Définition de NUIT
Prononciation : nui ; le t se lie : travailler nui-t et jour, une nui-t obscure ; au pluriel, l's se lie : des nui-z
DÉFINITIONS
1
L'espace de temps qui suit le crépuscule du soir, jusqu'au crépuscule du matin. Il fait nuit. Il se fait nuit. À nuit tombante.Tout obscure qu'elle est, la nuit a beaucoup d'yeux, Et n'a pas pu cacher votre forfait aux cieux
de Jean de ROTROU dans Vencesl. V, 4
Soit lorsque le soleil rentre dans sa carrière, Et que, n'étant plus nuit, il n'est pas encor jour
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. X, 14
Que vos chevaux [les chevaux de la Nuit], par vous au petit pas réduits, D'une nuit si délicieuse Fassent la plus longue des nuits
Cette nuit en longueur me semble sans pareille ; Il faut, depuis le temps que je suis en chemin, Ou que mon maître ait pris le soir pour le matin, Ou que trop tard au lit le blond Phébus sommeille Pour avoir trop pris de son vin
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib. I, 2
Ô nuit ! ô trahison, dont la double noirceur Passe tout....
de Thomas CORNEILLE dans Ariane, V, 3
Ô nuit désastreuse, ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte !
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Ô gémissements, ô cris de la nuit, pénétrant les nues, perçant jusqu'à Dieu !
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Bourgoing.
Que l'on voit peu de ces veuves qui passent les jours et les nuits dans la prière !
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
À la nuit qu'il fallut passer en présence de l'ennemi, le duc d'Enghien reposa le dernier
Les nuits, plus tristes encore que les jours, ôtent à M. de Montausier la douceur de la compagnie, et ne lui donnent pas celle du repos
de Esprit FLÉCHIER dans Duc de Mont.
Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle
de Jean RACINE dans Andr. III, 8
Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée
de Jean RACINE dans Bérén. I, 5
Et ce vainqueur, suivant de près sa renommée, Hier avec la nuit arriva dans l'armée
de Jean RACINE dans Iphig. I, 1
C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit ; Ma mère Jézabel devant moi s'est montrée
de Jean RACINE dans Ath. II, 5
Et le jour a trois fois chassé la nuit obscure Depuis que votre corps languit sans nourriture
de Jean RACINE dans Phèdre, I, 3
La beauté du jour est comme une beauté blonde qui a plus de brillant ; mais la beauté de la nuit est une beauté brune qui est plus touchante
J'étais las, attendant chez moi votre retour, Qu'on fit du jour la nuit et de la nuit le jour
de Jean-François REGNARD dans Joueur, I, 7
On jouait [chez la duchesse du Maine] des comédies, ou l'on en répétait tous les jours : on songea aussi à mettre les nuits en oeuvre par des divertissements qui leur fussent appropriés ; c'est ce qu'on appela les grandes nuits
de STAAL dans Mém. t. I, p. 264
Déjà la nuit plus sombre Couvre ce grand dessein du secret de son ombre
On comptait encore par nuits, et de là vient qu'en Angleterre on dit encore sept nuits pour signifier une semaine, et quatorze nuits pour deux semaines
La nuit effraye naturellement les hommes, et quelquefois les animaux ; la raison, les connaissances, l'esprit, le courage délivrent peu de gens de ce tribut
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. II
La nuit dérobe les formes, donne de l'horreur aux bruits ; ne fût-ce que celui d'une feuille, au fond d'une forêt, il met l'imagination en jeu
Les nuits presque toujours belles entre les tropiques
de BOUGAINVILLE dans Voy. t. II, p. 107, dans POUGENS
C'est un beau spectacle que celui des nuits de Jupiter, où l'on peut voir à la fois quatre lunes sur un même horizon ; mais ce spectacle n'est rien en comparaison de celui des nuits de Saturne....
de BAILLY dans Hist. astr. mod. t. II, p. 399
Il n'y a personne qui n'ait été frappé de la beauté du spectacle de la nuit ; la vue, encore fatiguée de la lumière du jour, erre sur la voûte céleste, et s'y repose avec complaisance
de BAILLY dans Hist. astr. anc. p. 23
Le magnifique spectacle qui rend les nuits des peuples septentrionaux plus ravissantes que nos beaux jours
de SENNEBIER dans Ess. sur l'art d'observ. t. II, p. 249 dans POUGENS.
Tout se couvre à mes yeux d'un voile de langueur : Des jours amers, des nuits plus amères encore
de André CHÉNIER dans Élég. X
Et sur un lit oisif, consumé de langueur, D'une nuit solitaire accuser la longueur
de André CHÉNIER dans ib. XXXIV
Ces belles nuits des tropiques où l'on prend une si grande idée de la nature et de son auteur
La nuit a ralenti les heures ; Le sommeil s'étend sur Paris
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Rossignols.
La nuit arrive alors, une nuit de seize heures ; mais sur cette neige qui couvre tout, on ne sait où s'arrêter, où s'asseoir, où se reposer [dans la retraite de Russie]
Cependant la nuit marche, et sur l'abîme immense Tous ces mondes flottants gravitent en silence
de Alphonse de LAMARTINE dans Méd. II, 8
Alors ces globes d'or, ces îles de lumière, Que cherche par instinct la rêveuse paupière, Jaillissent par milliers.... sur les pas de la nuit
de Alphonse de LAMARTINE dans ib.
Pourquoi balancez-vous vos fronts que l'aube essuie, Forêts qui tressaillez avant l'heure du bruit ? Pourquoi de vos rameaux répandez-vous en pluie Ces pleurs silencieux dont vous baigna la nuit ?
de Alphonse de LAMARTINE dans Harm. I, 3
Poëte, prends ton luth ; la nuit, sur la pelouse, Balance le zéphyr dans son voile odorant
de Alfred DE MUSSET dans Nuit de mai.
Un an après, il était nuit, J'étais à genoux près du lit Où venait de mourir mon père
de Alfred DE MUSSET dans Nuit de décembre.
La nuit, pendant la nuit ; cette nuit, la nuit qui va venir ou qui vient de s'écouler.
On reposait la nuit, on dormait tout le jour
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. II
Les vents nous auraient-ils exaucés cette nuit ?
de Jean RACINE dans Iph. I, 1
Sémantique : Fig. Je ne m'en relèverai pas la nuit, c'est-à-dire c'est une chose dont je ne me soucie guère.
Nuit close, nuit fermée, le moment où la nuit est devenue complète.
On la voit, à nuit fermée, entrer seule dans de petites rues
de PATRU dans Plaidoyer 11, dans RICHELET
Oiseaux de nuit, les oiseaux de proie que le jour incommode et qui chassent à la tombée de la nuit.
La nuit tombe tout à coup, c'est-à-dire le crépuscule ne dure guère.
Se mettre à la nuit, s'exposer à être surpris par la nuit.
Bon soir et bonne nuit, ou je vous souhaite une bonne nuit, se dit en prenant congé, le soir, des personnes avec qui l'on vit en familiarité.
Nuit blanche, nuit passée dans l'insomnie.
J'ai passé une nuit blanche
de Mme DU DEFFANT dans Lettre à H. Walpole, t. IV, p. 384, dans POUGENS
Êtes-vous reposé, mon cher Persée [Klinglin], de la nuit blanche que nous avons passée ensemble ?
dans Correspondance du général Klinglin, I, 462
Une bonne nuit, une nuit pendant laquelle on dort bien dans son lit. Passer une bonne nuit.
Son état est toujours bien fâcheux ; depuis quelques jours cependant il a de meilleures nuits
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. à Voltaire, 22 octob. 1768
Une mauvaise nuit, une nuit pendant laquelle on ne dort pas, en raison de souffrances physiques ou morales. Passer une mauvaise nuit.
Il [Charles le Téméraire] m'a voulu du mal, et m'a fait à Péronne Passer trois de ces nuits qu'avec peine on pardonne
de Casimir DELAVIGNE dans Louis XI, III, 13
On dit dans le même sens : bien passer, mal passer la nuit.
On dit d'un malade : Comment a-t-il passé la nuit ? c'est-à-dire a-t-il eu une bonne, une mauvaise nuit ?
Ce malade ne passera pas la nuit, c'est-à-dire il mourra dans la nuit.
Passer la nuit à étudier, à jouer, à danser, à boire, etc. étudier, jouer, etc. pendant toute la nuit.
Nature : Absolument. Passer la nuit, veiller hors de son lit.
[Les paysans] forcés de passer les nuits dans leurs fèves et leurs pois avec des chaudrons, des tambours, des sonnettes pour écarter les sangliers
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Confess. X
Il y a autant à dire que du jour à la nuit, c'est-à-dire la différence est extrême.
Il ne dort pas toute la nuit, se dit d'un homme qui a du souci, des affaires qui le font veiller.
Nuit sacrée, dans les dates des manuscrits, la veille de Pâques.
Sémantique : Fig. Faire un trou à la nuit, voy. TROU.
2
Dans le langage poétique ou élevé. Les feux de la nuit, les étoiles.Figurez-vous une nuit tranquille et belle, qui dans un ciel net et pur étale tous ses feux
L'astre des nuits, la reine des nuits, la lune.
Le soleil a cédé l'empire à la pâle reine des nuits
de Alphonse de LAMARTINE dans Médit. I, 21
Les voiles de la nuit, l'obscurité de la nuit.
3
Bonnet de nuit, coiffure de nuit, bonnet, linge dont on se couvre la tête pour dormir.Chez certaines femmes, les moeurs de parade et les moeurs négligées sont aussi différentes que la coiffure de jour et la coiffure de nuit
de DUFRESNY dans Double veuvage, I, 10
Sémantique : Familièrement. Triste comme un bonnet de nuit, très triste, très sombre.
Chemise de nuit, chemise que l'on met le soir en se couchant, et que l'on quitte le jour.
Table de nuit, table que l'on place à côté de son lit pour divers besoins.
Pot de nuit, vase que l'on a près de soi pendant la nuit pour satisfaire aux besoins naturels.
Sac de nuit, sac dans lequel on emporte ce qui est nécessaire dans un voyage, surtout pour la nuit.
4
Sémantique : Terme de peinture. Effet de nuit, scène où l'on ne voit point d'autres clairs ni d'autres reflets que ceux qui paraissent venir de la lueur de la lune, d'une bougie, d'une lampe, ou d'une lanterne.Une nuit, un tableau qui représente un effet de nuit. Une nuit du Corrége.
5
Sémantique : Terme de mythologie. Déesse qui préside à la nuit, et qui était figurée avec un voile semé d'étoiles, portée sur un char et traînée par des chevaux noirs (on met une majuscule).Tout beau ! charmante Nuit, daignez vous arrêter ; Il est certain secours que de vous on désire ; Et j'ai deux mots à vous dire De la part de Jupiter
Mais la Nuit aussitôt de ses ailes affreuses Couvre des Bourguignons les campagnes vineuses
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. III
Ah ! Nuit, si tant de fois, dans les bras de l'amour, Je t'admis aux plaisirs que je cachais au jour
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans ib. II
6
Sémantique : Fig. Les faveurs d'une femme.Ils achetèrent de leur vie une nuit de Cléopâtre
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. IV
7
Nuit d'un cheval, en termes d'auberge, le foin, la paille qu'on lui donne pendant la nuit.Sémantique : Terme de pêche. Harengs d'une nuit, ceux qui ont été pris la nuit du jour où on les livre.
Sémantique : Terme de vénerie. Faire sa nuit dans un lieu, y repaître, s'y reposer, en parlant d'un animal.
Défaire la nuit d'une bête, la rencontrer dans l'endroit où elle a fait sa nuit.
On dit aussi que le faucon se perche pour faire sa nuit.
8
Une obscurité quelconque.Mais jusque dans la nuit de mes sacrés déserts....
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. VI
Mais quelle épaisse nuit tout à coup m'environne ?
de Jean RACINE dans Andr. V, 5
Nous fûmes enveloppés dans une nuit profonde
Sémantique : Fig. La nuit des temps, les temps reculés dont les traditions sont effacées.
Tous les siècles à venir N'auront point de nuit assez noire Pour en cacher le souvenir
de François de MALHERBE dans IV, 5
La communion se perd dans la nuit des temps
9
La nuit du tombeau, ou des tombeaux, la nuit du cercueil, la nuit éternelle, la nuit infernale, c'est-à-dire la mort, le séjour de la mort.Avant que je te suive en la nuit du tombeau
de Jean de ROTROU dans Antig. V, 8
Et tomber avec moi dans la nuit du cercueil
de Jean de ROTROU dans Vencesl. V, 2
Sans me plaindre du sort, je cesserai de vivre, Si ce doux espoir peut me suivre Dans l'affreuse nuit du tombeau
de QUIN. dans Arm. I, 11
Fuyons dans la nuit infernale
de Jean RACINE dans Phèdre, IV, 6
Filles d'enfer.... Venez-vous m'enlever dans l'éternelle nuit ?
de Jean RACINE dans Andr. V, 5
Qu'est-ce donc que des jours pour valoir qu'on les pleure ? Un soleil, un soleil, une heure et puis une heure, Celle qui vient ressemble à celle qui s'enfuit ; Ce qu'une nous apporte, une autre nous l'enlève : Travail, repos, douleur, et quelquefois un rêve, Voilà le jour, puis vient la nuit
de Alphonse de LAMARTINE dans Méd. II, 5
On dit dans le même sens : nuit sans matin, nuit sans réveil, nuit noire.
Punis ces malheureux d'une nuit sans matin
de RACAN dans Psaume 3
Voyez la consolation Que vous auriez dans la nuit noire, Lorsque vous saurez la façon Dont vous aurait traité l'histoire
L'éternelle nuit, se dit aussi de la damnation éternelle.
Si la nuit de la mort m'eût privé de lumière, Je n'aurais pas la peur d'une éternelle nuit
de François de MALHERBE dans I, 4
10
Sémantique : Fig. Obscurité qui, par une cause interne, physique ou morale, se répand sur la vue.D'une soudaine nuit ses beaux yeux sont couverts
11
Sémantique : Fig. Ténèbres de l'esprit ou du coeur.Mes beaux jours sont voilés d'une effroyable nuit
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Plaintes.
J'aime mieux croire que c'est qu'il ne peut y avoir de nuit dans votre esprit, et qu'étant, comme il est, une source de clarté, les ténèbres qui appesantissent les autres ne lui peuvent nuire
de Vincent VOITURE dans Lett. 61
Ainsi loin du vrai jour par toi toujours conduit, L'homme ne sortit plus de son épaisse nuit
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. XI
Dieu d'Israël, dissipe enfin cette ombre.... Quand sera le voile arraché Qui sur tout l'univers jette une nuit si sombre ?
de Jean RACINE dans Esth. II, 9
La nuit de l'ignorance, se dit des époques ou des pays privés de connaissances, de lumières.
12
Sémantique : Fig. Ce qui cache, enveloppe comme ferait la nuit.Et pouvez-vous, seigneur, souhaiter qu'une fille.... Qui, dans l'obscurité, nourrissant sa douleur, S'est fait une vertu conforme à son malheur, Passe subitement de cette nuit profonde Dans un rang qui l'expose aux yeux de tout le monde ?
de Jean RACINE dans Brit. II, 3
De la nuit du silence un secret peut sortir
Réaumur, dont la main si savante et si sûre A percé tant de fois la nuit de la nature
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Disc 4e.
13
De nuit, Nature : loc. adv. Pendant la nuit.Mais serais-tu fille à travailler de nuit ?
de Jean-François REGNARD dans Sérénade, 20
14
Nuit et jour, ou jour et nuit, Nature : loc. adv. Sans cesse.Elle [la mort] lui fut [à le Tellier malade] nuit et jour toujours présente ; car il ne connaissait plus le sommeil
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans le Tellier.
Ni jour ni nuit, jamais.
Tant de jets d'eau qui ne se taisaient ni jour ni nuit
PROVERBES
1
Exemple : La nuit tous les chats sont gris, c'est-à-dire il est aisé de se méprendre, de ne pas reconnaître ceux à qui l'on parle ; et aussi on ne connaît, pendant la nuit, si une personne est belle ou laide.2
Exemple : La nuit porte conseil, c'est-à-dire il est prudent de se donner le temps de réfléchir.Il sera demain jour, et la nuit porte avis
de Pierre CORNEILLE dans Ment. III, 8
HISTORIQUE
1
XIe s.Icele noit [ils] n'ont onques escalgaite [sentinelle], Ch. de Rol. CLXXVIII [Que] Nuls ne reçoit [reçoive] hom ultre treis nuis, si....
dans Lois de Guill. 46
2
XIIe s.Va s'en li jors, si vient la nuiz serie
dans Ronc. 33
Grans fu li dex [deuil] la nuit en Roncevaux
dans ib. 149
Et gesir mainte nuit au vent et à l'orage
dans Sax. XXVI
Mais à dame de valor Doit on penser nuit et jor
dans Couci, I
Tant requist nuit et jor la mere al creatur, Qu'ele li tramesist santé de sa dolur
dans Th. le mart. 94
Ainceis [avant] fu neire nuit que il eüst supé
dans ib. 48
3
XIIIe s.La nuit après souper, quand vint à l'enserir....
dans Berte, XII
Et la nuis estoit mout et hideuse et oscure
dans ib. XLII
Dont se departirent à une avesprée de l'ost, et chevauchierent toute nuit
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans XCIX
Quant ce vendra [viendra] qu'il sera nuis
dans la Rose, 2433
...li plusors songent de nuitz Maintes choses couvertement, Que l'en voit puis apertement
dans ib. 18
Les Sarrazins à pié entroient toutes les nuiz en l'ost, et occioient les gens là où ils les trouvoient dormans
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 218
4
XIVe s.Le [la]nuit saint Phelippe et saint Jaqueme, c'on dist le nuit de may
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans nox.
5
XVe s.Jacqueville et ses souldoiers.... viendrent un jour, de nuict, entre onze et douze heures au soir
de Jean JUVÉNAL DES URSINS dans Charles VI, 1413
Vous qui tournez lumiere en obscurté, Et qui voulez du jour faire la nuit
de Eustache DESCHAMPS dans Ballade, Vie dissipée.
Survint l'entrée de la nuyt
de Philippe de COMMINES dans I, 4
Ung champ, jouste les terres du lieu de Vernet devers nuit [le couchant], les terres dudit Bonnel devers midi
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans nox.
6
XVIe s.Di moy l'amant qui, nouant [nageant] en la mer, Alloit, de nuict, les nopces consommer ; Et le nocturne embrassement receu, Qui d'Aurora ne fut onc apperceu
de Clément MAROT dans IV, 103
On appelle ceste plante herbe de la nuict, parce que ses fleurs demeurent espanouies durant la nuict et la matinée, jusques à ce que le soleil ait frappé dessus quelque peu
de Olivier DE SERRES dans 576
Il estoit nuict fermée, et les hommes lassez Dessus la plume oisive avoient les yeux pressez
de Pierre de RONSARD dans 794
La nuict n'a point de honte, et elle couvre beaucoup d'imperfections et poltronneries
Qui ne rent son cens à jour, il doit cinq sols d'amende ; qui ne rent rente dedans les nuits [nuit était le terme auquel les rentes expiraient], il doit soixante sols d'amende
dans Anc. coust. d'Orléans, p. 468, dans LACURNE
ÉTYMOLOGIE
1
Wallon, nute, neit ; bourg. neu ; picard, neuit ; angoumois, neut ; provenç noit, noich, nuoit, nuot, nueh, nuh ; cat. nit ; esp. noche ; port. noite ; ital. notte ; du latin noctem ; all. Nacht ; goth. naths ; angl. night ; russe, notch ; sanscr. nakta (2ème a accent long). M. Ad. Regnier, Idiome des Védas, p. 120, pense que nakta (2ème a accent long) se rattache à la racine naj, avoir honte, et signifie, comme l'autre participe nagna, la nue, latin nuda ; il fait remarquer l'analogie entre l'allemand Nacht, nuit, et nackt, nu.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1
NUIT. Ajoutez : - REM. Toute nuit pour toute la nuit, voy. TOUT, Rem. 7.