L'oeuvre Défense et illustration de la langue française de Joachim DU BELLAY
Ecrit par Joachim DU BELLAY
Date : 1549
Citations de "Défense et illustration de la langue française"
Utilisé pour le mot | Citation |
À | Toutes les langues ont esté formées d'un mesme jugement à une mesme fin |
À | Je laisserai cest argument choisir Aux plus savants et aux plus de loisir |
À | Afin qu'à son retour le malheureux se voye Manger aux avocats |
ABÂTARDIR | Ceste arrogance grecque, admiratrice seulement de ses inventions, n'avoit loi ni privilege de legitimer ainsi sa nation, et abastardir les autres |
ABÂTARDIR | La peur descouvre un coeur abastardi |
ABÂTARDISSEMENT | La trop grande et indocte multitude des escrivains qui de jour en jour s'eleve en France, au grand deshonneur et abastardissement de nostre langue |
ABÎME | Toi qui du coeur les abysmes connois |
ABÎME | Je vois sortir des abysmes Une orque pour m'abysmer |
ABÎMER | Oh ! quantes fois de ton grave sourcy Tu abysmas ce faulx peuple endurcy ! |
ABOI | Avoir pour son exercice Force oiseaux et force abbois |
ABRUPTEMENT | J'ai quasi oublié un autre defaut bien usité et de très mauvaise grace ; c'est quand la sentence est trop abruptement coupée |
ACCOMPAGNER | Ainsi qu'avec l'Espaigne La France s'accompaigne [s'allie] |
ACCOUPLER | Car si tu as des mots tant seulement soucy, Tu seras bien grossier et lourdaut, ce me semble, Si par art tu ne peux en accoupler ensemble Quelque peu.... |
ADVERSITÉ | Baïf, qui, comme moy, prouves l'adversité, Il n'est pas tousjours bon de combattre l'orage |
AFFOLEMENT | Lorsqu'Apollon vient troubler sa prestresse De son divin et sainct affollement.... |
AIGRE-DOUX, DOUCE | Lazare de Baif a donné à nostre langue le nom d'epigrammes et d'elegies, avecq ce beau nom composé aigre-doux, à fin qu'on n'attribue l'honneur de ces choses à quelqu'autre |
AIGUILLONNER | Mais je ne sçay comment ce daemon de Jodelle.... M'aiguillonne, m'espoint, m'espouvante, m'affolle |
AILÉ, ÉE | Pressant la legere fuyte Des cerfs ailez par la peur |
AINSI | .... Comme si le temps, ainsi que les vins, rendoit les poësies meilleures |
AINSI | J'avois horreur des trop maigres, ainsi Comme j'avois des trop grasses aussi |
AINSI | S'il vouloit faire paix, il y venoit aussi, Et en toute autre chose en usoit tout ainsi |
AJOURNER | Te faudroit voir tous ces vieux romans et poetes françois, où tu trouveras un ajourner, pour faire jour ; que les praticiens se sont faict propre ; et mil autres bons mots, que nous avons perdus par nostre negligence |
AJOURNER | D'une entresuivante fuyte Il ajourne, et puis ennuyte [il fait huit] |
ALAMBIQUER | Mais le mal par les yeux ne s'allambique pas ; De quoi donques nous sert ce fascheux larmoyer ? |
AMORCER | Mais ces fols qui leur font hommage, Amorcez de vaines douceurs, Ne peuvent sentir le dommage Que traynent ces mignardes soeurs |
ANIMER | Fncelade est là dedans Qui anime de sa gorge La cyclopienne forge |
ANIMER | Voi le cy comme il anime Les bandes du ciel, qui vont Là où plus fort s'envenime L'assaut que les geans font |
ANIMER | Les sainctes soeurs, qui me feront revivre Mieux que la main qui anime le cuyvre |
ANIMER | Ou quand alors qu'on l'animoit, à coups de patte il escrimoit |
ANIMER | Puis d'une voix guerriere Camille la derniere Ces beaux vers anima |
ANUITER (S') | Te faudroit voir tous ces vieux romans et poetes françois où tu trouveras un anuicter, pour faire nuict.... et mil' autres bons mots, que nous avons perdus par nostre negligence |
ANUITER (S') | D'une entre-suivante fuyte Il ajourne, et puis enuyte |
ANUITER (S') | .... et quand il anuytoit, Le fier Énée en songe l'agitoit |
APPARAÎTRE | L'ombre au matin nous voyons ainsi croistre, Sur le midy plus petite apparoistre, Puis s'augmenter devers la fin du jour |
APPÂTER | Et tous les arts dont la vieille rusée Sçait appaster la jeunesse abusée |
ARCHEROT | Et toy, Magny, puisque ton cueur Sent encor l'archerot vainqueur, Chante d'amour.... |
ARCHET | Ce ne sont pas les deux archets [sourcils] encore De ces beaux yeux de cent yeux adorez |
ARGENTER | Une barbelette argentée |
ARGENTIN, INE | Je voy les ondes encor De ces tresses blondelettes, Qui se crespent dessous l'or Des argentines perlettes |
ARGENTIN, INE | L'une après l'autre ont fait plus d'une fois Hault rechanter tout le courbé rivage Sous l'argentin de leurs celestes voix |
ARGENTIN, INE | L'argentin de ces ruisseaux Qui paisiblement murmurent |
ARGENTIN, INE | Couvert d'un poil gris argentin, Ras et poly comme satin |
ARPENTER | Les Getes durs à la peine Nature a trop mieux contentez, Qui ont leurs champs non arpentez |
ARPENTER | Que me sert voir tout le monde En papier, où je me fonde à l'arpenter pas à pas ? |
ASSAISONNER | L'espic jaunit en grain, que le chaud assaisonne |
ASSAISONNER | Mais ne peult-on l'amour assaisonner, Comme les fruicts, et par art luy donner Maturité.... |
ASSENER | Te faudroit voir tous ces vieux romans et poetes françois, où tu trouveras un assener, pour frapper où on visoit, et proprement d'un coup de main : .... et mil'autres bons mots, que nous avons perdus par nostre negligence |
ATTENTER | Combien ce Dieu qui noz esprits resveille, Faisant plus haut mes desirs attenter |
AUSSITÔT | Il est parfaict aussi tost que conceu |
AUSSITÔT | Sur Bollongne vendue un tel exploit il fit, Qu'aussi tost qu'il l'eut veue, aussi tost il la prit |
AVANCER | L'un pour ne s'avancer se voit estre avancé, L'autre pour s'avancer se voit desavancé |
AVARE | Car ta main seule invinciblement forte Peult des enfers briser l'avare porte |
AVAREMENT | Comme un don avarement offert |
AVEUGLER | .... Quand, d'une grace au danger aveuglée, Le gay berger au combat se hazarde |
AVEUGLER | Le Philistin de fureur aveuglé, Rouant sa masse, alloit d'ardent courage |
AVEUGLER | Hélas ! amour, le plus puissant des Dieux, Rends moy l'ouye, et m'aveugle les yeux |
AVEUGLER | Et si mon desir n'eust aveuglé ma raison, N'estoit-ce pas assez pour rompre mon voyage ? |
AVOIR | Si tu n'as point pitié de moy, Ayes au moins pitié de toy |
BAISER | Ou elle tient Ascaigne qu'elle embrasse, Et baise en luy de son pere la grace |
BAISER | Je sçay le vent Libyen, Je sçay bien Quelz flots ceste coste baisent |
BAISER | Un long baiser |
BAISER | Car je baisois volontiers une bouche Qu'à plein baiser des deux levres on touche |
BALAI | Prend le ballay et tout à l'environ Va nettoyant la meule et le gyron |
BALANCER | Comme un asne balançant Deux grands oreilles pointues |
BALANCER | Les parlemens.... Où d'un contrepois loyal Les sainctes loix on balance |
BALANCER | Ce seul icy a fleschi ma pensée, Ce seul icy mon ame balancée A esbranlé |
BALANCER | Tout aultre animal est ou vers terre tourné, Ou caché dessoubs l'onde, ou d'aile ballancée Est pendu parmy l'air |
BALANCER | Ballancer tous ses mots, respondre de la teste, Avec un Messer non ou bien un Messer si |
BALAYER | L'autre le va par les flancs costoyant, Et l'autre encor va devant balloyant Les bancs de sable.... |
BALLOTTER | Il fait bon voir de tout leur senat balloter [aller au ballottage sur toute chose] |
BARIGEL ou BARISEL | Je ne craignois d'aller sans ma patente ; Car j'estois franche et de tribut exempte ; Je n'avois peur d'un gouverneur fascheux, D'un barisel ny d'un sbire outrageux |
BÂTARDISE | De deux grandes citez il despouilla l'eglise, Pour fonder un estat venu de bastardise |
BAYER | Ores des dieux les autelz elle adore, Et de presents chacun jour les honore ; Ores beant aux poitrines sanglantes, Regarde au fond des entrailles saillantes |
BAYER | Tu ne verras beer les portes grandes De la maison espouvantable à veoir, Si paravant tu n'as fait ton devoir |
BÉANT, ANTE | .... et si est la caverne Du noir Pluton beante nuict et jour |
BÉNÉFICIER | Si l'officier estoit digne de son office, Et le beneficier digne du benefice |
BESSON, ONNE | Une louve je vy sous l'antre d'un rocher Allaictant deux bessons : je vis à sa mammelle Mignardement jouer ceste couple jumelle |
BETTE | La s'espandoit la bette au grant feuillage |
BIGARREMENT | La queue longue à la guenone, Mouchetée diversement D'un naturel bigarrement |
BIGARRER | Son oraison tant bien parée Semble une juppe bigarrée De plus de sortes de couleurs Que les prez ne portent de fleurs |
BLANCHIR | Tu verras tost par force de ramer Autour de toi blanchir toute la mer |
BLANCHIR | Ell' prit son tein de beaux liz blanchissans |
BLÊME | La couleur du portraict est blesme, Et la mienne est tousjours de mesme |
BLÊMIR | Je voy dedans ces oeillets Rougir les deux levres closes Dont les boutons vermeillets Blesmissent le teint des roses |
BLONDELET, ETTE | Je voy les ondes encore De ses tresses blondelettes |
BLONDIR | Cest or blondissant |
BLONDOYER | Ces belles tresses undoiantes, Et d'un beau fin or blondoiantes |
BLONDOYER | Sur l'un quelque fois ondoient Mille sillons qui blondoient |
BOITEUX, EUSE | L'un gist en terre tout honteux, L'autre a le col tout boiteux |
BONDIR | Les animaux aussi parmy les gros herbages Bondissent à grands saults |
BONDIR | Ains, comme balles, d'vn grand sault [ils] Bondissoient en bas et en hault |
BORNER | Il se borna plus loing [étendit les bornes de l'empire], il rompit le pouvoir De l'heureux adversaire, et trompa son sçavoir |
BOUFFON | C'est à ce mestier là que des biens on amasse, Non à celui des vers, où moins y a d'acquet Qu'au mestier d'un bouffon ou celui d'un naquet [homme de rien] |
BOUFFONNER | Allons voir Marc Antoine ou Zany bouffonner Avec son magnifique à la venitienne |
BOUILLIR | Et puis on va, pour la faire bouillir, L'herbe nouvelle à la lune cueillir |
BOUILLIR | L'herbe nouvelle on fauche au cler serein, Pour la bouillir dedans vaisseaux d'airein |
BOUT | Petit bout d'homme, et honte de nature |
BRAIMENT | Encore que le bray d'vn asne ou la chanson D'vne importune rane ait beaucoup plus de son.... |
BRANCHE | Ce bon Bacchus, qui de branches de vigne Guide le cours de tigres attelez |
BRAVADE | Ce sont beaux mots, que bravade, Soldat, cargue, camisade, Avec un brave sangDieu |
BRIN | Deux petits brins de coral rougissant |
BRONCHER | Le grand colosse, à ce coup estonné, D'un sault horrible alla bruncher par terre |
BRONCHER | Le pré aux clers en est tesmoing, Où il n'y a si petit coing De muraille, qu'à coups de pierre On ne face bruncher par terre |
BROUILLARD | Mais une nuict, qui dessus luy s'arreste, D'un noir brouillas luy ombrage la teste |
BROUILLARD | Et dont le chef sans cesse couronné D'obscurs brouillards.... |
BROUILLER | Peut estre aussi que les ans, Après un long et long aage, Par estrangers courtisans Brouilleront nostre langage |
BROUILLER | Que l'eternelle tempeste Qui brouille dedans ma teste Mille tourbillons enclos |
BROUILLER | Là fut le vase, où les sorts se brouilloient |
BROUILLER | .... car la guerre en avoit la serrure brouillée |
BRUINE | Les costeaux soleillez de pampre sont couvers, Mais des hyperborés les eternels hyvers Ne portent que le froid, la neige et la bruine |
BRUIRE | Si faut-il toutefois que Bellay s'esvertue, Aussi bien que la mer, de bruire ta vertu |
BRÛLER | [Il] Rendoit ma muse lente, Bien qu'elle fust bruslante De s'offrir à vos yeux |
BRÛLER | Didon se brusle, et de son mal enclos Jà la fureur luy saccage les os |
BRÛLER | Ô la fureur d'une bruslante rage, Qui maintenant transporte mon courage ! |
BRÛLER | Qui contrefaict ce Tantale mourant Bruslé de soif au milieu d'un torrent |
BUCCINATEUR | Ô bienheureux adolescent, qui as trouvé un tel buccinateur [trompette] de tes louanges |
BUFFLE | Il [le Français] n'eust point esprouvé le mal qui fait peler, Il n'eust fait de son nom la verole appeler, Et n'eust fait si souvent d'un bufle sa monture |
BUFFLE | Je demande sans plus que le mien on ne mange, Et que j'aye bien tost une lettre de change, Pour n'aller sur le bufle au despartir d'icy |
BUFFLE | Voyons courir le pal à la mode ancienne, Et voyons par le nez le sot bufle mener |
BURIN | [Vulcain] D'un burin laborieux Grave tes fatales armes |
BURINER | Là se voit l'image encor' De tes victoires futures, Par le feuvre Lemnien.... Divinement burinées |
CAGNARDER | L'une aux armes s'adonne, et l'autre sa paresse Caignarde en sa maison, l'autre hante la court |
CAMUSET, ETTE | Les bergiers, avec leurs musettes, Gardant leurs brebis camusettes |
CANDEUR | Ceste mesme candeur, ceste grace divine Qu'en ton Virgile on voit.... |
CANDIDE | Que pleust à Dieu, le naturel d'un chacun estre aussi candide à louer les vertus, comme diligent à observer les vices d'autruy |
CAPE | .... Celuy qui de plein jour Aux cardinaux en cappe a veu faire l'amour |
CAPTIF, IVE | La belle main dont la forte foiblesse D'un joug captif donte les plus puissans |
CAPTIF, IVE | As-tu point veu une nymphe craintive, Qui va menant ma liberté captive Par les sommets des plus haultes montaignes ? |
CAPTIVER | L'or des cheveux me captive |
CASANIER, IÈRE | Je hay plus que la mort un jeune casanier, Qui ne sort jamais hors, sinon aux jours de feste |
CE | En l'un defaut ce qui est le commencement de bien escrire, c'est le savoir |
CE | Ce qui me nuit, c'est ce qui m'est plaisant |
CE | Mon fils, c'est assez combattre |
CE | Ces beaux noms de vertu, ce n'est rien que du vent |
CE | Mais tout le bien que je reçoi De mon inviolable foi, Ce sont soupirs et larmes |
CE | Ce ne sont pas ni ces lis ni ces roses, Ni ces deux rangs de perles si bien closes, C'est cet esprit rare, present des cieux |
CE | Et qu'est-ce des ans qui glissent, Qu'est-ce des biens allechans ? |
CEINTURER | Non celle desnaturée, Qui de Venus ceinturée Les loix ne recognoist point |
CESSER | Si la charrue cesse, et si la main rustique Oisive par les champs au labeur ne s'applique |
CHACUN, CHACUNE | Voicy le carneval, menons chascun la sienne, Allons baller en masque, allons nous pourmener |
CHAÎNON | Nous avons un certain nombre de syllabes en chascun genre de poëme, par lesquelles, comme par chainons, le vers françois lié et enchainé.... |
CHAPE | De chappes, de rochetz... |
CHAPERON | Il fait bon voir le bec de leurs chapprons antiques |
CHARBONNER | Aussi voit on bien à mon nez Et à mes yeulx tous charbonnez, Que je n'ay pas la veuë claire |
CHARGE | Ce sont beaux mots, que bravade, Soldat, cargue, camizade, Avec un brave sangdieu |
CHAROGNEUX, EUSE | .... Tous oiseaux funebres, Chazhuans, amis des tenebres, Avec maint charogneux corbeau |
CHARRETÉE | Mille bourdes qu'il a en France rapportées, Assez pour en charger quatre grandes chartées |
CHARRETIER, IÈRE | Que de mon nom la mer nommer je face, Ou que je sois ce chartier mal appris.... |
CHEF | Ce jour premier fut la cause et le chef Et de la mort, et de tout le meschef |
CHENU, UE | Non autrement qu'on voit parmy les nues Les haults sourcils des grands Alpes chenues |
CHENU, UE | La foy chenue, alors non violable, Tiendra le lieu des punissantes loix |
CHENU, UE | Mesme en ces tant jeunes ans, Ceste vertu tant chenue |
CHÈRE | .... Et puis appaisoit sa cholere Tout soudain qu'on luy faisoit chere |
CHEVALINE | .... Et la chevaline source [l'Hippocrène] De sa course Avoit arresté les pas |
CHEVELU, UE | Par l'espaisseur des forets chevelues |
CHEVELU, UE | Allez, filles de la Nuict, De longs serpens chevelues |
CHEVELURE | Herissant sa chevelure |
CHEVEU | Prenons l'heure aux cheveux, l'homme rappelle en vain La sourde occasion alors qu'elle est absente |
CHEVEU | Comme l'autonne saccage Les verds cheveux du boccage |
CHEVRON | On rue à bas les gros chevrons de fresne |
CIMETIÈRE | Ores tu marches solitere, Parmy l'horreur d'un cimetere |
CIRER | Qui des ailes mal cirées [d'Icare] Le vol n'imiteront pas |
CLABAUDER | C'est un vertueux office, Avoir pour son exercice Force oiseaux, et force abbois, Et en meutes bien courantes Clabauder toutes ses rentes Par les champs et par les bois |
CLAIRVOYANT, ANTE | Or avez vous Pesprit si elervoyant, Que nul destour, tant soit il fourvoyant, Vos pas certains pourroit tromper.... |
COCHE | Tant qu'à l'entour du monde Sa coche vagabonde Neptune conduira |
COEUR | Je croy qu'il s'addoucira, Ou sera Plus dur que le coeur d'un arbre |
COIFFURE | Tous ces esprits portent la teste ceincte Du blanc attour d'une coyfure saincte |
COLLER | Je voy plus de cent ruisseaux Collez de fange et de bourbe |
COMME | Que sçais-tu quel j'estois devant qu'aller à Rome ? Quel j'en suis retourné ? quel j'ay vescu, et comme ? |
COMPÉTEMMENT | Je croy, qu'à un chascun sa langue puisse competemment communiquer toute doctrine |
CONQUE | Telle qu'estoit la nouvelle Cyprine Venant à bord dans sa conque de mer |
CONSÉCUTION | La signification de ce mot [rhythme] est fort ample, et emporte beaucoup d'autres termes, comme reigle, mesure, melodieuse consonance de voix, consecution, ordre, comparaison |
CONTEMPTIBLE | Pour nous rendre encore plus odieux et contemptibles |
CONTOURNEMENT | Avec une petite maniere d'irrision et contournement de nez, je les adverty qu'ils n'attendent aucune response de moy |
CONTOURNER | Le fier taureau au combat ordonné Deçà de là va contournant sa teste |
CONTRE-BALANCER | C'est luy que nulle violence Peult esbranler tant seulement, Si bien il se contrebalance En tous ses faicts egalement |
COPIE | Il fault necessairement que ces deux langues soient entendues de celuy qui veult acquerir ceste copie et richesse d'invention |
COPIE | La sententieuse briefveté de l'un, et la divine copie [abondance] de l'autre [Platon] |
COPIEUSEMENT | Toutes sciences se peuvent fidelement et copieusement traitter en icelle [langue française] |
COPIEUSEMENT | L'office de l'orateur est de chacune chose proposée elegamment et copieusement parler |
COPIEUX, EUSE | Aussi est-ce le plus utile de bien imiter, mesmes à ceux dont la langue n'est encor bien copieuse et riche |
COQ-À-L'ÂNE | Autant te dy-je des satyres que les François, je ne sçay comment, ont appelées cocs à l'asne.... Cette inepte appellation de coc à l'asne |
COQUE | À toucher plus polie et fine Que n'est une coque marine |
COQUILLE | Voulant les Dieux à la guerre animer, Il fendoit l'air de sa coquille creuse |
COQUIN, INE | Arriere aussi la Habertine, Qui a faict la muse coquine |
COQUIN, INE | Ou soit que ce petit coquin [son chat] Privé sautelast sur ma souche |
CORALLIN, INE | Soit qu'en riant ses levres coralines Montrent deux rancs de perles crystalines |
COULER | Et qui de loing coules tes cleres eaux En l'Ocean d'une assez vive course |
COULER | De loing quelquefois reluit Une estoille espoinçonnée, Qui coule ou semble couler |
COULER | Le miel qui les oreilles touche, à Nestor couloit de la bouche |
COULPE | Que doivent esperer les meschans, qui sans cesse Portent dedans le cueur leur coulpe vengeresse ? |
COUPABLE | Certes, seigneur, je sens bien que ma faulte Me rend coulpable à ta majesté haulte |
COUPEAU | Quand la fureur qui bat les grands coupeaux.... |
COUPLE | Voici la jeune Cynthienne, Vefve de son Endymion : Belle couple, heureuse union |
COUPLE | De maint propos ce couple [Énée et Achates] devisoit |
COUPLER | Les vers sacrez, les celestes augures, Les poincts couplez, les magiques figures |
COURGE | La s'estendoit la friande laictue, Et là s'enfloit la coucourde ventrue |
COURS | Diane en l'onde il vaudroit mieux trouver Ou voir Meduze, ou au cours s'esprouver Avecques Atalante.... |
CRAQUER | D'un horrible regard rouant ses yeux ardents Et d'un horrible son faisant cracquer ses dents |
CRAQUETER | ....de là s'entend le bruit Des gemissans sous le fouet esclattant, Et des gros fers tirez en cracquetant |
CRAQUETER | Quand j'oy les Muses cacqueter, Enflant leurs mots d'un vain langage, Il me semble ouyr cracqueter Un perroquet dedans sa cage |
CRASSE | Ô temps ! ô meurs ! ô crasse ignorance ! |
CRASSE | La peur, la faim, mauvaise conseillere, La pauvreté de crasse toute pleine |
CRASSEUX, EUSE | Sur ce rivage un passager estoit, Crasseux, hydeux, qui la face portoit De barbe blanche espessement couverte |
CRÉDIT | Qui pour acquerir le nom de sçavans, traduisent à credit les langues, dont jamais ils n'ont entendu les premiers elements |
CRÊPE | Dieu, qui en mon Loyre mouilles L'or de tes crespes cheveux |
CRÊPE | Ô front crespe et serein ! |
CRÉPELU, UE | Sa longue oreille velue D'une soye crespelue |
CRÉPELU, UE | .... Marche à longs pas, et d'un doré lien.... Noue à l'entour ses cheveux crespelez |
CRÊPER | Je voy les ondes encor' De ces tresses blondelettes Qui se crespent dessous l'or Des argentines perlettes |
CRÉPON | En mille crespillons les cheveux se frizer.... |
CRIBLER | Je cognois que je seme au rivage infertile, Que je veulx cribler l'eau, et que je bats le vent |
CRISTAL | La froide bize ferme Le gozier des oiseaux, Et les poissons enferme Soubz le crystal des eaux |
CROSSER | Aussi chascun n'a pas merité que d'un roy La liberalité luy face comme à toy, Ou son archet doré, ou sa lyre crossée [cela s'adresse à Ronsard] |
CROULER | [Les vents] Croulent son tronc d'une horrible menace, Et de fueillars pavent toute la place |
CULTIVATEUR, TRICE | Au moyen de l'industrie et diligence des cultivateurs d'icelle [langue française] |
CULTIVER | Pour la coulpe de ceux qui l'ont eue en garde [nostre langue] et ne l'ont cultivée à suffisance |
CULTURE | Que si les anciens Romains eussent esté aussi negligens à la culture de leur langue.... |
CYMBALE | L'enroué des cymbales |
DE | La philosophie est un fais d'autres espaules que de celles de nostre langue |
DE | Ilz trouveront mauvais de ce que j'ose si librement parler |
DE | Pour monstrer ce qui est de semblable en ces deux Et ce qui est aussi de difference entre eux |
DE | Mais si mes vers sont de quelque merite, C'est pour l'honneur qu'ils ont de vous chanter |
DE | Il me semble de voir cette troppe legere En un rond assemblée autour de vostre pere |
DE | Il fait du bon chrestien, et n'a ny foy, ny loy |
DÉBORD | Ny le debord de ce dieu tortueux Qui tant de fois t'a couvert de son onde |
DÉBORDER | Comme un torrent debordé qui emmeine Tects et troupeaux, contreval par la plaine |
DÉBROUILLER | [Dieu] Debrouilla ce caos, où d'une horrible guerre Ensemble combattoient le feu, l'onde, la terre |
DÉCLINABLE | Qui eust gardé nos ancestres de varier toutes les parties declinables.... |
DÉCLINAISON | Nostre langue n'a ses declinations, ses pieds et ses nombres, comme ces deux autres |
DÉCLINER | Nostre langue se decline, si non par les noms, etc. pour le moins par les verbes |
DÉCLINER | Mais quelque jour viendra ce dernier jugement, Que roy, ny magistrat, ny juge aucunement Ne pourront decliner |
DÉCOCHER | Plustost que la fleche ailée Ne s'en vole au descocher, Nostre verdeur escoulée Voit son printemps desseicher |
DÉCORER | Encores moins veux je que l'on me donne Le mol rameau en Cypre decoré [honoré] |
DÉCORER | Le ciel en rid, et le soleil encore De nouveaux rays ses blons cheveux decore |
DÉCOUCHER | Puis quand l'aube se descouche De sa jaunissante couche Pour nous esclerer le jour.... |
DÉDORER | Tout le malheur qui nostre age dedore |
DÉDUIRE | J'ai plusieurs points que je pourrois induire à ce propos, si je voulois deduire Ce fait au long.... |
DÉFÂCHER (SE) | Et si je suis fasché d'un fascheur serviteur, Dessus les vers [en faisant des vers], Boucher, soudain je me desfasche |
DÉGOISER | Quand tout boys reverdist, et parmy les boccages Les oyseaux bien chantans degoysent leurs ramages |
DÉGORGER | Mais cependant Venus, de deuil attainte, Desgorge ainsi à Neptune sa plainte |
DÉGOUT | Par le degout des larmes que je pleure |
DÉGOUT | Quand le degout d'une pluie dorée |
DÉGOUTTER | Au vase estroit, qui degoute Son eau, qui veult sortir toute |
DÉGOUTTER | .... Tout moyte et degoutant s'est sauvé du naufrage |
DEHORS | Commande doncq aux gentilles Naïades Sortir dehors leurs beaux palais humides |
DÉJÀ | Son peché palle il voit courir devant Les pieds ailez de la peine suyvant Qui jadé-jà les deux talons luy presse |
DÉLACER | Onde pour ma flamme esteindre, Mains pour mes noeuds delacer |
DÉMANCHER | Desmanchez vos chalumeaux |
DENT | Ses dentelettes d'ivoyre |
DENTÉE | Et la beauté tant vantée Qui du feudroyant sangler Sentit la fiere dentée |
DÉPLUMER | Il tente la voye des cieux, Croyant en des ailes de cire, Dont Phoebus le peult deplumer |
DÉSAIGRIR | Me plaist lascher, pour desaigrir ma peine, Aux pleurs, aux criz et aux souspirs la bride |
DÉSESPÉRER | Où desperé d'avoir mieux, Je m'en iray rendre hermite |
DESSERRER | Et permettez que ce bras angevin Par l'air françois desserre un traict qui vole Mieux que jamais de l'un à l'autre pole |
DESSERRER | .... France durant la guerre Nouveaux enfans de son ventre desserre |
DESSERRER | Quand l'obscurité desserre Ses ailes dessus la terre |
DESSILLER | Alors, Forget, alors ceste erreur ancienne, Qui n'avoit bien cogneu ta princesse et la mienne, La venant à revoir, se dessilla les yeux |
DESSOUDER | Ores leurs fors bras dessoudent Leurs ponts, ecluses et ports |
DEVISER | Ceux qui ayment le vin, deviseront [causeront] de boire |
DEVISER | Bref il est si poltron, pour bien le deviser, Que depuis quatre mois, qu'en ma chambre il demeure, Son umbre seulement me fait poltronniser |
DISTILLER | Tu te distilles le cerveau Pour faire un poeme nouveau |
DISTILLER | Le soleil donne vie, agite, et sa chaleur Distille dans les os sa celeste vigueur |
DOGUE | Qui le mastin villageois, A veu tombé sous la force Du genereux dogue anglois |
DORMIR | L'esprit troublé de mon cher pere Anchise En mon dormant haste mon entreprise |
DORMIR | Filz de deesse, en quelle seureté Es-tu icy au dormir arresté Si longuement ? |
DORMIR | Mais quand l'homme a perdu ceste douce lumiere, La mort luy fait dormir une eternelle nuict |
DOS | Je voy le dos d'une mer Couppé de rames legeres |
DOS | .... et qui se donne los D'avoir porté son vieil pere [Anchise] à son dos |
DOTAL, ALE | Soit asservie à un phrygien prince, Avec Didon sa dotale province |
DOUTEUSEMENT | La lune l'accompaigne, ornement de la nuict, Qui d'une autre clarté douteusement reluit |
ÉBÉNIN, INE | Le col grosset, courte l'oreille, Et, dessous un nez ebenin, Un petit mufle lyonin [il s'agit d'un chien] |
ÉCARLATE | Vieille qui as joue et narine Bordées de crasse et de farine.... Et les yeux d'escarlate vive |
ÉCHAUFFEMENT | Comment puis-je sentir eschauffement pareil à celuy qui est près de sa flamme divine ? |
ÉCOULER (S') | Je ne souhaitte point me pouvoir transformer, Comme feit Jupiter, en pluye jaunissante, Pour escouler en vous d'une trace glissante Cest ardeur qui me fait en cendres consommer |
ÉDENTER | Ô vieille edentée |
ÉGAYER | Soit que des vers sans loy tu accordes les sons, Ou soit que tu t'esgaye' en rustiques chansons |
ÉLANCER | ....Et des croppes hautaines Les fiers torrents s'eslancent par les plaines |
ÉLANCER | Et de son coeur la playe trop voisine En eslançant luy pince la poctrine |
ÉLÉGAMMENT | L'office de l'orateur est de chacune chose proposée elegamment et copieusement parler |
ÉLÉGIE | Mais d'avantage, Lazare de Baïf a donné à nostre langue le nom d'epigrammes et d'elegies, aveq ce beau nom composé aigre-doux, à fin qu'on n'attribue l'honneur de ces choses à quelqu'autre |
ÉMAILLER | Ce sont mes vers que les chastes Charites [Grâces] Ont esmaillez de plus de cent couleurs |
EMBOUCHER | Ses fiers chevaux il attele, et embouche D'escumeux freins leur braveté farouche |
ÉMONDER | [Là les âmes sont] de tout vice emondées |
EMPENNER | Ô fol qui haste les années Qui ne sont que trop empennées |
EMPERLER | De l'aurore Les rivages emperlez |
EMPOISONNEUR, EUSE | Les herbes empoisonneresses |
EMPOUPER | Lors un bon vent vint empoupper la flotte |
ENCHÂSSER | Use de mots purement françois, non toute fois trop communs, non point aussi trop inusitez, si tu ne voulois quelquefois usurper et quasi comme enchasser, ainsi qu'une pierre precieuse et rare, quelques mots insignes en ton poeme à l'exemple de Virgile |
ENCLIN, INE | Si mes innocentes mains, Pures de sang et rapines, Ne furent oncques inclines à rompre les droits humains |
ENDORMANT, ANTE | Oignons, pavots d'endormante nature |
ENDROIT | Tous les arts et sciences en toutes les quatre parties du monde, sont, chacune endroit soy, une mesme chose |
ENDROIT | Les espiceries que l'Inde nous envoye, sont mieux cogneues, et traittées de nous, et en plus grand pris, qu'en l'endroit de ceux qui les sement ou recueillent |
ENDROIT | Non que je me vante d'avoir en cest endroit contrefait au naturel les vrais lineamens de Virgile |
ENFONCER | ....assise à la senestre, Est la melancholie au sourcil enfonsé |
ENLACEMENT | Ô vigne heureuse, heureux enlacemens |
ENLACER | Son caducée embrassent Deux serpents, qui s'enlacent, Se joignant par le bout |
ENLACER | Courage donc, Ronsard : la victoire te donne, Pour enlacer ton front, la plus docte couronne |
ENTONNER | Qui aura l'haleine assez forte Et l'estomac pour entonner Jusqu'au bout la buccine [la trompette] torte Que le Mantuan fit sonner ? |
ENTRETISSU, UE | ....Et si avoit encor Entretissu les toiles de fin or |
ENVIE | [Le vin] douce liqueur, le plaisir de la vie, Qui au nectar porte bien peu d'envie |
ENVIEUX, EUSE | Je ne suis pas sur vostre aise envieux |
ÉPAIS, AISSE | [La forêt] Voit par l'espais de sa neuve ramée Mainct libre oiseau qui de tous côtés erre |
ÉPAIS, AISSE | Meutes de chiens, piqueurs Massiliens Marchent espais [serrés nombreux] |
ÉPAISSEUR | Par l'espesseur des forests chevelues |
ÉPARPILLER | Esparpillez de toutes pars, Belle, ces beaux cheveux espars |
ÉPAULE | Haste-toy donq' et n'attend pas Que la grand' espaule chenue Des Alpes deçoive tes pas |
ÉPICER | Ainsi l'or n'y aura, ny la faveur, accez, Et ne sera besoin d'espicer les procez |
ÉPIGRAMME | Mais d'avantage, Lazare de Baïf a donné à nostre langue le nom d'Epigrammes et d'Elegies, aveq ce beau mot composé Aigredoux, afin qu'on n'attribue l'honneur de ces choses à quelqu'autre |
ÉPOINÇONNER | Tous sont espoinçonnez d'une mesme fureur |
ÉPROUVER | Ou voir Meduze, ou au cours [à la course] s'esprouver Avecques Atalante.... |
ERRE | Mais quoi ? je vole un peu trop hault, Et m'esloigne trop de mes errès |
ERREUR | Là fut soubs toy Moyse ton amy chef de ta gent, qui murmuroit parmy Les longs erreurs de ce desert sauvage |
ESCADRON | De mil' autres vertus cachées Un long escadron j'apperçoy |
ESCOFFION | Car les pendants et les bracelets d'or, Les scoffions et les chaisnes encor |
ESCROQUEUR, EUSE | Mais par sus tout je craignoy le danger Des escroqueurs, ne me tenant mocquée.... |
ESPACER | ....Observant la loy de traduire, qui est, n'espacier point hors des limites de l'auteur |
ESSOR | Les ames donc tirent la penitence De leurs vieux maulx ; les unes hault pendues Sont parmy l'air à l'essor estendues ; Aucunes sont dedans la mer plongées |
ESSUYER | Sus donc et qu'on essuye Les pleurs et le soucy |
ÉTALER | Il fait soudain ses vaisseaux envoiler, Guinder au mast, les verges estaler |
ÉTERNEL, ELLE | Pour voir ces monts couverts d'une neige eternelle |
ÉTINCELANT, ANTE | Voici Henri qui s'avance, Qui d'un fer estincelant Le chef lui va martelant |
ÉTONNER | Ô bien heureux qui de rien ne s'estonne, Et ne pallist, quand le ciel iré tonne |
ÊTRE | Bref, fust de nuict ou fust de jour, Je ne songeois rien que l'amour |
ÊTRE | Prenez le cas que cinq ou six hyvers Soi'nt jà passez, et qu'avec longue peine Ils soi'nt venus en accroissance pleine |
ÊTRE | Soyez doux et clement, la doulceur te doit plaire |
ÉTUI | Oisifs dedans leur chambre, ainsi qu'en un estui |
ÉVEILLEUR | Et l'eveilleur du rustique sejour Jà par son chant avoit predict le jour |
ÉVOCATION | Les abus qui se font par faveurs et surprises, Aux evocations, et aux causes commises |
FAIRE | Dessoubs le voile nocturne Tout se fait paisible et coi |
FATALITÉ | Le vouloir toutefois ou la necessité Changent souvent le cours de la fatalité |
FEINDRE | N'est-ce pas toy, dont la divine main De vil bourbier forma le corps humain, Pour y enter l'ame que tu as feinte Sur le portrait de ton image saincte ? |
FÉLICITÉ | La memoire et la pronuntiation ne s'apprennent pas tant par le benefice des langues, comme elles sont données à chascun selon la felicité de sa nature |
FEUILLARD | [Les vents] Croulent son tronc d'une horrible menace, Et de feuillars pavent toute la place |
FEUILLETER | Feuillete de main nocturne et journelle Les exemplaires grecs et latins |
FEUILLU, UE | Le bras feuillu de l'hierre |
FEUTRER | Ô roc feutré d'un verd tapy sauvage ! |
FIL | Un petit fil de vinaigre |
FILANDIÈRE | Que mauldictes soyez-vous, Filandieres de la vie |
FILER | Belaud [un chat] ne filoit au rouet, Grommelant une litanie De longue et fascheuse harmonie |
FLAMBANT, ANTE | Quand un guerrier flambant d'armes insignes |
FLAMBEAU | Cuides-tu par ta plainte Soulever un tombeau, Et d'une vie esteinte Rallumer le flambeau ? |
FLAMBEAU | [Le lion] Allume de ses yeux les deux flambeaux ardents |
FLUIDE | Ceux qui ne s'emploient qu'à orner et amplifier nos romans, et en font des livres certainement en beau et fluide langage |
FORT, ORTE | Amour grava vostre beauté Au plus fort de ma loyauté |
FORT, ORTE | Qui quiert le feu aux veines d'une pierre, Qui court au bois, forts des bestes sauvages |
FORTERESSE | Mais la fortresse de mon cueur, Dont vostre oeil fut le seul vainqueur, S'est rendue imprenable |
FOURNIR | Et quant à ce, te fourniront de matiere les louanges des dieux et des hommes vertueux |
FOURVOYANT, ANTE | Or avez vous l'esprit si clervoyant Que nul destour, tant soit il fouryoyant, Vos pas certains pourroit tromper.... |
FRAÎCHEUR | Près d'un boccage, au milieu d'un beau pré, Où d'un ruisseau la frescheur tousjours dure |
FRAIS, FRAÎCHE | Use donc hardiment de l'adjectif substantivé, comme le liquide des eaux, le vuyde de l'air, le frais des ombres |
FRAUDER | Et se fraudant de la louange Que tu luy dois en contre-change |
FREDONNER | Mes doigts fredonnent la gloire De celuy qui est trois fois Dieu |
FREDONNER | Viennent d'un doux fredonner Les abeilles sur ta couche |
FRÉTILLARD, ARDE | Soit que d'une façon gaillarde, Avec sa patte fretillarde, Il se frottast le musequin |
FRISE | À chapiteaux d'albastre et frizes de crystal |
FRISER | Sous l'oeil palle de la nuict J'ay fait ma course premiere, Frizant la mer, qui reluit Sous la tremblante lumiere |
FRISER | Je vous promets et voue, à la mode romaine, Immoler trois aigneaux frisez de noire laine |
FRISER | ....Ains que du premier poil la toison colorée Eust frizé son menton d'une barbe dorée |
FRISER | En mille crespillons les cheveux se friser |
FRISER | Adieu le soing de friser les cheveux |
FRISURE | Il en avoit la parole et le teint, La belle taille et la frizure blesme De ses cheveux, c'estoit Mercure mesme |
FROID, OIDE | Une peur froide avoit saisi mon ame |
FROID | Uses donc hardiment de l'adjectif substantivé, comme le liquide des eaux, le vuyde de l'air.... pourveu que telle maniere de parler adjouste quelque grace, et vehemence ; et non pas le chault du feu, le froid de la glace, le dur du fer, et leurs semblables |
FROIDEUR | Pourquoy as-tu mafroideur attisée ? |
FROIDUREUX, EUSE | D'un hiver froidureux un gracieux printemps |
FRONTISPICE | Tu vas renouvelant d'un hardy frontispice La superbe grandeur des plus vieux monumens |
FUMANT, ANTE | Là où Phebus sa course ayant finie Oste la bride à ses fumans chevaux |
FUMÉE | Mais grant faveur passe comme fumée |
FUMER | Quand revoirai-je helas, de mon petit village, Fumer la cheminée, et en quelle saison Revoiray-je le clos de ma pauvre maison ? |
FUMER | Ceux-cy [fourmis] trainent les grains trop pesans et trop gros, Ceux-là les vont poussant de l'espaule et du doz : Tout le chemin en fume |
FUREUR | Ô la fureur d'une bruslante rage, Qui maintenant transporte mon courage |
FURIBOND, ONDE | La malheureuse ardente et furibonde [Didon] Court par la ville errante et vagabonde |
FURIE | Les furies l'ont sonné [mon hymen] Et donné Le signe à ma destinée |
FURIE | Icy se teut ; mais pleine de furie La grand prestresse impatiente enrage Par la caverne |
FURIEUX, EUSE | Las, qu'ont servy tant de temples divins Et tant de voeux à ceste furieuse [Didon amoureuse] ? |
FUSÉE | Et la fusée ardent sifller menu par l'air |
FÛT | La France n'avoit qui peust, Que toy, remonter de cordes De la lyre le vieil fust |
GALÈRE | Pour ceste mesme raison, j'ay usé de gallées pour galleres, endementiers pour en ce pendant ... et autres dont l'antiquité me semble donner quelque majesté aux vers, pourveu toutefois que l'usage n'en soit immoderé |
GARANTIR | Tout entier je ne mourray pas, De moy la meilleure partie De la mort sera garentie |
GÉMIR | Ayant tant de malheurs gemy profondement |
GÊNER | Et si nostre langue n'est si curieusement reiglée, ou plustost liée et geinée en ses autres parties... |
GIRON | Prend le ballay, et tout à l'environ Va nettoyant la meule et le gyron |
GLACE | Desir m'enflamme, et crainte me rend glace |
GLACE | Sus, chauds souspirs, allez à ce froid coeur, Rompez ce glas qui ma poitrine enflamme |
GLAÇON | Et bref ce n'est, à ouïr leurs chansons, De leurs amours que flammes et glaçons |
GONFALON ou GONFANON | On ne voit que soldats, enseignes, gomphanons, On n'oit que tabourins, trompettes et canons |
GOÛTER | [Ulysse] s'il eust gousté à la couppe circeïenne, De sa doulce terre ancienne Il n'eust regousté les plaisirs |
GRÂCE | Or sommes nous, la grace à Dieu, par beaucoup de perils et flots estrangers, rendus au port, à seureté |
GRÊLER | Par toy les vignes sont gelées, Par toy les plaines sont greslées |
GRISONNER | Tu grisonneras ainçois Que tu sois Au bout de ton navigage |
GUIDE | La cour est mon autheur, mon exemple et ma guide |
HAINEUX, EUSE | Pour toy je suis aux libyques provinces Faite hayneuse, et aux nomades princes |
HAINEUX, EUSE | D'un haineux estranger l'envieuse malice Exerce contre luy son courage odieux |
HÉRISSER | [La prètresse] herissant sa chevelure |
HIDEUX. EUSE | Sur l'autre sont les murs vieux, Hideux de ronces et d'hierre |
HIVERNAL, ALE | Les neiges hyvernales |
HOCHER | Minos, qui a la charge principale de la torture, hoche l'urne fatale |
HOMICIDE | Le bon Thebain [Hercule], des monstres homicide |
HOSPITALIER, IÈRE | Au XVIe siècle on ne connaissait guère hospitalier, au sens de donnant l'hospitalité, propre à l'hospitalité (dans l'exemple de Montaigne le sens n'est pas très précis) ; on disait hospital : Auprès de l'hospitale ombre |
HUMIDE | Et sans craindre la froidure, Dessus l'humide verdure Bale au serain de la nuict |
HUMIDITÉ | Du chauld et de l'humidité Procede la fecondité Des semences du monde |
HURE | ....C'est que tu te gardes de rymer les mots manifestement longs avec les brefs aussi manifestement brefs, comme un passe et trace, un maistre et mettre, une chevelure et hure, un bast et bat, et ainsi des autres |
HURE | Tout renversé dans la caverne obscure, Auquel [Cerbère] voyant jà herisser la hure De gros serpens... |
HURLEMENT | ....Et des sommets mainte nymphe estonnée Par hullemens a chanté l'hymenée |
HURLER | Toy Hecaté par les cantons hullée, Quand dessus nous la nuict est devallée |
HURLER | Ils hurlent comme chiens leurs barbares chansons |
IDOLÂTRER | Qui, mesprisant de son Dieu les louanges, Idolatroit après les dieux estranges |
IDOLÂTRIE | Et nous chantons la vanité de l'idolatrie ancienne |
IGNARE | Nul, s'il n'est vrayement du tout ignare, voire privé de sens commun... |
ILIADE | Choisy moy quelqu'un de ces beaux vieux romans françois, comme un Lancelot, un Tristan ou autres, et en fay renaistre au monde une admirable Iliade et laborieuse Eneide |
IMITABLE | Celuy vrayment contre Dieu s'esleva, Qui fist premier le tonnerre imitable |
IMITATION | Comme l'un [Cicéron] se fust entierement adonné à l'imitation des Grecz |
IMMODÉRÉ, ÉE | Et autres mots dont l'antiquité semble donner quelque majesté aux vers, pour vu que l'usage n'en soit immoderé |
IMPORTUN, UNE | Mais l'importun souci qui nous suit pas à pas Et par terre et par mer, nous ne le fuyons pas |
IMPOSER | Finablement, silence il s'imposa, Et faisant fin, icy se reposa |
IMPRENABLE | Vous avez prins Calais, deux cens ans imprenable |
INCLINATION | Le ciel donne aux esprits diverses passions, Diverses volontés et inclinations, à mestiers tout divers |
INCLINER | Ja sur l'aage inclinant ce prince le trouva |
INEPTE | Soubz le nom de satyre, et non de ceste inepte appellation de coc à l'asne |
INEPTEMENT | Barbares anciennement estoient nommez ceux qui ineptement parloient grec |
INEXPUGNABLE | Vous avez prins Calais, deux cens ans imprenable, Monstrant qu'à la vertu rien n'est inexpugnable |
INFINITIF | Uses donques hardiment de l'infinitif pour le nom, comme l'aller, le chanter, le vivre, le mourir |
INIMITABLE | Outrecuidé, qui du dieu souverain, En galoppant dessus un pont d'airain, Contr'imitoit l'inimitable orage |
INTEMPÉRÉ, ÉE | Le mal d'un corps intemperé Peult estre esteint ou moderé Par jus d'herbe ou racine |
INTERVALLE | D'où vient que les gestes du peuple romain sont tant celebrez de tout le monde, voire de si long intervalle preferez à ceulx de toutes les autres nations ensemble ? |
JALOUSIE | Siffler toute la nuit par une jalousie |
JAUNISSANT, ANTE | Je ne souhaite point me pouvoir transformer, Comme feit Jupiter, en pluye jaunissante |
JEUNESSE | Un tas de jeunesses folles |
LAMBRUCHE ou LAMBRUSQUE | ....Qui d'infertile rend un terrain plantureux, Qui change la lambrusque en un cep plus heureux |
LÉGER, ÈRE | Uses hardiment des noms pour les adverbes, comme ils combatent obstinez, pour obstineement, il voleleger, pour legerement |
LÉGER, ÈRE | À vous [les vents], troppe legere, Qui d'aile passagere Par le monde volez |
LÉOPARD | Je voy tomber soubs les flesches françoises Le leopard, ton antiq' ennemy |
LIBRE | L'amour, les vins libres [généreux] et toute bonne chere |
LIBRE | Il vaudroit beaucoup mieux ne rymer point, mais faire des vers libres [blancs], comme a fait Petrarque en quelque endroit |
LIBRE | Que l'on voise [aille] sautant, Que l'on voise hurtant D'un pié libre la terre |
LIERRE | Le chef environné de verdoyant lierre |
LIERRE | Sus doncq', qu'un autel on m'appreste D'hierre à la racine velue |
LINÉAMENT | Non que je me vante d'avoir en cest endroit contrefait au naturel les vrais lineamens de Virgile |
LINGOT | Ainsi le marinier souvent pour tout tresor Rapporte des harens au lieu de lingots d'or |
LIQUIDE | Usez hardiment de l'adjectif substantivé, comme le liquide des eaux, le vuyde de l'air, etc. |
LOUANGE | Heureux, qui pour guyde ont eu La louange qui est mere Et fille de la vertu |
LOUEUR, EUSE | [La louange] Venant d'un loueur louable, C'est un bruvage amiable |
MÂCHER | ... Qui fait le brave, et de sa bouche humide Maschele frein de l'escumeuse bride |
MALHEUREUX, EUSE | Que la malheureuse avene Ne foisonne sur la plaine, Ny toute autre herbe qui nuit |
MANCHE | Aucunefois n'estant de la partie, J'estoy si bien de mon faict advertie, Qu'autant de fois qu'une reste on gaignoit, Autant de fois la manche on me donnoit |
MANIFESTER | Mais le remede helas trop tard se treuve à la douleur que la mort manifeste |
MANQUE | L'ancienne langue avait l'adjectif manc, manque, qui signifiait estropié, défaillant, manquant de, et même gauche, du latin mancus : Tu m'as ouvert le manque flanc |
MARIER | Ce grand Monmorency, le Nestor de la France, Qui sçait au bon conseil marier la vaillance |
MATOU | Matou est-il une corruption et dérivation de mite dans chatte-mite ? Est-ce un nom propre devenu un nom d'animal ? Cela semble certain pour marcou, qui s'est dit pour chat mâle : Et de nuict n'alloit point criant Comme ses gros marcoux terribles, En longs miaudemens horribles |
MÊME | Nostre langue ne doit pourtant estre deprisée, mesmes [surtout] de ceux auxquels elle est propre et naturelle |
MÊME | Nostre langue se pourra egaler aux mesmes Grecs et Romains, produisant comme eux des Homeres.... |
MÊME | Luy donnant beaucoup de manieres de parler poetiques qui ont bien servy mesmes aux plus excellens de nostre temps |
MÊME | Sans la divine muse d'Homere, le mesme tombeau qui couvroit le corps d'Achille eust aussi accablé son renom |
MENER | Ce procès tant mené et qui encore dure, Lequel des deux vault mieulx, ou l'art, ou la nature |
MENTEUR, EUSE | Ceste Grece menteresse |
MÉTIER | Mais il est paresseux, et craint tant son mestier, Que, s'il devoit jeuner, ce croy-je, un mois entier, Il ne travailleroit seulement un quart d'heure |
MÉTIER | Voilà comment sur le mestier humain Non les trois soeurs, mais Amour de sa main Tist et retist la toile de ma vie |
MIGNARDEMENT | Ains se plaignoit mignardement D'un enfantin myaudement |
MIGNONNEMENT | Ô beaux cheveux d'argent mignonnement retors |
MINEUR, EURE | Celuy qui en procez a ruiné son frere, Ou le bien d'un mineur a converty à soy |
MISÉRICORDIEUSEMENT | Ils pensent avoir fait un grand chef d'oeuvre en françois, quand ils ont rymé un misericordieusement et un melodieusement |
MOEURS | Les Grecs transporterent ce nom [barbare] aux meurs brutaux et cruelz, appelant toutes nations hors la Grece, barbares |
MÔME | Or cessent donques les momes De mordre les escripts miens, Puisqu'ils sont freres des tiens |
MORS | Heureuse la nef arrestée Par le mors de l'ancre jettée Dedans le sein d'un si beau port ! |
MORS | Le cheval furieux, aiant le mors pour guide, Tousjours en sa fureur ne dedaigne la bride |
MOT | Contens n'avoir rien dict qui vaille aux neuf premiers vers, pourveu qu'au dixieme il y ait le petit mot pour rire |
MOT | Souvent pour un bon mot on perd un bon amy |
MOT | Des mots de gueule.... des mots dorés |
MOTEUR, TRICE | S'il est, comme chantent nos vers, L'esprit moteur de l'univers |
MOUCHER | .... Par là il se poussa, Et aux plus hauts honneurs du palais s'avança, Ayant mouché [abusé] les rois avec telle prattique |
MOULURE | Je veux un arc eslever Sur deux colonnes doriques, Pour vostre gloire y graver En cent moulures antiques |
MUET, ETTE | Et n'est si grand douleur, qu'une douleur muette |
MUET, ETTE | Ne monstre que tu sois trop ennemi du vice, Et sois souvent encor muet, aveugle et sourd |
MUGUETER | Car autrement il vous grattoit, Et avec la patte friande De loing muguetoit la viande |
MUSEAU | Petit museau, petites dens [d'un chien] |
NAULAGE | En vain tendons les mains vers le nautonnier sourd ; Nous n'avons un quatrin pour payer le naulage |
NE | Nul, s'il n'est vrayement du tout ignare, voire privé de sens commun, ne doute point que les choses n'ayent premierement esté, puis après, les mots.... |
NE | As-tu point veu une nymphe craintive.... |
NE | Et qui sait si les derniers Se feront point les premiers ? |
NE | Les flots courroussez qui baignent Leurs rivages qui se plaignent, Ne sont plus sourds que je suis |
NON | Je voudroi bien que tous rois defendissent à leurs subjects, de non mettre en lumiere oeuvre aucun, si premierement il n'avoit enduré la lime de quelque sçavant homme |
OBSCUR, URE | Au fon d'enfer va pleurer tes ennuis, Parmy l'obscur des eternelles nuicts |
OBSTINÉMENT | Uses donques hardiment des noms pour les adverbes, comme, ils combatent obstinez, pour obstinéement |
ODE | Fameux harpeur et prince de nos odes |
OMBELLE | Et du persil aux petites umbelles |
OMBRE | Les uns aiment les fresches ombres des foretz |
OR | C'est ores la saison qu'on voit de toutes choses Multiplier par tout les semences encloses |
ORQUE | Je voy sortir des abysmes Une orque, pour m'abysmer... |
ORTHOGRAPHIE | C'est encor' la raison pourquoy j'ay si peu curieusement regardé à l'orthographie, la voyant aujourd'hui aussi diverse qu'il y a de sorte d'escrivains |
OUBLI | Tu bois le long oubli de tes travaux passez |
OUBLIER | Au milieu des tormens, oubliant ma douleur, Je me resjouïray de voir vostre malheur |
OURDISSEUR, EUSE | Retirez-vous, ourdisseurs de finesse, Propos flatteurs qui gastez la jeunesse |
PAILLASSE | Quand il entr'oyoit quelque bruit Des rats qui rongeoient ma paillasse.... |
PARTAGER | L'une a esté comme la plus aagée, Premierement sur mon coeur partagée |
PASSAGER | Aucune fois en accoustrement d'homme Je passageoy pompeusement par Romme, Sur un cheval de mesme enharnaché |
PASSAGER, ÈRE | Bien que soyez comme ce passager [Mercure], Oyseau sans pieds, qui volette sans cesse |
PASSAGER, ÈRE | Sur ce rivage un passager [passeur] estoit [Charon], Crasseux, hydeux.... |
PASSER | Homme ne doit passer dedans ma barque [de Charon], S'il n'a passé par les mains de la Parque |
PASSEUR | Ce passeur-là est appellé Caron |