Définition de DOUTE

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : dou-t'

DÉFINITIONS

1
Incertitude où l'on est sur la réalité d'un fait, la vérité d'une assertion. Avoir du doute. Lever tous les doutes.
Est-ce qu'il peut y avoir du doute à cela ? ....Ote-moi d'un doute ; Connais-tu bien don Diègue ?
Otez moi donc de doute Et montrez-moi la main qu'il faut que je redoute
Mille et mille témoins te mettront hors de doute
Rendez sans différer mes doutes éclaircis
de GOMBAUD dans Danaïdes, I, 2
Des témoins de sa mort viennent à tous moments Condamner votre doute et vos retardements
Un moment quelquefois éclaircit plus d'un doute
Délivrez mon esprit de ce funeste doute
Être en doute, douter.
Vous êtes en doute Ce qu'elle a plus parfait, ou l'esprit, ou le corps
de François de MALHERBE dans V, 23
Il vous a obligé de vous expliquer une chose dont je n'étais point en doute
En êtes-vous en doute ?
.... tu ne meurs point de honte Qu'il faille que de lui je fasse plus de compte, Et que ton père même, en doute de ta foi, Donne plus de croyance à ton valet qu'à toi !
Laisser une chose en doute, ne pas l'éclaircir.
Laissez la chose en doute, et du moins hésitez Tant qu'on ait par leur bouche appris leurs volontés
Laisser quelqu'un en doute, ne pas dissiper son incertitude.
Il m'a laissé plus en doute que je n'étais
Mettre en doute, révoquer en doute, contester la vérité d'un fait.
Jusques ici, madame, aucun ne met en doute Les longs et grands travaux que votre amour vous coûte
Je n'ai jamais mis en doute que vous ne m'ayez écrit
Il ne révoque pas les miracles en doute
Dans le même sens.
On n'en fait aucun doute
Mettre en doute signifie aussi contester l'obligation de quelque devoir.
L'obéissance est mise en doute
2
Sémantique : Terme de rhétorique. Figure par laquelle l'orateur paraît douter de ce qu'il doit énoncer. On dit plutôt dubitation.
3
Scepticisme. Une philosophie qui n'aboutit qu'au doute.
Un doute éclairé peut quelquefois servir de flambeau
de D'OLIVET dans Hist. Acad. t. II, p. 140, dans POUGENS
Le doute est bien plus le résultat des lumières vagues que de l'ignorance
Doute méthodique de Descartes, méthode qui consiste à rejeter provisoirement toutes les idées qu'on a reçues.
Défaut de croyance à. une religion révélée.
Le doute est un blasphème
Il serait à souhaiter qu'un doute universel se répandît sur la surface de la terre, et que tous les peuples voulussent bien mettre en question la vérité de leurs religions
4
Difficulté, scrupule.
J'ai encore un doute à vous proposer
Mlle de Duras ayant quelque doute sur la religion
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Conf.
Conjecture, soupçon. J'en ai quelques doutes.
Appréhension, crainte. Dans le doute d'un accident fâcheux, il faut prendre ses précautions.
Que si j'avais le moindre doute d'avoir failli et de mériter vos menaces
Dans le doute mortel dont je suis agité
5
Sans doute, Nature : loc. adv. Assurément, certes. Viendrez-vous demain ? sans doute.
Sémantique : Ironiquement. Me prêterez-vous encore de l'argent ? - Sans doute ; je contribuerai à toutes vos folies.
Selon toutes les apparences.
Sans doute à nos malheurs ton coeur n'a pu survivre
Il est sans doute que, avec l'indicatif, on ne peut douter.
Il est sans doute qu'il suffit d'avoir appris une fois....
Il est sans doute qu'il ne se servit pas des termes d'acheter ne de vendre
de Blaise PASCAL dans ib. 12
Il est sans doute que je suis un hérétique
de Blaise PASCAL dans ib. 15
Sans doute que s'emploie aussi pour probablement, tout en tête de la phrase. Sans doute qu'il n'y a plus pensé.
6
Hors de doute, incontestable, certain. Cela est hors de doute. Il est hors de doute qu'il réussira. Son acquittement est hors de doute.
Jusqu'à ce qu'elle ait vu votre hymen hors de doute
Le doute est le commencement de la sagesse.

REMARQUE

1
1.
Mettre en doute, dans une phrase négative ou interrogative, suivi de que, demande la particule ne : Lorsqu'on me trouvera morte, il n'y aura personne qui mette en doute que ce ne soit vous qui m'aurez tuée
2
2. Doute a été longtemps féminin ; il l'est encore dans Malherbe : Nos doutes seront éclaircies, Et mentiront les prophéties.... III, 1. La seule chose Qui m'empêche la mort, c'est la doute que j'ai, V, 13. Rotrou aussi le fait féminin : Son mépris paraît trop, ma doute n'est point vaine, Bélis. I, 6.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Sans doute [crainte] de perir
dans Couci, XVIII
2
XIIIe s.
Là s'aresterent-il à grant doute, car il douterent [craignirent] ceus de fors, et autant doutoient-il ceus dedens
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans CXXXVII
Et pour chou [ce] qu'il ot paour et doute que ses chevaus ne feust mors ou meshaignés, il s'en tourna le petit pas
de H. DE VALENC. dans IV
Car donc, quel part la pointe [de l'aiguille aimantée] vise, La tresmontaigne [le nord] est là sans doute
dans Lais inédits, p. IV
Et li autre [larrecins] sont en doute, à savoir se c'est larrecins ou non
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXXI, 1
3
XIVe s.
Eustrace fait ici une doubte....
Une doubte semble apparoir en ce qu'il dient
de Nicolas ORESME dans ib. VI, 11
4
XVe s.
Pour la doute [crainte] des rebellions
Sans doute, si ce n'eust esté.... le roy n'eust jamais souffert....
de Philippe de COMMINES dans VI, 2
Et y mettoient grans doubtes aucuns, veu que à leurs dos n'avoyent nulles places pour eux retirer
de Philippe de COMMINES dans I, 2
Le duc [de Bourgongne] lui fist faire [à Louis XI] son logis [à Péronne], et l'asseura fort de n'avoir nulle doubte (le roy estoit entré en grant paour apprenant l'arrivée de ses malvueillans auprès du duc de Bourgongne)
de Philippe de COMMINES dans II, 5
5
XVIe s.
N'en faictes doubte aucune
Cela ne se peut revoquer en doute
Il n'y a nulle doute que c'est une exhortation que Dieu lui fait
de Jean CALVIN dans ib. 266
Vous m'en avés escript si honnestement que jamais je n'en ay faict une seule doubte
Puisqu'on est en doubte du plus court chemin, il fault tenir le droict
de Michel de MONTAIGNE dans I, 132
Il n'y a point de doubte qu'il ne soit plus beau de pardonner....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 132
Qui y peult faire doubte [qui peut en douter] ?
de Michel de MONTAIGNE dans I, 174
La chose est de soy tant notoire, que la doute en seroit trop plus deraisonnable, que la preuve necessaire
de Jacques AMYOT dans Préf. XVIII, 47
Non seulement le commun peuple flottoit et branloit en ce doubte, mais aussi les senateurs
de Jacques AMYOT dans Numa, 4
Les reformez, eslevez de leur droict, estimoient toutes doutes effacées
On l'empeschoit, tant sur la reverence du traitté, comme sur le doute de l'execution
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. I, 185

ÉTYMOLOGIE

1
Substantif abstrait de douter ; bourguig. d"te ; proven). dopte, dubte, s. m. ; catal. dubte ; espagn. duda ; portug. duida ; ital. dotta. Doute a été d'abord féminin dans la langue ; c'est vers la fin du XVIe siècle que le genre en commence à devenir incertain, et que quelques-uns le font tantôt féminin, tantôt masculin. Palsgrave, p. 26, remarque qu'on écrit doubte, et qu'on prononce doute. Ce mot, dans l'ancienne langue, à côté du sens de doute, a aussi celui de crainte.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
3. J. J. Rousseau a employé doute au sens de crainte ; c'est un archaïsme. Je suis ainsi toujours dans le doute de manquer à vous ou à moi, d'être familier ou rampant, Lettre au maréchal de Luxembourg, 30 avril 1759.
2
4. On trouve aussi dans des textes anciens : doute que, pour : de peur que. Mais doute qu'autres le voulussent faire imprimer.... Privilége en 1636, dans BAYLE, article Neufgermain, note A.

Synonymes de DOUTE

Termes proches de DOUTE

Phonétiquement proche de DOUTE