Définition de SOUPIRER

DÉFINITIONS - PROVERBES - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : sou-pi-ré

DÉFINITIONS

1
Pousser des soupirs. Soupirer du fond du coeur.
On dit que Mme Guénégaud vous disait : soupirez, soupirez, madame [de Grignan quittant sa mère] ; j'ai accoutumé Moulins aux soupirs qu'on apporte de Paris
Je t'entends soupirer, et je suis sûr que tu soupirais aussi dans ta gloire ; pour moi, je ne soupirais point dans mon tonneau, et je n'ai que faire de soupirer ici-bas ; car je n'ai laissé en mourant aucun bien digne d'être regretté
Ce pauvre roi [d'Espagne] qui apprenait la prise de Mons par Louis XIV, et, ignorant que cette ville était à lui, disait en soupirant : voilà une grande perte pour le roi d'Angleterre !
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Éloges, l'Abbé de Chois. note 2
Sémantique : Fig. et poét.
Les siècles, évoqués par ces sons religieux [le bruit des orgues], font sortir leurs antiques voix du sein des pierres, et soupirent dans la vaste basilique
2
Sémantique : Fig. Éprouver de la douleur, du regret.
Pour quelle cause soupirez-vous donc, âme sainte, âme gémissante, et quel est le sujet de vos plaintes ?
[Cet empereur] Qui soupirait le soir, si sa main fortunée N'avait par ses bienfaits signalé la journée
Soupirer que, avoir le regret que.
Nous sommes ravis de le voir, et nous soupirons que vous n'ayez point le même plaisir
3
Être amoureux, soupirer d'amour.
Qui ne sait combien de mortelles Les [les dieux] ont fait soupirer pour elles ?
de François de MALHERBE dans v, 20
Je soupirais pour vous en combattant pour elle [Albe] ; Et, s'il fallait encor que l'on en vînt aux coups, Je combattrais pour elle en soupirant pour vous
Princesse, qui voyez soupirer dans vos fers Un roi qui de son nom remplit tout l'univers
de Jean RACINE dans Poés. div. Ode à la Reine.
4
Désirer ardemment.
Et les dames avecque voeux Soupiraient après son visage
de François de MALHERBE dans IV, 5
[Honneurs, plaisirs] Ainsi n'espérez pas qu'après vous je soupire ; Vous étalez en vain vos charmes impuissants
C'est après cette bienheureuse patrie [le ciel] que soupiraient Abraham, Isaac et Jacob
Ils étaient par là semblables à ces Israélites qui avaient soupiré après les oignons d'Égypte
de Louis BOURDALOUE dans Instruct. pour la seconde fête de Pâques, Exhort. t. II, p. 263
Vous voyez un malheureux qui ne soupire qu'après le bonheur de retourner parmi les siens, et de retrouver son père
Soupirer pour, même sens.
Le soldat tout ainsi pour la guerre soupire
Le jeune homme, inquiet, ardent, plein de courage, à peine se sentit des bouillons d'un tel âge Qu'il soupira pour ce plaisir [la chasse]
La presse n'est pas grande à soupirer pour elle [la charge de Ch. de Sévigné], quoiqu'elle soit propre à faire soupirer
Mon coeur ne soupirait que pour la renommée
On dit aussi soupirer à, soupirer vers.
Que la terre ne nous tienne plus.... et jouissons, par un vol généreux, de la bienheureuse liberté à laquelle nos âmes soupirent
Si elle cesse de soupirer un moment vers sa patrie, elle cesse d'appartenir au siècle à venir
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Prospér. temp.
Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.
5
Nature : V. a. Dans le style poétique et élevé. Dire, chanter avec tendresse et mélancolie.
Quand le sang, bouillant en mes veines, Me donnait de jeunes désirs, Tantôt vous soupiriez mes peines, Tantôt vous chantiez mes plaisirs
de François de MALHERBE dans III, 3
Vers les dangereuses langueurs Vous avez une douce pente ; Vous soupirerez des malheurs Dont vous paraissez ignorante
de DESHOUL. dans Poés. t. II, p. 23
Ce n'était pas jadis sur ce ton ridicule Qu'amour dictait les vers que soupirait Tibulle
Toi.... qui, d'un même joug souffrant l'oppression, M'aidais à soupirer les malheurs de Sion
L'on sent qu'il n'y a qu'un chrétien qui ait pu soupirer les angéliques amours de Paul et de Virginie
Ah ! si jamais ton luth [de Byron], amolli par tes pleurs, Soupirait sous tes doigts l'hymne de tes douleurs
Qui de nous, Lamartine, et de notre jeunesse Ne sait par coeur ce chant, des amants adoré, Qu'un soir, au bord d'un lac, tu nous as soupiré ?
de Alfred DE MUSSET dans à Lamartine.

PROVERBES

1
Coeur qui soupire n'a pas ce qu'il désire.
2
Coeur content soupire souvent.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Ne poet muer [qu'il] nen plurt e ne suspirt
dans Ch. de Rol. CLXXIII
2
XIIe s.
[Je] N'eüsse pas souspiré en pardon [pure perte]
dans Couci, VI
Tu dis que li regnez encontre ço cria ; E la mere le rei le desamonesta, Saint iglise de tant com pout en suspira
dans Th. le mart. 88
E li prince e li veillart [vieillards] suspirerent
dans Machab. I, 1
3
XIIIe s.
Por li [ma dame] m'en vais souspirant en Syrie
de QUESNES dans Romanc. p. 93
Quant li rois l'oï ensi parler, si pensa un poi, et souspira
dans Chr. de Rains, 206
À chief de piece [à la fin] revendras En ta memoire, et tressaudras Au revenir en effraor, Ausinc cum hons qui a paor, Et souspirras de cuer parfont
dans la Rose, 2305
Quant li amans plaint et sospire, Et est en duel et en martire
dans ib. 2661
4
XVIe s.
Et les forts vents qui parmi l'air souspirent
de Clément MAROT dans IV, 311
Les nouvelles qui viennent de si lointain pays, avant qu'elles soient rendues sur le lieu, où elles soupirent [s'éventent] comme le safran
Comme une belle et jeune fiancée, De qui l'amour resveille la pensée, Souspire en vain son amy nuit et jour
de Pierre de RONSARD dans 696
....Mais soupirerent un chant De leurs gorges non pareilles
de Pierre de RONSARD dans Odes, v. 3

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. sospirar ; espagn. suspirar ; ital. sospirare ; du lat. suspirare, de susum, en haut, et spirare, souffler.

Synonymes de SOUPIRER

Termes proches de SOUPIRER

Phonétiquement proche de SOUPIRER