser à gouverner un homme tout d'un coup.... il faut tenter auprès de lui les petites choses ; et de là le progrès jusqu'aux plus grandes est immanquable
IMMENSURABLEOn ne connaît point la hauteur d'une étoile ; elle est, si j'ose ainsi parler, immensurable
IMPATIEMMENTDédaigner ceux qui lui viennent faire leur cour [à un grand], ou attendre impatiemment qu'ils se retirent
IMPERTINENT, ENTELe fat est entre l'impertinent et le sot : il est composé de l'un et de l'autre
IMPERTINENT, ENTEL'impertinent est un fat outré
IMPERTINENT, ENTEL'impertinent rebute, aigrit et irrite
IMPORTANT, ANTEUn grain d'esprit et une once d'affaires plus qu'il n'en entre dans la composition du suffisant, font l'important
IMPORTANT, ANTEPendant qu'on ne fait que rire de l'important, il n'a pas un autre nom ; dès qu'on s'en plaint, c'est l'arrogant
IMPORTUN, UNEC'est le rôle d'un sot d'être importun
IMPOSERDe fort près, c'est moins que rien ; de loin, ils imposent
IMPOSERIl y a dans quelques femmes.... un esprit éblouissant qui impose
IMPOSERC'est vouloir imposer aux yeux, et vouloir paraître contre la vérité ; c'est une espèce de menterie
IMPOSERC'est avoir mauvaise opinion des hommes que de prétendre leur imposer par des caresses
IMPRESSIONUn ouvrage.... qui est donné en feuilles sous le manteau.... s'il est médiocre passe pour merveilleux : l'impression est l'écueil
IMPRIMÉ, ÉEQuelle facilité est la nôtre pour perdre tout d'un coup le sentiment, la mémoire des choses dont nous nous sommes vus le plus fortement imprimés !
IMPRIMERIl y a un tel livre qui court, et qui est imprimé chez Cramoisy, en tel caractère ; il est bien relié et en beau papier
IMPRIMERIl a fait imprimer un ouvrage moral qui est rare par le ridicule
IMPRIMERIEQu'on ne me parle plus jamais d'encre, de papier, de plume, de style, d'imprimeur, d'imprimerie
IMPROPRIÉTÉIls dégoûtent par l'impropriété des termes dont ils se servent
IMPUDENCEIl ne faut rien de moins dans le monde qu'une vraie et naïve impudence pour réussir
IMPUDENT, ENTEL'impudent est facile à définir : il suffit de dire que c'est une profession ouverte d'une plaisanterie outrée, comme de ce qu'il y a de plus contraire à la bienséance
INCAPABLEIl est savant, donc il est incapable d'affaires
INCERTAIN, AINECe qu'il y a de certain dans la mort est un peu adouci par ce qui est incertain
INCIVIL, ILE[Un mari] qui est trop négligé dans son ajustement, brusque dans ses réponses, incivil, froid et taciturne
INCIVIL, ILEIl ne faut presque rien pour être cru fier, incivil, méprisant, désobligeant
INCIVILITÉL'incivilité n'est pas un vice de l'âme, elle est l'effet de plusieurs vices, de la sotte vanité, de l'ignorance de ses devoirs, de la paresse, de la distraction, du mépris des autres, de la jalousie
INCIVILITÉUne froideur ou une incivilité qui vient de ceux qui sont au-dessus de nous, nous les fait haïr ; mais un sourire ou un salut nous réconcilie
INCLÉMENCEL'inclémence du ciel et des saisons
INCOMMODITÉL'on a cette incommodité à essuyer dans la lecture des livres faits par des gens de parti et de cabale, que l'on n'y voit pas toujours la vérité
INCOMMODITÉIl est retenu au lit par quelque incommodité
INCOMPATIBLEOserai-je dire que le coeur seul concilie les choses contraires et admet les incompatibles ?
INCOMPRÉHENSIBLERabelais surtout est incompréhensible : son livre est une énigme
INCONSOLABLESi les femmes étaient telles naturellement qu'elles le deviennent par artifice, qu'elles perdissent en un moment toute la fraîcheur de leur teint, qu'elles eussent le visage aussi allumé et aussi plombé qu'elles se le font par le rouge et par la peinture dont elles se fardent, elles seraient inconsolables
INCONSTANT, ANTEUne femme inconstante est celle qui n'aime plus
INCONVÉNIENTD'où vient que les mêmes hommes qui ont un flegme tout prêt pour recevoir indifféremment les plus grands désastres, s'échappent et ont une bile intarissable sur les plus petits inconvénients ?
INDÉFINI, IEC'est [l'époque incertaine de la mort] un indéfini dans le temps qui tient quelque chose de l'infini
INDÉTERMINÉ, ÉEIls ressemblent à ceux qui entrent dans les magasins, indéterminés sur le choix des étoffes qu'ils veulent acheter
INDIFFÉREMMENTConfondre les personnes et les traiter indifféremment
INDIFFÉREMMENTL'homme dissimulé ne parle point indifféremment
INDIGENCEC'est alors qu'une femme et des enfants sont une violente tentation à la fraude, au mensonge et aux gains illicites : il [l'homme] se trouve entre la friponnerie et l'indigence
INDIGNEUn bienfait qui tombe sur un indigne
INDUIREJe suis induit à ce sentiment par le succès de certaines gens
INDULGENCEL'expérience confirme que la mollesse ou l'indulgence pour soi et la dureté pour les autres ne sont qu'un seul et même vice
INDULGENT, ENTEUn homme dur au travail et à la peine, inexorable à soi-même, n'est indulgent aux autres que par un excès de raison
INÉGAL, ALEL'homme du meilleur esprit est inégal : il souffre des accroissements et des diminutions
INÉGAL, ALELes hommes en un même jour ouvrent leur âme à de petites joies, et se laissent dominer par de petits chagrins ; rien n'est plus inégal et moins suivi que ce qui se passe en si peu de temps dans leur coeur et dans leur esprit
INÉGAL, ALEL'autre [Théophile], sans choix, sans exactitude, d'une plume libre et inégale....
INÉGAL, ALEUn homme inégal n'est pas un seul homme, ce sont plusieurs ; il se multiplie autant de fois qu'il a de nouveaux goûts et de manières différentes.... il se succède à lui-même
INEPTEUn auteur sérieux n'est pas obligé de remplir son esprit.... de toutes les ineptes applications que l'on peut faire au sujet de quelques endroits de ses ouvrages
INEPTIEL'on était alors persuadé de cette maxime, que ce qui est dans les grands splendeur, somptuosité, magnificence, est dissipation, folie, ineptie dans le particulier
INEXCUSABLEDans quelques-unes de ses meilleures pièces [de Corneille], il y a des fautes inexcusables contre les moeurs
INEXCUSABLEMarot et Rabelais sont inexcusables d'avoir semé l'ordure dans leurs écrits : tous deux avaient assez de génie et de naturel pour....
INEXORABLEUn homme inexorable à soi-même n'est indulgent aux autres que par un excès de raison
INEXPLICABLERabelais surtout est incompréhensible : son livre est une énigme, quoi qu'on veuille dire, inexplicable
INFÂMELa condition des comédiens était infâme chez les Romains
INFATUÉ, ÉEÊtre infatué de soi, et s'être fortement persuadé qu'on a beaucoup d'esprit, est un accident qui n'arrive guère qu'à celui qui n'en a point, ou qui en a peu
INFÉRERSon âme pense, raisonne, infère
INFÉRIEUR, EUREDu même fond d'orgueil dont on s'élève fièrement au-dessus de ses inférieurs, l'on rampe vilement devant ceux qui sont au-dessus de soi
INFIDÈLEUne femme infidèle, si elle est connue pour telle.... de la personne intéressée, n'est qu'infidèle ; s'il la croit fidèle, elle est perfide
INFIRMEDire merveilles de sa santé devant des infirmes
INFLEXION....Qu'on ait besoin de gens d'un certain habit, qui, par un discours préparé, tendre et pathétique, par de certaines inflexions de voix, par des larmes.... fassent enfin consentir un homme chrétien et raisonnable, dont la maladie est sans ressource, à ne se point perdre et à faire son salut
IN-FOLIONe verrons-nous pas de vous un in-folio ?
INGÉNU, UEUn air réformé, une modestie outrée, la singularité de l'habit.... ne relèvent pas le mérite ; ils le fardent et font peut-être qu'il est moins pur et moins ingénu
INGÉNUMENTLà se montrent ingénument la grossièreté et la franchise
INGÉRER (S')Dangereux modèles et tous propres à faire tomber dans le froid, dans le bas et dans le ridicule, ceux qui s'ingèrent de les suivre
INGRAT, ATEUn bienfait qui tombe sur un ingrat
INGRATITUDEIl vaut mieux s'exposer à l'ingratitude que de manquer aux misérables
INIMITABLEElles [les femmes] ont un enchaînement de discours inimitable, qui se suit naturellement et qui n'est lié que par le sens
INIMITABLECorneille ne peut être égalé dans les endroits où il excelle, il a pour lors un caractère original et inimitable
INJUREIl est difficile d'étouffer dans les commencements le sentiment des injures
INOPINÉMENTIls finissent enfin, et rencontrent inopinément un avenir qu'ils n'ont ni craint, ni espéré
INQUIET, ÈTEL'on voit des gens brusques, inquiets, suffisants, qui, bien qu'oisifs et sans aucune affaire qui les appelle ailleurs, vous expédient pour ainsi dire en peu de paroles et ne songent qu'à se dégager de vous
INQUIÉTUDEInquiétudes d'esprit, inégalité d'humeur, inconstance de coeur.... tous vices de l'âme, mais différents
INSCRIPTIONIl travaille aux inscriptions des arcs et des pyramides qui doivent orner la ville capitale un jour d'entrée
INSENSIBLEUne femme insensible est celle qui n'a pas encore vu celui qu'elle doit aimer
INSINUANT, ANTELes cours ne sauraient se passer d'une certaine espèce de courtisans, hommes flatteurs, complaisants, insinuants
INSTRUIREL'on ne peut guère charger l'enfance de la connaissance de trop de langues ; et il me semble que l'on devrait mettre toute son application à l'en instruire
INSULTELa raillerie, l'injure, l insulte leur découlent des lèvres comme leur salive
INSUPPORTABLEOn lui tient compte de n'être pas toujours insupportable
INSUPPORTABLEIl y a de certaines choses dont la médiocrité est insupportable, la poésie, la musique, la peinture, le discours public
INTARISSABLELes mêmes hommes.... ont une bile intarissable sur les plus petits inconvénients
INTÈGREOu d'excellents pères de famille, ou des juges intègres, ou des orateurs
INTELLIGIBLEJ'ai cru autrefois et dans ma première jeunesse que ces endroits [tirades] étaient clairs et intelligibles pour les acteurs, pour le parterre et l'amphithéâtre ; que leurs auteurs s'entendaient eux-mêmes.... je suis détrompé
INTELLIGIBLEOn n'est pas entendu seulement à cause que l'on s'entend soi-même, mais parce qu'on est en effet intelligible
INTEMPÉRANCEQuelques-uns, par une intempérance de savoir, et par ne pouvoir se résoudre à renoncer à aucune sorte de connaissance, les embrassent toutes et n'en possèdent aucune
INTEMPÉRANT, ANTEDom Fernand dans sa province est oisif, ignorant, médisant, querelleur, fourbe, intempérant, impertinent ; mais il tire l'épée contre ses voisins, et pour un rien il expose sa vie
INTEMPÉRANT, ANTELes enfants sont hautains, dédaigneux, colères, curieux.... intempérants, menteurs, dissimulés, ils rient et pleurent facilement
INTENTIONNÉ, ÉEIl faut des fripons auprès des ministres même les mieux intentionnés
INTÉRÊTL'habile homme est celui qui entend ses intérêts
INTÉRÊTRien ne coûte moins à la passion que de se mettre au-dessus de la raison : son grand triomphe est de l'emporter sur l'intérêt

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