Définition de AFFAIR, E

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DÉFINITIONS - SYNONYME - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : a-fê-r'

DÉFINITIONS

1
Ce qui est l'objet de quelque travail ; occupation, soin, devoir, fonction. Une petite affaire. Une affaire importante. N'avoir pas d'affaire. C'était l'affaire d'un jour. Charger le fusil et tuer la bête fut l'affaire d'un instant. Je ne me suis mêlé d'aucune affaire. Être accablé d'affaires. C'est mon affaire ; vous n'avez rien à y voir. L'étude est son unique affaire. Ils ont pour unique affaire de toucher leurs rentes. C'est l'affaire d'un bon juge de.... Il est tout à son affaire.
Vie douce et paisible, sans bruit, sans embarras d'affaires, sans inquiétude, sans soin
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. I, p. 348
Le czar en partant de Paris avait d'autres affaires qu'à vérifier des passages de saint Épiphane
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Hist. de Russ. II, 9
Je suis en affaires avec l'abbé
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 228
J'ai quelque affaire Là dedans avec certain frère
de Jean de LA FONTAINE dans Cord.
Faire son affaire d'une chose, s'en charger, en répondre. J'avancerai les frais et j'en fais mon affaire.
As-tu fait ton affaire principale de sa justice ?
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Nécess. I
C'est là que je mets toute mon affaire
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 5, Vêtur. 1
Quelle ne sera pas la lenteur des progrès de la sagesse dont si peu d'hommes se font une affaire ?
de Denis DIDEROT dans Essai sur Claude.
C'est mon affaire que la conversion
de Blaise PASCAL dans Myst. 2
C'est l'affaire des dieux, ce n'est pas la nôtre
de Denis DIDEROT dans Princ. de polit. 75
Qu'il brûle encor pour elle, ou la quitte pour moi, Ce n'est pas votre affaire
de Pierre CORNEILLE dans Othon, II, 5
Ce qu'on y voit de plus pompeux n'est l'affaire que d'une scène
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Drap.
Former des citoyens n'est pas l'affaire d'un jour
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Écon. 2
Cliton n'a jamais eu, toute sa vie, que deux affaires, qui est de dîner le matin et de souper le soir
de Jean de LA BRUYÈRE dans 11
Nous devons travailler à nous rendre très dignes de quelque emploi : le reste ne nous regarde point, c'est l'affaire des autres
de Jean de LA BRUYÈRE dans 2
Faire son affaire d'une chose, savoir la mettre à profit.
Que dans mes mains pleuve de l'or, De l'or, De l'or, Et j'en fais mon affaire
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Él. de la rich.
2
Tout ce qui est l'objet d'un intérêt. Abandonner un ami dans une affaire qui intéresse l'honneur. Il faut tenter l'affaire.
On parle du salut comme d'une affaire souverainement importante, et on a raison d'en parler de la sorte ; mais c'est trop peu dire : il faut ajouter que c'est une affaire absolument nécessaire
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. I, p. 9
Sire, j'en ai trop dit, mais l'affaire vous touche
de Pierre CORNEILLE dans Hor. V, 3
Tantôt son père Au sortir du conseil doit proposer l'affaire
de Pierre CORNEILLE dans Cid, I, 2
Tout le monde craint d'avoir quelque affaire avec lui
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. III
Affaire d'honneur, ou absolument, affaire, un duel, un combat singulier. Il a une affaire d'honneur. Une première affaire, un premier duel.
J'ai appris qu'il avait eu quelques affaires en Italie et qu'il s'y était battu plusieurs fois
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. I, 45
Affaire d'amour, un commerce de galanterie.
Affaires d'esprit, les matières de goût. Il veut qu'on le consulte sur toutes les affaires d'esprit.
3
C'est une affaire de, une question de....
Elle était de sa nature une affaire de religion chez les païens
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Oracles, chap. I, Introd.
La foi de beaucoup d'hommes est une affaire de géographie
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. IV
C'est une affaire de soumission et d'humilité
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. 53
4
C'est une affaire, la chose est difficile. Ce n'est pas une affaire, la chose n'est pas importante.
On se persuade que, comme ce n'est pas une affaire d'en [de certains défauts] être coupable, il n'y a pas aussi grand mal d'en être censeur
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Médis.
Et conter pour conter me semble peu d'affaire
de Jean de LA FONTAINE dans Fab. VI, 1
Ce ne serait pas une affaire
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 68
Ce dieu fripon ressemble assez aux rois, Le bien servir n'est pas petite affaire
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Poés. mêl. 150
On faisait une grande affaire de rien
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 395
Par le chaud, c'était une affaire
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 287
D'en avoir toujours les preuves présentes, c'est trop d'affaire
de Blaise PASCAL dans Moyens, 3
Il faudrait bien des affaires pour leur faire entendre [aux Tartares] ce que c'est qu'un financier parmi nous
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. XXX, 13
5
Ce qu'il faut, ce qui convient. Ceci est bien mon affaire. La place qu'il a obtenue fait parfaitement son affaire.
Mais le moindre grain de mil Serait bien mieux mon affaire
de Jean de LA FONTAINE dans Fab. I, 20
Deux minutes feront l'affaire
de Jean de LA FONTAINE dans Nic.
Ce choix était mieux votre affaire
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. I, 1
Votre fille n'est point l'affaire d'un bigot
de Jean de LA FONTAINE dans Tart. II, 2
C'est moi qui ferai votre affaire mieux que personne
de Jean de LA FONTAINE dans Préc. Rid. 10
Je n'irais pas bien loin pour trouver mon affaire
de Jean de LA FONTAINE dans Femmes sav. IV, 3
Le chaud fera mon affaire [me fera du bien]
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 284
Je voudrais bien que vous pussiez y faire l'affaire du roi et la vôtre
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 102
.... ah ! Monsieur, si feu mon pauvre père Était encor vivant, c'était bien votre affaire
de Jean RACINE dans Plaid. I, 5
6
Faire son affaire [à soi-même], faire son affaire [à un autre]. Faire son affaire [à soi-même], c'est se mettre à l'abri, s'arranger, réussir. Il fait tout doucement son affaire. Il songe à se retirer à la campagne, son affaire est bientôt faite.
Quand on connaît bien les péchés mortels, on tâche de ne pas commettre de ceux-là, et l'on fait son affaire
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Lettr. pers. 57
Faire son affaire [à un autre], c'est le châtier, lui donner une leçon, même le tuer. Son affaire est faite, il a été châtié, puni, tué. L'espion fut découvert, et on lui fit son affaire. S'il le rencontre, il lui fera son affaire.
Le chat fut trois jours sans manger et sans pouvoir remuer ni pied ni patte ; mais il est bien heureux qu'il n'y a point de chats médecins ; car ses affaires étaient faites, et ils n'auraient pas manqué de le purger et de le saigner
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Amour méd. II, 1
7
Avoir son affaire, en bonne part, avoir ce qui convient ; en mauvaise part, recevoir correction, châtiment, leçon.
Vouliez ou non, elle aura son affaire
de Jean de LA FONTAINE dans Rém.
8
Point d'affaire, signifie en aucune façon.
Point d'affaire, marquis
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Fâch. III, 4
J'ai beau lui faire signe et montrer que c'est ruse ; Point d'affaire, il poursuit sa pointe jusqu'au bout
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Étour. III, 5
9
Nature : S. f. plur. Les affaires de quelqu'un, ce qui l'intéresse particulièrement, ce qui constitue sa situation. Il sent que l'âge vient, et il songe à mettre ordre à ses affaires. Être bien dans ses affaires. Ceux qui sont mal dans leurs affaires.
Nous sommes mal, monsieur, dans nos affaires
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. IV, 4
Un valet conseiller y fait mal ses affaires [ne gagne rien de bon]
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Étour. I, 2
Si je savais chanter, J'en ferais bien mieux mes affaires
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans la Princ. d'Él. II, Interm.
Enfin j'ai fait mes affaires, Je suis procureur du roi
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Ventru.
Vous n'avez, vous ni lui, pensé qu'à vos affaires
de Pierre CORNEILLE dans Othon, II, 5
Chacun des deux partis y fit mal ses affaires
de Jean de LA FONTAINE dans Fianc.
Mais que répondrons-nous ? - J'ai d'autres affaires présentement, dit un mondain. - Et quelles sont-elles, ces autres affaires ? - L'affaire de mon établissement, ajoute-t-il, l'affaire de mon agrandissement, les affaires de ma maison, en un mot tout ce qui regarde ma fortune temporelle
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. I, p. 105
10
Transaction, marché. J'ai fait affaire avec lui. Il me vend sa maison, l'affaire est conclue. En achetant cette terre, il a fait une mauvaise affaire, une bonne affaire. Ce mariage est pour lui une bonne affaire.
L'adjudication est remise à quinzaine ; mais je crois que je ferai affaire avant ce temps
de Paul Louis COURIER dans Lettr. II, 123
Si elle le peut épouser, elle fera une très bonne affaire
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 21
J'étais lié, dit saint Augustin, par ma propre volonté, plus dure que le fer, et, sans un dernier effort de la vertu d'en haut, je n'aurais jamais conclu mon affaire [sa conversion] que je désirais, mais qui devait coûter si cher à mon coeur
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. I, p. 282
11
Nature : Absolument, les affaires, le commerce, l'industrie, la banque. Il est dans les affaires. Il a quitté les affaires. Les grandes affaires. Les hommes d'affaires, les gens d'affaires.
L'esprit même d'affaires ne s'était pas refusé à lui
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Malézieu.
Nature : Au sing. Organiser, lancer une affaire.
En mauvaise part, faiseur d'affaires.
12
Nature : S. f. pl. Tout ce qui concerne la fortune et les intérêts de l'État. Le mouvement des affaires. Les affaires d'État. Ce ministre est depuis longtemps aux affaires. Les affaires publiques sont dans une telle situation.... Loisirs que laissent les affaires. La vieillesse éloigne des affaires.
Ceux qui sont à la tête des affaires
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Conv.
Il faisait négligemment les affaires de l'empire
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 11
La tentation, dans les grandes charges, dans les grandes affaires, c'est qu'on les trouve si importantes, qu'on y donne tout, et que l'affaire du salut s'oublie
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Pensées détachées, 11
Il parle bas dans la conversation, et il articule mal, libre néanmoins sur les affaires publiques
de Jean de LA BRUYÈRE dans 6
Personne presque n'a assez de fonds pour remplir le vide du temps sans ce que le vulgaire appelle des affaires
de Jean de LA BRUYÈRE dans 2
Que faut-il à un homme d'affaires, ou que ne lui faut-il pas pour vaquer dignement et en chrétien soit au service du prince dont il est le ministre, soit au service du public dont il a les intérêts à ménager ? Quelle étendue de soins....
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. I, p. 401
Affaires spirituelles, affaires qui concernent la religion ; affaires temporelles, celles qui concernent le monde.
13
Embarras, peines, querelles. On lui a suscité mille affaires désagréables et fâcheuses.
Voulez-vous qu'avec lui je me fasse une affaire ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. II, 3
Pourquoi chercher à lui faire des affaires [des ennemis] ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Impr. 3
Voici bien des affaires
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Étour. I, 2
Vous ferez-vous toujours des affaires nouvelles ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
Cette réserve pourrait m'attirer des affaires
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. IV
De peur de me faire des affaires avec le prince
de Antoine HAMILTON dans Gram. 7
Je crains que cela ne lui fasse une affaire
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 322
Tout le monde veut que j'aie des affaires à Rome
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lettr. rel. 83
Ce n'est point du tout mon intention de vous faire des affaires
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lettr. abb. 73
Il composa un livre fort curieux, mais qui lui fit quelques affaires
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Microm. I
Si quelqu'un eût osé ouvrir la bouche.... on lui eût fait des affaires dont il ne se fût jamais tiré
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Oracles, ch. 13
Rome, qui avait toujours usurpé, avait continuellement de grandes affaires
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. XI, 17
14
Se tirer d'affaire, se tirer d'embarras, sortir d'affaire, sortir d'embarras.
.... se plaint qu'elle [mouche] agit seule et qu'elle a tout le soin ; Qu'aucun n'aide aux chevaux à se tirer d'affaire
de Jean de LA FONTAINE dans Fab. VII, 9
Les sueurs me tireront d'affaire [me guériront]
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 245
Il faut remercier Dieu du bonheur qui vous tira d'affaire
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 78
Il est hors d'affaire [il est guéri]
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 84
Une mauvaise affaire, une affaire où l'honneur, la fortune, la vie sont engagés ; une bonne affaire, une affaire où il y a beaucoup d'argent à gagner.
15
Procès, contestation, démêlé. La plus petite affaire d'argent. Suivre une affaire. Affaire civile. Affaire criminelle. Plaider une affaire. Instruire une affaire. Les affaires du barreau.
Voyant un président, je lui parle d'affaire
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. VIII
Il plaide depuis quarante ans, plus proche de sortir de la vie que de sortir d'affaires
de Jean de LA BRUYÈRE dans 11
16
Dans un sens très vague, chose, circonstance, conjoncture.
Qu'en ce mois le manteau leur est fort nécessaire [aux voyageurs] ; Les Latins le nommaient douteux pour cette affaire
de Jean de LA FONTAINE dans Fab. VI, 3
17
En t. de guerre, combat. L'affaire fut courte, mais chaude. On perdit beaucoup de monde dans cette malheureuse affaire. L'affaire avait été fort mal engagée.
Il l'en remercia quand l'affaire fut finie
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 5
18
Avoir affaire de, avoir besoin de.
L'un allume du feu dont j'avais bien affaire
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. X
Vous n'avez pas trop affaire de ce détail
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 87
Si Pluton a affaire d'un mort, il ne sait plus où le prendre
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Jugement de Pluton.
Vous trouverez un statuaire ; Mais vous n'en avez plus affaire
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Ép. 79
Qu'un lion d'un rat eut affaire....
de Jean de LA FONTAINE dans Fab. II, 11
Qu'avons-nous affaire du monde et de ses emplois ?
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. 27
Qu'avions-nous affaire de son amour naturel ?
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Relat.
Vénus, Saturne et Mars, dont je n'ai point affaire
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans F. sav. II, 7
Un pouvoir dont le malheureux, Madame, n'aura plus affaire
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Psych. I, 3
Qu'avions-nous affaire de vie, Si nous ne pouvions être à vous ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib. V, 2
Le mohatra est quand un homme qui a affaire de vingt pistoles, achète d'un marchand des étoffes pour trente pistoles, payables dans un an, et les lui revend à l'heure même pour vingt pistoles comptant
de Blaise PASCAL dans Prov. 8
Qu'avons-nous affaire que leur assurance dépende de là ?
de Blaise PASCAL dans ib. 19
Qu'ai-je affaire, disait-il aux Juifs, des fruits de la terre que vous apportez dans mon temple ?
de Louis BOURDALOUE dans Pens. t. II, p. 413
Dieu veut qu'il y ait entre nous un rapport naturel et continuel, que nous ayons affaire les uns des autres...
de Louis BOURDALOUE dans ib. p. 226
Qu'ai-je affaire d'aller me tuer à travailler pour des gens dont....
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Lett. pers. 11
Qu'avez-vous affaire de décrier le luxe ?
de Esprit FLÉCHIER dans Serm. II, 220
Qu'ai-je affaire du trône et de la main d'un roi ?
de Thomas CORNEILLE dans Ariane, III, 4
Qu'avons-nous affaire d'un nouvel auteur qui se pare des imaginations des Grecs, et donne au monde leurs lumières pour les siennes ?
de ST-ÉVREM. dans t. IV, p 2
Sémantique : Ironiquement.
J'ai bien affaire de lui, je me soucie bien de lui ! J'ai bien affaire de tout cela ! Leur savoir à la France est beaucoup nécessaire, Et des livres qu'ils font la cour a bien affaire !
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans F. sav. IV, 3
J'avais bien affaire qu'il attaquât ma réputation !
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Didon, Stratonice.
Il avait bien affaire de s'aller....
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 9
La république a bien affaire De gens qui ne dépensent rien !
de Jean de LA FONTAINE dans Fab. VIII, 9
19
Avoir affaire à quelqu'un, avoir à lui parler, à débattre avec lui.
Et, s'il avait affaire à quelque maladroit....
de Pierre CORNEILLE dans Poly. V, 1
L'homme à qui nous avons affaire n'est pas des plus fins de ce monde
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Am. méd. III, 3
Il n'a pas affaire à un sot, et vous savez des rubriques qu'il ne sait pas
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Méd. m. lui, III, 7
Il vaudrait autant avoir affaire à des gens qui....
de Blaise PASCAL dans Prov. 7
Ayant affaire à des personnes de toutes sortes
de Blaise PASCAL dans ib. 5
Ils ont affaire à un homme bien vigilant
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 562
Saint Cyrille avait affaire à un de ces dialecticiens....
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Conc.
On ne sait si on a affaire à un chrétien ou à un païen
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Avert. 1
Sémantique : Par menace. Si vous tenez ce langage, vous aurez affaire à lui, il vous cherchera querelle, il vous en fera repentir.
Quiconque rira aura affaire à moi
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Pourc. IV, 1
20
Avoir affaire avec quelqu'un, avoir à traiter d'affaires avec lui. J'ai affaire ce matin avec le ministre.
Ceux avec qui ils ont affaire tous les jours
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XXIII
Nature : Absolument.
Il a affaire, il ne peut quitter
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Princ. de P. 2
21
Sémantique : En termes de fauconnerie, un oiseau est de bonne affaire, quand il est bien affaité, bien dressé pour la volerie.
Sémantique : Par extension.
Un autre était muet et d'amoureuse affaire
de Jean de LA FONTAINE dans Fianc.
Sa femme était encor de bonne affaire
de Jean de LA FONTAINE dans Berceau.
22
En parlant d'une femme, avoir ses affaires, avoir ses règles.
23
Faire ses affaires, aller à ses affaires, satisfaire ses besoins naturels. Autrefois, chez le roi, on appelait chaise d'affaires la chaise percée, et brevet d'affaires, le privilége d'entrer dans le lieu où le roi est sur sa chaise d'affaires. On sait que le roi Henri III fut blessé mortellement, par Jacques Clément, étant sur sa chaise d'affaires.
24
Proverbes.
Corsaires à corsaires, L'un l'autre s'attaquant, ne font pas leurs affaires
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. XI
Avoir affaire à la veuve et aux héritiers, c'est-à-dire avoir affaire à forte partie.
Exemple : Ceux qui n'ont point d'affaires, s'en font, c'est-à-dire l'oisiveté fatigue, et on se fait des occupations.
Exemple : À demain les affaires, c'est-à-dire ne songeons aujourd'hui qu'à nous divertir.
Exemple : Chacun sait ses affaires, se dit quand on ne veut pas entrer dans les motifs de la conduite de quelqu'un.
Exemple : Il a plus d'affaires que le légat, c'est-à-dire il est très occupé.

SYNONYME

1
AVOIR AFFAIRE à QUELQU'UN, AVOIR AFFAIRE AVEC QUELQU'UN, se trouver en rapport avec lui. Les auteurs de synonymes disent que à marque supériorité, autorité, pouvoir de celui à qui on a affaire, et dépendance, infériorité, besoin de celui qui a affaire. Cette distinction est sans fondement ; la seule réelle, c'est que à est plus général : on a affaire à quelqu'un pour toutes sortes de choses ; on a affaire avec quelqu'un pour traiter avec lui, et en raison d'une certaine réciprocité qui n'est pas impliquée par à.

REMARQUE

1
Dans la locution avoir affaire de, pour avoir besoin, quelques-uns écrivent à faire en deux mots. Cela ne peut être considéré comme une faute ; car à faire ici convient mieux que affaire ; mais l'usage est d'écrire affaire en un seul mot dans cet emploi.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Dire brevement l'affaire
dans Machab. II, Mouchet, n° 9
Là ont de leur afaire leur parlement tenu
dans Sax. XXVIII
[Que chaque baron aille] Pour aprester ses homes, son cors et son afaire
dans Sax. XXX
2
XIIIe s.
Vous avez empris le plus grant afaire et le plus perilleus que onques mais gent entrepreissent
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans LXII
Endementres que ce fu fait, li empereres Baudoins avoit ja fait tous ses afaires en Salenique
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans CXXII
Ou [au] mantiau n'ot pas penne vaire Mès moult viés et de povre afaire, D'agniaus noirs velus et pesans
dans la Rose, 216
Mès sans faille tu ne savoies à quel seignor afaire avoies
dans ib. 4258
Mes de tout ce qu'en ai-ge afaire, S'ele est cortoise et debonnaire ?
dans ib. 4079
Que mon afaire va tousjours de mal en pis
dans Berte, XX
Qui de si grant afaire [de si haute position] fust à tel meseür [malheur]
dans ib. XLI
Conté [elle] m'a son afaire et tout son errement
dans ib. XLVII
Quant li messagiers eut son afaire apresté
dans ib. LXVII
Son afaire [elle] appareille, mains [moins] qu'ele peut, detrie [tarde]
dans ib. LXXII
Li quex [lequel] est coustumiers de dire vilonie au bailli ou as jugeurs ou à la partie à qui il a à fere
de Philippe de BEAUMANOIR dans V. 15
3
XIVe s.
Mais quant vint au fort de l'afaire, Monseur Charles ne sot que faire, Ne ses gens en nulle maniere
dans Liv. du bon Jeh. 1387
4
XVe s.
Ces quatre chevaliers chevaucherent si avant qu'ils approcherent de moult près les Anglois et que ils purent bien aviser et imaginer une grande partie de leur affaire [de leurs dispositions]
de Jean FROISSART dans I, I, 285
Et n'est nul en Angleterre tant soit noble ni de grand affaire, qui l'ose courroucer....
de Jean FROISSART dans I, I, 7
Se le grant Dieu me gart d'essoine, Je leur voiz compter ceste affaire
dans la Pass. de N. S. J. C.
Caïphas, tost congié prenons De Pilate, et nous hastons : Sy en alons en nostre afaire
dans la Résurr. de J. C.
Un curé voyant cest affaire, De la femme fut amoureulx
de François de Montcorbier, dit VILLON dans Repues.
Il y eut plus affaire à les renvoyer qu'à les appeler
de Philippe de COMMINES dans I, 2
Congnoissant que le roy d'Angleterre l'avoit fort desiré, il sembloit bien que s'il [le duc de Charolois] en avoit affaire, qu'il le gaigneroit des siens
de Philippe de COMMINES dans I, 5
Son maistre ou ung prince de qui on a affaire
de Philippe de COMMINES dans III, 2
Pour certain sien affaire, comme il disoit
dans Bouciq. III, ch. 22
Et pour advertir de ceste affaire ceulx qui prennent plaisir à lire et à escouter les faiz de la guerre....
dans Bibl. des Chartres, 4e série, t. I, p. 430
Et faisoient de merveilleuses choses, et donnerent de fors affaires aux ennemys
dans Jeh. de Saintré, ch. 61
5
XVIe s.
Et m'excuser, si pour le mien affaire Je ne suis point vers vous allé parler
de Clément MAROT dans dans Ménage.
En guerre, en paix, en affaires urgents, Au gré des rois et profit de leurs gens
de Clément MAROT dans ib.
Enfans, avez-vous encores affaire de mon ayde ?
de François RABELAIS dans Pant. IV, 24
Juppiter tenoyt conseil sus certains urgens affaires
de François RABELAIS dans ib. IV, Nouv. prol.
Quiconque donc se presentera à nous ayant affaire de nostre aide
de Jean CALVIN dans Inst. 544
Il n'est pas seulement requis qu'il ait bonne cause en quelque affaire particulier, mais qu'il ait une justice entiere en tout le cours de sa vie
de Jean CALVIN dans ib, 645
Christ a toujours conformé ses responses à ceux auxquels il avait à faire
dans ib. 656
Mon esprit se donne plus d'affaire à soy mesme
de Michel de MONTAIGNE dans I, 33
Lorsque nous en avons le plus affaire
de Michel de MONTAIGNE dans I, 97
Aulcuns me convient d'escrire les affaires de mon temps
de Michel de MONTAIGNE dans I, 103
Le marchand ne faict bien ses affaires qu'à....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 104
Ils veulent avoir à faire à gens qui....
de Michel de MONTAIGNE dans II, 107
Moi qui m'espie de plus prez, comme celuy qui n'ay pas fort à faire ailleurs
de Michel de MONTAIGNE dans II, 323
En tels affaires, comme cestui-ci, il ne faut point flater soy-mesmes, ni autrui
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 22
En nulle action passée, on n'auroit eu tant d'afaire qu'on auroit en ceste-ci
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 437
Ils conurent qu'il y auroit de l'affaire à chasser les pigeons de ce colombier
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 581
Il est une commune affection que l'on a vers les meschans, pendant que l'on a affaire d'eulx : ne plus ne moins que ceulx qui ont affaire du fiel et du venin de quelques bestes venimeuses
de Jacques AMYOT dans Rom. 26
Les utensiles dont on ne se peult passer, et dont on a tous les jours à faire
de Jacques AMYOT dans Lyc. 14
Il chassa de Sparte les estrangers, si non ceulx qui y auroient necessairement affaire
de Jacques AMYOT dans Lyc. 57
La ville estoit contaminée de quelques cas abominables, qui avoient necessairement affaire de purgation
de Jacques AMYOT dans Solon, 19
Hannibal estima qu'il le falloit attirer au combat, ou autrement que les affaires des Carthaginois s'en alloient ruiner
de Jacques AMYOT dans Fab. 12
Il luy envoya un officier luy faire commandement de descendre de cheval, et de venir à pied, si d'adventure il avoitaucune chose à faire au consul
de Jacques AMYOT dans ib. 48
Elle ne trouvoit pas à qui se marier pour sa pauvreté, et avoit beaucoup affaire à vivre
de Jacques AMYOT dans Arist. 66
J'ai veu plusieurs jurisconsultes et grands hommes d'Etat s'etendre sur cet affaire [le duel]
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Faen. I, 9
On dit qu'elle a fait ses affaires [ordures] dans ses chausses
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. IV, 19

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguign. aifaire ; wall. afé ; provenç. afar, afaire ; anc. catal. afaire ; ital. affare ; de à et faire. Ce mot était masculin dans l'ancien français, dans le provençal ; il l'est encore dans l'italien. Le premier exemple du féminin est, ici, du XVe siècle. Ce mot était nécessairement, à l'origine, du masculin, puisque c'est un infinitif, et que tous les infinitifs pris substantivement sont de ce genre. Ce qui aura probablement induit à le faire féminin, c'est sa terminaison féminine. Dans le XVIIIe siècle la chancellerie avait conservé l'ancien genre, et sur les dépêches du roi on mettait : Pour les exprès affaires du roi, et non expresses. Chapelain, voulant se rendre raison du genre masculin dans l'ancien usage, dit que c'est que nous l'avons tiré de l'italien affare qui est de ce genre : c'est une erreur ; affaire ne vient pas de l'italien affare. Il est, dès le XIIe siècle, dans les textes français, à une époque où le français n'empruntait rien à l'italien.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Agent d'affaires, voy. AGENT, n° 2.
2
Sémantique : Populairement. Avoir son affaire, être tué, et aussi être ivre mort.
3
Ajoutez :
2. C'est affaire à vous, s'est dit quelquefois pour : c'est à faire à vous, voy. FAIRE, n° 68.

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