Définition de ENDURER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : an-du-ré

DÉFINITIONS

1
Nature : V. a. Supporter ce qui est dur, pénible.
Là par un long récit de toutes les misères Que durant notre enfance ont enduré nos pères
Tous les maux qu'un esclave endure dans les fers
Pour rompre un hymen qu'avec peine elle endure
de Pierre CORNEILLE dans ib. III, 2
Il faut de ses amis endurer quelque chose
....D'un refus cruel l'insupportable injure N'était qu'un faible essai des tourments que j'endure
La terre avec horreur dès longtemps les endure [les Juifs]
Un affront vit toujours sur le front qui l'endure
Il est dans la nature de l'homme d'endurer patiemment la nécessité des choses, mais non la mauvaise volonté d'autrui
C'est vous qui avez voulu vous passer de feu et endurer le froid pour nous envoyer votre bois
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Veillées du chât. t. II, p. 538, dans POUGENS
Endurer que, avec le subjonctif.
Mais as-tu vu mon père et peut-il endurer Qu'ainsi dans sa maison tu t'oses retirer ?
Endurer que l'Espagne impute à ma mémoire D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison
Comment, mesdames, nous endurerons que nos laquais soient mieux reçus que nous ?
Je me veux fâcher et tu es une vilaine, toi, d'endurer qu'on te cajole
J'arrêtai toute l'affaire, et ne voulus point endurer qu'on opinât, si les choses n'allaient dans l'ordre
Vous pour qui seuls elle ne pouvait endurer qu'on lui dît que ses trésors étaient épuisés
Vous qui sans désespoir ne pouviez endurer Que Pyrrhus d'un regard la voulût honorer
Endurer de, avec l'infinitif.
Mais haïr un rival, endurer d'être aimée.... N'est-ce point dire trop ce qui sied mal à dire ?
2
Nature : V. n. Avoir de la constance à supporter.
On recommande assez la patience aux autres, Mais il s'en trouve peu qui veuillent endurer
Hélas ! s'il est ainsi, quel malheur est le mien ? Je soupire, j'endure, et je n'avance à rien
de Pierre CORNEILLE dans l'Illus. com. II, 3
Il veut me voir souffrir : je me tais et j'endure
Sémantique : Terme de marine. Diminuer son effort sur les avirons.
Souffrir, avoir de la peine.
[Autrement il faudrait dire] que nous faisons plaisir aux arbres que nous arrosons de peur que la terre qui n'est point remuée, venant à s'endurcir par la sécheresse, ne soit occasion de les faire endurer
de François de MALHERBE dans le Traité des bienf. de Sénèque, IV, 14
Boire, manger et se vêtir Sont d'étranges fardeaux qu'impose la nature ; Oh ! qu'un esprit fervent endure Quand il s'y faut assujettir
Un traître ne pourra se vanter un moment D'avoir fait endurer Alcide impunément
3
S'endurer, Nature : v. réfl. Être enduré. Un tel reproche s'endure difficilement.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Et endurer et granz chauz et granz freiz
dans Ch. de Rol. LXXVII
2
XIIe s.
Onc [je] ne cuidai par li [elle] maus endurer
dans Couci, VI
Amors me dit qu'ainsi [je] doi endurer
dans ib. XX
Encor faiseit-il plus cel cor [à son corps] mal endurer, Chascune nuit faiseit sa char discipliner, E as verges trenchanz et batre e descirer
dans Th. le mart. 102
3
XIIIe s.
[Elle] Prent pour Dieu plus en gré tous les maus qu'ele endure
dans Berte, XLII
Puisqu'il vous plaist, dous sire, que j'oie à endurer
dans ib. XLIII
Quant li rois Ferrans et sa gent virent qu'il ne poroit plus endurer, si tournerent le dos
dans Chr. de Rains, p. 78
Mais moult doit prode feme soufrir et endurer, avant qu'ele se mete hors de se [sa] compaignie [qu'elle ne quitte son mari]
de Philippe de BEAUMANOIR dans LVII, 4
Esperance d'avoir pardon Ou par penitançe ou par don Fet endurer mainte mesaise ; Li endurers fet mult grant aise ; Car mult legierement endure Qui eschive paine plus dure
de RUTEBEUF dans II, 199
4
XIVe s.
Ceulz sont diz mols qui ne les pevent endurer [les souffrances]
Car je sui granz et fors, si que bien endurroie Paine et labour dou corps, s'un poi apris l'avoie
dans Beaud. de Seb. VIII, 51
5
XVe s.
.... Certes j'endureray Au deplaisir des jaloux envieux, Et me tendray par semblance joyeulx
de Charles D'ORLÉANS dans Ball. 11
Ladite armée avoit enduré grand faim et soif
de Philippe de COMMINES dans VIII, 7
6
XVIe s.
Le serviteur n'est de loyal affaire Prenant esbat, quand son seigneur endure
de Clément MAROT dans I, 298
Un corps bien composé pour endurer tout travail
de Jacques AMYOT dans Préf. xx, 37
Le papier endure tout
de Jacques AMYOT dans ib. XII, 39
Hannibal se mict au plus honorable lieu, ce que Scipion endura patiemment
de Jacques AMYOT dans Flamin. 43
Il pensa que ce luy seroit une honte, d'endurer que les ennemis approchassent si près de luy
de Jacques AMYOT dans Pyrrhus, 34
Sois courageux ; toute rude avanture Par traict de temps est douce s'on l'endure : Pour endurer, Hercule se fit dieu
de Pierre de RONSARD dans 625
Enfant, tu es venu au monde pour endurer ; endure, souffre et tais-toi
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 267

ÉTYMOLOGIE

1
En 1, et durer ; provenç. endurar ; ital. indurare.

Synonymes de ENDURER

Termes proches de ENDURER

Phonétiquement proche de ENDURER