L'oeuvre Les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les Caractères ou les moeurs de ce siècle de Jean de LA BRUYÈRE

Ecrit par Jean de LA BRUYÈRE

Date : 1688-1696

Citations de "Les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les Caractères ou les moeurs de ce siècle"

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PARENTQue d'amis, que de parents naissent en une nuit au nouveau ministre !
PARENTIl y a des âmes sales.... éprises du gain et de l'intérêt.... de telles gens ne sont ni parents, ni amis, ni citoyens, ni chrétiens, ni peut-être des hommes : ils ont de l'argent
PARENTÉLes hommes composent ensemble une même famille, il n'y a que le plus ou le moins dans le degré de parenté
PARENTHÈSES'il conte une nouvelle.... il tombe en des parenthèses qui peuvent passer pour des épisodes, mais qui font oublier le gros de l'histoire
PARERIl faut arranger ses pièces et ses batteries, avoir un dessein, le suivre, parer celui de son adversaire
PARERChez les femmes, se parer et se farder n'est pas, je l'avoue, parler contre sa pensée ; c'est plus aussi que le travestissement et la mascarade, où l'on ne se donne point pour ce que l'on paraît être
PARESSEL'ennui est entré dans le monde par la paresse ; elle a beaucoup de part à la recherche que font les hommes des plaisirs, du jeu, de la société
PARESSEL'on fait l'aveu de sa paresse en des termes qui signifient toujours son désintéressement et que l'on est guéri de l'ambition
PARESSELes femmes guérissent de leur paresse par la vanité ou par l'amour
PARFAIT, AITELes grands croient être seuls parfaits
PARFAIT, AITEIl y a peu de femmes si parfaites, qu'elles empêchent un mari de se repentir, du moins une fois le jour, d'avoir une femme
PARFAIT, AITEIl a au doigt un gros diamant qu'il fait briller aux yeux et qui est parfait
PARFAIT, AITEIl est plus ordinaire de voir un amour extrême qu'une parfaite amitié
PARFAIT, AITECelui-là est bon qui fait du bien aux autres ; s'il souffre pour le bien qu'il fait, il est très bon ; s'il en meurt, sa vertu ne saurait aller plus loin, elle est héroïque, elle est parfaite
PARFAIT, AITEOn ne saurait en écrivant, rencontrer le parfait et, s'il se peut, surpasser les anciens que par leur imitation
PARFAITEMENTC'est à la cour que l'on sait parfaitement ne faire rien, ou faire très peu de chose pour ceux que l'on estime beaucoup
PARLANT, ANTEPensez-vous qu'il cherche à s'instruire par les médailles, et qu'il les regarde comme des preuves parlantes de certains faits... ?
PARLEMENTERLorsqu'on désire, on se rend à discrétion à celui de qui on espère ; est-on sûr d'avoir, on temporise, on parlemente, on capitule
PARLERIl [la Fontaine] fait parler les animaux, les arbres, les pierres, tout ce qui ne parle point
PARLERVous me trouvez bon visage et vous désirez de m'en féliciter ; dites je vous trouve bon visage : mais, répondez-vous, cela est bien uni et bien clair, et d'ailleurs qui ne pourrait pas en dire autant ? qu'importe, Acis, est-ce un si grand mal d'être entendu quand on parle, et de parler comme tout le monde ?
PARLERIl y a des gens qui parlent un moment avant que d'avoir pensé
PARLERAvec les gens qui par finesse écoutent tout et parlent peu, parlez encore moins ; ou, si vous parlez beaucoup, dites peu de chose
PARLERIl pense et il parle tout à la fois ; mais la chose dont il parle est rarement celle à laquelle il pense ; aussi ne parle-t-il guère conséquemment et avec suite
PARLERC'est une grande misère que de n'avoir pas assez d'esprit pour bien parler, ni assez de jugement pour se taire
PARLERQui sait parler aux rois, c'est peut-être où se termine toute la prudence et toute la souplesse du courtisan
PARLERIls parlent de guerre à un homme de robe, et de politique à un financier
PARLERUn homme vain trouve son compte à dire du bien ou du mal de soi ; un homme modeste ne parle point de soi
PARLERUne parole échappe, et elle tombe de l'oreille du prince bien avant dans sa mémoire.... si ce n'est que contre nous-mêmes que nous ayons parlé.... il y a encore un prompt remède qui est de nous instruire par notre faute, et de souffrir la peine de notre légèreté ; mais si c'est contre quelque autre, quel abattement ! quel repentir !
PARLERIl échappe à un troisième [ami] de parler contre mes intérêts
PARLERIl est difficile à la cour que de toutes les pièces qu'on emploie à l'édifice de sa fortune, il n'y en ait quelqu'une qui porte à faux : l'un de mes amis qui a promis de parler ne parle point ; l'autre parle mollement
PARLERCombien d'hommes admirables et qui avaient de très beaux génies sont morts sans qu'on en ait parlé !
PARLERVous avez Dracon le joueur de flûte.... c'est une chose infinie que le nombre des instruments qu'il fait parler
PARLERIl [un auteur né copiste] doit éviter comme un écueil de vouloir imiter ceux.... que le coeur fait parler, à qui il inspire les termes et les figures
PARLERJe rirais d'un homme qui voudrait sérieusement parler mon ton de voix, ou me ressembler de visage
PARLERIl faut laisser Aronce parler proverbe
PARLERL'affectation dans le geste, dans le parler et dans les manières est souvent une suite de l'oisiveté, ou de l'indifférence
PARLEUR, EUSEIl [le diplomate] est vif et grand parleur, pour faire parler les autres
PARLEUR, EUSEÀ un homme vain, indiscret, qui est grand parleur et mauvais plaisant.... il ne lui manque plus, pour être adoré de bien des femmes, que de beaux traits et la taille belle
PAROISSIEN, IENNEOù il a prêché, les paroissiens ont déserté
PAROLEArsure.... entendait de loin le sermon d'un carme ou d'un docteur qu'elle ne voyait qu'obliquement et dont elle perdait bien des paroles
PAROLEOn les entoure, ils ont la parole, président au cercle, et persistent dans cette hauteur ridicule et contrefaite
PAROLELe métier de la parole ressemble en une chose à celui de la guerre : il y a plus de risque qu'ailleurs, mais la fortune y est plus rapide
PAROLEQuel avantage n'a pas un discours prononcé sur un ouvrage qui est écrit ! les hommes sont les dupes de l'action et de la parole comme de tout l'appareil de l'auditoire
PAROLETels étaient ces grands artisans de la parole, ces premiers maîtres de l'éloquence française ; tels vous êtes, messieurs, qui ne cédez ni en savoir ni en mérite à nul de ceux qui vous ont précédés
PARTPermettez-lui [à Santeuil, si inégal d'humeur] de se recueillir, ou plutôt de se livrer à un génie qui agit en lui, j'ose dire, sans qu'il y prenne part, et comme à son insu
PARTSi c'est pour eux qu'elles [les femmes] se fardent ou qu'elles s'enluminent, j'ai recueilli les voix, et je leur prononce de la part de tous les hommes.... que le blanc et le rouge les rendent affreuses et dégoûtantes
PARTChacun [il s'agit de deux personnes] de sa part fait le plaisir des sociétés où il se trouve
PARTIl l'attaque quelque part où il se trouve
PARTAGECelui qui n'a de partage avec ses frères que pour vivre à l'aise bon praticien, veut être officier
PARTIErgaste.... trafiquerait des arts et des sciences, et mettrait en parti jusques à l'harmonie
PARTIL'esprit de parti abaisse les plus grands hommes jusqu'aux petitesses du peuple
PARTIThéonas.... avait enfin pris son parti et renoncé à la prélature, lorsque quelqu'un accourt lui dire qu'il est nommé à un évêché
PARTIIl y a un parti à trouver entre les âmes crédules et les esprits forts
PARTIThéramène était riche et avait du mérite ; il a hérité, il est donc très riche et d'un très grand mérite.... combien de galants va-t-il mettre en déroute ? quels bons partis ne fera-t-il pas manquer ?
PARTIIl y a un temps où les filles les plus riches doivent prendre parti
PARTIAL, ALEUn homme partial est exposé à de petites mortifications
PARTICULIER, ÈREUn auteur moderne prouve ordinairement que les anciens nous sont inférieurs en deux manières, par raison et par exemple : il tire la raison de son goût particulier, et l'exemple de ses ouvrages
PARTICULIER, ÈREÉtant assez particulière sans pourtant être farouche
PARTICULIER, ÈREOù il s'agit de l'intérêt et des commodités de tout le public, le particulier est-il compté ?
PARTICULIER, ÈREIl se dédommage dans le particulier d'une si grande servitude
PARTICULIER, ÈRECombien de gens vous étouffent de caresses dans le particulier, vous aiment et vous estiment, qui sont embarrassés de vous dans le public !
PARTICULIER, ÈRESa demeure [de Périandre] est superbe ; un dorique règne dans tous ses dehors ; ce n'est pas une porte, c'est un portique ; est-ce la maison d'un particulier ? est-ce un temple ?
PARTIEL'éloquence est au sublime ce que le tout est à sa partie
PARTIEElmire ne croyait pas la moindre partie de toutes les folies que l'on disait que l'amour avait fait faire dans tous les temps
PARTIEIl ne se donne pas la peine de régler des parties
PARTIESouvent avec des pions qu'on ménage bien, on va à dame, et l'on gagne la partie
PARTIELa principale partie de l'orateur, c'est la probité
PARTIRLes vices partent d'une dépravation du coeur ; les défauts, d'un vice de tempérament ; le ridicule, d'un défaut d'esprit
PARTISANLes partisans nous font sentir toutes les passions l'une après l'autre : l'on commence par le mépris à cause de leur obscurité ; on les envie ensuite, on les hait, on les craint, on les estime quelquefois et on les respecte ; l'on vit assez pour finir à leur égard par la compassion
PARTITIONIl semble à les voir [les prédicateurs] s'opiniâtrer à cet usage [la division en trois points], que la grâce de la conversion soit attachée à ces énormes partitions
PARURESi les femmes veulent seulement être belles à leurs propres yeux et se plaire à elles-mêmes, elles peuvent sans doute..., dans le choix des ajustements et e la parure, suivre leur goût et leurs caprices
PARURELa même parure qui a autrefois embelli a jeunesse, défigure enfin sa personne, éclaire les défauts de sa vieillesse
PARUREUne trop grande négligence, comme une excessive parure dans les vieillards, multiplient leurs rides, et font mieux voir leur caducité
PARURECes mêmes modes que les hommes suivent si volontiers pour leurs personnes, ils affectent de les négliger dans leurs portraits.... ils leur préfèrent une parure arbitraire, une draperie indifférente
PARUREL'inconstance et la légèreté des hommes, qui attachent successivement les agréments et la bienséance à des choses tout opposées, qui emploient pour le comique et pour la mascarade ce qui leur a servi de parure grave et d'ornements les plus sérieux
PASIl faisait dix pas pour aller de son lit dans la garde-robe, il n'en fait plus que neuf par la manière dont il a su tourner sa chambre
PASLe mortier et la pairie se disputent le pas
PASSERVous tenez table, vous bâtissez ; mais vous conservez par reconnaissance le portrait de votre bienfaiteur, qui a passé, à la vérité, du cabinet à l'antichambre
PASSERUne négligence pour sa personne qui passe dans l'excès
PASSERDeux années ne passent pas sur une même coterie
PASSERSi vous examinez en détail tous les apprêts des viandes qui doivent composer le festin que l'on vous prépare ; si vous regardez par quelles mains elles passent
PASSERQuelques troupes, renfermées dans un château, se sont rendues aux ennemis à discrétion et ont passé par le fil de l'épée
PASSERCelui qui s'empêche de souhaiter que son père n'y passe bientôt, est homme de bien
PASSERIl passe le vrai dans la nature ; il en fait le roman
PASSEROù trouverez-vous.... un jeune homme qui s'élève si haut en dansant et qui passe mieux la capriole (voy. CABRIOLE) ?
PASSERIls se passent les uns aux autres qu'ils sont gens à belles aventures
PASSERJ'entends corner sans cesse à mes oreilles : l'homme est un animal raisonnable ; qui vous a passé cette définition ?
PASSERQu'ils trouvent des dupes, c'est ce qui me passe
PASSERLa vie est courte et ennuyeuse ; elle se passe toute à désirer
PASSERSi l'on dit que l'homme aurait pu se passer à moins pour sa conservation
PASSIONIl n'a point de passions, il n'a ni amis ni ennemis, personne ne l'embarrasse, tout le monde lui convient
PASSIONIl arrive quelquefois qu'une femme cache à un homme toute la passion qu'elle sent pour lui, pendant que, de son côté, il feint pour elle toute celle qu'il ne sent pas
PASSIONIl semble qu'une passion vive et tendre est morne et silencieuse
PATERNEL, ELLEQue d'amis, que de parents naissent en une nuit au nouveau ministre ! les uns font valoir leurs anciennes liaisons.... les autres feuillettent leur généalogie, remontent jusqu'à un trisaïeul, rappellent le côté paternel et maternel
PATERNEL, ELLEUn homme de cour.... doit insinuer qu'il [son nom] est de tous les noms le plus illustre.... faire entrer dans toutes les conversations ses aïeux paternels et maternels....
PATHÉTIQUELes citations profanes, les froides allusions, le mauvais pathétique, les figures outrées ont fini [dans la chaire]
PATIENCESi j'épouse une femme avare, elle ne me ruinera point.... si une emportée, elle exercera ma patience
PÂTREAprès que vous y aurez mis [à un palais], Zénobie, la dernière main, quelqu'un de ces pâtres qui habitent les sables voisins de Palmyre, devenu riche par les péages de vos rivières, achètera un jour à deniers comptants cette royale maison, pour l'embellir et la rendre plus digne de lui et de sa fortune
PATRIEHomère est encore et sera toujours ; les receveurs de droits, les publicains ne sont plus ; ont-ils été ? leur patrie, leurs noms sont-ils connus ?
PATRIEIl n'y a point de patrie dans le despotique ; d'autres choses y suppléent, l'intérêt, la gloire, le service du prince
PATRIEQue me servirait, comme à tout le peuple.... que ma patrie fût puissante et formidable, si, triste et inquiet, j'y vivais dans l'oppression ?...
PATRIMOINEMoins appliqués à dissiper ou à grossir leur patrimoine qu'à le maintenir, ils [nos ancêtres] le laissaient entier à leurs héritiers
PATRON, ONNEQuel moyen de s'appeler Pierre, Jean, Jacques, comme le marchand ou le laboureur ?... qu'elle [la multitude] s'approprie les douze apôtres, leurs disciples, les premiers martyrs (telles gens, tels patrons).... pour nous autres grands, ayons retours aux noms profanes....
PÂTUREThéophile.... a voulu, veut et voudra gouverner les grands.... il veille sur tout ce qui peut servir de pâture à son esprit d'intrigue, de médiation ou de manége
PAUVREQuand on est jeune, souvent on est pauvre : ou l'on n'a pas encore fait d'acquisitions, ou les successions ne sont pas échues
PAUVRECelui-là est riche qui reçoit plus qu'il ne consume ; celui-là est pauvre dont la dépense excède la recette
PAUVRETel avec deux millions de rente pour être pauvre chaque année de cinq cent mille livres
PAUVRESi je compare.... les grands avec le peuple, ce dernier me paraît content du nécessaire, et les autres sont inquiets et pauvres avec le superflu
PAUVRES'il est vrai que l'on soit pauvre par toutes les choses que l'on désire, l'ambitieux et l'avare languissent dans une extrême pauvreté
PAUVREDans toutes les conditions, le pauvre est bien proche de l'homme de bien, et l'opulent n'est guère éloigné de la friponnerie
PAUVREOn sait que les pauvres sont chagrins de ce que tout leur manque, et que personne ne les soulage
PAUVRETÉL'occasion prochaine de la pauvreté, c'est de grandes richesses
PAUVRETÉSi la pauvreté est la mère des crimes, le défaut d'esprit en est le père
PAYERMonsieur paye le rôtisseur et le cuisinier, et c'est toujours chez madame qu'on a soupé
PAYERL'héritier prodigue paye de superbes funérailles, et dévore le reste
PAYERS'il est périlleux de tremper dans une affaire suspecte, il l'est encore davantage de s'y trouver complice d'un grand : il s'en tire, et vous laisse payer doublement, pour lui et pour vous
PAYERUn femme prude paye de maintien et de paroles ; une femme sage paye de conduite
PAYERUn honnête homme se paye par ses mains de l'application qu'il a à son devoir par le plaisir qu'il sent à le faire, et se désintéresse sur les éloges, l'estime et la reconnaissance, qui lui manquent quelquefois
PAYERIl n'y a personne de ceux qui se payent de mines et de façons de parler, qui ne sorte d'avec lui fort satisfait
PAYSLa prévention du pays, jointe à l'orgueil de la nation, nous fait oublier que la raison est de tous les climats, et que l'on pense juste partout où il y a des hommes
PÉAGEQuelqu'un de ces pâtres qui habitent les sables voisins de Palmyre, devenu riche par les péages de vos rivières, achètera un jour à deniers comptants cette royale maison
PEAUCelui qui dit froidement de soi, et sans croire blesser la modestie, qu'il est constant, fidèle, sincère, équitable, reconnaissant, n'ose dire qu'il est vif, qu'il a les dents belles et la peau douce : cela est trop beau
PÉDANTISMENe vouloir être ni conseillé ni corrigé sur son ouvrage est un pédantisme
PÉDANTISMEC'est la paresse des hommes [ne lisant pas les textes] qui a encouragé le pédantisme à grossir plutôt qu'à enrichir les bibliothèques, et à faire périr le texte sous le poids des commentaires
PEINDRECorneille peint les hommes comme ils devraient être ; Racine les peint tels qu'ils sont
PEINDRESans que mon livre.... ne s'écarte du plan que je me suis fait d'y peindre les hommes en général
PEINDRETout l'esprit d'un auteur consiste à bien définir et à bien peindre : Moïse, Homère, Platon, Virgile, Horace ne sont au-dessus des autres écrivains que par leurs expressions et par leurs images
PEINDREHasarder de certaines expressions, user de termes transposés et qui peignent vivement
PEINEQuelle horrible peine à un homme qui est sans prôneurs et sans cabale.... de se faire jour à travers l'obscurité où il se trouve, et de venir au niveau d'un fat qui est en crédit !
PEINELes hommes ont tant de peines à s'approcher sur les affaires
PEINELe poëme tragique vous serre le coeur dès son commencement, vous laisse à peine dans tout son progrès la liberté de respirer et le temps de vous remettre
PEINERL'honnête homme est celui qui s'est peiné à n'avoir que de la vertu
PEINTREIl faut avoir trente ans pour songer à sa fortune ; elle n'est pas faite à cinquante ans : l'on bâtit dans sa vieillesse, et l'on meurt quand on en est aux peintres et aux vitriers
PEINTURESi les femmes étaient telles naturellement qu'elles le deviennent par artifice, ....qu'elles eussent le visage aussi allumé et aussi plombé qu'elles se le font par le rouge et par la peinture dont elles se fardent, elles seraient inconsolables
PÈLERINAGEL'on ne voit point faire de voeux ni de pèlerinages pour obtenir d'un saint d'avoir l'esprit plus doux, l'âme plus reconnaissante....
PENCHANTL'État est sur le penchant de sa ruine
PENDANT, ANTEGiton a le teint frais, le visage plein et les joues pendantes
PÉNÉTRERComme il [un esprit raisonnable] connaît leur portée [des hommes], il n'exige point d'eux qu'ils pénètrent les corps, qu'ils volent dans l'air, qu'ils aient de l'équité
PÉNÉTREROn est prompt à connaître ses plus petits avantages, et lent à pénétrer ses défauts
PÉNÉTRERL'un [Corneille] élève, étonne, maîtrise, instruit ; l'autre [Racine] plaît, remue, touche, pénètre
PÉNIBLEIl n'y a point au monde un si pénible métier que de se faire un grand nom
PENSÉ, ÉECe qu'il y a jamais eu de mieux pensé, de mieux dit, de mieux écrit....
PENSÉEComme le choix des pensées est invention
PENSÉEEntre toutes les différentes expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n'y en a qu'une qui soit la bonne
PENSÉEPourquoi supprimer cette pensée ? elle est neuve, elle est belle, et le tour en est admirable
PENSÉEIl n'appartient qu'à elles [les femmes]... de rendre délicatement une pensée qui est délicate
PENSERNe puis-je pas penser après eux [Horace et Boileau] une chose vraie, et que d'autres encore penseront après moi ?
PENSERIls [les compilateurs] ne pensent point : ils disent ce que les auteurs ont pensé
PENSER[De deux écrivains qui ont blâmé Montaigne] l'un ne pensait pas assez pour goûter un auteur qui pense beaucoup ; l'autre pense trop subtilement pour s'accommoder des pensées qui sont naturelles
PENSERL'homme, de sa nature, pense hautement et superbement de lui-même, et ne pense ainsi que de lui-même
PENSERIl faut chercher seulement à penser et à parler juste
PENSERPensons que, comme nous soupirons présentement pour la florissante jeunesse qui n'est plus.... la caducité suivra, qui nous fera regretter l'âge viril....
PENSERUn homme de coeur pense à remplir ses devoirs, à peu près comme le couvreur pense à couvrir : ni l'un ni l'autre ne cherchent à exposer leur vie, ni ne sont détournés par le péril
PENSIONIl donne pension à un homme qui n'a point d'autre ministère que de siffler des serins au flageolet, et de faire couver des canaries
PENTEQuelqu'un suivant la pente de la coutume qui veut qu'on loue
PENTEAvec toute la pente qu'on a aux malignes interprétations
PÉNULTIÈMELe commun des hommes aime les phrases et les périodes, admire ce qu'il n'entend pas, se suppose instruit, content de décider entre un premier et un second point, ou entre le dernier sermon et le pénultième
PERÇANT, ANTEAristote disait de Théophraste qu'il avait l'esprit si vif, si perçant, si pénétrant, qu'il comprenait d'abord d'une chose tout ce qui en pouvait être connu
PERCERLe premier.... se perça le sein à ses pieds
PERCHERIl [un amateur d'oiseaux] retrouve des oiseaux dans son sommeil, lui-même il est oiseau, il est huppé, il gazouille, il perche
PERDRELa neutralité entre des femmes qui nous sont également amies, quoiqu'elles aient rompu pour des intérêts où nous n'avons nulle part, est un point difficile ; il faut choisir souvent entre elles, ou les perdre toutes deux
PERDREOn lui perd tout, on lui égare tout
PERDRESi l'on joue, il gagne au jeu : il veut railler celui qui perd, et il l'offense
PERDRELes jours, les mois, les années s'enfoncent, et se perdent sans retour dans l'abîme des temps
PERDREElles se perdaient gaiement par la galanterie, la bonne chère et par l'oisiveté ; et elles se perdent tristement par la présomption et par l'envie
PÈREQuel étonnement pour tous ceux qui se sont fait une idée des Pères si éloignée de la vérité, s'ils voyaient dans leurs ouvrages plus de tour et de délicatesse, plus de politesse et d'esprit, plus de richesse d'expression et plus de force de raisonnement, des traits plus vifs, et des grâces plus naturelles que l'on en remarque dans la plupart des livres de ce temps !
PÈREUn défenseur de la religion, une lumière de l'Église, parlons d'avance le langage de la postérité, un Père de l'Église [Bossuet]
PERFECTIONRonsard et les auteurs ses contemporains ont plus nui au style qu'ils ne lui ont servi ; ils l'ont retardé dans le chemin de la perfection
PERFECTIONIls [les stoïciens] lui ont tracé [à l'homme] l'idée d'une perfection et d'un héroïsme dont il n'est point capable
PERFIDEUne femme infidèle, si elle est connue pour telle de la personne intéressée, n'est qu'infidèle ; s'il la croit fidèle, elle est perfide
PERFIDIELa perfidie, si j'ose le dire, est un mensonge de toute la personne
PERFIDIEOn tire ce bien de la perfidie des femmes, qu'elle guérit de la jalousie
PÉRILLe bon esprit nous découvre notre devoir, notre engagement à le faire, et, s'il y a du péril, avec péril
PÉRILL'indifférence qu'elle [une belle fille] conservait pour tous les hommes, qu'elle voyait, disait-elle, sans aucun péril
PÉRILUne belle femme est aimable dans son naturel ; elle ne perd rien à être négligée.... il y aurait moins de péril à la voir avec tout l'attirail de l'ajustement et de la mode
PÉRILCelui qui a la mémoire fidèle et une grande prévoyance est hors du péril de censurer dans les autres ce qu'il a peut-être fait lui-même
PÉRILLEUX, EUSES'il est périlleux de tremper dans une affaire suspecte, il l'est encore davantage de s'y trouver complice d'un grand
PÉRILLEUX, EUSELa sagesse pallie les défauts des corps, ennoblit l'esprit, ne rend la jeunesse que plus piquante et la beauté que plus périlleuse
PÉRIODEIls [des esprits trop vifs] conçoivent une période par le mot qui la commence, et, par une période, tout un chapitre
PÉRIODELe commun des hommes aime les phrases et les périodes
PERMETTREElle ne leur permet rien de ce qui passe l'amitié
PERMETTREElle convient qu'il n'est pas permis à un certain âge de faire la jeune
PERNICIEUX, EUSE[Le diplomate] muni de pouvoirs particuliers qu'il ne découvre jamais qu'à l'extrémité et dans les moments où il lui serait pernicieux de ne les pas mettre en usage
PERSÉCUTERS'il arrive que les méchants vous haïssent et vous persécutent
PERSÉVÉRANCELa plupart des hommes, pour arriver à leurs fins, sont plus capables d'un grand effort que d'une longue persévérance
PERSÉVÉRERIls [les hommes] souffrent beaucoup à être toujours les mêmes, à persévérer dans la règle ou dans le désordre
PERSISTERIls ont la parole, président un cercle, et persistent dans cette hauteur ridicule et contrefaite....
PERSISTERS'en éloignera-t-on [de la cour] avant d'en avoir tiré le moindre fruit, ou persistera-t-on à y demeurer sans grâces et sans récompense ?
PERSONNAGEJe ne sors pas d'admiration et d'étonnement à la vue de certains personnages que je ne nomme point
PERSONNAGELe peuple a souvent le plaisir de la tragédie : il voit périr sur le théâtre du monde les personnages les plus odieux
PERSONNAGEIl est encore fort délicat d'en soutenir longtemps le personnage [d'un bon plaisant]
PERSONNAGEIl a dessein d'élever auprès de soi un fils naturel, sous le nom et le personnage d'un valet
PERSONNEC'est une expérience faite, que, s'il se trouve dix personnes qui effacent d'un livre une expression ou un sentiment, l'on en fournit aisément pareil nombre qui les réclame
PERSONNEEt c'est là encore où gît la gloire, elle aime le remue-ménage, et elle est personne d'un grand fracas
PERSONNEQuelques jeunes personnes ne connaissent point assez les avantages d'une heureuse nature
PERSONNEEnvoyez-moi cet habit et ces bijoux de Philémon, et je vous quitte de la personne
PERSONNEL'on juge, en le voyant, qu'il n'est occupé que de sa personne....
PERSONNEIl ne daigne pas attendre personne
PERSUASIONRien ne ressemble plus à la vive persuasion que le mauvais entêtement
PERTEIl n'y a qu'une affliction qui dure, qui est celle de la perte des biens
PERTEQui peut, avec les plus rares talents et le plus excellent mérite, n'être pas convaincu de son inutilité, quand il considère qu'il laisse, en mourant, un monde qui ne se sent pas de sa perte, et où tant de gens se trouvent pour le remplacer ?
PERTEUn jeu effroyable, continuel.... où l'on est transporté du désir du gain, désespéré sur la perte....
PERTEIl y a des hommes qui sont mal logés.... plus mal nourris.... et qui ont ainsi trouvé le secret d'aller à leur perte par le chemin le plus pénible : ce sont les avares
PESANT, ANTEElle [Irène] lui demande [à Esculape] pourquoi elle devient pesante
PESERL'un et l'autre [le héros et le grand homme] mis ensemble ne pèsent pas un homme de bien
PESERIl croit peser à ceux à qui il parle
PÉTILLEREntend-elle un carrosse, elle pétille de goût pour quiconque est dedans
PETIT, ITEAux enfants tout paraît grand, les cours, les jardins, les édifices, les meubles, les hommes, les animaux ; aux hommes les choses du monde paraissent ainsi, et j'ose dire par la même raison, parce qu'ils sont petits
PETIT, ITETel, connu dans le monde par de grands talents, honoré et chéri partout où il se trouve, est petit dans son domestique et aux yeux de ses proches, qu'il n'a pu réduire à l'estimer
PETIT, ITELes grands sont entourés, salués, respectés ; les petits entourent, saluent, se prosternent, et tous sont contents
PETIT, ITELes petits sont quelquefois chargés de mille vertus inutiles, ils n'ont pas de quoi les mettre en oeuvre
PETITESSEL'on exigerait de certains personnages ....qu'ils ne tombassent point dans des petitesses indignes de la haute réputation qu'ils avaient acquise
PÉTRI, IEIls sont comme pétris de phrases et de petits tours d'expressions, concertés dans leur geste et dans tout leur maintien ; ils sont puristes
PÉTRI, IEIl y a des âmes sales, pétries de boue et d'ordure, éprises du gain et de l'intérêt, comme les belles âmes le sont de la gloire et de la vertu
PEUIl y a peu de familles dans le monde qui ne touchent aux plus grands princes par une extrémité et, par l'autre, au simple peuple
PEUDe me nourrir de viandes saines, et de les acheter peu
PEUPLELe peuple appelle éloquence la facilité que quelques-uns ont de parler seuls et longtemps
PEUPLEIl y a le peuple qui est opposé aux grands, c'est la populace et la multitude ; il y a le peuple qui est opposé aux sages, aux habiles, aux vertueux, ce sont les grands comme les petits
PEUPLEC'est déjà trop d'avoir avec le peuple une même religion et un même Dieu ; quel moyen encore de s'appeler Pierre, Jean, comme le marchand ou le laboureur ?
PEUPLEIl [un grand] s'enivre de meilleur vin que l'homme du peuple ; seule différence que la crapule laisse.... entre le seigneur et l'estafier
PEUPLELe peuple n'a guère d'esprit, et les grands n'ont point d'âme... faut-il opter ? je ne balance pas, je veux être peuple
PEUPLERLes marâtres font déserter les villes et les bourgades, et ne peuplent pas moins la terre de mendiants, de vagabonds, de domestiques et d'esclaves, que la pauvreté
PEURIl faut rire avant que d'être heureux, de peur de mourir sans avoir ri
PHÉBUSUne chose vous manque, Acis, à vous et à vos semblables, les diseurs de phébus ; vous ne vous en défiez point ; et je vais vous jeter dans l'étonnement ; une chose vous manque, c'est l'esprit
PHÉNIXLe phénix de la poésie chantante [Quinault]
PHILOSOPHELe philosophe consume sa vie à observer les hommes, et il use ses esprits à en démêler les vices et le ridicule
PHILOSOPHEIl est bon d'être philosophe, il n'est guère utile de passer pour tel
PHILOSOPHIEIl y a une philosophie qui nous élève au-dessus de l'ambition et de la fortune
PHRASEL'on écrit régulièrement depuis vingt années : l'on est esclave de la construction ; l'on a enrichi la langue de nouveaux mots, secoué le joug du latinisme et réduit le style à la phrase purement française
PHRASEIl y a un certain nombre de phrases toutes faites que l'on prend comme dans un magasin, et dont on se sert pour se féliciter les uns les autres sur les événements
PHYSIONOMIELa physionomie n'est pas une règle donnée pour juger des hommes ; elle nous peut servir de conjecture
PIÈCE[Une arme de luxe] c'est une pièce de cabinet, que l'on montre aux curieux, qui n'est pas d'usage, qui ne sert ni à la guerre, ni à la chasse
PIÈCEPetits hommes, hauts de six pieds, tout au plus de sept, qui vous enfermez aux foires comme des géants et comme des pièces rares dont il faut acheter la vue
PIÈCEUn bon plaisant est une pièce rare
PIÈCEQuelle est la roture un peu heureuse et établie à qui il manque des armes, et dans ces armes une pièce honorable, des suppôts, un cimier, une devise, et peut-être le cri de guerre ?
PIÈCESi l'on ne le voyait de ses yeux, pourrait-on jamais s'imaginer l'étrange disproportion que le plus ou le moins de pièces de monnaie met entre les hommes ?
PIÈCEVous avez une pièce d'argent, ou même une pièce d'or ; ce n'est pas assez ; c'est le nombre qui opère
PIÈCENe pouvoir supporter tous les mauvais caractères dont le monde est plein, n'est pas un fort bon caractère ; il faut, dans le commerce, des pièces d'or et de la monnaie
PIÈCELa vie de la cour est un jeu sérieux, mélancolique, qui applique : il faut arranger ses pièces et ses batteries
PIÈCEL'on est plus occupé aux pièces de Corneille ; l'on est plus ébranlé et plus attendri à celles de Racine
PIÈCEUn Pamphile est plein de lui-même.... ne sort point de l'idée de sa grandeur, de ses alliances, de sa charge, de sa dignité : il ramasse, pour ainsi dire, toutes ses pièces, s'en enveloppe pour se faire valoir
PIÈCELes hommes devraient employer les premières années de leur vie à devenir tels, par leurs études et par leur travail, que la république elle-même eût besoin de leur industrie et de leurs lumières, qu'ils fussent comme une pièce nécessaire à tout son édifice....
PIEDVoudriez-vous le sauteur Cobus, qui, jetant ses pieds en avant, tourne une fois en l'air avant que de tomber à terre ?
PIEDIl y a des hommes nés inaccessibles .... ils ne sont jamais que sur un pied
PIEDIl y avait même plusieurs magistrats qui allaient à pied à la chambre ou aux enquêtes, d'aussi bonne grâce qu'Auguste autrefois allait de son pied au Capitole
PIEDPetits hommes, haut de six pieds, tout au plus de sept.... espèce d'animaux glorieux et superbes qui méprisez toute autre espèce....
PIEDLe comédien couché dans son carrosse jette de la boue au visage de Corneille, qui est à pied
PIEUX, EUSEC'est une chose délicate à un prince religieux de réformer la cour et de la rendre pieuse
PIONSouvent avec des pions qu'on ménage bien, on va à dame, et l'on gagne la partie
PIQUANT, ANTEParler et offenser, pour de certaines gens, est précisément la même chose ; ils sont piquants et amers
PIQUANT, ANTELa sagesse pallie les défauts du corps, ennoblit l'esprit, ne rend la jeunesse que plus piquante, et la beauté que plus périlleuse
PIQUEVous avez déjà, en animaux raisonnables et pour vous distinguer de ceux qui ne se servent que de leurs dents et de leurs ongles, imaginé les lances, les piques, les dards, les sabres et les cimeterres
PIQUEL'esprit de pique et de jalousie prévaut
PIREIls [les hommes] seraient peut-être pires, s'ils venaient à manquer de censeurs ou de critiques
PIREIls prennent de la cour ce qu'elle a de pire, il s'approprient la vanité, la mollesse, l'intempérance, le libertinage, comme si tous ces vices leur étaient dus
PIROUETTERSi elle [la boule] ne roule plus sur son axe, mais qu'elle tournoie et qu'elle pirouette
PISIl ne m'en sera jamais ni pis ni mieux
PITOYABLEEst-il moins dans la nature de s'attendrir sur le pitoyable que d'éclater sur le ridicule ?
PIVOTLa sage conduite roule sur deux pivots, le passé et l'avenir
PLACEAristarque se transporte dans la place avec un héraut et un trompette ; celui-ci commence, toute la multitude accourt et se rassemble
PLACEIl se met le premier à table et dans la première place
PLACEIl [Giton, le riche] occupe à table et à la promenade plus de place qu'un autre
PLACEIl [Phédon, le pauvre] n'occupe point de lieu, il ne tient point de place, il va les épaules serrées
PLACEDorus passe en litière par la voie Appienne, précédé de ses affranchis et de ses esclaves, qui détournent le peuple et font faire place
PLACEQue la compassion soit un retour vers nous-mêmes qui nous mette en la place des malheureux
PLACELes belles choses le sont moins hors de leur place
PLACEL'on se présente pour les charges de ville, l'on postule une place dans l'Académie française
PLACEAprès vingt ans entiers qu'on me débite dans la place [qu'on vend mes ouvrages]
PLACERElles [les femmes] sont heureuses dans le choix des termes qu'elles placent si juste, que, tout connus qu'ils sont, ils ont le charme de la nouveauté
PLACERIl y perd son maintien, ne trouve pas où placer un seul mot, et n'a pas même de quoi écouter
PLACERQuelque grande difficulté qu'il y ait à se placer à la cour, il est encore plus âpre et plus difficile de se rendre digne d'être placé
PLACERIl y a même des stupides et, j'ose dire, des imbéciles qui se placent dans de beaux postes, et qui savent mourir dans l'opulence
PLACERL'une des deux, pour se tirer d'une extrême misère, cherche à se placer ; elle entre au service d'une fort grande dame....
PLAIDERL'on n'entend.... que des mots d'exploit, de saisie, d'interrogatoire, de promesse, et de plaider contre sa promesse
PLAIDERQuand on a ainsi distingué l'éloquence du barreau de la fonction de l'avocat, et l'éloquence de la chaire du ministère du prédicateur, on croit voir qu'il est plus aisé de prêcher que de plaider, et plus difficile de bien prêcher que de bien plaider
PLAIDEROrante plaide depuis dix ans entiers en règlement de juges une affaire juste, capitale, et où il y va de toute sa fortune : elle saura peut-être dans cinq années quels seront ses juges, et dans quel tribunal elle doit plaider le reste de sa vie
PLAIDOYERIl [l'avocat] prononce de graves plaidoyers devant des juges qui peuvent lui imposer silence, et contre des adversaires qui l'interrompent
PLAIEPetits hommes.... vous voilà munis d'instruments commodes [armes] qui vous servent à vous faire réciproquement de larges plaies
PLAIECeux-ci, avec de longs services, bien des plaies sur le corps...
PLAINDRETous sont contents d'eux-mêmes et de leur esprit, et l'on ne veut pas dire qu'ils en soient entièrement dénués ; mais on les plaint de ce peu qu'ils en ont, et, ce qui est pire, on en souffre
PLAINDREIl ne lui manque aucune de ces curieuses bagatelles que l'on porte sur soi ; et il ne se plaint non plus toute sorte de parure qu'un jeune homme qui a épousé une riche vieille
PLAINDREIl est souvent plus utile de quitter les grands que de s'en plaindre
PLAIREUne femme coquette ne se rend pas sur la passion de plaire
PLAIRESi les femmes veulent seulement être belles à leurs yeux, et se plaire à elles-mêmes, elles peuvent sans doute, dans le choix des ajustements et de la parure, suivre leur goût et leurs caprices
PLAIRELes femmes ne se plaisent pas les unes aux autres par les mêmes agréments qu'elles plaisent aux hommes
PLAISANT, ANTEIl est bonhomme, il est plaisant homme, et il est excellent homme
PLAISANT, ANTEL'on marche sur les mauvais plaisants, et il pleut par tout pays de cette sorte d'insectes : un bon plaisant est une pièce rare ; à un homme qui est né tel, il est encore fort délicat d'en soutenir longtemps le personnage ; il n'est pas ordinaire que celui qui fait rire se fasse estimer
PLAISANTERIEIl ne faut jamais hasarder la plaisanterie même la plus douce et la plus permise qu'avec des gens polis ou qui ont de l'esprit
PLAISIRLe plaisir le plus délicat est de faire celui d'autrui
PLANTÉ, ÉEVous le voyez [l'amateur de fleurs] planté et qui a pris racine au milieu de ses tulipes
PLANTERIl plante un jeunne bois, et il espère qu'en moins de vingt années il lui donnera un beau couvert
PLAT, ATEIci sont des compartiments mêlés d'eaux plates et d'eaux jaillissantes
PLATOn a inventé aux tables une grande cuiller pour la commodité du service : il la prend, la plonge dans le plat
PLATIl se souvient exactement de quels plats on a relevé le premier service
PLAUSIBLELa première [la prude] cache des faibles sous de plausibles dehors ; la seconde [la femme sage] couvre un riche fond sous un air libre et naturel
PLEIN, EINERonsard, si plein de verve et d'enthousiasme
PLEIN, EINELes grands seigneurs sont pleins d'égards pour les princes
PLEIN, EINEUn homme si plein de ses intérêts et si ennemi des vôtres
PLEIN, EINEGiton a le teint frais, le visage plein
PLEIN, EINEMalherbe.... d'un style plein et uniforme
PLEUREROn n'a pas dans le coeur de quoi toujours pleurer
PLEURERLes enfants rient et pleurent facilement
PLEURERD'où vient que l'on rit librement au théâtre, et que l'on a honte d'y pleurer ?
PLEURERIl pleure d'un oeil et il rit de l'autre
PLEURERIl perd son fils unique.... il remet sur d'autres le soin de le pleurer, il dit : Mon fils est mort, cela fera mourir sa mère
PLIANT, ANTEL'on désirerait de ceux qui ont un bon coeur, qu'ils fussent toujours pliants, faciles, complaisants
PLIERIl n'y a ni poste, ni crédit, ni richesses, ni titres, ni autorité, ni faveur qui aient pu vous plier à faire ce choix [choisir la Bruyère]
PLIERContemplez-le [un heureux] dans le jour même où il a été nommé à un nouveau poste... voyez... comme il plie sous le poids de son bonheur
PLIERCes gens lisent toutes les histoires, et ignorent l'histoire... ils plient sous le faix, leur mémoire en est accablée
PLIERDans la société, c'est la raison qui plie la première ; les plus sages sont souvent menés par le plus fou et le plus bizarre
PLIERVous dites qu'il faut être modeste... faites seulement que les hommes n'empiètent pas sur ceux qui cèdent par modestie, et ne brisent pas ceux qui plient
PLIERUn homme d'esprit qui saurait se tourner et se plier en mille manières agréables et réjouissantes
PLONGERC'est lui [le distrait] qui entre dans une église, et, prenant l'aveugle qui est collé à la porte pour un pilier et sa tasse pour le bénitier, y plonge sa main...
PLUMAGEMénippe est l'oiseau paré de divers plumages qui ne sont pas à lui
PLUMEVenez dans la solitude de mon cabinet.... vous me trouverez la plume à la main pour calculer les distances de Saturne et de Jupiter
PLUMEL'autre [Théophile], sans choix, sans exactitude, d'une plume libre et inégale....
PLUMEElles [les femmes] trouvent sous leur plume des tours et des expressions....
PLUPART (LA)La plupart des femmes n'ont guère de principes ; elles se conduisent par le coeur
PLUSQuand je vois de certaines gens qui me prévenaient autrefois par leurs civilités, attendre que je les salue et en être avec moi sur le plus ou sur le moins
PLUSIls ne peuvent au plus qu'être les premiers d'une seconde classe
PLUSLes vieillards sont ceux dont le sommeil a été plus long
PLUSIEURSUne femme est aisée à gouverner, pourvu que ce soit un homme qui s'en donne la peine ; un seul même en gouverne plusieurs
PLUSIEURSPlusieurs pensent que.... Cet homme qui a fait la fortune de plusieurs... n'a pu soutenir la sienne
PLUTÔTCeux qui nuisent à la réputation ou à la fortune des autres plutôt que de perdre un bon mot, méritent une peine infamante
PLUTÔTMais il est évident que, du moment qu'on établit entre plutôt et plus tôt une distinction, qui d'ailleurs était fort peu nécessaire, il faut écrire dans les exemples ci-dessus : il n'eut pas plus tôt dit, il n'eut pas plus tôt fait... Ils sont plus tôt des hommes parfaits que le commun des hommes ne sort de l'enfance
POIDSIl [le marchand] a un trébuchet, afin que celui à qui il l'a livrée [sa marchandise], la lui paye en or qui soit de poids
POINTUn pasteur frais et en parfaite santé, en linge fin et en point de Venise, a sa place dans l'oeuvre après les pourpres et les fourrures ; il y achève sa digestion
POINTVous serez convaincu d'abord d'une certaine vérité, et c'est leur premier point ; d'une autre vérité, et c'est leur second point ; et puis d'une troisième vérité, c'est leur troisième point
POINTLe solide et l'admirable discours que celui qu'on vient d'entendre ! les points de religion les plus essentiels, comme les plus puissants motifs de conversion, y ont été traités
POINTSe trouvant sur le bord de la mer, sur le point qu'un homme est près de partir
POINTELe premier [l'homme de coeur] n'est guère plus vain d'avoir paru à la tranchée.... que celui-ci [le couvreur] d'avoir monté sur de hauts combles ou sur la pointe d'un clocher
POLI, IELa cour est comme un édifice bâti de marbre, je veux dire qu'elle est composée d'hommes fort durs, mais fort polis
POLI, IELes manières polies donnent cours au mérite et le rendent agréable
POLISSUREL'arme est d'une polissure admirable
POLITESSEIl faut très peu de fond pour la politesse dans les manières ; il en faut beaucoup pour celle de l'esprit
POLITESSELa politesse n'inspire pas toujours la bonté, l'équité, la complaisance, la gratitude ; elle en donne du moins les apparences, et fait paraître l'homme au dehors comme il devrait être intérieurement
POLITESSEIl me semble que l'esprit de politesse est une certaine attention à faire que, par nos paroles et nos manières, les autres soient contents de nous et d'eux-mêmes
POLITESSEIl est vrai que les manières polies donnent cours au mérite, et le rendent agréable, et qu'il faut avoir de bien éminentes qualités pour se soutenir sans la politesse
POLITIQUEIl est politique, mystérieux sur les affaires du temps
POLITIQUEIl ne faut ni art ni science pour exercer la tyrannie ; et la politique qui ne consiste qu'à répandre le sang est fort bornée et de nul raffinement
POMPEUSEMENTQuel supplice que celui d'entendre déclamer pompeusement un froid discours !
PONCTUALITÉIl se promène avec des femmes à la plaine ou au cours, et il est d'une ponctualité religieuse sur ses visites
POPULAIRELes enfants commencent entre eux par l'état populaire : chacun y est le maître
POPULAIRELa véritable grandeur est libre, douce, familière, populaire
PORTERIls portent au vent, attelés tous deux au char de la fortune, et tous deux fort éloignés de s'y voir assis
PORTERCe palais achevé, et dans cette splendeur où vous désirez de le porter avant de l'habiter
PORTERS'ils n'ont pas plus d'esprit que ne porte leur condition
PORTERJusques où les hommes ne se portent-ils point par l'intérêt de la religion, dont ils sont si peu persuadés, et qu'ils pratiquent si mal ?
PORTIQUESa demeure est superbe, un dorique règne dans tous ses dehors ; ce n'est pas une porte, c'est un portique
PORTRAITTel parle d'un autre, en fait un portrait affreux, qui ne voit pas qu'il se peint lui-même
POSSESSOIRESi les hommes sont hommes.... s'ils sont équitables.... que devient le pétitoire et le possessoire, et tout ce qu'on appelle jurisprudence ?
POSTEIl y a même des stupides, et j'ose dire des imbéciles, qui se placent en de beaux postes
POSTELes postes éminents rendent les grands hommes encore plus grands, et les petits beaucoup plus petits
POSTEJe crois pouvoir dire d'un poste éminent et délicat, qu'on y monte plus aisément qu'on ne s'y conserve
POSTULERL'on se présente pour les charges de ville, l'on postule une place dans l'Académie française, l'on demandait le consulat
POUDREContre le vent, la poudre et la soleil
POURSi Onuphre est nommé arbitre dans une querelle de parents ou dans un procès de famille, il est pour les riches
POURPREIl a sa place dans l'oeuvre [à l'église] après les pourpres et les fourrures
POURVOIRJe découvre sur la terre un homme avide, insatiable, inexorable, qui veut, aux dépens de tout ce qui se trouvera sur son chemin et à sa rencontre, et quoi qu'il en puisse coûter aux autres, pourvoir à lui seul, grossir sa fortune et regorger de biens
POUSSERFamille auguste mais malheureuse que la piété et la religion avaient poussée jusqu'aux dernières épreuves de l'adversité
POUVOIRL'on peut s'enrichir dans quelque art, ou dans quelque commerce que ce soit, par l'ostentation d'une certaine probité
POUVOIRIl peut haïr les hommes en général, où il y a si peu de vertu ; mais il excuse les particuliers.... et il s'étudie à mériter le moins qu'il se peut une pareille indulgence
POUVOIRElle [la véritable grandeur] s'abandonne quelquefois, se néglige, se relâche de ses avantages, toujours en pouvoir de les reprendre et de les faire valoir
PRATICABLEHermippe est l'esclave de ce qu'il appelle ses petites commodités.... il les cherche en toutes choses, il quitte une moindre pour une plus grande, il ne néglige aucune de celles qui sont praticables
PRATICIENIl y avait entre eux des distinctions extérieures qui empêchaient qu'on ne prît la femme du praticien pour celle du magistrat
PRATICIENJe l'attends à cette petite formalité, s'il l'oublie.... il perd sa somme, ou il est incontestablement déchu de son droit.... voilà ce que j'appelle une conscience de praticien
PRATIQUELa règle de voir de plus grands que soi doit avoir ses restrictions ; il faut quelquefois d'étranges talents pour la réduire en pratique
PRATIQUEL'utile et la louable pratique de perdre en frais de noces le tiers de la dot !
PRATIQUEUn magistrat allait par son mérite à la première dignité ; il était homme délié et pratic dans les affaires
PRÉCAUTIONNÉ, ÉEIl [un homme d'esprit] ne pense pas que personne veuille lui en dresser [des embûches], et le choisir pour être sa dupe ; cette confiance le rend moins précautionné
PRÊCHERUn homme dit en son coeur : je prêcherai, il prêche : le voilà en chaire sans autre talent ni vocation que le besoin d'un bénéfice
PRÊCHERSi quelquefois on pleure, si on est ému [à un sermon].... c'est la matière qui se prêche elle-même, et notre intérêt le plus capital qui se fait sentir
PRÉCIEUX, EUSEC'est, en un mot, un composé du pédant et du précieux, fait pour être admiré de la bourgeoisie et de la province
PRÉCIPITÉ, ÉEGens un peu entreprenants, légers et précipités
PRÉCIPITERLes femmes du pays précipitent le déclin de leur beauté par des artifices qu'elles croient servir à les rendre belles
PRÉCIPITERSerait-on reçu à dire qu'on ne peut se passer de voler, d'assassiner, de se précipiter ?
PRÉCOCEIl manque à quelques-uns jusqu'aux aliments.... l'on mange ailleurs des fruits précoces, l'on force la terre et les saisons pour fournir a sa délicatesse
PRÉFÉRERJe préférerais de prononcer le discours funèbre de celui à qui je succède, plutôt que de me borner à un simple éloge de son esprit
PRÉLATUREIl avait enfin pris son parti et renoncé à la prélature, lorsque quelqu'un accourt lui dire qu'il est nommé à un évêché
PREMIER, IÈREIl se met le premier à table et à la première place
PRENDREIl le prend par la main, le fait descendre avec lui
PRENDREOn a inventé aux tables une grande cuiller pour la commodité du service : il la prend, la plonge dans le plat
PRENDREL'évêque de***.... dont, avant de prendre congé de lui, il a ramassé la pantoufle, comme l'un de ses gants
PRENDREFaut-il de si grands talents et une si bonne tête à un voyageur pour suivre d'abord le grand chemin, et, s'il est plein et embarrassé, prendre la terre, et aller à travers champs ?
PRENDREC'est lui [le distrait] encore qui entre dans une église, et, prenant l'aveugle qui est collé à la porte pour un pilier et sa tasse pour le bénitier, y plonge sa main
PRENDREIl a affaire à un fâcheux, à un homme oisif qui se retirera à la fin, il l'espère, et il prend patience
PRÈSIl est si prodigieusement flatté dans toutes les peintures que l'on fait de lui, qu'il paraît difforme près de ses portraits
PRÉSENT, ENTEIl n'est ni présent ni attentif dans une compagnie à ce qui fait le sujet de la conversation
PRÉSENT, ENTEUne mémoire heureuse et très présente
PRÉSENT, ENTEPour délasser l'esprit, pour le rendre plus présent et plus attentif à ce qui va suivre
PRÉSENT, ENTEIl faut l'avouer, le présent est pour les riches, et l'avenir pour les vertueux et les habiles
PRÉSENTERL'on se présente pour les charges de ville, l'on postule une place dans l'Académie française
PRESIDERLe simple officier se fait magistrat, et le magistrat veut présider
PRÉSOMPTIONIl n'y a que de l'avantage pour celui qui parle peu : la présomption est qu'il a de l'esprit
PRESQUEPersonne presque, ....n'est en état de se livrer au plaisir que donne la perfection d'un ouvrage
PRESSERPressez-les, tordez-les, ils dégouttent l'orgueil, l'arrogance, la présomption
PRESSEROn se nourrit des anciens et des habiles modernes ; on les presse, on en tire le plus qu'on peut, on en renfle ses ouvrages
PRESTIGEC'est lui qui, dans ces lieux où l'on voit des prestiges, s'ingère de recueillir l'argent de chacun des spectateurs
PRESTIGEQui annoncera un concert, un beau salut, un prestige de la foire ?
PRÉVALOIRL'esprit de pique et de jalousie prévaut chez eux à l'intérêt de l'honneur....
PRÉVENIRUn homme sujet à se laisser prévenir, s'il ose remplir une dignité ou séculière ou ecclésiastique, est un aveugle qui vent peindre, un muet qui s'est chargé d'une harangue, ou un sourd qui juge d'une symphonie
PRÉVENIRDeux choses toutes contraires nous préviennent également, l'habitude et la nouveauté
PRIE-DIEUIl s'avance dans la nef, il croit voir un prie Dieu, il, se jette lourdement dessus
PRIEROn a dit de quelques-uns qu'ils se faisaient si longtemps prier, qu'ils donnaient si sèchement et chargeaient une grâce qu'on leur arrachait de conditions si désagréables....
PRIERComme il a faim et que la nuit est déjà avancée, il la prie à souper
PRIERS'il est prié d'un repas
PRIMATOn dit communément : après un tel, qui sera chancelier ? qui sera primat des Gaules ? qui sera pape ?
PRIMATIEQuelques-uns, pour étendre leur renommée, entassent sur leurs personnes des pairies, des colliers d'ordre, des primaties, la pourpre
PRIMEIl ne joue ni à grande ni à petite prime
PRIMEROn ne prime point avec les grands : ils se défendent par leur grandeur ; ni avec les petits : ils vous repoussent par le qui-vive
PRINCELes aises de la vie, l'abondance, le calme d'une grande prospérité font que les princes ont de la joie de reste pour rire d'un nain, d'un singe, d'un imbécile et d'un mauvais conte
PRINCELes princes ressemblent aux hommes : ils songent à eux-mêmes, suivent leur goût, leurs passions, leur commodité, cela est naturel
PRINCELe troupeau est-il fait pour le berger, ou le berger pour le troupeau ? image naïve des peuples et du prince qui les gouverne, s'il est bon prince
PRINCIPELa plupart des femmes n'ont guère de principes ; elles se conduisent par le coeur, et dépendent, pour leurs moeurs, de ceux qu'elles aiment
PRISETel abandonne son père qui est connu, et dont on cite le greffe ou la boutique, pour se retrancher sur son aïeul, qui, mort depuis longtemps, est inconnu et hors de prise
PRIVERIl y a des hommes.... qui se privent eux-mêmes de la société des hommes, et passent leurs jours dans la solitude
PRIVERIl ne faut ni vigueur, ni jeunesse, ni santé pour être avare.... il faut laisser seulement son bien dans ses coffres et se priver de tout
PRIVILÉGEIl n'y a rien à perdre à être noble : franchises, immunités, exemptions, priviléges, que manque-t-il à ceux qui ont un titre ?
PRIXLes huit ou les dix mille hommes sont au souverain comme une monnaie dont il achète une place ou une victoire : s'il fait qu'il lui en coûte moins, s'il épargne les hommes, il ressemble à celui qui marchande, et qui connaît mieux qu'un autre le prix de l'argent
PROBITÉCelui qui dit incessamment qu'il a de l'honneur et de la probité, qu'il ne nuit à personne, qu'il consent que le mal qu'il fait aux autres lui arrive, et qui jure pour le faire croire, ne sait pas même contrefaire l'homme de bien
PROCÉDÉC'est une vengeance douce à un homme de faire, par tout son procédé, d'une personne ingrate, une très ingrate
PROCHELe caprice est dans les femmes tout proche de la beauté pour être son contre-poison
PROCHETraduire selon le sens plus proche de la diction grecque
PROCHERendre l'homme raisonnable et plus proche de devenir chrétien
PROCHEPlus proche de sortir de la vie que de....
PROCHETriste condition de l'homme et qui dégoûte de la vie : il faut suer, veiller, fléchir, dépendre pour avoir un peu de fortune, ou la devoir à l'agonie de nos proches
PRODIGEUn homme du peuple, à force d'assurer qu'il a vu un prodige, se persuade faussement qu'il a vu un prodige
PRODIGIEUSEMENT[Dans la chaire] On parlait latin, et longtemps, devant des femmes et des marguilliers ; on a parlé grec : il fallait savoir prodigieusement pour prêcher si mal
PRODUCTIONIl y a des esprits, si j'ose le dire, inférieurs et subalternes qui ne semblent faits que pour être le recueil, le registre ou le magasin de toutes les productions des autres génies
PROFONDEURIls [certains hommes] n'ont pas, si j'ose le dire, deux pouces de profondeur ; si vous les enfoncez, vous rencontrez le tuf
PROGRÈSLe poëme tragique vous serre le coeur dès son commencement, vous laisse à peine dans tout son progrès la liberté de respirer, et le temps de vous remettre
PROJETIl y a des projets d'un si grand éclat et d'une conséquence si vaste.... que toute la gloire et toute la fortune d'un homme y sont commises
PROJETJe traiterai ensuite des autres passions suivant le projet que j'en ai fait
PROMENOIRL'on entendra parler d'une capitale d'un grand royaume [Paris], où il n'y avait ni places publiques, ni bains, ni fontaines, ni amphithéâtres, ni galeries, ni portiques, ni promenoirs, qui était pourtant une ville merveilleuse
PROMETTREIl a un ami qui n'a pas d'autre fonction sur la terre que de le promettre longtemps à un certain monde, et de le présenter enfin dans les maisons comme homme rare et d'une exquise conversation
PROMETTREQui peut se promettre d'éviter, dans la société des hommes, la rencontre de certains esprits vains, légers...
PRÔNEURQuelle horrible peine à un homme qui est sans prôneurs et sans cabale.... de se faire jour à travers l'obscurité où il se trouve, et de venir au niveau d'un fat qui est en crédit !
PRONONCERQuel supplice que celui d'entendre déclamer pompeusement un froid discours, ou prononcer de médiocres vers avec toute l'emphase d'un mauvais poëte !
PRONONCERSi... il prononce d'un mets qu'il est friand, le maître et les conviés, qui en mangeaient sans réflexion, le trouvent friand
PRONONCIATIONIls [mes ennemis] partirent pour la cour le lendemain de la prononciation de ma harangue
PROPOSITIONIl [le plénipotentiaire] s'ouvre et parle le premier, pour, en découvrant.... les brigues et les cabales des ministres étrangers, sur les propositions qu'il aura avancées, prendre ses mesures et avoir la réplique
PROPOSITIONIl [le plénipotentiaire] laisse voir en lui quelque peu de sensibilité pour sa fortune ; il s'attire par là des propositions qui lui découvrent les vues des autres les plus secrètes
PROPREAutant admirateur du mérite, que s'il lui eût été moins propre et moins familier
PROPREIl est propre à tout, disent ses amis ; ce qui signifie toujours qu'il n'a pas plus de talent pour une chose que pour une autre, ou, en d'autres termes, qu'il n'est propre à rien
PROPREL'on doit avoir une diction pure, et user de termes qui soient propres, il est vrai ; mais il faut que ces termes si propres expriment des pensées nobles, vives, solides
PROPRELe propre de ce spectacle [l'opéra] est de tenir les esprits, les yeux et les oreilles dans un égal enchantement
PROPREGnathon.... oublie que le repas est pour lui et pour toute la compagnie ; il se rend maître du plat, et fait son propre de chaque service
PROPREMENTIl y a des gens qui parlent un moment avant que d'avoir pensé : il y en a d'autres qui ont une fade attention à ce qu'ils disent ....ils sont puristes ....ils parlent proprement et ennuyeusement
PROPRETÉJe voudrais qu'on ne fît mention de la délicatesse, de la propreté et de la somptuosité des généraux qu'après n'avoir plus rien à dire sur leur sujet
PROPRETÉPhilippe, déjà vieux, raffine sur la propreté et sur la mollesse, il passe aux petites délicatesses
PROSCRIPTIONQui pourrait rendre raison de la fortune de certains mots, et de la proscription de quelques autres ?
PROSTERNATIONUn souverain est-il payé de ses peines par le plaisir que semble donner une puissance absolue, par toutes les prosternations des courtisans ?
PROTECTEUR, TRICEVous le perdîtes, il y a quelques années, ce grand protecteur [le chancelier Séguier] : vous jetâtes la vue autour de vous... mais le sentiment de votre perte fut tel, que... vous osâtes penser à celui qui seul [le roi] pouvait vous la faire oublier
PROTÉELe ministre ou le plénipotentiaire est un caméléon, est un protée
PROTESTERJe crois pouvoir protester contre tout chagrin, toute plainte, toute maligne interprétation
PROVERBELeur amitié passait en proverbe
PROVINCELa province est l'endroit d'où la cour, comme dans son point de vue, paraît une chose admirable
PRUDEUn femme prude paye de maintien et de paroles ; une femme sage paye de conduite
PRUDENCEOù manque la prudence, trouvez la grandeur si vous le pouvez
PRUDERIEIl y a ....une fausse sagesse qui est pruderie
PRUDERIELa pruderie est une imitation de la sagesse
PRUDERIELa pruderie contraint l'esprit, ne cache ni l'âge ni la laideur
PUBLIC, IQUEMais avec qui daignez-vous aujourd'hui me recevoir, après qui vous fais-je ce public remercîment ?
PUBLIC, IQUEJe rends au public ce qu'il m'a prêté : j'ai emprunté de lui la matière de cet ouvrage, il est juste que... je lui en fasse la restitution
PUBLIC, IQUEOù il s'agit de l'intérêt et des commodités de tout le public, le particulier est-il compté ?
PUBLIEREst-ce là toute cette science que les hommes publient, et qui vous fait révérer de toute la terre ?
PUISEROn leur a dit : Voulez-vous de l'eau ? puisez, et ils ont puisé
PUISERPour paraître ne devoir rien aux autres, mais puiser tout de votre fonds
PUISERL'étude des textes ne peut jamais être assez recommandée.... ayez les choses de la première main, puisez à la source
PUISSAMMENTIl sait.... que le Grand Seigneur arme puissamment
PUISSANT, ANTETu es grand, tu es puissant ; ce n'est pas assez : fais que je t'estime
PUISSANT, ANTEL'on doit se taire sur les puissants, il y a presque toujours de la flatterie à en dire du bien ; il y a du péril à en dire du mal pendant qu'ils vivent, et de la lâcheté quand ils sont morts
PULMONIQUEIl [l'homme qui veut faire sa fortune] a une profusion, le dirai-je ? des torrents de louanges pour ce qu'a fait ou ce qu'a dit un homme placé et qui est en faveur, et pour tout autre une sécheresse de pulmonique
PUREMENTL'on a enrichi la langue de nouveaux mots, secoué le joug du latinisme, et réduit le style à la phrase purement française
PURISTEIl y en a d'autres [gens] qui ont une fade attention à ce qu'ils disent, et avec qui l'on souffre, dans la conversation, de tout le travail de leur esprit.... ils sont puristes, et ne hasardent pas le moindre mot, quand il devrait faire le plus bel effet du monde ; rien d'heureux ne leur échappe ; rien ne coule de source et avec liberté ; ils parlent proprement et ennuyeusement
PYRAMIDEIl travaille aux inscriptions des arcs et des pyramides qui doivent orner la ville capitale un jour d'entrée
QUALIFIÉ, ÉEIls s'approchent quelquefois de l'oreille du plus qualifié de l'assemblée
QUALITÉIl a commencé par dire de soi-même : un homme de ma sorte ; il passe à dire : un homme de ma qualité, il se donne pour tel
QUARTIERCoupant un morceau de viande qu'il met sur un quartier de pain
QUARTIERLe besoin d'argent a réconcilié la noblesse avec la roture, et a fait évanouir la preuve de quatre quartiers
QUARTIERNe veillez plus, n'imprimez plus, le public vous demande quartier
QUATREVous avez un homme pâle et livide [Guillaume d'Orange].... que l'on croirait jeter à terre au moindre souffle, il fait néanmoins plus de bruit que quatre autres
QUEIl n'y a point au monde de si pénible métier, que celui de se faire un nom : la vie s'achève que l'on a à peine ébauché son ouvrage
QUEVous voyez des gens qui entrent sans saluer que légèrement
QUEVos esclaves me disent que vous êtes enfermé, et que vous ne pouvez me recevoir que d'une heure entière
QUEDans quelque prévention où l'on puisse être sur ce qui doit suivre la mort, c'est une chose bien sérieuse que de mourir
QUEL, QUELLEIl n'a manqué à Molière que d'éviter le jargon et le barbarisme, et d'écrire purement : quel feu ! quelle naïveté ! quelle source de bonne plaisanterie ! quelle imitation des moeurs ! quelles images et quel fléau du ridicule !
QUEL, QUELLESi l'on juge, par le passé, de l'avenir, quelles choses nouvelles nous sont inconnues dans les arts, dans les sciences, dans la nature, et, j'ose dire, dans l'histoire !
QUEL, QUELLEQuelle ville qu'Athènes ! quelles lois ! quelle police ! quelle valeur ! quelle discipline ! quelle perfection dans toutes les sciences et dans tous les arts ! mais quelle politesse dans le commerce ordinaire et dans le langage
QUEL, QUELLEPar quel forfait et par quel mesprison M'avez, Amors, de vos si esloigné ?
QUEL, QUELLEQuant il sauront queus iert [sera] li guerredons
QUERELLEC'est lui qui.... s'ingère de recueillir l'argent de chacun des spectateurs, et qui fait querelle à ceux qui, étant entrés par billets, croient ne devoir rien payer
QUESTIONIl sait vous embrasser, prendre part à votre joie, vous faire coup sur coup des questions empressées sur votre santé, sur vos affaires
QUESTIONOn demande si, en comparant les conditions.... on n'y remarquerait pas une espèce de compensation de bien et de mal.... celui qui est puissant, riche, et à qui il ne manque rien, peut former cette question ; mais il faut que ce soit un homme pauvre qui la décide
QUESTIONLa question est une invention merveilleuse et tout à fait sûre pour perdre un innocent qui a la complexion faible, et sauver un coupable qui est né robuste
QUESTIONNAIREBronte le questionnaire
QUEUEIl faut juger les femmes depuis la chaussure jusqu'à la coiffure exclusivement, à peu près comme on mesure le poisson entre queue et tête
QUEUEElle n'arrive à l'église que dans un char, on lui porte une lourde queue
QUIIl y a du plaisir à rencontrer les yeux de celui à qui l'on vient de donner
QUIIl n'y a rien qui rafraîchisse le sang comme d'avoir su éviter de faire une sottise

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