Définition de OPPROBRE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : o-pro-br'

DÉFINITIONS

1
Honte profonde, déshonneur extrême.
Pleurez le déshonneur de toute notre race Et l'opprobre éternel qu'il laisse au nom d'Horace
de Pierre CORNEILLE dans Hor. III, 6
Jérusalem et votre peuple sont aujourd'hui en opprobre à toutes les nations qui nous environnent
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Daniel, IX, 16
Venez, rebâtissons les murailles de Jérusalem, afin qu'à l'avenir nous ne soyons plus en opprobre
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans ib. Esdras, II, Néhémias, II, 17
Quoi donc ! les Romains ont-ils pu penser à honorer comme dieu celui que leurs magistrats avaient condamné au dernier supplice et que plusieurs de leurs auteurs ont chargé d'opprobres ?
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 12
C'est bien assez pour moi de l'opprobre éternel D'avoir pu mettre au jour un fils si criminel
de Jean RACINE dans Phèdre, IV, 2
N'attends pas qu'un père furieux Te fasse avec opprobre arracher de ces lieux
de Jean RACINE dans ib.
Père juste, lui dit-il [Jésus-Christ], voici enfin le jour de votre gloire et de mes opprobres
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Passion.
Je ne vous ai caché ni le bien ni le mal, ni nos opprobres ni notre gloire
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Princ. de Babylone, 8
La postérité prononcera entre mes juges et moi [Socrate] : tandis qu'elle attachera l'opprobre à leur mémoire, elle prendra quelque soin de la mienne
de Auguste Marseille BARTHÉLEMY, dit L'ABBÉ BARTHÉLEMY dans Anach. ch. 67
2
L'opprobre de, c'est-à-dire ce qui est une cause de honte.
Un exécrable Juif, l'opprobre des humains
de Jean RACINE dans Esther, III, 1
Réponds donc à ton juge, opprobre de ma vie
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Brutus, V, 7
Tous les gens de lettres, à l'exception de ceux qui sont l'opprobre de la littérature, ne sont pas moins indignés que vous du traitement que j'éprouve
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. à Volt. 30 juin 1765
3
État d'abjection.
Mais mourir dans l'opprobre et dans l'ignominie
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Alz. II, 1
L'opprobre avilit l'âme et flétrit le courage
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mérope, II, 2
Quand on a tout perdu, quand on n'a plus d'espoir, La vie est un opprobre et la mort un devoir
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans ib. II, 7
Il vit que la mauvaise fortune avait déjà flétri son coeur, que l'opprobre et le mépris avaient abattu son courage
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. IV
[L'indigent] Dévoré de besoin, de projets, d'insomnie, Il vieillit dans l'opprobre et dans l'ignominie
de André CHÉNIER dans Idylle, le Mendiant.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Aemple [remplis] les faces d'icels d'opprobre
dans Liber psalm. p. 118
2
XIVe s.
Et poui un peu de gaaing ils soustiennent obprobres et vilaines reproches et diffames
de Nicolas ORESME dans Eth. 111
3
XVe s.
Combien que le doux Jhesus des obprobres que nous li faisons nous peust et puist reprendre et blamer
dans Myst. de Barl. et Josaphat, dans GUI DE CAMBRAI, p. 371
4
XVIe s.
Ils se desplaisent et melancholient de se voir ainsi en opprobre de tout le monde
de Ambroise PARÉ dans XIX, 4

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. opprobrium, de ob, et probrum, action honteuse, qui est pour prohibrum (comparez manubrium pour manuhibrium), de prohibere, prohiber : chose qu'on prohibe et qu'on reproche.

Synonymes de OPPROBRE