Définition de AVORTER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : a-vor-té

DÉFINITIONS

1
Accoucher avant terme.
Les femmes ne se faisaient-elles pas avorter, pour que leurs enfants n'eussent des maîtres aussi cruels ?
La cruelle habitude où sont les femmes de se faire avorter, afin que leur grossesse ne les rende pas désagréables à leurs maris
En parlant des animaux, mettre bas avant le terme. Les brebis avortent fréquemment.
Sémantique : Fig.
L'autre avorte avant temps des oeuvres qu'il conçoit
En parlant des fruits, ne pas se nouer, ne pas venir à maturité. Cette année, presque tous les boutons des poiriers ont avorté.
2
Sémantique : Fig. Ne pas réussir.
Le projet venant à avorter
de Jean de LA BRUYÈRE dans 12
Dieu, pour le réserver à ses puissantes mains, Fait avorter exprès tous les moyens humains
Lui qui sait qu'aussitôt ces tumultes avortent
Voyant d'un temps si court leur puissance bornée, Des plus heureux desseins [ils] font avorter le fruit
Par quel amour de mère Pressez-vous tellement ma douleur contre un frère ? Prenez-vous intérêt à la faire éclater ? - J'en prends à la connaître et la faire avorter
Tout mon dessein avorte au milieu du succès
de Pierre CORNEILLE dans ib. II, 8
Une disgrâce fit avorter toute sa bonne fortune
de Pierre CORNEILLE dans Ex. de D. San.
Il est impossible que ce projet n'avorte pas au milieu de cette confusion
Venge-toi du forfait que tu fais avorter

REMARQUE

1
1. Avorter se conjugue avec l'auxiliaire avoir quand on veut exprimer l'acte même : cette femme a avorté hier ; ces projets ont avorté par sa faute ; et avec l'auxiliaire être, quand on veut marquer l'état : cette femme est avortée ; ses desseins sont avortés.
2
2. On a dit s'avorter, qui n'est plus usité.
Leurs desseins tôt conçus se sont tôt avortés
de Jean de LA FONTAINE dans Ode v

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Que honiz soit qui vos porta, Quant ele [votre mère] ne vos avorta
dans Ren. 8144
Car foy sans bien ouvrer avorte ; Foy sans bonnes euvres est morte
Bien, amour et honeur faut par femme et avorte ; Ja femme n'amera, qui fine amour lui porte
dans Chastie-musart
2
XIVe s.
Elle avoit eu plusieurs de ses enfans morsnez et abourtez
Ne bailleront aucune medecine qui puisse faire abortir
dans Ord. des rois de France, t. II, p. 533
3
XVIe s.
Ceste semence de raison ne pouvant durer contre les vices survenus, estouffée s'avorte
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 354
Elle rend les arbres par où on la passe steriles, et y fait avorter les fruicts
de Jacques AMYOT dans Aratus, 40
Autrement, ils ne font qu'avorter la terre, et meurtrir les arbres
de Bernard PALISSY dans 25
Par tels efforcements lesdictes meres abortent
de Ambroise PARÉ dans t. II, p. 624
Ce breuvage sert aussi de remettre en vigueur la jument qui s'est avortée
de Olivier DE SERRES dans 306

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. abhortir, abordir ; espagn. abortar ; ital. abortire ; de abortire, de aborior, qui a la même signification, et qui vient de ab, indiquant défaut, manque, et de orior, naître, surgir (voy. ORIENT) : mot à mot mal naître.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
AVORTER. - HIST. XIIIe s. Ajoutez :
Se la jument sent l'odour et la fumée de la chandeille esteinte, elle aorterat

Synonymes de AVORTER

Termes proches de AVORTER

Phonétiquement proche de AVORTER