L'oeuvre Le temple du goût de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE

Ecrit par François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE

Date : 1733

Citations de "Le temple du goût"

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MORT, MORTELes justes éloges sont un parfum qu'on réserve pour embaumer les morts
MORTQui ne craint point la mort est sûr de la donner
MORTOn a ri à la mort du jansénisme et du molinisme
MORTEL, ELLEUne urne contiendra sa dépouille mortelle
MORTEL, ELLETout mortel est donc né pour souffrir
MOSQUÉEBarberousse était le maître absolu dans Toulon, il y fit changer une grande maison en mosquée
MOTN'employez jamais un mot nouveau, à moins qu'il n'ait ces trois qualités : être nécessaire, intelligible et sonore
MOTSur l'Oedipe nouveau de cette énigme obscure [l'univers], Chacun a dit mot
MOTIl serait à désirer que tous ceux qui prennent le parti de sortir de la vie laissassent par écrit leurs raisons, avec un petit mot de leur philosophie ; cela ne serait pas inutile aux vivants et à l'histoire de l'esprit humain
MOTIl n'y avait pas un mot de tout cela dans votre livre, mon cher oncle
MOTPar des bons mots, qui piquent et qu'on aime, Si naturels que l'on croirait soi-même Les avoir dits
MOTC'est une énigme dont chacun a cherché le mot depuis Pythagore
MOTIONQuand même il serait nécessaire que la matière fût en motion, comme il est nécessaire qu'elle soit figurée....
MOUCHOIRLes dames de la cour.... Attendent ses regards et briguent son mouchoir
MOUPHTIMais du beau nom de chien ce mouphti nous honore
MOURANT, ANTE[La veuve de Calas] dépouillée de tout son bien, était seule dans le monde, sans pain, sans espérance, et mourante de l'excès de son malheur
MOURANT, ANTEEt l'homme aux champs de Mars couché sur la poussière, Sanglant, percé de coups, sur un tas de mourants Sert d'aliment affreux aux oiseaux dévorants
MOURIRQuand il faut rendre son corps aux éléments, et ranimer la nature sous une autre forme, ce qui s'appelle mourir ; quand ce moment de métamorphose est venu, avoir vécu une éternité, ou avoir vécu un jour, c'est précisément la même chose
MOURIRElle a vécu.... Je meurs au reste des humains
MOURIRNotre religion réelle, le déisme, a vu naître et mourir mille cultes fantastiques, ceux de Zoroastre, d'Osiris, de Zalmoxis, d'Orphée, de Numa, d'Odin et de tant d'autres
MOURIRQui, toujours se signant, et disant ses rosaires, Leur prêchait la constance, et se mourait de peur
MOURIRThéophile d'Antioche prouve que, le Lazare ayant été mort pendant quatre jours, on ne pouvait admettre...
MOUSSEUn rossignol sait faire son nid, et le construit quand il a trouvé de la mousse
MOUSSERONDeux dindonneaux au coulis de mousserons et de morilles
MOUSSONIls [les Arabes] franchirent les montagnes qui séparent la région de Coromandel de celle du Malabar, et qui sont la cause des moussons ; c'est une chaîne de montagnes habitées aujourd'hui par les Marattes
MOUSTACHEUn Polaque à moustache, à la démarche altière
MOUVANCELes publicistes allemands prétendent encore que le Dauphiné doit être une mouvance de l'Empire
MOUVANT, ANTEC'est la même loi du mouvement qui s'exécute dans l'homme, dans tous les animaux, dans tous les êtres ; partout les leviers agissent suivant la règle qui veut que les poids à soulever soient en raison inverse de la distance du pouvoir mouvant
MOUVEMENTLe mouvement est essentiel à la matière ; toutes les combinaisons sont possibles avec le mouvement ; donc, dans ce mouvement éternel, il fallait absolument que la combinaison de l'univers actuel eût sa place... il n'y a nulle preuve que le mouvement soit essentiel à la matière ; au contraire, tous les sages conviennent qu'elle est indifférente au mouvement et au repos
MOUVEMENTL'âme n'est qu'une suite continuelle d'idées et de sentiments qui se succèdent et se détruisent ; les mouvements qui reviennent le plus souvent forment ce qu'on appelle le caractère
MOUVEMENTCe fut Louis XIV qui, de son propre mouvement, donna des pensions à Boileau, à Racine, à Pellisson, à beaucoup d'autres
MOYENJ'ai vu évidemment des fins et des moyens : ceux qui disent que ni l'oeil n'est fait pour voir, ni l'oreille pour entendre, ni l'estomac pour digérer, m'ont paru des fous ridicules
MUERQui de Méduse eût vu jadis la tête Était en roc mué soudainement
MUET, ETTEVos bouches sont muettes
MUFLELui [cet abbé], dont l'oeil louche et le mufle effronté Font frissonner la tendre volupté
MULEHélas ! lui criaient-ils [les pauvres à Mme de Cagnon, protestante condamnée à mort pour religion], nous ne recevrons plus d'aumônes de vous. - Eh bien, dit-elle, vous en recevrez encore, et elle leur jeta ses mules de velours que ses bourreaux lui avaient laissées
MULTIPLIERTous les philosophes conviennent qu'il ne faut pas multiplier les êtres sans nécessité : ils conviennent donc tous malgré eux qu'il n'y a qu'un Dieu
MUNITIONNAIREAntipater quitta le service des Arabes pour celui des Romains ; il devint leur munitionnaire et fit une grande fortune dans les vivres
MURAILLEL'abbé de Prades doit être condamné en parlement comme en Sorbonne, et passer sa vie entre quatre murailles
MURAILLELa grande muraille fut admirable et inutile ; le courage et la discipline militaire eussent été des remparts plus assurés
MÛRIRTout mûrit par le temps et s'accroît par l'usage
MURMUREÉcoutez-vous du sang le dangereux murmure ?
MUSICOIl faut avouer qu'une île enchantée, dont Vénus est la déesse, et où des nymphes caressent des matelots après un voyage de long cours, ressemble plus à un musico d'Amsterdam qu'à quelque chose d'honnête
MUSIQUEIl semble assez prouvé que les Grecs entendirent d'abord par ce mot musique, tous les beaux-arts ; la preuve en est que plus d'une Muse présidait à un art qui n'a aucun rapport avec la musique proprement dite, comme Clio à l'histoire
MUSIQUELulli était plein d'esprit et de goût ; plus il en avait, plus il lui était impossible de mettre en musique de telles paroles [de la Fontaine] ; Lulli même lui pardonna [la satire du Florentin], et très plaisamment, en disant qu'il aimerait mieux mettre en musique la satire de la Fontaine que ses opéras
MUTILERJe leur dis quelquefois que tout est le mieux du monde ; mais ceux qui ont été ruinés et mutilés à la guerre n'en croient rien, ni moi non plus
MUTILEURAttendez quelques jours ; alors votre juste douleur aura perdu de sa violence, vous ne serez pas fâché de voir de l'oeil qui vous reste une grosse somme d'argent que je vous ferai donner par le mutileur
MUTUELLEMENTLes poëtes et ceux qu'on nomme littérateurs sont presque les seuls artistes auxquels on puisse reprocher ce ridicule de se déchirer mutuellement sans raison
MYSTÈREOn menace le temple, et les divins mystères Sont bientôt profanés par des mains téméraires
MYSTÈREOn joua des mystères à l'entrée de Charles VI à Paris, l'an 1380
MYTHOLOGISTELycaon et Tantale, servant aux dieux leurs enfants en ragoût, étaient deux pères superstitieux, qui commirent un parricide par piété ; il est beau que les mythologistes aient imaginé que les dieux punirent ce crime, au lieu d'agréer cette offrande
NABABIEPlus loin est le petit fort de Paliacate, appartenant aux Hollandais ; c'est de là qu'ils vont acheter des diamants dans la nababie de Golconde
NAIN, AINELes citoyens de ce pays-là [Saturne] sont des nains qui n'ont que mille toises de haut ou environ
NAISSANCEEt Séide et Palmyre ignorent leur naissance
NAÎTRELe bonheur de l'État va donc naître du mien !
NAÏVEMENTIl [Montaigne] est énergique et familier ; il exprime naïvement de grandes choses
NATIF, IVELa bile du natif de Saint-Malo en fut encore plus exaltée....
NATURERéaumur, dont la main si savante et si sûre A percé tant de fois la nuit de la nature
NATUREPour moi, loin des cités, sur les bords du Permesse, Je suivais la nature, et cherchais la sagesse
NATURELa nature en mon coeur est toujours entendue
NATUREL, ELLEL'objet du poëme sur la loi naturelle est d'établir l'existence d'une morale universelle et indépendante, non-seulement de toute religion révélée, mais de tout système particulier sur la nature de l'être suprême
NATUREL, ELLEL'auteur du poëme prétend que les remords nous sont aussi naturels que les autres affections de notre âme
NATUREL, ELLELa Marianne de Tristan, jouée la même année que le Cid, conserva cent ans sa réputation et l'a perdue sans retour ; comment une mauvaise pièce peut-elle durer cent ans ? c'est qu'il y a du naturel
NAUFRAGEÉchappée au naufrage, [une urne] elle est près de ces lieux
NÉCESSAIRELe superflu, chose très nécessaire, A réuni l'un et l'autre hémisphère
NÉCESSITÉÀ l'égard de l'or et de l'argent du Pérou et du Mexique, le public n'y gagna rien, puisqu'il est égal de se procurer les mêmes nécessités avec cent marcs, ou avec un marc
NÉCESSITÉ, ÉELes pauvres sont nécessaires à un État ; ils en font la base ; il faut des mains nécessitées au travail
NÉGATIONDieu ne peut faire les contradictoires ; cela est vrai, parce que ce n'est pas un pouvoir de faire ce qui est absurde, c'est au contraire une négation de pouvoir
NÉGLIGENCEVotre négligence à répondre
NÉGLIGENT, ENTEMon amitié n'est point du tout négligente
NÉGLIGEROn payait un astrologue, et on négligeait un géomètre
NÉGOCIANTJe m'appelle Freeport, loyal négociant, riche ; informez-vous de moi à la bourse
NET, ETTE,Le royaume [de Judée] aurait valu 700 talents, 4,100,000 livres de net, après avoir payé le tribut à l'empereur
NET, ETTE,Ah ! mon ami, vous m'avez oublié net
NETTOYERDes Lamoignon qui nettoient nos lois de la rouille ancienne de la barbarie
NEZSon nez pointu touche à son court menton
NEZUn ermite.... Parlant du nez à Dieu, chante au dos d'un lutrin
NEZÀ peine notre flotte a-t-elle mis le nez hors de Brest qu'elle a été battue par les Anglais
NICes deux ni avec point ne sont pas permis
NIAIS, AISECes sortes de pléonasmes [Trois sceptres, à son trône attachés par mon bras, Parleront au lieu d'elles et ne se tairont pas, Nicom., I, 1] sont les plus vicieux ; ils retombent quelquefois dans ce qu'on appelle le style niais : Hélas ! s'il n'était pas mort, il serait encore en vie
NIAISERIEIl [Voltaire] vous certifie pour la vingtième fois qu'il n'a point fait la plupart des niaiseries, c'est-à-dire des livres que vous lui imputez
NICHÉ, ÉEMon nom, niché dans cent couplets malins
NICHERSi le rossignol pouvait parler, il dirait à ces docteurs [qui soutiennent la liberté d'indifférence] : je suis invinciblement déterminé à nicher, je veux nicher, j'en ai le pouvoir et je niche
NICHERLe pauvre court après lui [Molière qui lui avait fait l'aumône], et lui dit : Monsieur, vous n'aviez peut-être pas dessein de me donner un louis d'or, je viens vous le rendre. - Tiens, mon ami, dit Molière, en voilà un autre, et il s'écria : où la vertu va-t-elle se nicher !
NIÈCEM. Titon du Tillet, ancien maître d'hôtel ordinaire de la reine, âgé de 85 ans, lui recommanda [à Voltaire] la petite-nièce du grand Corneille, qui, étant absolument sans fortune, était abandonnée de tout le monde
NIERSouvenez-vous que nous avons vu nier dans Paris les expériences de Newton sur la lumière, et lui faire des objections plus frivoles
NIERVous laissez les taupes, enterrées sous vos gazons, nier, si elles l'osent, l'existence du soleil
NITOUCHEOn disait autrefois sainte n'y touche, et on disait bien ; on voit aisément que c'est une femme qui a l'air de n'y pas toucher ; c'est par corruption qu'on dit sainte nitouche.... j'aurais souhaité que l'auteur eût eu le courage de dire sainte n'y touche, comme nos pères
NIVEAUComment l'océan, par son flux et par ses courants, aurait-il élevé le mont Saint-Gothard de 16 500 pieds au-dessus du niveau de la mer, telle qu'elle est aujourd'hui ?
NIVEAUCe poëme [Paradis perdu] est mis par les Anglais au niveau de l'Iliade, et beaucoup de personnes le préfèrent à Homère, avec quelque apparence de raison
NIVEAULe, ciel a-t-il rangé les mortels au niveau ?
NOBLESSELe génie de Corneille, malgré ses négligences fréquentes, a tout créé en France ; avant lui, presque personne ne pensait avec force, et ne s'exprimait avec noblesse
NOEUDIl n'y a qu'un seul noeud dans le Dépit amoureux
NOMJe me suis toujours révolté contre cette coutume impolie qu'ont prise plusieurs jeunes gens d'appeler par leur simple nom des auteurs illustres qui méritent des égards
NOMToutes les villes avaient un nom mystérieux que l'on cachait soigneusement aux ennemis, de peur qu'ils ne mêlassent ce nom dans des enchantements, et par là ne se rendissent les maîtres de la ville
NOMLes noms, en tout genre, font plus d'impression que les choses
NOMAu nom du Pinde et de Cythère, Gentil Bernard, sois averti Que l'Art d'aimer doit samedi Venir souper chez l'Art de plaire
NOMLes expressions heureuses qui font l'âme de la poésie et le mérite des Homère, des Virgile, des Tasse, des Milton, des Pope, des Corneille, des Racine, des Boileau
NOMBREEuclide avait-il raison de définir le nombre, collection d'unités de même espèce ?
NOMBREWolf dit : le nombre est ce qui a le même rapport avec l'unité qu'une ligne droite avec une ligne droite ; n'est-ce pas plutôt une propriété attribuée au nombre qu'une définition ?
NOMBRESi j'osais, je définirais simplement le nombre, l'idée de plusieurs unités
NOMBREPoint de nombre, point d'extension à laquelle je ne puisse ajouter
NOMBRELe pouvoir des nombres fut d'autant plus respecté parmi nous qu'on n'y comprenait rien
NOMBRELe petit nombre qui pense conduit le grand nombre avec le temps
NOMMÉ, ÉECette pièce [le Cocu imaginaire] eut le sort des bons ouvrages qui ont et de mauvais censeurs et de mauvais copistes : un nommé Donneau fit jouer à l'hôtel de Bourgogne la Cocue imaginaire, à la fin de 1661
NONCommandez que je meure, et non pas que je fuie
NONAyant déclaré non-seulement hérétique mais absurde le mouvement de la terre
NONComme les successions sont réciproques, la perte du droit de succession est double [pour les mainmortables], parce que ceux à qui on ne peut succéder ne peuvent succéder non plus
NON-PENSANTLes francs-pensants auxquels les non-pensants répondent par l'authenticité du Pentateuque
NOTIONQu'il n'y a point de notions innées ; que nous ne pouvons avoir l'idée ni d'un espace infini, ni d'un nombre infini
NOTOIREMENTLe susdit livre est notoirement rempli de maximes impies tirées du droit naturel, du droit des gens....
NOURRIRLe fils que j'ai nourri périrait à son tour
NOURRIREt qu'elle serait assez heureuse pour se guérir d'un amour que rien ne nourrirait plus
NOURRIRIci votre indulgence et le nom de son père Nourrissent son orgueil au sein de la misère
NOURRISSONQue pouvait Mambrès dans des circonstances si épineuses ? il va trouver sa chère nourrissonne au sortir du conseil
NOURRITUREIl mérite d'être conservé en usage ; il est très supérieur à éducation, qui, étant trop long et composé de syllabes sourdes, ne doit pas entrer dans un vers
NOURRITURECe flambeau sans nourriture N'a qu'une lueur obscure Plus affreuse que la nuit
NOUSPlus d'un écrivain.... ne fait point de difficulté de dire nous, nos aïeux, nos pères, quand il parle des Francs qui vinrent des marais delà le Rhin et la Meuse piller les Gaules et s'en emparer ; l'abbé Vély dit nous ; hé ! mon ami, est-il bien sûr que tu descendes d'un Franc ? pourquoi ne serais-tu pas d'une pauvre famille gauloise ?
NOUVEAU ou, devant une voyelle ou une h muette, NOUVEL, NOUVELLELa Grèce et Rome sont des républiques nouvelles, en comparaison des Chaldéens, des Indiens, des Chinois, des Égyptiens
NOUVEAU ou, devant une voyelle ou une h muette, NOUVEL, NOUVELLEIl y avait déjà un comédien appelé Molière, auteur de la tragédie de Polyxène ; le nouveau Molière fut ignoré pendant tout le temps que durèrent les guerres civiles en France
NOUVELLEIl est bien vrai que l'on m'annonce Les lettres de maître Clément ; Il a beau m'écrire souvent, Il n'obtiendra point de réponse ; Je ne serai pas assez sot Pour m'embarquer dans ces querelles ; Si c'eût été Clément Marot, Il aurait eu de mes nouvelles
NOUVELLISTEEt le vieux nouvelliste, une canne à la main, Trace au Palais-Royal Ypre, Furne, Menin
NOVATEUR, TRICECes hérétiques se disaient enfants de la primitive Église, et on les appelait novateurs ; ainsi on ne pouvait convenir des qualités
NOYAULe bonhomme [Maupertuis] proposait sérieusement.... de creuser un trou jusqu'au noyau de la terre
NOYERAh ! dans le désespoir où mon âme se noie
NOYERDans les bons vins que votre âme se noie
NU, NUEIls [les premiers hommes] étaient nus, et c'est chose très claire Que qui n'a rien n'a nul partage à faire, Sobres étaient
NU, NUEIl était nu-tête et nu-jambes, les pieds chaussés de petites sandales
NU, NUEIl [un fakir] était nu comme un singe, et avait au cou une grosse chaîne qui pesait plus de soixante livres
NUITRéaumur, dont la main si savante et si sûre A percé tant de fois la nuit de la nature
NUL, NULLENul à Paris ne se tient dans sa sphère
NUNCUPATIVEMENTThomas nous dit que Dieu existe participativement et nuncupativement
OComment voulez-vous qu'une nation puisse subsister avec honneur, quand on imprime je croyois, j'octroyois, et qu'on prononce je croyais, j'octroyais ? comment un étranger pourra-t-il deviner que le premier o se prononce comme un o, et le second comme un a ?
OBÉIRLorsque vous aviez cette passion furieuse, votre volonté n'était plus obéie par vos sens
OBJETDans le trésor particulier du sultan, on compte les confiscations pour un grand objet
OBJETIl y a deux choses importantes.... dont tous les citoyens doivent s'entretenir dans les pays libres : l'une est le gouvernement, l'autre la religion ; le marchand, l'artisan doivent se mettre en état de n'être trompés ni sur l'un ni sur l'autre de ces objets
OBJETOn avait fait la guerre de la Fronde pour je ne sais quel édit du tarif, qui ne devait pas être regardé comme un objet
OBLIGERLes coeurs que son devoir l'oblige d'éclairer
OBLIQUITÉCet astronome [Louville], en 1714, alla exprès à Marseille, pour observer si l'obliquité de l'écliptique était encore telle qu'elle y avait été fixée par Pithéas, environ deux mille ans auparavant ; il la trouva moindre de vingt minutes, c'est-à-dire qu'en deux mille ans l'écliptique, selon lui, s'était approchée de l'équateur d'un tiers de degré
OBOLEEn Normandie, un père ne peut ôter seulement une obole de son bien au fils le plus désobéissant
OBSCUR, UREQuand il [Malebranche] a voulu développer cette grande vérité, que tout est en Dieu, tous les lecteurs ont dit que le commentaire est plus obscur que le texte
OBSCUR, URENon, non : chercher ainsi l'obscure vérité, C'est usurper les droits de la divinité
OBSCUR, URELes remords de Cassandre et ses obscurs discours
OBSCURCI, IELe jour se refusait à ma vue obscurcie
OBSCURÉMENTRien n'est si désagréable que d'être pendu obscurément
OBSCURÉMENTObscurément plongé dans ce doute cruel, Mes yeux, chargés de pleurs, se tournaient vers le ciel
OBSIDIONAL, ALELe marquis d'Hérouville, qui commandait dans cette place [Égra], fit faire de ces monnaies obsidionales dont l'usage commença autrefois au siége de Pavie sous François Ier
OBTENIRN'obtiendrons-nous jamais la vengeance ou la mort ?
OCCUPANT, ANTEJules II excommunia Louis XII, donna son royaume au premier occupant, et lui-même, le casque en tête....
OCÉANIl ne faut pas s'imaginer qu'alors ni dans aucun temps l'Océan pût changer de place ; le mouvement de la terre ne peut s'opposer aux lois de la pesanteur ; en quelque sens que notre globe soit tourné, tout pressera également le centre
OCTOGÉNAIREAprès avoir été calomnié, persécuté pendant ces soixante ans, sans en faire que rire, je sors presque octogénaire, c'est-à-dire beaucoup trop tard, d'une carrière épineuse dans laquelle un goût irrésistible m'engagea trop longtemps
ODELETTEVoyez si vous êtes un peu content de la petite odelette pour votre souverain
OEILTu vois, sage Ariston, d'un oeil d'indifférence La grandeur tyrannique et la fière opulence
OEUVREEmployer ce jour salutaire [dimanche] à ne faire oeuvre de ses doigts
OEUVRESi Olindo et Sophronia [dans la Jérusalem délivrée], près d'être les victimes de leur religion, étaient éclairés et disaient un mot de ce qui doit arriver ! mais ils sont entièrement hors d'oeuvre
OFFENSELa seule occasion d'expier ses offenses
OFFICIERAnselme, moine augustin, le premier qui ait fait une histoire généalogique des grands officiers de la couronne, continuée et augmentée par du Fourni, auditeur des comptes
OFFICIEROn a une notion très vague de ce qui constitue les grands officiers ; on s'imagine que ce sont ceux à qui leur charge donne le titre de grand, comme grand écuyer, grand échanson ; mais le connétable, les maréchaux, le chancelier sont grands officiers, et n'ont point ce titre de grand, et d'autres qui l'ont ne sont point réputés grands officiers
OFFRIRVotre mère éperdue et s'offrant à ses coups L'a cru maître à la fois et du temple et de vous
OFFUSQUÉ, ÉEOn voyait ses yeux tantôt étincelants d'une tendre flamme, tantôt offusqués par ces larmes précieuses que l'amour fait répandre
OFFUSQUERGalère trouva mauvais que les chrétiens bâtissent une église qui offusquait son palais
OIGNONCet homme [Alberoni], en 1707, n'avait été connu que sur le pied d'un uomo faceto e piacevole, qui faisait des soupes à l'oignon excellentes
OISONTu crois qu'à cet oison je suis fort attaché....
OLIVESous les lauriers qui le couronnent [Louis XV] L'olive est toujours dans ses mains
OMBRAGEOn murmure, on m'alarme, et tout me fait ombrage
OMBRAGERIl tombe pour jamais ce cèdre [l'empereur Charles VI] dont la tête Défia si longtemps les vents et la tempête, Et dont les grands rameaux ombrageaient tant d'États
OMELETTEUn jeune homme à saillies libertines [des Barreaux, qui avait été ami de Théophile] peut très bien, dans un cabaret, manger gras un samedi, et, pendant un orage mêlé de tonnerre, jeter le plat par la fenêtre, en disant : Voilà bien du bruit pour une omelette au lard, sans pour cela mériter l'affreuse accusation d'athéisme
OMETTREOn ne doit pas omettre que dans les divertissements des Amants magnifiques il se trouve une traduction de l'ode d'Horace donec gratus eram tibi
OMETTREIl affirme, et les autres ne nient pas, ils omettent
OMETTREIl ne faut pas omettre Lucain, dont le génie original a ouvert une route nouvelle ; il ne doit à personne ni ses beautés ni ses défauts
OMNISCIENCENous savons démonstrativement que, si Dieu existe, Dieu est libre ; nous savons en même temps qu'il sait tout ; mais cette prescience et cette omniscience sont aussi incompréhensibles pour nous que son immensité
ONCTIONLe pape Formose, évêque peu accrédité de la malheureuse Rome, ne pouvait que donner l'onction sacrée au plus fort
ONDIN, INEJ'ai ouï dire à M. Silhouette que la Boucle de cheveux de M. Pope n'eut d'abord qu'un médiocre succès, parce qu'il n'y avait point d'invention ; mais qu'il réussit, lorsque l'auteur eut embelli ce badinage en y introduisant des génies, des sylphes et des ondins
ONDOYANT, ANTELe doux zéphyr, en se jouant auprès, Laissait flotter leurs tresses ondoyantes
ONDOYÉ, ÉEIl [Voltaire] nous a dit plusieurs fois qu'à sa naissance on désespéra de sa vie, et qu'ayant été ondoyé, la cérémonie de son baptême fut différée plusieurs mois
OPÉRALes charmants opéras de Quinault feront toujours les délices de quiconque est sensible à la douce harmonie de la poésie, au naturel et à la vérité de l'expression, aux grâces faciles du style, quoique ces mêmes opéras aient toujours été en butte aux satires de Boileau, son ennemi personnel
OPÉRAJe suis affligé de la Martinique [prise par les Anglais] et de mon roué [Calas] ; nous sommes bien sots et bien fanatiques ; mais l'opéra comique répare tout
OPÉRAIl ne fallait aux Romains que panem et circenses ; nous avons retranché panem, il nous suffit du circenses, c'est-à-dire de l'opéra comique
OPÉRÉ, ÉEUn prodige opéré par le ciel même ne révoltera pas ; mais un prodige opéré par un sorcier malgré le ciel ne plaira jamais qu'à la populace
OPÉRERIl n'y a aucun corps connu parfaitement dur, mais bien des esprits durs sur lesquels nous avons en vain tâché d'opérer
OPINERIls [des juges] jugèrent bien, parce qu'ils suivaient les lumières de la raison ; et les autres [des avocats] avaient opiné mal, parce qu'ils n'avaient consulté que leurs livres
OPINIONL'opinion fait tout ; elle t'a condamné
OPPOSÉ, ÉECes contes qu'on nous fait de jeunes et belles chrétiennes condamnées à la prostitution sont l'opposé des moeurs et des lois romaines
OPPOSERLes périls menacent, les obstacles s'opposent
OPPOSITIONL'opposition continuelle qui règne depuis tant de siècles entre les lois ecclésiastiques et les lois civiles
OPPROBREQuand on a tout perdu, quand on n'a plus d'espoir, La vie est un opprobre et la mort un devoir
OPTIMISMEL'optimisme de Platon, renouvelé par Shaftesbury, Bolingbroke, Leibnitz, et chanté par Pope en beaux vers, est peut-être un système faux ; mais ce n'est pas assurément un système impie, comme des calomniateurs l'ont dit
ORACLEUn dieu assez inconnu nommé Besa, selon Ammien Marcellin, rendait encore des oracles sur des billets, à Abyde, dans l'extrémité de la Thébaïde, sous l'empire de Constantin
ORAGEQuel changement affreux a formé cet orage ?
ORAISONJe suis corps, il n'y a point d'esprits ; cela me paraît bien grossier ; j'ai bien de la peine à penser que votre oraison pro lege Manilia ne soit qu'un résultat de la déclinaison des atomes
ORBICULAIREDieu a donné aux planètes le mouvement orbiculaire d'orient en occident
ORDINAIRELe roi mon maître, en me cédant à lui [le roi de Prusse], m'a daigné accorder une pension, et m'a conservé la charge de gentilhomme ordinaire de la chambre
ORDONNANCEIl me paraît prouvé que Racine a puisé toute l'ordonnance de la tragédie d'Andromaque dans le second acte de Pertharite
ORDONNANCESon habit d'ordonnance avait deux épaulettes
ORDONNÉ, ÉELa chevelure assez mal ordonnée
ORDREJe n'ai pas l'honneur d'être de l'ordre des avocats ; mais je suis de l'ordre de ceux qui aiment la vérité et l'équité
ORDREL'ordre des Chartreux, établi près de Grenoble à la fin du XIe siècle, seul ordre ancien qui n'ait jamais eu besoin de réforme
ORDURELa satire de Pétrone est un mélange de bon et de mauvais, de moralités et d'ordures ; elle annonce la décadence du siècle qui suivit celui d'Auguste
OREILLEPuis-je en secret, Ô gentille merveille, Vous dire ici quatre mots à l'oreille ?
OREILLELa cour a sifflé tes talents ; Paris applaudit tes merveilles ; Grétry, les oreilles des grands Sont souvent de grandes oreilles
OREILLENonotte trouve Quinault plat ; quoi ! tu n'aimes pas l'auteur d'Atys et d'Armide ! tant pis, Nonotte, cela prouve que tu as l'âme dure et point d'oreille ou trop d'oreille
ORÉMUSJe pourrais me faire un mérite D'avoir pour vous bien prie Dieu ; Mais jeune prince aime fort peu Les orémus d'un vieux jésuite [le P. Sanadon]
ORGECes épreuves d'un pain d'orge qu'on mange sans étouffer, de l'eau bouillante dans laquelle on enfonce la main sans s'échauder
ORGUEILPiron seul eut raison, quand dans un goût nouveau Il fit ce vers heureux digne de son tombeau : Ci-gît qui ne fut rien ; quoi que l'orgueil en dise, Humains, faibles humains, voilà votre devise
ORGUEILL'orgueil de vos attraits pense tout asservir
ORIENTTout vient d'Orient, le bien et le mal
ORIGINAIREUn être suprême, intelligent, infini, et la cause originaire de tous les êtres
ORIGINAL, ALEIl y a peu d'hommes vraiment originaux ; presque tous se gouvernent, pensent et sentent par l'influence de la coutume et de l'éducation
ORIGINAL, ALEL'original de la comédie bizarre du Festin de Pierre est de Tirso de Molina, auteur espagnol
ORIGINEPresque toutes les origines sont ignorées ; qui le premier inventa un bateau ? qui imagina de plier une branche de frêne, de l'assujettir avec une corde faite d'un intestin d'un animal, et d'y ajouter une verge garnie d'un os à un bout et de quatre plumes à l'autre bout ?
ORIGINEToutes les origines des peuples sont visiblement des fables ; la raison en est que les hommes ont dû vivre longtemps en corps de peuple, et apprendre à faire du pain et des habits (ce qui était difficile), avant d'apprendre à transmettre toutes leurs pensées à la postérité (ce qui était plus difficile encore)
ORNERSi vous ne voulez pas que le riche orne sa maison, vous ruinez cent artistes
ORNERCourons, venez orner ce triomphe d'un frère
ORTHOGRAPHIERCe jeune homme, nommé Liégard, surnommé Jonquay, sachant à peine lire et écrire, et orthographiant comme un laquais mal élevé
OSLes malheureux citoyens [à Paris, durant la Ligue et le siége], pressés par la famine, essayèrent de faire une espèce de pain avec les os des morts, lesquels, étant brisés et bouillis, formaient une sorte de gelée ; mais cette nourriture si peu naturelle ne servit qu'à les faire mourir plus promptement
OSTENTATIONTous ces discours d'ostentation qui ne sont plus regardés que comme une partie des cérémonies qui passent en un jour
L'instant où nous naissons est un pas vers la mort
OUAILLESatan.... Endoctrina, gouverna son ouaille
OUAILLEPour me ravoir il prit les armes.... Il arrive aux bords du Méandre.... à ses attraits, à son air tendre On ne manqua pas de le prendre Pour une ouaille du bercail [un harem]
OUESTLes flots de la Manche ne sont pas plus agités par les vents d'est ou d'ouest, que son coeur ne l'était par tant de mouvements contraires
OUÏ-DIRELe critique, sans rien approfondir, se contente de mettre en note ouï-dire, mais une grande partie de l'histoire n'est fondée que sur des ouï-dire rassemblés et comparés
OUÏROyez n'est plus usité qu'au barreau ; on a conservé ce mot en Angleterre ; les huissiers disent ois, sans savoir ce qu'ils disent
OURDIRSon talent [de Virgile] était de faire des tableaux plutôt que d'ourdir avec art la trame d'une fable intéressante
OUTRAGECelui qui dans les censures mettra les outrages violents, l'ignorance, la mauvaise foi, l'erreur et l'imposture à la place des raisons
OUTRAGEANT, ANTECertains termes outrageants lâchés contre elle [Mme de Pompadour] par Frédéric, qui n'épargnait ni les femmes, ni les poëtes, avaient blessé le coeur de la marquise
OUTRAGERJ'ai de tous deux outragé la tendresse
OUTRÉ, ÉETout ce qui est outré dans les lois tend à la destruction des lois
OUTRÉ, ÉEPrusias est un peu comme les vieillards de comédie, qui prennent des résolutions outrées quand on leur a reproché d'être trop faibles
OUTRECUIDANT, ANTEJe ne sais rien de plus outrecuidant (pour me servir des termes du bon la Fontaine) que l'insolente préface de l'édition des Contes en 1743, sous le nom de Londres ; l'éditeur, qui se donne pour janséniste....
OUVERT, ERTEÀ de nouveaux tourments mes sens étaient ouverts
OUVRIRJe t'ai ouvert mon coeur ; songe que tu le perces du coup de la mort, si tu laisses entrevoir l'état où je suis
OUVRIROn demande à présent un style plus châtié, plus élégant, plus soutenu ; on ne pardonne plus ce qu'on pardonnait à un grand homme qui avait ouvert la carrière
PACIFICATEUR, TRICELa victoire de l'esprit pacificateur sur l'esprit de persécution
PAGNEDieu faisant une pagne à ève
PAILLARD, ARDERemarquez, s'il vous plaît, mon cher lecteur, la malice du paillard qui outrage si clandestinement la mémoire de mon oncle
PAILLARD, ARDENotre ami Guignard, Fesse-Mathieu, dévot et grand paillard
PAILLETTEÀ quoi servent des souliers brodés en paillettes dans un chemin pierreux ?
PAINJ'ai ouï conter qu'on avait fait le procès dans un temps de famine à un homme qui avait récité tout haut son Pater ; on le traita de séditieux, parce qu'il prononça un peu haut : Donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien
PAISIBLETant qu'ils [les disciples d'Origène] se bornèrent à ergoter, ils furent paisibles ; mais, lorsqu'ils s'élevèrent contre les lois et la police publique, ils furent punis
PAÎTREJe donne des gages à un homme pour faire paître mon troupeau ; mais cela ne m'ôte pas le droit de le mener paître moi-même, et d'envoyer paître le berger si j'en suis mécontent
PAIXMais, je vous l'avouerai, je formai des souhaits Pour que cet art si beau ne s'exerçât jamais, Et qu'enfin l'équité fit régner sur la terre L'impraticable paix de l'abbé de Saint-Pierre
PAIXLa paix n'habite point entre deux caractères Que le ciel a formés l'un à l'autre contraires
PALAISHuniaïou, fils de Babar, régna dans l'Inde avec des fortunes diverses ; c'était, dit-on, un bon astronome et plus grand astrologue ; il avait sept palais dédiés chacun à une planète
PALATINECelles [oraisons funèbres] de Condé et de Turenne ont immortalisé leurs auteurs ; mais qu'avait fait Anne de Gonzague, comtesse palatine du Rhin, que Bossuet voulut aussi rendre immortelle ?
PÂLIRQuand il [Socrate] but sans pâlir la coupe de la mort
PÂLISSANT, ANTEJe sens que de mes jours usés dans l'infortune Le flambeau pâlissant s'éteint et se consume
PÂMERLa dame, après s'être pâmée, alla se consoler avec un petit-maître du pays
PAMPHLÉTIERCe qui me fâche, c'est que le nom de Mme du Châtelet soit indignement livré à la malignité d'un pamphlétier comme Desfontaines
PANÉGYRIQUEVous avez raison, monsieur, de vous défier des panégyriques ; ils sont presque tous composés par des sujets qui flattent un maître
PANIERJ'ai laissé passer prudemment Des paniers la troupe titrée Qui remplit tout l'appartement De sa bigarrure dorée
PANNEAUTous les panneaux par Martin sont vernis
PANTOIS, OISELe chevalier, tout pantois et confus, Cherchant en vain sa bourse et sa monture, Veut s'excuser....
PANTOMIMEUn fameux pantomime italien connu sous le nom de Scaramouche
PAPEGOTÔ papegots ! voilà la belle source De tous vos biens
PAPIERIl fut papier ; cent cerveaux à l'envers De visions à l'envi le chargèrent ; Puis on le brûle ; il vole dans les airs, Il est fumée aussi bien que la gloire
PAPIER[Au garçon de café] Eh ! du chocolat, les papiers publics !
PAPILLONJ'étais chenille, j'ai pris quelquefois des ailes de papillon, mais je suis redevenu chenille
PAPILLOTEVous portez en tremblant votre livre à une dame de la cour ; elle le donne à une femme de chambre qui en fait des papillotes
PAPISTEIl fondait un hôpital pour les vieillards dans sa province ; on lui demandait si c'était pour des papistes, des luthériens, des presbytériens, des quakers, des sociniens, des anabaptistes, des méthodistes, des mennonistes ; il répondit : pour des hommes
PAQUETVotre zèle n'a rien fait qu'à demi, si vous ne parvenez à faire brûler les livres de Pope, de Locke et de Bayle, l'Esprit des lois, etc. dans un bûcher auquel on mettra le feu avec un paquet de Nouvelles ecclésiastiques
PARIl fallait passer par les ténèbres de l'ignorance et du mensonge avant de rentrer dans votre palais de lumière
PARIl court au lac par une nuit noire
PARIl paraît par notre auteur persan, que Tamerlan fut obligé de quitter l'Inde, après en avoir saccagé tout le nord
PARMettez-vous au régime de penser par vous-même
PARABOLEQue d'un tube de bronze aussitôt la mort vole Dans la direction que fait la parabole
PARADISPourquoi a-t-on donné le nom de paradis à des cours carrées au devant d'une église ?
PARAGRAPHELe droit de l'intolérance est absurde et barbare ; c'est le droit des tigres ; et il est bien plus horrible, car les tigres ne déchirent que pour manger, et nous nous sommes exterminés pour des paragraphes
PARAÎTREDans ce grand monde où chacun veut paraître, On est esclave, et chez moi je suis maître
PARAÎTREEn bon historiographe et en bon citoyen, j'allai voir en passant les champs de Fontenoi, de Raucoux et de Laufelt ; il n'y paraissait pas ; tout cela était couvert des plus beaux blés du monde
PARASITECes parasites s'empressaient de manger et de parler ; ils louaient deux sortes de personnes, les morts et eux-mêmes, et jamais leurs contemporains, excepté le maître de la maison
PARASITECe goût pour la médisance était dans lui [Boileau] du moins en ce temps-là, si dominant et si injuste que dans la même satire il traite de parasite un honnête homme qui souffrait la pauvreté avec courage, et qui la rendait respectable en n'allant jamais manger chez personne ; il s'appelait Pelletier
PARASITELe parasite d'un courtisan vous enlèvera l'emploi auquel vous êtes propre
PARDI ou PARDINEAh ! pardi, monsieur Frélon, cette jeune personne n'est guère faite pour vous
PARFAITEMENTAussi impossible, lui répliqua l'autre, que d'être parfaitement habile, parfaitement fort, parfaitement puissant, parfaitement heureux
PARLANT, ANTECet air, ce port, cette âme bienfaisante Du bon vieux temps est l'image parlante
PARLEMENTLe parlement de Paris s'unissait [en 1762] avec ces autres parlements [des provinces], et prétendait ne faire avec eux qu'un corps, dont il était le principal membre ; tous s'appelaient alors classes du parlement ; celui de Paris était de première classe ; chaque classe faisait des remontrances sur les édits, et ne les enregistrait pas
PARLERQuoique Thomas Corneille eût pris son frère pour modèle, on voit que, malgré lui, il ne pouvait s'empêcher de chercher à suivre Racine quand il s'agissait de faire parler les passions
PARMIEt Lecouvreur [célèbre tragédienne] à Londre aurait eu des tombeaux Parmi les beaux esprits, les rois et les héros
PARMIil veut dire entre nous deux ; mais parmi ne peut jamais être employé pour entre marquant alternative
PARODIERLe grand succès de ce petit ouvrage [les Précieuses ridicules] lui attira des critiques que l'Étourdi et le Dépit amoureux n'avaient pas essuyées ; un certain Antoine Bodeau fit les Véritables précieuses ; on parodia la pièce de Molière
PAROLEIl était de la religion des bramins, j'ai l'honneur d'être musulman ; jamais nous n'avons eu une parole plus haute que l'autre au sujet de Mahomet et de Brama
PAROLEVenez dîner avec moi, nous causerons, et votre faculté pensante aura le plaisir de se communiquer à la mienne par le moyen de la parole, ce qui est une chose merveilleuse que les hommes n'admirent pas assez
PAROLELes paroles doivent peindre
PAROLEOn tira parole du cardinal qu'enfin il accepterait
PAROLEIl [la Fontaine] croit que Lulli lui a ôté sa fortune et sa gloire, en ne faisant point de musique pour ses paroles [les paroles de ses opéras]
PARRICIDEJaureguy et Balthazar Gérard, assassins du prince d'Orange Guillaume Ier, le dominicain Jacques Clément, Châtel, Ravaillac et tous les autres parricides de ce temps-là
PARRICIDEQue penser de son dessein de rébellion.... [du fils du czar Pierre Ier] joint à celui d'un horrible double parricide contre son souverain, comme père de la patrie et père selon la nature ?
PARTJe sais de bonne part que vous avez cette fermeté d'âme qui fait la base des grandes vertus
PARTAGÉ, ÉELes dieux n'ont pas reçu l'offrande partagée D'une âme faible et tendre en ses erreurs plongée
PARTERRELa troupe de Molière fit doubler pour la première fois le prix ordinaire, qui n'était que de dix sous au parterre
PARTIIl est peut-être utile qu'il y ait deux partis dans une république, parce que l'un veille sur l'autre, et que les hommes ont besoin de surveillants
PARTITout prit parti, seule elle demeura
PARTIAL, ALEMais, seigneur, dit humblement Babouc, je n'ai jamais été en Perse : je n'y connais personne. - Tant mieux, dit l'ange, tu ne seras pas partial
PARTICIPATIVEMENTSaint Thomas nous dit que Dieu.... existe participativement et nuncupativement
PARTICULIER, ÈRELes nations qui ont abandonné le Dieu universel pour tant de fantômes de dieux particuliers
PARTIELe mot partie se trouve encore dans les comédies de Corneille pour esprit : cet homme a des parties, c'est ce que les Anglais appellent parts ; ce terme était excellent ; car c'est le propre de l'homme de n'avoir que des parties : on a une sorte d'esprit, une sorte de talent, mais on ne les a pas tous ; le mot esprit est trop vague ; et, quand on vous dit, cet homme a de l'esprit, vous avez raison de demander duquel
PARTIEMolière fit un petit ouvrage [l'Impromptu de Versailles] en partie pour se justifier devant le roi de plusieurs calomnies, et en partie pour répondre à la pièce de Boursault
PARTIRC'est l'éclair qui paraît, la foudre va partir
PARTISANUn petit partisan de Locke était là tout près
PASLe premier pas, mon fils, que l'on fait dans le monde, Est celui dont dépend le reste de nos jours
PASEt de ce même pas je vais parler au roi
PASPas ne croyait [Vulcain] avoir fait telle affaire [être le père des Amours]
PASSABLESi tout n'est pas bien [dans l'univers], tout est passable
PASSADELe prince répondit.... qu'il n'était ni assez riche ni assez sot pour payer si chèrement une passade
PASSAGECe passage inouï du courroux aux bontés
PASSANT, ANTEDans son chemin, dès que Robert trouvait Ou femme ou fille, il priait la passante De lui conter ce que plus elle aimait
PASSEJe gagerai contre toi que de douze passes tu n'en feras pas trois à Hamlet ; tu combattras avec lui devant toute la cour
PASSÉ, ÉELes liqueurs bouillantes acquièrent un degré de chaleur, passé lequel on ne peut les échauffer
PASSÉPuisse la raison qui s'affaiblit quelquefois dans la vieillesse, me préserver de ce défaut trop ordinaire d'élever le passé aux dépens du présent !
PASSERIl fallait passer sur le ventre à toutes ces troupes, avant que d'arriver devant le camp
PASSERNous rappelons en vain par nos cris, par nos pleurs Des dieux qui sont passés dans le camp des vainqueurs
PASSERS'il s'était donné le malheureux plaisir de faire passer des injures à la postérité
PASSERJe ne veux pas me brouiller avec Anitus ; c'est un homme trop à craindre ; s'il ne s'agissait que des dieux, encore passe
PASSERLe plaisir de l'esprit passe celui des yeux
PASSERVous dites que Dieu pouvait vous donner un bon bénéfice, et qu'il pouvait vous rendre plus heureux que vous n'êtes ; il y a des gens qui ne vous passeraient pas cette proposition
PASSIONNERQuoi ! les noms de Descartes et de Newton deviendront des mots de ralliement ! et on se passionnera toujours quand il ne faut que s'instruire !
PATAUDQuelle grosse pataude ! Le noir pataud [charbonnier], la voyant ainsi mise, Lui répondit....
PÂTEMessieurs, un petit mot : ne ferions-nous pas bien, tandis que nous avons la main à la pâte, de faire mourir tous les géomètres, qui prétendent que les trois angles d'un triangle sont égaux à deux droits ?
PATHÉTIQUEClytemnestre est le modèle du grand pathétique ; Iphigénie, celui de la simplicité noble et intéressante
PATHOLOGIQUETout le monde me regardait, en retirant doucement vers les joues les deux coins de la bouche, et en mettant les mains sur les côtés, ce qui est le signe pathologique de la joie
PATIENT, ENTESi Dieu était nécessité, il ne serait plus agent, il serait patient
PATRIEUn républicain est toujours plus attaché à sa patrie qu'un sujet à la sienne, par la raison qu'on aime mieux son bien que celui de son maître
PATRIMOINELa maison de Bourbon, depuis Louis IX jusqu'à Henri IV, avait presque toujours été négligée et réduite à un tel degré de pauvreté, qu'on a prétendu que le fameux prince de Condé, frère d'Antoine de Navarre, et oncle de Henri le Grand, n'avait que six cents livres de rente de son patrimoine
PATRONMalheureusement Mlle Catherine Vadé, qui en a trouvé le manuscrit, ne sachant pas ce que c'était, en a fait des patrons de manchettes, et ne nous a donné que le discours aux Velches
PATRONAGELes cantons d'Uri, de Schwitz et d'Underwald étaient sous le patronage de la maison d'Autriche, mais non sous sa domination
PATTECe commerce très délicat [entre le roi de Prusse et Voltaire] dure encore ; il ressemble aux mines que font deux chats qui montrent d'un côté patte de velours et des griffes de l'autre
PÂTURÉ, ÉELes grandes prairies pâturées et engraissées par tous ces animaux, compagnons du travail de l'homme
PAUCITÉLa paucité de la race humaine rend la terre inhabitable, et cette terre abandonnée contribue à son tour à la dépopulation
PAUMEDu temps de Corneille, nos jeux de paume étroits dans lesquels on représentait ses pièces, les vêtements ridicules des acteurs....
PAUPIÈRED'un rouge brun sa paupière est bordée
PAUVREEh ! messieurs, leur dit le malheureux Rustan, de quoi vous mêliez-vous ? et pourquoi deux génies pour un pauvre homme ?
PAUVREMa pauvre santé n'avait pas besoin de cette secousse [l'imputation d'être auteur d'un certain livre]
PAUVREMa pauvre madame Drixa, ne vous fâchez pas contre mon mari ; je me suis assez fâchée contre lui
PAUVRETÉCe n'est point la pauvreté qui est intolérable, c'est le mépris ; je sais manquer de tout, mais je veux qu'on l'ignore
PAVÉ, ÉEQuoi, s'écria Babouc, ces peuples enterrent leurs morts dans les mêmes lieux où ils adorent la divinité ? quoi, leurs temples sont pavés de cadavres ?
PEINDREIl peignit comme Apelle, il chante comme Orphée
PEINEUn juge qui, autorisé par la loi à punir d'une moindre peine, prononce la peine de mort, est un assassin et un barbare
PEINEJ'étais plein de la lecture du petit livre des Délits et des Peines, qui est en morale ce que sont en médecine le peu de remèdes dont nos maux pourraient être soulagés
PEINTURECalvin et ses suppôts.... Dans Paris, en peinture, allèrent au supplice
PELÉ, ÉEIl est ridicule de croire que Romulus ait célébré des jeux dans un misérable hameau, entre trois montagnes pelées
PÊLE-MÊLEJ'ai traversé les vastes campagnes de la Westphalie.... dans de grandes huttes qu'on appelle maisons on voit des animaux qu'on appelle hommes, qui vivent le plus cordialement du monde pêle-mêle avec d'autres animaux domestiques
PENAILLONTout penaillon y vante sa besace, Son institut, ses miracles, sa crasse
PENCHANTJe n'ai fait, dans les horribles désastres des Calas et des Sirven, que ce que font tous les hommes : j'ai suivi mon penchant ; celui d'un philosophe n'est pas de plaindre les malheureux, c'est de les servir
PENDABLEIl [le serpent] passe, dans un pays voisin, pour avoir joué un tour pendable aux femmes
PENDANT, ANTELe serviteur tira deux pendants d'or pour le nez
PENDANTDepuis Polyeucte, ce ne sont que des contrats de mariage, où l'on stipule pendant cinq actes les intérêts des parties....
PENDREOn a vu pendre dans une ville très riche une fille de dix-huit ans d'une rare beauté ; quel était son crime ? elle avait pris dix-huit serviettes à une cabaretière, qui ne lui payait pas ses gages
PENDULEVous avez de belles pendules ; c'est encore une invention du Hollandais Huyghens
PÉNÉTRANT, ANTELa vue de l'homme est moins perçante que celle de tous les oiseaux de proie, et moins pénétrante que celle de tous les insectes auxquels il est donné de voir un univers en petit qui nous échappe
PÉNÉTRÉ, ÉEIl faut pardonner à un citoyen pénétré de faire parler son coeur plus que son imagination
PÉNÉTRERComme il voulait pénétrer dans toutes les conditions humaines, il se fit mener chez un ministre
PENSÉEQuand on imprima les Pensées du duc de la Rochefoucauld, ou plutôt la pensée qui, présentée sous cent formes différentes, prouve que l'amour-propre est le grand ressort du genre humain
PENSERQuiconque pense fait penser
PERDRETu me perds d'honneur, ma chère Polly
PERDRELes raisonneurs hardis qui se sont perdus dans la profondeur de ces recherches
PERDU, UEOlympie aujourd'hui, Seigneur, sera perdue et pour vous et pour lui
PERDU, UEDumarsais [pour avoir défendu le livre des Oracles] était perdu sans le président de Maisons, et Fontenelle [pour l'avoir écrit] sans M. d'Argenson
PERDU, UEIl [Voltaire] nous a dit plusieurs fois que son père l'avait cru perdu, parce qu'il voyait bonne compagnie et qu'il faisait des vers
PÈRELe travail est souvent le père du plaisir
PÉREMPTOIRECes probabilités, toutes puissantes qu'elles sont, ne sont pas des preuves péremptoires pour les juges ; elles indiquent la vérité et ne la démontrent pas
PERFECTIONNÉ, ÉEJe lus Locke, et j'aperçus des traits de lumière ; je lus le traité de Collins, qui me parut Locke perfectionné
PERFECTIONNERAlors ces expressions familières étaient tolérées ; elles ne sont devenues des fautes que quand la langue s'est perfectionnée
PÉRIODIQUEL'ouvrage périodique auquel vous avez dessein de travailler, peut très bien réussir, quoiqu'il y en ait déjà trop de cette espèce
PÉRIPATÉTIQUEMENTAinsi, péripatétiquement parlant, cela composerait neuf âmes
PÉRIPÉTIEDe pareils dénoûments sont toujours froids et vicieux, parce qu'ils n'ont point ce qu'on appelle la péripétie ; ils n'excitent aucune surprise ; il n'y a ni comique ni intérêt
PÉRIRIl y périt [dans le Languedoc, lors de la révocation de l'édit de Nantes] près de cent mille hommes, dont dix mille moururent par la corde, par la roue ou par le feu, sous l'administration de l'intendant Lamoignon-Bâville
PÉRISTALTIQUELes personnes qui ont de l'embonpoint, les entrailles veloutées, le mouvement péristaltique aisé et régulier
PERMANENCELa permanence des âmes
PERROQUETModernes perroquets qui répétez des paroles anciennes, cessez de nous tromper en tout genre
PERSÉCUTERSi Calvin a eu la barbarie de faire expirer Servet dans les flammes, après avoir écrit qu'il ne faut persécuter personne pour l'opinion de Servet
PERSÉCUTERCeux qui se font persécuter pour ces vaines disputes de l'école me semblent peu sages ; ceux qui persécutent me paraissent des monstres
PERSIFLERDites-moi si Racine a persiflé Boileau, si Bossuet a persiflé Pascal
PERSISTERTous me conseillèrent unanimement de ne me point mêler d'une si mauvaise affaire [l'affaire des Calas] ; tout le monde me condamna, et je persistai
PERSONNAGEIl faut que tous ceux qui assistent à une pièce de théâtre connaissent tout d'un coup les personnages qui se présentent, excepté ceux dont l'intérêt est de cacher leur nom
PERSONNAGEDans cette tragédie d'un patriote et d'un philosophe [Addison], le rôle de Caton me paraît surtout un des plus beaux personnages qui soient sur aucun théâtre
PERSONNALITÉToutes ces personnalités, toutes ces calomnies que répandirent contre ce grand homme [Corneille] les faiseurs de brochures et de feuilles...
PERVERS, ERSEEt je rentre un moment dans ce monde pervers Pour venger mon époux, ton hymen et tes fers
PERVERTISSEMENTPervertissement de la religion naturelle
PESERConnais tes intérêts, pèse-les et choisis
PESEREt Dieu nous pesa tous dans la même balance
PÉTILLANT, ANTEDe ce vin frais l'écume pétillante De nos Français est l'image brillante
PETIT, ITEIl est bien grand de décider des fortunes des hommes sur son tribunal ; il est bien petit de vouloir avoir des malheureux dans son antichambre
PETIT, ITECe palais immense [Versailles] dont la façade du côté des jardins est ce qu'il y a de plus beau dans le monde, et dont l'autre façade est dans le plus petit et le plus mauvais goût
PETIT, ITEIl [Louis XIV] ne goûta les petits vers de Benserade que parce qu'ils avaient rapport aux fêtes magnifiques qu'il donnait
PETIT, ITEIl [Louis XIV] n'aimait le petit en aucun genre, quoiqu'il eût dans l'esprit autant de délicatesse que de grandeur
PETIT, ITEParfaits dans le petit, sublimes en bijoux, Grands inventeurs de riens, nous faisons des jaloux
PÉTONCLEPalissy a cru que les mines calcaires de Touraine étaient des couches de pétoncles
PÉTRIRÀ mon plaisir j'ai pétri sa jeune âme
PEUNous ne sommes guère faits pour avoir une notion exacte des choses : l'à peu près est notre guide
PEUPLEBelzuns, ce pasteur vénérable, Sauvait son peuple périssant
PHARISIENLe fameux rabbin Hillel, précurseur de Gamaliel, fut l'auteur de la secte des pharisiens, c'est-à-dire des distingués
PHILIPPIQUELe livre du Système de la nature qu'on nous a donné depuis peu.... c'est une philippique contre Dieu
PHILOCRATIEQui aurait cru qu'un projet de paix si raisonnable n'eût pas été accepté par M. le président ? Mais, sur le point de signer et d'en remplir tous les articles, sa mélancolie et sa philocratie redoublèrent avec des symptômes violents
PHILOSOPHEJ'apprends que l'on vient d'imprimer deux nouveaux mémoires sur la vie de cette philosophe [Ninon]
PHILOSOPHIENous tâchâmes, dans un discours préliminaire [à l'Essai sur les moeurs] qu'on intitula philosophie de l'histoire, de démêler comment naquirent les principales opinions qui unirent des sociétés, qui ensuite les divisèrent, qui en armèrent plusieurs les unes contre les autres ; nous cherchâmes toutes ces origines dans la nature, elles ne pouvaient être ailleurs
PHILOSOPHIQUEIl en est de la plupart des livres philosophiques comme des Contes de la Fontaine : on commença par les brûler, on a fini par les représenter à l'Opéra-Comique
PHRASIERCes contes ne sont bons que pour être commentés... par ce phrasier d'Houteville
PHYLACTÈREIl est très vrai qu'Isis et Osiris ne leur ont jamais servi de rien [aux Égyptiens], non plus que les phylactères des pharisiens ne leur ont servi contre les Romains
PHYLACTÈREPhylacteria, filatieres et autres saintuaires
PHYSIONOMIEOn trouve toujours la physionomie mauvaise à un homme qui a fait une méchante action
PICOTEMENTIl jugea par ce picotement qu'il était sorti quelque chose du petit animal qu'il tenait, mais il n'en soupçonna pas d'abord davantage
PICOTERIECette conversation entre deux femmes, leurs petites picoteries n'élèvent l'âme du spectateur ni ne la remuent
PIEAvoir du goût pour le roi très chrétien, C'est oeuvre pie, on n'y peut rien reprendre
PIEDamné ! comment ? pourquoi ? - Pour vos folies ; Vous avez dit en vos oeuvres non pies, Dans certain conte en rimes barbouillé, Qu'au paradis Adam était mouillé, Lorsqu'il pleuvait sur notre premier père
PIÈCELa justice vous dit : Je ne juge pas les coeurs, je juge les pièces du procès
PIÈCEUne pièce de théâtre est une expérience sur le coeur humain
PIÈCELe roi agréa l'offre de Molière, et l'on joua dans l'instant le Docteur amoureux ; depuis ce temps, l'usage a toujours continué de donner de ces pièces d'un acte ou de trois après les pièces de cinq
PIEDJ'entends par huit lieues, vingt-quatre mille pas géométriques de cinq pieds chacun
PILEAllez donc, élevez cette pile fatale [un bûcher] ; Préparez les cyprès et l'urne sépulcrale
PILLERUn chevalier, dit-elle, m'a pillée
PILLERCe qu'il [La Beaumelle] pille, il l'appelle ses pensées
PINCÉ, ÉEÊtre à la fois et Midas et Narcisse, Enflé d'orgueil et pincé d'avarice
PINCÉ, ÉEC'était un petit homme bourru et chagrin, qui ne manquait pas d'esprit, mais qui était pincé dans la conversation, ricaneur et assez mauvais plaisant
PINNULEUn raisonneur de la troupe.... observa l'interlocuteur avec des pinnules braquées sur un quart de cercle, fit deux stations et à la troisième il parla ainsi....
PISTOLEIl [Louis XIV] avait gratifié Racine et Boileau, cha cun de mille pistoles, qui font vingt mille livres d'aujourd'hui, pour écrire son histoire
PITIÉLa terreur et la pitié, qui font le seul but, la seule constitution de la tragédie
PLACABLEIl n'est pas surprenant que les hommes aient imaginé une infinité de moyens différents d'apaiser la colère de l'être suprême ; mais tous dépendent du même principe, de l'idée d'un Dieu placable
PLACEL'homme n'est point une énigme, comme vous vous le figurez pour avoir le plaisir de la deviner ; l'homme paraît être à sa place dans la nature
PLACEIl y avait, ce jour-là, de compte fait, cinquante trois religions sur la place [la bourse d'Amsterdam], en comptant les arméniens et les jansénistes ; on fit pour cinquante-trois millions d'affaires le plus paisiblement du monde
PLACEIl [Louis XIV] construisit ou répara cent cinquante places de guerre
PLACÉ, ÉEMon bien est solidement placé sur le receveur général des finances de Ninive, j'ai de quoi vivre dans l'indépendance
PLACÉ, ÉECe mot tâter fait ici un très bel effet ; car il n'y a guère de mot qui, étant heureusement placé, ne puisse contribuer au sublime
PLACERQuoiqu'il [Paul Véronèse] ait placé des pères bénédictins et des soldats suisses dans des sujets de l'Ancien Testament
PLACEROn reproche à l'auteur d'avoir dit que le grand Condé mourut à Chantilly en 1680 ; cela n'est pas vrai ; l'auteur place cette mort en 1686, non pas à Chantilly, mais à Fontainebleau
PLACERL'abbé de Chateauneuf.... à qui je dois d'avoir été placé dans le testament de Ninon
PLAGIATLe plus singulier de tous les plagiats est peut-être celui du père Barre, auteur d'une grande histoire d'Allemagne en dix volumes ; on venait d'imprimer l'Histoire de Charles XII, et il en prit plus de deux cents pages qu'il inséra dans son ouvrage
PLAIELa fameuse révocation de l'édit de Nantes est regardée comme une grande plaie de l'État
PLAINDREJ'ai vu Bolingbroke rongé de chagrins et de rage ; et Pope, qu'il engagea à mettre en vers cette mauvaise plaisanterie [Tout est bien], était un des hommes les plus à plaindre que j'aie jamais connus
PLAINDREIl plaignait ceux qui l'aimaient, beaucoup plus qu'il ne se plaignait lui-même
PLAINT, AINTEPlaint mais négligé par ceux qu'il appelait ses amis, le Tasse....
PLAIREQui ne se plaît pas à Regnard n'est pas digne d'admirer Molière
PLAIREInsectes invisibles que la main du Créateur s'est plu à faire naître dans l'abîme de l'infiniment petit
PLAIREC'est un bon mot sans doute, et qu'on se plaît d'entendre
PLAISIRÀ mon plaisir, j'ai pétri sa jeune âme
PLANCHEJ'ai été étonné que vous adoptiez la nouvelle méthode de M. Tull, anglais, de semer par planches.... je puis vous assurer qu'elle est détestable, du moins dans le climat que j'habite
PLASTIQUEPremièrement il y a la nature en général ; ensuite il y a des natures plastiques qui forment tous les animaux et toutes les plantes ; vous entendez bien ? - Pas un mot, monsieur. - Continuons donc
PLAT, ATEUn plat bourgeois, le coq de ce canton
PLATECette bulle de la Cruzade qui, moyennant deux réaux de plate....
PLATITUDECes horribles platitudes [personnalités de l'abbé d'Aubignac contre Corneille] trouvaient alors des protecteurs
PLATONICIEN, IENNEPhilon, né dans cette ville [Alexandrie], l'un des plus savants juifs, et juif de très bonne foi, fut un platonicien zélé
PLEIN, EINECeux qui prennent les commencements d'un art pour les principes de l'art même, sont persuadés qu'un poëme ne saurait subsister sans divinités, parce que l'Iliade en est pleine
PLEIN, EINEElle avait la bouche pleine, et ne put me répondre
PLEIN, EINEC'est un philosophe qui marche en raison composée de l'air distrait et de l'air précipité.... ayant le visage plein et l'esprit plein de lui-même
PLEIN, EINELorgnant le ciel, il prétendit y lire, Et décider sur le vide et le plein
PLEUREUR, EUSELe comique pleureur aujourd'hui veut séduire, Et, sans nous amuser, renonce à nous instruire
PLEUVOIRLes calomnies pleuvent sur quiconque réussit
PLONGÉ, ÉETandis qu'il était plongé dans cette métaphysique obscure, comme l'est toute métaphysique
PLONGERLes galères s'ouvrirent le passage sous le canon ennemi, qui ne plongeait pas assez
PLUMENotre nation, regardée comme si légère par des étrangers qui ne jugent de nous que par nos petits-maîtres, est de toutes les nations la plus sage, la plume à la main
PLUMEOn ne peut guère écrire plus mal ; il est à croire que l'auteur fit cette pièce au courant de la plume
PLUMITIFLe plumitif lui dit : Je suis sans crédit pour faire du bien ; tout mon pouvoir se borne à faire du mal quelquefois
PLUSSalomon a dit Que femme sage est plus que femme belle
PLUSDescendu sur ce petit amas de boue, et n'ayant pas plus de notion de l'homme que l'homme en a des habitants de Mars, ou de Jupiter
PLUSC'est au temps seul à confirmer la réputation des grands ouvrages ; les artistes ne sont bien jugés que quand ils ne sont plus
POCHEAvez-vous à Paris la traduction du plaidoyer de l'empereur Julien contre les Galiléens, par le marquis d'Argens ? il serait à souhaiter que tous les fidèles eussent ce bréviaire dans leur poche
POCHEC'est un philosophe [Maupertuis].... portant toujours scalpel en poche pour disséquer les gens de haute taille
POÈLEM. Newton était honoré de son vivant, et l'a été après sa mort comme il devait l'être : les principaux de la nation se sont disputé l'honneur de porter le poêle à son convoi
POËMELe Clovis de Desmarets, la Pucelle de Chapelain, ces poëmes fameux par leur ridicule, sont, à la honte des règles, conduits avec plus de régularité que l'Iliade
POËMELa honte qu'on a si longtemps reprochée à la France de n'avoir pu produire un poëme épique
POËMEÔ mes Velches, qu'est-ce qu'un poëme en prose, sinon un aveu d'impuissance ?
POÉSIECe père de la poésie [Homère] est depuis quelque temps un grand sujet de dispute en France ; Perrault commença la querelle contre Despréaux ...
POÉSIELucain fut d'abord le favori de Néron, jusqu'à ce qu'il eût la noble imprudence de disputer contre lui le prix de la poésie, et le dangereux honneur de le remporter
POÉSIELa poésie est l'éloquence harmonieuse
POÉSIELa grande poésie s'occupa toujours d'éterniser les malheurs des hommes
POÉSIEJ'ai toujours soutenu que les pièces de M. de Campistron étaient pour le moins aussi régulièrement conduites que toutes celles de l'illustre Racine ; mais il n'y a que la poésie du style qui fasse la perfection des ouvrages en vers
POËTELes Grecs n'avaient alors que des poëtes pour historiens et pour théologiens ; ce ne fut même que quatre cents ans après Hésiode et Homère qu'on se réduisit à écrire l'histoire en prose
POÉTIQUELe Tasse fut d'abord élevé à Naples ; son génie poétique, la seule richesse qu'il avait reçue de son père, se manifesta dès son enfance ; il faisait des vers à l'âge de sept ans
POÉTIQUERien n'est plus aisé que de parler d'un ton de maître des choses qu'on ne peut exécuter ; il y a cent poétiques contre un poëme
POIDSLe travail est souvent le père du plaisir ; Je plains l'homme accablé du poids de son loisir
POIGNARDAh ! prends pitié d'une peine si rude ; Ne tourne point le poignard dans mon coeur
POILEUX, EUSECet homme est très poileux, et il a une ceinture de cuir sur les reins
POILU, UEQuelque poilu que fût Ésaü, sa peau ne pouvait ressembler à celle d'un chevreau
POINGSors du tombeau, divin Pindare.... Cesse de vanter la mémoire Des héros dont le premier soin Fut de se battre à coups de poing Devant les juges de la gloire
POINTQuelques rêveurs disent qu'un point géométrique est un être simple ; mais un point géométrique est une supposition, une abstraction de l'esprit, une chimère
POINTLe seul mouvement de trois dés dans un cornet vous amènera rafle de six, le point de Vénus, très aisément en un quart d'heure
POINTPoint de peuple qui n'ait immolé des hommes à Dieu, et point de peuple qui n'ait été séduit par l'illusion affreuse de la magie
POINTERAprès avoir lui-même [Pierre le Grand] pointé l'artillerie devant Strasbourg
POISONDe quel poison charmant je me sens pénétré !
POIVRECet ancien proverbe : cela est cher comme poivre, proverbe trop bien fondé sur ce qu'en effet une livre de poivre valait au moins deux marcs d'argent avant les voyages des Portugais
POLACRE ou POLAQUEUn polaque à moustache, à la démarche altière, Peut arrêter d'un mot sa république entière
POLÉMIQUELes livres qu'on a appelés polémiques par excellence, c'est-à-dire ceux dans lesquels on dit des injures à son prochain pour gagner de l'argent
POLICHINELLEPolichinelle de grand coeur, Prince [le comte de Clermont], vous remercie ; En me faisant beaucoup d'honneur, Vous faites mon envie ; Vous possédez tous les talents, Je n'ai qu'un caractère ; J'amuse pour quelques moments, Vous savez toujours plaire
POLITESSELa politesse est à l'esprit Ce que la grâce est au visage ; De la bonté du coeur elle est la douce image, Et c'est la bonté qu'on chérit
POLITIQUELorsque l'Esprit des lois parut en 1750, les ouvrages de Melon, de Dutot, de Cantillon, de l'abbé de Saint-Pierre étaient les seuls livres français sur les sciences politiques qui fussent entre les mains des gens de lettres
POLITIQUEIl n'y a que le faible qui trompe ; le vrai politique est celui qui joue bien et qui gagne à la longue ; le mauvais politique est celui qui ne sait que filer la carte, et qui tôt ou tard est reconnu
POMMEEt vous, jardin de ce premier bonhomme, Jardin fameux par le diable et la pomme
POPULACELa populace gouverne souvent ceux qui devraient la gouverner et l'instruire ; c'est elle qui, dans les séditions, donne des lois ; elle asservit le sage à ses folles superstitions
PORCELAINEIl n'y a pas soixante ans que notre Europe a imité la porcelaine de la Chine ; nous la surpassons à force de soins ; mais ces soins mêmes la rendent très chère et d'un usage peu commun
PORTERecevez mes tendres et derniers adieux ; les portes de l'éternité s'ouvrent pour moi
PORTEHélas ! vous sentez qu'à ces derniers moments.... toutes les portes de mon entendement sont fermées, mes idées s'enfuient, ma pensée s'éteint
PORTEHeureusement en Angleterre aucun procès n'est secret.... tous les interrogatoires se font à portes ouvertes
PORTE-GLAIVELa croisade des religieux chevavaliers porte-glaives doit aller à 100 000 morts
PORTERAu bûcher qui l'attend vous allez la porter ?
PORTEREn France chaque mille carré contient 200 habitants, l'un portant l'autre
PORTERUne banqueroute immense d'un de leurs missionnaires acheva de les perdre [les jésuites].... ces seuls mots de missionnaires et de banqueroutiers, si peu faits pour être joints ensemble, portèrent dans tous les esprits l'arrêt de leur condamnation
PORTEROn faisait un crime à Lalli de ne s'être pas emparé de ce poste, nommé Chetoupet, avant d'aller à Madras ; tous les maréchaux de France assemblés auraient eu bien de la peine à décider de si loin si on devait assiéger Chetoupet ou non ; et on portait cette question à la grand'chambre
PORTRAITToutes les fois qu'on fait le portrait d'un homme ridicule, il se trouve toujours quelqu'un qui lui ressemble
PORTRAITLe chancelier Clarendon et le cardinal de Retz ont fait des portraits des principaux personnages avec lesquels ils ont traité
POSERDans le schisme des donatistes on ne peut guère compter moins de 400 personnes assommées : pose.... 400
POSITIF, IVEJ'arriverai peut-être un jour au pays où il ne manque rien ; mais jusqu'à présent personne ne m'a donné de nouvelles positives de ce pays-là

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