Définition de RAMPER
Prononciation : ran-pé
DÉFINITIONS
1
Se traîner sur le ventre, en parlant des serpents, des vers et autres animaux semblables. Les vers qui rampent sous l'herbe.J'ai plus d'horreur de vous que des feux, que des fers Et de tous les serpents qui rampent aux enfers
Sémantique : Fig.
Tu n'as point d'aile, et tu veux voler : rampe
Sémantique : Fig. Ramper sur la terre, y vivre dans un état comparé à celui des animaux rampants.
Je sais bien que cette profession [le commerce] est méprisée de nos petits-maîtres ; mais vous savez aussi que nos petits-maîtres et les vôtres sont l'espèce la plus ridicule qui rampe avec orgueil sur la surface de la terre
On a dit substantivement, en parlant de la vipère : Son ramper n'est pas aussi rapide que celui de plusieurs autres serpents.
2
En parlant des plantes, s'étendre sur la terre, s'attacher aux branches des arbres.Son palais est enrichi de colonnes dorées où rampe tout du long une vigne d'or
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C. VIII, 9
Que la vigne en rampant gagne ces colonnades, Monte à ces chapiteaux et pende à ces arcades
3
En anatomie, se montrer, se dessiner avec un cours sinueux.L'anatomiste a très bien démêlé des vaisseaux sanguins qui rampent sur la surface de ces tubules
4
Il se dit des animaux, de l'homme, qui se traînent sur le ventre.C'était un beau sujet de guerre Qu'un logis où lui-même il n'entrait qu'en rampant !
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 16
Les Groenlandais assurent que, quand ils veulent sortir pour mettre leurs canots à l'abri, ils sont obligés de ramper sur le ventre, de peur d'être le jouet des vents
Il [le chien] vient en rampant mettre aux pieds de son maître son courage, sa force, ses talents
Il arrive [Néron], les pieds et les vêtements déchirés par les ronces, aux murs du jardin de l'affranchi ; il y entre en rampant
de Denis DIDEROT dans Claude et Néron, I, 112
Cheminer lentement.
Cela [aller dans la lune] vaudrait bien mieux que d'aller d'ici au Japon, c'est-à-dire de ramper avec beaucoup de peine d'un point de la terre sur un autre pour ne voir que des hommes
5
Être gisant sur la terre.Des théâtres croulants, dont les frontons superbes Dorment dans la poussière ou rampent sous les herbes
de Alphonse de LAMARTINE dans Médit. I, 18
6
Sémantique : Terme d'architecture. Pencher suivant une pente donnée.7
Sémantique : Fig. Être dans un état humble, bas.J'aurais quelque chagrin à vous traiter de reine ....S'il me fallait ramper dans un degré plus bas
de Pierre CORNEILLE dans Agésil. I, 1
Elle [l'âme fidèle] y [sur la terre] voit une sagesse souveraine qui se plaît, ce semble, à se jouer des hommes, en les élevant les uns sur les ruines des autres ; en dégradant ceux qui étaient au haut de la roue, pour y faire monter ceux qui rampaient, il n'y a qu'un moment, devant eux
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Bonh. des justes.
On m'ignore, et je rampe encore à l'âge heureux Où Corneille et Racine étaient déjà fameux
de Alexis PIRON dans Métrom. III, 9
Ils rampaient à mes pieds, ils sont ici mes maîtres
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Olymp. II, 6
Je rampe sous la chaîne Du plus modique emploi
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Vocation.
Sémantique : Par extension.
Si les sciences se sont trop élevées vers le ciel, s'il a été avantageux de les rappeler vers la terre, il ne faut point les condamner à y ramper
de Marie-Jean Antoine Caritat, marquis de CONDORCET dans Duhamel.
S'humilier.
Il rend honneur au prochain.... il ne refuserait pas, s'il le fallait, de ramper sur la poussière, et sous les pieds du prochain
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. II, p. 178
Ils [les premiers chrétiens] ne connaissaient rien de plus grand que de ramper dans la boue
8
Sémantique : Fig. S'abaisser d'une façon abjecte devant la puissance, la richesse.Du même fond d'orgueil dont on s'élève fièrement au-dessus de ses inférieurs, l'on rampe vilement devant ceux qui sont au-dessus de soi
de Jean de LA BRUYÈRE dans VI
Je vous avertis qu'il est fort vain : il aime à voir ramper devant lui les autres domestiques
de Alain René LESAGE dans Gil. Bl. III, 3
Nous n'avons que deux jours à vivre ; ce n'est pas la peine de les passer à ramper sous des coquins méprisables
Comme le peuple est également dangereux, soit qu'il rampe devant les autres, soit qu'on rampe devant lui, il ne faut pas qu'il possède exclusivement le droit de juger et qu'il confère toutes les magistratures
Vous rampiez tous, ô rois qu'on déifie
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Le Dieu des bonnes gens.
Sémantique : Poétiquement.
Beaux-arts, dieux bienfaisants.... Sur le front des époux de l'aveugle Fortune Je n'ai point fait ramper vos lauriers trop jaloux
de André CHÉNIER dans Élég. XVI
9
En parlant d'un écrivain, du style, être bas, sans élévation.Ils [certains poëtes] rampent bassement, faibles d'inventions
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. IX
Si nous ne nous permettions quelque chose de plus ingénieux que le cours ordinaire de la passion, nos poëmes ramperaient souvent
de Pierre CORNEILLE dans Cid, Examen.
L'autre a peur de ramper et se perd dans la nue
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. I
Ses vers plats et grossiers, dépouillés d'agrément, Toujours baisent la terre et rampent tristement
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans ib. II
HISTORIQUE
1
XIIe s.À tant la roche passerent en rampant
dans Rois, p. 46
2
XIIIe s.La mers et toutes les choses rampanz loer doivent Dieu
dans Psautier, f. 82
Par foi, dist Belin le moton, Je n'apris onques à ramper. Dist Bernars : je ne sai monter
dans Ren. 13395
Uns des barons de l'ost en contre-mont rampoit, Et li autre trestout, chascuns d'eus le sivoit
dans Ch. d'Ant. VI, 254
Ses cuers [son coeur, de l'ambitieux] n'est onques à sejour, Ains tire au ramper nuit et jour Amont, et dist : je ramperai, Et haut en chiere seray
de BAUDOUIN DE CONDÉ dans t. I, p. 471
3
XIVe s.Tant burent de bon vin no gent en assaillant, Qu'il en furent plus fier que nul lyon rampant
dans Guesclin. 20139
Chascune de ces ulceres sont dites ambulatives, quant il [elles] rampent et s'estendent d'un lieu en autre
de Henri DE MONDEVILLE dans f° 75, bis, verso.
Serpigo est une aspreté qui rampe çà et là
de LANFRANC dans f° 43
4
XVe s.Les Escots establis sur deux croupes de montagnes, là où l'on ne peut bonnement monter ni ramper pour eux assaillir
de Jean FROISSART dans I, I, 41
5
XVIe s.Qui rocs et montz comme lyons ramperent
de Jean des Mares ou Des Marets, dit Jean MAROT dans V, 27
D'ung sault persoyt ung foussé, montoyt six pas encontre une muraille, et rampoyt en cette faczon à une fenestre de la haulteur d'une lance
de François RABELAIS dans Garg. I, 23
Y apparoissoyent, on demy jour, aulcuns limassons en ung lieu, rampans sur les raisins ; en aultres....
de François RABELAIS dans Pant. V, 38
Soudain la renommée à l'aile bien agile, Dessus le mur rampée, espouvanta la ville
de Pierre de RONSARD dans 672
Et à ceux qui pourront vivement empescher De ramper l'heresie à force de prescher
de Pierre de RONSARD dans 695
Nostre langue encores rempante à terre
de Joachim DU BELLAY dans I, 10, verso.
Rampant au limon de la terre, je ne laisse pas de remarquer jusques dans les nues la haulteur inimitable d'aulcunes ames heroïques
de Michel de MONTAIGNE dans I, 263
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. rapar. On serait tenté de chercher l'étymologie dans le latin repere. Mais le sens s'y oppose, puisque ramper dans l'historique veut aussi bien dire grimper que ramper. Il faut donc le rattacher, avec Diez, au germanique : flamand, rapen, saisir, attirer à soi (l'italien rampare, signifie donner des coups de griffe) ; bavarois, rampfen. La série des sens est s'accrocher, grimper, aller à quatre pattes, ramper.