L'oeuvre Les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les Caractères ou les moeurs de ce siècle de Jean de LA BRUYÈRE

Ecrit par Jean de LA BRUYÈRE

Date : 1688-1696

Citations de "Les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les Caractères ou les moeurs de ce siècle"

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INTÉRÊTL'on se couche à la cour et l'on se lève sur l'intérêt
INTÉRÊTOù la religion a échoué quand elle a voulu l'entreprendre, l'intérêt s'en joue et le fait sans peine
INTÉRÊTUne affaire où il a su que vous preniez intérêt
INTERRÈGNEIl [le directeur] les [les femmes] fait rompre avec leurs galants ; il les brouille et les réconcilie avec leurs maris, et il profite des interrègnes
INTERROMPREPendant que vous lui répondez, il perd le fil de sa curiosité, vous interrompt, entame un autre sujet....
INTERROMPU, UEIl a une conversation interrompue et des distractions fréquentes
INTERVALLEL'on voit peu d'esprits entièrement lourds et stupides ; l'on en voit encore moins qui soient sublimes et transcendants ; le commun des hommes nage dans ces deux extrémités : l'intervalle est rempli par un grand nombre de talents ordinaires
INTERVENIRPourtant la Bruyère y a mis l'auxiliaire avoir (ce qui n'est plus permis) : Il n'y a point eu au palais, depuis tout ce temps, de causes célèbres ou de procédures longues et embrouillées où il n'ait du moins intervenu
INTESTATDix têtes viennent ab intestat partager sa succession
INTESTATQui voit-on dans les lanternes des chambres, au parquet, à la porte ou dans la salle du magistrat ? des héritiers ab intestat ? non, les lois ont pourvu à leurs partages
INTRIGUEUn homme qui a vécu dans l'intrigue un certain temps ne peut plus s'en passer
INUTILETout l'esprit qui est au monde est inutile à celui qui n'en a point
INUTILEIls [les grands] tombent, et par leur chute deviennent traitables mais inutiles
INUTILITÉQui peut, avec les plus rares talents et le plus excellent mérite, n'être pas convaincu de son inutilité ?
INVENTIONIl y a des artisans ou des habiles, dont l'esprit est aussi vaste que l'art et la science qu'ils professent ; ils lui rendent avec avantage, par le génie et par l'invention, ce qu'ils tiennent d'elle et de ses principes
INVULNÉRABLEUne grande âme est au-dessus de l'injure, de l'injustice, de la douleur, de la moquerie ; et elle serait invulnérable, si elle ne souffrait pas la compassion
IRRÉCONCILIABLEIl y a de certaines familles qui par les lois du monde, ou ce qu'on appelle de la bienséance, doivent être irréconciliables
IRRÉGULARITÉIls marchent seuls et sans compagnie, mais ils vont fort haut et pénètrent fort loin, toujours sûrs et confirmés par le succès des avantages que l'on tire quelquefois de l'irrégularité
IRRÉGULARITÉIls tirent de leur irrégularité et de leur folie tous les fruits d'une sagesse la plus consommée
IRRÉMÉDIABLEAvouer sans y penser, que de si grands défauts sont irrémédiables
IRRÉSOLUTIONIl est difficile de décider si l'irrésolution rend l'homme plus malheureux que méprisable
IVROGNEL'ivrogne fournit quelques scènes à un farceur ; il n'entre qu'à peine dans le vrai comique
JALOUSIELa jalousie est comme un aveu contraint du mérite
JALOUSIELe tempérament a beaucoup de part à la jalousie
JARGONIl n'a manqué à Molière que d'éviter le jargon et le barbarisme, et d'écrire purement
JETERIl avale les dés et presque le cornet, jette le verre d'eau dans le trictrac, et inonde celui contre qui il joue
JETERIl crache sur le lit et jette son chapeau à terre
JETERSi vous lui apprenez qu'il y a un Tigellin qui souffle ou jette en sable un verre d'eau-de-vie....
JETERIl s'échauffe dans la conversation... de là il se jette sur ce qui se débite au marché
JEUL'on ne saurait s'empêcher de voir dans certaines familles ce qu'on appelle les caprices du hasard ou les jeux de la fortune
JEULe stoïcisme est un jeu d'esprit, et une idée semblable à la république de Platon
JEUMille gens se ruinent au jeu, et vous disent froidement qu'ils ne sauraient se passer de jouer
JEUUne tenue d'états, ou les chambres assemblées pour une affaire très capitale, n'offrent point aux yeux rien de si grave et de si sérieux qu'une table de gens qui jouent un grand jeu
JEUUn jeu effroyable, continuel, sans retenue, sans bornes.... est-ce une chose qui soit permise, ou dont on ne puisse se passer ?
JEUIl n'y a rien qui mette plus subitement un homme à la mode et qui le soulève davantage que le grand jeu
JOINDREJeune Soyecour..., je plains cette mort prématurée qui te joint à ton intrépide frère
JOINDRETimante, toujours le même, ne laissait pas de dégénérer dans l'esprit des courtisans : ....ils le saluaient froidement.... ils commençaient à ne le plus joindre, ils ne l'embrassaient plus
JOINDREIl vous quitte brusquement pour joindre un seigneur ou un premier commis
JOLI, IEIl ne faut quelquefois qu'une jolie maison dont on hérite, qu'un beau cheval, ou un joli chien dont on se trouve le maître.... pour adoucir une grande douleur
JOUEGiton a le teint frais, le visage plein et les joues pendantes
JOUERIl faut convenir que nous jouons d'un grand bonheur
JOUERÉcrire par jeu, par oisiveté, et comme Tityre siffle ou joue de la flûte
JOUEROn fait sa brigue pour parvenir à un grand poste.... l'amorce est déjà conduite, et la mine prête à jouer
JOUERQuel jeu jouez-vous ? est-ce le whist ? Ne faut-il ni prévoyance, ni finesse, ni habileté, pour jouer l'hombre ou les échecs ?
JOUERJe ne permets à personne d'être fripon, mais je permets à un fripon de jouer un grand jeu : je le défends à un honnête homme
JOUERIl y a certaines familles qui, par les lois du monde, doivent être irréconciliables ; les voilà réunies ; et où la religion a échoué quand elle a voulu l'entreprendre, l'intérêt s'en joue et le fait sans peine
JOUEUR, EUSEDonner des pensions.... à un maître de danse, à un farceur, à un joueur de flûte
JOURIls voient de jour à autre un nouveau culte
JOURTérence qu'on a, dans nos jours, si malheureusement imité
JOURL'antithèse est une opposition de deux vérités qui se donnent du jour l'une à l'autre
JOURCouleurs diverses selon les divers jours dont on les regarde
JOURS'il donne quelque tour à ses pensées, c'est moins par une vanité d'auteur, que pour mettre une vérité qu'il a trouvée, dans tout le jour nécessaire pour faire l'impression qui doit servir à son dessein
JOURLe marchand fait des montres, pour donner de sa marchandise ce qu'il y a de pire : il a le cati et les faux jours, afin d'en cacher les défauts
JOURQuelle horrible peine a un homme.... qui n'a que beaucoup de mérite pour toute recommandation, de se faire jour à travers l'obscurité où il se trouve !
JOURNÉEIl [un amateur] revient chez soi fatigué, affamé, mais content de sa journée, il a vu des tulipes
JOVIAL, ALEIl est gai, jovial, familier
JUGECelui qui sollicite son juge ne lui fait pas honneur
JUGELe devoir des juges est de rendre la justice ; leur métier est de la différer ; quelques-uns savent leur devoir et font leur métier
JUGEMENTIl est étonnant qu'avec tout l'orgueil dont nous sommes gonflés, et la haute opinion que nous avons de nous-mêmes et de la bonté de notre jugement, nous négligions de nous en servir pour prononcer sur le mérite des autres
JUGERQui doute que les enfants ne conçoivent, qu'ils ne jugent, qu'ils ne raisonnent conséquemment ?
JUGERIl ne faut pas juger des hommes comme d'un tableau ou d'une figure, sur une seule et première vue ; il y a un intérieur et un coeur qu'il faut approfondir
JUPITERIls ne sont pas les satellites de Jupiter, je veux dire ceux qui pressent et qui entourent le prince....
JURERUn honnête homme qui dit oui ou non mérite d'être cru ; son caractère jure pour lui, donne créance à ses paroles, et lui attire toute sorte de confiance
JURERVous étiez la coqueluche ou l'entêtement de certaines femmes qui ne juraient que par vous et sur votre parole
JURERComme des couleurs mal assorties, comme des paroles qui jurent et qui offensent l'oreille
JUSLe jus et les sauces lui dégouttent du menton et de la barbe
JUSQUE et JUSQUESOù il a prêché, les paroissiens ont déserté ; jusqu'aux marguillers ont disparu
JUSTEIl faut chercher seulement à penser et à parler juste, sans vouloir amener les autres à notre goût et à nos sentiments ; c'est une trop grande entreprise
JUSTICEUne circonstance de la justice qu'on doit aux autres, c'est de la faire promptement et sans différer ; la faire attendre, c'est injustice
JUSTICEOn voit leurs armes sur le pilier de leur haute justice
LABORIEUSEMENTS'il [un homme de talent] est de bon commerce, il leur [aux jeunes gens] est une leçon utile : il leur apprend qu'on peut vivre gaiement et laborieusement, avoir des vues sérieuses sans renoncer aux plaisirs honnêtes
LÂCHERSi un loup avide paraît, il lâche son chien qui le met en fuite
LACONISMEJ'évite par là.... d'essuyer sa gravité, son ris amer, et son laconisme
LAID, AIDESi une laide se fait aimer, ce ne peut être qu'éperdument
LAISSESon chien a un collier d'or, il est attaché à une laisse d'or et de soie
LAISSERIl y a des endroits dans l'opéra qui laissent à en désirer d'autres
LAISSERCette femme [une veuve] pleure.... sanglote, et ne laisse pas de reprendre tous les détails de la maladie de son époux
LANGUEL'on ne peut guères charger l'enfance de la connaissance de trop de langues
LARGEFeignez un homme de la taille du mont Athos ; pourquoi non ? une âme serait-elle embarrassée d'animer un tel corps ? elle y serait plus au large
LARGEJe suis riche, dites-vous, me voilà au large, et je commence à respirer
LARMESans jeter une seule larme
LATINISMEOn a secoué le joug du latinisme
LE, LA, LESL'utile et la louable pratique, de perdre en frais de noces le tiers de la dot qu'une femme apporte !
LE, LA, LESL'un a les affaires de la terre et l'autre les maritimes
LE, LA, LESLa même justesse d'esprit qui nous fait écrire de bonnes choses, nous fait appréhender qu'elles ne le soient pas assez pour mériter d'être lues
LEÇONTel a assez d'esprit pour exceller dans une certaine matière et en faire des leçons....
LECTEUR, TRICESi l'on ôte de beaucoup d'ouvrages de morale l'avertissement au lecteur, l'épître dédicatoire, la préface, la table, les approbations, il reste à peine assez de pages pour mériter le nom de livre
LECTUREQuand une lecture vous élève l'esprit et qu'elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger de l'ouvrage
LÉGER, ÈRELes femmes accusent les hommes d'être volages, et les hommes disent qu'elles sont légères
LÉGER, ÈRELes hommes en un sens ne sont point légers, ou ne le sont que dans les petites choses ; ils changent leurs habits, leur langage, les dehors.... ils gardent leurs moeurs toujours mauvaises, fermes et constants dans le mal
LÉGÈRETÉCe n'est que légèreté, qu'élégance, que beau nature et que délicatesse dans ses ouvrages [de la Fontaine, par opposition à ses manières lourdes dans le monde]
LÉGITIMEUn testament où il réduit son fils à la légitime
LENTEMENTIl n'y a pas de chemin trop long à qui marche lentement et sans se presser ; il n'y a point d'avantages trop éloignés à qui s'y prépare par la patience
LEVÉETout le monde connaît cette longue levée qui borne le lit de la Seine
LÉVRIERVous dites... d'un lévrier qui prend un lièvre corps à corps : c'est un bon lévrier
LIBÉRAL, ALEIl est vrai qu'il y a deux vertus que les hommes admirent, la bravoure et la libéralité, parce qu'il y a deux choses qu'ils estiment beaucoup et que ces vertus font négliger, la vie et l'argent ; aussi personne n'avance de soi qu'il est brave ou libéral
LIBÉRALITÉLa libéralité consiste moins à donner beaucoup qu'à donner à propos
LIBERTÉEst-ce un bien pour l'homme que la liberté, si elle peut être trop grande et trop étendue, telle enfin qu'elle ne serve qu'à lui faire désirer quelque chose, qui est d'avoir moins de liberté ?
LIBERTÉLa liberté n'est pas oisiveté ; c'est un usage libre du temps, c'est le choix du travail et de l'exercice
LIBERTÉÊtre libre en un mot n'est pas ne rien faire ; c'est être seul arbitre de ce qu'on fait, ou de ce qu'on ne fait point ; quel bien en ce sens que la liberté !
LIBERTÉParler sans cesse à un grand que l'on sert.... faire le familier, prendre des libertés, marque mieux un fat qu'un favori
LIBERTÉCombien de temps, de règles, d'attention et de travail pour danser avec la même liberté et la même grâce que l'on sait marcher !
LIBRELes hommes souvent veulent aimer, et ne sauraient y réussir ; ils cherchent leur défaite sans pouvoir la rencontrer ; et, si j'ose ainsi parler, ils sont contraints de demeurer libres
LIBREUn homme libre, et qui n'a point de femme, s'il a quelque esprit, peut s'élever au-dessus de sa fortune
LIEUIl me semble que l'on dépend des lieux pour l'esprit, l'humeur, la passion, le goût et les sentiments
LIEU[Ils] croient que venir de bon lieu, c'est venir de loin
LIGNEJ'assurerai aussi peu qu'une ligne droite, tombant sur une autre ligne droite, fait deux angles droits ou égaux à deux droits, de peur que, les hommes venant à y découvrir quelque chose de plus ou de moins, je ne sois raillé de ma proposition
LIGUEIl assure qu'un tel prince renonce à la ligue et quitte ses confédérés
LIGUERUn seul [roi, Louis XIV], toujours bon et magnanime, ouvre ses bras à une famille malheureuse [les Stuarts] ; tous les autres se liguent comme pour se venger de lui
LIQUEURSi nous entendions dire aux Orientaux qu'ils boivent ordinairement d'une liqueur qui leur monte à la tête, leur fait perdre la raison et les fait vomir, nous dirions : cela est bien barbare
LIREIl n'appartient qu'à elles [aux femmes] de faire lire dans un mot tout un sentiment
LITSuis-je mieux nourri, suis-je dans ma chambre à l'abri du nord, ai-je un lit de plume, après vingt ans entiers qu'on me débite [qu'on vend mes ouvrages] dans la place ?
LITREOn voit leurs armes sur les litres et sur les vitrages
LITTÉRATUREGens d'un bel esprit et d'une agréable littérature
LIVREC'est un métier que de faire un livre, comme de faire une pendule
LIVRESi l'on ôte de beaucoup d'ouvrages de morale, l'avertissement au lecteur, l'épître dédicatoire, la préface, la table, les approbations, il reste à peine assez de pages pour mériter le nom de livre
LIVREChrysippe, homme nouveau et le premier noble de sa race, aspirait, il y a trente années, à se voir un jour deux mille livres de rente pour tout bien
LIVRÉESosie de la livrée a passé par une petite recette à une sous-ferme, et par les concussions.... il s'est enfin, sur les ruines de plusieurs familles, élevé à quelque grade
LOIIl y a de certaines familles, qui par les lois du monde, ou ce qu'on appelle de la bienséance, doivent être irréconciliables
LOISIRQuel moyen de pouvoir tenir contre des gens qui ne savent pas discerner votre loisir, ni le temps de vos affaires ?
LORSCorneille ne peut être égalé dans les endroits où il excelle ; il a pour lors un caractère original et inimitable
LOUABLEIl a du bon et du louable, qu'il offusque par l'affectation du grand ou du merveilleux
LOUÉ, ÉENous louons ce qui est loué, bien plus que ce qui est louable
LOUÉ, ÉELes princes, loués sans fin et sans relâche des grands ou des courtisans, en seraient plus vains s'ils estimaient davantage ceux qui les louent
LOUERPendant qu'ils [les grands] ignorent l'économie et la science d'un père de famille, et qu'ils se louent eux-mêmes de cette ignorance
LOUERSe louer de quelqu'un, se louer d'un grand, phrase délicate dans son origine, et qui signifie sans doute se louer soi-même, en disant d'un grand tout le bien qu'il nous a fait
LOURDEMENTIl croit voir un prie-Dieu, il se jette lourdement dessus
LOURDEMENTSuis-je mieux nourri et plus lourdement vêtu ?
LUCRATIF, IVEAvoir, s'il se peut, un office lucratif
LUIUne lettre qui apprend que lui troisième est entré dans la Macédoine
LUSTREC'est un homme qui est de mise un quart d'heure de suite, qui, le moment d'après, baisse, dégénère, perd le peu de lustre qu'un peu de mémoire lui donnait, et montre la corde
LUSTREIl entre à l'appartement et passe sous un lustre où sa perruque s'accroche et demeure suspendue
MÂCHECOULIS ou MÂCHICOULISSe piquer d'avoir un ancien château à tourelles, à créneaux et à mâchecoulis
MACHINEC'est prendre le change.... que de dire.... que la machine n'est qu'un amusement d'enfants, et qui ne convient qu'aux marionnettes : elle augmente et embellit la fiction
MACHINELes machines qui l'avaient guindé si haut par l'applaudissement et les éloges, sont encore toutes dressées pour le faire tomber dans le dernier mépris
MACHINELa fille d'Aristippe est malade et en péril ; elle envoie vers son père, veut se réconcilier avec lui, et mourir dans ses bonnes grâces ; cet homme si sage, le conseil de toute une ville, fera-t-il de lui-même une démarche si raisonnable ? y entraînera-t-il sa femme ? ne faudra-t-il point, pour les remuer tous deux, la machine du directeur ?
MAGISTRALEMENTIls [les riches] croient le payer [un auteur] avec usure, s'ils disent magistralement qu'ils ont lu son livre
MAGNIFIQUETel a vécu pendant toute sa vie chagrin, emporté, avare, qui était né gai, paisible, paresseux, magnifique
MAIGREPhédon a les yeux creux, le teint échauffé, le corps sec, et le visage maigre
MAINQuand une lecture vous élève l'esprit, et qu'elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas d'autre règle pour juger de l'ouvrage ; il est bon, et fait de main d'ouvrier
MAINLe génie qu'elles [les femmes] ont pour les ouvrages de la main
MAINUn mari n'a guère un rival qui ne soit de sa main
MAINAyez les choses de première main, puisez à la source
MAINSi je n'avais pas sous ma main autant de maîtres et d'excellents maîtres pour élever mes enfants dans les sciences et dans les arts
MAINUn honnête homme se paye par ses mains de l'application qu'il a à son devoir, par le plaisir qu'il sent à le faire, et se désintéresse sur les éloges, l'estime et la reconnaissance, qui lui manquent quelquefois
MAINUne troupe de masques entre dans un bal ; ont-ils la main, ils dansent, ils se font danser les uns les autres, ils dansent encore, ils dansent toujours, ils ne rendent la main à personne de l'assemblée
MAINTIENIl se trouve là comme dans un pays lointain dont il ne connaît ni la langue ni les moeurs ; il y perd son maintien, ne trouve pas où placer un seul mot, et n'a pas même de quoi écouter
MAISONJe ne m'étonne pas qu'il y ait des brelans publics comme autant de piéges tendus à l'avarice des hommes.... qui ne sait pas qu'entrer et perdre dans ces maisons est une même chose ?
MAÎTREL'esclave n'a qu'un maître : l'ambitieux en a autant qu'il y a de gens utiles à sa fortune
MAÎTREL'on me dit à l'oreille : il a cinquante mille livres de rente.... si je commence à le regarder avec d'autres yeux, et si je ne suis pas maître de faire autrement, quelle sottise !
MAJESTÉQuel ton, quel ascendant ne prennent-ils pas [les riches] sur les savants ? quelle majesté n'observent-ils pas à l'égard de ces hommes chétifs que leur mérite n'a ni placés ni enrichis !
MALADROIT, OITEL'on dit de soi qu'on est maladroit
MALFAISANT, ANTEÊtes-vous dédaigneux, malfaisant, mauvais plaisant, flatteur, hypocrite ?
MALFAISANT, ANTEL'on ne voit point faire de voeux ni de pèlerinages pour obtenir d'un saint d'avoir l'esprit plus doux.... d'être plus équitable et moins malfaisant
MALHONNÊTEUn homme de bien ne saurait empêcher par toute sa modestie, qu'on ne dise de lui ce qu'un malhonnête homme fait dire de soi
MALHONNÊTEIl est difficile qu'un malhonnête homme ait assez d'esprit : un génie qui est droit et perçant conduit enfin à la règle, à la probité, à la vertu
MALIGNITÉLe voile de la modestie cache le mérite, et le voile de l'hypocrisie cache la malignité
MALOTRU, UESi le financier manque son coup, les courtisans disent de lui : c'est un bourgeois, un homme de rien, un malotru ; s'il réussit, ils lui demandent sa fille
MALPROPRETÉL'on ne rougit point de sa malpropreté, qui n'est qu'une négligence pour les petites choses, et qui semble supposer qu'on n'a d'application que pour les solides et les essentielles
MALPROPRETÉIl ne leur épargne aucune de ses malpropretés dégoûtantes, capables d'ôter l'appétit aux plus affamés
MALTÔTIERSi vous en croyez des personnes aigries l'une contre l'autre, et que la passion domine, l'homme docte est un savantasse, le magistrat un bourgeois ou un praticien, le financier un maltôtier, et le gentilhomme un gentillâtre
MANÉGEÊtes-vous en faveur, tout manége est bon, vous ne faites point de faute
MANÉGEIl y a quelques rencontres dans la vie où la vérité et la simplicité sont le meilleur manége du monde
MANGERUn homme fort riche peut manger des entremets, faire peindre ses lambris et ses alcôves, jouir d'un palais à la campagne et d'un autre à la ville....
MANGERC'est un personnage illustre dans son genre et qui a porté le talent de se bien nourrir jusqu'où il pouvait aller ; on ne reverra plus un homme qui mange tant et qui mange si bien
MANIÈRELa manière dont on se récrie sur quelques-uns qui se distinguent par la bonne foi, le désintéressement et la probité, n'est pas tant leur éloge, que le décréditement du genre humain
MANIÈRELes manières polies donnent cours au mérite et le rendent agréable
MANIÈRELes manières, que l'on néglige comme de petites choses, sont souvent ce qui fait que les hommes décident de nous en bien ou en mal
MANIÈREIl me semble que l'esprit de politesse est une certaine attention à faire que, par nos paroles et nos manières, les autres soient contents de nous et d'eux-mêmes
MANIÈRES'il n'a pas les grandes manières, il a au moins toutes les petites
MANIEURLe manieur d'argent, l'homme d'affaires est un ours qu'on ne saurait apprivoiser
MANQUERNous sentons à tous moments, pendant le cours de notre vie, où le bien que nous avons perdu nous manque
MANQUERIl vaut mieux s'exposer à l'ingratitude que de manquer aux misérables
MANTEAUUn ouvrage satirique, qui est donné en feuilles sous le manteau aux conditions d'être rendu de même, s'il est médiocre, passe pour merveilleux
MANUSCRIT, ITEBien des gens vont jusques à sentir le mérite d'un manuscrit qu'on leur lit, qui ne peuvent se déclarer en sa faveur jusqu'à ce qu'ils aient vu le cours qu'il aura dans le monde par l'impression, ou quel sera son sort parmi les habiles
MARAISIl [Guillaume III] vient de pêcher en eau trouble une île tout entière ; ailleurs, à la vérité, il est battu et poursuivi, mais il se sauve par les marais, et ne veut écouter ni paix ni trêve
MARÂTRECe qu'une marâtre aime le moins de tout ce qui est au monde, ce sont les enfants de son mari : plus elle est folle de son mari, plus elle est marâtre
MARCHAND, ANDELe marchand fait des montres pour donner de sa marchandise ce qu'il y a de pire
MARCHEROn marche sur les mauvais plaisants, et il pleut par tout pays de cette sorte d'insectes
MARCHERIl dira toujours qu'il marche après la maison régnante et, à force de le dire, il sera cru
MARIIl y a telle femme qui anéantit ou enterre son mari au point qu'il n'en est fait dans le monde aucune mention
MARIUn mari n'a guère un rival qui ne soit de sa main, et comme un présent qu'il a autrefois fait à sa femme
MARITIMEIl y a dans l'Europe un endroit d'une province maritime d'un grand royaume....
MARMOUSETSi cet homme [aussi grand que le mont Athos] avait la vue assez subtile pour vous découvrir quelque part sur la terre, avec vos armes offensives et défensives, que croyez-vous qu'il penserait de petits marmousets ainsi équipés, et de ce que vous appelez guerre, cavalerie, infanterie... ?
MARNERIl fait marner sa terre et il compte que de quinze ans entiers il ne sera obligé de la fumer
MARQUÉ, ÉELes hommes n'ont point changé selon le coeur et selon les passions, ils sont encore tels qu'ils étaient alors, et qu'ils sont marqués dans Théophraste, vains, dissimulés, flatteurs, intéressés, effrontés, importuns, défiants, médisants, querelleurs, superstitieux
MARQUERS'ils [les vieillards] repassent sur tout le cours de leurs années.... ils confondent leurs différents âges, ils n'y voient rien qui marque assez pour mesurer le temps qu'ils ont vécu
MARTYR, YRETyran de la société et martyr de son ambition, il [l'homme livré à la cour] a une triste circonspection dans sa conduite et dans ses discours....
MASQUERMénophile emprunte ses moeurs d'une profession, et d'une autre son habit : il masque toute l'année, quoiqu'à visage découvert
MASSACRERCésar a-t-il été massacré au milieu du sénat ?
MASSELes titres qu'il ne changerait pas contre les masses d'un chancelier
MATAMOREUne manière dure, sauvage, étrangère qui font un capitan d'un jeune abbé, et un matamore d'un homme de robe
MATIÈREComment peut-elle [la matière] être le principe de ce qui la nie et l'exclut de son propre être ? comment est-elle dans l'homme ce qui pense, c'est-à-dire ce qui est à l'homme même une conviction qu'il n'est point matière ?
MAUVAIS, AISEIls [les hommes] gardent leurs moeurs toujours mauvaises, fermes et constants dans le mal
MAXIMECe ne sont point des maximes que j'ai voulu écrire ; elles sont comme des lois dans la morale ; et j'avoue que je n'ai ni assez d'autorité, ni assez de génie pour faire le législateur
MÉCANIQUEIl n'y a point d'art si mécanique, ni de si vile condition, où les avantages ne soient plus sûrs, plus prompts et plus solides [que dans la culture des lettres]
MÉCANIQUEVous me peignez un fat qui met l'esprit en roture, une âme vile et mécanique à qui ni ce qui est beau ni ce qui est esprit ne sauraient s'appliquer
MÉCHANT, ANTEDans un méchant homme il n'y a pas de quoi faire un grand homme
MÉDAILLEPensez-vous qu'il cherche à s'instruire par ses médailles, et qu'il les regarde comme des preuves parlantes de certains faits, et des monuments fixes et indubitables de l'ancienne histoire ?
MÉDECINTant que les hommes pourront mourir et qu'ils aimeront à vivre, le médecin sera raillé et bien payé
MÉDIATEUR, TRICEIl [Théodote] vise également à se faire des patrons et des créatures : il est médiateur, confident, entremetteur ; il veut gouverner
MÉDIOCRELes sots lisent un livre et ne l'entendent point ; les esprits médiocres croient l'entendre parfaitement ; les grands esprits ne l'entendent quelquefois pas tout entier
MÉDIOCREIl n'y a rien qui se soutienne plus longtemps qu'une médiocre fortune
MÉDIOCRENous affectons souvent de louer avec exagération des hommes assez médiocres
MÉDIOCREIls [les esprits justes, doux, modérés] ne peuvent au plus qu'être les premiers d'une seconde classe et exceller dans le médiocre
MÉDIOCRITÉUn homme qui n'a de l'esprit que dans une certaine médiocrité est sérieux et tout d'une pièce ; il ne rit point, il ne badine jamais
MÉDIOCRITÉIl y a dans certains hommes une certaine médiocrité d'esprit qui contribue à les rendre sages
MÉDIOCRITÉIl y a de certaines choses dont la médiocrité est insupportable, la poésie, la musique, la peinture, le discours public
MÉDIOCRITÉJe ne veux être, si je le puis, ni malheureux ni heureux, je me jette et me réfugie dans la médiocrité
MÉDISANCEJe définis ainsi la médisance : une pente secrète de l'âme à penser mal de tous les hommes, laquelle se manifeste par les paroles
MEILLEUR, EUREQu'ils savent juger, trouver bon ce qui est bon, et meilleur ce qui est meilleur
MEILLEUR, EURESur ce qui concerne les moeurs, le plus beau et le meilleur est enlevé [par les anciens]
MÊLER[Certains grands] ne se mêlant point dans le peuple, et ne lui laissant pas le loisir de les voir de près
MÊMETout cet amas d'idées qui reviennent à la même
MÊMEUn pays où il faut même avoir vécu pour le connaître
MÉMOIREThéocrine.... est moins profond que méthodique : il n'exerce que sa mémoire
MÉMOIREIls [les spectateurs] s'accordent tous à le [le Cid] savoir de mémoire, et à prévenir au théâtre les acteurs qui le récitent
MÉNAGEL'opéra, jusqu'à ce jour, n'est pas un poëme, ce sont des vers ; ni un spectacle, depuis que les machines ont disparu par le bon ménage d'Amphion [Quinault] et de sa race ; c'est un concert....
MÉNAGERIl n'y a rien que les hommes aiment mieux à conserver et qu'ils ménagent moins que leur propre vie
MENERDans la société, c'est la raison qui plie la première : les plus sages sont souvent menés par le plus fou et le plus bizarre
MENTEUR, EUSEL'homme est né menteur
MENTEUR, EUSEToutes les passions sont menteuses
MENTEUR, EUSEJe suppose néanmoins que le livre qui fait mention de César, ne soit pas un livre profane écrit de la main des hommes qui sont menteurs
MENU, UEUne herbe menue et tendre qui a échappé à la faux du moissonneur
MÉPRISABLEIl n'y a rien à la cour de si méprisable et de si indigne qu'un homme qui ne peut contribuer en rien à notre fortune : je m'étonne qu'il ose se montrer
MÉPRISERIl est encore assez ordinaire de mépriser qui nous méprise
MERCIGoûtez bien cela, il est de Léandre, et il ne me coûte qu'un grand merci
MERCURELe Mercure Galant est immédiatement au-dessous de rien : il y a bien d'autres ouvrages qui lui ressemblent
MERCUREMobiles comme le mercure, ils pirouettent, ils gesticulent, ils rient, ils s'agitent
MÉRITELa jalousie et l'émulation s'exercent sur le même objet.... avec cette différence que celle-ci est un sentiment volontaire, courageux, sincère.... et que celle-là, au contraire, est un mouvement violent, et comme un aveu contraint du mérite qui est hors d'elle
MÉRITEPersonne presque ne s'avise de lui-même du mérite d'un autre
MÉRITELes hommes et les femmes conviennent rarement sur le mérite d'une femme ; leurs intérêts sont trop différents
MÉRITEIl ne faut rien exagérer, ni dire des cours le mal qui n'y est point : l'on n'y attente rien de pis contre le vrai mérite que de le laisser quelquefois sans récompense ; on ne l'y méprise pas toujours, quand on a pu une fois le discerner, on l'oublie
MÉRITEQui peut, avec les plus rares talents et le plus excellent mérite, n'être point convaincu de son inutilité, quand il considère qu'il laisse, en mourant, un monde qui ne se sent pas de sa perte, et où tant de gens se trouvent pour le remplacer ?
MÉRITEUn mérite paisible, mais solide, accompagné de mille vertus
MÉRITEThéramène était riche et avait du mérite ; il a hérité, il est donc très riche et d'un très grand mérite
MÉRITEChrysanthe, homme opulent et impertinent, ne veut pas être vu avec Eugène, qui est homme de mérite, mais pauvre, il croirait en être déshonoré
MÉRITELes personnes de mérite et de service sont utiles aux rois
MÉRITERL'on croit mériter les bons succès, mais n'y devoir compter que fort rarement
MÉRITERIls [les enfants] savent précisément et mieux que personne ce qu'ils méritent [en fait de châtiment], et ils ne méritent guère que ce qu'ils craignent
MÉRITERComment voulez-vous qu'Érophile, à qui le manque de parole, les mauvais offices, bien loin de nuire, ont mérité des grâces et des bienfaits....
MERVEILLEDire merveilles de sa santé devant des infirmes
MERVEILLEUX, EUSEIl a du bon et du louable, qu'il gâte par l'affectation du grand et du merveilleux
MÉSINTELLIGENCEQuelle mésintelligence entre l'esprit et le coeur ! le philosophe vit mal avec tous ses préceptes ; et le politique, rempli de vues et de réflexions, ne sait se gouverner
MESSEIl va tous les jours fort régulièrement à la belle messe, aux Feuillants ou aux Minimes
MESSIREVeut-on d'ailleurs qu'il fasse de son père un noble homme, et peut-être un honorable homme ! lui qui est messire
MESUREL'on est né quelquefois avec des moeurs faciles, de la complaisance et tout le désir de plaire ; mais, par les traitements de ceux avec qui l'on vit ou de qui l'on dépend, on est jeté hors de ses mesures et même de son naturel
MESURECe qu'on appelle une oraison funèbre n'est aujourd'hui bien reçu du plus grand nombre des auditeurs qu'à mesure qu'il s'éloigne davantage du discours chrétien
MESURERC'est un homme qui ne se mesure point, qui ne se connaît point ; son caractère est de ne savoir pas se renfermer dans celui qui lui est propre
MÉTAPHORELa métaphore ou la comparaison emprunte d'une chose étrangère une image sensible et naturelle d'une vérité
MÉTAYER, ÈRESi certains morts revenaient au monde, et s'ils voyaient leurs grands noms portés et leurs terres les mieux titrées avec leurs châteaux et leurs maisons antiques possédés par des gens dont les pères étaient peut-être leurs métayers, quelle opinion pourraient-ils avoir de notre siècle ?
MÉTEILOn distingue à peine la plante qui porte le chanvre d'avec celle qui produit le lin, et le blé froment d'avec les seigles, et l'un ou l'autre d'avec le méteil ; on se contente de se nourrir et de s'habiller
MÉTHODESi vous entrez dans les cuisines où l'on voit réduire en art et en méthode le secret de flatter votre goût
MÉTHODIQUEThéocrine fait des choses assez inutiles ; il a des sentiments toujours singuliers ; il est moins profond que méthodique, il n'exerce que sa mémoire
MÉTHODIQUEMENTOn ne se massacre pas par pelotons et par troupes en rase campagne sans l'avoir appris, et l'on s'y tue méthodiquement
MÉTIERCydias est bel esprit, c'est sa profession.... une idylle est sur le métier, c'est pour Crantor qui le presse, et qui lui laisse espérer un riche salaire
METTREIls ont mis leur repos, leur santé, pour avoir ces richesses
METTRELes gens de delà l'eau, et ceux en deçà se cotisent et mettent chacun du leur
METTRELe plus court moyen est de mettre les gens à voir clairement leurs intérêts à vous faire du bien
MEUBLEIls [les vieillards] vantent les modes qui régnaient alors dans les habits, les meubles et les équipages
MEUBLEIl faut des saisies de terre et des enlèvements de meubles...
MEUBLEAntagoras.... vieil meuble de ruelles où il parle procès et dit des nouvelles
MEUGLERLe sot est automate, il est machine.... c'est tout au plus le boeuf qui meugle, ou le merle qui siffle
MIENHorace ou Despréaux l'a dit avant nous ; je le crois sur votre parole, mais je l'ai dit comme mien
MILIEUGiton a l'oeil fixe et assuré, les épaules larges, l'estomac haut, la démarche fière et délibérée.... il occupe à table et à la promenade plus de place qu'un autre ; il tient le milieu en se promenant avec ses égaux
MILLIONTel, avec deux millions de rente, peut être pauvre chaque année de cinq cent mille livres
MINELes traits découvrent la complexion et les moeurs ; la mine désigne les biens de la fortune
MINISTREQue d'amis, que de parents naissent en une nuit au nouveau ministre !
MISANTHROPETimon, ou le misanthrope, peut avoir l'âme austère et farouche ; mais extérieurement, il est civil et cérémonieux
MISEC'est un homme qui est de mise un quart d'heure de suite, qui, le moment d'après, baisse, dégénère, perd le peu de lustre qu'un peu de mémoire lui donnait
MISÉRABLELa plupart des hommes emploient la première partie de leur vie à rendre l'autre misérable
MISÈREIl y a une espèce de honte d'être heureux à la vue de certaines misères
MOBILEMobiles comme le mercure, ils pirouettent, ils gesticulent, ils crient, ils s'agitent
MODEUne chose folle et qui découvre bien notre petitesse, c'est l'assujétissement aux modes quand on l'étend à ce qui concerne le goût, le vivre, la santé et la conscience
MODEIl y a autant de faiblesse à fuir la mode qu'à l'affecter
MODEL'on blâme une mode qui, divisant la taille des hommes en deux parties égales, en prend une tout entière pour le buste.... l'on condamne celle qui fait de la tête des femmes la base d'un édifice à plusieurs étages
MODEIphis voit à l'église un soulier d'une nouvelle mode ; il regarde le sien, il rougit, il ne se croit plus habillé
MODELe duel est le triomphe de la mode, et l'endroit où elle a exercé son empire avec plus d'éclat
MODEUne mode a à peine détruit une autre mode qu'elle est abolie par une plus nouvelle, qui cède elle-même à celle qui la suit, et qui ne sera pas la dernière
MODEIl n'y a rien qui mette plus subitement un homme à la mode.... que le grand jeu
MODEUne personne à la mode ressemble à une fleur bleue, qui croît le soir même dans les sillons, où elle étouffe les épis, diminue la moisson, et tient la place de quelque chose de meilleur, qui n'a de prix et de beauté que ce qu'elle emprunte d'un caprice léger....
MODEUn homme à la mode dure peu, car les modes passent
MODETel a été à la mode pour le commandement des armées et la négociation, ou pour l'éloquence de la chaire, ou pour les vers, qui n'y est plus
MODÉRÉ, ÉELes esprits justes, doux, modérés, non-seulement ne les atteignent [les esprits vastes], ne les admirent pas, mais ne les comprennent point
MODERNEUn auteur moderne prouve ordinairement que les anciens nous sont inférieurs, en deux manières, par raison et par exemple : il tire la raison de son goût particulier, et l'exemple de ses ouvrages
MODERNENous qui sommes modernes, serons anciens dans quelques siècles
MODERNEOn se nourrit des anciens et des habiles modernes, on les presse, on en tire le plus qu'on peut, on en renfle ses ouvrages
MODERNEQuelques habiles prononcent en faveur des anciens contre les modernes
MODESTEUn homme modeste ne parle point de soi
MODESTIELa modestie est au mérite ce que les ombres sont aux figures dans un tableau : elle lui donne de la force et du relief
MODESTIERien ne fait plus d'honneur au prince que la modestie de son favori
MODESTIECertains hommes, contents d'eux-mêmes, de quelque action ou de quelque ouvrage qui ne leur a pas mal réussi, et ayant ouï dire que la modestie sied bien aux grands hommes, osent être modestes, contrefont les simples et les naturels
MOIPeut-être que moi qui existe n'existe ainsi que par la force d'une nature universelle
MOINSIl y a peu de femmes si parfaites qu'elles empêchent un mari de se repentir, du moins une fois le jour, d'avoir une femme, ou de trouver heureux celui qui n'en a point
MOISLise les a accomplis [quarante ans] ; mais les années pour elle ont moins de douze mois, et ne la vieillissent point
MOLLEMENTIls agissent mollement dans les choses qui sont de leur devoir
MOLLESSEPhilippe, déjà vieux, raffine sur la propreté et sur la mollesse
MOLLESSEL'expérience confirme que la mollesse ou l'indulgence pour soi et la dureté pour les autres n'est qu'un seul et même vice
MONNAIEPourrait-on jamais s'imaginer l'étrange disproportion que le plus ou moins de pièces de monnaie met entre les hommes ?
MONNAIENe pouvoir supporter tous les mauvais caractères dont le monde est plein, n'est pas un fort bon caractère : il faut, dans le commerce, des pièces d'or et de la monnaie
MONTERC'est encore beaucoup tirer de notre ami, si, ayant monté à une grande faveur, il est encore un homme de notre connaissance
MONTRELe brodeur et le confiseur seraient superflus, et ne feraient qu'une montre inutile, si l'on était modeste et sobre
MONTRELe marchand fait des montres pour donner de sa marchandise ce qu'il y a de pire
MONTRESemblables à ces figures de carton qui servent de montre à une fête publique, ils [certains grands] jettent feu et flamme, tonnent et foudroient
MONTREQuand sur une si belle montre on a essayé du personnage
MONTRERC'est un homme qui est de mise un quart d'heure de suite, qui le moment d'après baisse, dégénère, perd le peu de lustre qu'un peu de mémoire lui donnait, et montre la corde
MONTRERIl [l'homme de mérite] a besoin de toutes les raisons tirées de l'usage et de son devoir, pour se résoudre à se montrer
MOQUER (SE)Elle se moque de se piquer de jeunesse
MOQUER (SE)Certains particuliers qui.... excitent par une dépense excessive et par un faste ridicule les traits et la raillerie de toute une ville qu'ils croient éblouir, et se ruinent ainsi à se faire moquer de soi
MOQUERIELa moquerie est souvent indigence d'esprit
MOQUERIELa moquerie est, de toutes les injures, celle qui se pardonne le moins.... elle attaque l'homme dans son dernier retranchement
MORALELa morale douce et relâchée tombe avec celui qui la prêche
MORTLes haines sont si longues et si opiniâtres que le plus grand signe de mort dans un homme malade, c'est la réconciliation
MORTIERIl tient ici contre le mortier
MORTIERIl traite les mortiers de bourgeoisie
MORTIERTel ou tel corps se contestent l'un à l'autre la préséance ; le mortier et la pairie se disputent le pas
MOTMarot, par son tour et par son style, semble avoir écrit depuis Ronsard ; il n'y a guère entre ce premier et nous que la différence de quelques mots
MOTCombien de ces mots aventuriers qui paraissent subitement, durent un temps, et que bientôt on ne revoit plus !
MOTIl n'appartient qu'à elles [les femmes] de faire lire dans un mot tout un sentiment, et de rendre délicatement une pensée qui est délicate
MOTL'on écrit régulièrement depuis vingt années ; l'on est esclave de la construction ; l'on a enrichi la langue de nouveaux mots
MOTLes pédants.... ne la distinguent pas [l'éloquence] de l'entassement des figures, de l'usage des grands mots et de la rondeur des périodes
MOTDiseur de bons mots, mauvais caractère : je le dirais, s'il n'avait été dit
MOTSi nous pouvions nous donner le mot de devenir sages
MOTETLaurenzani fait de beaux motets
MOTIFLe motif seul fait le mérite des actions des hommes
MOULERLes grands en toutes choses se forment et se moulent sur de plus grands
MOULERCertains particuliers, qui.... se moulent sur les princes pour leur garde-robe et pour leur équipage
MOULTMoult, quoique latin, était dans son temps d'un même mérite, et je ne vois pas par où beaucoup l'emporte sur lui
MULEElle paraît.... en simple déshabillé sans corps et avec des mules
MUSIQUETel à un sermon, à une musique a entendu des sentiments opposés sur....
MYSTÈREIl sait les bruits communs, les historiettes de la ville ; il ne fait rien, il dit ou il écoute ce que les autres font ; il est nouvelliste, il sait même le secret des familles ; il entre dans de plus hauts mystères : il vous dit pourquoi celui-ci est exilé, et pourquoi on rappelle cet autre
MYSTÈREIls parlent jargon et mystère sur certaines femmes
MYSTÉRIEUX, EUSEIl est fin, cauteleux, doucereux, mystérieux
NAGERL'on voit peu d'esprits entièrement lourds et stupides ; l'on en voit encore moins qui soient sublimes et transcendants ; le commun des hommes nage entre les deux extrémités
NAGERElles nagent dans la prospérité
NAISSANCES'il est heureux d'avoir de la naissance, il ne l'est pas moins d'être tel que l'on ne s'informe plus si vous en avez
NAÎTRETel a vécu pendant toute sa vie chagrin, emporté, avare, rampant, soumis, laborieux, intéressé, qui était né gai, paisible, paresseux, magnifique, d'un courage fier et éloigné de toute bassesse
NAÎTREUn bon plaisant est une pièce rare : à un homme qui est né tel, il est encore fort délicat d'en soutenir longtemps le personnage
NAÏVETÉLa même chose souvent est dans la bouche d'un homme d'esprit une naïveté ou un bon mot, et dans celle d'un sot, une sottise
NARINEEt là-dessus ses narines s'enflent, il cache avec peine sa joie et sa vanité par quelques dehors de modestie
NATURENe nous emportons point contre les hommes, en voyant leur dureté, leur ingratitude, leur injustice... ils sont ainsi faits, c'est leur nature
NATUREL, ELLEQuelques jeunes personnes ne connaissent point assez les avantages d'une heureuse nature, et combien il leur serait utile de s'y abandonner.... leur son de voix et leur démarche sont empruntés ; elles se composent, elles se recherchent, regardent dans un miroir si elles s'éloignent assez de leur naturel
NATUREL, ELLECombien de siècles se sont écoulés, avant que les hommes dans les sciences et dans les arts aient pu revenir au goût des anciens, et reprendre enfin le simple et le naturel !
NEOn n'est pas plus maître de toujours aimer qu'on l'a été de ne pas aimer
NEUn glorieux est incapable de s'imaginer que les grands dont il est vu pensent autrement de sa personne qu'il fait lui-même
NÉCESSAIRESi je compare.... les grands avec le peuple, ce dernier me paraît content du nécessaire, et les autres sont inquiets et pauvres avec le superflu
NÉGLIGENCEUne trop grande négligence, comme une excessive parure dans les vieillards, multiplient leurs rides et font mieux voir leur caducité
NÉGLIGERDu même fond dont on néglige un homme de mérite, l'on sait encore admirer un sot
NÉGOCECertains particuliers qui, riches du négoce de leurs pères....
NET, ETTE,C'est dans les femmes une violente preuve d'une réputation bien nette et bien établie, qu'elle ne soit pas même effleurée par la familiarité de quelques-unes qui ne leur ressemblent point
NETTEMENTSerait-il [le monde] rempli de gens qui demandent froidement ce qui ne leur est pas dû, ou qui refusent nettement de rendre ce qu'ils doivent ?
NILes enfants n'ont ni passé, ni avenir, et, ce qui ne nous arrive guère, ils jouissent du présent
NIUn sot ni n'entre, ni ne sort, ni ne s'assied, ni ne se lève, ni ne se tait, ni n'est sur ses jambes, comme un homme d'esprit
NIVEAUQuelle horrible peine à un homme qui est sans prôneurs et sans cabale.... et qui n'a que beaucoup de mérite pour toute recommandation, de se faire jour à travers l'obscurité où il se trouve, et de venir au niveau d'un fat qui est en crédit !
NOBLEIl y a des gens qui n'ont pas le moyen d'être nobles
NOBLEIl n'y a rien à perdre à être noble : franchises, immunités, exemptions, priviléges, que manque-t-il à ceux qui ont un titre ?
NOBLEVeut-on d'ailleurs qu'il fasse de son père un noble homme, et peut-être un honorable homme, lui qui est messire ?
NOBLEUn noble, s'il vit chez lui dans sa province, il vit libre, mais sans appui
NOBLELe noble de province, inutile à sa patrie, à sa famille et à soi-même, souvent sans toit, sans habits et sans aucun mérite, répète dix fois le jour qu'il est gentilhomme
NOBLECombien de nobles, dont le père et les aînés sont roturiers !
NOBLEMENTIl faut dire noblement les plus petites [choses] ; elles ne se soutiennent que par l'expression, le ton et la manière
NOBLESSECette disposition de coeur et d'esprit qui passe des aïeux par les pères dans leurs descendants, est cette bravoure si familière aux personnes nobles, et peut-être la noblesse même
NOBLESSESi la noblesse est vertu, elle se perd par tout ce qui n'est pas vertueux ; et, si elle n'est pas vertu, c'est peu de chose
NOBLESSELa noblesse expose sa vie pour le salut de l'État et pour la gloire du souverain
NOMLa sotte vanité semble être une passion inquiète de se faire valoir par les plus petites choses, ou de chercher, dans les sujets les plus frivoles, du nom et de la distinction
NOMIl n'est pas si aisé de se faire un nom par un ouvrage parfait, que d'en faire valoir un médiocre par le nom qu'on s'est déjà acquis
NOMIl n'y a point au monde un si pénible métier que celui de se faire un grand nom : la vie s'achève que l'on a à peine commencé son ouvrage
NOMDe bien des gens il I 'y a que le nom qui vaille quelque chose ; quand vous les voyez de fort près, c'est moins que rien
NOMIl faut en France beaucoup de fermeté... pour se passer des charges et des emplois... il ne manque cependant à l'oisiveté du sage qu'un meilleur nom, et que méditer, parler, lire et être tranquille s'appelât travailler
NOMBRELe petit nombre de ceux qui courent après lui ne peut l'atteindre
NOMBRERSi vous nombrez les poids, les roues, les cordages
NOMMERNommer un roi père du peuple, est moins faire son éloge, que l'appeler par son nom, ou faire sa définition
NOMMERIl n'y a nuls vices extérieurs et nuls défauts de corps, qui ne soient aperçus par les enfants : ils les saisissent d'une première vue, et ils savent les exprimer par des mots convenables : on ne nomme point plus heureusement
NONSi de tous les hommes les uns mouraient, les autres non...
NONChassez un chien du fauteuil du roi, il grimpe à la chaire du prédicateur, il regarde le monde indifféremment, sans embarras, sans pudeur ; il n'a pas, non plus que le sot, de quoi rougir
NOURRICEQuand l'on est auteur, et que l'on croit marcher tout seul, on s'élève contre eux [les anciens], on les maltraite, semblable à ces enfants drus et forts d'un bon lait qu'ils ont sucé, qui battent leur nourrice
NOURRICEIl [le prince d'Orange] a montré de bonne heure ce qu'il savait faire, il a mordu le sein de sa nourrice : elle en est morte, la pauvre femme ; je m'entends, il suffit
NOURRIRC'est un personnage illustre dans son genre, et qui a porté le talent de se bien nourrir jusques où il pouvait aller ; on ne reverra plus un homme qui mange tant et qui mange si bien
NOURRITUREDe simples bourgeois, seulement à cause qu'ils étaient riches, ont eu l'audace d'avaler en un seul morceau la nourriture de cent familles
NOURRITUREL'on peut compter sûrement sur la dot, le douaire et les conventions, mais faiblement sur les nourritures : elles dépendent d'une union fragile de la belle-mère et de la bru
NOUVEAU ou, devant une voyelle ou une h muette, NOUVEL, NOUVELLEChrysippe, homme nouveau et le premier noble de sa race
NOUVEAUTÉJe vais vous régaler de grandes nouveautés
NOUVELLEQuelques-uns consentiraient à voir une autre fois les ennemis aux portes de Dijon et de Corbie, à voir tendre des chaînes et faire des barricades, pour le seul plaisir d'en dire ou d'en apprendre la nouvelle
NOUVELLISTELe devoir du nouvelliste est de dire : il y a un tel livre qui court
NOUVELLISTELe nouvelliste se couche le soir sur une nouvelle qui se corrompt la nuit, et qu'il est obligé d'abandonner le matin à son réveil
NOYERIl s'est noyé de dettes
NUIRECeux qui nuisent à la réputation ou à la fortune des autres, plutôt que de perdre un bon mot, méritent une peine infamante
NUIREL'on désirerait de ceux qui ont un bon coeur, qu'ils fussent toujours pliants, faciles, complaisants, et qu'il fût moins vrai quelquefois que ce sont les méchants qui nuisent, et les bons qui font souffrir
NUL, NULLEIl n'y a nuls vices extérieurs et nuls défauts du corps qui ne soient aperçus par les enfants
NUL, NULLESans nuls égards pour les petits
NUL, NULLEQue nuls ne puissent être arrêtés dans la lecture de Théophraste
OBLIGEAMMENTCléon parle peu obligeamment, ou peu juste ; c'est l'un ou l'autre ; mais il ajoute qu'il est fait ainsi, et qu'il dit ce qu'il pense
OBLIGERCondamné de payer pour un autre pour qui il s'est obligé
OBSERVERLe philosophe consume sa vie à observer les hommes
OBSERVERTous ont les yeux sur lui, observent son maintien et son visage
OBTENIRIl coûte moins à faire dire de soi, pourquoi a-t-il obtenu ce poste, qu'à faire demander pourquoi ne l'a-t-il pas obtenu
OCCASIONCelles qui ne nous épargnent nulles occasions de jalousie
OCCASIONL'occasion prochaine de la pauvreté c'est de grandes richesses
OCCUPÉ, ÉEL'on juge en le voyant qu'il n'est occupé que de sa personne.... qu'il croit que tous les yeux sont ouverts sur lui et que les hommes se relayent pour le contempler
OCCUPÉ, ÉEL'on est plus occupé aux pièces de Corneille ; l'on est plus ébranlé et plus attendri à celles de Racine
OEILIl pleure d'un oeil et rit de l'autre
OEILJe me trouverais sous l'oeil et sous la main du prince, pour recevoir de lui la grâce....
OEILComment pourra-t-il soutenir ces odieuses pancartes [billets d'enterrement de son père] qui déchiffrent les conditions ? .... les supprimera-t-il aux yeux de toute une ville jalouse, maligne, clairvoyante ?
OEUVREIls n'ont pas de quoi mettre leurs vertus en oeuvre
OEUVREIl n'oublie pas le hors-d'oeuvre, le fruit et les assiettes
OFFENSERComme nous nous affectionnons de plus en plus aux personnes à qui nous faisons du bien, nous haïssons violemment ceux que nous avons beaucoup offensés
OFFENSERParler et offenser, pour de certaines gens, est précisément la même chose
OFFENSIF, IVEL'on apprendra sans étonnement qu'en pleine paix et dans une tranquillité publique, des citoyens entraient dans les temples, allaient voir des femmes, ou visitaient leurs amis avec des armes offensives, et qu'il n'y avait presque personne qui n'eût à son côté de quoi pouvoir d'un seul coup en tuer un autre
OFFICEC'est un homme né pour des allées et venues, pour écouter des propositions et les rapporter, pour en faire d'office et en être désavoué
OISIVETÉIl ne manque à l'oisiveté du sage qu'un meilleur nom ; et que méditer, parler, lire et être tranquille s'appelât travailler
ONLe commencement et le déclin de l'amour se font sentir par l'embarras où l'on est de se trouver seule
ONL'on marche sur les mauvais plaisants ; et il pleut par tous pays de cette sorte d'insectes
ONCEVous avez surtout un homme pâle et livide, qui n'a pas sur soi dix onces de chair
ONÉREUX, EUSEN'envions point à une sorte de gens leurs grandes richesses : ils les ont à titre onéreux, et qui ne nous accommoderait point
OPÉRAIl ne faut point de vols, ni de chars, ni de changements aux Bérénices et à Pénélope ; il en faut aux opéras, et le propre de ce spectacle est de tenir les esprits, les yeux et les oreilles dans un égal enchantement
OPÉRAL'on voit bien que l'opéra est l'ébauche d'un grand spectacle : il en donne l'idée
OPÉRAJe ne sais pas comment l'opéra, avec une musique si parfaite et une dépense toute royale, a pu réussir à m'ennuyer
OPINIONSi l'on jette quelque profondeur dans certains écrits, si l'on affecte une finesse de tour et quelquefois une trop grande délicatesse, ce n'est que par la bonne opinion qu'on a de ses lecteurs
OPTERC'est trop contre un mari d'être coquette et dévote : une femme devrait opter
ORACLEIl est l'oracle d'une maison, celui dont on attend, que dis-je, dont on prévient, dont on devine les décisions
ORACLELes mourants qui parlent dans leurs testaments peuvent s'attendre à être écoutés comme des oracles
ORAISONL'avantage qu'il y a à avoir un mot de moins à placer dans l'oraison
ORAISONL'on n'a guère vu jusqu'à présent un chef-d'oeuvre d'esprit qui soit l'ouvrage de plusieurs : Homère a fait l'Iliade.... et l'orateur romain ses oraisons
ORAISONUne oraison funèbre n'est aujourd'hui bien reçue du plus grand nombre des auditeurs, qu'à mesure qu'elle s'éloigne davantage du discours chrétien, ou, si vous l'aimez mieux ainsi, qu'elle approche de plus près d'un éloge profane
ORATEURS'il y a peu d'excellents orateurs, y a-t-il bien des gens qui puissent les entendre ?
ORATEURLa principale partie de l'orateur, c'est la probité, sans elle il dégénère en déclamateur, il déguise ou il exagère les faits....
ORDONNERIl s'ingère de les meubler, et il ordonne de leur équipage
ORDREUn homme libre et qui n'a point de femme.... peut s'élever au-dessus de sa fortune, se mêler dans le monde.... cela est moins facile à celui qui est engagé ; il semble que le mariage met tout le monde dans son ordre
ORDREGlycère... se fait céler... souvent pour ses amis qu'elle resserre dans leur ordre, sans leur rien permettre de ce qui passe l'amitié
ORDUREMarot et Rabelais sont inexcusables d'avoir semé l'ordure dans leurs écrits : tous deux avaient assez de génie et de naturel pour pouvoir s'en passer
OREILLECes gens ont l'oreille des plus grands princes, sont de tous leurs plaisirs et de toutes leurs fêtes
ORGUEILIl faut définir l'orgueil une passion qui fait que, de tout ce qui est au monde, l'on n'estime que soi
ORIENTAL, ALEIl quitte cette fleur pour l'orientale
ORIENTERIl s'oriente dans cette région lointaine [une cour du Nord], comme s'il en était originaire
ORIFLAMMEFaire entrer dans toutes les conversations ses aïeux paternels et maternels, et y trouver place pour l'oriflamme et pour les croisades
ORIGINAL, ALEIls n'ont rien d'original et qui soit à eux ; ils ne savent que ce qu'ils ont appris
ORIGINAL, ALECorneille ne peut être égalé dans les endroits où il excelle, il a pour lors un caractère original et inimitable
ORIGINAL, ALEJe ne raconte rien que je ne sache d'original ; je l'ai appris de Sethon
ORNÉ, ÉEQui a vu la cour a vu du monde ce qui est le plus beau, le plus spécieux et le plus orné
OSTENTATIONJe n'estime pas que l'on puisse donner une idée plus juste de l'ostentation, qu'en disant que c'est dans l'homme une passion de faire montre d'un bien ou des avantages qu'il n'a pas
OSTENTATIONL'on peut s'enrichir dans quelque art, ou dans quelque commerce que ce soit, par l'ostentation d'une certaine probité
ÔTERIl entre une autre fois dans une assemblée, se place où il se trouve, sans nulle attention aux autres ni à soi-même ; on l'ôte d'une place destinée à un ministre, il s'assied à celle du duc et pair
Ils semblent être faits pour l'usage où elles les mettent
Pour prévenir les suites d'un engagement où il n'est pas propre
il y a des maux effroyables où on n'ose penser
OUAILLELes pasteurs ont tenu ferme, mais les ouailles se sont dispersées, et les orateurs voisins en ont grossi leur auditoire
OUBLIERVouloir oublier quelqu'un, c'est y penser
OUIUn honnête homme qui dit oui et non mérite d'être cru
OUTILIl y a plus d'outils que d'ouvriers
OUTRERIls outrent toutes choses, les bonnes et les mauvaises
OUVRAGEIl n'est pas si aisé de se faire un nom par un ouvrage parfait que d'en faire valoir un médiocre par le nom qu'on s'est déjà acquis
OUVRAGEOn se nourrit des anciens et des habiles modernes ; on les presse, on en tire le plus qu'on peut, on en renfle ses ouvrages
OUVRIER, IÈREQuand une lecture vous élève l'esprit, et qu'elle vous inspire des sentiments nobles et courageux, ne cherchez pas une autre règle pour juger de l'ouvrage ; il est bon et fait de main d'ouvrier
OUVRIRJe ne sors pas d'admiration et d'étonnement à la vue de certains personnages que je ne nomme point : j'ouvre de fort grands yeux sur eux, je les contemple
OUVRIRL'on ouvre et l'on étale tous les matins pour tromper son monde, et l'on ferme le soir après avoir trompé tout le jour
OUVRIRIl ne lui coûte rien d'être modeste, de se mêler dans la multitude qui va s'ouvrir pour lui, de prendre dans une assemblée une dernière place afin que tous l'y voient et s'empressent de l'en ôter
OUVRIRIl s'ouvre et parle le premier
PAGESi l'on ôte de beaucoup d'ouvrages de morale l'avertissement au lecteur, l'épître dédicatoire, la préface, la table, les approbations, il reste à peine assez de pages pour mériter le nom de livre
PAGESylvain, de ses deniers, a acquis de la naissance et un autre nom.... il n'aurait pu autrefois entrer page chez Cléobule, et il est son gendre
PAINChampagne, au sortir d'un long dîner qui lui enfle l'estomac, et dans les douces fumées d'un vin d'Avenay ou de Sillery, signe un ordre qu'on lui présente, qui ôterait le pain à toute une province, si l'on n'y remédiait
PAIR, AIREIl [Mopse] entre dans une assemblée, se place où il se trouve.... on l'ôte d'une place destinée à un ministre, il s'assied à celle du duc et pair
PAIR, AIREL'homme coquet et la femme galante vont assez de pair
PAIR, AIREIl n'y a rien qui mette plus subitement un homme à la mode, et qui le soulève davantage que le grand jeu : cela va du pair avec la crapule
PAISIBLEL'intérieur des familles est souvent troublé par les défiances, par les jalousies et par l'antipathie, pendant que des dehors contents, paisibles et enjoués nous trompent, et nous y font supposer une paix qui n'y est point
PAISIBLEIl y a dans quelques femmes.... une grandeur simple, naturelle.... un mérite paisible, mais solide, accompagné de mille vertus
PAISIBLEComme l'ignorance est un état paisible et qui ne coûte aucune peine, l'on s'y range en foule
PAISIBLEMENTUni de goût et d'intérêt avec tous les contempteurs d'Homère, il [Cydias] attend paisiblement que les hommes détrompés lui préfèrent les poëtes modernes
PALAISIl a surtout un palais sûr, qui ne prend point le change, et il ne s'est jamais vu exposé à l'horrible inconvénient de manger un mauvais ragoût ou de boire d'un vin médiocre
PÂLIRIl [un nouvelliste] dit que la cavalerie allemande est invincible : il pâlit au seul nom des cuirassiers de l'empereur
PALLIERCirconstancier à confesse les défauts d'autrui, y pallier les siens
PALMEIl ne parle que de lauriers, que de palmes, que de triomphes et que de trophées ; il dit dans le discours familier : notre auguste héros, notre grand potentat, notre invincible monarque
PAMPHILEUn Pamphile, en un mot, veut être grand, il croit l'être, il ne l'est pas, il est d'après un grand
PAMPHILEOn ne tarit point sur les Pamphiles : ils sont bas et timides devant les princes et les ministres, pleins de hauteur et de confiance avec ceux qui n'ont que de la vertu
PANCARTEComment pourra-t-il soutenir ces odieuses pancartes qui déchiffrent les conditions ?... les supprimera-t-il aux yeux de toute une ville jalouse, maligne, clairvoyante ?
PANÉGYRIQUEPourquoi n'est-il pas établi de faire publiquement le panégyrique d'un homme qui a excellé pendant sa vie dans la bonté, dans l'équité, dans la douceur, dans la fidélité, dans la piété ?
PANÉGYRISTEAu lieu de s'unir seulement avec les peuples pour bénir le ciel.... ils [les prédicateurs faisant l'oraison des grands hommes] sont entrés en société avec les auteurs et les poëtes, et, devenus comme eux panégyristes, ils ont enchéri sur les épîtres dédicatoires, sur les stances et sur les prologues
PANTOMIMEIl suffisait à Bathylle d'être pantomime pour être couru des dames romaines
PANTOUFLEIl [un distrait] tire un livre pour faire sa prière, et c'est sa pantoufle qu'il a prise pour ses heures
PANTOUFLEUn homme de livrée court après lui, le joint, lui demande en riant s'il n'a point la pantoufle de Monseigneur ; Ménalque lui montre la sienne et lui dit : voilà toutes les pantoufles que j'ai sur moi ; il se fouille néanmoins et tire celle de l'évêque de *** qu'il vient de quitter, qu'il a trouvé malade au coin de son feu, et dont, avant de prendre congé de lui, il a ramassé la pantoufle comme un de ses gants qui était à terre : ainsi Ménalque s'en retourne chez soi avec une pantoufle de moins
PAPILLONImaginez-vous l'application d'un enfant à élever un château de cartes ou à se saisir d'un papillon ; c'est celle de Théodote pour une affaire de rien
PARL'ennui est entré dans le monde par la paresse
PARQuelques-uns par ne pouvoir se résoudre à renoncer à aucune sorte de connaissance....
PARADOXELe tempérament a beaucoup de part à la jalousie, et elle ne suppose pas toujours une grande passion ; c'est cependant un paradoxe qu'un violent amour sans délicatesse
PARAFÉ, ÉE, ou PARAPHÉ, ÉELe testament est paraphé
PARAFER ou PARAPHERQue faites-vous, Clitiphon, dans cet endroit le plus reculé de votre appartement, de si laborieux qui vous empêche de m'entendre ? vous enfilez quelques mémoires, vous collationnez un registre, vous signez, vous paraphez
PARAÎTREIl ne paraît pas qu'on ait défini le sublime
PARCHEMINParchemins inventés pour faire souvenir ou pour convaincre les hommes de leur parole, honte de l'humanité
PARCHEMINIl y a des âmes sales.... éprises du gain et de l'intérêt.... enfoncées et comme abîmées dans les contrats, les titres et les parchemins
PARCOURIRAfin que le public ne fût point obligé de parcourir ce qui était ancien pour passer à ce qu'il y avait de nouveau
PARCOURIRDes gens lisent toutes les histoires et ignorent l'histoire, ils parcourent tous les livres et ne profitent d'aucun
PARCOURIRQuand l'on parcourt, sans la prévention de son pays, toutes les formes de gouvernement, l'on ne sait à laquelle se tenir ; il y a dans toutes le moins bon et le moins mauvais
PARDONNERQuelque délicat qu'on soit en amour, on pardonne plus de fautes que dans l'amitié
PARDONNERIl est pénible à un homme fier de pardonner à celui qui le surprend en faute, et qui se plaint de lui avec raison
PARDONNERL'on ne peut aller loin dans l'amitié, si l'on n'est pas disposé à se pardonner les uns aux autres les petits défauts
PARDONNERSi quelquefois une femme survient qui n'est pas de leurs plaisirs [des gens d'une coterie]..., ils ne lui pardonneront ni son ton de voix, ni son silence, ni sa taille, ni son visage, ni son habillement, ni son entrée, ni la manière dont elle est sortie
PARÉ, ÉEMénippe est l'oiseau paré de divers plumages qui ne sont pas à lui
PARÉ, ÉELa mignardise et l'affectation l'accompagnent [la coquette] dans la douleur et dans la fièvre : elle meurt parée et en rubans de couleur
PAREIL, EILLEChrysippe, homme nouveau.... arrive.... jusqu'à donner en revenu à l'une de ses filles pour sa dot ce qu'il désirait lui-même d'avoir en fonds pour toute fortune pendant sa vie ; une pareille somme est comptée dans ses coffres pour chacun de ses autres enfants
PAREIL, EILLEDédaigneux et fiers, ils n'abordent plus leurs pareils
PARENTRien n'engage tant un esprit raisonnable à supporter tranquillement des parents et des amis les torts qu'ils ont à son égard, que la réflexion qu'il fait sur les vices de l'humanité

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