Définition de RAVIR

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ra-vir

DÉFINITIONS

1
Enlever de force, par violence. Ravir le bien d'autrui.
Notre Seigneur a dit que.... le royaume de Dieu souffre violence, et que les violents le ravissent
À quoi bon ravir l'or au sein du nouveau monde ?
Pâris le Troyen, retournant chez lui avec Hélène qu'il avait ravie
Ce sont des gens qui ravissent le ciel plutôt qu'ils ne l'obtiennent
Sémantique : Fig.
Et ces ailes de feu qui ravissent une âme Au céleste séjour
2
Sémantique : Fig. Ôter, priver de.
Il n'a pas tenu à toi que tu ne m'aies ravi cette gloire
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C VIII S.
Et dans un si beau temps jamais l'air en fureur A-t-il si tôt ravi l'espoir du laboureur ?
Défendez-vous par la grandeur ; Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse ; La mort ravit tout sans pudeur
Ni les affaires ni les compagnies n'étaient capables de lui ravir le temps qu'elle destinait aux choses divines
La mort a plus de prise sur une princesse qui a tant à perdre ; que d'années elle va ravir à cette jeunesse !
Heureux si j'avais pu ravir à la mémoire Cette indigne moitié d'une si belle histoire !
Jérusalem, objet de ma douleur, Quelle main en un jour t'a ravi tous tes charmes !
César nous a ravi jusques à nos vertus
Se ravir, ravir à soi-même.
Ô mon fils, cher espoir que je me suis ravi !
3
Il se dit de la destinée, de la volonté divine qui prive de la vie.
Princesse, le digne lien des deux plus grands rois du monde, pourquoi leur avez-vous été sitôt ravie ?
Ô Seigneur, nous ravissez-vous Henriette par un effet du même jugement qui abrégea les jours de la reine Marie ?
La Parque, ravissant ou son fils ou sa fille, A-, t-elle moissonné l'espoir de sa famille ?
Ô dieux ! pourquoi me le ravir avant que j'aie pu le forcer de m'aimer ?
Il [Baratier, un enfant célèbre] n'avait que dix-neuf ans lorsqu'il fut ravi au monde
4
Sémantique : Fig. Charmer, faire éprouver un transport d'admiration, de joie.
Toutes vos actions me ravissent
Vous me ravissez d'aimer les Essais de morale [de Nicole]
Cette face autrefois si majestueuse [de Jésus], qui ravissait en admiration le ciel et la terre
Ils [les grands hommes] pourront bien forcer les respects et ravir l'admiration, comme font les objets extraordinaires
Je me souviens qu'il nous ravissait en racontant comme en Catalogne....
Que tu sais bien, Racine, à l'aide d'un acteur Émouvoir, étonner, ravir un spectateur !
La jeunesse d'Iole, sur le visage de laquelle les grâces étaient peintes, ravit son coeur [d'Hercule]
Ravir à, entraîner à.
Et se laissant ravir à l'amour maternelle
Nature : Absolument.
Tantôt elle [l'imagination] amuse par des propos riants, d'autres fois elle ravit par la hardiesse de ses saillies
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Conn. hum. II, 10
5
À ravir, Nature : loc. adv. Admirablement bien.
Sans doute mon portrait Envers mon Isabelle aura fait son effet, J'y suis peint à ravir
Vous êtes à ravir, et votre figure est à peindre
Mlle Clairon, qui déclame des vers à ravir
Prenez vos ciseaux ; coupent-ils bien ? - à ravir
de Denis DIDEROT dans Mém. Rêve d'Alembert.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Penre disons nos à la fois [parfois] por tolir, dont cil oiseal [ces oiseaux] ki les altres ravissent ont non, solunc lo latin, prendeor
dans Job, p. 507
Sez-tu que nostre sires ravirat tun seignur à cest jur de vie ?
dans Rois, p. 347
Cume urs à ki sunt raviz si ursetel [oursons]
dans ib. 181
2
XIIIe s.
Seignor, oï avez maint conte, Que maint conteres vos aconte, Coment Paris ravi Helayne
dans Ren. 3
Soustrere c'est tolir. ....ausit com se aucuns ravisoit aucun par force, et le destorbast qu'il ne venist à jor, Liv. de just. 86. Et en tel maniere [les autours] les entrelaissent [leurs petits] à norrir, porce qu'il apraignent à ravir
Dieux ravi la moie ame d'emmi les chaiaus [les petits] des lions
dans Psautier, f° 67
Il laissent les chevax ravir [courir impetueusement], Si se vont fort entreferir
dans Partonop. ms. de St-Germ. f° 170, dans LACURNE
Tant ai dedans mon cuer de joie, Qu'il est touz en deduit ravis
de JUBINAL dans t. II, p. 191
Sa parole est prophecie, S'ele rit, c'est compaignie ; S'ele pleure, devocion ; S'ele dort, ele est ravie ; S'ele songe, c'est vision
de RUTEBEUF dans 187
3
XIVe s.
Les tirans qui par violence desolent et gastent les cités, et qui ravissent et pillent les choses saintes ordenées pour le divin honneur
Vous maintenez que les esbas Et les deduis et les soulas, Qui par l'ueil au cuer sont ravis [portés], Sont plus plaisans, à vostre advis, Que ceulx qu'on reçoit par l'oÿe
dans Modus, f° CIX
4
XVe s.
D'eulx regarder [je] fu de joye ravis
de Eustache DESCHAMPS dans Poésies mss. f° 219
Avoit son amour en icelle si profondement mis, que bien souvent il apparoissoit comme ravy
dans Perceforest, t. VI, f° 33
5
XVIe s.
Nul n'a voulu estre ainsi nommé, nul ne s'est ravi ce nom temeraire
Un prebstre qui ravissoit son ame en telle extase. que....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 93
Sa facilité et ses inventions [d'Ovide] m'ont ravi aultrefois
de Michel de MONTAIGNE dans II, 101
Si fut le peuple espandu tout à l'environ ravy d'esbahissement
de Jacques AMYOT dans Pomp. 32

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, rây ; raûy ; poitevin, ripir ; ital. rapire ; du lat. rapere, par changement de conjugaison. Rapere, est pour harpere ; comparez le grec, sanscr. har, porter, prendre. Ravir s'est dit pour gravir (XVe s. : Ravir aux murs par crocs de fer, Hist. de Loys 3 de Bourbon, p. 106, dans LACURNE) ; mais en ce sens c'est une autre forme de gravir.

Synonymes de RAVIR

Termes proches de RAVIR