Définition de DRAPER
Prononciation : dra-pé
DÉFINITIONS
1
Recouvrir de drap noir en signe de deuil. Draper un tambour. Les carrosses furent drapés.Nature : Absolument. Le souverain drape de violet.
En Espagne, la reine mère mourut ; elle était soeur de l'empereur et seconde femme de Philippe IV, qui de sa première femme avait eu notre reine Marie-Thérèse, en sorte que le roi en drapa pour un an sans regret
Le roi déclara à la mort du roi d'Espagne, qu'il draperait
2
Mettre de petits morceaux de drap aux sautereaux d'un clavecin, d'une épinette.3
Garnir de draperies. Draper un lit, une fenêtre.4
Sémantique : Terme de peinture. Habiller une figure de vêtements amples, ou la représenter habillée de vêtements amples. Draper une figure.Nature : Absolument. Le talent de bien draper.
C'est un sac d'où sortent une tête et deux bras ; il faut draper large, sans doute ; mais ce n'est pas ainsi
5
Sémantique : Fig. et familièrement, dire beaucoup de mal de quelqu'un.Que nous puissions draper comme ils font nos écrits
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. IX
On dit qu'on l'a drapé dans certaine satire
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. III
Quand Despréaux fut sifflé sur son ode, Ses partisans criaient par tout Paris : Pardon, messieurs, le pauvret s'est mépris ; Plus ne louera, ce n'est pas sa méthode ; Il va draper le sexe féminin
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Madrigal.
Une épître au colonel où je le drapai de mon mieux
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. IV
6
Sémantique : Terme de relieur. Frotter avec le drap fin. On dit aussi serger.7
Se draper, Nature : v. réfl. En parlant des acteurs, disposer son costume à l'antique.Sémantique : Fig. Se draper, prendre une attitude théâtrale, se faire remarquer par sa pose.
8
Sémantique : Ironiquement. Se draper dans sa vertu, dans sa probité, vanter sa vertu, sa probité, comme si l'on s'en faisait un manteau. Cela se dit surtout d'une vertu, d'une probité affectée plutôt que réelle.9
Ils se sont joliment drapés, ils ont dit beaucoup de mal l'un de l'autre.HISTORIQUE
1
XIIIe s.Nus ne puet [peut] mettre aignelins avec laine pour draper, et se il le fet, il est de chascune drapée en dix sous d'amende
dans Liv. des mét. 121
2
XVIe s.Lessez les fleurs, o deesses napées, Et appellez les fontalles nayades, Et aux forests de verdure drapées Allez querir satires et dryades
de JEAN D'AUTON dans Annales de Louis XII, ms. f° 131, dans LACURNE
Oudart se chausse de son guantelet : et de daulber Chicquanous, et de drapper Chicquanous
de François RABELAIS dans Pant. IV, 14
Tant plus avant nous entrons en ce propos, et plus ces bons seigneurs ici draperont sur la tissure, et tous, à nos depens
... Comme la grande quantité de fines laines, se drappans dedans le royaume, et transportèes es païs voisins, pour estre ouvrées, en rendent bon tesmoignage
de Olivier DE SERRES dans 316
ÉTYMOLOGIE
1
Drap. Draper, dans le sens de critiquer, est le terme de peinture détourné pour signifier couvrir d'une draperie ridicule, railler, se moquer.