Définition de LANGUIR

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : lan-ghir

DÉFINITIONS

1
Être dans un état de maladie lente. Il est phthisique, il y a plusieurs mois qu'il languit.
Je languissais, mes ans s'éteignaient dans l'ennui
de Marie-Joseph CHÉNIER dans Gracq. I, 4
2
Souffrir de la continuité de quelque mal autre que la maladie. On le fit languir dans les supplices. Tuez tout de suite cet animal, ne le faites pas languir.
Ou, s'il me faut languir prisonnière en ces lieux
Je languis de tout ce que je vois, mais je ne meurs pas encore ; Dieu me laisse dans ce monde pour souffrir
Et le jour a trois fois chassé la nuit obscure Depuis que votre corps languit sans nourriture
Une jeunesse qui avait langui dans la misère
Cette chambre [à la Bastille] était déjà occupée par un vieux solitaire de Port-Royal nommé Gordon, qui y languissait depuis deux ans
La Grèce entière est libre, et la molle Ionie Sous un joug odieux languit assujettie
3
Être en proie à de continuelles et énervantes peines de l'esprit, de l'âme. Languir d'ennui.
On languit pendant qu'on espère
de Paul SCARRON dans Oeuv. t. I, p. 213
Mon âme, loin de vous, languira solitaire
Est-ce à moi de languir dans cette incertitude ?
4
Sémantique : Fig. Être dans un état d'humiliation, de faiblesse, comparé à une maladie de langueur.
Ah ! ne languissons plus dans un coin du Bosphore
Si vous les laissez languir dans une paix continuelle
Je vois de Mahomet ces lâches successeurs.... Sous un nom sans pouvoir languir dans Babylone
Ils n'abandonnent point leur fertile patrie Pour languir aux déserts de l'aride Arabie
Une esclave chrétienne et que j'ai pu laisser Dans les plus vils emplois languir sans l'abaisser
Ce grand corps déchiré dont les membres épars Languissent dispersés, sans honneur et sans vie
5
Il se dit des végétaux qui ne sont pas en bon état, qui poussent faiblement. Ces arbres languissent faute d'eau.
La nature languit, toutes choses languissent pendant l'hiver, c'est-à-dire la nature est comme engourdie pendant l'hiver.
6
Souffrir du mal d'amour.
Je suis de ces gens-là qui languissent pour vous
Je vous conjure, ô filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé, de lui dire que je languis d'amour
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Cant. des cant. V, 8
Oui, prince, je languis, je brûle pour Thésée
Il se dit, dans le même sens, de l'expression du regard.
Ses grands yeux noirs qui languissaient, en brillant doucement d'un feu tendre
7
Manquer de force, de vivacité, en parlant des ouvrages d'esprit. Ces vers languissent. Les derniers actes languissent. L'intérêt languit.
Nous ne pouvons rien, faibles orateurs, pour la gloire des âmes extraordinaires ; le sage a raison de dire que leurs seules actions les peuvent louer ; toute autre louange languit auprès des grands noms
Notre style languit dans un remerciement
Dans un sens analogue. La conversation languissait, personne ne soutenait la conversation, on la laissait tomber.
Il s'en faut beaucoup que la conversation ne languisse ; Corbinelli y tient bien sa place
Les nouvelles, les plaisirs languissent, il y a peu de nouvelles importantes, il y a peu de divertissements.
N'être pas couru, en parlant d'un prédicateur.
Le grand Bourdaloue, qui faisait languir l'année passée le P. de la Tour, le P. de la Roche, même M. Anselme qui brille à Saint-Paul [célèbres prédicateurs d'alors]
8
Être dans un état de langueur, en parlant des choses, ne pas se faire, ne pas marcher.
C'est une de vos raisons pour ne point laisser languir cette requête
Le commerce languit
Les factions troublent le sérail, et la guerre de Hongrie languit
Les travaux languirent, furent même interrompus
Mais bientôt d'une guerre utile à nos projets Ses trésors épuisés font languir les apprêts
L'affaire languit, elle traîne en longueur.
Tout cela me donne une bonne espérance de l'affaire des Sirven, quoiqu'elle languisse beaucoup
9
Attendre avec impatience.
Ne me fais plus languir, dis promptement
Savez-vous que votre souvenir fait ici la fortune de ceux que vous en favorisez ? les autres languissent après
Je languis après les jours de poste
Pendant qu'on ne craint pas de faire misérablement languir des marchands et des ouvriers
Ne faites point languir une si juste envie
Sa bonté [d'une dame] ne fit pas languir son nouvel amant
Tu as mis ta vengeance en mes mains, je ne dois pas la faire languir
Sémantique : Familièrement. Languir de, languir que, souhaiter beaucoup. Je languis d'avoir de vos nouvelles.
Je languis bien que cette retraite à Saint-Cyr soit finie

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Tant com lui plaist, [elle] me puet faire languir
dans Couci, X
2
XIIIe s.
Li cuens Looys de Blois et de Chartain avoit langui tout l'yver d'une fievre quartaine, si qu'il ne se pooit armer
Ne que en la prison les feïst-on languir
dans Berte, LXIII
Les tenebres où li cuers gist, Qui nuit et jor d'amors languist
dans la Rose, 2760
3
XIVe s.
Les paciens sont tost curés, ou meurent tost, ne ne languissent pas longtemps
de Henri DE MONDEVILLE dans f° 86, verso.
La besongne languitet se delaia [retarda]
de Pierre BERCHEURE dans f° 106, verso.
Tu languiroies en tel peine, Que tu n'auroies cuer ne vaine Qui voulsist entendre à rien faire
de J. BRUYANT dans dans Ménagier, t. II, p. 14
4
XVe s.
Ilz m'eussent pieça occis s'ilz eussent voulu ; mais, pour ce que je les avoye blecez, ilz ne me voulurent point occire, fors en languissant [lentement]
dans Lancelot du lac, t. III, f° 19, dans LACURNE
5
XVIe s.
Mon coeur et mon corps languissent du desir de te voir, Seigneur

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. languir ; ital. languire ; du lat. Languere ( 1er e : e long) ; comparez le verbe grec traduit par être long, tarder, languir ; longus paraît s'y rattacher.

Synonymes de LANGUIR

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