Définition de RAYER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : rè-ié

DÉFINITIONS

1
Il se conjugue comme payer. Faire des raies. Rayer de la vaisselle en la nettoyant. Rayer du papier avec le crayon pour écrire droit.
Certaines variétés de pyroxène qui ont si peu de dureté qu'elles se laissent souvent rayer par l'ongle
de BEUDANT dans Inst. Mém. scienc. t. VIII, p. 263
Sémantique : Terme de vénerie. Rayer les voies d'une bête, faire une raie derrière l'empreinte du talon d'une bête, pour l'indiquer aux chasseurs.
Sémantique : Terme d'artillerie. Faire des rayures dans un canon, dans un fusil.
2
Effacer, à l'aide d'une raie qu'on passe sur l'écriture.
Il a été rayé de dessus l'état de la maison du roi
Babouc, après avoir rêvé [sur le cas d'un marchand qui vendait sa marchandise trop cher], le raya de ses tablettes [où il l'avait inscrit comme condamné]
Odet de Chatillon, cardinal, évêque de Beauvais, s'était fait protestant comme son frère, et s'était marié ; le pape l'avait rayé du nombre des cardinaux
L'aimable auteur du Télémaque retranchait des répétitions et des détails inutiles dans son roman moral, et rayait le titre de poëme épique que quelques zélés indiscrets lui donnent
Louvois le raya [Charles Perrault] de la petite académie des médailles ; ce ministre n'aimait pas Colbert, et la haine qu'il portait au protecteur reflua sur le protégé, qui ne l'était plus
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Éloges, Ch. Perrault
Les inscriptions sont rayées du consentement des parties intéressées et ayant capacité à cet effet, ou en vertu d'un jugement en dernier ressort ou passé en force de chose jugée
dans Code Nap. art. 2157
Sémantique : Fig.
Mais sitôt que d'un trait de ses fatales mains La Parque l'eut rayé [Molière] du nombre des humains
Sémantique : Fig. Rayez un tel, cela de vos papiers, de vos registres, ne comptez pas sur un tel, sur cela.
Et rayez-moi de vos papiers
Moi, votre ami ? rayez cela de vos papiers
Si vous daignez lire mon rogaton théologique [où Voltaire défend la Providence générale], je vous prie d'être bien persuadée que je ne crois point du tout à la providence particulière ; les aventures de Lisbonne et de Saint-Domingue l'ont rayée de mes papiers
On lui a rayé sa pension, on l'a supprimée.
3
Compter comme nul.
Tout ce que je pus faire, c'est de rayer ce discours [un propos imprudent de Ch. de Sévigné tenu à Gourville] de sur les tablettes de Gourville
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans mercr. des Cendres, 1680
Il faut rayer ce grand exemple [Saül et David], par lequel M. Jurieu a voulu montrer indéfiniment que le peuple fait les rois
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 5e avert. 39
Ils sont obligés de rayer du nombre de leurs jours tous ceux qu'ils ont passés dans cet état duquel il ne leur reste aucune idée
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans De la vieillesse et de la mort

HISTORIQUE

1
XIe s.
Li sans touz clairs parmi le cor lui raie [coule]
dans Ch. de Rol. CXLVI
2
XIIIe s.
Li san li raioit par andeus les costés [par les deux côtés], et estoit navrés en deux lius
de H. DE VALENC. dans IV
Fille, à Dieu [je] vous commant, par qui li soleus raie [rayonne]
dans Berte, VIII
Oies noires qui sont raïes d'autre color
Li articles qui est royés
dans Liv. des mét. 363
Briefment, que vous en conteroie ? Autre soleil leans ne roie Que cil charboucles [escarboucle] flamboians
dans la Rose, 20654
Il n'afiert pas à clerc, qu'il veste robe roiée
de Philippe de BEAUMANOIR dans XI, 43
3
XIVe s.
Que mestier d'oeuvre rayez estoit plus soutis [subtil] que le mestier de lanure planive, et que celuy qui bien sçavoit faire rayez sçavoit bien faire draps pleins
dans Ordonn des rois, t. II, p. 397
4
XVe s.
Puisqu'il n'est de gaiges raié
de Charles D'ORLÉANS dans Rond.
5
XVIe s.
Ces yeux, comme deux flambeaux, rayant dans le coeur par une douce lumiere
de Jacques YVER dans p. 594
S'estant esveillé en sursault tout emeu du bruit et de la clarté de la lune, qui rayoit dedans la chambre
de Jacques AMYOT dans César, 81
Il les cassa sur l'heure, et les fist rayer de dessus l'estat du roy
de Vincent CARLOIX dans V, 32
En rayant cette difference
de EST. DE LA ROCHE dans Arismetique, f° 48

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, rayer, rayonner, rayée de soleil ; provenç. rajar, raiar, rayar ; esp. radiar ; ital. radiare ; du lat. radiare, de radius, rayon (voy. RAIS). Rayer a signifié donner un rayon, faire comme un rayon de liquide et par conséquent couler, tracer un rayon, et de là une raie, rayer.

Synonymes de RAYER

Termes proches de RAYER