Définition de SOUFFLER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : sou-flé

DÉFINITIONS

1
Pousser l'air d'une façon quelconque. Ce soufflet est percé, il ne souffle plus.
Annibal [à Cannes].... avait rangé ses troupes de sorte que le vent Vulturne, qui se lève dans un certain temps réglé, devait souffler directement contre le visage des Romains pendant le combat, et les inonder de poussière
de Charles ROLLIN dans Traité des Ét. 3e part. I, Cannes.
Nature : Impersonnellement.
Par un hasard assez singulier, il soufflait des vents opposés en Savoie et en Piémont
de SAUSSURE dans Voy. Alpes, t. V, p. 142
Sémantique : Fig. Regarder de quel côté le vent souffle, observer les conjonctures.
Je ne sais de quel côté le vent va souffler pour la philosophie
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. à Voltaire, 9 juill. 1764
Sémantique : Terme de l'Écriture. L'esprit souffle où il veut, Dieu communique ses grâces à qui il lui plaît.
2
Sémantique : Particulièrement. Faire du vent en poussant de l'air par la bouche. Souffler dans un instrument à vent.
Trois fois en vain elle souffla Pour rendre vie à sa chandelle
de Paul SCARRON dans Poésies div. Oeuvr. t. VII, p. 290, dans POUGENS
D'abord avec son haleine Il se réchauffe les doigts ; Puis sur le mets qu'on lui donne, Délicat, il souffle aussi
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. V, 7
Le même soir où il [le chasseur] a juré, en soufflant dans ses doigts, de ne plus retourner à son poste glacé [chasse aux canards sauvages], il fait des projets pour le lendemain
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Ois. t. XIII, p. 182
Qu'il lui faille en décembre Souffler, faute de bois, Dans ses doigts
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Pet. h. gris.
Ouvrir, comme disait un ancien, une grande bouche pour souffler dans une petite flûte
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Dict. de mus. Effet.
Sémantique : Fig. Ne pas souffler, ne dire mot.
On lui arrache [à Jésus] les cheveux et la barbe ; il ne dit mot, il ne souffle pas
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 1er sermon, sur la Passion, 2
Arrive-t-il vers lui [l'hypocrite] un homme de bien et d'autorité, qui le verra et qui peut l'entendre, non-seulement il prie, mais il médite, il pousse des élans et des soupirs ; si l'homme de bien se retire, celui-ci, qui le voit partir, s'apaise et ne souffle pas
de Jean de LA BRUYÈRE dans XIII
Nous savons tout, et nous ne soufflons pas
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. III
N'oser souffler, ne pas souffler, ne pas oser ouvrir la bouche pour se plaindre ou pour s'excuser.
Je voudrais bien qu'elle eût soufflé devant moi, et qu'elle s'avisât de traverser ce que j'aurais résolu
de Noël LEBRETON, sieur de HAUTEROCHE dans Crisp. médec. I, 2
Quoi ! parce qu'elle est demoiselle, il faut qu'elle ait la liberté de me faire ce qui lui plaît, sans que j'ose souffler ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans G. Dand. II, 9
M. d'Épinay n'oserait souffler devant moi
de Mme D'ÉPINAY dans Mém. t. I, p. 323, dans POUGENS
Ne pas souffler d'une chose, n'en rien dire.
Elle me conta qu'en Danemark il y avait un prince allemand qui s'enfonça une épingle dans le côté, mais c'était dans une étrange occasion qu'il avait rencontré cette épingle : il n'en souffla pas, et deux mois après la gangrène s'y mit
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 21 août 1680
La pauvre Warmestré vient d'accoucher tranquillement au milieu de la cour, sans que vous en ayez soufflé
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 7
Sémantique : Fig. Il croit qu'il n'y a qu'à souffler et à remuer les doigts, se dit d'un homme qui s'imagine qu'une chose est aisée, bien qu'elle soit difficile.
3
Souffler sur, éteindre en soufflant.
Souffle sur ton amour, ami, si tu me crois, Ainsi que pour m'éteindre elle a soufflé sur moi [c'est une lampe qui parle]
de André CHÉNIER dans Élégies, XXXVII
Sémantique : Fig. Souffler sur, détruire, faire disparaître.
Qu'ils aient le courage de s'élever au-dessus de l'instant où ils vivent, ils verront de loin la postérité souffler sur ces nuages, et condamner à un mépris éternel ceux qui ont eu la honte de les rassembler
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Él. Bossuet, note 11
Les revers ont soufflé sur la fleur de son âge
de MASSON dans Helvét. VI
L'âge a soufflé sur mes croyances
de Pierre Jean de BÉRANGER dans F. follets.
Sémantique : Terme de l'Écriture. Dieu a soufflé sur cette race impie et en a fait sécher la racine, il a détruit, exterminé cette race.
Vous souhaiteriez que l'orgueil des impies fût humilié, et que le Seigneur soufflât sur ce colosse de grandeur et de puissance qui les élève
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Mélanges.
Le Seigneur a toujours soufflé sur les races orgueilleuses
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Pet. carême, Respect que les gr. doivent à la relig.
Dans le même langage : Le Seigneur a soufflé sur l'amas de leurs richesses, et l'a dissipé comme de la poussière.
Le Seigneur a soufflé sur ces superbes édifices et sur notre fortune, et l'a dissipée comme de la poussière
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Aumône.
4
Souffler sur, se dit aussi des sorciers qui se servaient de leur souffle comme d'un moyen d'enchantement.
Tous les prétendus sorciers soufflaient et soufflent encore sur ceux qu'ils imaginent ensorceler
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Philos. Déf. Bolingbr. 38
Camille : Si le curé de votre paroisse soufflait sur un verre d'eau, et vous disait que c'est un verre de vin, le boiriez-vous comme tel ? - Perdican : Non. - Camille : Si le curé de votre paroisse soufflait sur vous, et me disait que vous m'aimerez toute votre vie, aurais-je raison de le croire ?
de Alfred DE MUSSET dans On ne badine pas avec l'amour, II, 5
Les fées ont soufflé sur lui, il a reçu de la fortune toute sorte d'avantages.
J'embrasse le laborieux Grignan, le seigneur Corbeau, le présomptueux Adhémar et le fortuné Louis-Provence, sur qui tous les astrologues disent que les fées ont soufflé
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 106
Que dites-vous de ce mariage de la princesse de Conti, sur qui toutes les fées avaient soufflé ?
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 7 juill. 1680
5
Respirer avec peine, avec effort. Il souffle après avoir chanté.
L'attelage suait, soufflait, était rendu
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 9
On dit qu'un cheval souffle, quand il a de l'essoufflement.
Reprendre haleine. J'ai besoin de souffler un peu. Laissez souffler les chevaux.
Je leur demanderais volontiers qu'au lieu de leur course impétueuse ils voulussent plusieurs fois reprendre haleine, souffler un peu, et laisser souffler leurs auditeurs
de Jean de LA BRUYÈRE dans XV
6
Souffler aux oreilles de quelqu'un, lui parler souvent pour le gagner, pour le séduire. Les flatteurs lui soufflent sans cesse aux oreilles.
7
Sémantique : Terme rural. Se dit des taupes dans la saison où elles travaillent.
8
Dans les moulins à poudre, lorsque les matières ne sont pas assez humectées dans les mortiers, elles en sortent en poussière sous les coups du pilon ; on dit alors que le mortier ou la matière souffle, Aide-mémoire d'artillerie du général de Gassendi.
9
Chercher la pierre philosophale ; locution qui vient des fourneaux que les alchimistes entretenaient en soufflant.
Bréanté se maria médiocrement, et se ruina en plein ; on prétendit que ce fut à souffler
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 212, 111
10
Nature : V. a. Faire du vent sur une chose. Souffler le feu.
En le faisant détoner [le salpêtre], on le voit souffler son propre feu, comme le ferait un soufflet étranger
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Introd. à l'hist, des min. 1re part.
Sémantique : Fig. Souffler le feu, l'incendie, exciter la dissension.
Les jésuites et maints autres ambitieux et brouillons soufflaient sans cesse le feu
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 423, 124
Les jésuites soufflant secrètement l'incendie, les jansénistes criant avec fureur, le schisme paraissant près d'éclater
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Hist. Parl. 66
Sémantique : Fig. et populairement. Il souffle des pois, il ronfle d'une manière très bruyante.
Il soufflait des pois, ou faisait d'autres grimaces mortelles pour le statuaire
de GRIMM dans Corresp. t. I, p. 223
Souffler une chandelle, souffler sur la flamme d'une chandelle pour l'éteindre.
En un sens analogue.
Et mon corps est encore si faible, qu'il ne faudrait que le souffler pour l'abattre
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans liv. I, lett. 13
Souffler quelque chose, l'enlever en soufflant.
La marge de l'in-quarto où je gratte un point jaune, je souffle un poil, je détache une paille
de TÖPFFER dans Nouv. génev. Bibl. de mon oncle, 2
11
Sémantique : Terme d'artillerie. Souffler les canons, y brûler une petite quantité de poudre pour en faciliter le nettoyage.
12
Souffler le verre, souffler l'émail, former du verre ou de l'émail, en soufflant avec la bouche dans un tuyau de fer pour la verrerie, et de verre pour l'émail, tuyau dont on trempe le bout dans la matière liquide.
Je pensai que les anciens.... ignoraient l'art de le couler [le verre] pour en faire de grandes glaces, qu'ils n'avaient tout au plus que celui de le souffler et d'en faire des bouteilles et des vases
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Hist. min. Introd. Part. exp. Oeuv. t. VII, p. 152
13
Souffler l'orgue, donner du vent aux tuyaux d'orgue par le moyen des soufflets.
Jouer en soufflant.
Un marouffle, Mis à neuf, Joue et souffle, Comme un boeuf, Une marche De Luzarche
de Victor HUGO dans Ball. 12
14
Souffler un veau, un mouton, faire pénétrer de l'air entre la chair et la peau, afin d'en séparer celle-ci plus aisément.
Sémantique : Fig.
Ce n'est pas tout d'agencer des paroles, Et de souffler de froides hyperboles
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Épît. I, 6
Note, style lapidaire n'est bon qu'à souffler des nains
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. II
15
Sémantique : Terme de marine. Appliquer un soufflage à un navire (ce qui est en quelque sorte le souffler).
...Que le côté du vaisseau où on a employé du bois vert est beaucoup plus léger que l'autre, qu'ainsi il ne peut pas bien porter la voile, et qu'on est obligé de le souffler ou de lui faire de grands radoubs
dans Corresp. de Colbert, III, 2, p. 306
J'armai à Rochefort l'Ambitieux ; et, comme c'était un vaisseau neuf qui ne portait point du tout la voile, je me trouvai dans la nécessité de le faire souffler
dans Mém. de Villette, 1692, dans JAL.
16
Sémantique : Terme de chasse. Ce chien a soufflé le poil au lièvre, il a presque appuyé le museau dessus et il l'a manqué.
On dit aussi : Il lui soufflait au poil, il le suivait de très près.
Sémantique : Fig. et familièrement. Souffler au poil de quelqu'un, le poursuivre de très près. Il faillit être pris, les gendarmes lui soufflaient au poil.
Sémantique : Terme de maréchalerie. La matière souffle aux poils, du pus apparaît sur la couronne, cela indique un décollement du sabot du cheval.
17
Envoyer par le souffle.
Vous savez tout ce que la fortune a soufflé sur la duchesse de Fontanges ; voici ce qu'elle lui garde....
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 1er mai 1680
Il y a certaines choses.... sur quoi on se trouve disposé à souffler du bonheur, comme du temps des fées
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 29 déc. 1679
La discorde souffle dans tous les coeurs un venin mortel
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. v.
C'est moi qui souffle de la malice à l'un, de la présomption à l'autre
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans Diable boit. Prol.
Je te communique pour toute la soirée mes facultés et mes talents, et je te souffle une partie de mon esprit. - Marton : L'esprit du diable
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans les Fêtes du cours, sc. 3
Esprits contagieux, tyrans de cet empire, Qui soufflez dans nos murs la mort qu'on y respire
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Oedipe, I, 2
Souffler le froid et le chaud, diriger son souffle de manière qu'à volonté il rafraîchisse ou réchauffe.
Arrière ceux dont la bouche Souffle le chaud et le froid
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. V, 7
Sémantique : Fig. Souffler le froid et le chaud, parler pour et contre une chose ou une personne, être tour à tour d'avis contraires.
Le président Talon alla en l'autre monde voir s'il est permis de souffler le froid et le chaud comme M. de Luxembourg le lui avait fait faire
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 55, 157
Elle fait comme les traîtres, elle souffle le chaud et le froid en même temps
de TH. LECLERCQ dans Prov. t. IV, p. 12, dans POUGENS
18
Souffler quelque chose à l'oreille de quelqu'un, lui dire quelque chose tout bas.
Ne pas souffler mot, ne pas souffler un mot, ne rien dire.
Je leur enjoindrai bien de ne vous pas souffler un mot de moi, ni à moi un mot de vous
de Denis DIDEROT dans Lett. à Mlle Voland, 28 août 1768
André, si j'entends souffler un mot de cette aventure, je te chasse
de Louis-Benoît PICARD dans Collatéral, I, 15
Chevasse est un bon homme que je mène par le nez, et qui, la chose faite, ne soufflera mot
de CH. DE BERNARD dans Un homme sérieux, XX
19
Sémantique : Fig. Suggérer, inspirer.
Ce n'est pas seulement prédire, c'est souffler la rébellion, que de parler de la sorte
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 5e avert. 11
Qui vous a pu souffler une si folle audace ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
Dans le fond de la Thrace un barbare enfanté Est venu dans ces lieux souffler la cruauté
de Jean RACINE dans Esth. III, 4
Si un amour outré de la gloire les enivre [les princes], tout leur souffle la désolation et la guerre
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Pet. carême, Exemples.
Astarté entre dans la grotte d'Eudore, et commence à lui souffler les pensées d'un amour purement humain
de François René CHATEAUBRIAND dans Mart. XI
20
Souffler quelqu'un, lui dire tout bas, quand la mémoire lui manque, ce qu'ils doit répéter tout haut.
Il récita six fois le même vers, sans pouvoir trouver en sa mémoire celui qui devait suivre ; pensant que je m'en souviendrais mieux que lui à cause que je l'avais ouï répéter, il me disait : comment est-ce qu'il y a après ? Francion, souffle-moi
dans Francion, IV, p. 141
Mais je ne sais pas lire. - Hé, l'on te soufflera
de Jean RACINE dans Plaid. II, 14
Il se dit de la chose que l'on souffle.
Il y avait un théâtre où l'on jouait souvent des pièces ; on me chargea d'un rôle que j'étudiai six mois sans relâche, et qu'il fallut me souffler d'un bout à l'autre à la représentation
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. VII
Dans nos études, je lui soufflais la leçon, quand il hésitait
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans ib. 1
Nature : Absolument. Il souffle bien.
Oh ! prenez-le plus bas ; Si vous soufflez si haut, l'on ne m'entendra pas
de Jean RACINE dans Plaid. III, 3
Sémantique : Fig. Souffler quelqu'un, lui apprendre ce qu'il doit dire.
Elle répète sa leçon ; mais, dans les circonstances où elle n'aura pas été soufflée, son génie n'y suppléera pas
de Mme DU DEFFANT dans Lett. à H. Walpole, t. II, p. 32, dans POUGENS
21
Sémantique : Terme de jeu de dames. Souffler une dame, l'ôter à son adversaire, parce qu'il ne s'en est pas servi pour prendre une autre dame qui était en prise.
On dit aussi : souffler le joueur même. Vous n'avez pas pris ; je vous souffle.
Nature : Absolument. Souffler n'est pas jouer, après avoir soufflé, on a le droit de jouer.
Sémantique : Fig. Il lui a soufflé le pion, il lui a enlevé une affaire qu'il croyait faire.
Sémantique : Fig. et familièrement. Souffler quelque chose à quelqu'un, le lui enlever, le lui dérober.
Je pourrai bien tantôt lui souffler cette proie
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Ét. III, 6
Les affaires qui tenaient de l'important lui avaient été soufflées [à Pontchartrain] par d'Argenson, en qui le roi avait toute confiance
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 242, 220
Au lieu de m'armer contre le Pâris qui m'avait soufflé mon Hélène, je lui sus bon gré de m'en avoir défait
de Alain René LESAGE dans Gil Blas, I, 17
Le livre de Boulanger est très rare ici ; nous en avons fait venir par la poste deux ou trois exemplaires, qu'on nous a soufflés
de Denis DIDEROT dans Lett. à Mlle Voland, 25 juill. 1762
Souffler une maîtresse à son ami, c'est une rouerie trop commune pour moi
de Alfred DE MUSSET dans Capr. de Mar. II, 4
Souffler une dépêche, ne pas la communiquer à celui qui devrait en avoir communication.
L'abbé d'Estrées commença à lui souffler quelques dépêches
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 131, 199
Souffler un exploit, voy. EXPLOIT.
22
Boire d'un trait.
Il y a un Tigillin qui souffle ou qui jette en sable un verre d'eau-de-vie
de Jean de LA BRUYÈRE dans XIII
Oh ! nous avons, ma foi, soufflé d'excellent jus
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans Métemps. III, 3
Souffler la rôtie, s'est dit pour avaler un verre de vin. C'est moi qui soufflais la rôtie Et qui buvais plus d'hippocras, les Aventures de M. d'Assoucy, IX.
23
Se souffler, Nature : v. réfl. Être soufflé. Le verre se souffle.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Sufflerad li espiriz de lui, e decurrunt les ewes
dans Liber psalm. p. 229
Fous est qui le feu esteint sofle
de Benoît de Sainte-Maure dans v. 15362
2
XIIIe s.
Li espirites de lui sofflera, et corront eves
dans Psautier, f° 177
Il soufloit les foux [feux] dudit fevre [forgeron] à alumer la forge
dans Miracles St Loys, p. 139
3
XIVe s.
Ainsi besongnai sans sejour, Jusqu'à tant que je vy le jour ; Lors ma chandelle alay soufler
de BRUYANT dans dans Ménagier, t. II, p. 38
Li hom qui souffle contre vent, à ensient [escient] sa paine pert
de J. DE CONDÉ dans t. III, p. 134
4
XVe s.
Le pouete Virgilius, Es estoiles Tholomeus, Ypocras le phisicien, De la mort n'est eschappez nulz ; Souflez, nostre vie n'est rien
de Eustache DESCHAMPS dans Poés. mss. f° 444
Chascun parle de divers jeux jouer, De cliner l'oeil, de porter male honte, Et de la briche aux compaignons donner, Et de souffler le charbon....
de Eustache DESCHAMPS dans ib. f° 215
Il ne vault rien aujourd'hui qui ne souffle [ne mente, ne se vante]
de Eustache DESCHAMPS dans ib. f° 222
Quelque haut bien qui fust en elle [une belle dame], Puisque une fois la mort l'a prise, Il en faut souffler la chandelle, Et en choisir une autre belle
de Georges CHASTELAIN dans l'Oultré d'amour, t. VI, p. 142, Oeuvres, édit. de Bruxelles.
5
XVIe s.
C'est souffler de mesme bouche le chauld et le froid
de Michel de MONTAIGNE dans I, 249
Salomon n'a point escrit avoir en soufflant trouvé ce secret
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 476
Ce pauvre aprentif estoit un que je conoissois, qui avoit soufflé en trois ans une belle maison sienne accompagnée de mille ou douze cens livres de rente
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 480
Je pense qu'ils eussent soufflé en leurs doigts, car il faisoit grand froid
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 625
Le vent commençant à souffler à bon esciant de devers les montaignes
de Jacques AMYOT dans Cam. 58
Disans que Hannibal, tant comme il eust vescu, estoit un feu pour l'empire romain, qui n'avoit besoing que de quelqu'un qui le soufflast
de Jacques AMYOT dans Flam. 44
Jamais on n'en veit un qui suast, ne qui soufflast, encore que le premier choc eust esté fait en courant
de Jacques AMYOT dans Marius, 45
Il se leva un petit vent du costé d'une belle prairie, qui leur souffla grande quantité de fleurs
de Jacques AMYOT dans Sylla, 58
Il leur estoit defendu qu'ilz n'eussent ès assemblées aucuns protecolles pour leur souffler aux oreilles les noms des particuliers citoyens
de Jacques AMYOT dans Cat. d'Utiq. 14
Il luy souffloit tous les jours aux oreilles, que....
de Jacques AMYOT dans Artax. 41
Mieux vault soufler que brusler
de GÉNIN dans Récr. t. II, p. 244

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguig. sofflai ; wallon, soflé ; provenç. sofflar, sufflar ; espagn. soplar ; portug. soprar ; ital. soffiare ; du lat. sufflare, de sub, sous, et flare, souffler, de même radical que l'anglais to blow, souffler, et l'all. blasen.

Synonymes de SOUFFLER

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